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Livres et littérature - Page 39

  • Marie Noël, jour après jour

    marie noël,poésie,poèmes,religion,dieu,solitude,christianisme,colette nys-mazureC’est l’une des très grandes femmes de lettres du XXe siècle – à l’égal d’une Colette, selon Montherlant – mais dont la renommée peine à s’imposer. Marie Noël est oubliée, et c’est injuste. Il faut dire aussi que cette auteure bourguignonne (comme Colette, d’ailleurs), n’aura jamais bougé d’Auxerre et a cultivé une forme de discrétion tout au long de sa vie ("Et quand tu m’écouterais, / Quand tu suivrais à mesure / Tous mes gestes, tous mes pas, / Par le trou de la serrure… / Tu ne me connaîtrais pas"), discrétion qui lui a survécu, hélas.

    Il est temps sans doute, de découvrir ou, pourquoi pas, de redécouvrir Marie Noël (1883-1967), récompensée en son temps de prestigieux prix (Académie Française, Société des gens de lettres ou Société des Poètes). Le Chant des Jours que publient les éditions Desclée de Brouwer, et dont le titre renvoie à ses Chansons, est une manière d’entrée en douceur dans une œuvre à la tonalité incomparable, tour à tour sombre, lumineuse, désespérée et aux éclats de lumière incroyables.

    La romancière et essayiste Colette Nys-Mazure a compilé dans cet ouvrage une sélection de textes, toujours très brefs, pour rendre Marie Noël accessible au plus grand nombre : "Quoi de mieux qu’un livre de poche lu par bribes dans le métro, l’avion, à la pause-café ou dans un lit d’hôpital, glissé sous l’oreiller à la place du téléphone ?"

    Le Chant des Jours c’est 365 jours avec Marie Noël, donc. Chaque mois de l’année correspond à une thématique abordée : la difficulté de se connaître soi-même, l’amour espéré et redouté, le repli et l’envol, la détresse et la confiance, la nature, les exigences de la création, le chez-soi, la solitude, le temps et la croyance. Une sorte d’almanach, donc, qui n’est pas sans rappeler cet autre : Almanach pour une jeune fille triste (2011, posthume).

    Le choix éditorial a été de proposer des textes extraits de poèmes s’étalant sur plusieurs jours, à l’instar de Ronde : "Mon père me veut marier, / Sauvons-nous, sauvons-nous par les bois et la plaine, / Mon père me veut marier, / Petit oiseau, tout vif te laisseras-tu lier ?" (7-12 juillet).

    L’humour et l’autodérision ("Je ris… Je me moque un peu de moi") est présent, sans pour autant que Marie Noël ne doute que l’écriture est ce qui la fait avancer, avec toujours le regard d’une femme croyante, pieuse (un procès en béatification est d’ailleurs en cours), mais d’une grande humilité.

    Le regard noëlien d’une femme rejetée, rappel d’un amour de jeunesse déçu

    Cette grande solitaire ("Il se fait tard. Personne ne viendra plus maintenant…") se confie via des textes denses, qui chantent le dépouillement, les autres ou la nature, autant que le malheur, le désespoir ou la mort, "entre révolte et acquiescement", comme le souligne Colette Nys-Mazure. Et avec toujours une importance laissée au sacré et à la foi. Les passages choisis pour les premiers jours de février renvoient ainsi au Cantique des Cantiques ("Mon bien-aimé descend la colline fleurie / De blé noir, / Très lentement par les champs pâles… C’est le soir"), mais cette fois avec le regard noëlien d’une femme rejetée, rappel d’un amour de jeunesse déçu ("Mon bien-aimé passa, voilé de rêverie, / L’âme ailleurs, / Sans rien me dire hélas ! Sans me voir, et j’en meurs"). L’amour apparaît chez elle comme un Souverain Bien inaccessible, et en tout cas pour lequel elle ne semble pas être destiné ("Dans l’Amour, si grand, si grand, / Je me perdrai toute / Comme un agnelet / Dans un bois sans route").

