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Livres et littérature - Page 24

  • Benjamin Valliet a voix au chat-pitre

    Allez, le lecteur pardonnera certainement ce jeu de mot pour une chronique sur le dernier livre de Benjamin Valliet qui n’en est pas avare ! Après avoir déroulé une histoire du féminisme, déjà aux éditions Favre (366 Dates pour célébrer les Femmes), le voilà qui s’attaque à un des sujets les plus populaires sur les réseaux sociaux : les chats.

    Chat-necdotes est un ouvrage qu’à coup sûr les amoureux des félins ne manqueront pas d’avoir dans leur bibliothèque. Benjamin Valliet a fait le choix des anecdotes et des faits divers pour mieux montrer que nos matous préférés ne sont pas des animaux tout à fait comme les autres.

    Cet essai qui entend être une déclaration d’amour pour les chats regorge d’informations qui vous fera regarder votre animal de compagnie d’une façon différente, avec sans doute encore plus de respect et de curiosité. On ne sait pas si les chats veulent dominer le monde, mais ce qui est certain c’est qu’ils font parler d’eux, quel que soit le continent où ils se trouvent. 

    On ne sait pas si les chats veulent dominer le monde, mais ce qui est certain c’est qu’ils font parler d’eux

    Benjamin Valliet relate des centaines d’histoires vraies dans lesquelles les chats peuvent se trouver dans des situations incroyables : chats écoliers, voyageurs, artistes-peintres, compagnons des Poilus pendant la Grande Guerre, spationautes et même… politiciens.  

    Le lecteur apprendra par exemple qu’en 1997, dans la petite ville de Talkeetna en Alaska, les électeurs ont choisi d’élire au poste de maire Stubbs, un chat roux.  Un choix plutôt folklorique mais qui a été bel et bien assumé car le brave félin a été réélu pendant 20 ans, jusqu’à son décès en 2017. Une habitante explique ainsi la pertinence d’avoir un chat comme maire : "Il n’augmente pas les impôts, il ne se mêle pas du commerce et est d’une probité à toute épreuve." CQFD.

    Le livre de Benjamin Valliet peut se picorer dans le désordre. Chat-necdotes est l’ouvrage des amoureux des chats, comme le furent des célébrités comme Colette, Victor Hugo, Boris Vian et même Freddy Mercury. Issac Newton le fut lui aussi. Le lecteur découvrira certainement que c’est à lui que l’on doit l’invention de la chatière. Chat vous scie, non ?    

    Benjamin Valliet, Chat-necdotes, éd. Favre, 2022, 208 p.
    Avec la participation de Philippe Dauty
     
    https://www.editionsfavre.com/livres/chat-necdotes
    https://www.facebook.com/jneb.esoinderien

    Voir aussi : "Almanach féministe"

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  • Complètement timbré de Molière

    L’année 2022 marque les 400 ans de la naissance de Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière. Si un podium des écrivains français était établi, nul doute que l’auteur des Femmes savantes, de L'Avare ou du Misanthrope figurerait en bonne place.

    Dans ses comédies, figure une galerie de personnages devenus des archétypes, dont certains font scandale à l’époque, comme Le Tartuffe ou l’Imposteur et Don Juan. Molière meurt à Paris, après une représentation sur scène du Malade Imaginaire, le 17 février 1673. L'œuvre de Molière constitue toujours un des piliers de l'enseignement littéraire et continue de remporter un vif succès au théâtre, en France comme à l’étranger. Preuve de la place emblématique qu’il occupe, le français est couramment désigné comme la "langue de Molière".

    "La langue de Molière"

    La Poste marque le coup avec un bloc spécial est imprimé en taille douce sur lequel quatre exemplaires du timbre Molière émis en 1944 sont reproduits. Les timbres sont accompagnés d’illustrations de quatre des personnages de comédie, de gauche à droite, Magdelon (Les Précieuses ridicules, 1659), Sganarelle (Le Médecin malgré lui, 1666), M. Jourdain (Le Bourgeois gentilhomme, 1670), Agnès (L'École des femmes, 1662).

