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Hors-série Littérature classique

  • Pauvre homme

    Partons à la découverte de Léon Bloy, figure à la fois mineure et capitale de la littérature du XIXe siècle. L’homme, né en 1846 et décédé en 1917, a produit sur dix ans, entre 1887 et 1897, son œuvre romanesque, Le Désespéré et La Femme pauvre – qui devait s’appeler au départ La Désespérée, tel le second volet d’un diptyque placé sous le signe de marginaux du XIXe siècle.

    Le Désespéré, c’est Caïn Marchenoir, artiste maudit – quoique ce vocable convient des plus mal pour un homme pieux, chrétien et royaliste – n’ayant pour seul soutien dans le Paris culturel qu’un ami, Leverdier.

    Lorsque le roman débute, Marchenoir vient de perdre son père qu’il s’accuse d’avoir conduit à la mort. La suite de son parcours personnel et artistique n’est qu’un long chemin de croix qui le mène, justement, vers sa "Marie-Madeleine", une prostituée nommée Véronique qu’il prend sous son aile. Après une retraite à La Grande Chartreuse, Marchenoir revient transformé et déstabilisé. Une porte s’ouvre cependant : un journal lui ouvre ses pages. La chance tournerait-elle ? Cela va en tout cas obligé l’artiste vivant dans la pauvreté à se frotter à l’intelligentsia parisienne. 

    Le livre se fait pamphlet sur plusieurs chapitres

    Léon Bloy a été largement oublié depuis sa mort. C’est à l’image de ses livres dont la publication à l’époque n’a pas du tout marqué les esprits – à l’image évidemment de son personnage du Désespéré. Car Marchenoir c’est d’autant plus l’alter ego de Léon Bloy qu’il a beaucoup été écrit que son premier roman avait une large part d’autobiographie – sa naissance à Périgueux, sa pauvreté, son manque de reconnaissance artistique, son mariage avec Anne-Marie Roulé, prostituée comme Véronique qui finit internée.

    Si Léon Bloy n’est cependant pas tombé complètement dans l’oubli c’est en raison de son style âpre, rugueux, puissant, dense et au vocabulaire savamment choisi. Un artiste moderne aux idées anciennes, pour ne pas dire rétrogrades (voir ses propos définitifs sur sa contemporaine George Sand), voire nauséabondes (le portrait antisémite qu’il fait d’un commerçant juif est à ce titre éloquent).

    Le livre se fait pamphlet sur plusieurs chapitres, à telle enseigne que la frontière entre roman et essai se fait poreuse, dévoilant ainsi à la fois les idées de Marchenoir et celles de Léon Bloy – l’un et l’autre se confondant bien évidemment.

    Un ouvrage étonnant qui pourra choquer et scandaliser par un auteur qui a pu inspirer plusieurs auteurs du XXe siècle, à l’instar de Céline ou Bernanos.   

    Léon Bloy, Le Désespéré, éd. Ephata, 2024, 496 p.
    https://www.librairie-gallimard.com/livre/9782385500436-le-desespere-leon-bloy

    Voir aussi : "Un classique des classiques"

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  • Un classique des classiques

    Avant d’être Président de la République, Georges Pompidou a été un brillant agrégé en lettres et un non moins doué professeur en littérature. En laissant une anthologie de la littérature, ce n’est donc pas le successeur du Général de Gaulle à L’Élysée qui s’affirme mais un spécialiste et passionné qui entend offrir "l’essentiel de notre poésie" depuis l’invention de la langue française.  Or, Georges Pompidou a fait mieux que cela. Son Anthologie (éd. Livre de Poche), toujours éditée et disponible, est devenue un must, pour ne pas dire un classique pour les amoureux et amoureuse de la littérature française.

    Il y aura certes toujours matière à redire sur la sélection des textes et des auteurs. Résumer près d’un millénaire de poésie française en 500 pages était un pari impossible, d’autant plus que des auteurs comme Baudelaire ou Victor Hugo ont laissé des centaines de pages absolument uniques. On les trouvera d'ailleurs largement présents. Ajoutons qu’en fin de pages, Georges Pompidou a eu l’idée géniale de proposer un "post-scriptum", en l’occurrence un ensemble de vers souvent isolés se suffisant à eux-mêmes. Le lecteur pourra par là-même trouver l’origine d’expressions connues comme "bonjour, tristesse", "Il fait noir, enfant, voleur d’étincelles" ou "le bel aujourd’hui". Par contre, très peu – trop peu – de femmes figurent dans cette anthologie.

