Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

• • Hors-séries

  • Un autre regard sur Philip Glass

    Dès les premières notes de cet album de b•records, nous sommes indéniablement chez Philip Glass, compositeur américain du courant répétitif américain. Il s’agit d’un enregistrement public d’un concert à la Cité de la Voix de Vézelay, le 11 janvier 2024.

    Another Look at Harmony date de 50 ans déjà mais l'œuvre reste d’une très grande modernité. L’ensemble  Les Métaboles en propose ici la quatrième partie, complétée par une œuvre du XVIIIe siècle, le Canone a 16 all’ unisona d’Andrea Basily. Il faut remercier Léo Warynski d’avoir su dénicher un opus méconnu et peu joué du compositeur américain. Il précède de quelques années son opéra Einstein on the Beach dont Another Look at Harmony serait une "sorte d’esquisse".  

    Chez Glass, les boucles mélodiques, écrites pour chœur et orgue, s’étirent patiemment – pour ne pas dire religieusement. On croirait entendre une œuvre chamanique que l’orgue incroyable de Yoan Héreau vient éclairer de manière métaphysique (Section 2). Rien d’étonnant finalement pour une œuvre enregistrée à Vézelay, l’un des plus grands centres religieux d’Europe.

    Il y a de l’épique et de l’aventure dans cette manière de travailler les sons, les voix, leurs textures. On aurait tort de s’arrêter sur le terme de "minimalisme" souvent utilisé lorsque l’on parle de Philip Glass. Au contraire, la richesse est là, dans ces intonations et ces variations parfois intimes de répétition d’un même motif (Section 3). 

    Une œuvre méconnue d’un compositeur qui l’est tout autant

    L’ensemble des Métaboles et l’orgue de Yoan Héreau se complètent harmonieusement (Section 5) dans cet opus du milieu des années 70 que Léo Warynski apparente moins à la culture new age de cette période qu’à l’école de Notre-Dame des XIIe et XIIIe siècles. N’oublions tout de même pas la grande modernité de cette pièce, éclatante et sombre dans la longue Section 6. Elle précède cette capricieuse et très classique "pastille" de 16 secondes par Yoan Héreau, avant  la huitième et dernière section où l’orgue vient accompagner l’ensemble des Métaboles. Philip Glass fait de ce mouvement un hommage au répertoire liturgique occidental : orgue éclatant, envolées des voix et enthousiasme joyeux. Glass, parfois dédaigné en France, prouve qu’il est un compositeur contemporain mais aimant et connaissant ses classiques.

    L’album se termine assez singulièrement par une œuvre méconnue d’un compositeur qui l’est tout autant. Léo Warynski a choisi un canon du compositeur italien Andrea Basili (1705-1777). Son magnifique Canone a 16 all’ unisona est une œuvre classique jamais éditée ou enregistrée jusqu’alors. Cela en fait sa rareté. En incluant un compositeur du XVIIIe siècle dans un programme contemporain,  Léo Warynski et Les Métaboles entendent renouer deux époques et deux styles a priori diamétralement opposés mais qui viennent se rejoindre naturellement. 

    Philip Glass, Another Look, Les Métaboles,
    dirigé par Léo Warynski, Yoan Héreau (orgue), b•records, coll. Trio Xenakis, 2025

    https://www.lacitedelavoix.net/actualite/another-look-le-nouveau-disque-des-metaboles
    https://lesmetaboles.fr/fr/boutique/disque/another-look
    https://www.b-records.fr

    Voir aussi : "Trio percutant"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Pierre Boulez, le maître au marteau et à la baguette

    2025 marque le centenaire de la naissance de Pierre Boulez, décédé en 2016, il y a moins de 10 ans. Le documentaire Pierre Boulez - Le chemin vers l'inconnu, visible sur Arte propose de revenir sur ce géant de la musique, tour à tour décrié, acclamé, incompris ou admiré. C’est singulièrement d’Allemagne que nous vient ce document passionnant. Thomas von Steinaecker propose de parler de Pierre Boulez, le déchiffrer et expliquer son importance.

    Qui est Pierre Boulez ? La question se pose d’emblée. Que de chemins parcourus entre ce jeune homme originaire de la Loire et ce personnage qui a fait se déplacer les foules lors de ses concerts et est devenu le personnage central de la musique du XXe et du début du XXIe siècle.

