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ITW - Page 3

  • Audrey Borgel : Oui, on peut dire que "small is beautiful"

    Après avoir parlé du projet photographique d'Audrey Borgel autour des Polaroids, il paraissait pertinent d'interroger l'intéressée. Pourquoi le choix de cette technique déjà ancienne ? Comment travaille-t-elle le Polaroid ? Avec quels supports ? Et bien entendu, quelle est son actualité ? Autant de questions qu'elle a bien voulu répondre.

    Bla Bla Blog – Bonjour Audrey. On retient d’abord de ton œuvre ton travail sur le Polaroid. Peux-tu nous dire d’où vient ton désir de t’emparer d’une technique qui semble aujourd’hui dépassée ?  
    Audrey Borgel – J'aime utiliser les appareils anciens et particulièrement le Polaroid pour son rendu particulier. Mais j'utilise également des appareils Polaroids ou Fujifilm récents, Polaroid propose régulièrement de nouveaux films ou appareils. J'ai découvert le Polaroid par mon père qui m’en a offert un quand j'avais 14 ans : le JoyCam et cela avant mes études de "photographie".

    BBB – Peux-tu nous parler de l’appareil que tu utilises pour ces Polaroids ? 
    AB – J'utilise le plus un appareil ancien, le Polaroid 600 Land Camera, grâce à cet appareil ancien j'arrive à obtenir les ombres et contrastes que j'aime. J'utilise aussi des appareils Polaroids récents ou Fujifilm, j'aime bien utiliser tous les formats.

    BBB – Le numérique a été un vrai raz-de-marée dans le milieu de la photographie. Est-ce que l’analogique est un moyen pour toi de revenir au cœur de ton métier ?
    AB – J'ai commencé par apprendre la photo argentique à l'école (j'étais dans les dernières années où c'était complètement en argentique). Oui, c'est plus fort pour moi ce côté de la photographie.

    BBB – On est bluffés par tes clichés en noir et blanc au grain incroyable. La lumière, les ombres, les contrastes : j’ai l’impression que c’est ce que qui t’inspire le plus. 
    AB – Oui, ce que je préfère, c'est photographier les moments de vies, les choses sur lesquelles on ne s'attardent pas forcément, j'aime l'instant où l'objet rencontre une douce ou forte lumière qui vient se poser sur lui. 

    "J'ai découvert le Polaroid par mon père qui m’en a offert un quand j'avais 14 ans"

    BBB – Tes Polaroids ne sont pas sans rappeler ces clichés que des millions de Français faisaient en vacances ou non. Il y a ce côté "photos vieillies" et "couleurs passées" : c’est un moyen pour toi de prendre à contre-pied le numérique ?
    AB – Pas forcément. Je trouve qu'il y a quelque chose de plus esthétique, de plus doux et sensible dans le Polaroid. 

    BBB – Quelle est ta méthode de travail et que deviennent ces clichés une fois développés, car certains sont retravaillés ensuite ?  
    AB – En général je travaille sur une série à la fois, mais parfois j'ai une autre idée donc deux séries naissent en même temps. Tous les polaroids sont numérisés pour les poster sur mon site et les recenser dans un livret avec les légendes, de là je fais des réimpressions des visuels sur du papier haute qualité très souvent cartonné ou différents types de supports, je vais les intégrer dans des cadres anciens, des filtres photos, y ajouter de la peinture, du feutre des collages. Les visuels se retrouvent parfois démultipliés ou collés sur des morceaux en bois, j'ouvre même les polaroids pour les présenter sous une autre forme ou n'en garde qu'une partie. 

    BBB – On sera surpris de constater que dans tes œuvres le petit format s’adapte aussi bien aux scènes intérieures qu’aux paysages. Peut-on dire que "small is beautiful" ? 
    AB – Oui, on peut dire que "small is beautiful". Il y a quelque chose qui me plaît dans les petits formats, ça n'empêche pas que j'aime agrandir certains visuels Polaroid. 

    BBB – Ton site Internet présente une large gamme de ton œuvre : Polaroids, bien sûr, mais aussi cartes postales, mini-albums ou livres photo. J’ai l’impression que c’est le "recyclage" de techniques anciennes qui est au cœur de ton parcours artistique. Je me trompe ? 
    AB – C'est vrai, j'aime tout ce qui est ancien : esthétiquement c'est très intéressant. Je suis une collectionneuse aussi, donc j'apprécie ce que les objets racontent. J'aime les photos anciennes, les cartes postales aussi parce qu'elles racontent un moment de vie.

    BBB – La crise sanitaire a mis, j’imagine, tes projets d’expositions en suspens. Quelle est aujourd’hui ton actualité et quels sont tes projets ? 
    AB – En effet, trois expositions au moins ont été annulées depuis, dont Arles où je devais aller pour une expo Polaroids. La prochaine sera probablement en 2022. Je participe au Festival international de la photo expérimentale à Barcelone en juillet 2021, je vendrai des tirages photos Polaroids retravaillés, les tirages sont limités à 30 exemplaire, numérotés et signés avec le certificat donc. Egalement une de mes photos retravaillée se trouve dans une installation à l'école IEFC. Normalement, je participe à Instant Cologne en Allemagne fin août 2021, du 27 au 29. C'est une exposition regroupant des artistes internationaux autour du Polaroid. Il devrait y avoir "Instant Paris", rue de Turenne en novembre et le festival Expolaroid se prépare pour 2022.

    BBB – Merci, Audrey.
    AB – Merci, Bruno.

    http://audreyborgel.com
    https://www.facebook.com/audrey.photographe
    @MoodEphotos

    Voir aussi : "Polas d'Audrey"
    "Rencontre avec Patricia LM""

    Photo :  Audrey Borgel

    audrey borgel,photographe,photographie,polaroid,polaroids,pola,itw,interview

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  • Moonage Hooker : “Referme les yeux, t’as encore rien vu !”

    Nous parlions il y a quelques semaines de  Moonage Hooker et de leur étonnant projet musical et technologique autour de leur single "Time". Nous avons voulu en savoir plus sur cette bande de quatre garçons, avec de l'énergie et des idées à revendre. Rencontre exclusive pour un groupe à écouter les yeux fermés, bien sûr !

    Bla Bla Blog – Bonjour les Moonage Hookers. Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? Et d’abord, d’où venez-vous ?  
    Moonage Hooker – Salut Bla Bla Blog, merci pour cette interview ! Moonage Hookers c’est la rencontre en 2017 de quatre musiciens originaires de région parisienne : Alex, chanteur - Simon, guitariste soliste - Nathan, guitariste rythmique et Yannis, batteur.  On n’avait pas le même âge, pas la même vie, et même pas le même bagage musical mais une symbiose s’est créée immédiatement, comme un alignement des planètes. Sûrement parce qu’on partageait la même passion pour le rock, la même philosophie de vie et la même envie : créer de la musique pour susciter de l’émotion et toucher les gens. Après avoir sorti un premier EP en 2018 on a fait pas mal de concerts sur Paris (Supersonic, International, 6B, Trukel, Gibus, ...) et continué à jammer et composer en parallèle. On a profité de la période compliquée du Covid pour prendre le temps d’affirmer un peu plus notre style un peu hybride entre rock alternatif, progressif et psychédélique, et avons enregistré trois nouveaux morceaux dont “Time”, qui vient de sortir.

    BBB – Votre actualité c’est justement ce titre étonnant, "Time". C’est une vraie expérience technique avec ce système de tracking des yeux. Pouvez-vous nous expliquer en quoi cela consiste ? Et d’abord, qui a eu l’idée de ce projet artistique et technique ? 
    Moonage Hooker – “Time” est un morceau qui nous tient particulièrement à cœur. On voulait que les gens prennent le temps de l’écouter vraiment et se laissent porter par la musique. Mais aujourd’hui il y a tellement d’artistes, tellement de contenus, de clips, de nouvelles sorties, d’articles, que la tendance est au zapping. Alors à contre-courant, on a décidé de proposer une expérience d’écoute différente, où pour une fois on prend le temps de ressentir. C’est Yannis, notre batteur, qui a eu cette idée un peu folle. Sur le site interactif timetocloseyoureyes.com, le seul moyen d’écouter le morceau, c’est les yeux fermés ! Grâce à la détection des yeux par la caméra, les yeux font office de télécommande : la musique se lance quand l’auditeur a les yeux fermés et se met en pause dès qu’il les rouvre avec un pop up qui apparaît “Referme les yeux, t’as encore rien vu !” Cette expérience est une invitation au lâcher-prise dans cette époque où tout va vite.

