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Livres et littérature - Page 32

  • Amandine Deslandes : "Je pense que l’on a fait de Simone Veil une icône féministe contre sa volonté"

    Nous avions parlé il y a quelques semaines de la biographie de Simone Veil par Amandine Deslandes. Cet ouvrage passionnant sur une femme politique exceptionnelle à plus d'un tire méritait que l'on s'y attarde de nouveau. Une interview d'Amandine Deslandes s'imposait. L'auteure de Simone Veil, Mille Vies, Un Destin (éd. City) a bien voulu répondre à quelques questions.

    Bla Bla Blog – Bonjour Amandine. Vous êtes l’auteure d’une biographie sur Simone Veil. Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans cette entreprise, que l’on imagine ardue ? 
    Amandine Deslandes – Je dois avouer que j’ai toujours voulu écrire, et secrètement rêvé d’être publiée. Alors, j’écrivais, sans trop en parler à personne, à part mon associé, qui est également mon compagnon dans la vie. Nous avons eu l’occasion de rencontrer dans le cadre de notre travail un membre de City Éditions. Ils ont une partie de leur activité spécialisée sur les biographies et les témoignages. Alors, nous nous sommes mis en quête d’un thème. Avec le tournage d’un film biopic, nous avons choisi d’écrire sur Madame Veil. Je me suis très vite éprise du sujet, à la fois sur les sujets en lien avec la protection sociale et sur la question du droit des femmes. C’était si naturel de raconter cette grande dame ! C’est vrai que c’était du sport d’écrire en seulement trois mois, surtout avec ma vie professionnelle en parallèle, mais c’était aussi très galvanisant !

    BBB – Quelles ont été vos sources ? 
    AD – L’écriture de cette biographie a nécessité un très gros travail de recherche. J’ai d’abord lu tous les ouvrages parus sur sa vie. Ensuite, il s’est agi de compiler des archives. Aujourd’hui avec les moyens dont on dispose, l’accès à l’information est facilité. J’ai regardé les vidéos archives de l’INA, comme les anciens débats télévisés ou encore Le Divan d’Henri Chapier, puis lu de très nombreux articles, dans Paris Match, Le Figaro, Le Monde, Le Point, et tant d’autres. J’ai également écouté des podcasts parus au moment de sa disparition. J’ai beaucoup travaillé à base de photos ou encore de cartes pour me représenter les lieux et les personnes, et pouvoir les décrire avec justesse. Je dirais en fait que, le plus difficile, c’est presque de savoir arrêter les recherches ! 

    BBB – Le lecteur sera sans doute surpris de voir que la période de sa vie la plus sombre, celle de la déportation, fait l’objet d’une vingtaine de pages alors qu’il s’agit d’une période capitale dans sa vie. Est-ce par manque de sources ? 
    AD – Je ne crois pas que cela soit le sujet. Je crois avoir trouvé ce dont j’avais besoin pour travailler cette partie terrible de sa vie. Toutefois, cela a, proportionnellement à la durée de sa vie, représentée, certes une période très sombre, mais relativement courte. Je ne voulais pas non plus la résumer à sa judéité. Cela ne me semblait pas la définir, et encore moins être conforme à ce qu’elle aurait probablement souhaité.  

    BBB – Simone Veil semble avoir d’ailleurs longtemps été discrète cette période. 
    AD – C’est une horreur. Je crois que personne n’est à même de comprendre la réalité de ce que les déportés ont vécu. Cela a été très dur pour moi d’écrire sur le sujet, et aujourd’hui quand j’en parle, j’ai toujours la gorge qui se noue. Alors, quand on l’a vécu, je n’ose même pas imaginer. Elle a vécu un traumatisme terrible, et je crois qu’elle n’avait pas envie d’être réduite à cela, ce qui ne l’a pas empêché bien au contraire d’œuvrer pour le devoir de mémoire. 

    "Le plus difficile, c’est presque de savoir arrêter les recherches !"