    Du peu connu Eustache Deschamps (1346-1406) ou Charles d’Orléans à Paul Eluard, en passant par Ronsard, Lamartine ou Verlaine, Georges Pompidou fait donc un vaste tour d’horizon des plus beaux textes de la poésie française, ou du moins des textes qui lui semblent les plus représentatifs. 

    Sans surprise, le XIXe siècle se taille la part du lion      

    Parmi ces grandes figures classiques, on trouve en très bonne place François Villon, le premier très grand poète cité (Le Testament, Ballade des Dames du Temps jadis), avant de passer quelques pages plus loin aux auteurs de La Pléiade (Ronsard et Du Bellay notamment. Le lecteur pourra également découvrir quelques auteurs moins connus et des petits maîtres (François de Malherbe, Jean de Sponde ou Théophile de Viau).

    Jean de la Fontaine prend une place d’importance dans cette Anthologie, avec ses célèbres Fables, dont plusieurs sont apprises dès le plus jeune âge. L’auteur sera doublement surpris, et par la présence d’auteurs de théâtre comme Racine ou Corneille – il est vrai que leurs tragédies proposent des pages poétiques incroyables –, et par la discrétion d’écrivains pourtant incontournables en littérature, à l’instar de Molière ou Boileau.

    Sans surprise, le XIXe siècle se taille la part du lion. C’est d’abord le romantisme commencé par André Chénier, mort trop jeune, révolutionnaire guillotiné avant d’avoir sans doute produit l’œuvre majestueuse qu’il promettait. À sa suite viennent des figures géniales, les Lamartine, Vigny, Hugo (près de 50 pages tout de même), Musset, l’incroyable Nerval et ce phare du modernisme que fut Baudelaire, indépassable sans doute et qui a laissé une pléthore de successeurs, jusqu’à aujourd’hui.

    Baudelaire figure d'ailleurs parmi les préférés de Pompidou qui choisit néanmoins de ne s’intéresser qu'aux Fleurs du Mal – avec cependant des poèmes dont on peut regretter l’absence ("A une mendiante rousse" ou "Bien loin d'ici" pour ne citer qu’eux). Avec Mallarmé, le génial Verlaine et Rimbaud, nous entrons vite dans le XXe siècle. Le lecteur pourra rester imperméable à la poésie de Paul Claudel mais il pourra être subjugué par les textes d’Apollinaire. Le recueil s’arrête avec Paul Eluard, l’un des derniers grands classiques – l'Anthologie a été terminée au début des années 60. Pompidou explique ce choix par un désir de ne pas parler des contemporains et des vivants.

    Choisir c’est renoncer, comme le dit l’adage. Cette anthologie a fait des choix clairs et assumés, permettant d’avoir tout de même un tableau pertinent du meilleur de la poésie classique française. Chose remarquable, il a fait de son Anthologie de la poésie française un classique de la littérature. 

    Georges Pompidou, Anthologie de la poésie française, éd. Hachette, coll. le Livre de Poche, 1967, 533 p.
    https://www.hachette.fr/livre/anthologie-de-la-poesie-francaise-9782253005438

    Voir aussi : "Poésie feel good"
    "La Pléiade avec Outre Mesure"

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  • Pensées pour moi-même

    philosophie,confrérie,marc-aurele,epictete,manuel,classique,antiquité,rome,grèce,stoicismeCe livre rassemble deux livres de deux auteurs très différents : l’un, Marc-Aurèle, empereur romain de 161 à 180, incarna la figure du "philosophe-roi" cher à Platon. Le second, Épictète, ancien esclave syrien affranchi, a exercé comme professeur et philosophe stoïcien. C’est d’ailleurs le stoïcisme qui rassemble ces deux figures importantes de la philosophie.

    Les deux ouvrages compilés dans ce livre sont tous les deux constitués de courts paragraphes - parfois même d’aphorismes pour Marc-Aurèle. Bien que ce dernier n’apporte pas de contribution décisive à cette doctrine, ses Pensées constituent une sorte de vade-mecum du stoïcisme, attitude d’autant plus remarquable de la part d’un empereur désireux d’accorder ses actions en accord avec son âme et avec la raison.

    Le Manuel d’Épictète, lui, entend être, dans sa concision (30 pages environ), « une arme de combat qu’il faut toujours avoir à sa portée » comme le dit Simplicius, un des commentateurs de cet opuscule.    

