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Livres et littérature - Page 16

  • Une première enquête de Cormoran

    Mais qui est ce mystérieux Robert Galbraith, qui a déboulé il y a près de 10 ans dans la littérature du roman policier ? Son identité – pour celles et ceux qui ne la connaissent pas – promet de surprendre.

    L’Appel du Coucou, brillante intrigue criminelle et enquête de détective, est le premier volume d’une saga autour d’un anti-héros blasé et bousculé par la vie.

    Cormoran Strike a servi dans l’armé britannique, en Afghanistan, où une attaque l’a laissé amputé d’une jambe. Invalide de guerre, c’est comme détective privée qu’il s’installe. Avec d’autant moins de succès que sa femme le quitte. Le jour de sa rupture fracassante, alors qu’il est au fond du trou, débarquent tour à, tour Robin Ellacott et John Bristow. La première est une jeune femme postulant pour faire de l’intérim comme assistante. Le deuxième est un futur client. Il est persuadé que sa sœur, Lula Landry, une mannequin renommée, retrouvée morte quelques mois plus tôt, ne s’est pas suicidée mais a été assassinée.

    Cormoran ne peut pas ne pas refuser l’affaire, d’autant plus qu’il est maintenant épaulé par la brillante Robin.

    Il y a une vie après Harry Potter

    Derrière le nom de Robert Galbraith se cache JK Rowling. L’auteure de la saga Harry Potter s’est visiblement amusée à s’emparer des codes du roman policier à énigme : une mort étrange, des indices troublants, des suspects nombreux, un enquêteur – ici, deux enquêteurs – pugnaces et finalement un dénouement surprenant.

    Vous l’avez deviné : on est dans de l’Agatha Christie des années 2010. Le traumatisme de l’Afghanistan, le bling-bling de la jet-set, les nouvelles technologies. Il y a tout cela, mais aussi et surtout deux personnages attachants. D’un côté un inspecteur blasé tentant de s’accrocher et de recoller les morceaux ; de l’autre, une jeune femme à qui l’avenir sourit, mais qui doit gérer une carrière professionnelle chaotique et un futur mari à qui rien ne manque, mais qui finit par porter sur les nerfs. Entre Cormoran et Robin, qui auraient dû ne jamais se croiser, l’entente va s’avérer plus fructueuse et productive que prévue.

    Au final, bien entendu, le lecteur découvrira à la fois ce qui s’est passé le soir du meurtre de la mannequin et l’explication du titre du roman. Voilà qui, au final, donne envie de découvrir la suite des aventures de Cormoran et de Robin, et qui prouve par dessus le marché que JK Rowling n’en finira jamais de nous surprendre. Oui, il y a une vie après Harry Potter

    Robert Galbraith, L'Appel du Coucou, éd. Le Livre de Poche, 2014, 696 p.
    https://robert-galbraith.com
    https://www.grasset.fr/livres/lappel-du-coucou-9782246809043
    https://www.jkrowling.com

    Voir aussi : "Taisez-vous, Mrs Dalloway"

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  • De Fondation à Foundation

    C’est avec l’adaptation de Fondation, la saga d’Isaac Asimov, qu’Apple+ a fait son entrée dans la production de séries. Et, pour le moins, ce projet ne manquait pas d’ambition. Comment les scénaristes allaient-ils se sortir d’une histoire de hard SF se situant au XIIIe millénaire, avec des technologies scientifiques avancées, des vaisseaux spatiaux en veux-tu en voilà, des planètes colonisées aux confins de l’univers que l’on atteint à la vitesse de la lumière et des cultures imaginées grâce au cerveau fertile d’un écrivain génial ? Apple+ avait mis la barre très haut. Pour quel résultat ? 

    Plus de vingt mille ans dans le futur, un empire galactique règne sur des millions de planètes peuplées par des milliards d’humains qui ont oublié jusqu’à l’existence de la Terre, reléguée à une lointaine légende que personne n’a pu ou su vérifier.