    BBB – À la lecture de votre biographie, il apparaît contre toute attente que c’est la loi sur l’adoption sur laquelle elle a travaillé qui est sa plus grande fierté. Avez-vous vous-même été surprise par son regret que ce ne soit pas cette loi qui porte le nom de « Veil » mais la loi sur l’IVG ?
    AD – Il me semble qu’elle n’était pas, en son for intérieur, pro-avortement. Elle pensait cependant qu’il s’agissait d’une question de santé publique et de droit. Il était indispensable pour elle de mettre fin à cette hypocrisie de société et de permettre une réelle avancée en matière des droits de la femme. Toute sa vie, elle a œuvré à la défense du droit de l’être humain. Je crois qu’elle aurait aimé que la loi sur l’adoption porte son nom, elle la considérait comme un bel aboutissement de son travail de juriste.

    BBB – N’y a-t-il pas une énigme "Simone Veil" ? Et cette femme d’un milieu bourgeois plutôt conservateur qui donne naissance à l’une des plus grandes révolutions sociétales du XXe siècle ? 
    AD – Je ne pense pas que l’on puisse réduire Simone Veil à un simple paradoxe de société. Elle était certes d’un milieu bourgeois et mondain, mais elle avait une forme de rébellion en elle. C’était un esprit libre. Elle était capable de se fondre dans le Tout-Paris tout autant que de s’emporter contre une injustice criante. Elle cherchait en toute chose un équilibre en rejetant les clivages partisans. Je crois que c’est la marque de fabrique de son engagement, et c’est un point dans lequel je me retrouve profondément. 

    BBB – Vous insistez aussi sur son engagement européen. Qu’est-ce qui reste aujourd’hui de son héritage européen ?
    AD – Elle a été une Européenne convaincue très tôt. C’est ainsi qu’elle a suivi son mari muté en Allemagne, car elle croyait profondément en l’importance de la réconciliation. Elle a été la première femme Président du parlement européen. C’est en soi un héritage. Bien que son passage à la tête de l’assemblée ait été court, elle a beaucoup œuvré pour la construction européenne. C’est elle qui a fait rayonner le parlement et lui a donné la crédibilité face aux autres instances européennes dont il dispose encore aujourd’hui. 

    BBB – Parlez-nous de ses relations avec Jacques Chirac, assez complexes d’après ce que l’on peut lire. 
    AD – Complexes, je ne sais pas. Ambivalentes, certainement. Il l’a beaucoup soutenu, et il avait une affection particulière pour elle. Il l’appelait « Poussinette ». En même temps, c’était un ambitieux. Je cite dans le livre une phrase qu’elle répète à son sujet : "Jacques Chirac et moi sommes des amis. Mais l’amitié et la politique sont deux choses différentes." Je pense qu’ils ne partageaient pas exactement la même vision de la politique. Elle était profondément centriste, et lui n’était pas, ce que l’on pourrait appeler un homme de compromis ! 

    BBB – Simone Veil est décédée en juin 2017, soit quelques mois seulement avant le déclenchement du mouvement #MeToo. D’après vous, comment aurait-elle réagirait, elle qui est une des figures du féminisme français ? 
    AD – Je pense que l’on en a fait une icône féministe contre sa volonté. Elle ne se revendiquait pas de ce mouvement. Il m’apparait qu’elle était avant tout un défenseur des droits, des droits de la femme en particulier. Elle pensait d’ailleurs à la fin de sa vie que le chemin était loin d’être terminé, et qu’il ne fallait pas oublier d’où l’on venait. La mémoire, encore et toujours. Je ne suis pas certaine qu’elle aurait apprécié ce mouvement. Elle a incité les femmes à faire appliquer leurs droits. Cependant, elle était, en toutes circonstances, pour la justice et le respect de l’être humain. Elle n’aurait pas probablement cautionné l’utilisation parfois déviante des réseaux sociaux. 

    BBB – Merci d’avoir répondu à ces questions. 
    AD –
    Merci à vous de m’avoir donné l’opportunité de partager ma passion de cette grande dame ! 