    Cet amour inaccessible et finalement cette solitude qui l’a pesée toute sa vie ("J’ai tellement besoin d’un ami que je l’invente"), on le doit sans nul doute à une éducation rigide, tiraillée entre un père philosophe, agnostique et dur ("- Va prier le soleil pour que mon champ prospère. / C’est ta dot qui mûrit dans nos blés. / Oui, mon père") et une famille pétrie dans une culture catholique extrêmement rigide ("Sommes-nous au couvent ?" demande-t-elle avec une ironie mordante) : une éducation qui est pour beaucoup dans le parcours personnel et artistique de Marie Noël ("Famille d’autrefois en province, composée de gens qui retombent – les femmes surtout – indéfiniment les uns sur les autres"). L’auteure parle également d’une des grandes déchirures de sa vie : la mort prématurée de son jeune frère Eugène en 1904 ("Sœur, la chanson d’amour que tu savais naguère, / Celle où passe un oiseau, chante-la… / Oui, mon frère" fait-elle dire à cet enfant qu'elle ne cessera jamais de pleurer).

    Artistiquement, le lecteur trouvera dans Le Chant des Jours des textes consacrés à son travail littéraire. Marie Noël l'appréhende comme une artisane à la recherche de la phrase parfaite, sans fioriture ("Ce que tu as dit en dix mots, tâche de le dire en sept. En trois si tu peux") mais aussi comme une poétesse en recherche perpétuelle ("Je voudrais retrouver le pays natal de ma poésie, le nid perdu de ma chanson").

    Femme de lettres importante, mais aussi croyante tourmentée, Marie Noël résume elle-même ce qui pourrait définir son œuvre : "J’ai toujours pensé que pour découvrir dans un poète la source subconsciente de sa Poésie, il n’était que de noter les mots qui reviennent le plus fréquemment, les plus involontairement dans son incantation. Chez moi j’ai trouvé : chemin, noir, perdu, pâle, seul…" Il est à cet égard frappant que ce ne sont pas des termes ayant trait à la religion ou à Dieu qu'elle choisit. Profondément croyante, Marie Noël n’en retira finalement que peu de réconfort : "Dieu n’est pas un lieu tranquille," écrit-elle pleine d'amertume dans un texte que le lecteur trouvera singulièrement à la date du 25 décembre.

    Marie Noël, Le Chant des Jours, textes choisis par Colette Nys-Mazure
    Ed. Desclée de Brouwer, 2019, 141 p.

    http://www.marienoelsiteofficiel.fr
    http://www.marie-noel.asso.fr
    http://www.colettenysmazure.be

    Voir aussi : "Ça caille les belettes"
    "Dante, voyage au bout de l'enfer"

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  • Les actrices rêvent et se couchent tard la nuit

    Dans le polar sombre et au caractère bien trempé de Sylvain Gillet, Ludivine comme Édith (éd. Thot), ne vous fiez pas trop au titre : en réalité, il est avant tout question d’Édith, une jeune actrice pleine de promesses, retrouvée morte près de Nemours après un tragique accident de voiture. En découvrant ce fait divers dans un journal local, Abel Diaz, bourlingueur et musicien de blues de son État, est d’emblée frappé par le portrait de la victime, qui lui rappelle Lola, son ancien amour, disparue tragiquement dans des circonstances que le lecteur apprendra au cours du roman.

    Voilà donc notre guitariste lancé sur les routes du Gâtinais, en héros et justicier – presque – solitaire pour mener sa propre contre-enquête tambour-battant. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’Abel se montre bien plus pugnace, malin et surtout féroce que la maréchaussée qui n’a pas cru bon de plus creuser ce banal accident de la route.

    Le détective non-assermenté découvre très vite que la voiture qu’occupait l’actrice appartenait à l’oncle d’une certaine Ludivine Cérandec, une autre comédienne qui l’a remplacée séance tenante dans une pièce de théâtre.