    Un tirage de 110 000 exemplaires de ces timbres à la valeur faciale de 1,16 euros sera émis par La Poste à partir du 21 novembre 2022. Le bloc sera vendu en avant-première les vendredi 18 et samedi 19 novembre à Paris au Carré d’Encre, de 10H à 19H

    Timbre "Molière", La Poste
    Création du bloc : Stéphane HUMBERT-BASSET
    Impression : taille-douce
    Format du bloc : 143 x 105 mm Format des timbres : 26 x 40 mm
    Présentation : bloc de 4 timbres Tirage : 110 000 exemplaires
    Valeur faciale de chaque timbre : 1,16 € Lettre Verte
    Prix de vente : 4,64 €
    https://www.lecarredencre.fr
    https://www.laposte.fr
    Bloc : création Stéphane Humbert-Basset. Timbre Molière de 1944, dessiné par Michel Ciry, © Adagp, Paris ; gravé par Charles Mazelin, d'ap. portrait de Pierre Mignard.

    Voir aussi : "”The Kid” mis à l’honneur par La Poste"
    "Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière"

    © La Poste - Tous droits réservés

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  • Avec modération

    Le vin : voilà une grande affaire pour notre pays, modelé par la viniculture et dont la culture et les mentalités sont indissociables de cette boisson alcoolisée infiniment complexe. Il semble pourtant que l’on veuille la peau du vin, pour les raisons les meilleures du monde : la santé. L’alcool et notamment le vin seraient à proscrire, ce que contredit pourtant le "french paradox" :  "Ce paradoxe français consistant en une faible mortalité d’origine cardiovasculaire malgré une forte consommation de lipides, notamment sous forme de graisses saturées" , sans oublier une place importante laissée aux bordeaux, bourgognes et autres côtes-du-rhône. Dit autrement, notre pays serait le plus gros consommateur de vin avec pourtant une des meilleures espérances de vie au monde. Le vin serait donc, non pas un alcool à prescrire mais au contraire un "aliment bénéfique", ce qui expliquerait ce paradoxe français, toujours d’actualité. Voilà la thèse du solide essai de Jean-Pierre Rifler, Les Vertus du Vin (éd. Favre).

    Médecin et urgentiste mais aussi passionné d’œnologie, l’auteur déploie des arguments souvent imparables pour expliquer que la consommation raisonnable d’alcool est non seulement inoffensive mais également bénéfique pour la santé. Ainsi, dit-il "ce n’est ni l’alcool seul (vin blanc et bière), ni les polyphénols seuls (jus de raisin) qui sont efficaces, mais bien le mélange alcool-polyphénols du vin rouge".

    Boisson festive, sacrée, "divine", socialisante ou antidépressive, le vin a été considéré pendant longtemps comme un médicament

    Le cofondateur de l’association Nutrition Méditerranéenne et Santé se fait historien et anthropologue lorsqu’il parle de la manière dont le vin a été considéré pendant des millénaires : boisson festive, sacrée, "divine", socialisante ou antidépressive, elle a été aussi considérée pendant longtemps comme un médicament : "Hippocrate et Galien nous apprennent que la prescription du vin est un art qu’il faut maîtriser : parfois interdit, parfois déconseillé mais souvent prescrit !" Ces vertus thérapeutiques du vin ont été argumentées jusque dans les années 70.

    Jean-Pierre Rifler n’est pas avare en termes techniques, y compris pour parler de la vigne et de la viticulture. Il utilise également des arguments médicaux et chimiques pour parler de la composition de cette boisson complexe, même si 85 à 92 % du vin est composé… d’eau.

    "L’alcool est-il notre ennemi ?" demande l’auteur. Il ne nie pas les méfaits de la consommation chronique d’alcool : "Il faut savoir que chaque gramme d’alcool ingéré apporte 7 kilocalories, soit presque 2 fois plus que le sucre". L’alcool conduit-il à 41 000 décès par en France ? Le médecin est plus mesuré : "C’est (...) seulement 0,67 % de la population qui est concernée par le problème". Scientifique vantant les mérites du régime crétois, l’auteur préconise d’inclure le vin dans des régimes alimentaires, prenant l’exemple édifiant du cas d’Alvise Cornaro.  