    Le premier volume écrit de Fondation, en 1951 (Prélude à Fondation et L'Aube de Fondation ont été écrits sur le tard, entre 1988 et 1993), est constitué de cinq nouvelles s’étalant sur plusieurs siècles. Sur Trantor, la capitale de l’Empire, Hari Seldon, brillant psychohistorien – la psychohistoire est une science mêlant histoire, sociologie, statistiques et mathématiques –, prévoit que l’Empire doit bientôt s’écrouler, une décadence qui sera suivie de près de 30 000 ans de barbarie, avant la naissance d’un nouvel Empire. Le savant a cependant un plan pour réduire les temps sombres à quelques centaines d’années.

    Affolées par ces prédictions, les autorités impériales l’exilent, lui et son équipe, dont une brillante tête en mathématiques, Gaal Dornick, sur la planète Terminus. C’est ce qu’avait prévu Hari Seldon. La colonisation de Terminus, planète de savants et de psychohistoriens, peut commencer, avec des voisins pour le moins turbulent. 

    Au fur et à mesure que la série se déploie, le bon et le moins bon se succèdent

    La première saison de Foundation, la série d’Apple+, reprend dans les grandes lignes les cinq premières nouvelles de Fondation. Les moyens financiers de cette adaptation sont évidents. La planète Trantor a été imaginée avec soin. De ce point de vue, les lecteurs d’Asimov ne seront pas trahis.

    Ils le seront sans doute un peu plus avec les deux personnages principaux, Gaal Dornick et Salvor Hardin. Deux actrices (dans le roman, ce sont des hommes - mais pourquoi pas ?) endossent, pour l’une le rôle du mathématicien rejoignant Hari Seldon, pour l’autre le Maire de Terminus des décennies plus tard. En réalité, dans la série, Salvor Hardin devient la "Gardienne" de la planète colonisée et elle a plus le profil d’une tête brûlée que d’une stratège ou d’une politicienne. Quant à Jared Harris, il incarne le savant génial avec conviction – au point que les scénaristes se sont refusés de le voir disparaître trop vite. Ce qui est paradoxalement dommage.

    La modernisation de Fondation pour le petit écran pose sans aucun doute quelques problèmes. L’aspect politique et scientifique laisse la place à des scènes d’action sur Terminus, assez classiques mais qui ternissent l’aspect novateur d’Asimov.

    Au fur et à mesure que la série se déploie, le bon (les manœuvres du trio impérial) et le moins bon (les pérégrinations peu crédibles de Gaal Dornick dans l’espace-temps) se succèdent. En voulant raccrocher les wagons des premières nouvelles de Fondation, Foundation perd beaucoup de la saga originelle, jusqu’aux dernières minutes de la saison, où l’on assiste à une rencontre tirée par les cheveux et pas du tout convaincante.

    Certes, on peut saluer l’adaptation risquée et ambitieuse de l’une des plus grandes sagas de la SF. Mais pour pleinement goûter à Fondation, il faut sans aucun doute préférer les livres à la série. Cependant, si la version filmée donne envie de lire les livres, pourquoi pas ?

    Une deuxième de saison de Foundation est de toute manière déjà en chantier, preuve que l’adaptation a, au final, su convaincre beaucoup et trouver son public.   

    Isaac Asimov, Fondation, éd. Folio, 1951, 256 p.
    Foundation, série de science-fiction américaine de David S. Goyer,
    avec Jared Harris, Lee Pace, Lou Llobell, Leah Harvey, Laura Birn,
    Terrence Mann et Cassian Bilton, saison 1, 10 épisodes, 2021

    http://www.asimovonline.com/asimov_home_page.html
    https://tv.apple.com/fr

    Voir aussi : "Sans modération"

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  • L'espion qui venait du froid

    roman,john le carre,confrérie,espionnage,espion,guerre froideL'Espion qui venait du Froid, l'un des premiers romans d'espionnage de John Le Carré, a révolutionné le genre. A l'antipode des James Bond, les histoires de John Le Carré sont complexes, les personnages ne sont pas des héros mais des hommes et des femmes ordinaires et souvent désabusés, l'espionnage n'est plus qu'une activité professionnelle, voire ennuyeuse et les enjeux (idéaux politiques et stratégiques) n'ont finalement aucun intérêt.