    Voilà qui rend le fait divers bien moins clair que ce banal accident de la route. De fil en aiguille, Abel Diaz s’intéresse au petit monde du cinéma et de la télévision, et en particulier au tournage d’un film dans lequel pourraient bien se trouver le ou les responsables de la mort d’une jeune actrice qui ne cherchait qu’à réaliser ses rêves.

    Comédiens en galère, metteurs en scène plombés de suffisance, célébrités devant plus à leur naissance qu’à leurs talents

    Comédien, réalisateur et scénariste, Sylvain Gillet est à l’aise dans un milieu qu’il n’hésite pas à démystifier : acteurs et actrices en galère, metteurs en scène plombés de suffisance, célébrités devant plus à leur naissance qu’à leurs talents, producteurs ou agents peu regardants. Cela donne un polar vif, rugueux mais aussi engagé, lorsque par exemple l’auteur parle de ces apprenties actrices aussi peu considérées qu’Édith, sorte de victime expiatoire : "Qu’il est dur de gagner sa croûte comme comédienne. Qu’est-ce qu’il faut ramer. Surtout quand on n’a qu’un radeau pourri pour avancer sur la mer de l’espoir, alors que d’autres, comme Léo Seydur, naviguent en hors-bord à doubles moteurs de 500 chevaux… Bien sûr, c’est un peu le cas de tous les demandeurs d’emploi. Mais l’intermittent du spectacle, se dit Abel, doit certainement se coltiner une dose de baratin supérieure à celle du chômeur de base."

    Pour son premier roman, Sylvain Gillet choisit la veine du polar noir et social à la Jean-Claude Izzo, mais où l’humour à la Frédéric Dard est omniprésent. L’auteur se fait boxeur lorsqu’il décrit au lecteur la descente aux enfers d’Édith : "Mais ce n’est pas possible. Tout ne peut pas se terminer ainsi. Elle aussi, elle a droit à sa petite part de bonheur." Il sait tout autant se montrer drôle et roublard lorsqu’il suit l’enquête échevelée du guitariste de blues : "Aussi se décide-t-il à rejoindre le bar de son pote Mickey. Et qu’est-ce qu’on boit chez Mickey ? Une mousse, bien sûr."

    Dans Ludivine comme Édith, Sylvain Gillet fonce toute bribe abattue dans un polar plus que convaincant. Et le lecteur gardera encore en mémoire les images de cette petite actrice violée, démolie et détruite en plein vol après une nuit infernale : "Elle restera à jamais toute seule. Personne n’applaudit sa sortie de scène. Plus d’air, plus de cri."

    Sylvain Gillet, Ludivine comme Édith, éd. Thot, 235 p., 2018
    http://www.sylvain-gillet.fr
    https://www.facebook.com/actuSylvainGillet

    Voir aussi : "Il n'y a pas de Requins dans la Loire"

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  • Dieu, quels humains !

    yves caussiol,théâtre,jésus,dieu,désert médical,normandie,théâtre montmartre galabruÉvidemment, faire une chronique sur une pièce de théâtre écrite c’est ne voir qu’un revers d’une médaille : parler d’un texte sans pouvoir évoquer la mise en scène et l’interprétation.

    Come back incognito d’Yves Caussiol, cette "histoire […] plaisante, cocasse, grinçante et pleine d’humour", comme le dit Michel Le Royer de la Comédie française, a été adapté sur planche à Paris au Théâtre Montmartre Galabru. Mais puisqu’une pièce de théâtre est d’abord un texte écrit avant d’être joué, intéressons-nous à cette fable d’Yves Caussiol.

    Dans un village normand, un ancien interne arrive comme le messie pour s’installer dans un cabinet et remplacer un médecin sur le point de partir à la retraite : cela tombe bien car ce nouveau confrère est précisément le messie ! Jésus s’ennuie en effet et veut revoir les hommes malgré les (mauvais) souvenirs dont il garde de son séjour sur terre : "En bas, au moins, il y a de l’action, des guerres. Ici, je ne sers plus à rien, je m’ennuie."