    Au terme de cet ouvrage, les amoureux du vin trouveront des arguments supplémentaires pour justifier que le vin n’est ni un ennemi ni un poison. A condition, bien entendu, qu'il soit consommé avec modération. 

    Jean-Pierre Rifler, Les Vertus du Vin, éd. Favre, 240 p., 2020
    https://www.editionsfavre.com/livres/les-vertus-du-vin/auteurs
    https://www.facebook.com/jeanpierre.rifler

    Voir aussi : "Vins et vignobles, des Gaulois à la Ve République"

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  • Ceux qui partent et celle qui reste

    Pas de doute : avec Hana, la romancière tchèque Alena Mornštajnová a marqué les esprits. Dans son pays, son ouvrage est devenu un best-seller vendu à plus de 200 000 exemplaires. Traduit dans plus de 14 langues, il arrive en France et est proposé par les éditions Bleu et Jaune.

    Cette histoire commence par la bêtise d’une gamine de 9 ans, Mira. Durant l’hiver 1954, dans la petite ville tchèque de Meziříčí, la fillette, volontiers frondeuse, fait le pari avec des amis de monter sur un bloc de glace descendant la rivière. Mira en sort trempée et, évidemment punie par ses parents. Sa mère Rosa la prive de dessert. Cela va avoir des conséquences inattendues dans une famille soudée mais marquée par la présence régulière de la tante Hana, une femme murée dans un silence mystérieux et dont on ne sait presque rien. Quelques semaines plus tard, Mira et Hana vont finir par se côtoyer et briser le mur qui les sépare. Mira égéenne les années qui la construit en tant que jeune femme dans cette Tchécoslovaquie communiste où les études, le travail et les relations à deux ne vont pas de soi. Avec une Hana devenue très proche d'elle, et dont les secrets finissent par se dévoiler.

    Livre sur la jeunesse broyée, sur la lâcheté, sur la culpabilité mais aussi sur la mémoire

    Le roman Hana est partagé en trois parties : la première, écrit à la première personne, suit les jeunes années de Mira, avec sa bêtise originelles aux puissantes répercussions. Suit, à la troisième personne – un récit écrit par Mira –, l’histoire familiale de sa grand-mère, de sa mère et de sa tante Hana, dans une Tchécoslovaquie regardant d’un œil inquiet les menaces allemandes, avant de subir les méfaits de l’occupation et les persécutions contre les Juifs. Le roman devient histoire familial puis récit sur la plus importante tragédie humaine de notre histoire. Mira s'interroge sur cette mémoire tue : "Mais si j'avais alors fait un peu plus attention et si j'avais posé quelques questions sur les destinées que recouvraient les noms gravés en lettres dorées sur les pierres tombales, il me serait beaucoup plus facile, à présent, de recomposer à l'aide de milliers de souvenirs fragmentaires les événements ayant précédé ma naissance".

    La troisième partie relate le parcours d’Hana, le personnage qui est au cœur du roman d’ Alena Mornštajnová, qui nous entraîne dans les camps de Therensienstadt puis d’Auschwitz.

    Ne dites cependant pas à l’auteure que son livre est un de plus sur l’Holocauste. En vérité, c’est celle d’une jeune femme, enthousiaste, passionnée, sensible, se prenant les pieds dans la Grande Histoire et faisant des choix aux conséquences désastreuses, à l'instar de sa nièce Mira des années plus tard.

    Ce livre sur la jeunesse broyée, sur la lâcheté, sur la culpabilité mais aussi sur la mémoire, est une des belles surprises de cette rentrée littéraire. Et l’on n’est pas surpris qu’outre une adaptation théâtrale, une version cinéma devrait sortir prochainement sur grand écran.

    Bref, Hana est un très grand et très beau roman. 

    Alena Mornštajnová, Hana, éd. Bleu et Jaune, 2022
    https://www.editionsbleuetjaune.fr/livres/hana
    https://www.facebook.com/editionsbleuetjaune
    https://www.instagram.com/alenamornstajnova

    Voir aussi : "Maman, je te hais, maman je t’aime"

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  • Maman, je te hais, maman je t’aime

    Roman polyphonique, Ainsi naissent les Mamans d’Amélia Matar (éd. Eyrolles) suit trois personnages féminins en alternant les points de vue, donnant à ce récit personnel et familial un rythme qui tient en haleine le lecteur.