    Révolutionnaire est le mot qui revient le premier en tête lorsque l’on évoque le compositeur. le pianiste Pierre-Laurent Aimard évoque à ce sujet une conversation entre le jeune Boulez et son maître Olivier Messiaen au sujet de la musique sclérosée d'après-guerre. D’emblée, Messiaen voit en Boulez celui qui va renverser la table et bousculer un art qui se remettait à peine des années 30 embourgeoisées et des années 40 de sinistre mémoire. L'intuitionn était la bonne. En quelques dizaines d’années, Boulez transforme la France musicale comme personne avant lui.

    "Secret"

    Le documentaire explique en quoi Boulez a dominé son époque comme peu d’artistes avant lui. La comparaison avec Mozart peu étonner. Or, si elle est critiquable c’est sans doute paradoxalement en raison de l’apport bien plus fondamental de Boulez à son époque, tant du point de vue stylistique que culturel.

    Des grandes œuvres sont évoquées, à commencer par Le Marteau sans maître (1855), "une révolution" dit le chef d’orchestre François-Xavier Roth. Rythmes, finesse des sons (ce qui n’est a priori pas la première chose qu’un auditeur retiendrait à la première écoute), écriture précise sans cesse "remise sur le métier" (Notations, Pli selon pli) et surtout complexité d’interprétation pour les interprètes.

    En 2025, l’œuvre de Boulez est entrée dans le patrimoine, avec respect et admiration mais aussi beaucoup d’incompréhension et de perplexité. Le documentaire nous fait entrer aussi au cœur d’une époque remuée par les révolutions, les expérimentations (l’apport de l’électronique via, notamment, l’Ircam) et le désir de changer le monde pour le meilleur – l’humanisme, la créativité, l’intelligence.

    L’autre domaine dans lequel Boulez a excellé est dans l’orchestration. Après ses jeunes années de création contemporaine, il se révèle en chef d’orchestre incroyable, y compris dans le répertoire classique et romantique : précis, sensible, intelligent, révolutionnaire (La Tétralogie de Wagner mise en scène par Patrice Chéreau à Bayreuth, en 1976). Ses versions de Mahler (la 2e Symphonie notamment) font parfois dire que beaucoup préfèrent largement le conducteur d’orchestre au compositeur novateur.

    Le documentaire de Thomas von Steinaecker aborde peu l’aspect privé de l’artiste. C’est un "homme secret" est-il dit. Le voile est cependant levé discrètement sur son ancien secrétaire particulier, Hans Messner, qui a sans doute été le soutien le plus important de la vie du musicien. On n'en saura pas plus et peu importe. L’œuvre de Boulez est si importante qu’il faut s’en contenter et c'est déjà énorme.   

    Pierre Boulez - Le chemin vers l'inconnu,
    documentaire allemand de Thomas von Steinaecker, Arte, 2025, 54 mn

    https://www.arte.tv/fr/videos/115573-000-A/pierre-boulez-le-chemin-vers-l-inconnu

    Voir aussi : "Pierre Boulez : Mort d'un géant"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Je suis un être humain

    Quel contraste entre Eraserhead, le premier long-métrage surréaliste et un brin foutraque du  tout jeune David Lynch et cet Elephant Man, son deuxième film, acclamé par le public et la critique, sans toutefois avoir récolté les récompenses qu’il aurait mérité – aucun oscar, pas même celui du meilleur maquillage, prix qui ne sera créé du reste qu’un an plus tard…

    Or, à y réfléchir de plus près, cet homme éléphant n’est pas aussi éloigné que le bébé difforme et monstrueux d’Eraserhead. On oserait presque dire qu’il semble en être un prolongement. Ajoutons aussi que les deux films ont été tournés en noir et blanc, un noir et blanc somptueux pour Elephant Man grâce au travail de Freddie Francis.

    Que de différences entre le long-métrage de 1980, Grand Prix du festival d’Avoriaz et César du meilleur film étranger, et Eraserhead ! A sa sortie, le scénario linéaire, chronologique et clair d'Elephant Man fait taire de nombreuses critiques échaudées par son précédent opus indépendant surréaliste et psychanalytique.

