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Histoire

  • Bordeaux en images

    Qui connaît Bordeaux ? Les Bordelais et Bordelaises peut-être ; et encore. Voilà qui explique pour commencer la très belle idée de retracer l’histoire de la 12e ville de France pour la superficie et la 9e en terme de population. Ajoutons, pour terminer sur l’aspect statistique que dans le classements mondial des 25 villes les plus belles villes du monde, Bordeaux arrive à la 9e place… devant Paris.

    Les éditions Petit à Petit proposent, dans leur collection Villes en Docu-BD, leur nouvelle publication, La Grande histoire de Bordeaux, une biographie originale de la Capitale de la Garonne. Sur un scénario de Didier Quella-Guyot et Frédéric Brémaud, le tout en 18 chapitres, 16 dessinateurs proposent une plongée dans la vie de la cité girondine de la Préhistoire jusqu’aux années 2020. Pour chaque chapitre, 6 planches relatent une époque pour la ville de Bordeaux, occasion de découvrir une ville qui ne se résume ni au vin, ni au passé négrier – qui a certes existé. On découvrira que la paisible ville des années 2020 – certes embourgeoisée depuis quelques années – n’a pas la moins souffert des conflits et des événements souvent dramatiques en raison de sa position géostratégique. 

    Les auteurs ne se sont pas gênés pour mettre en scène les personnages imaginaires et récurrents

    La bande dessinée a ceci comme avantage d’ouvrir l’Histoire a un plus large public, et même mieux : de la mettre en images. Parce que les sources manquent pour certaines périodes, les auteurs ne se sont pas gênés pour mettre en scène les personnages imaginaires et récurrents de Meliss et Ariin. Deux adolescentes – imaginaires elles aussi – viennent également clôturer l’album pour parler de notre époque et des aménagements urbains récents.

    Dans un désir de rendre l’histoire de Bordeaux attrayante et vivante, des personnages historiques – réels ceux-là – ponctuent le récit. C’est le Romain Ausone, pris à parti par Meliss et Ariin en raison d’un document disparu. C’est Aliénor d’Aquitaine, personnage capitale dans l’histoire de l’Aquitaine. Citons aussi Montaigne qui, beaucoup l’apprendront, a été Maire de Bordeaux durant les Guerres de Religion.

    Outre un chapitre éloquent sur le trafic d’esclaves qui a enrichi la ville – certes, moins que Nantes – La Grande histoire de Bordeaux est largement consacrée à l’urbanisme et aux transformations citadines profondes, depuis les enceintes médiévales jusqu’aux constructions modernes, en passant par le travail spectaculaire de Claude Boucher au milieu du XVIIIe siècle, le "Pont de Pierre" après l’époque napoléonienne, sans oublier l’arrivée du chemin de fer qui a eu des conséquences inattendues sur le paysage mais aussi la société aquitaine.

    Et puis, the last but not the least, il y a la viticulture bordelaise, un patrimoine culturel exceptionnel qui est surtout relaté à travers le drame naturel qu’ont été le phylloxera puis le mildiou. Une passionnante manière de découvrir ou redécouvrir une ville qui est parvenue à se faire aimer au fil des siècles. 

    La Grande histoire de Bordeaux, éd. Petit à Petit, collection Villes en Docu-BD, 2024, 160 p.
    Scénario de Didier Quella-Guyot et Frédéric Brémaud
    Documentaires de Béatrice Merdrignac, Dessins de Alessandro Poli, Fabrizio Russo, Francesco Bisaro, Luciano Bernasconi, Alain Paillou, Chico Pacheco, Emmanuel Despujol, Fabio D’Auria, Jean-Claude Bauer, Adrien Amilhat, Benjamin Basso, Benoit Lacou, Emeric Tain, Fabien Ronteix, Philippe Loirat, Samuel Mennetrier
    https://www.petitapetit.fr/produit/bordeaux-ledition-complete

    Voir aussi : "Tintin bordelais"

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  • Hammerstein ou l’intransigeance

    roman,hans magnus enzensberger,hammerstein,confrérieCe récit à plusieurs voix a le premier mérite de revenir sur la figure de Kurt von Hammerstein. Aristocrate et dernier chef d'état-major de l'armée allemande avant l'arrivée d'Hitler, cet homme aura été l'un des plus farouches opposants du nazisme, sans pour autant adhérer à aucun mouvement de résistance (ce qu'Enzensberger nuance par ailleurs).

