En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
Notre héroïne est chargée par un promoteur véreux de réveiller des zombies sur un terrain afin de déterminer à qui appartient ledit terrain. La sexy et irrévérencieuse Anita en profite pour partir à la recherche d'un tueur en série qui pourrait bien être un vampire particulièrement retors. B
on, vous l'aurez compris, c'est du pur roman fantastique qui ne se prend pas la tête et qui surfe sur la grande mode des vampires et autres zombies (cf. Twilight). Si vous êtes adeptes de ce genre d'histoires, ce roman (et la série des Anita Blake) est fait pour vous.
Je ne connaissais Georges Bataille qu'en raison de sa réputation sulfureuse. J'ai choisi de lire son roman inachevé Ma Mère qui, d'après les spécialistes de Bataille, synthétise bien son œuvre.
L'histoire : l'initiation aux vices d'un jeune homme, Pierre, le narrateur, par sa mère. Un livre volontairement scandaleux écrit dans une très belle langue française. Une curiosité. Sans plus.
Philosopher c’est apprendre à mourir, ne cessent de répéter les penseurs au cours des siècles. Penser la mort et penser sa mort est un sujet si ardu : elles est en plus devenue taboue dans notre société ! D’ailleurs, il est communément admis (même si c’est aller bien vite en besogne !) que l’histoire de la philosophie commence avec la mort de Socrate…
On peut être reconnaissant à Simon Critchley, lui-même philosophe, d’avoir écrit ces passionnantes chroniques qui s’intéressent autant à la mort des 190 philosophes les plus marquants de l’Humanité qu’à leur propre vision de la fin de l’existence humaine : de Pythagore, massacré après avoir refusé de traverser un champ de fèves, à Sartre qui affirmait ne pas penser à la mort, en passant par Pic de la Mirandole, empoisonné par son secrétaire, ou Diderot, étouffé par un abricot.
Ce livre passionnant est en tout cas tout sauf déprimant. Il contient des passages drôles (de l’humour noir, bien sûr !) mais aussi de belles pages lorsque l’auteur évoque quelques brillants maîtres qu’il a côtoyés (Gadamer ou Adorno) ou des intellectuels qui ont su mourir sereinement (Foucault ou Montaigne). Les Philosophent meurent aussi est aussi un excellent ouvrage d’introduction à la philosophie.
Tiens, cela faisait longtemps qu’on n’avait pas parlé de David Foenkinos, à l'honneur dans notre hors-série. Un auteur formidable, populaire, parmi les locomotives de la littérature française, et qui nous a proposé l’an dernier son dernier petit bijou, Numéro Deux (Gallimard).
Un titre bien énigmatique. Qui est ce fameux second ? Pour avoir la réponse, il faut revenir 25 ans en arrière, lorsque le phénomène de la littérature mondiale, Harry Potter, est sur le point d’être porté à l’écran. David Foenkinos en profite pour évoquer la genèse puis le déclenchement d’un raz-de-marée inédit autour de JK Rowling, l’auteure de l’histoire du petit sorcier. Lorsque le premier tome sort, Martin Hill est un garçon de 10 ans, fils unique d’un couple franco-anglais sur le point de se séparer. Sa mère, Jeanne, retourne à Paris. Martin vit avec son père, artiste contrarié et accessoiriste sur les plateaux de cinéma.
Un jour, ce dernier l’emmène avec lui au travail. Un producteur remarque Martin et lui propose de faire un essai de casting pour le rôle d’Harry Potter. Martin et son père acceptent. Les essais sont encourageants mais, finalement, c’est Daniel Radcliffe qui est choisi. Raté pour le jeune Hill. C’est aussi le début d’un long, très long calvaire.
Un long, très long calvaire
On est touché par cette histoire de perdant, assommé par un échec et qui n’arrive pas à s’en remettre, le succès de la saga d’Harry Potter lui renvoyant à chaque instant à ce qu’il aurait pu être : un acteur adulé. L’histoire du petit sorcier et ses adaptations filmées sont de tels triomphes qu’ils renvoient continuellement son échec au garçon arrivé deuxième au casting. "Il lui serait dorénavant impossible d'échapper à ce qu'il avait raté. Ce fameux droit à l'oubli que l'on évoque pour les criminels, il ne pouvait pas s'en prévaloir. Pire, on aurait dit que le pays entier soufflait sur les braises de son échec."