    Réincarné en jeune médecin, sous le nom d’Issa, Jésus découvre la vie d’un cabinet en plein désert médical. Comme abandonné au milieu d’une population de pauvres hères : une secrétaire acariâtre, un agriculteur paralysé – que Jésus, bien entendu, refait marcher – un maréchal-ferrant passablement "vicieux", un enseignant usé, une prostituée et deux agricultrices.

    Une comédie à la fois joyeuse et grinçante

    Aussi perdu que ces habitants, Jésus se débat pour exercer une médecine plus ou moins orthodoxe, et aux méthodes qui, pour le moins, ne laissent personne indifférent. Mais il a surtout cette capacité de discuter et d’écouter avec bienveillance, en dépit de l'incompréhension manifeste entre le Christ et des humains dans ce trou normand... Grâce à Issa/Jésus, les habitants en ressortent bouleversés : "Ah Seigneur ! Vous m’avez exaucé en m’envoyant ce remplaçant. Mes patients seront entre de bonnes mains, je pourrai enfin me reposer", dit son vieux prédécesseur dans un des monologues du dernier acte. Le Fils de Dieu en sortira lui aussi changé, avec d’autres projets pour ces frères humains.

    Il fallait une sacrée audace pour oser proposer une œuvre autour d’une divinité descendant sur terre. Yves Caussiol le fait dans une comédie à la fois joyeuse et grinçante. L’auteur choisit pour décor un lieu qu’il connaît bien : un cabinet au cœur d’un désert médical, lui qui a été dentiste dans le civil avant d’entamer une seconde carrière dans le théâtre, d’abord comme acteur puis comme auteur avec cette première pièce.

    Pour Come back incognito, Yves Caussiol choisit la farce et la fable pour parler de conditions humaines. Les calembours, des jeux de mots ou des quiproquos parsèment une pièce dans laquelle les hommes et les femmes sont des pantins, des clowns ou des caricatures mais aussi des êtres de chair et de sang tour à tour perdus , grossiers, déprimés, misérables ou encore plein d’espoir.

    Il ne reste plus au lecteur que de découvrir ou redécouvrir cette pièce sur scène.

    Yves Caussiol, Come back incognito, éd L’Harmattan, coll. En scène, 2019, 68 p.
    https://caussiolyves.wixsite.com/cbi2019
    https://www.editions-harmattan.fr

    Voir aussi : "Iphigénie d’Europe"

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  • En route vers les plus belles bibliothèques du monde

    Les bibliothèques sont des lieux incontournables du savoir, mais pourquoi ne pas les voir également comme des lieux de tourisme à visiter et à découvrir ?

    Holidu, le moteur de recherche de locations de vacances, a dressé une liste des plus belles bibliothèques d'Europe, en sélectionnant 5 bâtiments modernes et 5 plus traditionnelles.

    Parmi ces bibliothèques, une seule vient de France, et il ne s’agit pas forcément celle que l’on attendait.

    À visiter, et en silence si possible, bien entendu.

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    Wirtschaftsuniversität Wien, Vienne (Autriche)

    A Vienne on s’attend toujours à une architecture classique, à des bâtiments colorés, à croiser Sissi au coin de la prochaine rue… Mais ici, rien de tout ça. Cette bibliothèque à l’architecture hors du commun ressemble à un sous-marin. À moins que ce ne soit un robot, ou à… un mouvement. Une architecture si moderne et si futuriste, et qui date pourtant de 1898. Du modernisme avant l’heure.
    Catalogue : 745 797 livres, 59 006 livres électroniques, 1 014 journaux, 18 116 revues électroniques, 119 bases de données.
    Heures d'ouverture : tous les jours de 8H à 20H
    https://www.wu.ac.at

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    Bibliothèque royale de Copenhague (Danemark)

    Aussi connue sous le nom de "diamant noir", la bibliothèque royale de Copenhague est un véritable joyau d’architecture néo-moderne. Située dans le centre historique et dominant le détroit de l'Øresund elle fut construite en 1999. Un style assez surprenant aux multiples facettes.
    Catalogue : 745 797 livres, 59 006 livres électroniques, 1 014 journaux, 18 116 revues électroniques, 119 bases de données.
    Heures d'ouverture : tous les jours de 8H à 20H
    http://www.kb.dk/en