    BBB – Quelle technologie est utilisée ? Pouvez-vous nous en dire plus sur le site timetocloseyoureyes.com ?
    Moonage Hookers – C’était un vrai challenge pour nous de réussir à créer ce projet dans un timing et un budget assez serrés, et sans aucune aide extérieure. On a eu la chance de travailler avec un développeur très doué qui a tout de suite cru au projet et a accepté de nous aider à le mettre en œuvre. Il nous a sorti une version BETA du site en quelques jours : ouf, ça marche et l’expérience fait son effet ! On pourrait croire qu’il a utilisé de la reconnaissance faciale mais en réalité il s’agit de reconnaissance de formes, centrée sur la partie où se trouvent les yeux. Lorsque la caméra détecte des yeux fermés, le son se lance. Dès que cette forme n’est pas détectée, la musique se coupe.

    BBB – Au-delà de l’aspect technique, vos références musicales sont à chercher de quel côté ? Du rock psychédélique ? Quelles sont précisément vos influences ?
    Moonage Hookers – Notre musique respire une certaine vibe des seventies. On est tous inspirés individuellement par tous les grands de cette époque. Pour autant, on écoute aussi énormément de musique actuelle, quel que soit le style : techno, rap, jazz, musique de film, musique classique, electro... On ne se met aucune œillère. Ce serait trop long de vous détailler toutes nos influences ici alors on va plutôt vous partager quelques artistes qu’on écoute beaucoup en ce moment et qui forcément nous inspirent : Sleepy Sun, Archive, Massive Attack, All Them Witches, Sunbeam Sound Machine, Last Train, Gaël Faye...

    "Moonage Hookers c’est comme un shoot d'adrénaline ou une thérapie"

    BBB – Ce single “Time” parle du temps qui passe. Quels sont les autres thèmes qui vous tiennent à cœur ?
    Moonage Hookers – On est quatre jeunes qui ne se retrouvent pas dans le modèle de cette société malade, qui ont du mal à accepter ce système et ces injustices. Alors globalement, on prône une manière de penser et de vivre différente, comme un retour aux sources qui fait du bien. Dans nos morceaux, on aborde les conséquences néfastes du système sur la santé mentale - dépression, burn-out, incompréhension, frustration, isolement... Et on invite à s’émanciper des règles, à sortir du moule pour revenir à l’essentiel : l’amour, la liberté, le sexe, l’entraide, le rêve, le vivre ensemble... À travers ces thématiques, on cherche à toucher profondément les gens, les aider à se sentir mieux et à suivre leurs rêves sans compromis.. Moonage Hookers c’est comme un shoot d'adrénaline ou une thérapie. Un truc qui te fait du bien.

    BBB – Avez-vous d’autres projets pour 2021 ? Et d’autres expériences musicales peut-être ? Des concerts peut-être ? 
    Moonage Hookers – Deux nouveaux singles sortiront d’ici fin juillet, avec d’autres surprises. On ne vous en dit pas plus ! Cet été on a prévu de s’évader pendant un mois dans une maison paumée au milieu de nulle part pour rechercher de nouvelles sonorités et creuser toujours plus loin dans notre imagination.. Le but est de composer et enregistrer un EP sur place, qui sortira à l’automne prochain et qu’on défendra sur scène en France, mais aussi à Bruxelles où le groupe déménagera bientôt. 

    BBB – Merci.
    Moonage Hookers – Merci à vous ! On a hâte de vous partager la suite !

    Moonage Hookers, Time, 2021
    https://timetocloseyoureyes.com/fr
    https://www.facebook.com/moonagehookers

    Voir aussi : "Moonage Hookers, bien dans leur temps"

    Photo :  Moonage Hookers

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  • Sarah Lancman : "Oser oser !"

    L'actualité récente de la jazzwoman Sarah Lancman est marquée par le projet musical Inspiration et Vie : un ensemble de duos issus du label Jazz Eleven. Ce programme avec quelques noms de la scène jazz est vraiment passionnant, dans la mesure où la musicienne, accompagnée de Giovanni Mirabassi, prend le pari d'un répertoire ne se limitant pas aux standards de jazz. Sarah Lancman a bien voulu se prêter au jeu des questions de Bruno Chiron.

    Bla Bla Blog – Bonjour Sarah. Inspiration et vie est un concept musical que vous avez mis en place avec Giovanni Mirabassi pour votre label de jazz Jazz Eleven. Il s’agit de duos enregistrés et disponibles sur Internet. Pouvez-vous nous en dire plus ? 
    Sarah Lancman – Cher Bruno, bonjour et merci pour votre soutien depuis le début... Ce projet est venu suite à mon premier album Inspiring Love enregistré à New York en 2015. Nous avions déjà pensé par la suite au concept des Inspiring Live avec Giovanni, même avant la crise sanitaire. Le concept étant d’inviter un artiste pour créer une rencontre le temps d’une chanson filmée en plan séquence dans un lieu intime, comme à la maison. A défaut de pouvoir toujours enregistrer en studio, nous aimions l’idée du moment fugace de la vidéo. Mais cela pourrait être un autre concept maintenant que j’y pense : de tourner en studio... Cette fois-ci nous voulions trouver un lieu inédit comme le Sunside jazz club. A un moment où tous les lieux du spectacle sont fermés, prendre le contre-pied et aller chanter là-bas et retrouver les sensations de la scène.

    BBB – Pouvez-vous nous parler des artistes de Jazz Eleven qui vous accompagnent dans la série Inspiration et vie ?
    SL – L’idée était de choisir des artistes avec des univers complètement différents mais avec qui nous avions toujours voulu jouer. C’était l’occasion de créer la rencontre : Guillaume Perret et ses multiples facettes qui peut se dédoubler à l’infini et sait écrire autant des arrangements de standard de jazz façon big band stratosphérique, Tatiana Eva-Marie et son ton vintage pour partir dans un espace hors du temps, Walter Ricci et le charme à l’italienne avec une reprise d’une chanson de Fame et Anne Sila tout en douceur et sensibilité à fleur de peau. Des artistes différents et uniques pour des duos inédits, c’était ce que nous voulions. Se (re)connecter de manière différente en s’inspirant les uns et les autres.

    BBB – Un tel projet aurait-il pu être possible sans la crise sanitaire ? Comment d’ailleurs se porte la scène jazz, d’autant plus touchée avec la fermeture des nombreux clubs de jazz ? 
    SL – Nous avions pensé ces vidéos avant la crise sanitaire mais il est vrai que cette période nous a permis de remettre ce projet en allant plus loin cette fois. Nous voulions également filmer en plan séquence avec une caméra mouvante, comme une mouche qui vole sur scène, au plus près des artistes. C’est une manière de voir un concert, de vivre la musique différemment. Le spectateur peut faire l’expérience de voir et d’écouter de façon immersive et plus intime qu’en étant assis dans la salle avec un unique point de vue. L’idée de rentrer dans un club "fantôme" était une expérience incroyable ! Nous avions l’impression d’être "hors la loi", de rentrer dans un lieu fermé au public et à la fois on renouait avec des sensations, une vie d’avant, avec des réflexes.

    BBB – Vous même, comment avez-vous vécu ce Grand Confinement et la crise sanitaire ? 
    SL – Je dois avouer avoir fait un burn-out qui a été avec le recul un véritable cadeau de la vie. Le confinement m’a permis de m’accorder une véritable pause, chose que je ne me serai jamais autorisée à prendre en temps normal. J’ai pu ainsi me reconnecter à mon essentiel et me remettre à écrire et travailler à nouveau ma technique vocale et mon souffle en reprenant l’exercice physique et l’entraînement. On se rend compte souvent, emporté par le tourbillon de la vie que l’on existe dans un quotidien la tête hors de l’eau et à moitié en apnée en se disant souvent : on verra plus tard, passant ainsi à côté de notre essentiel, au lieu de prendre le temps pour savourer des moments simples avec ceux que l’on aime, et de se ressourcer pour nourrir son art. Je ne regrette rien mais cela a été une grande leçon de vie pour moi.