Il faut bien préciser que David Foenkinos a entièrement imaginé l’histoire de ce garçon qui a failli être Harry Potter et qui ne s’en est jamais remis. Pour autant, l’auteur français raconte qu’il a bien existé, d’après ce qu’il a lu, un candidat recalé pour ce rôle. Il ne lui restait plus qu’à imaginer son histoire.
Numéro Deux se déroule entre Londres et Paris, sur environ 25 ans. Le lecteur suit l’histoire d’un jeune garçon très vite frappé par le malheur, comme si des Détraqueurs s’étaient vengés sur lui, faute de pouvoir se rabattre sur l’élève de Poudlard. À la découverte du roman, on devinera tout aussi bien qui endosse le rôle de Voldemort. Évidemment, impossible d’en dire plus.
Des moments assez inoubliables nous trotteront longtemps dans la tête : les castings de Martin, la visite du "Poudlard" polonais ou encore la dernière partie au Ritz de Paris.
Numéro Deux mérite d’être qualifié de bon cru de Foenkinos. C'est aussi un hommage à tous ces "deuxièmes", ces oubliés et perdants qui ne le sont pas vraiment.
C’est une plongée haute en couleur dans le Montmartre des années 30 que nous offre le célèbre écrivain américain. Un Montmartre bien loin des clichés habituels d’un Montmartre romanesque et romantique.
Dans ce court récit (ou roman ?), en deux parties, les deux personnages principaux, Joey (Henry Miller ?) et Carl font l’apprentissage d’une vie de Bohême qui n’a rien de romantique. Ici, le Paris est gris, ses habitants louches pour ne pas dire glauques et les Parisiennes fréquentées ne sont le plus souvent que des prostituées plus ou moins occasionnelles.
Les artistes ne créent pas, peu ou mal et la nourriture vient souvent à manquer. Joey et Carl passent finalement le plus clair de leur temps à rechercher des filles pour la nuit ou à s’en débarrasser…
Miller nous plonge dans cet univers avec un talent incomparable et sans fioritures. C’est excessif et sulfureux comme l’était sans doute cette vie à Montmartre dans la première moitié du XXe siècle. À lire, vraiment !
Dewey est sans doute le chat ayant connu la plus grande postérité.
Abandonné en janvier 1988 dans la boîte à dépôt de la petite bibliothèque municipale de Spencer, Iowa, un chaton est rapidement adopté par sa conservatrice. Très vite, Dewey (il est baptisé ainsi en référence à une méthode de classification) devient la mascotte de la bibliothèque puis de la ville de Spencer. Ce chat sociable devient locataire perpétuel et compagnon des usagers et lecteurs du lieu culturel.
Sa renommée (qui est autant due à son tempérament qu’à l’histoire de son abandon et de son adoption) fait le tour des États-Unis et du monde entier. Dewey s’éteint à l’âge honorable de 19 ans en 2006. Cette histoire nous est racontée par Vicky Myron la bibliothécaire qui s’est spécialement occupée de ce chat hors du commun. Ce livre offre également une peinture émouvante de l’Iwoa et de ses habitants. Un beau document, spécialement pour les amoureux des chats.
1934-1936 : harcelés par les troupes nationalistes de Tchang Kaichek, les quelque 200 000 communistes chinois quittent leur implantation au sud de la Chine pour rejoindre à pied le nord, soit environ 15 000 kilomètres harassants. Seuls quelques milliers parviendront au bout, au terme d’une épopée que le parti communiste chinois, après coup, traduira en épopée légendaire et en élément de propagande à sa gloire.
La journaliste anglaise d’origine chinoise Sun Shuyun a choisi il y a peu de refaire le même chemin que la jeune Armée Rouge chinoise et surtout d’interroger les derniers témoins de cette Longue Marche. Elle est partie à la rencontre de ces anonymes pour connaître la réalité de cet événement fondateur de la République Populaire de Chine.
Ce qu’elle découvre bouleverse ses connaissances et nos connaissances de cette Longue Marche. Finalement, dit-elle, ce périple est d’abord l’échec cuisant de l’installation des communistes dans la région du Jiangxi, échec tel que Mao, responsable de cette politique désastreuse, est mis au ban du parti communiste. Sun Shuyun découvre aussi des réalités que la Chine actuelle a du mal à admettre : les difficultés inimaginables durant ce voyage (la traversée du Tibet reste pour tous l'un des pires souvenirs), les désertions massives, les purges à grande échelle, les viols de masse, les événements grossis voire inventés, d’autres oubliés car trop gênants pour les futurs responsables de la République Populaire.
