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Livres et littérature - Page 17

  • L'un dans l’autre, l’un contre l’autre 

    Galaad est, quelque part, le "héros" du dernier livre d’Adeline Baldacchino, Une Joie sauvage et douce (éd. Michalon). L’auteure a voulu "raconter en temps presque réel" sa grossesse, jusqu’à la naissance de son fils – Galaad, donc. La deuxième partie du livre est celle d’une jeune maman découvrant et vivant les premiers mois de jeune maman.  

    Voilà un ouvrage à la fois touchant et d’une superbe écriture qui ne se veut "ni roman, ni essai ; ni poème, ni démonstration".

    On ne trouvera pas dans Une Joie sauvage et douce de considérations médicales, pas plus que l’auteure ne tombe dans feel good ou le pensum pédagogique. Il y est d’abord question de la construction d’une femme devenant mère, et dont les liens intimes avec son bébé ("L’un dans l’autre") deviennent une véritable aventure humaine.

    Une langue qui de déploie dans une belle poésie

    De l’annonce ("La théorie de l’émerveil") à l’accouchement, en passant par les manifestations physiques du fœtus, le constat de la fin de l’insouciance et l’attente, Adeline Baldacchino nous parle d’identité, de la construction de soi, de l’identité, des liens familiaux ("Il y a dans toute jeune mère la nostalgie de sa propre mère") mais aussi de l’être en train de grandir, à qui Adeline Baldacchino consacre ses plus belles pages.

    Les premiers mois de la maternité constituent plus de la moitié du livre. Galaad vient de naître et, avec son arrivée, la jeune mère découvre cet être qui était quelques temps plus tôt dans son ventre. Elle nous parle de ses moments, aussi uniques que sa grossesse : l’émerveillement du jeune enfant, le regard de mère à fils, les exigences de la vie quotidienne, la peur d’une maman pour son enfant ou la découverte du monde et de son corps par le nourrisson.

    Adeline Baldacchino parle de tout cela dans une langue qui de déploie dans une belle poésie, à l’instar de ce passage : "J’aspire férocement à cette douceur. Les cheveux de maman sont des algues à la surface de la mer où nous plongeons en rêve."

    Adeline Baldacchino, Une Joie sauvage et douce, éd. Michalon, 2023, 192 p. 
    https://www.michalon.fr
    https://www.facebook.com/adeline.baldacchino

    Voir aussi : "Cherchez la femme"

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  • Fugues

    laurent groff,nouvelles,confrérie,fuguesVoici un des meilleurs recueils de nouvelles qu'il m'était été donné de lire.

    Ces neuf histoires sont centrées sur des destins de femmes : un fait divers scandaleux dans une bourgade américaine, une relation improbable entre un ancien champion de natation et une jeune fille handicapée, le destin d'une enfant rêvant de devenir majorette (ces deux nouvelles sont les plus poignantes du recueil), une amitié étouffante entre une bourgeoise collet montée et une artiste extravertie,...

    Autant de nouvelles qui prennent aux tripes ! Seul bémol dans ce livre : j'ai moins accroché à la nouvelle qui donne son titre au recueil même si sa construction est très audacieuse. Mise à part cette très légère critique, Fugues est un livre d'une grande qualité que je conseille à tous. Du très grand art !

    Lauren Groff, Fugues, éd. 10/18, 320 p.
    http://confrerie2010.canalblog.com/archives/2010/05/29/18042586.html 
    https://www.lecteurs.com/livre/fugues/2112939

    Voir aussi : "Le touriste"

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  • Le touriste

    roman,confrérie,livre,polar,espionnage,olen steinhauerLe touriste c’est Milo Weaver – ou plutôt c’était Milo Weaver. Cet agent secret nomade a en effet posé ses valises à New York après une mission périlleuse un certain 11 septembre 2001 à Venise. Cadre pour la CIA et père de famille, il retrouve par hasard le Tigre, un tueur à gage qu’il a poursuivi pendant des années.

    Avant de se suicider, son ancien ennemi lui fait des révélations sur le fonctionnement tortueux de la CIA et du Tourisme. Milo retrouve son ancien travail, à son corps défendant. Roman d’espionnage « post-11 septembre », Le Touriste nous parle d’espionnage, de manipulations géopolitiques, de mondialisation mais surtout des frontières fluctuantes entre démocratie, dictature, droit et violence.

    Un roman tortueux, obscur (dans tous les sens du terme) dans lequel les enjeux dépassent autant le lecteur que le personnage principal. À l’antipode des James Bond.   

    Olen Steinhauer, Le Touriste, éd. Liane Levi, 2009, 523 p.
    http://confrerie2010.canalblog.com/archives/2010/06/22/18393915.html
    https://www.librairie-gallimard.com/livre/9782867465062-le-touriste-olen-steinhauer

    Voir aussi : "Confessions d'une radine"

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  • Auschwitz en photos

    Un album d'Auschwitz, essai exceptionnel paru chez Seuil dans sa version française, est consacré à un recueil qui ne l’est pas moins, et qui est parvenu jusqu’à nous par un hasard aussi tragique qu’incroyable.

    En 1944, alors que la Solution Finale contre les Juifs européens bat son plein, les pontes de la SS, dont Ernst Kaltenbrunner, Heinrich Himmler et Rudolf Höss, le responsable d’Auschwitz, ont l’idée d’immortaliser en photos "l’efficacité" de la machine de mort nazie. Entre mai et août 1944, le "Programme Hongrie" organise la déportation de près de 600 000 juifs hongrois - qui seront pour la plupart tous exterminés. Deux photographes allemands, Bernhard Walter et Ernst Hoffmann sont chargés de multiplier des clichés qui serviront de bases à une dizaine d’albums.

    Un seul est retrouvé par une déportée hongroise, Lili Jacob. En avril 1945, alors qu’elle est mourante et que les troupes américaines approchent du camp de Mittelbau, elle tombe sur cet album d’Auschwitz. En dépit de l’utilisation de quelques clichés pour des procès, dont celui d’Eichmann, l’album reste curieusement dans l’ombre. Le voilà maintenant restitué et analysé dans cet essai incroyable autant que bouleversant.

    Ces visages d’hommes, de femmes et d’enfants – beaucoup d’enfants

    Rarement une source historique n’a été autant scrutée et étudiée. Tal Bruttmann, Stefan Hördler et Christoph Kreutzmüller analysent les lieux des crimes, Auschwitz, l’un des nombreux sites de mise à mort dans l’Europe nazie, devenu symbolique pour son étendue, son "efficacité" et finalement le nombre de victimes. En ayant l’idée perverse de laisser des preuves photographiques de leur crime – bien qu’aucune photo ne montre chambres à gaz et fours crématoires, hormis deux clichés ajoutés sur le tard – les dignitaires, militaires, responsables des camps et forces supplétives laissent à l’histoire les images d’un des plus grands crimes de l’humanité.

    Le lecteur sera secoué devant les files de déportés. Ces visages d’hommes, de femmes et d’enfants – beaucoup d’enfants ! – affrontent l’objectif. La plupart mourront peu après. Pas de morts sur ces photos – hormis la silhouette d’une vieille femme morte d’épuisement – et la violence ne surgit qu’épisodiquement – une canne à la main d’un officier, une vieille femme conduite par deux hommes vers la mort et les tours d’un four crématoire. Le lecteur sera frappé par ces clichés où des milliers de personnes arrivent sur les quais du camp nazi, des ballots de bagages et des foules de déportés attendant dans un bois que les chambres à gaz, mis à contribution, se libèrent.

    Il a souvent été dit que les Juifs exterminés étaient conduits à la mort sans se défendre. Quelques indices nous indiquent qu’il n’en a rien été : les regards plein de défiance, les tentatives de révolte, mais aussi ces langues tirées avec affront en direction du photographe et de leurs bourreaux. Gestes faussement anodins, mais riches de sens.    

    Tal Bruttmann, Stefan Hördler et Christoph Kreutzmüller, Un album d'Auschwitz,
    Comment les nazis ont photographié leurs crimes,
    préface de Serge Klarsfeld, trad. Olivier Mannoni, éd. Seuil, 2023, 304 p.

    https://www.seuil.com/ouvrage/un-album-d-auschwitz-tal-bruttmann/9782021491067

    Voir aussi : "La terreur au grand jour"

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  • Confessions d'une radine

    roman,catherine cusset,récit,radine,radinerie,confrérieRoman ou récit, ce petit livre écrit à la première personne parle d'une tare humaine bien courante : la radinerie. La narratrice décrit avec une certaine truculence les origines de ce qu'elle considère elle-même comme un handicap social ainsi que le mode de vie qu'elle s'impose et qu'elle impose aux autres. Un ouvrage à la fois drôle  et amer qui se lit avec plaisir.  

    Catherine Cusset, Confessions d’une Radine, éd. Folio, 2003, 145 p.
    http://confrerie2010.canalblog.com/archives/2010/07/25/18662197.html
    http://www.catherinecusset.co.uk/romans/confessions-d-une-radine

    Voir aussi : "Le Lièvre de Vatanen"

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  • Le Lièvre de Vatanen

    paasilinna,finlande,roman,lièvre,vatanen,confrérieLivre culte, paraît-il, de la littérature finnoise, Le Lièvre de Vatanen conte les pérégrinations d’un citadin blasé par la civilisation, Vatanen, accompagné de son lièvre sauvage qu’il a recueilli et domestiqué. Les deux compères entreprennent un long voyage aventureux dans la Finlande jusque dans le cercle polaire et en URSS (actuelle Russie).

    Sans véritable trame, ce roman est en réalité une sorte de « geste » contemporaine (ce terme est employé par l’auteur). On suit Vatanen à la découverte de son pays, des habitants mais aussi de la nature belle, exigeante et parfois cruelle. Accompagné de son fidèle lièvre, Vatanen devient bûcheron dans le grand nord, pêcheur clandestin ou menuisier.