    Marc-Aurèle, Pensées pour moi-même & Manuel d’Épictète, éd. GF Flammarion, 1964, 218 p.
    http://confrerie2010.canalblog.com/archives/2012/08/31/25006109.html
    https://editions.flammarion.com/pensees-pour-moi-meme/9782080700162

    Voir aussi : "Le Dîner"

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  • Jours tranquilles à Clichy

    henry miller,récit,clichy,confrérie,romanC’est une plongée haute en couleur dans le Montmartre des années 30 que nous offre le célèbre écrivain américain. Un Montmartre bien loin des clichés habituels d’un Montmartre romanesque et romantique.

    Dans ce court récit (ou roman ?), en deux parties, les deux personnages principaux, Joey (Henry Miller ?) et Carl font l’apprentissage d’une vie de Bohême qui n’a rien de romantique. Ici, le Paris est gris, ses habitants louches pour ne pas dire glauques et les Parisiennes fréquentées ne sont le plus souvent que des prostituées plus ou moins occasionnelles.

    Les artistes ne créent pas, peu ou mal et la nourriture vient souvent à manquer. Joey et Carl passent finalement le plus clair de leur temps à rechercher des filles pour la nuit ou à s’en débarrasser…

    Miller nous plonge dans cet univers avec un talent incomparable et sans fioritures. C’est excessif et sulfureux comme l’était sans doute cette vie à Montmartre dans la première moitié du XXe siècle. À lire, vraiment !  

    Henry Miller, Jours tranquilles à Clichy, éd. Christian Bourgois, 134 p.
    http://confrerie2010.canalblog.com/archives/2011/04/29/21013011.html
    https://bourgoisediteur.fr/catalogue/jours-tranquilles-a-clichy

    Voir aussi : "La Longue Marche"

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  • Demain, les chiens

    clifford donald simak,roman,confrérie,sf,science-fiction,fableLe grand auteur américain de science-fiction Clifford D. Simak imagine un avenir très lointain avec une Terre gouvernée par une civilisation de chiens.

    La domination de ces animaux devenus intelligents est telle que l’existence même de la race humaine (la plupart se sont exilés sur Jupiter) est réduite à une vague légende relayée par huit contes. Ce roman (ou recueil de nouvelles ?) est une compilation de ces contes, présentés par un narrateur dubitatif au sujet de ces histoires.

    Très astucieusement, Simak suit un parcours chronologique et installe des personnages récurrents (en premier lieu le robot Jenkins) ainsi qu’une lignée familiale à la destinée hors du commun, les Webster : il fait ainsi de cette suite de huit histoires différentes un véritable roman homogène où se croisent des humains rongés par l’individualisme, des robots dévoués mais non dénués d’un certain sens de la destinée, d’un philosophe martien (c’est l’aspect le moins convainquant du livre), de mutants et bien sûr de chiens qui se sont émancipés de la tutelle des hommes.

    Le lecteur est convié à se perdre dans ces faux récits, héritages de traditions orales. Mais Clifford D. Simak, grand amoureux de la nature, entend surtout montrer son attachement à un certain sens de l’humanisme, de la morale et de la paix. Un classique de la SF.

    Clifford Donald Simak, Demain les Chiens, éd. J’ai lu, 311 p.
    http://confrerie2010.canalblog.com/archives/2011/07/18/21632171.html
    https://www.jailu.com/demain-les-chiens/9782290070628

    Voir aussi : "Six personnages en quête d’auteur"

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  • Six personnages en quête d’auteur

    luigi pirandello,théâtre,italien,italie,confrérieSix Personnages en Quête d'Auteur est une pièce majeure du théâtre du XXe siècle. Son sujet ? Une troupe de théâtre s'apprête à répéter une œuvre de Luigi Pirandello lorsque six personnages de théâtre font irruption et réclament un auteur afin de jouer leur propre rôle. 

    Mise en abîme vertigineuse, hommage au théâtre et réflexion philosophique sur l'illusion et sur la vanité de la condition humaine, cette œuvre de Pirandello peut être considérée comme précurseur du théâtre de l'absurde.