    L'Espion qui venait du Froid débute par le démantèlement à Berlin, en pleine Guerre Froide, du réseau d'Alec Leamas par le service du contre-espionnage est-allemand dirigé par un certain Mundt. De retour à Londres, Leamas est grillé et mis sur la touche. Jusqu'à quand ? Voilà un roman intéressant par son parti-pris de désacraliser le roman d'espionnage.

    J'ai trouvé ce livre vraiment passionnant pendant les 100 premières pages. J'ai moins accroché pour la suite : on se perd dans les magouilles d'espionnage (c'est voulu par l'auteur). Par contre, le personnage de Liz, la petite amie d'Alec, donne un vrai beau supplément d'âme. Un classique du roman d'espionnage à découvrir.

    John Le Carré, L'Espion qui venait du Froid, éd. Folio, 312 p.
    http://confrerie2010.canalblog.com/archives/2010/05/08/17825143.html
    https://www.librairie-gallimard.com

    Voir aussi : "Médecin malgré moi"

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  • Médecin malgré moi

    médecin malgré moi,médecine,patrick de funès,confrérie,documentAprès lecture de ce livre, vous ne verrez plus la médecine et les médecins de la même manière. Patrick de Funès, fils du célèbre et regretté acteur du même nom, nous parle dans Médecin malgré moi (éd. du Cherche-Midi) de son expérience du milieu médical.

    Grâce à des anecdotes aussi croustillantes qu'édifiantes, il s'attaque à une corporation choyée par le pouvoir et certaine de sa toute-puissance : formations médicales se limitant à des réunions récréatives ou à des colloques grassement payés, ordre des médecins (né en 1942 sous la France de Vichy !) influent et plus soucieux de protéger son corporatisme que les patients, omniprésence de "diafoirus" jusque (et surtout !) dans les milieux les plus huppés, "professeurs médaillés qui nous terrorisent à la télévision" ou campagnes de prévention (contre le cancer du sein, notamment, que la France poursuit en dépit d'avertissements de nombreux spécialistes) qui s'avèrent aussi inutiles que dangereuses pour la santé publique mais qui, par contre, sont devenues de bien belles sources de revenus.

    Un essai salutaire, et ce, quelques années avec le Covid. Pas sûr du tout que les choses se soient améliorées depuis. Hélas !      

    Patrick de Funès, Médecin malgré moi, éd. Le Cherche-Midi, Paris, 2012, 236 p.
    http://confrerie2010.canalblog.com/archives/2010/05/15/17906138.html
    https://www.lisez.com/ebook/medecin-malgre-moi/9782749121642
    http://patrickdefunes.over-blog.com

    Voir aussi : "Justine"

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  • Les chanteuses disent la vérité

    Saluons d’abord le titre de l’autobiographie de Jacqueline Taïeb, Je chante si on me donne du Chocolat. Une belle entrée en matière, comme le sont d’ailleurs ses débuts, très jeune, en musique. Alors que la jeune Française née en Tunisie se démarque par son appétence pour la musique. Mais pas question de chanter gratos, dit déjà la fillette de cinq ans : "Je chante si on me donne du chocolat !"

    Voilà qui donne un aperçu de la personnalité d’une artiste au caractère bien trempé et déjà hors-norme. Quelque peu oubliée aujourd’hui, Jacqueline Taïeb rappelle qu’elle a été une figure importante des sixties et des seventies. À l’âge de dix-huit ans, encore mineure à l’époque, elle offre son premier tube, l’incroyable et hyper-moderne "Sept heures du matin", trustant les premières places des hit-parades aux côtés de brillantes célébrités, telles que Sheila, Jacques Dutronc ou Michel Fugain. 