    "Je dois avouer avoir fait un burn-out qui a été avec le recul un véritable cadeau de la vie"

    BBB – On sent chez vous de l’appétence pour un jazz qui sortirait de ses frontières traditionnelles. C’était visible dans vos précédents albums et ça l’est plus encore avec le programme Inspiration et vie. On y croise Thelonious Monk, John Coltrane, mais aussi Jacques Brel ou Marie Laforêt. Comment s’est fait le choix des titres ? 
    SL – Merci ! On doute souvent lorsque l’on ne rentre pas forcément dans le moule d’un genre mais j’aime mélanger mes inspirations et écrire tout simplement des chansons. Concernant le choix des chansons pour les duos, pour Guillaume Perret il était intéressant de revenir à un morceau traditionnel jazz pour aller explorer le morceau avec des sons plus modernes. Pour Anne Sila, c’était le contre-pied de chanter cette chanson, qui habituellement demande de performer vocalement, en toute sobriété et émotion, presque à l’unisson. Deux voix qui n’en deviennent qu’une seule : c’était très émouvant de pouvoir ainsi jouer face à face avec un texte aussi fort que celui-là. Pour Tatiana Eva-Marie, c’était une envie de chanter en français. La tendresse qui est un texte d’une si grande puissance qu’il résonne encore de nos jours sans avoir pris une ride. Pour finir, je trouvais cela intéressant de choisir cette chanson issue du film Fame, qui n’est pas le titre phare, mais qui change. Walter Ricci a des capacités vocales qui lui permettent de jouer au caméléon selon l’univers de la chanson autant jazz, que pop, que Motown,… c’était également une rencontre magique.

    BBB – Pouvez-vous nous parler des autres projets de Jazz Eleven, et peut-être des découvertes que vous avez faites ? 
    SL – Giovanni Mirabassi va sortir un album qui s’intitule Pensieri Isolati ("Pensées isolées") qu’il a enregistré en piano solo durant le premier confinement. Il s’est associé à un artiste vidéo qui va créer une matière visuelle à partir de pensées poétiques reçues de la part du public sur leur vécu du confinement et de la solitude en général. C’est un projet inédit qu’il dévoilera bientôt. Il sera d’ailleurs en résidence au Théâtre du Châtelet prochainement et un partenariat avec l’école d’art Estienne est en cours. Pour ma part, j’ai réalisé que j’adorais également écrire pour les autres. Mes arrières grand-parents étaient tailleurs et j’ai l’impression que je perpétue d’une certaine manière une tradition à ma façon. J’aime écrire des chansons sur-mesure pour des artistes qui m’inspirent.

    BBB – Votre actualité musicale invite au voyage : la France de Michel Legrand, Broadway ou l’Italie avec Intermezzo. Comment d’ailleurs ce titre peut-il se lire ? Comme d’une étape ? 
    SL – Complètement. Intermezzo c’était un intermède dans ma vie, une étape qui m’a permis d’explorer autre chose, d’aller plus loin vocalement, de faire une pause dans l’écriture mais je crois au fond que chaque album est une étape. C’est un peu comme une photo, on fixe un moment précis de notre vie, à savoir qui l’on est maintenant. Il y a cette envie de marquer ce moment clé, mais au final on évolue, on est en constante mutation et c’est cela qui est magique. Se dire que tout cela n’est qu’une expérience de ce que l’on vit aujourd’hui mais ne définit pas qui on sera demain. C’est la liberté de la créativité et d’oser oser !

    BBB – Quels sont vos futurs projets discographiques ?
    SL – J’écris mon nouvel album et je me laisse cette année pour bien le travailler et savoir dans quelle direction je souhaiterai aller, avec quelle formation, quels musiciens jouer… Pour l’instant j’en suis au stade de l’écriture encore mais quelques chansons sont nées déjà !

    BBB – Merci, Sarah. 
    SL
    – Merci, Bruno !

    Inspiration et Vie, proposé par Giovanni Mirabassi et Sarah Lancman
    Avec Anne Sila, Guillaume Perret, Tatiana Eva-Marie et Walter Ricci
    Proposé par le label Jazz Eleven
    https://www.sarahlancman.com
    https://www.facebook.com/sarahlancmanjazz
     https://www.jazzeleven.com

    Voir aussi : "Quand le jazz est là"
    "Sarah Lancman amoureuse"

    Photo :  © Hubert Caldagues

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  • Amandine Deslandes : "Je pense que l’on a fait de Simone Veil une icône féministe contre sa volonté"

    Nous avions parlé il y a quelques semaines de la biographie de Simone Veil par Amandine Deslandes. Cet ouvrage passionnant sur une femme politique exceptionnelle à plus d'un tire méritait que l'on s'y attarde de nouveau. Une interview d'Amandine Deslandes s'imposait. L'auteure de Simone Veil, Mille Vies, Un Destin (éd. City) a bien voulu répondre à quelques questions.

    Bla Bla Blog – Bonjour Amandine. Vous êtes l’auteure d’une biographie sur Simone Veil. Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans cette entreprise, que l’on imagine ardue ? 
    Amandine Deslandes – Je dois avouer que j’ai toujours voulu écrire, et secrètement rêvé d’être publiée. Alors, j’écrivais, sans trop en parler à personne, à part mon associé, qui est également mon compagnon dans la vie. Nous avons eu l’occasion de rencontrer dans le cadre de notre travail un membre de City Éditions. Ils ont une partie de leur activité spécialisée sur les biographies et les témoignages. Alors, nous nous sommes mis en quête d’un thème. Avec le tournage d’un film biopic, nous avons choisi d’écrire sur Madame Veil. Je me suis très vite éprise du sujet, à la fois sur les sujets en lien avec la protection sociale et sur la question du droit des femmes. C’était si naturel de raconter cette grande dame ! C’est vrai que c’était du sport d’écrire en seulement trois mois, surtout avec ma vie professionnelle en parallèle, mais c’était aussi très galvanisant !

    BBB – Quelles ont été vos sources ? 
    AD – L’écriture de cette biographie a nécessité un très gros travail de recherche. J’ai d’abord lu tous les ouvrages parus sur sa vie. Ensuite, il s’est agi de compiler des archives. Aujourd’hui avec les moyens dont on dispose, l’accès à l’information est facilité. J’ai regardé les vidéos archives de l’INA, comme les anciens débats télévisés ou encore Le Divan d’Henri Chapier, puis lu de très nombreux articles, dans Paris Match, Le Figaro, Le Monde, Le Point, et tant d’autres. J’ai également écouté des podcasts parus au moment de sa disparition. J’ai beaucoup travaillé à base de photos ou encore de cartes pour me représenter les lieux et les personnes, et pouvoir les décrire avec justesse. Je dirais en fait que, le plus difficile, c’est presque de savoir arrêter les recherches ! 

    BBB – Le lecteur sera sans doute surpris de voir que la période de sa vie la plus sombre, celle de la déportation, fait l’objet d’une vingtaine de pages alors qu’il s’agit d’une période capitale dans sa vie. Est-ce par manque de sources ? 
    AD – Je ne crois pas que cela soit le sujet. Je crois avoir trouvé ce dont j’avais besoin pour travailler cette partie terrible de sa vie. Toutefois, cela a, proportionnellement à la durée de sa vie, représentée, certes une période très sombre, mais relativement courte. Je ne voulais pas non plus la résumer à sa judéité. Cela ne me semblait pas la définir, et encore moins être conforme à ce qu’elle aurait probablement souhaité.  