    Amandine Deslandes, Simone Veil, Mille Vies, Un Destin, éd. City, 2021
    https://www.amandinedeslandes.fr
    https://www.facebook.com/amandine.deslandes.marseille
    http://www.city-editions.com

    Voir aussi : "En suivant la route de Simone Veil"

    Photo :  © Yohan Brandt

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  • Le cinéma pour les nuls

    Voilà un livre qui intéressera aussi bien les amateurs de films que les professionnels du cinéma, qui liront l’ouvrage de Tim Grierson, C’est comme ça qu’on fait un Film (éd. Eyrolles), comme un résumé des techniques cinématographiques.

    L’ouvrage a été conçu intelligemment, avec 5 grandes sections : le jeu d’acteurs, la réalisation, l’éclairage et les prises de vue, le montage et le scénario. On peut bien sûr débatte sur la place de chacune de ces parties : sans doute aurait-il été plus pertinent de parler du scénario en premier et traiter du montage en dernier.

    Ce bémol mis à part, Tim Grierson fait preuve d’une solide pédagogie et d’une grande qualité de synthèse pour présenter les fondamentaux du cinéma et permettre de comprendre la manière dont un film est conçu. Cette grammaire est conçue comme une "collection de tutoriels", comme le dit l’auteur. Pour cela, l’auteur s’intéresse aux spécificités de tel ou tel métier. Par exemple, dans la section consacrée au  jeu d’acteurs, Tim Grierson traite de la méthode de l’acteur, de l’improvisation, des répétitions, du monologue, de la motivation et du jeu d’amateurs.

    Le "narrateur peu fiable"

    Pour chaque "tutoriel", une page de texte explicative est suivi de trois exemples de films, avec à chaque fois une caractéristique ou un "ingrédient". Ainsi, lorsque l’auteur traite du scénario et de la voix off, il fait un focus sur la narration romanesque (avec l’exemple de Barry Lyndon de Stanley Kubrick), de la communication directe (Les Affranchis de Martin Scorsese) et du "narrateur peu fiable" (The Informant! de Steven Soderbergh).

    Le choix des films utilisés pour l’ouvrage a été fait avec soin. Le lecteur y trouvera aussi bien des superproductions (Wonder Woman de Patty Jenkins, la saga Star Wars ou Matrix de Lana et Lilly Wachowski) que des films avant-gardistes (La dernière séance de Peter Bodganovich, L’Avventura de Michelangelo Antonioni ou Le Cheval de Turin de Béla Tarr), ou encore de grands classique (Le Voleur de Bicyclette de Vittorio de Sica, La Nuit du Chasseur de Charles Laughton ou La Passion de Jeanne d’Arc de Carl Theodor Dreyer).

    Évidemment, des réalisateurs aussi importants que Steven Spielberg,  Francis Ford Coppola, Jacques Tati, Kathryn Bigelow, Sofia Coppola ou Claire Denis sont présents dans cet ouvrage passionnant, qui peut aussi se lire comme un "avant-goût de l’étendue et du potentiel du cinéma".

    Une belle entrée en matière donc. 

    Tim Grierson, C’est comme ça qu’on fait un Film, éd. Eyrolles, 2021, 192 p.
    https://www.editions-eyrolles.com
    https://timgrierson.blogspot.com

    Voir aussi : "Les films que vous ne verrez jamais"

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  • Les Fabuleuses

    roman,fables,fabuleuses,poésie,mes publications mes créationsLes Fabuleuses est toujours disponible.

    C’est une ferme. Une ferme comme il existe des milliers sur cette terre. Les Fabuleuses, qui se présente comme un recueil de fables, est moins sage qu’il n’y paraît. Ces 25 histoires montrent la cohabitation avec plus ou moins de bonheur d'animaux dans une ferme dirigée de main de maître par une dynastie de cochons "sacrés" présidents.

    À la faveur d’une peste, un cochon, élu roi, prend en main les destinées de ses congénères. Rude tâche pour cette nation en miniature qui devra affronter guerres, révolutions, épidémies, conflits religieux – autour de la relique de la Sainte-Rillette – et tous les désordres et tracas de la vie quotidienne qui sont capables de faire tourner en bourrique la plus paisible des vaches !