    Michel Fugain, il en est d’ailleurs question à plusieurs reprises dans son autobiographie (ses "nouvelles & anciennes", comme elle le dit malicieusement). Elle s’y dévoile sans fard et sans se ménager elle-même.

    Jacqueline Taïeb se dévoile sans fard et sans se ménager elle-même

    Le leader du Big Bazar n’est pas le seul à avoir les honneurs de la chanteuse. Elle n’oublie pas Yves Montand et sa générosité et son professionnalisme ou l’irrésistible Jeane Manson, présentée de manière si généreuse et craquante que le lecteur n’a qu’une envie : la rencontrer pour de vrai.

    Mais l’auteure sait aussi balancer ses coups. Plusieurs artistes ont d’ailleurs droit à un traitement en règle, à commencer par Maurane.

    Le lecteur sera sans doute étonné d’apprendre qu’à côté de chansons françaises de Jacqueline Taïeb (citons le succès intemporel de Michel Fugain "Les Sud Américaines" ou encore le morceau rock, eighties et non sans humour "Les chanteurs disent la vérité" ) figurent une série de tubes de pop internationale de la regrettée Dana Dawson (à commencer par le célébrissime "Ready to follow you"). Dans un passionnant chapitre, la musicienne raconte l’histoire de cette aventure artistique américaine, tout en la relativisant.  

    Jacqueline Taïeb propose avec ce court livre qui devrait passionner les fans de sixties et seventies une plongée dans une époque que l’artiste regrette. La nostalgie est présente mais aussi de vraies et belles déclarations d’amour. Le lecteur y trouvera aussi des coups de gueule et des coups de sang, notamment dans un tout dernier chapitre consacré à sa famille.

    Je chante si on me donne du chocolat permet en tout cas de redécouvrir une artiste à la vie passionnante et qui peut se targuer d’avoir proposé quelques titres qui mériteraient de sortir de l’ombre.  

    Jacqueline Taïeb, Je chante si on me donne du Chocolat, Amazon, 2023
    https://jacquelinetaieb.fr
    https://www.facebook.com/JacquelineTaiebOfficiel

    Voir aussi : "La plus belle histoire d’amour de Nicole Rieu"

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  • Fantasy à lire et à rire

    Non, vous ne rêvez pas. Ce sont bien les très sérieuses éditions Larousse qui proposent la version roman du film Donjons & Dragons, actuellement dans les salles. Évidemment, le livre est, lui, disponible, dans toutes les bonnes librairies.

    C’est le public adolescent (ou "young adult" pour reprendre la terminologie anglo-saxonne) que vise les éditions Larousse, qui proposent d’ailleurs trois autres déclinaisons en livres de Donjons & Dragons – La voie des druides, le préquel du film, le roman graphique L'Appel du Jeu (tome 1) et La Légende de Drizzt, le guide officiel des royaumes oubliés.  

    Donjons & Dragons est au départ un jeu de rôle imaginé dans les années 70. Jeu interactif avec des règles précises, des cartes à jouer, des plateaux illustrant des décors moyenâgeux, des dés et des personnages bien caractéristiques (un magicien, un voleur, un druide ou un guerrier), que l’on retrouve dans le film de Jonathan Goldstein et John Francis Daley. Un maître du jeu est chargé de mener la partie, tout en faisant office de conteur. 

    Le livre de David Lewman pourrait se caractériser comme un produit dérivé du film dérivé du jeu

    Directement inspiré du jeu d’origine – re-popularisé par la série Stranger ThingsDonjons & Dragons : L’honneur des Voleurs joue la carte de l’heroic fantasy autant que de l’humour. Chris Pine, Michelle Rodriguez ou Hugh Grant dans un rôle à contre-emploi, prennent un grand plaisir à jouer dans ce film de Fantasy malin et plutôt drôle pour un film américain.

    Le livre de David Lewman pourrait se caractériser comme un produit dérivé du film dérivé du jeu. Le spectateur pourra y retrouver sur papier le récit du film, jusqu’à la scène de la Mer des Épées, après que la communauté autour d’Edgin et d’Holga ait récupéré le Heaume de Disjonction.