    Ce militaire et homme politique aura également été un acteur et un témoin majeur de l'Allemagne de la première moitié du XXème siècle. L'intransigeance est vraiment le maître mot qui caractérise ce membre de la noblesse allemande qui, nous apprend l'auteur, a même été à deux doigts de participer à un attentat contre Hitler lorsqu'il n'a pas couvert les activités clandestines de ses proches. L'autre très gros intérêt de ce livre est de suivre les destins de ses enfants. La plupart d'entre eux vont, au contraire de leur père, choisir la résistance au nazisme, souvent au péril de leur vie. Deux de ses fils vont même participer au putsch du 20 juillet 1944. Marie Luise et Helga vont, elles, s'investir dans des cellules clandestines du parti communiste.

    Là où le livre devient passionnant est justement la description de cette vie souterraine d'opposants, les contacts avec le pouvoir central à Moscou, les relations ambiguës et complexes entre l'Allemagne et la Russie (et ce, malgré la dictature communiste), les purges soviétiques impitoyables (une question sans réponse émerge : les grandes purges de 1936-1938 ne furent-elles pas le résultat d'intrigues du contre-espionnage allemand qui aurait réussi d'un seul coup à faire supprimer des espions aguerris et fidèles au régime communiste et à saigner l'Armée Rouge ?).

    En tout état de cause, en suivant le parcours de ces jeunes femmes n'hésitant pas à transmettre au Komintern des documents traînant dans le bureau de leur propre père (dans des scènes dignes des meilleurs polars !), Enzensberger parvient à nous faire entrer au plus près de la vie quotidienne des Allemands. L'auteur - qui ne se revendique pas historien malgré la rigueur de son travail - use de sa liberté de romancier, notamment en créant des interviews posthumes (mais réalistes) avec des protagonistes disparus (touchante et passionnante Ruth von Mayenburg !). 
    Un très grand livre, unique dans son genre.  

    Hans Magnus Enzensberger, Hammerstein ou l’intransigeance, éd. Gallimard
    http://confrerie2010.canalblog.com/archives/2012/04/12/23998258.html
    https://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Folio/Folio/Hammerstein-ou-L-intransigeance

    Voir aussi : "Le Pavillon d'or"

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  • CODE quantum

    Le voyage dans le temps. Voilà un thème régulièrement traité dans la science-fiction et dont Richard Rasa s’empare avec plaisir dans son premier roman, Échos originels (éd. Le Lac aux Fées). Ce livre, l’auteur avoue l’avoir mûri et travaillé pendant plusieurs années, et on le croit aisément à la lecture de chapitres plongeant dans la France de la Guerre de Cent Ans, aux côtés de Bertrand du Guesclin et dans la cour de Qin Shi Huang, le premier empereur chinois. Richard Rasa s’est visiblement documenté avec soin pour permettre au lecteur de voyager dans ces époques lointaines.

    Le sous-titre, Les Territoires du Passé, a été choisi avec soin. Dans un futur relativement proche, le voyage dans le temps est devenu possible grâce au CODE (Centre d’Observation et de Détection des Événements), placée sous la houlette d’Eva Kalder, une scientifique autant crainte qu’admirée. L’objectif ? Le voyage dans le temps a une mission scientifique : étudier, grâce aux explorateurs du futur, des périodes plus ou moins reculées afin d’en comprendre les zones d’ombre.

