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Livres et littérature - Page 26

  • Le top 10 de Bla Bla Blog pour 2021

    Une année 2021 très riche se termine : cinéma, musiques, livres, expositions, séries ou publicité. Bla Bla Blog ne s’est jamais rien refusé dans son désir de chroniquer ces artistes, ces créations et ces œuvres qui contribuent à enrichir notre vie culturelle. 317 articles ont été publiés cette année.
    Quels sont ceux qui ont le plus buzzé ? Comme les années précédentes, voici le top 10 de cette année.

    10 Au salon avec Chopin et Haley Myles

    C’est avec bonheur que l’on retrouve à la 10e place la pianiste classique Haley Myles pour un enregistrement des Nocturnes de Chopin qu’elle avait d’abord joué pendant le Grand Confinement

    Haley Myles.png"S’il est un répertoire classique archi-interprété, il est possible que les Nocturnes de Frédéric Chopin (1810-1849) tiennent le haut du pavé. La pianiste Haley Miles en propose une version intimiste et passionnante. Avec son projet musical "Chopin Nocturne Project", la pianiste installée à Lyon a choisi d’enregistrer un nocturne différente chaque vendredi de février à juin 2021. L’album – son deuxième – a suivi presque naturellement, après un enregistrement record en trois jours…"

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    9 Vous revoilà, Gens de France

    Une réédition de l’ouvrage culte Gens de France fait une entrée surprise dans le classement de notre Top 10.  Voici un rappel pour cette réédition à marquer d'une pierre blanche.

    Vous revoilà gens de France.png"En ce mois de juin, ressort en librairie le mythique Gens de France et d'ailleurs de Jean Teulé. Il avait été publié une première fois à la fin des années 80, avant de connaître une réédition il y a un peu plus de 15 ans (éd. Ego Comme X).
    C’est aujourd’hui les éditions Fakir qui proposent de découvrir ou redécouvrir cet album, l’ultime album graphique de Jean Teulé, avant que celui-ci ne se lance avec succès dans le roman…"

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    8 Adrineh Simonian comme à la maison

    Attention les yeux ! Lorsque nous avons appris que la chanteuse lyrique Adrineh Simonian faisait une reconversion pour le moins osée dans le porno, avec un sérieux sens de l’engagement, il paraissait nécessaire de lui consacrer un article. Cela méritait assurément une étonnante chronique, particulièrement remarquée cette année.

    Arthouse Vienna.jpg"Cette information est sortie de manière relativement confidentielle il y a une dizaine de jours.
    Nous apprenions que la mezzo-soprano autrichienne Adrineh Simonian a choisi une reconversion inattendue, passant de l’univers feutré et bienséant de l’opéra pour celui, plus sulfureux du porno... féministe..."

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    7 Henintsoa, un jour ce sera elle

    En septième position, nous trouvons la chanteuse d’origine malgache Henintsoa, qui se faisait remarquer fin 2020 et en tout début d’année 2021 pour plusieurs titres. 

    Henintsoa.png"Coup de projecteur en ce début d'année sur Henintsoa, une des nombreuses espoirs de la jeune scène francophone.
    Celle-ci nous vient de Madagascar, même si si c’est à Paris qu’elle a fait ses premières armes, après être arrivée en France à 18 ans pour poursuivre des études supérieures. La chanson et sa voix l’ont fait sortir du lot, comme le prouvent  quelques concours de chants remportés (La truffe d'argent, Plus de talents ou la Moog Academy)…" 

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    6 Arbres-danseuses à Toulon

    Une exposition à Toulon a fait parler d’elle : elle a eu lieu cette année à la galerie Simona de Simoni et présentait des œuvres de Patricia Tozzi-Schmitzer. Il s'agit de la seule chronique sur une exposition classée dans le Top 10 de Bla Bla Blog. 

    Arbres danseuses.jpg"C’est à Toulon que l’on trouve la galerie Simona de Simoni, située en face de la Porte d’Italie. Celle qui en est l’initiative est Aliénor de Cellès, dont nous avions déjà parlé sur Bla Bla Blog. Cette artiste passée par le stylisme, la mode et les costumes de scène a choisi la peinture comme terrain d’expérience et de création. Le dernier exemple en date est celui de la galerie qu’elle a fondée au cœur de la Préfecture du Var…"

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    5 Cabaret batave

    En fin d’année, Bla Bla Blog vous faisait découvrir le nouveau show-woman de Martineke Kooistra. Un anniversaire, ça se fête. L’artiste d’origine néerlandaise le faisait en spectacle, avec un sérieux sens d’humour, tout en faisant découvrir le cabaret batave. 

    Cabaret batave.png"Martineke Kooistra célèbre son demi-siècle, et elle ne le fait pas à moitié !
    Cela se passe au Théâtre Essaïon les dimanches à 17 heures 30 jusqu’au 16 janvier 2022.
    Venu des Pays-Bas, l’artiste propose un show mariant le one-woman-show, le stand-up et le tour de chant, dans son univers très à elle…" 

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    4 "J’incarne en quelque sorte « la maîtresse d’école »"

    On aime Flore Cherry pour ses engagements, les événements qu’elle organise et son actualité artistique. Elle arrive au pied du podium de cette année, grâce à une interview menée à l’occasion de la dernière édition du salon de la littérature érotique.