    On retrouvera dans ce roman qui se lit avec plaisir tout ce qui fait l’attrait d’un roman de Fantasy : des héros que rien n’arrête en dépit de leurs faiblesses, une quête, un univers fantastique, sans oublier des elfes, des magiciens (bons ou mauvais), des guerriers et des dragons.

    Un bon moment de lecture pour les passionnés de Donjons & Dragons mais aussi pour le jeune public. En ouvrant son catalogue à cette littérature dite "facile", les éditions Larousse prouvent leur ouverture à un genre – la Fantasy – qui a été trop souvent considérée de haut.

    David Lewman, Donjons & Dragons : L’honneur des Voleurs, le roman du film, éd. Larousse, 2023, 152 p.
    Donjons & Dragons : L’honneur des Voleurs, heroic fantasy de Jonathan Goldstein et John Francis Daley,
    avec Chris Pine, Michelle Rodriguez, Justice Smith,
    Regé-Jean Page, Hugh Grant et Sophia Lillis, 136 mn, 2023

    https://www.editions-larousse.fr/livre/donjons-dragons-lhonneur-des-voleurs-le-roman-du-film-9782036040656

    Voir aussi : "Pop dans les tuyaux"

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  • Claire Passy : "L’éditeur à part, c’est l’histoire de trois personnages qui se sont rencontrés"

    Le monde de l’édition vient de voir naître un nouvel acteur, L’éditeur à part. Christophe Pavlevski, François-Xavier Bellest et Claire Passy sont les heureux parents de ce "bébé". Nous avons voulu interroger Claire Passy au sujet de cet éditeur à part. 

    Bla Bla Blog – La naissance d’un éditeur est toujours un événement dans la vie culturelle. Comment présenteriez-vous L’éditeur à part ? Et d’abord, quelle est sa philosophie ?

    Claire Passy – Oui, il est vrai que la création d’une maison d’édition est un évènement particulier dans la vie culturelle. Surtout dans la période actuelle où le monde de l’édition reste très encadré, homogène et prévisible.
    C’est en partant de ce constat que nous avons fait mûrir ce projet pour ainsi donner naissance à L’éditeur à part. 
    Elle est née de l’initiative de Christophe Pavlevski, qui est tombé dans le monde de l’édition depuis son plus jeune âge. La première chose qu’il voulait faire différemment, c’est de s’entourer d’associés avec qui il monterait un tel projet. François-Xavier Bellest et moi l’ont rejoint sur ce projet. Cela montre déjà un aspect important de la philosophie de Léditeur à part, puisque toutes les autres maisons d’éditions ont à leur tête une seule et même personne… Pas trois.
    Avec des parcours totalement différents, nous avions tous l’envie de casser les codes du monde de l’édition. Nous sommes tous engagés de différentes façons par nos parcours respectifs, tout en étant des amoureux de la littérature. Nous sommes aussi parfaitement conscients de l’impact des mots et du pouvoir qu’ils peuvent avoir sur notre société. C’est donc naturellement que nous nos chemins se croisent et que nous avons décidé de faire un bout de chemin ensemble en créant L’éditeur à partNous souhaitons ainsi publier des personnalités à part, qui ont quelque chose à revendiquer. Déranger sans blesser, telle est notre philosophie. 

    BBB – Un genre a-t-il votre préférence ? 

    CP – Notre ligne éditoriale est très claire et elle se résume en un acronyme : ATERA, qui signe en langue basque, "En dehors", "en marge de…". Nous publions ainsi des autobiographies, des textes engagés et des romans autobiographiques. 

    BBB – Derrière L’éditeur à part, je crois qu’il y a trois personnes ?

