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• • Hors-séries - Page 10

  • Voyage musical à Giverny avec Julian Loida

    Au jeu des références musicales, Giverny, la création contemporaine de Julian Loidan peut autant renvoyer au courant répétitif américain de Philip Glass ou Steve Reich qu’aux compositions de Yann Kiersen. Mais pas que.

    C’est aussi avec les yeux que s’écoute l’album du jeune compositeur américain. L’auditeur pourra naviguer dans les, toiles de Claude Monet qui est le sujet, lui et son jardin, au cœur de l’opus. Ce sont les touches musicales du morceau "Giverny", comme autant de tâches de couleur d’une toile impressionniste. C’est aussi ces couleurs hivernales de "December Dreams", mêlant le gris, le jaune pâle, les teintes beiges et le blanc.

    L’ambition de Giverny n’est ni plus ni moins que de voyager et se faire voyager au cœur du Jardin du Val d'Oise. Julian Loidan choisit une palette de sons : piano, vibraphone, percussions, machines, violons, voix éthérée pour naviguer entre la fin XIXe et 2023. Monet, le peintre français sans doute le plus adulé à l’étranger, devient un personnage de notre époque, comme ne le dit paradoxalement pas le mélancolique "You Will Be Missed" ou encore le nostalgique et pas moins triste "Surrender". 

    Julian Loidan choisit une palette de sons : piano, vibraphone, percussions, machines, violons, voix éthérée pour naviguer entre la fin XIXe et 2023

    Cela n’empêche pas le musicien américain de s’emparer d’un classique de la musique française de l’époque de Monet, la fameuse "Gymnopédie n°1" d’Erik Satie, que le compositeur rehausse toutefois de teintes synthétiques. Cela donne un résultat séduisant, sans pour autant dénaturer le chef d’œuvre de l’ami de Claude Monet.

    Pour son dernier album, Julian Loida choisit des chemins étonnants et séduisants, un peu à l’image des allées que suit le touriste pour admirer le domaine de Monet. Arrêtons-nous un instant sur "Sphere", mêlant jazz et rock pour un morceau tendant au psychédélisme tellement en vogue dans les années 70. Il y a un incontestable esprit New Age dans ce titre prenant son temps, au même titre sans doute qu’"Ambrosia", infiniment plus court (un peu plus d’une minute) et aussi astral que Giverny est terrien.

    Avec "Beautiful Day" et "Collide", nous sommes carrément dans une pop bien dans notre époque, preuve supplémentaire que Julian Loida ne s’entend pas se limiter à une lecture classique de l’œuvre de Monet et de ses jardins.

    Retour enfin à la musique contemporaine américaine avec "Waves", s’inscrivant dans la vague – si l’on peut se permettre ce jeu de mot – du mouvement répétitif américain, mais cette fois coloré de jazz et de pop, pour un morceau prenant son temps et choisissant de se perdre dans les jardins de Giverny. L’auditeur sera tout aussi marqué par le choix assumé de l’électronique pour "Look Up" , une nouvelle preuve s’il en est que Claude Monet reste éternel.

    Julian Loida, Giverny, Gratitude Sound Music, 2023
    https://gratitudesoundmusic.com/latest-news
    http://www.julianloida.com
    https://www.instagram.com/julianloida

    Voir aussi : "Les couleurs musicales d’Aysedeniz"

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  • Le jeu de l’ange

    roman,confrérie,carlos ruiz zafon,espagne,espagnol,barceloneA Barcelone, dans les années 20, David Martin, jeune écrivain à la recherche du succès, est contacté par un mystérieux mécène pour l'écriture d'un livre religieux. David accepte ce juteux contrat avant de le regretter.

    J'ai été déçu par ce thriller historique d'un des meilleurs écrivains espagnols actuels (l'auteur de L'Ombre du Vent, son premier livre, beaucoup plus réussi à ce qu'il paraît).

    Certes, Le Jeu de l'Ange est bien écrit et bien mené, avec des chapitres courts qui rythment bien ce roman et des personnages bien construits (Isabella, Vidal, Sempere, Cristina). Cependant, j'ai été frustré par une histoire (de damnation ou d'immortalité) qui semble se perdre en cours de route : l'intrigue du cimetière des livres, bien imaginée, tombe à plat à la fin ; les motivations du criminel m'ont semblé en partie obscure ; l'identité du mécène est laissée (volontairement ?) dans l'ombre ; quant au dernier chapitre, il m'a laissé dubitatif.