    Il y a d’abord Valentine de Barnay, une enfant de la bonne bourgeoisie parisienne, élevée sans amour par une mère dont "la cruauté (…) tissa une cote épaisse contre les vicissitudes de la vie", majore de promotion à HEC, brillantissime, ambitieuse, froide et mariée avec un homme mais sans passion ("Notre couple ne fut plus qu’une entente tacite, une alliance stratégique"). La deuxième protagoniste est sa fille Alice, élevée sans plus d’amour, mais qui porte en elle une intelligence folle, de l’humour à revendre mais aussi un immense besoin de tendresse que viendra lui apporter le troisième personnage de ce récit familial, Fatima Ayouch.

    Élevée dans une famille marocaine qui lui souhaite une réussite sociale et professionnelle, Fatima a choisi d’être éducatrice de jeunes enfants. Et c’est ainsi qu’elle devient la nounou d’Alice, dans le milieu bourgeois de Valentine, sa mère. Entre les trois, un fragile équilibre s’installe, jusqu’à une sortie au musée, qui va avoir des conséquences inattendues. 

    "C’est bien simple, je hais les hommes, surtout le mien." Voilà qui est dit.

    L’amour, la haine, la famille. Voilà une histoire vieille comme le monde et qu’Amélia Matar raconte sous l’angle de trois personnages qui vivent dans leur propre univers. C’est aussi la confrontation de deux mondes : Valentine, la bourgeoise de bonne famille et Fatima, la banlieusarde fille d’immigrée. Il s’agit d’une lutte des classes entre ces deux femmes, l’une étant la patronne de l’autre.

    Une autre fracture affleure : Valentine de Barnay, la manageuse impitoyable, a la sensation d’avoir travaillé et de s’être battue plus que n’importe qui – et surtout plus que n’importe quel homme – pour arriver à sa position envieuse. Elle en vient à poser le dilemme de la maternité et du féminisme : "Dès qu’une femme devient mère, elle se laisse absorber tout entière pour sa progéniture et c’en est fini de sa carrière… Les femmes doivent veiller à ne pas laisser les hommes occuper tout l’espace." Valentine émet également, plus expéditive encore : "C’est bien simple, je hais les hommes, surtout le mien." Voilà qui est dit.

    Au milieu de cette bataille, il y a une enfant, Alice. Le lecteur est attendri de lire ses mots, qui expriment la douleur de ne pas être aimée et bien aimée : "J’ai peur. — De quoi ? — De ne pas y arriver. — De ne pas arriver à quoi ? — À vivre."

    Ainsi naissent les mamans , brillamment écrit est le récit de trois personnages féminins dans l’incommunicabilité, voire la cruauté, mais qui arriveront finalement à faire un bout de chemin ensemble.

    Amélia Matar, Ainsi naissent les Mamans, éd. Eyrolles, 208 p., 2022
    https://www.facebook.com/webeuse
    https://www.instagram.com/ameliamatar
    @ameliamatar
    https://www.eyrolles.com

    Voir aussi : "Les cygnes du crime"
    "Les mots croisés, c’est sexy"

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  • Un podcast sur la fantasy pour les présenter tous 

    Alors que sort sur Amazon Les Anneaux de Pouvoir, le préquel du Seigneur des Anneaux, il n’est sans doute pas inutile de faire un focus sur ce genre littéraire passionnant qu’a révolutionné Tolkien en profondeur et pour longtemps. Mais que recouvre la fantasy ? d’où vient-elle ? Qui l’a créé ? Pour répondre à ces questions, rendez-vous sur la série de podcasts, C’est plus que de la fantasy, proposé par le site C’est plus que de la SF du journaliste Lloyd Chéry.  Anne Besson, la marraine de la saison 1, est l’invitée du premier épisode, "Introduction à la fantasy".