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    Bibliothèque de l'Université de Varsovie (Pologne)

    Une bibliothèque étudiante ou une oasis au beau milieu de la ville ? La bibliothèque universitaire de Varsovie a été fondée en 1816, et son nouveau bâtiment inauguré en 1999. Résolument moderne et colorée, elle comprend également une terrasse avec quatre jardins différents. Sa beauté lui a valu de nombreuses récompenses.
    Catalogue : 350 000 volumes
    Heures d'ouverture : tous les jours de 9H à 21H
    https://www.buw.uw.edu.pl

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    Bibliothèque centrale Oodi, Helsinki (Finlande)

    Sans conteste une œuvre architecturale comme on en trouve peu. La bibliothèque centrale d’Oodi et ses courbes mystérieuses, nous emportent à bord de son navire et sur les flots. Depuis son inauguration en 2018, beaucoup événements et de workshop y sont organisés, notamment sur le sujet du développement durable.
    Catalogue : 100 000 livres (en 17 langues), journaux, films et jeux vidéo
    Heures d'ouverture : milieu de semaine de 8H à 22H et le week-end de 10H à 20H
    https://www.oodihelsinki.fi

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    Stadtbibliothek am Mailänder Platz à Stuttgart (Allemagne)

    Dessinée par l'architecte coréenne Eun Young Yi, la bibliothèque municipale de Stuttgart, est un véritable bijou d’architecture. Un style contemporain et minimaliste, que l’on croirait presque imaginé pour Instagram. Ses neuf étages se rejoignent en empruntant un escalier en colimaçon très différent puisqu’il est carré…
    Catalogue : 500 000 volumes
    Heures d'ouverture : du lundi au samedi de 9H à 18H
    http://www1.stuttgart.de/stadtbibliothek

    Le classement s’intéresse aux bibliothèques traditionnelles et plus anciennes :

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    Bibliothèque John Rylands, Manchester (Royaume-Uni)

    La bibliothèque John Rylands à Manchester a été ordonnée en 1889 par Enriqueta Rylands en mémoire de son mari. Dessiné par l'architecte Basil Champneys, ce somptueux un bâtiment néo-gothique a pris 10 ans à la construction. La bibliothèque aujourd’hui abrite une grande collection de livres rares et de manuscrits.
    Catalogue : 250 000 livres, un million de manuscrits
    Heures d'ouverture : du mardi au samedi de 10H à 17H et les lundi et dimanche de 12H à 17H
    https://www.library.manchester.ac.uk/rylands

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    Stiftsbibliothek Admont, Admont (Autriche)

    La plus grande bibliothèque monastique du monde se trouve à Admont en Autriche. Son style baroque nous transporte tout droit dans un conte de fée... Les murs sont couverts de fresques et de dorures et les pièces très lumineuses à fin "d’éclairer les esprits". L'entrée coûte 11,50 €.
    Catalogue : 200 000 volumes
    Heures d'ouverture : tous les jours de 10H à 17H
    https://www.stiftadmont.at/seitenfehler

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    Kloster Wiblingen, Ulm (Allemagne)

    Si le style Rococo n’est pas au goût de tous, il faut bien avouer qu’il est tout de même impressionnant. Cette incroyable bibliothèque se cache dans un monastère bénédictin du début du XXe siècle. Longue de 72 mètres, richement décorée de fresques, de statues et de colonnes en marbre, c’est un émerveillement assuré. L’entrée est de 5 €.
    Catalogue : 9 000 volumes
    Heures d'ouverture : du mardi au dimanche de 10H à 17H
    https://kloster-wiblingen.de

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    Bibliothèque Marciana, Venise (Italie)