    Pour Elephant Man, le réalisateur américain a choisi de s’intéresser à l’histoire vraie de John Merrick (en réalité Joseph Merrick), joué par John Hurt, recueilli par le docteur Frederick Treves (Anthony Hopkins). Être né difforme, Merrick est exhibé dans des foires, très populaires à la fin du XIXe siècle. L’homme éléphant trouve asile dans l’hôpital où travaille Treves, en dépit des critiques de ses pairs. Très vite, Merrick s’avère ne pas être le monstre qu’il paraît. Il est aimable, d’une grande gentillesse et très cultivé. Bientôt, il devient une célébrité, s’attirant la sympathie d’une actrice renommée.  

    Un être sensible, doux comme un agneau, cultivé, artiste et aussi malheureux

    Qui sont les monstres ? Voilà la question qui traverse ce film devenu un grand classique du cinéma. Cet homme que la nature a rendu physiquement difforme ? Son propriétaire qui l’exploite sans vergogne ? Les spectateurs - on oserait même ajouter ceux du film - qui viennent contempler le "monstre" pour goûter à une peur excitante ? Ou bien le Dr Treves, comme il le dit lui-même ? C’est pourtant à ce dernier que l’homme éléphant doit une nouvelle existence presque normale, entouré de médecins, d’aides-soignantes dévouées et d’admirateurs et admiratrices. Lorsque ce dernier, pourchassé dans le métro, clame cette phrase devenue culte, "Je ne suis pas un animal, je suis un être vivant !", il fait face à une horde de passants devenus eux-mêmes monstrueux. Le spectateur ne découvre l'apparence physique de l'homme éléphant qu’au bout de 25 minutes, suite à l’intrusion d’une aide-soignante  dans sa chambre. La jeune femme hurle de peur, peur partagée par l’homme monstrueux.

    Finalement, seule la comédienne  Madge Kendal, jouée par la superbe Anne Bancroft (Miracle en Alabama, Le Lauréat), et devenue son amie, apparaît comme la seule personne pure du film – avec John Merrick lui-même. 

    John Merrick, aussi effrayant qu’il soit (bravo au maquillage ahurissant de Christopher Tucker !), est d’abord un être sensible, doux comme un agneau, cultivé, artiste et aussi malheureux. L’abandon de sa mère est d’ailleurs le nœud de sa souffrance, sans doute autant que les humiliations et les coups de sa vie de bête de foire. 

    Le soulagement final de cette triste existence ne viendra que dans les dernières minutes, avec quelques plans oniriques – une marque de fabrique de Lynch – et la voix consolatrice de la mère de Merrick : "Rien ne meurt jamais", murmure-t-elle à son fils dans ce dernier moment devenu une délivrance. 

    Elephant Man, drame de Lynch David, avec Anthony Hopkins, John Hurt, Anne Bancroft,
    1980, 124 mn, StudioCanal 

    https://store.potemkine.fr/dvd/5053083211769-elephant-man-lynch-david

    Voir aussi : "Tête effaçable"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Comme dans un rêve

    Chef d’œuvre de David Lynch, Mullholland Drive, sorti en 2001, figure pour beaucoup de critiques comme l’un des 10 meilleurs, sinon le meilleur film de ce premier quart du XXIe siècle. Inimitable, surréaliste, au scénario sophistiqué et malin, esthétiquement magnifique, sans compter la musique d’Angelo Badalamenti, le compositeur fétiche de Lynch. Tout fait de la ce film remarqué au Festival de Cannes 2001 une pure merveille (il n'obtiendra cependant pas - et c'est injuste - la Palme d'Or).

    Mulholland Drive est une vraie expérience de cinéma qu’un premier visionnage peut désarçonner. Quitter le film avant la fin condamne le spectateur à passer à côté d’une histoire à la fois bouleversante et pathétique.   

    Sur les hauteurs de Mulholland Drive, une limousine se fait arrêter par une voiture d’où sortent des malfrats. Leur cible est la passagère, Rita, en tenue de soirée. Elle échappe aux hommes de main grâce à un accident opportun. En fuite, elle trouve son salut en se réfugiant dans une maison désertée par sa propriétaire. La lumineuse Betty, venue tenter sa chance à Hollywood, débarque quelques heures plus tard dans cette grande demeure que lui a prêtée sa tante. Envoûtée par la mystérieuse fuyarde, Betty propose son aide à Rita qui est devenue amnésique suite à l’accident. Dans le même temps, Betty tente sa chance dans la ville du cinéma en courant un casting et un plateau qui doit lui apporter la gloire. 