    Deux couples sont envoyés dans le passé après de très longs entraînements. Le premier est envoyé en Normandie en 1364, alors que du Guesclin harcèle l’ennemi anglais grâce à des coups militaires astucieux, audacieux et révolutionnaires. Le second duo est, lui, catapulté en 210 avant Jésus-Christ. L’objectif est de découvrir les secrets du mausolée du premier empereur de Chine et de ses soldats en argile. Deux missions à haut risque car, en plus des dangers de ces périodes, les explorateurs venus du futur ne doivent surtout pas interférer sur les événements. 

    Un épilogue incroyable qui promet une suite palpitante

    Pas besoin d’être expert en histoire ni amateur de romans historiques pour goûter au premier roman de Richard Rasa. Ajoutons que l’auteur aux multiples talents – qui poursuit d’ailleurs son travail de dessinateur – fait preuve d’un solide esprit de vulgarisateur lorsqu’il dépeint le premier Empereur de Chine ou les batailles du Connétable de France. On se doute que les aventures Jia, Juan, Amayas et Diego ne vont pas se passer exactement comme ce qui était prévu.

    L’auteur aborde un autre enjeu capital, certes assez peu développé (pour l’instant ?) : celui d’une colonie humaine dans le passé. Richard Rasa préfère s’intéresser à ces quatre scientifiques, au départ simples observateurs, devant prendre des décisions capitales à la fois pour leur survie et pour l’histoire, rien que ça. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’ils s’aperçoivent que leur voyage dans le temps cache bien d’autres secrets.

    Richard Rasa s’est visiblement fait plaisir dans ce formidable roman de SF, jouant avec les événements et les personnages réels du passé, les boucles temporelles ou les paradoxes de la modification du passé. C’est tout l’intérêt d’un épilogue incroyable qui promet une suite palpitante. Les enjeux et les personnages sont déjà là, dans ce premier volume. Le CODE n’a sûrement pas dit son dernier mot.   

    Richard Rasa, Échos originels, Les Territoires du Passé, éd. Le Lac aux Fées, 412 p. 2024
    https://www.leseditions-lelacauxfees.fr/echos-originels
    https://www.facebook.com/profile.php?id=100080681393987
    https://www.ritchi-rasa.com
    https://www.instagram.com/ritchi.rasa

    Voir aussi : "Tout l’univers de Ritchi"

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  • Steve Jobs

    biographie,confrérie,steve jobs,apple,walter isaacson,informatiqueEn lisant cette biographie d’un des plus grands innovateurs de ces 40 dernières années, on ne peut qu’être impressionné par l’héritage que nous a laissé Steve Jobs : création du Macintosh (avec Steve Wozniak), fondation d’Apple, développement de Pixar (avec le dessin animé novateur à l’époque, Toy Story), création des iMac, iTunes, iPhone, iPod et iPad ou lancement des AppleStore.

    Ni biographie autorisée ni biographie à charge, Walter Isaacson, grâce à de nombreuses interviews (dont plusieurs du principal intéressé), est parvenu à tracer un portrait haut en couleur de Steve Jobs. Tout en mettant en avant son instinct et son amour de l’innovation, l’auteur ne cache pas les zones d’ombre de l’ancien patron de la Pomme, notamment dans ses comportements autoritaires ou sa mauvaise foi légendaire.

    Une personnalité intransigeante qui a pu choquer ceux qui ont vécu et travaillé avec lui mais qui lui a permis de rebondir à multiples reprises, faisant de lui un homme d’affaire exceptionnel : son éviction puis son retour à la tête d’Apple douze ans plus tard est en soi exemplaire, d’autant plus qu’il reprend en main une entreprise moribonde pour en faire le modèle économique que l’on connaît.