    Un road-movie écologique très original dans le Grand Nord.

    Arto Passilinna, Le Lièvre de Vatanen, éd. Denoël, 1989,192 p.
    http://www.denoel.fr/Catalogue/DENOEL/Denoel-d-ailleurs/Le-Lievre-de-Vatanen2
    http://confrerie2010.canalblog.com/archives/2010/08/16/18828602.html

    Voir aussi : "L'ogre"

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  • Aujourd'hui, maman est morte

    L’écrivain Youcef Zirem est une figure importante de la littérature contemporaine algérienne. Il est aussi un opposant au pouvoir en place qui l’a contraint à l’exil, en l’occurrence en France. Journaliste, chroniqueur, écrivain, il anime aussi depuis 2017 le café littéraire l'Impondérable, à Paris.

    Intellectuel, dissident (Algérie, La Guerre des Ombres, éd. Complexe), engagé et humaniste, Youcef Zirem revient en ce début d’année avec un ouvrage des plus personnels, Lâaldja, notre Mère, aux éditons Fauves. Il y parle de sa mère décédée à l’Hôpital de Sidi-Aich, en septembre 2022. Son exil politique l’a souvent éloigné d’elle, au point qu’il n’a pas pu l’accompagner pour ses derniers jours.  

    Un livre très personnel donc, qui est aussi un hommage à une femme simple, discrète et à l’influence considérable sur sa vie. Sur 180 pages, l’auteur égraine ses souvenirs familiaux.

    Une femme simple, discrète

    Comment ne pas aimer cette femme, Lâaldja, dont parle Youcef Zirem, avec nostalgie, tendresse et reconnaissance ? Disons que ce livre peut s’apparenter à une longue lettre pour celle qui lui a donné sa vie.

    Écrit peu de temps après son décès, ce témoignage respire la sincérité. Une trame chronologique suit le destin d’une femme de Kabylie, ayant vécu dans un village modeste, riche d’une culture et d’une civilisation que l’écrivain algérien ne cesse de louer ("Nos champs avaient des noms qui faisaient rêver ceux qui comprennent la langue la plus ancienne d’Afrique du Nord, le tamazight, la langue du roi Massinissa, du roi guerrier Jugurtha, de la reine Dilhya, des écrivains Mouloud Feraoun, Mouloud Mannezri, Tahar Djaout, des parents de Zidane, le footballeur").

    Youcef Zirem inclut à l’intérieur de son livre des poèmes en hommage à Lâaldja. Parler d’elle, louer son souvenir pour qu’elle ne soit jamais oublier, est aussi l’occasion, de parler de sa famille, et en particulier de ses cinq frères et de ses deux sœurs.

    Lâaldja, notre Mère est à lire comme l’un des plus beaux et des plus émouvants portraits de femme, généreuse, courageuse, fière et d’une belle humanité. À sa mort, l’un des plus beaux commentaires est sans doute celui du journaliste et poète Djaffar Benmesbah : "Elle a donné au monde un fragment de littérature et, ainsi, elle enrichit l’humanité".

    Youcef Zirem, Lâaldja, notre Mère, éd Fauves, 2023, 180 p.
    https://www.armitiere.com/livre/22298465-laaldja-notre-mere-youcef-zirem-fauves-editions
    https://www.fauves-editions.fr/livre-laaldja_notre_mere_youcef_zirem-9791030204605-76143.html

    Voir aussi : "Si la vie ne tient à rien"

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  • L'ogre

    roman,jacques chessex,goncourt,suisse,confrérieJacques Chessex, écrivain suisse disparu en 2009, mérite d’être découvert ou redécouvert tant pour son style audacieux et rude que pour son sens du lyrisme.

    L’Ogre l’a fait connaître en France en 1973 et lui a permis de gagner le Prix Goncourt. Qui est l’ogre de ce roman ? Rien de moins que le père du personnage principal, Jean Calmet, modeste professeur de Latin à Lausanne. Les souvenirs de ce personnage paternel, mort et incinéré dès le début du livre, viennent hanter son fils qui n’arrivera jamais à oublier la présence tutélaire de cette autorité tyrannique.

    Un roman coup de poing qui frappe là où cela fait mal : Jacques Chessex parle du patriarcat dictatorial à une époque où on le croirait disparue (nous sommes en Suisse en 1972, en pleine révolte de la jeunesse contre leurs aînés) et de l’impossibilité d’un homme de construire sa vie à cause de ce père omniprésent, même après sa mort. Un livre magnifique.

    Jacques Chessex, L'Ogre, éd. Grasset, 1973, 208 p.
    http://confrerie2010.canalblog.com/archives/2010/08/16/18828624.html
    https://www.grasset.fr/livres/l-ogre-9782246111412

    Voir aussi : "Le nœud de l’intrigue"

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