    Un couple d’actrices Naomi Watts / Laura Harring devenu légendaire

    Le spectateur doit accepter de se laisser guider par un David Lynch qui n’a sans doute jamais été aussi inspiré. Pendant les trois premiers quarts d’heures du film, les événements se succèdent, tour à tour grotesques (les tueurs à gage maladroits), surréalistes (la scène du monstre sur le parking d’un bar), tragiques ou surprenants. Les personnages secondaires sont à l’avenant, à commencer par le réalisateur falot Adam (Justin Theroux) ou la sympathique Coco qui a droit à un traitement différent dans le dernier quart d’heure du film.

    Chaque visionnage du film permet de s’arrêter sur des détails – qui n’en sont pas – et des scènes a priori anodines : la scène du café trop amer, le casting de Betty ou encore l’apparition du monstre, l’une des plus marquantes sans doute dans la carrière de Lynch.

    Et puis, il y a ce couple d’actrices, Naomi Watts et Laura Harring, devenu légendaire. Naomi Watts, en particulier, livre une interprétation formidable en incarnant une femme aux différents visages.

    Pour toutes ces raisons, Mulholland Drive est un chef d’œuvre à voir, revoir, re-revoir, et cetera. 

    Mulholland Drive, thriller indépendant américain de David Lynch, avec Naomi Watts, Laura Harring,
    Justin Theroux et Ann Miller, 2001, Studiocanal, Les Films Alain Sarde, DVD, 146 mn

    https://www.arte.tv/fr/videos/037068-000-A/mulholland-drive
    https://www.canalplus.com/cinema/mulholland-drive/h/40659667_50889

    Voir aussi : "Insensé"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Bounty et le goût du paradis

    Dans la bibliographie de Jules Verne, Les Révoltés de la Bounty fait partie des œuvres rares. Il est vrai que cette histoire, tirée d’un fait divers datant de 1787, est une nouvelle de moins de 20 pages. Elle mérite pourtant d’être redécouverte, autant parce que la mutinerie de la Bounty est devenue légendaire – on lui doit d’ailleurs un film à grand succès en 1984, avec Mel Gibson et Anthony Hopkins dans les rôles titres – que parce que ce récit appartient à la légende de l’écrivain français.

    Aventure, île sauvage, héroïsme : voilà qui ne pouvait qu’intriguer Jules Verne. Il propose ici de coller au plus près de l’histoire, en se concentrant surtout sur le capitaine Bligh, victime de la mutinerie du Capitaine Fletcher, avant de suivre la vie des mutins et naufragés, dans une nouvelle au style moderne, presque journalistique. 

    Deux nouvelles écrites des deux côtés de la Manche

    Rien à voir avec Une Île de Lord Byron, écrit en 1832, soit près de cinq ans avant l’auteur du Tour du monde en 80 jours. Nous sommes en plein romantisme et l’idée de liberté et du "bon sauvage" prend tout son sens. Lord Byron propose une nouvelle en forme de chants poétiques. Le récit autour de Fletcher et Bligh fait bientôt place à un couple héroïque, la Tahitienne Neuha et le marin anglais naufragé Torquil.

    La langue est précieuse, parfois maniéré, mais le récit devient, à partir du Chant III un authentique récit d’aventure et d’action, avec par dessus le marché une histoire d’amour.

    Voilà deux nouvelles écrites des deux côtés de la Manche se complétant complètement dans cette édition de Librio et donnant envie de voir ou revoir le film de Roger Donaldson.    

    Jules Verne, Les Révoltés de la Bounty, suivi d'Une île de Lord Byron,
    éd. Flammarion, coll. Librio, 2013, 80 p.

    https://editions.flammarion.com/les-revoltes-de-la-bounty/9782290058480

    Voir aussi : "Pauvre homme"
    "Un classique des classiques"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • La vengeance aux deux visages

    En 2016, Karine Giebel sortait De force, publié chez Belfond et aujourd’hui disponible chez Pocket.

    Ce thriller psychologique se déploie lentement. L’auteure a construit patiemment son intrigue comme une araignée tisse sa toile. La violence est là mais elle est latente, faite de menaces et d’angoisses, jusqu’aux cinquante dernières pages qui viennent tout exploser.