    Par contre, ce livre est à lire pour ce voyage dans le Barcelone des années 20 !    

    Carlos Ruiz Zafón, Le jeu de l’Ange, éd. Actes Sud, 2020, 640 p.
    http://confrerie2010.canalblog.com/archives/2010/03/02/17101733.html
    https://www.actes-sud.fr/catalogue/pochebabel/le-jeu-de-lange

    Voir aussi : "Jour de souffrance

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  • Les couleurs musicales d’AyseDeniz

    N’en déplaise aux grincheux, la musique classique et contemporaine connaît depuis quelques années un sérieux renouveau. Un exemple ? AyseDeniz et son dernier album, Patterns.

    La musicienne, originaire de Turquie, s’est fait connaître grâce au bouche-à-oreille et les réseaux sociaux. AyseDeniz cumule des centaines de milliers de fans sur les réseaux sociaux et des dizaines de millions de streams sur les plateformes. Patterns, c’est une foi renouvelée pour le classique et la composition. La pianiste a pour elle l’enthousiasme mais aussi la virtuosité, à l’exemple du singulier "Chaos" qui ouvre son album sorti ce printemps.

    La compositrice propose treize titres, relativement courts (de deux à quatre minutes) qui entendent montrer qu’il y a une vie après Bach ("AfterBach") et que le classique connaît un revival assez inattendu en ce début du XXIe siècle. Non, le romantisme n’est pas plus mort ("Enchanted Heart") semble nous glisser à AyseDeniz à l’oreille, grâce à un piano lumineux et un orchestre qui se déploie avec élégance.

    L’auditeur pourra saluer un album à la fois riche et aux multiples surprises, à l’instar de "Kelton", à la mélodie mystérieux et romanesque. N’importe quel metteur en scène trouvera dans l’opus de l’artiste turque une bande son d’une incroyable richesse, alternant lyrisme ("The Labyrinth Of Freedom"), poésie ("Sunshine City"), mélancolie ("Sarp"), fougue ("Chaos"), retenue ("Threads Of Sound"), pudeur ("Lunapark") et grands élans symphoniques ("AfterBach"). 

    Coloriste musicale

    Véritable concerto pour piano de nos jours (si l’on excepte, à partir de la seonde moitié de l’album des morceaux pour instrument solo), Patterns sait jouer des nuances et prendre l’auditeur par la main, en revenant à l’essence du classique : l’harmonie, la création mélodique et le sens de l’architecture sonore. Écouter "Lunapark", par exemple, c’est entrer dans un monde coloré et lumineux, celui de l’enfance, de l’innocence et de l’insouciance.  

    Disons-le : la musique d’AyseDeniz touche grâce à sa qualité de provoquer des images, y compris à la personne la plus réfractaire au classique ("Sharp"). Dans "Sunshine City", la musicienne se retrouve seule derrière son piano , au service d’une pièce se déroulant avec élégance et en allant à l’essentiel. Et si cet essentiel n’était pas tout simplement la beauté ?    

    Patterns abrite quelques jolies surprises, frappant par leur construction sonore, à l’instar du nu et mélancolique "Peace Finally" ou de l’impressionniste "Velvet Piano". Le choix du piano solo permet à AyseDeniz de montrer toute sa virtuosité ("The Labyrinth Of Freedom"), autant que sa justesse et ses qualités de coloriste musicale toute debussyenne ("In My Head"). On quitte comme de l’album comme on sort d’un rêve, avec une très belle valse, "April Waltz"

    Il faut enfin noter que suite au tremblement de terre catastrophique qui a frappé le pays natal d'AyseDeniz et la Syrie voisine, l'artiste a lancé Help In Harmony, un mouvement musical au profit de l'organisation Turkish Philanthropy Funds. La pianiste souhaite utiliser sa popularité sur les réseaux sociaux afin de réunir des artistes et mobiliser des dons pour de la nourriture de survie, des soins médicaux et psychologiques, des abris et bien plus encore.  