    Luigi Pirandello, Six Personnages en Quête d'Auteur, éd. Editions Folio Plus Classiques, 160 p.
    http://confrerie2010.canalblog.com/archives/2011/07/30/21706674.html
    https://www.librairie-gallimard.com

    Voir aussi : "Essai sur le libre arbitre"

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  • Le ravissement de Lol V. Stein

    9782410003871_1_75.jpgCe grand roman de Marguerite Duras de 1964 débute par un abandon : Une nuit de bal, Lola Valérie Stein voit son fiancé Michael Richardon danser puis partir avec une autre femme (Anne-Marie Stretter, personnage récurrent dans l'œuvre de Duras). 
    Suite à ce "ravissement", Lol V. Stein sombre dans une grande déprime que 10 ans de mariage ne parviennent pas à effacer. Mais Lola revient un jour sur les lieux de ce drame intime. Elle retrouve Tatiana, une amie d'enfance qui avait été témoin du ravissement ainsi qu'un homme, Jacques (le narrateur).

    Grâce à eux (que ce soit volontairement ou non), Lola Valérie Stein écrit la dernière page de son drame amoureux. Il paraît que ce livre est lu et commenté par beaucoup de psychanalystes (dont Jacques Lacan) qui voient dans Le Ravissement de Lol V. Stein un admirable livre sur la souffrance intérieure et les multiples nœuds pour en guérir.

    De nombreuses études et commentaires ont été faits sur ce roman (tapez le titre de ce livre dans un moteur de recherche et vous verrez...) qui ne peut pas laisser insensible : il peut agacer, ennuyer ou au contraire passionner. Pour ma part, j'ai vraiment adhéré à ce livre malgré la difficulté de certains passages.

    A noter que Marguerite Duras a participé puis s'est désolidarisée du Nouveau Roman, ce mouvement littéraire qui, à partir des années 1940, a contesté le roman traditionnel. En tout cas, on retrouve la voix et le style inimitables de Marguerite Duras : phrases courtes et sèches, rythme lancinant, mots répétés et comme ressassés, passages elliptiques. Un très grand chef-d'œuvre.  

    Marguerite Duras, Le Ravisement de Lov V. Stein, éd. Gallimard, 1964, 196 p.
    http://confrerie2010.canalblog.com/archives/2010/03/27/17376474.html
    https://www.librairie-gallimard.com

    Voir aussi : "SAS, La liste Hariri"

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  • Justine

    roman,livre,confrérie,classique,sade,marquis de sade,sexe,justineIl existe deux versions de Justine ou les Malheurs de la Vertu (1791) : une, condensée et plus ancienne, Les Infortunes de la Vertu (1787) ; et une écrite sur le tard (1799), La Nouvelle Justine, qui développe jusqu’à son paroxysme les thèmes les plus sulfureux des deux ouvrages précédents.

    Ces versions prouvent l’attachement de Sade pour cette histoire de crimes, de sexe et de morale : deux sœurs, Justine et Juliette, séparées à leur naissance, se retrouvent des années plus tard dans une auberge de Montargis alors que des soldats conduisent la première vers son lieu d'exécution pour des crimes qu'elle aurait commis.

    Or, paradoxalement, la plus vertueuse des deux sœurs n'est pas Juliette (qui a trempé dans des meurtres et des affaires peu recommandables) mais Justine qui a choisi toute sa vie les chemins de la vertu et de l'honnêteté, ce qui lui a causé les pires torts. Celle-ci nous raconte ses aventures jusque dans les détails les plus sordides.

    À la lecture de ce livre - si sulfureux que la lecture en devient difficile - il n’est pas évident de se faire une opinion sur les réelles intentions de Sade : fausses confessions d’une vertueuse et vraies revendications d’un libertin au passé peu avouable ?

    Énumérations de crimes et de supplices écrit par un Sade brisé par des années de prison et de frustration (à certains égards, son ouvrage le plus noir, Les 120 Journées de Sodome, n'est pas loin) ? Roman philosophique sur le libertinage ? Œuvre moderne avant l’heure qui entend ne se donner aucune limite à la littérature et au langage ? Ou bien conte moral comme le laissent entendre les dernières pages ? A chacun de se faire sa propre opinion. 

    Marquis de Sade, Justine ou les Malheurs de la Vertu, éd. Livre de Poche, 1973, 384 p.
    http://confrerie2010.canalblog.com/archives/2010/05/17/17929022.html
    https://www.hachette.fr/livre/justine-ou-les-malheurs-de-la-vertu-9782253007159

    Voir aussi : "Fugues" 
    "Heureux comme Sade en Italie"

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