    Le lecteur apprendra une foule d’informations au sujet de l’aventure d’Apple et de son fondateur : comment l’idée de l’interface du Mac fut allègrement volée à Xerox, pourquoi et comment Jobs fut jeté à la porte de sa propre entreprise en 1985, comment l’aventure de son autre projet NeXT fut à la fois un échec (sans doute l’un des rares de Jobs) et le fruit de son renouveau, comment Pixar dama le pion à Disney et fut le centre d’une guerre économique implacable ou  pourquoi l’iPhone fut créé après l’iPod…

    Dans cette biographie, quelques personnages sont au passage sévèrement étrillés par l’auteur : Jean-Louis Gaussée (créateur du système d’exploitation Be), Michael Eisner, l’ex Président de Disney et surtout Gil Amelio, ancien PDG d’Apple. Bill Gates est en comparaison plutôt ménagé. Une biographie passionnante qui se lit comme un bon roman.   

    Walter Isaacson, Steve Jobs, éd. JC Lattès, 2011, 640 p
    http://confrerie2010.canalblog.com/archives/2012/08/31/25006083.html
    https://www.editions-jclattes.fr/livre/steve-jobs-9782709638326

    Voir aussi : "Pensées pour moi-même"

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  • La guerre totale

    Qu’on ne s’effraie surtout pas du pavé de cet essai. Plus de mille pages sur un sujet historique et qui a été tellement étudié, pour ne pas dire sillonné, qu’il semble être devenu un genre à part entière. Qu’est-ce qu’historien français Olivier Wieviorka peut-il apporter de neuf dans cette Histoire totale de la Seconde Guerre mondiale parue il y a quelques mois aux éditions Perrin ?

    Certes, le lecteur ne trouvera pas de révélations fracassantes sur cette terrible période de six années. L’auteur balaie les différentes phases de ce conflit mondial avec le regard d’un scientifique méthodique ayant à cœur de ne pas s’arrêter longuement sur tel ou tel pays, telle ou telle bataille, tel ou tel personnage, tel ou tel aspect sombre du conflit, à l’instar de l’idéologie nazie, de la Shoah ou encore de la Collaboration en France.

    Reprenant les milliers de travaux sur la Seconde Guerre Mondiale, Olivier Wieviorka propose une synthèse qui rend cet essai aussi passionnant qu’un roman. La grande valeur de cette histoire de la Seconde Guerre Mondiale est de montrer en quoi ce conflit est marquant justement par son aspect universel. Loin de se cantonner au Reich nazi et à ses conquêtes proches, tous les fronts sont abordés, de l’Europe occidentale conquise presque entièrement – à l’exception notoire de la Grande Bretagne – au Pacifique, en passant par les batailles en Océanie, l’épouvantable sort de la Chine, sans oublier l’Afrique du Nord, la guerre sous-marine ou l’Opération Barbarossa contre la Russie communiste où l’on vit deux dictateurs, Staline et Hitler, s’affronter comme aucun autre pays auparavant, jusqu’à faire basculer la guerre du côté des Alliés.

    Dans les premières pages, sur les origines du conflit, l’historien remet l’église au milieu du village en mettant en garde contre une vision erronée qui considérait que cette "guerre inutile", comme le disait Churchill, avait été provoquée par l’après Première Guerre Mondiale, des "bourdes diplomatiques" et un Traité de Versailles si humiliant qu’il rendait un futur conflit avec l’Allemagne  inévitable. Olivier Wieviorka ne se leurre pas : "Le rôle joué par Adolf Hitler d’abord, par les dirigeants japonais ensuite, suffit à les désigner comme les principaux fauteurs d’un conflit" dont personne ne voulait et que les démocraties occidentales ont tenté d’empêcher. 

    "Le rôle joué par Adolf Hitler d’abord, par les dirigeants japonais ensuite, suffit à les désigner comme les principaux fauteurs d’un conflit

    Les presque trente chapitres qui suivent reprennent le cours d’un conflit qui, depuis l’Europe, s’est propagé en moins de deux ans, en guerre total, à la différence de la Grande Guerre. Total comme le totalitarisme de deux des protagonistes – Hitler et Staline. Total aussi comme le parti-pris d’Olivier Wieviorka d’aborder tous les aspects de cette période terrible : stratégiques, militaires, diplomatiques, idéologiques, sociales ou économiques.