    Flore Cherry.png"Flore Cherry a accepté de répondre aux questions de Bla Bla Blog à propos de son actualité. Il y a, pour commencer, sa pièce de théâtre Le plus beau jour (de votre vie). Mais il y a aussi le salon de la littérature érotique, de retour le 28 novembre, salon qu'elle organise avec la foi du charbonnier. Ou de la charbonnière. 
    Bla Bla Blog – Bonjour, Flore. Journaliste, rédactrice, entrepreneuse, animatrice, auteure… On ne t’arrête plus… A ce sujet, préfères-tu écrivain, écrivaine ou auteure ?  

    Flore Cherry – Je préfère que mon interlocuteur choisisse son propre vocabulaire, surtout. Si pour lui, un écrivain est une femme, c’est OK. Mais j’ai une petite corde sensible pour auteure. Avec un joli -e…"

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    3 La vie commence à 40 ans

    En troisième position du classement de cette année, la chanteuse Andrea Ponti prouve qu’il est toujours temps de faire le buzz. Elle se place remarquablement sur le podium de cette année. Cette médaille de bronze permet de refaire parler d'elle. 

    Andrea Ponti.png"Repérée sur les réseaux sociaux l’an dernier durant le Grand Confinement, Andrea Ponti sort cet été son single "Il était temps", composé et écrit par François Welgryn et William Rousseau.
    Ce marque la naissance d’une interprète qui, à quarante ans, se lance dans la chanson. "Enfin j’ose et je réalise mon rêve en me sentant tellement épanouie dans cette nouvelle aventure que je souhaite la plus aboutie possible. Enfin, comme jamais auparavant je me sens alignée, centrée, complète… à ma place", explique-t-elle…"

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    2 Thomas Pourchayre : "Je digère beaucoup de choses, et j'en oublie beaucoup"

    Une interview arrive en seconde position. Elle concerne Thomas Pourchayre, un auteur que nous avions chroniqué pour son dernier ouvrage, Ève et l’Ange. Pour l’interview qu’il nous a accordés, il fait partie des grandes vedettes de 2021. Mérité, bien sûr !

    Thomas Pourchayre.png"Après avoir parlé du singulier conte Ève et l’Ange de Thomas Pourchayre, nous avons voulu en savoir plus sur l’auteur. Il a accepté de répondre à nos questions.
    Bla Bla Blog – Bonjour, Thomas Pourchayre. Vous sortez aux éditions Abstractions un nouveau livre, Ève et l’Ange. Peut-on dire qu’il s’agit d’un ouvrage hybride ? 
    Thomas Pourchayre – Ah... ! "Récit / nouvelle" ou "poème" ? Je crois qu'il a une unité, ce texte. Il est très homogène dans sa forme, même si elle est effectivement spéciale. Mon roman en cours, par différence, est fait de fragments de différentes natures : on peut dire qu'il est hybride. Mais Ève et l’Ange, à mes yeux, devrait être vu comme relevant d'un genre à part, rare mais pas inédit. Il est peut-être plus proche du conte, même si son style est singulier pour un conte. Bref, renonçons aux classifications !…"

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    1 "Différenciation de la vitesse d’évolution intellectuelle"

    Et la grande gagnante des chroniques de Bla Bla Blog est une chronique inattendue sur - et c'est une nouveauté depuis que notre Top 10 existe ! - une publicité... Elle a été voulue par EDF et conçue par l’agence BETC/Havas. La vénérable entreprise publique a choisi de suivre Eva, croustillante et irrésistible looseuse magnifique. Un énorme coup de cœur, assurément !

    Differenciation de la vitesse.png"Parlons pub avec cet excellent spot proposé par EDF et l’agence BETC/Havas Paris, Eva et Violette. Le film a été réalisé par Réalité, de l’agence Big.
    La vénérable entreprise nationale d’électricité choisit l’humour et le contre-pied pour parler de son énergie vertueuse ("97 % sans CO2, grâce au nucléaire et aux énergies renouvelables")…"

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    Voir aussi : "Top 10 Bla Bla Blog 2020"

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  • Jésus, l'inconnu le plus célèbre du monde

    Parmi les figures majeures de l’histoire mondiale, celle de Jésus tient une place à part. Personnage-clé, homme fascinant mais à la carrière brève (au plus, trois années d’activités publiques qui ont attiré les foules), n’ayant jamais eu de pouvoir public ni laissé d’écrits directs, Jésus est le personnage de l’Antiquité le plus connu, avant même Socrate dont il partage certains traits communs. L'histoire de Jésus est aussi relativement bien documentée, avec des textes nombreux pour un homme de cette époque.

    Roland Hureaux, dans son essai Jésus de Nazareth (éd. DDB), revient aux sources principales que sont les Évangiles. L’auteur le fait avec rigueur, bien loin des lectures plus ou moins révolutionnaires qu’en ont fait avant lui d’autres essayistes. Disons-le : l’étude de Roland Hureaux, en choisissant de ne s’arrêter que sur les quatre Évangiles synoptiques (Luc, Mathieu, Marc et Jean), et en laissant de côté les écrits apocryphes, ne pouvait pas s’éloigner de la vision traditionnelle de celui qui a bouleversé l’histoire de l’humanité.

    De la même manière, le linceul de Turin se voit redéfini comme pièce à conviction, comme il l'il l'a été pendant des siècles, en dépit des analyses qui en ont été faites au carbone 14. L’auteur s’en explique d’ailleurs, comme il justifie son choix, à quelques exceptions près, de ne pas s’attarder sur les écrits apocryphes (Évangiles de Thomas, de Philippe, de Judas ou de Marie, Le Rapport de Pilate à l’Empereur ou Le Livre de la Résurrection), qu’il estime, sinon peu fiables du moins (trop) tardifs et souvent sous influence de la gnose, lorsqu’ils ne sentent pas "l’esprit romancé" (Histoire de l’Enfance de Jésus).