    BBB – Simone Veil semble avoir d’ailleurs longtemps été discrète cette période. 
    AD – C’est une horreur. Je crois que personne n’est à même de comprendre la réalité de ce que les déportés ont vécu. Cela a été très dur pour moi d’écrire sur le sujet, et aujourd’hui quand j’en parle, j’ai toujours la gorge qui se noue. Alors, quand on l’a vécu, je n’ose même pas imaginer. Elle a vécu un traumatisme terrible, et je crois qu’elle n’avait pas envie d’être réduite à cela, ce qui ne l’a pas empêché bien au contraire d’œuvrer pour le devoir de mémoire. 

    "Le plus difficile, c’est presque de savoir arrêter les recherches !"

    BBB – À la lecture de votre biographie, il apparaît contre toute attente que c’est la loi sur l’adoption sur laquelle elle a travaillé qui est sa plus grande fierté. Avez-vous vous-même été surprise par son regret que ce ne soit pas cette loi qui porte le nom de « Veil » mais la loi sur l’IVG ?
    AD – Il me semble qu’elle n’était pas, en son for intérieur, pro-avortement. Elle pensait cependant qu’il s’agissait d’une question de santé publique et de droit. Il était indispensable pour elle de mettre fin à cette hypocrisie de société et de permettre une réelle avancée en matière des droits de la femme. Toute sa vie, elle a œuvré à la défense du droit de l’être humain. Je crois qu’elle aurait aimé que la loi sur l’adoption porte son nom, elle la considérait comme un bel aboutissement de son travail de juriste.

    BBB – N’y a-t-il pas une énigme "Simone Veil" ? Et cette femme d’un milieu bourgeois plutôt conservateur qui donne naissance à l’une des plus grandes révolutions sociétales du XXe siècle ? 
    AD – Je ne pense pas que l’on puisse réduire Simone Veil à un simple paradoxe de société. Elle était certes d’un milieu bourgeois et mondain, mais elle avait une forme de rébellion en elle. C’était un esprit libre. Elle était capable de se fondre dans le Tout-Paris tout autant que de s’emporter contre une injustice criante. Elle cherchait en toute chose un équilibre en rejetant les clivages partisans. Je crois que c’est la marque de fabrique de son engagement, et c’est un point dans lequel je me retrouve profondément. 

    BBB – Vous insistez aussi sur son engagement européen. Qu’est-ce qui reste aujourd’hui de son héritage européen ?
    AD – Elle a été une Européenne convaincue très tôt. C’est ainsi qu’elle a suivi son mari muté en Allemagne, car elle croyait profondément en l’importance de la réconciliation. Elle a été la première femme Président du parlement européen. C’est en soi un héritage. Bien que son passage à la tête de l’assemblée ait été court, elle a beaucoup œuvré pour la construction européenne. C’est elle qui a fait rayonner le parlement et lui a donné la crédibilité face aux autres instances européennes dont il dispose encore aujourd’hui. 

    BBB – Parlez-nous de ses relations avec Jacques Chirac, assez complexes d’après ce que l’on peut lire. 
    AD – Complexes, je ne sais pas. Ambivalentes, certainement. Il l’a beaucoup soutenu, et il avait une affection particulière pour elle. Il l’appelait « Poussinette ». En même temps, c’était un ambitieux. Je cite dans le livre une phrase qu’elle répète à son sujet : "Jacques Chirac et moi sommes des amis. Mais l’amitié et la politique sont deux choses différentes." Je pense qu’ils ne partageaient pas exactement la même vision de la politique. Elle était profondément centriste, et lui n’était pas, ce que l’on pourrait appeler un homme de compromis ! 

    BBB – Simone Veil est décédée en juin 2017, soit quelques mois seulement avant le déclenchement du mouvement #MeToo. D’après vous, comment aurait-elle réagirait, elle qui est une des figures du féminisme français ? 
    AD – Je pense que l’on en a fait une icône féministe contre sa volonté. Elle ne se revendiquait pas de ce mouvement. Il m’apparait qu’elle était avant tout un défenseur des droits, des droits de la femme en particulier. Elle pensait d’ailleurs à la fin de sa vie que le chemin était loin d’être terminé, et qu’il ne fallait pas oublier d’où l’on venait. La mémoire, encore et toujours. Je ne suis pas certaine qu’elle aurait apprécié ce mouvement. Elle a incité les femmes à faire appliquer leurs droits. Cependant, elle était, en toutes circonstances, pour la justice et le respect de l’être humain. Elle n’aurait pas probablement cautionné l’utilisation parfois déviante des réseaux sociaux. 

    BBB – Merci d’avoir répondu à ces questions. 
    AD –
    Merci à vous de m’avoir donné l’opportunité de partager ma passion de cette grande dame ! 

    Amandine Deslandes, Simone Veil, Mille Vies, Un Destin, éd. City, 2021
    https://www.amandinedeslandes.fr
    https://www.facebook.com/amandine.deslandes.marseille
    http://www.city-editions.com

    Voir aussi : "En suivant la route de Simone Veil"

    Photo :  © Yohan Brandt

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  • Top 10 Bla Bla Blog 2020

    Cette foutue année 2020 se termine, et, comme de coutume en ce début janvier, il est temps de faire le bilan.

    Pour Bla Bla Blog, l’année a été particulièrement riche avec très exactement 380 chroniques parues cette année, soit plus d’une par jour. 2020, on s’en doute, a drainé beaucoup de surprises – souvent très bonnes – et a mis à l’honneur des dizaines d’artistes et d’œuvres, avec une très large part consacrée à la musique – qui est pour autant quasi absente du classement.

    Quelles sont les chroniques ayant fait le plus gros buzz. Roulement de tambour, avant de découvrir le podium. Commençons pas le…

    N°10 et un "Gros big up pour Clémence Pouletty" !
    Elle est jeune, elle est brillante, elle est douée et elle fait vivre la culture sur sa chaîne Youtube. Elle, c’est Clémence Pouletty, la première influenceuse de ce classement annuel. Elle ouvre en beauté un top 10 très éclectique et riche en surprises.

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    Extrait : "Focus aujourd’hui sur la chaîne Youtube d’une passionnée de littérature, de philosophie ou de cinéma : voilà qui ne pouvait qu’intéresser Bla Bla Blog. Clémence Pouletty partage ses lectures avec insouciance mais aussi avec une sacrée qualité à vulgariser des sujets parfois ardus : L’amour et Sartre, L’art d’avoir toujours raison de Schopenhauer ou L’art d’être heureux du même Arthur…"

    N°9 : "Ton univers impitoyable"
    Quelle plaisir de voir à cette 9e place une chronique publiée en janvier 2020 sur des très grandes séries télé, Succession. Du grand art grâce à la famille Roy, aussi riche et puissante que complètement dégénérée. C’est glaçant, impitoyable, passionnant, servi par des acteurs et actrices multiprimés, et pour Bla Bla Blog, Succession fait partie des chroniques les plus lues.

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    Extrait : "Succession, dont une troisième saison est prévue pour l’été 2020, est une plongée dans les arcanes d’une multinationale mêlant médias, divertissements et communication. Un univers impitoyable, pour reprendre le générique de Dallas, une autre série, certes datée, mais qui faisait elle aussi d’une famille richissime américaine un lieu d’affrontement autour de l’argent, du pouvoir, des ambitions et des rancœurs. Plus intense, plus âpre, plus cruelle et et plus passionnante que la série culte des années 80, Succession est une tragédie familiale autant qu’un tableau d’une Amérique pervertie, amorale et empoisonnée par l’argent…"

    N°8 : "Rencontre avec Elle sans Lui"
    C’est l’une des rares musiciennes présente dans ce classement, et il s’agit d’une interview. Derrière le duo Elle&Lui se cache une seule artiste, Lana. Nous l’avons interrogée. Elle vous a plus qu’intéressés puisque la chanteuse, pour son nouveau single ("Fleur de sel") se classe en 8e position.

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    Extrait : "Cette chanson c’est le début d’une très belle aventure pour moi! Je voulais vraiment créer un titre good vibes. Je trouve qu’on en manque cruellement! Du coup je vous propose un son super ensoleillé! L’idée c’était vraiment de créer un titre qui ferait danser les gens, qui amènerait un peu de paillettes dans leurs vies quoi !…"

    N°7 : "Matt et brillant"
    Muriel Matt décroche une très belle 7e place. C’est aussi la découverte d’un talent hors pair que plusieurs centaines de lecteurs de Bla Bla Blog ont découvert. Pas de doute : même en 2020, la peinture continue de bouger et de nous émerveiller. La preuve en images. 

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    Extrait : "L’univers de Muriel Matt sonne comme une évidence. Découvrir ses peintures c’est, à vrai dire, comme retrouver un monde que l’on pensait disparu. Que ce soit pour ses animaux, ses couples, ses nus ou ses abstractions, l’œuvre de cette artiste, qui nous vient de la région nantaise, assume totalement ses influences de la période moderne, et en premier lieu Picasso, Matisse (Nus), Cocteau ou Miro (la série des Bubbles). Excusez du peu…"

    N°6 : "Galerie virtuelle chez Cyril Guernieri"
    Le Grand Confinement de Printemps, et celui qui l’a suivi en fin d’année, a été un désastre pour des millions de professionnels ou d’amateurs des arts. Bla Bla Blog a choisi de consacrer un hors-série "Grand Confinement" pour mettre à l’honneur musiciens, écrivains et galeristes. Parmi ceux-ci, Cyril Guernieri, exposant au 29, rue Mazarine, à Paris. Il vous a passionné. Normal.

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    Extrait : "Les galeries d'art étant fermés en ce moment, Bla Bla Blog vous invite à découvrir en ligne une exposition virtuelle proposée par la Galerie Cyril Guernieri. Jean-Daniel Bouvard et Marc Dailly y sont à l'honneur…"

    N°5 : "Emmanuelle Jary, au four et au moulin"
    Belle surprise que cette 5e place, consacrée à une influenceuse, youtubeuse et passionnée de gastronomie ("C'est meilleur quand c'est bon"). Une bien belle découverte de Bla Bla Blog, à laquelle des centaines de lecteurs ont adhéré. 

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    Extrait : "Je me disais il y a peu cela faisait quelques mois que je ne vous avais pas parlé de gastronomie. D’où cette chronique aujourd’hui, qui s’intéresse à un site culinaire, C’est meilleur quand c’est bon. Cette chaîne Youtube a été créée il y a trois ans par Emmanuelle Jary. Elle est aux manettes de ces vidéos de quelques minutes, toutes dédiées à la bonne bouffe, aux restaurants, aux bistrots et autres troquets. Les métiers traditionnels sont tout autant mis à l’honneur : traiteurs, poissonniers, bouchers, épiciers, et bien sûr cuistots…"

    N°4 : "Galerie virtuelle de Patricia LM"
    La photographe Patricia LM est une nouvelle fois à l’honneur avec une 4e position qui nous réjouit. Le confinement de printemps et la fermeture des galeries a poussé Bla Bla Blog à ouvrir son blog à des expositions virtuelles, qui certes ne remplaceront jamais les vraies galeries, mais qui en tout cas montrerons que nous n’oublions pas les artistes qui font bouger l’art. Comme Patricia LM, que l’on adore !

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    Extrait : "C'est à une photographe talentueuse que nous ouvrons cette galerie virtuelle. Patricia LM avait accordé une interview à Bla Bla Blog. En attendant de pouvoir admirer ses créations, cette chronique va vous donner envie d'entrer dans son univers coloré et sensuel…"

    N°3 : "La Suisse est un pays chaud"
    Chaud, chaud, chaud pour cette 3e place largement méritée, avec une chronique sur le document sulfureux d’Adeline Lafouine, Fais-le bien et laisse dire (éd. Tabou). C’est aussi le seul livre classé cette année dans notre top 2020. Une plongée dans le parcours d’une femme sans aucun complexe, et qui nous prouve que la Suisse peut être un pays vraiment très, très torride.

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    Extrait : "Scandale à tous les étages pour ce témoignage à ne pas mettre entre toutes les mains : son auteure, Adeline Lafouine, propose avec Fais-le bien et laisse dire (éd. Tabou) un document assez exceptionnel à plus d’un titre. Il commence par une affaire dont la Suisse dite "vertueuse" se serait bien passée. Nous sommes en août 2014 lorsque la presse à scandale déniche un selfie sexy posté sur le compte Twitter d’une inconnue, mariée et mère d’un enfant. Elle se fait surnommer Adeline Lafouine…"

    N°3 : "Rock’n’roll, rouflaquettes, chrome et pin-ups en Bourgogne"
    Sur la deuxième marche du podium, nous voyons singulièrement apparaître Vintageland, un de ces événements populaires qui a échappé en partie aux fourches caudines de la crise sanitaire. Ça se passait en Bourgogne, et Vintageland proposait une plongée dans l’Amérique prospère des 30 Glorieuses. Gros coup de nostalgie, à bien des égards. Et un grand bravo à Vintageland.

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    Extrait : "Voyage dans le temps garanti cet été en Bourgogne avec le Vintageland, dont les organisateurs promettent ni plus ni moins qu’une immersion dans les années 50 à 80. Pour tenir cet engagement, du 31 juillet au 4 octobre, des animations sont proposées, mêlant cinéma, concerts (la troupe Abba story, le groupe Woodstock spirit, les Satin Dolls Sisters ou les Vagabonds), cabarets, arts forains et défilés de voitures anciennes, afin de revivre ce que l’on est tenté d’appeler avec du recul « les années insouciantes »…"

    Et pour finir, le grand n°1 est : Benjamin Schmit, "On est sérieux quand on n’a pas 17 ans"
    Le tout jeune musicien d’électro marseillais proposait avec "Uptown Funk Ben Remix" tout son talent. Des milliers de lecteurs de Bla Bla Blog l’ont découvert ou redécouvert : on ne peut que lui souhaiter le même succès dans sa carrière qui ne promet que le meilleur. Il est cette année le grand numéro 1 de Bla Bla Blog. Sur 380 chroniques parues, c’est réellement remarquable !

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    Extrait : "L’école marseillaise du rap commence à être connue, moins celle de l’électro. Elle est pourtant très active : pour preuve, cette chronique sur Benjamin Schmit, jeune DJ de 16 ans, bien décidé à faire sa place sur cette scène exigeante. Le remix du titre "Uptown Funk" s’inscrit dans la veine french touch, avec ce qu’il faut de sophistication et de trouvailles sonores pour un morceau dansant, à la fois funk, house et électro : "Faire danser les gens, c’est avant tout les réunir et les voir sourire", commente ainsi le jeune musicien, biberonné aussi bien aux tubes de Céline Dion ou Boney M qu’aux artistes plus de sa génération – Dua Lipa, Lil Nas X ou The Week-end…"

    Terminons par ces chroniques à succès écrites avant 2020, qui ont continué à drainer cette année un nombre important de lecteurs et lectrices : "Union TV : un nouveau média pour une nouvelle révolution sexuelle", "Le petit monde d’Élodie Suigo", la série d’articles sur Deborah de Robertis, et "Où es-tu, Berry ?"

    https://www.facebook.com/leblablablog
    Voir aussi :
    "Le top 10 de Bla Bla Blog pour 2019"

    Photo de couverture : Patricia LM

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  • Kim Chi Pho : "Ma vie est en transit tant que je ne termine pas mon roman"

    Kim Chi Pho sort en ce moment son dernier roman, À Jamais à Nous (éd. Lemart). L’occasion était trop belle pour lui poser quelques questions. À raison d’un roman par an, Kim Chi Pho est en train de se construire une œuvre littéraire passionnante.

    Bla Bla Blog – Bonjour, Kim. Tu sors en ce moment ton dernier roman, À Jamais à Nous. Peux-tu nous le présenter en quelques mots ?
    Kim Chi Pho – Bonjour. C’est l’histoire de deux amoureux, séparés par la mort et qui se sont jurés de se retrouver dans une prochaine vie. Cette quête placée sous le signe de la réincarnation se déroule au fil d’un récit où les espaces temps s’entremêlent.

    BBB – Après Sista, qui était beaucoup plus sombre, tu as choisi ici de parler d’amour. Du grand amour, même. Est-ce que c’était une respiration nécessaire pour toi ?
    KCP – Sista se déroulait dans la poussière et le sang d’Afrique, cependant cette violence ne m’a pas marqué ni laissé de trace. En fait, j’ai une bibliothèque à écrire dans la tête, je laisse des histoires sortir au fur et à mesure l’une après l’autre. C’est donc un hasard que Sista soit sortie avant À Jamais à Nous. À cet instant précis où je réponds à tes questions, j’ai le sixième roman qui bouillonne et veut sortir de ma tête, alors que l’écriture du cinquième roman n’est pas encore terminée.

    BBB – Te souviens-tu du moment où tu as t’es dit : "Ça y est ! J’ai mon sujet !" Qu’est-ce qui a été l’élément déclencheur ?
    KCP – Non, malheureusement car il suffit que je surprenne une conversation pour qu’une histoire germe. Et il arrive que plusieurs me tombent sur la tête le même jour. Il me semble impossible de tracer par l’ordre chronologique, quel élément déclencheur m’est venu en premier lieu.

    BBB – Tu parles d’amour et d’un coup de foudre déclencheur de ton récit. Mais, au fait : tu y crois, toi, au coup de foudre ?
    KCP – Bien sûr, parce que j’y crois ! Et je continue à chercher ! Depuis la nuit des temps, je suis à la recherche de l’homme de ma vie, je sais qu’il m’attend quelque part, il attend que je vienne le chercher. Si je ne le trouve pas dans cette vie, je le trouverai dans la prochaine.

    "Le confinement a anéanti toute ma créativité"

    BBB – Tu t’es mise, je crois, dans la tête d’un homme pour écrire ton récit. Pourquoi avoir fait ce choix ? J’image aussi que cela doit être particulièrement intéressant pour une femme écrivain.
    KCP – Tu as raison. Dans mes trois précédents romans, Mademoiselle Numéro 11, Le Clos des Diablotins et Sista, le personnage principal est toujours une femme. Pour À Jamais à Nous, c’est un homme ! Comme je l’ai expliqué plus haut, depuis longtemps je cherche l’amour, mais sans succès. Alors, en attendent cette retrouvaille, j’ai décidé de l’inventer, avec ma plume.

    BBB – Comment travailles-tu tes livres ? Fais-tu partie de ces auteures qui font un plan, qui savent où elles vont, ou bien te laisses-tu porter par ton récit ?
    KCP – Avant de commencer l’écriture, j’ai déjà l’histoire dans la tête, du commencement jusqu’au dénouement. Je m’installe devant mon laptop et je laisse les mots coucher sur les pages. Quand mon ordinateur est à court batterie, j’écris à la main. Il m’arrive d’écrire pendant des jours sans jamais m’arrêter. J’oublie même de manger, de boire. Ma vie est en transit tant que je ne termine pas mon roman.

    BBB – J’imagine que le confinement a dû quelque peu changé tes habitudes, y compris dans ton travail d’écriture.
    KCP – Le confinement a anéanti toute ma créativité. En moyenne, il me faut deux à trois mois pour écrire un livre, depuis avril 2020, je n’ai écrit aucun.

    BBB – Quels sont tes prochains projets ? Un autre roman peut-être ? Ou une série de romans ?
    KCP – Mon cinquième roman est en cours d’écriture, un thriller, une vengeance sanguinaire. Et puis après, j’aimerais vraiment passer à la réalisation, porter mes romans à l’écran.

    BBB – Pour terminer notre blabla, peux-tu nous parler de ta dernière lecture, du dernier film et de la dernière série que tu as vu et du dernier album que tu as écouté ?
    KCP – Ma dernière lecture : la biographie du plus grand peintre indien S.H. Raza de Soufiane Bensabra. L’art est mon refuge contre les impacts psychologiques néfastes du confinement. Les œuvres des grands peintres m’aident à m’évader en dehors des quatre murs. Côté cinématographique, j’ai visionné toutes les séries sur Netflix.

    BBB – Merci, Kim. Et on rappelle que ton roman À Jamais à Nous, aux éditions Lemart, sort en ce moment, à quelques semaines des fêtes de Noël.

    Kim Chi Pho, À Jamais à Nous, éd. Lemart, 2020
    https://www.editionslemart.fr
    https://www.facebook.com/kimchiphoauteure

    Voir aussi : "La voix de Mademoiselle numéro 11"

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  • Arnaud Prochasson : "Emi, c’est potentiellement notre copine à tous"

    Nous parlions il y a quelques jours du court-métrage d’Arnaud Prochasson, Emi. Le réalisateur a été récompensé lors du dernier VIFF (Varese International Film Festival). Il a bien voulu répondre à nos questions. Une interview confinée, bien entendu.

    Bla Bla Blog – Bonjour Arnaud. Ton actualité du moment c’est un film, un court-métrage, Emi, pour lequel tu as obtenu le prix du meilleur réalisateur au Festival du Film International de Varèse. Félicitations à toi. Raconte-nous comment s’est passée cette manifestation. Cette récompense était-elle une surprise ?
    Arnaud Prochasson Bonjour et merci beaucoup. Le festival de Varese s’est adapté au Covid-19, comme beaucoup d’autres. Beaucoup ont été annulés, d’autres reportés, et certains comme Varese sont devenus online. Ils ont décidé de faire des sélections mensuelles avec une finale en fin d’année regroupant tous les gagnants des compétitions mensuelles. Emi a donc reçu son prix pour la sélection de mars. J’ai reçu un mail me confirmant ma sélection et trois jours après, j’ai été taggué sur Facebook par le festival. C’est comme ça que j’ai appris le prix. Autant te dire que je n’ai pas beaucoup d’anecdotes de festival à te raconter. À part que c’était totalement inattendu comme prix.

    BBB –Emi est un court-métrage de moins de 4 minutes qui nous raconte l’histoire d’une séparation. Qu’as-tu voulu raconter dans ce film ? Et d’abord, sans nous spoiler, qui est cette Emi que l’on voit finalement très peu ?
    AP –
    Le film tente de parler des choix que nous faisons. Ici, sans spoiler, on comprend très vite que Tom fuit sa future paternité. Il se prend le coup de flip qui doit toucher pas mal d’hommes dans cette situation. Ça parle du choix de partir, et du choix de revenir… ou pas. Emi, c’est donc potentiellement notre copine à tous. Ce qu’on sait d’elle, c’est qu’elle ne veut pas que Tom parte et tente de le faire revenir sur sa décision.

    BBB –Peux-tu nous raconter l’histoire de ce film depuis le moment où tu en as eu l’idée ?
    AP – C’est tout simplement un rêve que j’ai fait. Dans mon rêve, je me vois en train de m’embrouiller au téléphone avec ma copine. Je rentre dans cette ruelle, passe devant un bar ou plusieurs jeunes se moque d’un autre, plus frêle. Je suis bloqué au bout de la ruelle, la communication se coupe. Je fais demi-tour et je tombe au milieu de cette dispute entre jeunes. Le plus frêle s’enfuit vers le boulevard. Accident ! Arrivé sur place, je me rends compte que le jeune a disparu et que le mec par terre, c’était moi. Ça, c’est mon rêve ! Il y a pas mal de similitudes. Le reste, on l’a brodé autour pour accentuer la dramaturgie. On a réécrit avec mon chef op jusqu’à la veille du tournage au grand dam de ma première assistante et on a réécrit tous les dialogues une heure avant de tourner, au grand dam des comédiens.

    BBB –Le tournage s’est tourné à Montargis où tu as tes attaches. C’était important d’y poser tes caméras ?
    AP – Important oui et non. Ce qui était important c’était de pouvoir tourner dans des conditions logistiques confortables et de bénéficier d’un maximum de coups de main locaux ô combien vitaux. Bloquer une ruelle comme ça, de nuit, avec un carrefour fermé à la circulation, une destruction de voiture et des machines à fumée de partout, à Paris, m’aurait été tout bonnement refusé. Surtout sans prod derrière. À Montargis, ça a pris deux mails et deux coups de téléphone. L’avantage d’avoir grandi ici fait que je connais très bien les élus locaux. On a eu tout ce qu’on voulait niveau autorisations de tournages, rues bloquées et places de parking réservées. Je tiens à remercier Benoit Digeon, le Maire. Le député, Jean-Pierre Door nous a même prêté sa permanence pour servir de local maquillage, régie et costumes. Mes parents ont participé activement à l’hospitalité de l’équipe, ça aussi, c’est précieux. Et, grâce à Erick Serdinoff et son association des Prospecteurs du 7ème Art, nous avons pu tourner avec les jeunes pour les postes techniques (machine à fumée, éclairage, blocage de rue, etc.). Sans eux, ç’aurait été vraiment galère !