    L’universitaire et spécialiste en fantasy répond aux questions de Lloyd Chéry avec un plaisir et une passion communicative, balayant en moins d’une heure près d’un siècle et demi d’un genre littéraire  finalement très jeune. Elle commence par répondre à une question fondamentale : quel est le point commun de toutes ses œuvres de fantasy aussi différentes que Le Seigneur des Anneaux, la saga des Conan, Le Trône de Fer ou les œuvres de Robin Hobb. "La magie", répond-elle et les "mondes magiques", qu’ils soient autonomes, décalés, qu’ils ressemblent aux nôtres ou qu’ils y soient reliés.  

    L’Heroic fantasy, ce sous-genre ancré dans un monde médiéval imaginé (avec l’influence des légendes arthuriennes), est souvent identifié à la Fantasy. C’est un raccourci, commente Anne Besson, qui rappelle les autres sous-genres comme la dark fantasy.

    L’auditeur découvrira un auteur peu connu William Morris, l’auteur à la fin XIXe d’une série de romans constitués de contes et de mythes imaginaires (Aux Forges de Vulcain). Il est redécouvert des années plus tard et réédité. La fantasy est identifié comme un genre à part entière avec Linn Carter dans les années 60, mais il ne deviendra une littérature dite "sérieuse" qu’avec la reconnaissance de Tolkien.

    Les années 30 voient l’arrivée d’une deuxième étape dans l’émergence de la fantasy, avec la série Conan de Robert E. Howard, imprimée en pulps. Pourtant, c'est bien Tolkien qui "re-relance" la fantasy avec le Hobbit en 1937 et Le Seigneur des Anneaux en 1954. Des éditions pirates dans les années 60, puis le succès de Conan dans le même temps, voit l’explosion de la fantasy, y compris dans des aspects jusque là inédits : la naissance des jeux de rôles, des éditions pirates de Tolkien et des copies grossières du Seigneur des Anneaux.

    Fantasy et SF restent statistiquement genrés

    Les années  1990 seront celles d’un retour fracassant de la fantasy en France, avec de jeunes maisons d’éditions spécialisées (Mnémos, Bragelonne) et les premières recherches universitaires. Par contre, nuance Anne Besson, les universités n’ont pas encore ouverts complètement leurs cours à la fantasy, pour de bonnes et de mauvais raisons.

    La fantasy est un genre aimé particulièrement par un public jeune car il y "un lien fondamental avec l’enfance", que ce soit la place du merveilleux, de la magie ou encore l'importance de jeunes héros avec qui les enfants et les adolescents peuvent s'identifier.

    Qui dit fantasy, dit science-fiction. Entre les deux genres, la spécialiste fait remarquer que le premier est plus présent en littérature alors que le second est plébiscité au cinéma. Il est vrai que sur grand ou petit écran "la fantasy fait facilement kitsch". Deuxième observation : il faut admettre que fantasy et SF restent statistiquement genrés, la fantasy étant plus apprécié du public féminin et la SF plus masculin. Pour l’universitaire, la grande tradition des conteuses explique en partie l’attrait du public féminin pour les œuvres de Tolkien ou Hobb.  

    Anne Besson évoque deux sagas importantes : Game of Thrones d’abord, plus réaliste, plus politique, plus historique aussi. Mais est-ce un renouvellement ? Oui, répond l’universitaire, en ce qu’il plus âpre et plus manipulateur… Populaire grâce à la télévision, Le Trône de Fer est devenu une saga poids lourd.

    Autre œuvre poids lourd : Harry Potter. Mais est-ce de la fantasy ? Oui, répond Anne Besson. Et c’est aussi une œuvre qui a renouvelé  la fantasy en la rapprochant du fantastique, avec des moments d’horreur gothique.

    L’épisode se termine par l’évocation des autres univers de la fantasy : la fantasy africaine, asiatique et plus généralement non-occidental.

    Honneur enfin à la France, avec une fantasy de qualité mais manquant d’un grand succès pour faire sa mue. Il manque sans doute de relais – médiatiques ou adaptations télés à succès – pour faire sortir la "french fantasy" de sa niche.

    Avec cette introduction à la fantasy, C’est plus que de la fantasy entend bien participer à la reconnaissance d’un genre encore – très jeune – et appelé à se développer avec le temps. 