    AyseDeniz, Patterns, Audio Networks, 2023
    https://www.adpianist.com
    https://www.instagram.com/adpianist/?hl=fr
    https://www.facebook.com/ADPianist
    https://www.helpinharmony.com

    Voir aussi : "Majeur !"
    "Nul n’est prophète en son pays"

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  • Les paroles, la musique et le vieil homme

    Il faut bien sûr commencer par parler du livret et du texte de cette incroyable œuvre de Samuel Beckett, Words and Music. L’auteur irlando-français l’a écrit en 1962 pour une œuvre radiophonique de la BBC. Une création contemporaine dédiée donc d’abord à l’écoute et pas forcément à la scène. C’est John Stewart Beckett, dramaturge et cousin de l’écrivain, qui est chargé de la partition. Vingt ans plus tard, Beckett demande à Morton Feldman une nouvelle partition pour ce texte singulier. Très récemment, le compositeur Pedro García Velásquez vient proposer au texte sa propre version musicale, en livrant une nouvelle partition. Alphonse Cemin est à la direction musicale pour cette nouvelle revisite.

    Samuel Beckett est une figure majeure de la littérature française, enseigné à l’école, joué des milliers de fois, aimé également, et même beaucoup en France. Le groupe Le Balcon propose ici une de ses œuvres où, comme le nom Words and Music l’indique, les mots ont toute leur importance. Bien qu’il ait écrit cet opus vocal en anglais, les éditions B.records proposent une traduction en français. Voilà qui est parfait pour un auditeur non-anglophone de découvrir ce dialogue.

    Dans un étrange pays, très Shakespearien et que le Roi Lear aurait pu habiter, un vieil homme, Croak, s’adresse à deux interlocuteurs qu’il nomme Jo et Bob. Jo personnifie les paroles et Bob la musique. Les Paroles, la Musique et le vieil homme évoquent ensemble le temps qui passe, son absurdité, mais aussi l’amour. "L’amour est de toutes les passions la passion la plus puissante et à vrai dire il n’est nulle passion plus puissante que la passion de l’amour".

    Jo personnifie les paroles et Bob la musique

    Des personnages non identifiés dans un monde à la fois familier et irréel. Des dialogues a priori décousus. Des interrogations sur le sens de la vie et sur la souffrance. Mais également ici une plongée dans les questions sur la création. L’auditeur retrouve dans Words and Music l’essence même de l’œuvre de Samuel Beckett, un phare essentiel de la littérature du XXe siècle.

    Pour appuyer les mots de l’écrivain, il fallait une musique à sa hauteur, qui vienne appuyer sans trahir ni recouvrir les mots de l’auteur. Le jeune compositeur franco-colombien Pedro García-Velásquez s’est attelé à cette tâche avec enthousiasme, y apportant son sens de la modernité.

    Comment revisiter en musique une pièce vieille de plus de 60 ans, écrite par un écrivain majeur ? Pedro García-Velásquez choisit la veine résolument contemporaine, utilisant autant un orchestre de chambre traditionnel que de la musique électronique. Cela donne au final une expressivité et un expressionnisme d’autant plus fort que le texte est servi par les récitatifs graves, puissants et dramatiques de Jean-Claude Frissung et Johann Leysen.

    L’album est d’ailleurs dédié à l’acteur belge, décédé le 30 mars 2023.

    A noter enfin que cette création de Pedro García-Velásquez a remporté le Prix de la Création musicale du Syndicat de la Critique.

    Samuel Beckett et Pedro García-Velásquez, Words and Music
    Le Balcon, direction musicale Alphonse Cemin, b.records, 2023
    Avec Johan Leysen (Words) et Jean-Claude Frissung (Croak)
    https://www.lebalcon.com/?encyclopedia=words-and-music
    https://www.b-records.fr/wordsandmusic

    Voir aussi : "Loïe Fuller sur les pas de Salomé"

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  • Le ravissement de Lol V. Stein

    9782410003871_1_75.jpgCe grand roman de Marguerite Duras de 1964 débute par un abandon : Une nuit de bal, Lola Valérie Stein voit son fiancé Michael Richardon danser puis partir avec une autre femme (Anne-Marie Stretter, personnage récurrent dans l'œuvre de Duras). 
    Suite à ce "ravissement", Lol V. Stein sombre dans une grande déprime que 10 ans de mariage ne parviennent pas à effacer. Mais Lola revient un jour sur les lieux de ce drame intime. Elle retrouve Tatiana, une amie d'enfance qui avait été témoin du ravissement ainsi qu'un homme, Jacques (le narrateur).

    Grâce à eux (que ce soit volontairement ou non), Lola Valérie Stein écrit la dernière page de son drame amoureux. Il paraît que ce livre est lu et commenté par beaucoup de psychanalystes (dont Jacques Lacan) qui voient dans Le Ravissement de Lol V. Stein un admirable livre sur la souffrance intérieure et les multiples nœuds pour en guérir.

    De nombreuses études et commentaires ont été faits sur ce roman (tapez le titre de ce livre dans un moteur de recherche et vous verrez...) qui ne peut pas laisser insensible : il peut agacer, ennuyer ou au contraire passionner. Pour ma part, j'ai vraiment adhéré à ce livre malgré la difficulté de certains passages.

    A noter que Marguerite Duras a participé puis s'est désolidarisée du Nouveau Roman, ce mouvement littéraire qui, à partir des années 1940, a contesté le roman traditionnel. En tout cas, on retrouve la voix et le style inimitables de Marguerite Duras : phrases courtes et sèches, rythme lancinant, mots répétés et comme ressassés, passages elliptiques. Un très grand chef-d'œuvre.  

    Marguerite Duras, Le Ravisement de Lov V. Stein, éd. Gallimard, 1964, 196 p.
    http://confrerie2010.canalblog.com/archives/2010/03/27/17376474.html
    https://www.librairie-gallimard.com

    Voir aussi : "SAS, La liste Hariri"

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  • SAS, La liste Hariri

    gerard de villiers,sas,hariri,espionnage,malko linge,confrerieCette aventure de Son Altesse Sérénissime Malko Linge date de 2010. Pourquoi ne pas y goutter.

    Cette fois, l'espion de la CIA court après les assassins de Rafic Hariri, le premier ministre libanais mort en 2005.

    Bon, évidemment, ce n'est pas de la grande littérature ! Seulement, cette fois, la célèbre collection de Gérard de Villiers a touché une corde sensible puisque ce modeste roman d'espionnage a été interdit au Liban et en Syrie, pays qui est ouvertement mis en cause. Pas moins.

    Pour le reste, rien ne manque dans ce livre : une histoire plutôt bien documentée, des crimes, du suspense et des femmes fatales très, très peu farouches. Bref, tous les ingrédients pour un bon SAS. 

    Gérard de Villiers, La Liste Hariri, éd. Gérard de Villiers, Paris, 2010, 311 p.
    http://confrerie2010.canalblog.com/archives/2010/04/12/17554061.html
    https://www.sasgdv.com/la-liste-hariri.html

    Voir aussi : "Fatherland"

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  • Rui Lopes, le basson peut lui dire merci

    Le basson. Voilà un instrument rare, peu mis en valeur dans le répertoire classique, si ce n’est dans les grands orchestres, mais noyé dans la masse... Voilà qui rend la démarche du bassoniste Rui Lopes passionnante. Grâce à son album Close Encounters, il nous fait découvrir son instrument à travers un choix d’œuvres d’Édouard du Puy, Wynton Marsalis (et oui!), mais aussi Camille Saint-Saëns et Astor Piazzolla. À noter aussi la présence d'artistes moins connus, la compositrice Helena Winkelman et Marcelo Nisinman.

    Le son rond, grave, picaresque, pour ne pas dire pittoresque, du basson se déploie avec fraîcheur dans le "Quintette pour basson, violons, alto et violoncelle" d’Édouard Du Puy. L’auditeur découvrira sans doute ce compositeur suisse de la fin du XVIIIe siècle, à la facture très classique, pour ne pas dire mozartienne, mais qui nous ouvre une jolie œuvre mettant en relief et en valeur le basson.  