    BBB – Et puis il y a le boulevard des Belles Manières. Pourquoi avoir choisi ce lieu ?
    AP –
    Par pur pragmatisme. On avait une nuit de tournage. Déplacer une équipe prend du temps. Et là, on en manquait. Les Belles Manières avaient tout ce qu’on recherchait : un décor qui semble vraiment différent et loin de la ruelle, un environnement urbain mais sans voiture qui passent, et une proximité immédiate avec le local matériel et la ruelle Pinon. On a juste bloqué l’accès au parking la nuit et on avait réservé quelques places de parking pour donner de l’espace autour d’Emi.

    "Le Covid-19 a pas mal chamboulé mes plans"

    BBB – Peux-tu nous parler des personnes et notamment des acteurs qui t’ont accompagné dans ce projet.
    AP – Ici aussi, c’est des habitués. C’est mon deuxième tournage avec Nicolas Buchoux (Tom), que vous avez pu voir dans Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? Il est très pointilleux. Au café, avant le tournage, j’ai du lui mimer avec les doigts les déplacements de caméra du plan séquence. Et presque chaque plan du film. C’est rare de rencontrer des comédiens aussi précis. Amélie Ressigeac (Emi), était avec moi au CLCF (Conservatoire Libre du Cinéma Français). Elle avait tourné dans mes deux premiers courts. Depuis elle s’est reconvertie et travaille désormais avec les enfants. On a profité de sa maternité toute récente pour l’écriture du personnage. C’est également la conjointe de Yann Tribolle (qui a travaillé entre autres avec Mathieu Kassovitz sur L’ordre et la Morale), mon chef op binôme depuis de nombreuses années. On faisait d’une pierre deux coups. Jérôme Godgrand, (Émilien) c’est mon troisième court métrage avec lui. Il tourne vraiment pas mal en ce moment. Tu l’as surement vu dans la dernière pub Ikea à la TV. Je suis amoureux de lui. Il a une façon tellement incroyable de donner de l’épaisseur à ses personnages. Il fourmille d’idées : c’est lui qui a proposé le couteau par exemple. Les peluches, c’est Rodrigue (un jeune des Prospecteurs) et Hassan (un pote réal du CLCF qui voulait donner un coup de main et assister au tournage). Vu que je suis lancé, je tiens aussi à mentionner Sarah Wagner (rédactrice à Canal+), ma coscénariste depuis l’école, qui est toujours d’une aide précieuse quant à la direction d’acteurs et à tous les petits détails que je ne vois pas forcément au milieu du chaos. Julie Gobiet (Golden Moustache), ma première assistante réal, est responsable de l’organisation aux petits oignons et de la fin de tournage presque dans les délais. Pierre Sweiker et Philippe Benoist, fidèles parmi les fidèles, au son. Philippe a même assuré la musique et le sound design, qui était super fun à faire. Le seul nouveau, Samuel Vergnaud, le maquilleur, a permis au plan séquence d’exister grâce à sa dextérité incroyable. Et bien sûr, tous les jeunes des Prospecteurs.

    BBB – Être récompensé comme meilleur réalisateur c’est prouver que l’on a univers artistique qui est déjà là. Comment pourrais-tu définir le tien ? Et as-tu des figures du cinéma qui t’ont inspiré ?
    AP –
    Ce que j’aime, c’est partir du réel, d’un ancrage social fort et progressivement glisser vers le genre. Là, c’est très court, très sensoriel. L’histoire est vraiment racontée par l’image, les couleurs, l’ambiance sonore... Le principe même d’Emi justifiait cette esthétique vaporeuse, évanescente... J’aime beaucoup le sensoriel c’est vrai. L’impact de l’image, du raccord, du hors champ, sur le spectateur. J’aime le mouvement, la fluidité, le défi technique, la puissance évocatrice de l’image.  J’aime quand il se passe plein de trucs, partout, tout le temps, avec une narration en engrenage. Pour les figures de cinéma, je ne vais pas être très original : comme beaucoup de réals de ma génération, Spielberg, Tarantino, Fincher et Cameron ont abreuvé notre cinéphilie. Aujourd’hui, j’adore Denis Villeneuve, Nolan, Cuaròn et Del Toro. Des mecs qui parlent d’abord à nos sens en fait, qui pensent qu’une image vaut mille mots.

    BBB – Quels sont tes projets pour cette année ? Des courts-métrages ? Un long-métrage en préparation peut-être ?
    AP – Le Covid-19 a pas mal chamboulé mes plans. Avec Sarah, nous avons été sélectionnés pour la prestigieuse compétition Création du Festival des Scénaristes de Valence pour Crash, un projet de série de 8 x 52 que l’on mène depuis plusieurs années. Le Covid-19 a annulé le festival. J’essaye aussi de me faire produire Bonne Année, mon prochain court, beaucoup plus gros que celui-ci. Dedans, il y aura aussi une séquence de nuit dans une ruelle et un très long plan séquence. Emi est un peu la démo de Bonne Année. Et puis, Emi se balade un peu partout en festival. En trois mois, une douzaine de sélections sont confirmées. J’espère voir un peu de pays dans les prochains mois en festival et, pourquoi pas, il n’est pas interdit de rêver, rencontrer mon producteur de demain.

    BBB – Pour terminer, en cette fin de confinement, comment s’est passé le tien ? Est-ce que tu l’as bien vécu ?
    AP – Je suis confiné à Paris avec ma copine, podcasteuse. On a l’habitude de travailler de chez nous donc on n’est pas tellement chamboulé. Je t’avoue que ma créativité n’est pas au top en ce moment. C’est en partie dû à la déception de l’annulation de Valence. Avec Sarah, nous avons néanmoins finalisé le dossier de Crash, j’ai réécrit Bonne Année et je continue d’envoyer Emi, en festival. Sinon, pour la rubrique insectes : on a eu des punaises de lits, des souris et des fourmis. Nous avons donc eu un confinement très animé où la solitude n’a que peu régnée. Accessoirement, j’ai rattrapé un retard fou en matière de séries et de films. Je voulais lire des livres aussi… Ils sont encore sur l’étagère. Je devais finir ma bande démo. Je crois que je vais m’y remettre, tiens.

    Merci, Arnaud.

    Emi, court métrage d’Arnaud Prochasson, avec Nicolas Buchoux, Jérôme Godgrand, Amélie Ressigeac, Rodrigue Staub et Hassan Benali, France, 2010, 3 mn 39
    https://www.facebook.com/arnaud.prochasson
    https://vimeo.com/368991314/eab362577a
    ITW "Arnaud Prochasson primé à Varese", La Gatinaise WebTV

    Voir aussi : "Emi primé au Viff"

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  • Stella Tanagra : "J’accorde toute la légitimé aux monstres"

    Dans le cadre de la sortie de son dernier livre La Peau du Monstre, Stella Tanagra a bien voulu nous accorder une interview. Rencontre avec une artiste qui a bien failli être politiquement correcte. On l’a échappé belle...

    Bla Bla Blog - Bonjour Stella. En cette période de confinement, peux-tu nous dire comment se passent tes journées ?
    Stella Tanagra - Pendant un quart de secondes, je me suis demandée s’il fallait que je sois politiquement correcte et puis… : le naturel est revenu au galop ! Alors, pour être on ne peut plus franche, le confinement est pour moi, un enchantement. Lorsque l’on est écrivain, de surcroît sauvage sur les bords et proche de ses animaux, il tient forcément du ravissement que d’être chez soi.