    Un autre podcast est d'ores et déjà en ligne : "La Quête de l'Oiseau du Temps - Régis Loisel & Serge Le Tendre"

    Podcasts, C’est plus que de la fantasy, saison 1, 2022
    https://podcast.ausha.co/c-est-plus-que-de-la-fantasy
    https://podcast.ausha.co/c-est-plus-que-de-la-sf

    Voir aussi : "Vous reprendrez bien un peu de fantasy ?"

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  • Les cygnes du crime

    Pour Encens (éd. SNAG), Johanna Marines transporte le lecteur à la Nouvelle Orléans, en 1919. Mais il s’agit d’une Louisiane imaginaire, dans un style steampunk. Ce sous-genre de la fantasy utilise la culture et l’esthétique des révolutions industrielles. Dans ces mondes imaginaires, se côtoient machines à vapeur, costumes victoriens ou second empire, bâtiments haussmanniens et omniprésence de l’acier.

    Dans Encens, l’Amérique de Johanna Marines est celle d’une Louisiane encore marquée par l’esclavagisme, la ségrégation et la Guerre de Sécession. Mais les progrès scientifiques ont conduit à la création d’illusionnautes, des ouvriers mécanisés qui ont remplacé les esclaves noirs ("[Les] automates [ont] remplacé nos pères dans les champs de coton") et ont pu par là même générer de nouveaux problème pour la société – imaginaire – de l’époque. Aux revendications de liberté pour ces machines répond une défiance de la part des êtres de chair et de sang. Cette coexistence difficile a conduit à des drames : "Les conflits entre automates et humains n’étaient qu’un éternel recommencement. Il y avait eu trop de morts dans les deux camps. Les souvenirs des fusillades et des exterminations de masse des illusionnautes, les automates de première génération, étaient dans toutes les têtes". Voilà pour le tableau général de ce roman. 

    Grace Parkins travaille au Mechanic Hall comme voyante dans le plus célèbre aérocabaret de la ville, au milieu d’artistes aussi bien humains que mécaniques. La jeune femme - noire - vit, comme ses contemporains, les pensées absorbées par une sombre menace : un tueur à la hache sévit à La Nouvelle Orléans. Il se trouve d’ailleurs que son propre père, policier, est chargé de l’enquête. Et si, en fait, il y avait deux tueurs au lieu d’un ? 

    Maligne, Johanna Marines fait de l’imaginaire un médium pour parler finalement de nous et de nos sociétés

    Le premier intérêt de cet étonnant roman de Johanna Marines est bien entendu l’univers de fantasy steampunk : une Amérique fantasmée, des robots mécaniques, un XIXe siècle imaginé. Nous voilà dans un monde fascinant, avec une héroïne attachante et non sans blessures ni secrets. Ajoutez à cela des inventions incroyables, avec notamment ce fameux cabaret aérien.

    Encens est aussi une histoire policière sur fond de tueur en série (au masculin ou au pluriel – je ne vous en dit pas plus). L’intrigue criminelle va vite mettre Grace Perkins, bien malgré elle, en situation de protagoniste mais aussi de témoin. Car le passé peut  revenir comme un boomerang : "Les objets et les gens de notre enfance nous semblent toujours en vie dans notre esprit. On pense qu’ils ne vieillissent pas quand ils sont loin de nous, pas vrai ? Pourtant le temps passe pour eux aussi. On croit qu’ils plongent dans un profond sommeil".

    Les meurtres particulièrement pervers deviennent une histoire personnelle et familiale, avec la présence de William Perkins et de son confrère Anton en enquêteurs perdus dans cette course au coupable. Et si les illusionnautes pouvaient être la clé de ce mystère ?

    Dans cette Amérique décalée et étrange, les ferrailleurs, machines humanoïdes et autres robots mécaniques font figure de victimes renvoyant à la ségrégation noire. Car, ici, le racisme change de couleur, si j’ose dire. Roman de fantasy autant que thriller, Encens envoie une série de messages engagés. Maligne, Johanna Marines fait de l’imaginaire un médium pour parler finalement de nous et de nos sociétés. 

