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Ceux qui partent et celle qui reste
Pas de doute : avec Hana, la romancière tchèque Alena Mornštajnová a marqué les esprits. Dans son pays, son ouvrage est devenu un best-seller vendu à plus de 200 000 exemplaires. Traduit dans plus de 14 langues, il arrive en France et est proposé par les éditions Bleu et Jaune.
Cette histoire commence par la bêtise d’une gamine de 9 ans, Mira. Durant l’hiver 1954, dans la petite ville tchèque de Meziříčí, la fillette, volontiers frondeuse, fait le pari avec des amis de monter sur un bloc de glace descendant la rivière. Mira en sort trempée et, évidemment punie par ses parents. Sa mère Rosa la prive de dessert. Cela va avoir des conséquences inattendues dans une famille soudée mais marquée par la présence régulière de la tante Hana, une femme murée dans un silence mystérieux et dont on ne sait presque rien. Quelques semaines plus tard, Mira et Hana vont finir par se côtoyer et briser le mur qui les sépare. Mira égéenne les années qui la construit en tant que jeune femme dans cette Tchécoslovaquie communiste où les études, le travail et les relations à deux ne vont pas de soi. Avec une Hana devenue très proche d'elle, et dont les secrets finissent par se dévoiler.
Livre sur la jeunesse broyée, sur la lâcheté, sur la culpabilité mais aussi sur la mémoire
Le roman Hana est partagé en trois parties : la première, écrit à la première personne, suit les jeunes années de Mira, avec sa bêtise originelles aux puissantes répercussions. Suit, à la troisième personne – un récit écrit par Mira –, l’histoire familiale de sa grand-mère, de sa mère et de sa tante Hana, dans une Tchécoslovaquie regardant d’un œil inquiet les menaces allemandes, avant de subir les méfaits de l’occupation et les persécutions contre les Juifs. Le roman devient histoire familial puis récit sur la plus importante tragédie humaine de notre histoire. Mira s'interroge sur cette mémoire tue : "Mais si j'avais alors fait un peu plus attention et si j'avais posé quelques questions sur les destinées que recouvraient les noms gravés en lettres dorées sur les pierres tombales, il me serait beaucoup plus facile, à présent, de recomposer à l'aide de milliers de souvenirs fragmentaires les événements ayant précédé ma naissance".
La troisième partie relate le parcours d’Hana, le personnage qui est au cœur du roman d’ Alena Mornštajnová, qui nous entraîne dans les camps de Therensienstadt puis d’Auschwitz.
Ne dites cependant pas à l’auteure que son livre est un de plus sur l’Holocauste. En vérité, c’est celle d’une jeune femme, enthousiaste, passionnée, sensible, se prenant les pieds dans la Grande Histoire et faisant des choix aux conséquences désastreuses, à l'instar de sa nièce Mira des années plus tard.
Ce livre sur la jeunesse broyée, sur la lâcheté, sur la culpabilité mais aussi sur la mémoire, est une des belles surprises de cette rentrée littéraire. Et l’on n’est pas surpris qu’outre une adaptation théâtrale, une version cinéma devrait sortir prochainement sur grand écran.
Bref, Hana est un très grand et très beau roman.
Alena Mornštajnová, Hana, éd. Bleu et Jaune, 2022
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Voir aussi : "Maman, je te hais, maman je t’aime"
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