    C’est aussi l’occasion pour  Roland Hureaux de poser la question de l’appartenance ou non de Jésus aux Esséniens

    Là où Roland Hureaux se montre passionnant et novateur c’est dans son tableau d’Israël au Ier siècle : les généalogies de Jésus, ses parents, sa naissance (qui est assez peu discutée aujourd’hui, à savoir en -4) et surtout la société et la politique de l’époque. L’écrivain met aussi en perspective la carrière de Jésus avec les écrits de l’Ancien Testament qui auraient annoncé sa venue. Le lecteur de 2021 découvrira les mouvements politico-religieux de cette époque : pharisiens, zélotes, sadducéens, esséniens et tous ces groupes inféodés ou non à l’envahisseur romain. C’est aussi l’occasion pour  Roland Hureaux de poser la question de l’appartenance ou non de Jésus aux Esséniens. Sa réponse pourrait bien surprendre aux entournures.

    Après un portrait de l’homme Jésus, dont les qualités sont développées, suit une partie importante sur sa prédication, assez courte comme nous l’avons dit. Plutôt que la chronologie, l’essayiste préfère prendre des thématiques en s’appuyant sur de nombreux extraits des quatre Évangiles : le retour aux lois juives, la sagesse, les paraboles ou la place de l’argent. Une autre question, complexe, est posée : quel Messie Jésus est-il ? Une autre partie est consacrée aux miracles, sans toutefois que l’auteur ne tranche sur leur véracité ou non, pas plus qu’il ne le fera plus tard en parlant de la résurrection.

    Plus étonnant, Roland Hureaux s’arrête sur le personnage de Paul, qu’il identifie dans une des scènes. L’organisation de Jésus est également décrite avec soin dans un long chapitre, faisant clairement apparaître un embryon de mouvement organisé.

    Les deux dernières parties de l’ouvrage, en se consacrant à l’arrestation et à l’exécution de Jésus, font clairement apparaître les responsabilités des notables juifs comme des Romains, dont la cruauté est soulignée et mise en perspective. L’arrêt brutal de la prédication de cet homme mystérieux qu’est Jésus fait dire ceci à Roland Hureaux : "Que Jésus ait été trahi par un des siens [Pierre] puis abandonné par tous ses apôtres sauf un [Jean], montre d’abord la fragilité de l’œuvre qu’il avait tenté d’édifier au cours des quelques mois de sa vie publique". Lorsque Jésus est exécutée, de la pire manière qu'il soit, le mouvement de prédication qu'il a initié semble promis à disparaître. On connaît la suite.

    Roland Hureaux, Jésus de Nazareth, roi des juifs, éd. Desclée de Brouwer, 2021, 576 p.
    https://www.editionsddb.fr/livre/fiche/jesus-de-nazareth-roi-des-juifs-9782220092034

    Voir aussi : "La disparition d’un curé de campagne"
    "Dante, voyage au bout de l'enfer"
    "Approcher Marie Noël"

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  • Les sports urbains en beau livre

    Larousse propose pour cette fin d’année un très beau livre que les fans de sports, et plus spécialement de sports urbains, vont absolument vouloir pour leur bibliothèque. FISE, Le meilleure des sports urbains est un album collector d'une belle qualité.

    La vénérable maison d’édition Larousse propose, sous la direction de Carine Girac-Marinier une présentation du Festival International des Sports Extrêmes (FISE) suivie d’une sélection de 125 photographies spectaculaires captées en France, en Europe et dans le monde.

    Les sports extrêmes concernent le BMX Freestyle Park et flatland, le skateboard, le Mountain Bike, le roller freestyle, la trottinette, le Parkour, le wakeboard ou le breaking.

    On voyage, on frissonne et on transpire pour ces athlètes, sportifs souvent méconnus, qui défient les lois de la gravité dans des prestations toutes aussi impressionnantes les unes que les autres. 

    On voyage, on frissonne et on transpire pour ces athlètes qui défient les lois de la gravité

    En 1997 Hervé André Benoit encore étudiant et passionné de sports de glisse, décide de créer le FISE dans le cadre de son projet de fin d'année. L'événement fait une entrée très remarquée dans le monde des sports alternatifs avec près de 100 riders et 35 000 spectateurs présents durant 3 jours consacrés aux sports urbains dits "extrêmes". En 2014 le concept s'internationalise en prenant la forme d'une tournée mondiale dénommée FISE World Series.

    La tournée du FISE commence à Montpellier avant de se poursuivre à Hiroshima au Japon, à Edmonton (Canada) et se termine à Chengdu en Chine. Le BMX Freestyle Park a fait son apparition aux JO de Tokyo en 2021, avec une épreuve masculine et une épreuve féminine.

    L’ouvrage collectif proposé par les éditions Larousse est un moyen de découvrir ces sports extrêmes et urbains, via des photographies intenses et captant au plus près l’exploit de ces athlètes hommes ou femmes, à la fois casse-cous, techniques et passionnés. 

    FISE, Le meilleure des sports urbains, éd. Larousse, 2021, 208 p.
    https://www.editions-larousse.fr/livre/fise-le-meilleur-des-sports-urbains-9782036013834
    https://www.fise.fr/fr

    Voir aussi : "Des héros à l’infini"

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  • L’érotisme en littérature à l’honneur le week-end prochain

    Il y a quelques jours, pour une interview accordée à Bla Bla Blog, Flore Cherry nous avait parlé du Salon de la littérature érotique qu’elle organise tous les ans depuis 2016.