    CP – Tout à fait. L’éditeur à part est issu d’un travail d’équipe. Elle n’a pas une, ni deux mais trois têtes pour la diriger. Les décisions sont prises de manière collégiale.
    Evidemment, il a bien fallu une personne pour initier le projet, et il s’agit de Christophe Pavlevski. Français d’origine des Balkans et marié à la culture espagnole, Christophe est un entrepreneur dans l’âme et passionné de littérature. Le monde de l’édition, il le connaît depuis toujours et c’est pour cela qu’il a toujours eu dans un coin de sa tête cette envie de créer l’éditeur à part. Mais il s’est d’abord formé, a développé ses compétences, son réseau et s’est engagé de manière multiples et variées avant de se lancer. C’est lui qui a choisi de s’associer avec François-Xavier Bellest, sémiologue émérite, passionné par la langue française.
    François-Xavier, de culture française et québécoise, manipule avec brio la langue française et sait tirer profit de sa double culture pour affirmer toute la singularité de la langue française. Auteur d’une vingtaine de romans en qualité d’écrivain fantôme pour des maisons d’éditions françaises et canadiennes, il joue avec la sémantique et la psycholinguistique pour partager des émotions complexes à travers les mots. On comprend donc aisément les raisons qui ont poussées Christophe à s’associer avec François-Xavier.
    Et enfin, Christophe m’a lui aussi choisi pour des compétences complémentaires aux siennes et à celles de François-Xavier. D’origine franco-allemande, passionnée de théâtre depuis le plus jeune âge, j’ai très vite orienté mes études vers l’écriture afin de compléter mes compétences en art dramatiques. Ma passion pour les langues m’a poussée à m’ouvrir vers d’autres langues puisque j’ai très vite compris qu’apprendre une langue étrangère était le meilleur moyen d’approfondir la connaissance de sa langue maternelle. Cela permet aussi de mieux comprendre et d’appréhender différemment la multitude de cultures qui nous entoure. C’est sans doute cet aspect de mon parcours qui a développé ma curiosité de l’autre. Quant à ma passion pour la scène, elle m’a aussi amené à m’intéresser à l’écriture scénaristique. J’ai ainsi acquis cette double compétence, me permettant à la fois d’écrire pour l’autre mais aussi d’adapter cette parole pour des formats audiovisuels.  
    L’éditeur à part, c’est donc l’histoire de trois personnages qui se sont rencontrés : un éditeur né et entrepreneur accompli, un sémiologue et sémanticien qui manie les mots avec aisance et une artiste et entrepreneuse.
    Engagés, passionnés et déterminés, tous les trois se retrouvent derrière une ambition commune : publier des personnalités à part afin de faire un pas de travers dans le monde de l’édition. 
    Déranger sans blesser est notre philosophie. 

    Déranger sans blesser, telle est notre philosophie

    BBB – Que souhaitiez-vous publiez dans cette maison d’édition que vous ne voyiez pas en librairie ?

    CP – Nous avons réalisé que nous lisions toujours les mêmes choses… Que les prix littéraires ne faisaient que ressortir la même typologie de textes. Nous avons du mal à être surpris, emballés, passionnés, révoltés ou questionnés par ce que nous lisons… C’est, avant tout, ce manque que nous souhaitons combler. 
    C’est pourquoi nous sommes L’Éditeur à part. Nous souhaitons publier des personnalités à part, qui ont un point de vue à défendre, sans pour autant blesser qui que ce soit. 
    Il existe évidemment toujours des livres dits "polémiques" mais qui sont rédigés contre une personne morale, physique ou les deux. Ce sont souvent des attaques frontales, qui peuvent être même agressives. Comme si l’agressivité, la violence et l’outrance étaient les seuls leviers pour sortir du lot, se faire remarquer. 
    Nous pensons qu’il existe d’autres manières de faire. 
    De plus, trop de personnes ont le désir d’écrire, mais n’osent pas se lancer. Freinés par le syndrome de la page blanche, le manque de confiance en soi ou tout simplement par manque de temps, ces personnes sont malheureusement réduites au silence Et pourtant, elles ont clairement quelque chose à dire, et sans doute plus que certaines « personnalités » qui elles, publient pour satisfaire leur égo. Nous souhaitons donc donner une voix, et surtout une plume, à ces hommes et ces femmes pour qu’elles puissent transmettre leurs expériences et leur point de vue engagé.
    C’est pour cette raison que nous mettons un écrivain fantôme (ou ghostwriter) à la disposition de ces personnes. Bien évidemment, cette pratique est commune chez beaucoup de maisons d’édition mais elle reste un sujet tabou. Nous avons décidé au contraire de le faire de façon ouverte et totalement décomplexée, puisqu’une véritable relation de confiance se créée entre l’auteur et l’écrivain fantôme. 