    Un soir, à Nice, Maud Reynier se fait agresser par un homme. La jeune femme est sauvée in extremis par un promeneur, Luc Garnier. Maud est la fille unique et choyée d’Armand Reynier, un chirurgien riche et respectée de la Côte d’Azur. En s’en prenant à la jeune femme, il apparaît bien vite qu’en réalité c’est le chirurgien au-dessus de tout soupçon qui est la cible véritable. Un courrier anonyme menace d’ailleurs Armand Reynier qui reprend contact avec Luc, el sauveur de sa fille chérie. Cela tombe bien, l'opportun bienfaiteur est garde du corps, en plus d'être séduisant. Il est recruté par le médecin pour protéger Maud. Bientôt, le jeune homme s’installe dans la demeure luxueuse des Reynier.

    Outre le père et la fille, vivent Charlotte, la seconde épouse d’ Armand Reynier, Amanda, la gouvernante et un jardinier. Le garde du corps découvre que de lourds secrets pèsent sur cette famille mais aussi une lourde menace. Pour ne rien arranger, le bodyguard ne laisse aucune des femmes de la maison indifférentes. 

    Secrets

    Un chirurgien riche et imbu de lui-même. Sa fille, une jeune femme paumée et accro. La deuxième femme du médecin prise au piège d’un mariage. Une gouvernante séduisante. Sans oublier un garde du corps ténébreux, sémillant et aux blessures certaines. Voilà les éléments de départ de ce pavé passionnant. Vous ajoutez à cela un sinistre maître chanteur et des disparu⸱e⸱s bien encombrantes.

    Karine Giebel se concentre sur les dialogues, nombreux et rendant vivants ce thriller. Les descriptions des lieux comme des personnages sont réduits à leur plus simple expression. Les lecteurs et lectrices – et elles sont nombreuses – regretteront sans doute les personnages bruts de décoffrage et parfois caricaturaux – le médecin bourgeois hautain, la pauvre fille riche et droguée, la bimbo séductrice et le beau gosse protecteur qui ne peut pas laisser insensible les trois femmes de la propriété niçoise.

    Le polar se termine en plein Vercors, dans un lieu sauvage où tous les secrets sont dévoilés, pour ne pas dire crachés. Un très bon polar. 

    Karine Giebel, De force, éd. Belfond, 2016, 528 p., éd. Pocket, 2017, 576 p.
    https://www.lisez.com/livre-grand-format/de-force/9782714459633
    https://www.karinegiebel.fr
    https://www.facebook.com/Karine.Giebel
    https://www.instagram.com/karinegiebel

    Voir aussi : "Sors de ma vie avant que je tue"
    "Karine Giebel, son œuvre"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • La Philosophie dans le boudoir

    sade,sexe,roman,pornographieLa Philosophie dans le boudoir se présente comme une suite de sept tableaux théâtraux mettant en scène l'éducation libertine d'une jeune fille, Eugénie. Madame de Saint-Ange, son frère le chevalier et monsieur Dolmancé se font les instructeurs  immoraux de l'adolescente dans une graduation sadienne de la perversion, jusqu'au supplice de Madame de Mistival, la propre mère d'Eugénie.

    Cette œuvre pornographique de Sade inclut également une réflexion philosophique sur la démocratie, la nature et le crime, à travers le texte Français, encore un effort, inséré à la fin du cinquième dialogue - de manière assez artificielle. Un texte dérangeant et scabreux à ne pas mettre entre toutes les mains.    

    Marquis de Sade, La Philosophie dans le boudoir, éd. Gallimard Folio, 272 p.
    https://confrerie2010.canalblog.com/archives/2013/04/01/26797163.html
    https://www.folio-lesite.fr/catalogue/la-philosophie-dans-le-boudoir/9782073013330

    Voir aussi : "3 minutes pour comprendre les 50 plus grandes théories philosophiques"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Dumas, le fils

    Soyons précis. Des trois Dumas, c’est le deuxième qui est le plus connu. Alexandre Dumas, dit Père, est devenu pour toujours l’auteur des Trois Mousquetaires, du Comte de Monte-Cristo ou de La Reine Margot. Les qualificatifs le concernant sont bien entendu d’autant plus élogieux qu’il reste moderne.