    BBB - J’imagine qu’en ce moment l’écriture prend une place particulièrement importante, peut-être avec de nouveaux projets ?
    ST - Autant te dire que mes idées vagabondent. Mon esprit musarde d’un projet à l’autre. L’isolement lié au confinement m’est très prolifique tant en lecture, qu’en écriture. Mes pensées foisonnent librement sans être contraintes par le temps. De cet enfermement qui pourrait de prime abord paraître mortifère, se conçoivent de nombreuses réflexions constructives. La création naît du chaos, n’est-ce pas ? Je m’attelle par exemple à peaufiner un manuscrit tout en écrivant des chroniques de livres…

    BBB - Tu viens de sortir un nouveau livre, La Peau du Monstre, qui surprendra certainement tes plus fidèles lectrices et tes lecteurs : Il s’agit d’un recueil de nouvelles, mais pas des nouvelles érotiques. Peux-tu nous le présenter en quelques mots ?
    ST - Ce recueil est une autopsie du monstre caché au fond de nos entrailles, du Monsieur "tout le monde" ordinaire au sociopathe extraordinaire ! En dix nouvelles et deux bonus, il dépeint ses différentes facettes dont cette ambivalence qui me tient tant à cœur, pouvant se décliner en des citations telles que : "Se méfier de l’eau qui dort", "L’habit ne fait pas le moine", "Le diable est dans les détails" ou encore : "Donner le bon Dieu sans confession". Quant à la sensualité, elle est toujours présente mais en filigrane, laissant le devant de la scène à de plus vils desseins !

    BBB - Dans ces nouvelles, les monstres dont il s’agit sont des monstres en quelque sorte "ordinaires." La plupart ont d’ailleurs des circonstances atténuantes. Pour lequel de ces monstres en accordes-tu le plus ?
    ST - Pour répondre de manière empirique sans donner d’indice sur mes histoires afin d’en conserver l’intrigue, je dirais que j’accorde toute la légitimé aux monstres qui sont nommés comme tel uniquement par opposition avec les standards attendus par la société. Toutes les personnes marginales que ce soit en raison de leur physique, handicap, situation sociale, idéaux ou tout simplement avant-gardisme peuvent être considérés comme des monstres à une époque puis, dans le meilleur des cas, comme des précurseurs, plus tard… Tout est donc fort relatif finalement. Se contenter de coller aux normes sociales seraient si réducteur. Entre le mouton et la brebis galeuse, l’on s’est bien, peut-être secrètement certes, qui est le plus attirant et séduisant des deux. Alors sortons des rangs de ces troupeaux de carcans !

    BBB - Parmi ces monstres, il y a des enfants. Beaucoup d’enfants. J’ai calculé que sur les 10 nouvelles du recueil (j’ai volontairement enlevé les deux derniers textes qui sont à part), il y a quatre enfants. L’enfance et l’adolescence est un thème qui t’intéresse visiblement. Pourrais-tu en faire le sujet d’un projet livre ?
    ST - Les personnages torturés qui présentent en eux, de forts antagonismes, me passionnent. L’innocence de l’enfance oscille entre une fragile vulnérabilité et l’expression libre des pulsions. L’adolescence quant à elle, est une métamorphose dans laquelle nous allons questionner notre identité en passant par toutes les possibilités du spectre (in)humain pour y positionner notre propre curseur.
    Ses ambivalences et transformations viennent interroger les instincts, la bestialité, les libertés en balance avec l’intellect, le civisme, les règles. Passionnée par les interactions humaines, je pense que je viendrai toujours les questionner dans mes livres que ce soit sous le prisme de l’enfance, l’érotisme, la monstruosité…

    BBB - Tu écris en présentation de ton recueil que "le monstre personnalise le repère par rapport auquel la normalité [et] se construit en opposition." N’est-ce pas dédouaner un peu trop vite cette monstruosité ? Car si l’anormalité peut cacher la détresse, par exemple dans les nouvelles Ventrue ou Un plat qui se mange froid ?, la monstruosité peut aussi être synonyme de crime. Je pense à Corps à corne. Le monstre serait-il donc mon semblable ou bien ce qui m’est étranger ?
    ST - Je t’avoue avoir une certaine aversion envers la normalité car, lorsque nous ne nous y conformons pas, nous subissons un rejet qui peut nous cantonner au rang de monstre au sens péjoratif du terme. Voilà l’image symbolique que j’entends en ces mots. L’être humain utilise des cases pour ranger les gens dont une partie est tenue à l’écart en raison de ses anormalités/différences. Certains préféreront les gommer, d’autres les assumeront et d’autres encore n’auront pas d’autre choix que de les subir tant leurs spécificités sont visibles. Mais, cette forme de monstruosité, que nous acceptons de la faire nôtre ou bien que nous préférions ignorer, subsiste. Le monstre est partout aussi bien semblable qu’étranger.

    "Je t’avoue avoir une certaine aversion envers la normalité"

    BBB - En conclusion de ton recueil, tu te présentes brièvement et tu écris être "étrangère aux convenances sociales [et] montrée du doigt comme un monstre sauvage loin de se conformer." Stella Tanagra serait-elle donc un monstre ? Voilà qui est une étrange confession !
    ST - Effectivement et ce, en bien des points et au moins un secret que je ne révélerai pas de sitôt… Mais qui sait, peut-être qu’un jour je ferai mon coming-out de monstresse à l’occasion d’une interview pour Le Bla Bla Blog ?!?!

    BBB - Les lectrices et les lecteurs qui te connaissent savent que l’érotisme est central dans ton œuvre. Ce n’est pas le cas ici, mise à part la nouvelle Déboutonnez-moi, et certains passages du livre. Considères-tu ton dernier livre comme à part dans ta production ou bien faut-il s’attendre à d’autres ouvrages où l’érotisme sera moins présent ?
    ST - Adolescente, ce n’est pas tant l’érotisme mais la poésie qui m’a donné le goût des mots et ainsi ai-je commencé à écrire. Ensuite, j’ai rédigé nombre de mes pensées sous forme de courts textes à chutes. Plus tard est venu l’érotisme qui m’a permis de me réaliser en qualité d’auteur. A mon sens, l’on est écrivain avant d’être spécialisé dans un domaine ou un autre. Je pourrai très bien produire un essai tout comme un recueil de poèmes, une autobiographie ou un roman érotique, fantastique et sais-je où encore pourrait me mener la passion des mots...

    BBB - Le recueil se termine par deux "bonus", deux courts textes, deux éloges : un à Battlestar Galactica et l’autre à Dagobah [la planète de Maître Yoda dans Star Wars]. Tu es donc fan de SF, et de Star Wars en particulier ?
    ST - J’aime quand la science-fiction et le fantastique se mêlent à l’étrange en mettant en scène des créatures aussi monstrueuses que fabuleuses. On peut citer bien évidemment des films connus comme Alien, Le 5ème élément ou Split, mais aussi des films complètement hors norme comme Teeth, Okja, Border ou Morse. Quant à Battlestar Galactica et Star Wars, ce sont des œuvres qui ont grandement contribué à inspirer et enrichir l’univers de la Science-Fiction. C’est pourquoi ce fut un délice d’en tirer quelques références en guise d’hommage, dans mon livre.

    BBB - Pour finir, tu as des perspectives d’ici cet été ou la fin 2020 ? D’autres publications ? Ou des projets qui te tiennent à cœur ?
    ST - Je travaille depuis quelques temps sur un projet littéraire sans aucun rapport avec tout ce que j’ai réalisé jusqu’à présent. Mon souhait, dès lors, est de ne pas aller plus vite que la musique en laissant cet écrit cheminer à son rythme et voir ainsi où il me mènera. Je constate en répondant que tous ces mots sonnent assez mystérieusement mais peut-être que cela fera du résultat, une véritable "surprise". Ainsi bouclerai-je à nouveau la boucle en apparaissant à un endroit où sans aucun doute, ô grand jamais l’on ne m’attendra !

    Merci, Stella.

    Stella Tanagra, La Peau du Monstre, IS Édition, 2020, 120 p.
    http://stellatanagra.com
    @StellaTanagra

    Voir aussi : "Tous des monstres"

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    Photos : Omega McKay

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