    BBB – Pouvez-vous présenter les premiers ouvrages publiés ? 

    CP – Nous avons publié deux romans autobiographiques et une autobiographie. Le temps des pourquoi ! de Juliette Klotz est la première autobiographie que nous publions. Nous avons souhaité publier cette autobiographie puisque Juliette apporte un regard inattendu sur une période de l’histoire qui a fait couler beaucoup d’encre. Alors que Juliette Klotz est née au milieu du nazisme et se retrouve enrôlée dans la jeunesse hitlérienne, son parcours fait qu’elle est devenue une femme engagée et ouverte sur l’autre. Le sujet des populations immigrées est pour elle un sujet central de notre société. Elle a une façon particulière de porter un regard humaniste sur ces gens qui doivent fuir leur pays. Idéaliste, humaniste et éternelle optimiste, elle partage les différentes étapes de sa vie à travers ce livre pour ainsi apporter un regard nouveau sur cette période de l’histoire et les liens qui ne cessent de persister.
    L’amour caméléon de François-Xavier Bellest est l’un de nos premiers romans autobiographiques. Cette réédition nous semblait parfaitement adaptée au lancement de la maison d’édition puisque François-Xavier Bellest nous peint l’envers du décor du monde de l’édition. Amené par intrigues successives, l’histoire de la négritude littéraire en France se fond à celle des sentiments où tolérance et acceptation de soi marquent l’actualité du roman. Condamné au silence des œuvres qu’il a écrites pour d’autres, François-Xavier Bellest signe de son nom la nouvelle édition de son roman autobiographique. En effet, cet ouvrage confectionné il y a une vingtaine d’années reste pertinent par les sujets abordés. Ainsi sur l’aspect littéraire, le terme nègre est remplacé aujourd’hui par écrivain-fantôme. Toute discrimination relative à la couleur de peau est ainsi exclue, ce qui devrait être la norme. Tout autant que celle des amours entre personnes du même genre, normalité en devenir.
    Enfin, Les équations amoureuses de Géraldine Beigbeder est aussi l’un de nos premiers romans autobiographiques. 

    BBB – Parmi ces ouvrages, pouvez-vous nous parler justement des Équations amoureuses, dans lequel l’auteure, Géraldine Beigbeder, allie le sentiment amoureux avec les mathématiques. J’imagine que cette audace a dû vous interpeler !

    CP – Géraldine Beigbeder signe ici son premier roman autobiographique et se livre sans tabou sur plusieurs sujets. Elle écrit ici sous le nom de Julie pour aborder les thèmes de l’amour, de la quête identitaire, de la sexualité et de l’écriture littéraire.
    Influencée par notre société soutenant qu’une âme-sœur serait responsable de notre bonheur, Julie s’était mise à sa recherche en se basant sur une théorie mathématique : l’équation de Drake. Mais constatant que cette recherche ne la mène nulle part et l’éloigne de ce qu’elle est vraiment, elle décide d’utiliser la liberté qui l’anime afin de se concentrer sur la véritable quête : l’accès au bonheur. Julie, autrice en manque d’inspiration après une rupture amoureuse, se lance alors dans cette quête identitaire et traite de manière franche les différentes étapes qu’elle franchit au cours de cette recherche. Amour physique, amour spirituel, désir, homosexualité… l’auteure aborde ces sujets sans tabou afin de trouver sa propre équation, et pourquoi pas, sa propre définition du bonheur.
    Géraldine est exactement ce que nous recherchions, c’est-à-dire, une personnalité à part. Alors que d’autres membres de sa famille sont beaucoup plus sous le feu des projecteurs, Géraldine est beaucoup plus discrète et pourtant, pas moins créative et engagée.
    Son angle d’attaque était pour le moins inattendu. Mais l’on avait tout de suite remarqué que l’on ne tombait pas dans un roman à l’eau de rose. Géraldine a cette capacité à faire le lien entre des éléments qui, à première vue, ne semblent en aucun cas liés. Et c’est en démarrant ainsi qu’elle finit par tirer ce fil imaginaire avec son franc parler. Sa capacité d’observation mélangée à sa curiosité et à son imagination nous donne ainsi un roman autobiographique tel que Les équations amoureuses.
    Quand on lit ce livre, on ne lit pas du Beigbeider, on lit du Géraldine, et c’est aussi cela sa force et sa différence.  