    La bibliothèque Marciana est l’une des plus grandes et plus prestigieuses bibliothèques d'Italie. Elle contient l'une des plus importantes collections de manuscrits grecs, latins et orientaux au monde. Située sur la fameuse Piazza San Marco, elle se distingue par un style élégant et résolument inhabituel pour cette période de fin du XVIème.
    Catalogue : 622 804 volumes, 2 887 incunables, 13 113 manuscrits, 24 069 manuscrits du XVIe siècle
    Heures d'ouverture : milieu de semaine 8H20 à 19H et le week-end de 8H20 à 13.30
    https://marciana.venezia.sbn.it

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    Bibliothèque Sainte-Geneviève, Paris

    Cette belle bibliothèque parisienne a été achevée en 1850 et a la particularité de ne s'inscrire dans aucun courant artistique. Il est donc sujet à la "libre interprétation". Sur les murs de la nef principale sont gravés les noms des auteurs les plus importants.
    Catalogue : 1,5 million de volumes, 85 000 manuscrits, 15 000 périodiques, 87 bases de données.
    Heures d'ouverture : du lundi au samedi de 14H à 18H
    http://bsg.univ-paris3.fr/iguana/www.main.cls

    https://www.holidu.fr
    https://www.wu.ac.at
    http://www.kb.dk/en
    https://www.buw.uw.edu.pl
    https://www.oodihelsinki.fi
    http://www1.stuttgart.de/stadtbibliothek
    https://www.library.manchester.ac.uk/rylands
    https://www.stiftadmont.at/seitenfehler
    https://kloster-wiblingen.de
    https://marciana.venezia.sbn.it
    http://bsg.univ-paris3.fr/iguana/www.main.cls

    Voir aussi : "Sur les pas d’Harry Potter, de Game of Thrones ou d’Outlander"

    © Landeshauptstadt Stuttgart - © WU Wien - © Royal Library Copenhagen - © Andrew Seles - © Maarit Hohteri - © Tecmark - Ltd via Flickr - © Admont Abbey - © LMZ Steffen Hauswirth - © Biblioteca Marciana - © Bibliothèque Sainte-Geneviève

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  • C’est Mozart qu’on ressuscite

    mozart,constanze weber,mozarteumJamais là mais pourtant omniprésent, Wolfgang Amadeus Mozart est bien la figure centrale du roman d’Isabelle Duquesnoy consacré à sa femme Constanze Weber, que l’auteure fait parler dans son récit passionnant.

    La redoutable Veuve Mozart (éd. La Martinière) démarre le 5 décembre 1791 à la mort du compositeur de La Flûte enchantée. Aux abois, l’artiste laisse, malgré l’admiration qu’il suscite, une dette importante, laissant sa femme et ses deux enfants dans une situation critique. Là sans doute réside l’explication de ce combat que n’aura de cesse de mener la veuve Mozart pour défendre à la fois l’héritage artistique de son mari et permettre à elle et ses deux fils, Franz-Xaver, dit Wolfgang Mozart II, et Carl Thomas, de sortir de la pauvreté. C’est ce dernier, l’aîné de la fratrie et aussi ancien fonctionnaire de Napoléon Ier, qui apparaît en filigrane du récit écrit à la première personne par Constanze.

    Ce qui intéresse Isabelle Duquesnoy est bien entendu le destin de la veuve Mozart, autant que l’histoire d’une famille autrichienne pas tout à fait comme les autres. Il pèse en particulier sur les enfants Mozart autant le poids d’un compositeur exceptionnel (le plus jeune enfant, bien que musicien, sera dans l’incapacité d’approcher la notoriété de son père) que le caractère combatif et étouffant d’une femme qui s’est résolue à défendre l’œuvre de son mari et à se battre contre les créanciers et faire-valoir ses droits – que l’on pense à l’histoire des droits sur le Requiem.

    Il rêvait d’en être admiré, ils l’humilièrent

    Isabelle Duquesnoy, à travers son livre La redoutable Veuve Mozart, entend aussi dépasser les différentes légendes autour de Mozart – la commande du Requiem, la jalousie de Salieri, le corbillard roulant seul pour conduire la dépouille mortelle jusqu’à la cathédrale Saint-Étienne de Vienne. L’auteure souligne aussi la situation inconfortable de Mozart, à la fois admiré et rejeté en raison notamment de son appartenance à la franc-maçonnerie : "[Il] détestait les aristocrates, mais il ne souhaitait pas d’autres reconnaissances que la leur. Il rêvait d’en être admiré, ils l’humilièrent. Il avait faim de leurs compliments, ils l’endettèrent. Il rêvait de les faire danser, ils l’enterrèrent. Je n’ai pas d’autre but que de leur faire regretter cette méprise."