    L’auditeur sera certainement intrigué par l’apparition de Wynton Marsalis dans ce programme classique et contemporain. Le jazzman figure dans une pièce à la contemporanéité déconcertante, "Meeelaaan, pour basson et quartette à cordes". Une composition à la fois austère, rigoureuse et où le jazzman se joue paradoxalement du rythme. Les cordes se triturent ans tous les sens et tous les espaces pour ce morceau en trois mouvements à l’étonnante modernité mais où le jazz n’est pas absent, pas plus que ses revisites de styles et de danses populaires, "Blues", "Tango" et "Bebop". Marsalis propose ainsi une rencontre inédite entre des musiques et des rythmes que tout opposait a priori

    Après cette légende de la musique, place à des nouveautés, avec d’abord la compositrice Helena Winkelman et sa création pour Rui Lopes, "Gott-Fa", sous-titrée "Deux scènes pour basson et orchestre à cordes". Les deux mouvements, ou "scènes", "Gott – In nomine" et "Fan – Respect the machine", sont à découvrir avec attention. La première scène, "Gott – In nomine", est un lancinant chant de plus de 12 minutes, tour à tour méditatif, plaintif et inquiétant. Dans la deuxième scène, "Fan – Respect the machine", plus courte (moins de 6 minutes), c’est le rythme et le mouvement qui est au centre. Comme une machine infernale, le basson de Rui Lopes prend les choses en main, avec un appétit insatiable et une audace, à l’égal de celle de la compositrice. 

    Rui Lopes serait-il raide dingue du tango ?

    Autre création contemporaine et création, "Rui’s Tango" est, comme son nom l’indique, une autre création autour de la célèbre danse argentine, cette fois par Marcelo Nisinman, qui nous vient – est-ce un hasard ? – d’Argentine. En trois mouvements, son tango prend des allures de revisite audacieuse – moins sans doute que celle de Winton Marsalis toutefois – sans pour autant trahir l’essence du tango : rythme, passion, sensualité, mais avec cette folie amoureuse que l’on trouve dans le deuxième mouvement "Andante, Vielas de Alfama", sans oublier ce sens de l’expérimental ("Allegro"). 

    Il est heureux qu’après ces découvertes et ces créations, Rui Lopes revienne aux grands classiques, à commencer par la "Sonate pour basson et piano op. 168" de Camille Saint-Saëns. L’auditeur sera agréablement chatouillé par cette œuvre à la fois modeste (moins de 13 minutes pour les trois mouvements), délicate et d’une belle construction mélodique et harmonique, à l’instar du troisième mouvement "Adagio – Allegro moderato". 

    Rui Lopes serait-il raide dingue du tango ? Car ce genre fait de nouveau l’objet d’un titre, le dernier de l’album. Le bassoniste reprend la célèbre "Etude n°3" d’Astor Piazzolla. Superbe, passionnant et un très bon exemple d’adaptation réussite, pour un instrument que le musicien défend admirablement bien : "J’ai toujours été fasciné par la façon dont le son du basson se mêlait à celui du quatuor à cordes. Pour cet album, j’ai choisi des œuvres que j’aime jouer, certaines originales, d’autres « ré-arrangées ». J’ai ensuite demandé à des compositeurs que j’admire d’écrire pour cette formation. Deux des pièces ont été enrichies d’une contrebasse".

    Exemplaire et remarquable, à plus d'un titre.

    Rui Lopes, Close Encounters, Prospero, 2023
    https://www.facebook.com/ruilopesmusic/?locale=fr_FR
    https://www.rui-lopes.com

    Voir aussi "Majeur !"

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  • Fatherland

    livre,robert harris,roman,uchronie,confrérieFatherland est une uchronie, c'est-à-dire une fiction inventant des événements historiques passés.

    Dans ce roman du célèbre auteur de thriller britannique, nous sommes à Berlin en 1964. L'Allemagne a gagné la seconde guerre mondiale et les Etats-Unis, gouvernés par un Kennedy (Joseph !), cherchent un modus vivendi avec Adolf Hitler qui s'apprête à fêter ses 75 ans. L'Europe est unifiée, mais sous l'égide de l'Allemagne hitlérienne. Voilà pour le décor très impressionnant de ce roman.

    Dans un Berlin méconnaissable (reconstruit par l'architecte nazi Speer), un policier est chargé d'identifier le cadavre d'un homme. Son enquête le mène rapidement vers des révélations fracassantes. Les masques tombent les uns après les autres.

    Un excellent thriller qui se lit d'une traite. Et qui n’est pas sans rappeler Le Maître du Haut-Château. 

    Robert Harris, Fatherland, éd. Pocket, 1996, 425 p.
    https://www.lisez.com/livre-de-poche/fatherland/9782266071178
    http://confrerie2010.canalblog.com/archives/2010/03/21/17314921.html

    Voir aussi : "Et si on refaisait l’histoire ?"

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