    Conçues comme des saynètes (parfois très courtes), Les Fabuleuses mettent en scène tout un peuple aux comportements très humains. Il y a le roi-président Cochon, autoritaire et imbu. Il est secondé par une belette, juriste machiavélique qui parvient toujours à se sortir des mauvais coups. On y trouve des ânes savants, des chevaux impétueux, un rat de bibliothèque, des vaches paisibles et des moutons dévots. Un coq s’est aussi érigé en artiste alors qu’un rat et une souris se chamaillent à propos d’une bibliothèque et qu’une maladie mystérieuse décime les paisibles vaches. Bref, ces animaux vivent ensemble ou du moins coexistent, cahin-caha. Regardez-les : c’est de nous qu’ils parlent… 

    George Orwell, Ésope et Jean de La Fontaine ne sont pas très loin dans ces poèmes mettant en  scène les travers de la race  humaine : l'orgueil, la cruauté, la lâcheté, la jalousie ou la vanité.

    Les Fabuleuses se distinguent surtout par un style volontairement archaïque qui prend à contre-pied la poésie contemporaine, l'auteur ayant choisi la versification classique pour donner à son premier livre un aspect suranné.

    Bruno Chiron, Les Fabuleuses, Le Manuscrit, 2002, 82 p.
    http://www.manuscrit.com

    Voir aussi : "« Rock'n'Love » d'Arsène K., toujours disponible »"
    "Les publications du blogger"

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  • Lev Yachine, l’araignée dorée

    Amoureux d’Histoire et de foot, voilà un livre qui devrait vous interpeler. En proposant une biographie de Lev Yachine, sans doute le meilleur gardien de but de tous les temps, le seul goal à avoir gagné le Ballon d’Or (1963), Laurent Lasne fait mieux que dérouler la carrière d’un technicien hors-pair : il inscrit sa biographie dans la grande histoire de l’URSS.

    Le lecteur sera sans doute déconcerté par le choix audacieux de l’auteur de sortir de l’essai sportif classique et de faire, comme le titre de l’ouvrage l’indique, un "roman soviétique". L’objectif de Laurent Lasne est d’inscrire le destin du plus grand gardien de l’histoire dans celui du football russe, mais aussi , plus généralement, de son pays.

    Lev Yachine, un roman soviétique (éd. Le Tiers-Livre, Arbre bleu), s’intéresse d’abord à la famille ouvrière comme aux jeunes années d’un garçon qui a connu deux des plus grandes tragédies du XXe siècle : le communisme stalinien et la seconde guerre mondiale. Ce dernier événement contraindra d’ailleurs Yvan Petrovitch, son  père, à suivre le déménagement de son usine en Sibérie.  Ces premières années ne sont pas anodines dans la construction sportive de la future star du foot.

    "Star" n’est du reste pas le terme approprié, tant le futur cador des cages, né dans une culture ouvrière, se voit comme l’un des rouages de l’équipe nationale soviétique appelée aux plus importantes places et trophées (Médaille d’Or aux JO de 1956, Champion d’Europe et vice-champion d’Europe en 1960 et 1964 et 4e place à la coupe du monde de 1966). Lev Yachine, figure majeure du sport russe et même héros nationale dans son pays (aussi connu que Gagarine), est le représentant d’une politique à la fois sportive et politique que le poète Maïakovski a exprimé ainsi : "Nous avons besoin de masses de sportifs en action."

    Sa légendaire tenue noire, dont Fabien Barthez saura se souvenir bien plus tard !