La fin de cette Longue Marche se termine par un coup de théâtre qu’aucun auteur n’aurait été capable d’inventer. Mao ne sort pas indemne de ce brillant essai, écrit comme un récit d’aventures : il apparaît comme un homme politique inspiré ne doutant (presque) jamais, un idéologue aveugle mais aussi un piètre stratège militaire et un despote violent – ce qui n’étonnera personne ! Un livre passionnant qui donne quelques sérieux coups de canifs à la propagande communiste chinoise mais qui est aussi un très intéressant voyage dans la Chine d’aujourd’hui.
Avec l’album Harp and Bassoon "On the Roof", c’est une plongée dans une tradition musicale multimillénaire qui nous est proposée, en même temps qu’un ensemble de créations contemporaines de la compositrice israélienne Anna Segal. Cet enregistrement propose ainsi le premier enregistrement mondial du Concerto Judaica pour harpe et basson.
Quelle audace ! Une œuvre contemporaine est en soi une gageure, mais alors que dire lorsque sont mis à l’honneur la harpe et surtout le basson – instrument injustement incompris, sinon mal aimé… Anna Segal fait surtout bien plus que cela. Elle s’appuie sur la longue tradition culturelle et musicale juive pour proposer de réconcilier des univers que l’on dirait a priori irréconciliables.
L’auditeur saluera la densité comme la richesse de ce concerto, mené par l’orchestre Israel Strings Ensemble dirigé par Doron Salomon. Anna Segal a composé une œuvre faisant un large pont entre sons immémoriaux venant de ce côté de la Méditerranée et inventions musicales à base de ruptures de rythmes et de musique atonale. L’Orient est l’univers où baigne ce concerto éminemment moderne mais refusant de tourner le dos au passé. Que l’on écoute les lignes orientales de harpe au milieu de concerto – en un seul mouvement – pour s’en rendre compte. Il y a aussi de la joie, de la vie et de l’allant dans l’opus de la compositrice israélienne, dont le tour de force de mettre le basson en vedette n’est pas le moindre de ses coups de force.
Chants revivifiés
À côté du Concerto Judaica, l’auditeur découvrira des créations contemporaines plus courtes, s’inspirant elles aussi largement des traditions juives. La délicatesse et la sensualité de "Désir" sont évidents dans ce qui peut s’apparenter à un vrai chant d’amour mélodieux.
Les neuf chansons qui suivent sont inspirées de la tradition biblique. Il s’agit d’une "Mosaïque biblique pour Basson et Harpe" comme l’annonce l’album. Au mystérieux "Samson et les Renards", vient répondre des lectures musicales des personnages de Jaël (Livre des Juges), Jonas ("Jonas et la baleine"), "Yudan le prêtre", Déborah (Livre des Juges), "Les Lions" (Daniel), sans oublier "L’Arche de Noé". Anna Segal. La composition de la musicienne fait la part belle aux inspirations et aux couleurs orientales ("Yudan le prêtre"). La modernité et même l’humour ("Jonas et la baleine") viennent se mettre au service de chants revivifiés.
Ce n’est pas à proprement parlé du sacré dont il s’agit ici, en dépit des thèmes adoptés par la compositrice, mais bien de chants profanes multimillénaires inspirés de la Bible, et qu’Anna Segal, en se basant sur des thèmes hébraïques traditionnels, parvient à rendre modernes.
Avec le chant consacré à l’Arche de Noé, Anna Segal prend le parti d’un titre court et à la facture contemporaine. Deux autres chants sont à signaler : "Les oiseaux" et "Amen pour toujours". Le premier est court d’un peu plus d’une minute, se joue d’une mélodie entêtante, avant de se terminer par quelques percussions. Le second se déploie avec mélancolie. La fin, douce et pleine d’espoir, se laisse deviner, appuyée par la harpe de Rachel Talitman et le basson de Mavroudes Troullos.
Trois chansons viennent clôturer cet enregistrement passionnant et d’une grande volupté. Ce sont des airs folkloriques ("La caravane, "Le Pardon – Prière" et le délicat "Chanson d'amour yéménite") qu’Anna Segal revisite en réconciliant, de nouveau, traditions musicales ancestrales et inventions sonores contemporaines.