    Cette année marque le retour de la 5e édition (la crise sanitaire est passée par là) d’un événement qui met à l’honneur, et de manière sexy, la littérature.

    Ce salon a été pensé comme un lieu de rencontres avec des auteurs tout autant qu’un univers qui incite le participant à s’impliquer et à devenir lui-même acteur de l’événement par des défis d’écriture érotique (chaque auteur possède sa propre contrainte), des happenings, des animations, des conférences-débats et des cadeaux à gagner.

    Cette année, le salon peut se targuer d’avoir pour invitée vedette Maïa Mazaurette. La chroniqueuse chez Quotidien (TMC), France Inter et au Monde a fait de la sexualité son sujet de prédilection dans tous ses écrits. Elle est considérée aujourd’hui comme la journaliste sexo n°1 en France.

    Le salon peut se targuer d’avoir pour invitée vedette Maïa Mazaurette

    Parmi les autres invitées de marque, mentionnons aussi Dora Moutot, créatrice du compte @tasjoui (500k abonnés), et pionnière des comptes sexo sur Instagram. Son livre Mâle-baisées s’est très vite hissé en tête des ventes françaises. Bebe Melkor-Kadior est une performeuse et afro-féministe qui a signé avec Balance ton corps un manifeste pro-sexe qui est très vite devenu une référence pour toutes celles qui tiennent à user de leur corps comme elles l’entendent.

    Vous l’aurez deviné, ce sont les femmes qui sont les voix puissantes de l’érotisme aujourd’hui, ce que Flore Cherry confirme en interview. Parmi les autres artistes, mentionnons aussi Ivo Da Silva, Valérie Hervo, Rita Perse, Julie-Anne de Sée, Soisic Belin, Chloé Saffy, Zoé Vintimille, Eva Delambre, La rockeuse Julia Palombe, Sonia Saint-Germain, Vera Mar ou Manon (@lecul_nu).

    Le public pourra assister à des conférences et des débats autour des conseils pour écrire des livres érotiques (Emmanuel Jay de l’Atelier Eros, Eva Delambre ou Anne Hautecoeur et Sophie Rongiéras, éditrices à La Musardine), réfléchir sur l’aspect politique et social de l’érotisme (Bebe Melkor Kadior, Dora Moutot, Lucile Bellan, Julia Palombe) ou encore faire le plein de sextoys avec Quentin Bentz du spécialiste Lelo.

    Rendez-vous est pris donc pour aller faire un tour au salon littéraire le plus sexy du monde.

    Salon de la littérature érotique, La Bellevilloise, 19-21 rue Boyer, Paris 20e 
    Dimanche 28 novembre 2021, de 15Hà 21H
    https://www.facebook.com/events/910758633131686

    Voir aussi : "J’incarne en quelque sorte « la maîtresse d’école »"
    "Polissonne, mais pas que"
    "Le salon le plus sexy du monde s’apprête à débarquer à Paris"

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  • Thomas Pourchayre : "Je digère beaucoup de choses, et j'en oublie beaucoup"

    Après avoir parlé du singulier conte Ève  et l’Ange de Thomas Pourchayre, nous avons voulu en savoir plus sur l’auteur. Il a accepté de répondre à nos questions.

    Bla Bla Blog – Bonjour, Thomas Pourchayre. Vous sortez aux éditions Abstractions un nouveau livre, Ève et l’Ange. Peut-on dire qu’il s’agit d’un ouvrage hybride ? 

    Thomas Pourchayre – Ah... ! "Récit / nouvelle" ou "poème" ? Je crois qu'il a une unité, ce texte. Il est très homogène dans sa forme, même si elle est effectivement spéciale. Mon roman en cours, par différence, est fait de fragments de différentes natures : on peut dire qu'il est hybride. Mais Ève et l’Ange, à mes yeux, devrait être vu comme relevant d'un genre à part, rare mais pas inédit. Il est peut-être plus proche du conte, même si son style est singulier pour un conte. Bref, renonçons aux classifications !

    BBB – Pourquoi ne pas avoir choisi la voix du roman et vous être mis en danger dans ce conte moderne ? 

    TP – Parce que chaque œuvre prend sa forme, et celle-ci a vraiment pris joyeusement celle-là. Cela faisait quelques temps que je faisais des haïkus d'humour noir avec un ange pour personnage. Cette histoire est un haïku qui a eu envie de respirer un peu plus longtemps que les autres (rires)... sans aller tout de même jusqu'au roman. Eve et l'Ange est un peu une nouvelle ; ce qui caractérise la nouvelle, c'est la chute, et la chute de l'Ange, cela fait sens. Tout cela est si cohérent (rires).

    BBB – Ève et l’Ange commence de manière prosaïque avec le départ d’une jeune femme – Eve – du domicile de son père – que l’on ne nomme pas mais que l’on identifie bien. C’est une lecture finalement très patriarcale de la Genèse. Est-ce ainsi que vous l’avez toujours considérée – patriarcale ?

    TP – J'ai une distance certaine avec la religion et j'espère aussi avec le patriarcat... par contre je suis plutôt joueur. Je prends des éléments, je les "échappe" de leur cadre comme je les éloigne des références du lecteur. La dose d'ironie n'en est que plus grande. Tout cela est à prendre hors du champ religieux, vraiment, et en même temps je reconnais avec jubilation le caractère ambivalent de mes choix : cela renforce le pied de nez ! La scène initiale installe les choses. Tout cela est très actualisable hors des tableaux classiques de la religion ou du patriarcat, il me semble : un parent veut le meilleur pour sa progéniture, espère un petit ange qui volette au-dessus de son chemin, espère lui apprendre tout le nécessaire en espérant ainsi influencer positivement sa vie, ou au moins son début... Mais en réalité on ne maîtrise pas grand-chose de ce qui arrive et toute tentative de contrôle amène tôt ou tard à une échappée. Là, la jeune femme s'échappe dès le démarrage, et finalement très en douceur.  