    Qu’en est-il des deux autres Dumas. Thérèse Charles-Vallin, autrice du Troisième Dumas (éd. de la Bisquine) passe rapidement sur l’ancêtre, lui aussi nommé Alexandre, plus précisément Thomas Alexandre Davy de La Pailleterie. Général métissé, il a eu pour père un noble normand qui épousa une femme noire de Saint-Domingue. Le militaire, le "premier Dumas", donc, donne naissance au plus célèbre d’entre eux, le fameux Alexandre Dumas Père.

    Arrêtons-nous tout de suite sur cette naissance car c’est là qu’il faut chercher un des points communs des trois Dumas : une paternité mal assumée qui est au cœur de l’essai de Thérèse Charles-Vallin. Pour autant, les liens pères-fils restent très forts. Le créateur de Monte-Cristo a une fascination pour le brillant Général increvable et qui eut pour seul "tort" d’être métis. "À l’âge de quatre ans, [Il] voulait aller au ciel pour y trouver Dieu et le tuer afin de venger la mort de son général de Pierre".

    Singulièrement, Alexandre Dumas Fils ne fut reconnut lui aussi que tardivement, après une enfance difficile, trois femmes se disputant sa garde jusqu’à ce qu’il soit définitivement reconnu à l’âge de sept ans. La suite c’est un long chemin personnel et artistique jusqu’au triomphe d’Alexandre Dumas Fils.

    Féminisme

    Thérèse Charles-Vallin suit chronologiquement la carrière exceptionnelle d’un écrivain qui aurait pu se faire écraser par une paternité exceptionnelle, d’autant plus que son enfance augurait mal de la suite – un père absent, des femmes ne s’entendant pas, le rejet et les humiliations à l’école en raison de sa naissance et de ses racines antillaises. Lorsque le père se rapproche du fils, ce dernier ne pourrait que se sentir écrasé par un écrivain adulé et à la force de travail exceptionnelle : "Un véritable bourreau de travail qui peut rédiger 200 pages d’un excellent texte en une nuit". Finalement, les relations entre le père et le fils vont devenir excellentes, comme le prouvent les multiples extraits de leur correspondance, le père soutenant et appuyant le fils et le fils marquant son amour pour un père jusqu’à ses derniers jours.

    L’essai de Thérèse Charles-Vallin est passionnant en ce qu’il donne à voir un artiste s’émancipant d’un père autant admiré et reconnu que "frivole et jouisseur" mais qui finira ruiné. C’est son fils qui l’accueillera chez lui dans ses derniers jours et le veillera jusqu’à sa mort. L’auteure propose sans doute là les plus belles et émouvantes pages de son essai.

    D’Alexandre Dumas Fils, le grand public a avant tout retenu son chef d’œuvre, La Dame aux camélias. Le roman a été écrit en 1847, dans une rage que son père n’aurait pas renié. Le troisième Dumas n’a jamais caché que cette histoire d’amour et de mort lui a été inspiré par sa propre relation avec une jeune femme dont il était épris, Alphonsine Plessis et qui mourut à l’âge de 23 ans, après une vie des plus agitée.

    Dumas Fils est surtout un homme de théâtre et c’est bien naturellement qu’il se lance dans  l’adaptation sur scène de sa Dame aux camélias, avant qu’elle ne devienne ensuite une œuvre lyrique, La Traviata.

    Le Troisième Dumas est aussi passionnant par son tableau du XIXe siècle, ses fièvres politiques, le retour de l’Empire, la guerre de 1870 puis la jeune IIIe République. Dans cet essai, traversent des personnages historiques, que ce soit Victor Hugo, Émile Zola ou Sarah Bernhardt. Thérèse Charles-Vallin souligne la clairvoyance de Dumas Fils qui s’est lancé dans le féminisme et le soutien de l’égalité de droits entre hommes et femmes, une attitude à la fois rare et remarquable pour un homme du XIXe siècle, très souvent cantonné, à tort, dans celui d’artiste bourgeois.

    Finalement, Alexandre Dumas Fils est resté dans les manuels d’histoire autant que de littérature en dépit de l’ascendance de Dumas Père. Mieux, au contraire de ce dernier, il réussit à se faire élire à l’Académie Française. 

    Thérèse Charles-Vallin, Le Troisième Dumas, éd. de la Bisquine, 2024, 214 p.
    https://www.editions-labisquine.com/le-troisieme-dumas.html
    https://www.facebook.com/p/Therese-Charles-Vallin-100063155264919

    Voir aussi : "Thérésia versus Robespierre"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !