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Roman ou récit, ce petit livre écrit à la première personne parle d'une tare humaine bien courante : la radinerie. La narratrice décrit avec une certaine truculence les origines de ce qu'elle considère elle-même comme un handicap social ainsi que le mode de vie qu'elle s'impose et qu'elle impose aux autres. Un ouvrage à la fois drôle et amer qui se lit avec plaisir.
Livre culte, paraît-il, de la littérature finnoise, Le Lièvre de Vatanen conte les pérégrinations d’un citadin blasé par la civilisation, Vatanen, accompagné de son lièvre sauvage qu’il a recueilli et domestiqué. Les deux compères entreprennent un long voyage aventureux dans la Finlande jusque dans le cercle polaire et en URSS (actuelle Russie).
Sans véritable trame, ce roman est en réalité une sorte de « geste » contemporaine (ce terme est employé par l’auteur). On suit Vatanen à la découverte de son pays, des habitants mais aussi de la nature belle, exigeante et parfois cruelle. Accompagné de son fidèle lièvre, Vatanen devient bûcheron dans le grand nord, pêcheur clandestin ou menuisier.
Un road-movie écologique très original dans le Grand Nord.
L’écrivain Youcef Zirem est une figure importante de la littérature contemporaine algérienne. Il est aussi un opposant au pouvoir en place qui l’a contraint à l’exil, en l’occurrence en France. Journaliste, chroniqueur, écrivain, il anime aussi depuis 2017 le café littéraire l'Impondérable, à Paris.
Intellectuel, dissident (Algérie, La Guerre des Ombres, éd. Complexe), engagé et humaniste, Youcef Zirem revient en ce début d’année avec un ouvrage des plus personnels, Lâaldja, notre Mère,aux éditons Fauves. Il y parle de sa mère décédée à l’Hôpital de Sidi-Aich, en septembre 2022. Son exil politique l’a souvent éloigné d’elle, au point qu’il n’a pas pu l’accompagner pour ses derniers jours.
Un livre très personnel donc, qui est aussi un hommage à une femme simple, discrète et à l’influence considérable sur sa vie. Sur 180 pages, l’auteur égraine ses souvenirs familiaux.
Une femme simple, discrète
Comment ne pas aimer cette femme, Lâaldja, dont parle Youcef Zirem, avec nostalgie, tendresse et reconnaissance ? Disons que ce livre peut s’apparenter à une longue lettre pour celle qui lui a donné sa vie.
Écrit peu de temps après son décès, ce témoignage respire la sincérité. Une trame chronologique suit le destin d’une femme de Kabylie, ayant vécu dans un village modeste, riche d’une culture et d’une civilisation que l’écrivain algérien ne cesse de louer ("Nos champs avaient des noms qui faisaient rêver ceux qui comprennent la langue la plus ancienne d’Afrique du Nord, le tamazight, la langue du roi Massinissa, du roi guerrier Jugurtha, de la reine Dilhya, des écrivains Mouloud Feraoun, Mouloud Mannezri, Tahar Djaout, des parents de Zidane, le footballeur").
Youcef Zirem inclut à l’intérieur de son livre des poèmes en hommage à Lâaldja. Parler d’elle, louer son souvenir pour qu’elle ne soit jamais oublier, est aussi l’occasion, de parler de sa famille, et en particulier de ses cinq frères et de ses deux sœurs.
Lâaldja, notre Mère est à lire comme l’un des plus beaux et des plus émouvants portraits de femme, généreuse, courageuse, fière et d’une belle humanité. À sa mort, l’un des plus beaux commentaires est sans doute celui du journaliste et poète Djaffar Benmesbah : "Elle a donné au monde un fragment de littérature et, ainsi, elle enrichit l’humanité".
Jacques Chessex, écrivain suisse disparu en 2009, mérite d’être découvert ou redécouvert tant pour son style audacieux et rude que pour son sens du lyrisme.
L’Ogre l’a fait connaître en France en 1973 et lui a permis de gagner le Prix Goncourt. Qui est l’ogre de ce roman ? Rien de moins que le père du personnage principal, Jean Calmet, modeste professeur de Latin à Lausanne. Les souvenirs de ce personnage paternel, mort et incinéré dès le début du livre, viennent hanter son fils qui n’arrivera jamais à oublier la présence tutélaire de cette autorité tyrannique.
Un roman coup de poing qui frappe là où cela fait mal : Jacques Chessex parle du patriarcat dictatorial à une époque où on le croirait disparue (nous sommes en Suisse en 1972, en pleine révolte de la jeunesse contre leurs aînés) et de l’impossibilité d’un homme de construire sa vie à cause de ce père omniprésent, même après sa mort. Un livre magnifique.
Qu’on ne s’y trompe pas. Le titre de l’essai de Bob Garcia, Hergé, les ultimes Secrets (aux éditions du Rocher) n’entend pas être l’ouvrage définitif sur le génial dessinateur belge mais plutôt le bilan d’une recherche pointue sur des sources de première main pour comprendre l’œuvre d’Hergé : les journaux pour lesquels il a travaillé – Le Petit Vingtième, Le Soir Jeunesse et Le Journal de Tintin.
Il faut d'abord saluer le travail de l’auteur, spécialiste de Tintin, qui s’est astreint à décortiquer près de 80 000 pages de journaux préalablement numérisées. Bob Garcia a en effet épluché les différentes parties et rubriques de ces magazines pour la jeunesse : éditoriaux, articles d’actualité, conseils de lectures et de spectacles, pages religieuses (ces journaux étaient d’obédience catholique), courrier des lecteurs, chroniques sportives, gags, sans compter les couvertures et les unes.
La première partie de l’essai est consacré aux inspirations d’Hergé pour les aventures de Tintin. Bob Garcia a choisi logiquement de s’attaquer à chaque album, du plus ancien (Tintin au Pays des Soviets) au plus récent (Tintin et les Picaros). Il faut cependant regretter que L’Alph-Art, l’ouvrage inachevé d’Hergé, n’ait pas droit à sa rubrique.
Les tintinophiles retrouveront certainement des informations qui ne leur étaient pas inconnues : le destin de Chang dans Le Lotus Bleu et Tintin au Tibet, l’influence du Professeur Piccard pour ses figures de savants – dont Tournesol – et les affaires de politique internationale pour le diptyque lunaire (Objectif Lune et On a a marché sur la Lune) et L’Affaire Tournesol. Sans oublier les références à la guerre sino-japonaise pour Le Lotus Bleu.
Le nom de Milou, le compagnon préféré, vient du surnom de la première petite amie d’Hergé
À côté de cela, le livre de Bob Garcia s’annonce passionnant lorsqu’il déniche des sources de première main : pour Les Cigares du Pharaon, Hergé s’est autant inspiré de Lord Carnavaron et de la découverte de Toutankhamon en 1922 (soit quelques années avant la naissance de Tintin) que du… Ku Klux Klan pour la secte Khi-Oskh.
Les surprises se multiplient à chaque page. Ainsi, qui sait que le nom de Milou, le compagnon préféré, vient du surnom de la première petite amie d’Hergé ? Les amateurs du détective belge seront sans doute surpris de voir que Les Bijoux de la Castafiore, l’un des chefs d’œuvre d’Hergé, n’a droit qu’à deux pages, au contraire du Sceptre d’Ottokar, plus mineur, mais aussi mieux documenté.
Les albums de Jo, Zette et Jocko mais surtout Quick et Flupke, ont également été étudiés. Et l’on découvre comment les deux gamins belges, avec leurs gags potaches, illustrent l’ambiance et les préoccupations de la Belgique avant et pendant la seconde guerre mondiale.
L’ouvrage se termine avec un chapitre qui se veut une mise au point : "La vérité sur Hergé". L’auteur y aborde un sujet hautement sensible : les accusations de racisme et d’antisémitisme qui continuent de coller à la peau d’Hergé. L’album Tintin au Congo, le plus décrié, n’est pas oublié. Bob Garcia remet en perspective les idées d’un artiste aussi humaniste que naïf, critiquable dans ses choix de carrière, notamment durant l’Occupation, mais en, tout cas attachant et ayant laissé une série de chefs d’œuvre toujours actuels.
Surfant sur la vague des thrillers religieux Patrick Graham entraîne le lecteur sur la piste d'un tueur en série impitoyable, pourchassé par une profileuse du FBI dotée de dons de médium. Elle aura le plus grand mal à suivre ce criminel, et pour cause : ce Caleb n'est ni plus ni moins qu'une incarnation du diable. Le vrai enjeu de cette chasse est un livre ancien, L'Évangile selon Satan, que l'Église tente par tous les moyens de cacher et qu'une société secrète sataniste entend récupérer à l'occasion de la succession d'un pape - assassiné, bien sûr ! Bon, évidemment, voilà un livre qui n'entrera jamais dans un Lagarde et Michard. Mais cela a beau être cousu de fil blanc et parfois poussif, ce thriller français (à mi-chemin entre le Da Vinci Code et Anges et Démons) joue bien son rôle de nous tenir en haleine jusqu'à la dernière page. Une vraie réussite pour un livre idéal pour les vacances.
Ce roman passionnant traite sous forme d’une fausse autobiographie les premières saisons en tant que manager de Brian Clough, ancien joueur de football international à la carrière prématurément interrompue pour cause de blessure.
Ambitieux, pugnace, colérique mais aussi idéaliste et amoureux du beau jeu, Brian Clough, grâce à son ami Peter Taylor, prend en main un club de seconde zone, Derby County, pour l’amener jusqu’au sommet de la première ligue puis en demi-finale de la Coupe d'Europe. Il fait un peu plus tard le choix de manager le club de Leeds : mais rien ne se passe comme prévu…
L’auteur a fait le choix dans ce roman très documenté de faire un récit croisé de ces deux expériences. Ce choix est un peu décontenançant au début mais on se laisse vite porté par le rythme et par la voix de ce grand homme du sport, peu connu en France et disparu en 2004 après avoir gagné la coupe d'Europe avec Nottingham Forest par deux fois en 1979 et en 1980.
Un très grand livre sur le sport. Pour en savoir plus sur Brian Clough, cliquez ici.
18 nouvelles composentLe Nœud de l'Intrigue, le premier livre de Daniel Fattore aux éditions de la Plume noire. Dans ces histoires, tour à tour graves ("L'examen"), surréalistes ("Un verre chez Roger"), sombres ("Je tire"), burlesques ("Votre chartreuse a un goût"), poétiques ("Cheveux d'or") ou tendres ("Le filet de bar"), Daniel Fattore nous invite à une série de voyages dans des "quotidiens réels ou rêvés", comme il le dit lui-même. Et on ne peut pas dire qu'il manque de style ni d'humour pour une telle entreprise ! Avec une maîtrise remarquable, dans des histoires à l'intrigue parfois ténue, Le Nœud de l'Intrigue marque le début prometteur d'un écrivain qui a toutes les armes pour aller bien plus loin.