    Laurent Lasne alterne l’histoire personnelle et familiale des Yachine et la grande histoire tournant autour de Staline, sans oublier celle des clubs de football naissants (le Spartak Moscou, le Torpedo, le Dynamo ou le Lokomotiv), qui vont être largement récupérés par la propagande communiste. On connaissait la conquête spatiale comme arme idéologique, mais le sport a lui aussi été un outil largement utilisé par des politiques parfois peu attirés par le foot, à l’instar de Staline. Tel n’est pas le cas du sinistre Béria, passionné de ballon rond. L’auteur consacre de passionnantes pages sur son investissement au sein du club de football du Dynamo Tbilissi qui le sert comme tremplin politique. D’autres pages sont consacrées au compositeur Chostakovitch, passionné lui aussi de football,* et qui voit le stade et le terrain comme des lieux d’expressions libres, comme il le dit lui-même : "Au stade, vous pouvez dire à voix haute la vérité  sur ce que vous voyez." Une hérésie dans cette dictature impitoyable qu'est l'URSS.

    Dans ce climat tendu, violent, où la fin des carrières signifie la déportation et la mort, Lev Yachine se découvre des qualités comme portier, après certes des débuts compliqués mais aussi des erreurs dues en grande partie, nous dit l’auteur, à des techniques révolutionnaires dans l’art d’arrêter la balle : jeu en dehors de la surface de réparation, relances rapides à la main et interceptions au poing. Ce n’est pas pour rien que Lev Yachine était surnommé "l’araignée noire", autant en raison de l’envergure de ses bras que de sa légendaire tenue noire, dont Fabien Barthez saura se souvenir bien plus tard !

    À la lecture de la biographie de Laurent Lasne, la figure de Lev Yachine reste épaissie d’un mystère, à l’image de cet homme pudique et pétri de doutes. D'ailleurs, longtemps, il hésita entre la carrière de hockeyeur et de footballeur.

    Les 100 dernières pages de l’essai sont consacrées à sa carrière internationale. C’est sans doute bien peu pour les passionnés de sport. Mais pour les autres, le livre de Laurent Lasne est une introduction passionnante à la vie du plus grand gardien du monde autant qu’un rappel des tourments de l’URSS.

    Laurent Lasne, Lev Yachine, Un Roman soviétique, éd. Le Tiers-Livre, Arbre bleu, 2020, 400 p.
    https://arbre-bleu-editions.com/yachine.html

    Voir aussi : "RIP URSS"

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  • Le retour de Madame Bowary

    Non, il n’y a pas de faute d’orthographe dans le titre de cette chronique : s’il est bien question de la plus célèbre "desperate housewive" de la littérature française, cette Madame Bovary a été imaginée par Julia Kerninon, docteure en lettres, spécialiste de littérature américaine et romancière (Buvard, 2014, Liv Maria, 2020).

    Le Projet Bowary, porté par Baraques Walden, et co-produit par Terres de Paroles et le Département de la Seine-Maritime, est une revisite du chef d’œuvre de Flaubert en 2021.

    Lancé le 29 janvier 2021 par Julia Kerninon, le roman Madame Bovary est réécrit et réduit chapitre par chapitre en 280 tweets, sur autant de jours (hashtag #BOWARY). Cette aventure littéraire – et effrontée – devrait s’achever si tout va bien à la fin de l’année. 

    Madame Bowary, c’est elle

    Madame Bowary, c’est elle. Mais pour l’accompagner dans ce projet, figurent, aux côtés de Julia Kerninon, Arno Bertina (pour les  chapitres 7 à 9 de la 1ère partie de Madame Bovary), Emmanuel Renart (chapitres 1 à 5 de la 2e partie), Laure Limongi (chapitres 6 à 8 de la 2e partie), Fabrice Chillet (chapitres 9 à 10 de la 2e partie), Agnès Maupré (chapitres 11 à 15 de la 2e partie), Frédéric Ciriez (chapitres 1 à 2 de la 3e partie), Fred Duval (chapitres 3 à 5 de la 3e partie), Maylis de Kerangal (chapitres 6 à 8 de la 3e partie) et Vincent Message (3 derniers de la 3e partie).

    Cette Madame Bowary commence ainsi : "Qui parle ? Entrée en scène de celui qui est peut-être le personnage secondaire le plus fascinant de toute la littérature occidentale. Charbovari Charbovari Charbovari Charbovari. Il n’est presque rien. Mais sans lui, pourtant, il ne pourrait pas y avoir de Madame Bovary." La suite de l’histoire, vous la connaissez sans doute.

