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Le narrateur de ce roman est Joey, un cheval. Acheté au début du XXème siècle, il devient le fidèle compagnon de son jeune maître Albert. Mais la première guerre mondiale se déclenche et Joey est vendu comme cheval de guerre à l’Armée britannique. Il rejoint bientôt le front français et vit les horreurs de ce conflit, du côté allié comme du côté allemand.
Cheval de Guerre se dévore d’une traite. Ce grand roman pacifiste parvient à rendre absurde toute idée de guerre en se plaçant du point de vue d’un animal. Un livre qui devrait être étudié dans toutes les écoles !
À noter que Cheval de Guerre a fait l’objet d’une adaptation cinématographique de Steven Spielberg, rien que ça !
Les deux premières surprises à la découverte du Concerto pour violon du compositeur américain Todd Mason viennent de la durée de l’œuvre – un peu plus de 23 minutes – mais aussi de sa structure – un seul mouvement, allegro. Cette composition de 2022 est proposée par Ulysses Arts dans un enregistrement tout juste sorti, avec Tosca Opdam au violon et avec le Budapest Scoring Orchestra dirigé par Péter Illényi.
Todd Mason n’ambitionne ni plus ni moins que de proposer une œuvre pour notre temps, résolument contemporaine (elle a été composée en plein Covid), mais d’une si grande solidité qu’elle affrontera sans coupé férir le monde d’après.
Le concerto s’ouvre avec un gong, instrument des plus immémoriaux, comme le rappel que le compositeur entend s’accrocher au passé et à à de brillants anciens. Les noms d’Alban Berg et de Béla Bartók viennent inévitablement en tête. Le violon de Tosca Opdam entre en jeu très rapidement. La violoniste néerlandaise apporte son souffle lyrique, sa nervosité comme sa dimension pathétique dans cette œuvre aux multiples facettes et aux nombreuses ruptures de rythmes. Il semble que, vers le milieu du concerto, la violoniste et l’orchestre s’affrontent, avant que Tosca Opdam ne se lance dans une partie solo, offrant à cette allegro un singulier chant romanesque et mélancolique.
Une large palette de couleurs, de rythmes et d’émotions
L’auditeur sera sans doute marqué par les influences de Todd Mason dans cette œuvre relativement courte. Nous parlions de Berg et Bartók. Il y a aussi le choix pour le compositeur américain de ne pas oublier la mélodie, le classicisme, le romantisme mais aussi la musique populaire, à travers par exemple des fragments de fanfare au début du concerto. Force reste toutefois au modernisme et au contemporain, ce qui donne à cette œuvre une large palette de couleurs, de rythmes et d’émotions, jusqu’aux dernières notes. Avec une Tosca Opdam encore une fois irrésistible.
L’autre œuvre de cet enregistrement d’UA est cette Chamber Suite en trois mouvements, écrite en 2020. L’auditeur découvrira une composition plus familière à ses oreilles, plus tonale, avec des cordes incroyablement denses et riches. Todd Mason évoque pour le premier mouvement "Allegro deciso" une étonnante influence : celle de mélodies folkloriques arméniennes, preuve que, ici comme dans son concerto pour violon, le compositeur américain refuse de complètement tourner le dos au passé.
Pour le deuxième mouvement "Expressivo", place à l’émotion mais aussi au tragique, à telle enseigne que l’on pourra y trouver la marque d’Henryk Górecki et de sa troisième Symphonie n°3 "des chants plaintifs". Quant au troisième et dernier mouvement, "Spirito", enlevé pour ne pas dire nerveux, il évoque une dance traditionnelle européenne, dans une facture classique, et qui aurait tout à fait sa place dans une BO de film ou de série.
Au final, avec ces deux œuvres, l’auditeur aura eu la chance de découvrir ou redécouvrir deux artistes passionnants : le compositeur Todd Mason et la violoniste Tosca Opdam. Gageons aussi que l’étonnant Concerto pour violon restera dans les mémoires.
C'est une plongée dans une secte imaginaire que nous propose ce roman, prix Littré 2008. Lisa et Morgane, deux jeunes filles amies, intelligentes, sensibles mais perturbées par des problèmes familiaux (incommunicabilité avec ses parents pour l'une et divorce pour l'autre), tombent entre les griffes d'une redoutable secte, imaginaire mais réaliste. La manipulation de Jocelyn, le gourou, et de ses sbires (et, parmi eux, la belle et dangereuse Lucrèce) fait son œuvre. Lisa et Morgane vont devoir lutter contre leurs geôliers mais aussi contre elles-mêmes pour avoir une chance de retrouver leur liberté et de sauver leur propre vie.