    BBB – Quels sont les futurs projets pour L’éditeur à part ? 

    CP – Nous souhaitons publier une douzaine d’ouvrages par an. Nous venons de sortir en mars dernier nos trois premiers ouvrages, nous travaillons actuellement sur la sortie des trois prochains ouvrages, deux autobiographies et un texte engagé. Nous avançons aussi sur l’adaptation audiovisuelle de l’un de ces ouvrages. 

    BBB – Merci pour vos réponses, et bonne aventure littéraire !

    L’éditeur à part
    https://lediteurapart.com
    https://www.facebook.com/APHREA
    https://www.linkedin.com/company/lediteurapart

    Voir aussi : "Zoé Morin : « J’ai enregistré sept EP depuis mes neuf ans »"

    Photo – Avec l’aimable autorisation de L’éditeur à Part

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  • Justine

    roman,livre,confrérie,classique,sade,marquis de sade,sexe,justineIl existe deux versions de Justine ou les Malheurs de la Vertu (1791) : une, condensée et plus ancienne, Les Infortunes de la Vertu (1787) ; et une écrite sur le tard (1799), La Nouvelle Justine, qui développe jusqu’à son paroxysme les thèmes les plus sulfureux des deux ouvrages précédents.

    Ces versions prouvent l’attachement de Sade pour cette histoire de crimes, de sexe et de morale : deux sœurs, Justine et Juliette, séparées à leur naissance, se retrouvent des années plus tard dans une auberge de Montargis alors que des soldats conduisent la première vers son lieu d'exécution pour des crimes qu'elle aurait commis.

    Or, paradoxalement, la plus vertueuse des deux sœurs n'est pas Juliette (qui a trempé dans des meurtres et des affaires peu recommandables) mais Justine qui a choisi toute sa vie les chemins de la vertu et de l'honnêteté, ce qui lui a causé les pires torts. Celle-ci nous raconte ses aventures jusque dans les détails les plus sordides.

    À la lecture de ce livre - si sulfureux que la lecture en devient difficile - il n’est pas évident de se faire une opinion sur les réelles intentions de Sade : fausses confessions d’une vertueuse et vraies revendications d’un libertin au passé peu avouable ?

    Énumérations de crimes et de supplices écrit par un Sade brisé par des années de prison et de frustration (à certains égards, son ouvrage le plus noir, Les 120 Journées de Sodome, n'est pas loin) ? Roman philosophique sur le libertinage ? Œuvre moderne avant l’heure qui entend ne se donner aucune limite à la littérature et au langage ? Ou bien conte moral comme le laissent entendre les dernières pages ? A chacun de se faire sa propre opinion. 

    Marquis de Sade, Justine ou les Malheurs de la Vertu, éd. Livre de Poche, 1973, 384 p.
    http://confrerie2010.canalblog.com/archives/2010/05/17/17929022.html
    https://www.hachette.fr/livre/justine-ou-les-malheurs-de-la-vertu-9782253007159

    Voir aussi : "Fugues" 
    "Heureux comme Sade en Italie"

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