    Constanze Weber, veuve qui vouait un amour et une admiration inconditionnelle à "son Mozart" mari (que l’on pense à la scène de la recherche de son crâne dans la fosse commune), est bien plus qu’une défenseuse zélée de ses droits moraux : elle se montre opiniâtre pour payer ses créanciers, ne pas laisser le Requiem lui échapper, se mettre, elle et ses enfants à l’abri du besoin et aussi faire de Mozart une marque rentable à travers des produits dérivés, une fondation et bien entendu des concerts (nous sommes au début du XIXe siècle!).

    Isabelle Duquesnoy peint aussi le paysage passionnant de l’Europe plongée dans les turpitudes de la Révolution française et de l’Empire napoléonien, dont Carl Thomas fut un fidèle serviteur.

    Vrai roman historique, richement documenté et salué par la Fondation Mozarteum de Salzbourg, La redoutable Veuve Mozart est tout aussi passionnante pour des portraits émouvants et souvent aussi sans concession de quelques personnages historiques : Haydn, Casanova, Beethoven ou Nannerl Mozart.

    Voilà un roman qui redonne vie à un compositeur légendaire comme à une femme peu connue, mais essentielle pour comprendre la pérennité d’une œuvre sans égal.

    Isabelle Duquesnoy, La redoutable Veuve Mozart, éd. De la Martinière, 2019, 295 p.
    http://www.editionsdelamartiniere.fr

    Voir aussi : "Nannerl, sœur de Mozart et génie sacrifiée"

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  • Plans à Troie

    cosimo ferri,achille,iliade,panthéon,troie,illiade,homère,mythologie,érotisme,sexeBon, on ne va pas se le cacher : cette bande dessinée mythologique autour d’Achille et de la guerre de Troie n’est à mettre entre toutes les mains. La saga Achille de Cosimo Ferri (éd. Tabou) propose une lecture à la fois palpitante, chaude et anti-classique au possible, tout en respectant l’esprit et l’histoire de la guerre mythique provoquée par l'enlèvement de la belle Hélène. L'auteur italien ne passe pas sous silence les luttes entre eux des dieux du Panthéon, aussi obnubilés par les luttes de pouvoir que par des considérations plus sensuelles.

    Pour ce cycle consacré à Achille, avec deux volumes parus et un troisième en préparation, Cosimo Ferri, au scénario et au dessin, s’est basé sur les sources de l’épopée troyenne, en premier lieu l’Iliade d’Homère.

    Le premier volume de ces ébouriffants albums de BD débute dans l’Olympe, là où se déclenche la grande discorde, provoquée par Éris qui n’a pas été invitée aux noces de Pélée et de la belle Thétis. La dispute et la jalousie va provoquer insidieusement le conflit légendaire de Troyes, en mettant le prince Pâris sur le chemin d’Hélène, la plus belle femme du monde mais aussi la fille du roi de Sparte, Ménélas. C’est le casus belli qui déclenche un conflit de dix ans, avec ces héros légendaires que sont Ulysse, Hector, Ajax et bien entendu Achille, le fils de Thétis.

    Le premier tome de la saga est consacré au déclenchement de la guerre de Troie, avec ces récits légendaires : l’enlèvement de la belle Hélène, l’éducation d’Achille avec le centaure Chiron, le départ vers Troie et les doutes d’Achille qui hésite à s’engager.