Au-delà de l'aspect très prenant de ce roman, aussi palpitant qu'un polar, Catherine Armessen, médecin de son état, revendique l'aspect préventif de ce livre ("Afin que les parents soient vigilants. Et que les jeunes soient avertis"). Pour cela, elle décortique patiemment les différentes étape de la manipulation de cette secte - dont on ne sait finalement pas grand chose car là n'est pas l'intérêt. Le lecteur suit le parcours de ces deux adolescentes de leur vie ordinaire jusqu'à leur embrigadement sectaire, avant un lent, douloureux et complexe retour dans la société (un aspect peu souvent traité).
Voilà un roman qui, non content d'être un vrai bon polar, s'avère d'une très grande utilité dans la prévention contre les sectes.
Les Cramés de la Bobine présentent à l'Alticiné de Montargis le film 3 Milliards d’un coup. Il sera visible du 19 au 24 octobre 2023. Soirée débat le 22 octobre à 20H30.
Paul Clifton constitue une équipe de criminels afin d’effectuer le casse du siècle : braquer le train postal qui relie Glasgow à Londres.
Quoi de plus terrible que la mort d'un enfant ! C'est le récit d'un deuil que nous fait partager Michel Rostain, qui, en 2003, a perdu son fils âgé de 21 ans. La force du livre tient autant au sujet qu'à la manière dont il est mené : Michel Rostain fait de son fils disparu le narrateur de ce deuil. L'émotion affleure à chaque pages, ce qui n'exclut ni l'humour (un humour féroce contre les pompes funèbres par exemple) ni l'espoir car ce livre est aussi une leçon de vie. La dernière phrase de l'auteur est symptomatique de cela : "On peut vivre avec ça".
Lorsqu'un génie de la littérature parle d'un géant de la philosophie, cela donne forcément un livre hors norme. Ce petit essai est plus le portrait qu'une véritable biographie de Friedrich Wilhelm Nietzsche (1844-1900).
Stefan Zweig insiste sur la soif de liberté jusqu'à la folie de celui que l'on a caricaturé jusqu'à en faire un des inspirateurs du nazisme. En réalité, Nietzsche a rejeté son pays, sa famille et ses amis jusqu'à vivre dans une parfaite solitude. Un ermite toujours en mouvement, insatiable chercheur de vérité, conscient qu'avec sa mort s'éteignait un ancien monde.
Sa prédiction d'une grande guerre européenne rend d'autant plus son oeuvre intéressante.
Le grand auteur américain de science-fiction Clifford D. Simak imagine un avenir très lointain avec une Terre gouvernée par une civilisation de chiens.
La domination de ces animaux devenus intelligents est telle que l’existence même de la race humaine (la plupart se sont exilés sur Jupiter) est réduite à une vague légende relayée par huit contes. Ce roman (ou recueil de nouvelles ?) est une compilation de ces contes, présentés par un narrateur dubitatif au sujet de ces histoires.
Très astucieusement, Simak suit un parcours chronologique et installe des personnages récurrents (en premier lieu le robot Jenkins) ainsi qu’une lignée familiale à la destinée hors du commun, les Webster : il fait ainsi de cette suite de huit histoires différentes un véritable roman homogène où se croisent des humains rongés par l’individualisme, des robots dévoués mais non dénués d’un certain sens de la destinée, d’un philosophe martien (c’est l’aspect le moins convainquant du livre), de mutants et bien sûr de chiens qui se sont émancipés de la tutelle des hommes.
Le lecteur est convié à se perdre dans ces faux récits, héritages de traditions orales. Mais Clifford D. Simak, grand amoureux de la nature, entend surtout montrer son attachement à un certain sens de l’humanisme, de la morale et de la paix. Un classique de la SF.
Les Cramés de la Bobine présentent à l'Alticiné de Montargis le film Les Damnés ne pleurent pas. Il sera visible du 21 au 26 septembre 2023. Soirée débat le mardi 26 septembre à 20H30.
Fatima-Zahra traîne son fils de 17 ans, Selim, de ville en ville, fuyant les scandales qui éclatent sur sa route. Quand Selim découvre la vérité sur leur passé, Fatima-Zahra lui promet un nouveau départ. Ils arrivent alors à Tanger, où de nouvelles rencontres leur donnent l’espoir d’atteindre la légitimité qu’ils recherchent tant. Mais ces aspirations menacent la relation fusionnelle qui les lie depuis toujours.