    BBB – Il y a cette Eve, une figure féminine incroyable d’aplomb, très libre aussi. Bien différente finalement de l’Eve de la Genèse. Comment l’avez-vous imaginée ? 

    TP – Les deux personnages se sont façonnés ensemble dans le dialogue. Par jeu, envie, tentation, mais par rejet aussi, car chacun a une certaine idée préconçue de ce qu'il lui faut...  C'est effectivement très différent de l'Eve de la Genèse, née de la côte d'Adam ! Ici ils sont l'un pour l'autre comme la poule et l’œuf !

    BBB – Vous prenez au mot l’expression "sexe des anges". D’où vous est venue l’idée de faire intervenir un ange dans votre récit ? Que représente-t-il ? 

    TP – Il y a un double point de départ. D'une part le sujet de la gravité, on y reviendra plus loin... Mais on conçoit assez simplement que l'ange est un personnage idéal pour la défier, cette gravité, quoiqu'elle représente ! L'autre point de départ ce sont mes jeux d'écriture, mes haïkus d'humour noir qui me venaient depuis un certain temps. 

    "Cette histoire est un haïku qui a eu envie de respirer un peu plus longtemps que les autres"

    BBB – Vous pratiquez l’art du télescopage dans votre manière de conter votre historie : textes sacrés, scènes réalistes, surréalisme également. On vous imagine nourri à beaucoup d’influences. Lesquelles ? 

    TP – Je digère beaucoup de choses, et j'en oublie beaucoup... Mais je suis persuadé qu'il en reste toujours une trace au fond de moi, sans que je puisse la décrire ! Je suis très loin des textes sacrés à titre personnel, je n'ai qu'un lien avec la religion. Il n'est pas anodin, même s'il est très distancié. C'est l'architecture. J'ai toujours été fasciné par les constructions religieuses, notamment de la période romane. Dans une église romane je me sens spirituellement libre (c'est beaucoup moins vrai dans les périodes ultérieures). Et puis si vous commencez à regarder les détails architecturaux, les motifs... vous découvrez surtout de l'humain. Telle ou telle figure, chimère ici ou là, mettent en scène un réel très prosaïque à côté de représentations qui relèvent parfois du surréalisme avant l'heure.  Au-delà, je vais dire que je me nourris beaucoup, avec autant de tendresse que d'énervement, du quotidien. Et évidemment, je révère Boris Vian et Beckett. Je ne sais pas ce qui rejaillit le plus ici.

    BBB – Le sous titre de votre livre est "La gravité négociable". Quelle est cette négociation dont vous parlez ? 

    TP – Ah ! Je suis très heureux que vous me questionniez là-dessus. Je resterai un peu elliptique pour pas être rasoir et moraliste. Montesquieu disait que "la gravité est le bonheur des imbéciles". La gravité est une des composantes les plus agaçantes du grand théâtre de l'époque, et de toutes les époques. Sans oublier notre petit théâtre intérieur. On est si grave avec soi-même, parfois... La gravité est quelque chose de factice, c'est une posture pour mimer l'émotion, le respect, la hauteur, l'importance, le pouvoir. Une façon de négocier avec les mirages... pardon pour le jeu de mots, mais je ne le crois pas illégitime ici. Là, je suis passé de sujet de la gravité tout court au sujet de la gravité terrestre, puis de la gravité terrestre à l'attraction des corps... On paraît s'éloigner du sujet initial mais la métaphore en garde quelque chose, il me semble. L'ange est la figure idéale pour démontrer à quel point la gravité est un artifice, voyez : même un ange prend plaisir à tomber, mais aussi à remonter. C'est sa façon de négocier. Sans mirage. Cherchons l'élévation autant que la chute. Ce sujet de la gravité, je m'en aperçois, est assez présent, chez moi. Mon premier recueil*, sur un tout autre sujet, partait d'une posture assez grave en regard du monde saturé dans lequel nous vivons... pour tout désosser.

    BBB – Pouvez-vous nous dire comment vous travaillez avec votre éditeur mais aussi avec l’illustrateur, Jean-Christophe Stauder, qui a conçu la couverture de l’ouvrage ? 

    TP – J'ai connu Quentin (mon éditeur) dans le cadre d'un projet qui lui tient à cœur, de longue date maintenant : un recueil collectif pour commémorer les événements de Stonewall aux US, emblématiques des luttes de la communauté LGBT. J'y ai participé. Finalement il a décidé de se lancer aussi dans l'aventure de la création d'une maison d'édition, d'y publier cette anthologie, et en parallèle il a fait l'erreur de me demander des manuscrits (je l'entends rire d'ici en lisant ces lignes).  Jean-Christophe c'est tout différent. Il m'a contacté dans le cadre d'un projet que je mène avec des amis... la création d'une  maison d'éditions un peu particulière**. Il avait été séduit par le projet, se proposait comme illustrateur si toutefois nous avions l'intention d'y avoir recours. Quand Quentin m'a dit « banco » pour Eve et l'Ange, il m'a demandé de réfléchir à la couverture... et je n'ai pas réfléchi longtemps : j'avais vu le travail à l'encre de Jean-Christophe, et c'était une évidence absolue. Je l'ai contacté, lui ai fait lire mon texte... Il a dit « banco » aussi. Jean-Christophe m'a fait beaucoup de propositions très séduisantes mais celle qui a atterri finalement en couverture présentait un parfait équilibre et un écho très précis au moment de la rencontre d'Eve et de l'Ange, au début de l'histoire.

