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Superfeat : "Je n'ai jamais su si mon père porte une coupe au bol depuis 1965 en hommage aux Beatles ou à Cabu"
Voici, pour une fois, un texte qui n'est pas du bloggeur mais de Superfeat, une illustratrice et graphiste talentueuse. Actualité oblige, il traite de l'attentat du 7 janvier 2015 contre Charlie Hebdo. Vous retrouverez l'adresse de son site à la fin de cet article (publié avec l'aimable autorisation de l'auteur) :
"Je n'ai jamais su si mon père porte une coupe au bol depuis 1965 en hommage aux Beatles ou à Cabu.
Et les vendredi soirs, dans la voiture, après l'achat du Charlie hebdomadaire ma mère lisait à mon père certains articles. Ils riaient et je ne comprenais pas tout mais je riais avec eux.
Et le premier pénis que j'ai vu dans ma vie c'était en feuilletant en cachette les vieux exemplaires de l'Echo des Savanes, Charlie, Hara-Kiri que mon père conservait dans la bibliothèque familiale.
Et un reportage sur Wolinski qui dessinait des petites pépètes dans la rue, planqué sur un banc devant une bouche d'aération de métro pour guetter le vent fripon qui soulève les jupes.
Et ma grand-mère qui chantait "mourir pour des idées, d'accord mais de mort lente".
Et le grondement des loups qui sont entrés dans Paris.
Et Thank you Satan.
Et les nez poilus de Charb.
Et le pas de côté de Gébé, et la vie, l'oeuvre et le cul de Siné.
Et la cérémonie de presse citron où ils riaient avec leurs gros ventres (pour certains) et leurs rides joyeuses.
Ils auraient pu être des oncles ou des amis, et d'ailleurs je crois qu'ils l'étaient dans mon imagination.
Et puis, hier. Le choc. J'ai annoncé le décès de Cabu à mon père qui a manqué de s'évanouir, ma mère en larmes, paris en larmes.
La place de la république, bondée d'amour, de liberté, de Charlie, d'enfants tout cassés par la douleur qui s'apprêtent à dire "Vous les avez tués, mais nous sommes leurs enfants, et nous allons dessiner."
Car nous sommes Charlie."
Superfeat
http://superfeat.tumblr.com