    Un large focus est fait sur une bataille devenue légendaire : celle du Débarquement et de la Bataille de Normandie. Mais l’auteur n’oublie pas ces autres événements peu connus, et pourtant sans doute aussi importants que l’opération Overlord : la Bataille de Koursk en 1943, avec son armada de chars et "les effectifs les plus considérables" du conflit. Sans oublier non plus Bagration, le pendant du Débarquement en Europe Orientale qui va être déterminant dans la victoire alliée.

    La Shoah est traitée, bien évidemment, mais ni plus ni moins que les sujets militaires. Le lecteur découvrira par contre le sort fait à Varsovie lors et après son insurrection civile, alors que l’Armée Rouge est aux portes de la capitale polonaise. Olivier Wieviorka explique pourquoi Staline n’a pas épaulé la Résistance polonaise – pour des raisons bassement politiques – et a laissé envoyer à la mort près de 150 000 civils.  

    Le lecteur français découvrira sans doute les grands faits d’armes des batailles dans le Pacifique entre les États-Unis et le Japon, avec comme aboutissement les deux bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki puis l’armistice mettant fin au conflit total. Sur les deux explosions nucléaires, l’historien s’interroge sur la portée stratégique de ces deux explosions. Et si ce n’était pas elles qui avaient précipité la chute de l’Empire japonais ?  

    Après un bilan du conflit le plus meurtrier de l’Histoire – 60 à 70 millions de morts, des peuples et des pays dévastés, des civils durement frappés et des économies exsangues – Olivier Wieviorka parle des conséquences incalculables de cette guerre sur le long-terme. Ce qui ne veut pas dire que toutes les leçons ont été tirés des atrocités commises : "La fumée des crématoires d’Auschwitz n’a rien prémuni le monde contre les crimes à venir".

    Olivier Wieviorka, Histoire totale de la Seconde Guerre mondiale,
    éd. Perrin, Ministère des Armées, 2023, 1072 p.

    https://www.lisez.com/livre-grand-format/histoire-totale-de-la-seconde-guerre-mondiale

    Voir aussi : "La guerre en couleurs"
    "Un Churchill costaud et massif"

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  • La guerre en couleurs

    Pourquoi regarder 39-45, L’humanité en guerre, cette série documentaire anglaise sur Netflix ? Voilà un sujet qui a été abondamment traité, que ce soit en essais, en romans, en films, en séries ou en documentaires. 39-45, L’humanité en guerre est précisément une série documentaire en six épisodes de 45 minutes. Trop peu, sans doute, pour balayer un conflit s’étalant sur six années et se déroulant sur tous les continents du monde, au contraire de la Grande Guerre, concentrée principalement en Europe, mais au format "série" qui rend ce documentaire passionnant et que les collégiens et lycéens sont invités à regarder de toute urgence. 

    Le principal argument de la série Netflix est de proposer des archives colorisées, pour beaucoup rares et inédites. Rob Coldstream a pris le parti de parler du conflit au plus près des hommes, des femmes et des enfants qui ont vécu la guerre dans leur chair, soit en tant que soldats, soit en tant que civils victimes innocentes. Cela fait depuis longtemps que la colorisation de films à l’origine en noir et blanc n’est plus un réel sujet polémique. Pourquoi ne pas se priver de cette technique moderne afin de rendre les images plus actuelles, plus marquantes et susciter la compassion ? 

    Immersif

    Le créateur anglais entend faire de sa série quelque chose d’"immersif", prenant le parti pris de de montages rythmés dans lesquels témoignages oraux et images d’archives sont montés de manière habile, même si le plus souvent sons et extraits vidéos ne correspondent pas strico-sensu. Un véritable choix artistique qui fait le pari du rythme et de l’immersion, donc.