    Johanna Marines, Encens, éd. SNAG, 2021, 500 p. 
    https://www.facebook.com/JohannaMarinesAuteur
    https://www.instagram.com/johannamarinesauteur
    http://www.gesteditions.com/snag/encens

    Voir aussi : "Les veilleurs immobiles"

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  • Le manga pour les nuls

    Voilà un livre qui mérite à coup sûr de figurer dans les bibliothèques de tous les amateurs de dessins, les professionnels qui désirent approfondir leurs connaissances dans le manga et, aussi, en général, tous les passionnés de culture nippone.

    L’auteur de ce très beau manuel, intitulé tout simplement Dessine et anime tes Personnages de Manga (aux éditons Hoëbeke), est proposé par Ali Amrabet. Il est plus connu sous le pseudonyme de ZeSensei_Draws, un nom avec lequel il sévit sur la toile et les réseaux sociaux. ZeSensei_Draws est suivi par plus de 820 000 personnes sur Tiktok et plus de 35 000 sur Instagram. Il propose sur ses posts de courtes animations pour apprendre à dessiner et ses animés sont parmi les plus likés du réseau social TikTok. Il est également présent sur Youtube et sur Pinterest.

    Voilà pour l’auteur. Parlons maintenant de son livre.

    Le guide Dessine et anime tes Personnages de Manga propose une approche simple et efficace du dessin. Mais aussi très pédagogique. Ali Amrabet propose en introduction de rappeler que derrière un talent se cachent d’abord une envie, une passion, et ensuite une technique qui est à allier avec le travail et la "patience".

    L’auteur désacralise ce "don" pour le dessin et entend montrer que représenter un personnage, une tête, une main ou un buste tient souvent à une bonne approche, à de l’observation et à des astuces parfois basiques.

    Grâce à de très nombreuses illustrations – d'Ali Amrabet lui-même – le lecteur pourra découvrir que "chaque dessin, même le plus complexe, est en réalité composé de formes simples" : ronds, carrés, triangles ou ellipses.

    L’auteur met en garde sur les facilités à représenter des seins : "deux ronds" ne suffisent pas

    Son vade-mecum commence par les yeux qui constituent la partie centrale et la plus importante d’un personnage. Précisons d’ailleurs que la tête constitue le premier chapitre et aussi la moitié du livre. L’auteur n’oublie pas d’expliquer comment exprimer des sentiments sur un regard ou un visage, grâce par exemple à des détails et des accessoires (cicatrices, piercings ou lunettes).

    Le lecteur découvrira qu’il y a des techniques particulières, mais néanmoins abordables, pour représenter un nez ou des oreilles sous toutes leurs coutures. Une section assez détaillée est consacrée à la manière de dessiner les cheveux, leurs implantations et leurs mouvements.

    Outre la tête, l’anatomie du corps fait l’objet d’un chapitre entier : Ali Amrabet s’intéresse à la restitution au dessin du torse, du bras, du cou, des pieds ou des mains. Le buste féminin n’est pas oublié et l’auteur met en garde sur les facilités à représenter des seins : "deux ronds" ne suffisent pas…

    Les positions du corps et quelques-uns de ses mouvements sont également abordés. Ce qui offre une transition idéale vers la dernière partie du livre, qui est une présentation des techniques basiques d’animation. En quelques dizaines de pages, le lecteur aura une bonne initiation des outils et des éléments pour commencer des scènes animées.

    Pas de quoi, bien sûr, devenir tout de suite le prochain Eiichirō Oda, mais de quoi avoir envie à coup sûr de titiller votre plus beau beau porte-mine et dessiner votre premier manga.

    Ali Amrabet, Dessine et anime tes Personnages de Manga, éd. Hoëbeke, 2022, 192 p. 
    https://www.youtube.com/c/ZeSenseiDraws
    https://www.instagram.com/zesensei_draws/?hl=fr
    https://www.tiktok.com/@zesensei_draws?lang=fr
    https://www.pinterest.fr/zesensei_draws
    https://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Hoebeke

    Voir aussi : "Complètement baba de bulles"
    "Une pièce de plus dans la saga One Piece"

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