    Il reste à voir ce que vont en faire les doux dingues du Projet Bowary

    Projet Bowary, initié par Julia Kerninon
    https://baraqueswalden.fr
    @BaraquesW
    https://www.facebook.com/BaraquesWalden

    Voir aussi : "Novella dans tous ses états"

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  • Tout droit de reproduction interdit

    daniel fattore,roman,suisse,photocopieur,photocopieuse,religion,catholique,évêché,évêque,spg,romandFaisons un éclaircissement sur le titre du premier roman de Daniel Fattore, Tolle, lege ! (éd. Helice Helas). L’expression latine "Tolle, lege !" est tirée des Confessions de s. Augustin. Cette phrase, que l’on pourrait qualifier par "Prends et lis-le !" illustre la conversion du futur évêque d’Hippone. Obéissant à une voix, il se saisit d’un texte du Nouveau Testament et le lit. Ainsi commence cette conversion. Il n’est pourtant pas question de théologie dans l’ouvrage de Daniel Fattore, mais plutôt de photocopieuse récalcitrante.  Et de photocopieuse installée dans un obscur évêché. Ce lieu est bien le seule point commun avec s. Augustin.

    Paulo est un jeune stagiaire dont les rares fonctions tournent autour de cet appareil. Pétronille, sa sémillante collègue dont l’une des activités principales consiste à se faire les ongles de pieds, lui demande de s’occuper de copier une masse de papiers. Cette tâche des plus banales prend cependant des proportions inattendues : non seulement le photocopieur ne marche pas, mais il semble doué de vie. La machine aurait-elle une âme ?

    À partir d’un événement fantastique – un appareil de bureautique devenu fou – Daniel Fattore a bâti un récit à la fois surréaliste et bourré d’humour. Alliant les calembours (le Père Ricqlès, le Père Sonnel, le village de Sétouprédissy), les actions cocasses (le dialogue entre l’évêque et le Père Siffleur, la partie de Super Mario Goes Catho) et les turpitudes de Paulo dans un évêché poussiéreux et dont la seule concession à la modernité est cette photocopieuse diabolique.

    Même le mode d’emploi de la Xérox 69 est en latin !

    L’auteur suisse a visiblement pris un grand plaisir à nous plonger au cœur d’un microcosme dont même le mode d’emploi de la Xérox 69 (sic) est en latin ! La scène de mariage dans le local de reproduction est savoureux. On a justement là l’une des clés de ce roman jouant sans vergogne avec les symboles sexuels, les sous-entendus et les propos lourds de sens – et de frustrations. La relation entre Paulo et Pétronille va s’en trouver changée.

    Parfois insolent, mais toujours avec énormément d’esprit, Daniel Fattore propose avec Tolle, lege ! un roman rare et à l’univers diabolique. Alors, prenez et lisez. 

    Tolle, lege !  est en lice pour la sélection du Prix littéraire SPG 2021 du premier livre d'un auteur romand.

    Daniel Fattore, Tolle, lege !, éd. Helice Helas, 2020, 206 p.
    https://fattorius.blogspot.com

    Voir aussi : "Quatrième dimension"

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  • Gwenvaël est de retour

    Laure Izabel vient de ressortir son roman Caladrius aux éditions Juno. C’est un en quelque sorte un grand retour pour son personnage principal, Gwenvaël June, après une première vie aux éditions L’ivre-book

    Parler de "renaissance" est du reste le terme approprié pour un récit à la fois sombre, gothique, tourmenté et rythmé par l’érotisme et le fantastique.

    Gwenvaël, brillant écrivain et spécialiste des mythes et légendes, est convié à animer dans sa ville du Havre une conférence sur ce sujet, dans une université où il a été lui-même étudiant. C’est une parenthèse qui s’offre à lui alors que ce quasi quadra voit arriver la mort à grands pas, en raison du Sida qu’il a contracté, lui et son compagnon Yannou, bien plus mal en point que lui ("Combien de temps au juste ? Un mois, deux, six… un an, quelques semaines, jours ?"). C’est aussi l’occasion de revenir sur ses jeunes années et sur ses tourments ("Impossible d’être aimé. Peu à peu, le lionceau devint un jeune lion condamné à avoir mal, à faire le mal, se faire mal…").