    Spectaculaire, la série l’est, assurément grâce sa voix off efficace (Diouc Koma, le doubleur de l'acteur John Boyega, alias Finn de la saga Star Wars). La série est également importante en ce qu’elle balaye toutes les zones géographiques touchées par le conflit entre Alliés et Axe : le Japon, la Chine, l’Océanie ou l’Afrique, en plus de l’Europe. Faute d’images d’actualité, la Shoah est surtout abordée dans le contexte de la libération des camps, avec des images peu colorisés, afin de ne pas faire de cette horreur quelque chose de spectaculaire.

    Bientôt je vous parlerai de nouveau de la seconde guerre mondiale, mais cette fois dans l’angle d’un essai aussi volumineux que capital.

    39-45, L’humanité en guerre, série documentaire anglais de Rob Coldstream, 2023
    https://www.netflix.com/fr/title/81303911
     
    Voir aussi : "Anne et Hannah"

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  • Chrono-fictions à Amilly

    La Médiathèque d’Amilly (45) propose le vendredi 23 février 2024, à partir de 19H30, le vernissage de l’exposition "Nouvelles historiques du Loiret" (entrée libre, réservation conseillée).

    Emilie Riger propose également chaque année à la librairie des Écoles de Montargis un atelier sur une thématique chaque fois différente. En 2023, elle a proposé aux aspirants écrivains de travailler autour du thème de la nouvelle historique, forcément localisée dans le Loiret, et d’y adjoindre des photos, anciennes et actuelles, du lieu ou de l’évènement mis en lumière.

    Le public pourra découvrir le fruit de ce travail d’écriture, et un éclairage sur notre histoire locale grâce à une exposition de 16 panneaux présentant chaque nouvelle et ses photos.

    Le bloggeur sera présent, avec la nouvelle La fille en rouge consacrée à la diaspora chinoise de Montargis et la naissance du Parti Communiste chinois.

    Tout public. Durant les horaires d'ouverture de la médiathèque

    Exposition "Nouvelles historiques du Loiret", Médiathèque d’Amilly (45)
    A partir du 23 février 2024
    https://www.amilly.com

    Voir aussi : "Montargis la Chinoise"
    "Trop vieille pour toi"

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  • Anatomie d’un instant

    essai,confrérie,javier cercas,espagne,espagnol,franco,franquiste,putsch,1981,histoire,juan carlos,roi,royauté,démocratieLe 23 février 1981, dans la toute jeune démocratie espagnole à peine sortie de 40 ans de dictature franquiste, un groupe de militaires nostalgiques du Caudillo, prend en otage les députés du parlement espagnol. C'est le début du premier coup d'Etat médiatisé de l'Histoire qui va tenir en haleine des heures durant le monde entier.

    L'intervention ferme du jeune roi d'Espagne à la radio et à la télévision sonne la fin de cet événement fondateur de la démocratie espagnole. Javier Cercas conte avec minutie le putsh du lieutenant-colonel Tejero et de ses complices. Pourtant, le véritable intérêt de cette chronique est de suivre les principaux protagonistes et le chef du gouvernement Suarez en tout premier lieu. Très contesté, le premier chef de gouvernement de la démocratie espagnole - celui-là même qui l'a l'imposée quelques années plus tôt - s'apprête, le jour du coup d'Etat, a être démis de ses fonctions.

    Le putsh va être l'occasion pour lui d'un dernier coup d'éclat : malgré la menace des armes des conjurés, il est l'une des trois personnes à refuser de se coucher, les deux autres étant le général Mellado, vice-président du gouvernement et Santiago Carrillo, secrétaire du parti communiste espagnol : trois personnages contestés dans leur propre camp et figures héroïques ce soir du 23 février 1981. Un essai dense et passionnant qui se termine par un appel émouvant à la réconciliation et par l'hommage d'un fils à son père.   

    Javier Cercas, Anatomie d’un instant, éd. Actes Sud, 2013, 405 p. 
    http://confrerie2010.canalblog.com/archives/2011/03/08/20579813.html
    https://www.actes-sud.fr

    Voir aussi : "La Scandaleuse histoire de Penny Parker-Jones"

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