    BBB – Quels sont prochains projets après ce livre ? 

    TP – Je suis très chanceux et occupé. Il y aura dans quelques semaines, toujours aux éditions Abstractions, un recueil de poésie assez consistant. Il s'appelle Du Chaos et de la bonne Digestion des Choses. Il traite, pour faire court, de l’ego et du passage à l'acte. Je finis un roman, aussi, en prenant mon temps... Et j'ai par ailleurs quelques pistes d'écriture, dont une avec l'artiste Juliette Choné. Sinon, comme je l'indiquais j'amorce une vie d'éditeur associatif et furtif. Les éditions du Facteur Galop publieront leurs trois premiers livres à semer en cette fin d'année, et l'intention est de relancer la machine assez vite ensuite pour publier une seconde série de publications. Pour finir, je me suis lancé avec une amie, Julie Renauld, dans un podcast littéraire*** ; j'ai été un peu le cobaye, on a enregistré les premiers épisodes autour de textes à moi. Ça a permis de se caler, de trouver le ton. On commence maintenant à s'ouvrir à d'autres auteurs (Florentine Rey et bientôt Estelle Dumortier). Mais ça va, j'ai encore un peu de temps pour dormir...

    BBB – Merci. 

    TP – Merci !

    * Le Dernier Livre du Monde, éditions Gros Textes
    ** Les éditions du Facteur Galop, www.editionsfacteurgalop.org
    *** Rue Poivre, www.ruepoivre.com 

    Thomas Pourchayre, Ève et l’Ange ou la Gravité négociable,
    éd. Abstractions, 2021, 63 p.

    www.editions-abstractions.com

    Voir aussi : "Un ange passe"
    "Ça caille les belettes"

    Illustration : Jean-Christophe Stauder, La Beauté sort du chaos, créée pour Ève et l’Ange ou la gravité négociable,
    encre du Japon et lavis. 15 cm x 20 cm. 2021

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  • "J’incarne en quelque sorte « la maîtresse d’école »"

    Flore Cherry a accepté de répondre aux questions de Bla Bla Blog à propos de son actualité. Il y a, pour commencer, sa pièce de théâtre Le plus beau jour (de votre vie). Mais il y a aussi le salon de la littérature érotique, de retour le 28 novembre, salon qu'elle organise avec la foi du charbonnier. Ou de la charbonnière. 

    Bla Bla Blog – Bonjour, Flore. Journaliste, rédactrice, entrepreneuse, animatrice, auteure… On ne t’arrête plus… A ce sujet, préfères-tu écrivain, écrivaine ou auteure ?  
    Flore Cherry – Je préfère que mon interlocuteur choisisse son propre vocabulaire, surtout. Si pour lui, un écrivain est une femme, c’est OK. Mais j’ai une petite corde sensible pour auteure. Avec un joli -e.

    BBB – Ta dernière actualité c’est une pièce de théâtre, Le plus beau jour (de votre vie), au Sweet Paradise. J’imagine que c’est une grosse satisfaction en tant qu’auteure mais aussi créatrice d’événements.  Quel bilan peux-tu déjà faire de l’accueil de cette pièce ? 
    FC – Très bon ! Nous avons d’excellents retours sur Billetsreduc, le site de réservation pour les pièces de théâtre – et nous sommes pratiquement complets chaque soir. C’est une vraie surprise car c’est toujours difficile d’attirer les foules dans un nouveau lieu, il faut faire ses preuves, redoubler d’efforts. Mais grâce à l’excellent metteur en scène Arthur Vernon, la mayonnaise s’est montée et  le texte a pris une saveur supplémentaire.

    BBB – La suite logique pourrait-elle être un roman ?
    FC – Tout à fait ! Suis-je si prévisible que ça ? Un roman est prévu pour une sortie le 6 janvier 2022 à la Musardine. Son titre ? Matriarchie. Des femmes qui prennent le pouvoir, bien sûr. Avec des scènes érotiques dedans.

    BBB – Le 28 novembre a lieu une nouvelle édition du Salon de la Littérature érotique, que Bla Bla Blog a soutenu dès la première année. Où aura-t-il lieu et qu’est-ce qui est prévu pour ce salon ? 
    FC – Il se déroule cette année à la Bellevilloise, comme chaque année, une vingtaine d’auteurs seront présents, ainsi qu’une bonne dizaine de conférences et d’animations. Au sein du salon de la littérature érotique, les participants ne sont pas juste des simples spectateurs mais sont également invités à s’investir, à jouer, à oser à travers des défis d’écriture érotique…

    "La drague, c’est comme le sexe. Si ça fait mal, c’est qu’il y a un problème"

    BBB – Où en est aujourd’hui, d’après toi la littérature érotique ? J’ai d’ailleurs l’impression que ce sont les femmes qui se démarquent le plus. 
    FC – Il y a en effet un gros regain d’intérêt de la part des plumes féminines ces dernières années ! Avec 50 Nuances de Grey, je pense qu’elles se trouvent plus légitimes à poser des mots sur leurs désirs, à décrire des situations qu’elles aimeraient vivre, vraiment. Je trouve que c’est un formidable pas féministe. 