    Alors qu’il traîne sa morgue en attendant sa conférence, il croise un étrange étudiant, Ulric, à la beauté du diable. L’apparition le foudroie sur place : "Est-ce un ange, un Dieu ? Un être si plein de mansuétude qu’il en irradie l’âme ?"

    Bedroom trip

    Pour Gwenvaël, l’attirance et le rejet se disputent en lui, face à ce garçon attirant mais aux intentions sourdes et qui ne vont pas tarder à se dévoiler. L’attirance est sulfureuse mais aussi dangereuse : "Je sais que ce n’est pas de l’amour. Enfin, je crois. Non, c’est certain. Pas de coup de foudre, rien qui ressemblerait à du relationnel intime. " Par ailleurs, il y a Yannou, avec qui il a le devoir de rester jusqu’au bout.

    La maladie est dépeinte avec cruauté, voire crudité. L’auteure en profite pour entrer dans l’intérieur qu’on imagine bobo d’un couple, rythmé par les protocoles thérapeutiques, les soins infirmiers mais aussi la présence réconfortante des parents de Yannou.

    Déchiré entre son compagnon atteint par le sarcome de Kaposi et cet Ulric éclatant de santé et d’envies, Gwenvaël est entre la mort et la vie. À moins qu’il n’aie pas à choisir, et doive se laisse guider jusqu’à un "bedroom trip" de 72 heures au Normandy de Fécamp. Au bout de ce voyage, l’écrivain souffrant pourrait bien connaître non seulement des réponses à ses questions mais aussi des révélations qu’il ne soupçonnait pas.

    Dans ce roman tendu, à la fois sensuel et sombre, Laure Izabel entraîne le lecteur dans une intrigue aux lourds et terribles secrets. Les dernières pages éclairent le titre de ce roman au terme d’une ballade mystérieuse battue par le vent de la vie, malgré tout. 

    Laure Izabel, Caladrius, éd. Juno, 2020, 118 p. 
    https://www.facebook.com/laure.izabel
    https://juno-publishing.com/product/caladrius

    Voir aussi : "Mon amie Marlena"

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  • Mille milliards de bisous pour mon chéri

    Le bloggeur parle de l’auteur.

    10 ans avant Rock’n’love, sortait Mille milliards de bisous pour mon chéri, signé sous le pseudo de Lucrèce. Lucrèce avant Arsène K. Et oui ! Mais il s’agissait bien de la même Lucrèce, qui avait 17 ans à l’époque, empêtrée dans une histoire d’amour également. Sauf qu’il ne s’agissait ni d’Alessandro Sullivan, ni d’un groupe de pop-rock, et encore moins de problèmes judiciaires. C’est cependant bien la même Lucrèce, 20 ans plus jeune, dans un roman écrit il y a … 10 ans. La magie de la littérature.

    Voilà le pitch de ce roman. 

    Sous forme de fausses confidences écrites sur un blog, Mille Milliards de Bisous pour mon Chéri raconte une liaison amoureuse entre une adolescente et un homme d'âge mûr.
    La narratrice, Lucrèce, 17 ans, une "Lolita contemporaine", raconte à la première personne cette idylle avec son langage naturel et vivant.
    Maniant l'ironie et le sarcasme sans complexe, Lucrèce nous fait entrer dans son propre univers autant que dans celui de la "comédie humaine des adultes". Et, de ce point de vue, elle apprend très vite.

    Pour découvrir et commander ce roman, ça se passe ici.

    Bruno Chiron, Lucrèce, Mille Milliards de Bisous pour mon Chéri, éd. Edilivre, 2011, 136 p.
    https://www.edilivre.com/mille-milliards-bisous-pour-mon-cheri-lucrece.html

    Voir aussi : "« Rock'n'Love » d'Arsène K., toujours disponible"
    "Les publications du bloggeur"

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