    BBB – Quelles auteures te semblent d’ailleurs les plus intéressantes ? 
    FC – Maïa Mazaurette, bien sûr ! Ses livres sont des pépites de justesse, son écriture est souvent très enjouée, joyeuse, documentée. Dora Moutot également, même si son livre n’est pas érotique – il parle de l’érotisme et invite les femmes comme les hommes à une nouvelle réflexion au lit. Valérie Hervo également qui a signé Les Dessous des Chandelles, une plongée très intime dans le commencement des Chandelles, le club libertin le plus connu de France. 

    BBB – Quels sujets ou thèmes aimerais-tu voir aborder dans la littérature érotique ?  
    FC – Pour ma part, j’essaie de concilier féminisme et érotisme. Je pense que c’est le grand enjeu de ces prochaines années : trouver de nouvelles narrations sur nos sexualités, sans rapport de pouvoir, sans mépris, sans violence. 

    BBB – Je ne peux pas ne pas te demander de nous parler de ces ateliers polissons. Peux-tu nous parler de ces lieux de rencontres pas tout à fait comme les autres ? 
    FC – Cela fait maintenant sept années que j’organise ces événements qui m’animent toujours avec autant de joie ! J’incarne en quelque sorte "la maîtresse d’école", je donne des interros, des bons points, des exercices… les participants jouent de bon cœur à mes défis. Et repartent avec des cadeaux. Nous découvrons l’univers d’un auteur à chaque session. C’est vraiment un bon moment !

    BBB – Lors d’une rencontre il y a plus de trois ans, et quelques mois après le déclenchement de l’affaire Weinstein et du début de #MeToo, tu avais dit être consciente que certains hommes risquent, suite au coup de tonnerre de l'affaire Weinstein et du phénomène de société #MeToo, de réfléchir à deux fois avant de se lancer dans une drague trop insistante. Avec le recul, dirais-tu la même chose aujourd’hui ? 
    FC – Oui, tout à fait. Je pense que la drague hétéro a été remise en question en 2018 brutalement, et qu’elle l’est toujours aujourd’hui. J’ai écrit Osez draguer un mec… pour offrir une alternative à cette drague masculine gênante, parfois intrusive, parfois ringarde quand l’homme se sent obligé de rouler des mécaniques alors qu’il manque de confiance en lui, parfois compétitive entre hommes… Comme si la drague masculine était quelque chose qui pouvait se résumer à "importuner", "conquérir", "insister". La drague, c’est comme le sexe. Si ça fait mal, c’est qu’il y a un problème. Au final, quand les femmes font le premier pas, on observe une séduction de bien meilleure qualité (pour celles qui osent et qui en ont envie).

    BBB – On sent chez toi l’envie de dédramatiser le sexe, si c’est encore possible, et d’en parler sous l’angle des étudiants et étudiantes, des parents ou de la business girl. Avons-nous encore tant à apprendre en 2021 sur le sexe ? 
    FC
    – Je pense qu’il y a eu une véritable révolution de la parole et de l’éducation autour du sexe, et que cela a fait beaucoup de bien à tout le monde, aux étudiants, aux jeunes parents, aux femmes actives… Je pense qu’il y a des choses qui s’apprennent – mais aujourd’hui beaucoup de médias, de livres et de comptes sur les réseaux sociaux s’expriment à ce sujet ! Et c’est super !

    BBB – Après le salon de la littérature érotique, quels sont tes autres projets ?  
    FC
    – 6 janvier 2022. Matriarchie. Mon premier roman ! Affaire à suivre…

    BBB – Merci, Flore.
    FC – Merci à toi !

    https://m.facebook.com/flore.cerise
    https://www.union.fr

    Voir aussi : "Au-delà de cette limite, votre bracelet n'est plus valable"
    "Union TV : un nouveau média pour une nouvelle révolution sexuelle"
    "Polissonne, mais pas que"
    "La vie (sexuelle) des jeunes"

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  • Un ange passe

    Les deux personnages de ce conte moderne sont ceux du titre : Ève et l’Ange. Le court récit de Thomas Pourchayre publié aux éditions Abstractions met en scène les deux êtres les plus improbables qui soient, embarqués dans une histoire d’amour qui les surprend eux-même.

    Ève et l’Ange commence par l’évocation de la chute du paradis terrestre – en l’occurrence un foyer familial – ou plutôt patriarcat :  un père "attend sa fille son joyau majeure", telle une princesse de conte de fée. Mais elle tarde et ne reviendra pas : le père "attend longtemps… sa fille première fois ce soir-là s’est envolée".

    À partir de là commence l’histoire : celle d’une rencontre surréaliste entre cette Eve, irrésistible et assoiffée de vie ("La poitrine aboie / soudaine et gonflée") et un ange, "un ange... mais pas selon l’idée que les gens s’en font", précise l’auteur plus loin dans son livre. Cet être, comme sorti de l’enfance, découvre sa sexualité, qui est aussi la fin d’une forme d’innocence : "Mais où est passé la vierge à l’enfant / de mon enfance !" L’auteur avance aussi cet argument : cet ange est "descendu sur Terre pour éprouver [son] caractère et fortifier [ses] ailes." Mais aussi autre chose, serions-nous tentés de préciser.

    Il sera, par la suite, question  d’un jardin, de pomme aussi - mais pas de serpent, son rôle de tentateur étant endossé par l’ange, "le chaînon manquant", aussi crédule que fasciné par cette rencontre improbable mais qui promet de faire des étincelles : "Que viennent faire des anges qui passent / dans les moments d’intimité, hein ? / à qui s’en plaindre de toute façon ?" Une autre question se montre beaucoup plus directe : "Quelle femme voudrait d’ailes dans un lit ? / De clochettes contre ses cuisses ?"

    Thomas Pourchayre pratique l’art du télescopage dans ce conte surréaliste

    Thomas Pourchayre pratique l’art du télescopage dans ce conte surréaliste mêlant textes sacrés, souvenirs d’enfance, humour et saynètes prosaïques, telle la séquence de la terrasse de café, la découverte comique de l’appartement d’Ève ou des scènes d’intérieur que l’on croirait sorti de n’importe quelle émission de télé-réalité : Ève "s’installe dans le fauteuil velours velours / tambour d’attente / et feuillette un magazine féminin."

    Thomas Pourchayre se fait poète tout autant que disciple de Boris Vian dans sa manière de convoquer dans son récit des personnages singuliers, telle celle-ci : "Une femme pleure au clair de lune / car son lanceur de couteaux de mari, raconte-t-elle / trouve qu’elle n’a plus un physique aussi affûté qu’avant…"

    L’auteur a fait le choix de vers pour son récit mêlant poésie, religieux et érotisme, non sans de brillants aphorismes : "Les angélismes peuplent le monde / de diables forcenés, / de diables consternés tous moralistes". 

    Thomas Pourchayre, Ève et l’Ange ou la gravité négociable , éd. Abstractions, 2021, 63 p.
    www.editions-abstractions.com 

    Voir aussi : "Les loups sont entrés dans Paris"
    "Ça caille les belettes"

    Illustration :Jean-Christophe Stauder, La Beauté sort du chaos, créée pour Ève et l’Ange ou la gravité négociable,
    encre du Japon et lavis. 15 cm x 20 cm. 2021

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  • En attendant les jours meilleurs

    Sorti en 2014,  La Tête de l’Emploi de David Foenkinos (éd. J’ai lu) appartient à cette catégorie de romans coutumiers de l’auteur de La Famille Martin : une comédie douce-amère s’intéressant à des personnages ordinaires, des "invisibles" à la vie terne et sans aspérités. Ils pourraient être nos voisins ou des membres de notre famille qu’on finit par ne plus remarquer.

    Notre "héros", qui s’exprime à la première personne comme beaucoup de romans de Foenkinos, s’appelle Bernard. Il travaille dans une banque – la BNP – comme conseiller financier et est bien décidé à y rester jusqu’à la retraite.

    Dans sa vie privée, Bernard est marié avec Nathalie depuis plus de 20 ans. Ils ont eu une fille, Alice, partie vivre au Québec à l’âge de vingt ans. Lorsque le roman commence, Bernard a cinquante ans. Sa vie est un long fleuve tranquille, même si le lecteur devine derrière ce personnage, une faille qu’il aborde ainsi à l’ouverture de son récit : "Un jour, mes parents ont eu l’étrange idée de faire un enfant : moi".

    Ces parents, qui "auraient fait de bons personnages de roman", il en sera question plus tard dans le roman, lorsque Bernard aura commencé une descente aux enfers, descente qui commence par l’annonce par sa femme qu’elle souhaite qu’ils se séparent. Une séparation temporaire, juge d’abord le mari refroidi, qui le contraint à prendre une chambre d’hôtel. Mais comme souvent, le temporaire peut vite devenir définitif. Cette chambre est située non loin de son lieu de travail, et c’est justement là qu’a lieu la suite de son aventure tragi-comique. 

    Bernard entend bien sauver les apparences

    Son chef, Laperche, un de ces personnages de bureau machiavéliques et pervers – au sujet duquel il faudra bien  qu’une étude soit pour l’œuvre de Foenkinos – contraint le conseiller bancaire à occuper à mi-temps le guichet d’accueil pour remplacer une employée qui a été licenciée afin "d’alléger la masse salariale". Ce déclassement qui ne dit pas son nom va avoir de sérieuses conséquences professionnelles après sa crise de couple ("J’avais le sentiment que les trente dernières années de ma vie venaient d’être réduites à néant"). La seule issue de Bernard est de revenir vivre chez ses parents, un couple aussi déprimant que lui, aussi radin qu’ennuyeux. Mais Bernard entend bien à la fois sauver les apparences (sa fille ne doit surtout pas être au courant de sa déchéance) et rebondir, en attendant des jours meilleurs.

    On retrouve dans ce roman sorti il y a moins de 10 ans toutes les qualités de la plume de David Foenkinos : un style léger et virevoltant, le parti pris d’assumer sans rougir des histoires de gens ordinaires, et avec tout cela de l’humour, grinçant parfois lorsque Bernard retourne chez ses parents et constate qu’il redevient à à cinquante ans un adolescent infantilisé.

    Héros ordinaire, personnage a priori falot et ennuyeux, Bernard parvient tout de même à se rendre attachant lorsque, notamment, il brise son armure lors d’une soirée mémorable avec ses parents et leurs voisins. Les personnages secondaires s’effacent derrière cet homme aussi peu-moderne (il avoue qu’il aurait plus sa place en 1982 qu’en ce début de millénaire) qu’adepte de la routine mais que des circonstances extérieures mettent au pied du mur.

    On le devine : David Foenkinos va lui trouver un nouveau but improbable dans sa vie. Grâce à une femme, bien entendu. 

    David Foenkinos, La Tête de l’Emploi, éd. J’ai lu, 2014, 286 p.
    https://www.facebook.com/david.foenkinos
    http://www.gallimard.fr
    @DavidFoenkinos

    Voir aussi : "David Foenkinos, son œuvre"
    "Qui nous protégera du bonheur ?"
    "Anti fiction"

     

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