    Un style maniériste

    Avec le second volume, nous voilà de plain-pied dans l’Iliade et cette dernière année du conflit contée par Homère : les Grecs ont bafoué Apollon en enlevant – à leur tour – une jeune femme, Briséis. Cette Troyenne a été capturée par le roi Agamemnon et devient la captive d’Achille, non sans que la sculpturale otage n’y trouve quelque plaisir. Une peste (puisqu’il faut bien l’appeler par son nom) ravage les rangs des Achéens. Agamemnon contraint Achille de libérer Briséis, provoquant la colère du héros. Par vengeance, le plus célèbre des héros achéen se retire du conflit qui tourne en la faveur des Troyens. Il faudra la mort au combat de Patrocle pour que le fils de Thétis rejoigne le rang des Grecs.

    Pour conter le récit légendaire, Cosimo Ferri a respecté la trame du cycle troyen comme de la mythologie, tout en adoptant un style maniériste. Son coup de crayon permet de dépoussiérer la légende troyenne, avec des personnages, hommes et femmes lorsque ce ne sont pas des dieux et des déesses, s’abandonnant dans des étreintes savamment orchestrées, dans toutes les positions possibles, et dans les plans les plus épicés possibles. Voilà qui rend L’Iliade d’un seul coup plus sexy. Les corps sculpturaux prennent vie dans des scènes d’une forte tension érotique, à l’instar de celle dans le domaine sous-marin des Néréides ou du plan à trois aux portes d’Ilion entre Achille, Patrocle et Briséis (tome 2).

    La série mythologique de Cosimo Ferri assume son parti-pris érotique, un parti-pris qui a du sens si l’on songe aux intrigues amoureuses que l’on prêtait aux dieux de l’Olympe. L’artiste italien revient finalement aux fondamentaux : une Hélène à la beauté ravageuse, des amitiés viriles et passionnées, des démiurges à la libido hyper développée et des humains irrésistibles et beaux comme dieux.

    Cosimo Ferri, Achille, tome 1, La Belle Hélène, éd. Tabou, 2018, 64 p.
    Cosimo Ferri, Achille, tome 2, Pour l’Amour de Patrocle, éd. Tabou, 2019, 64 p.
    https://www.cosimoferri.com
    https://www.facebook.com/cosimoferriart

    Voir aussi : "Du sex-appeal à réveiller les morts"

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  • Beau et sombre à la fois

    david foenkinos,roman,modigliani,lyon,musée d’orsay,gardien de muséeVers la Beauté de David Foenkinos débute par un enjeu étonnant : un prestigieux professeur aux beaux-arts de Lyon choisit de postuler pour devenir simple gardien de salles au Musée d’Orsay. Mathilde Mattel, DRH de l’auguste établissement parisien accueille ce nouveau venu avec une très grande perplexité. Qui est cet Antoine Duris ayant choisi un poste sous-qualifié ? Comment expliquer que ce spécialiste de Modigliani accepte cet endroit effacé, même si ses connaissances pointues sur le peintre de Montmartre ne vont pas sans provoquer des remous, par exemple lorsque ce gardien de salles en vient à contredire les propos d’un guide trop sûr de lui. Un bien étrange agent en réalité, seul, et que l’on sent terrassé par une douleur indicible que seule la proximité de tableaux, dont ceux de Modigliani, semble parvenir à apaiser : "Quand il se sentait mal, il allait se promener dans un musée. Le merveilleux demeurait la meilleure arme contre la fragilité." Alain Duris est bien un mystère à part entière, un mystère qui conduit Mathilde à s’y intéresser malgré elle, puis à se rapprocher de lui. Un rapprochement qui les conduit jusqu’à Lyon où s’écrit l’histoire de cet ancien professeur et surtout celle d’une jeune femme de dix-huit ans, véritable réincarnation de Jeanne Hébuterne, la femme et muse de Modigliani.

    David Foenkinos clôt la première partie de Vers la Beauté aux portes de Lyon, avant d’en ouvrir une seconde, consacrée cette fois presque exclusivement à Camille, cette jeune étudiante des beaux-arts, brillante peintre que son travail sur la beauté va singulièrement conduire au drame. "Elle comprenait le puissance cicatrisante de la beauté. Face à un tableau, nous ne sommes pas jugés, l'échange est pur, l’œuvre semble comprendre notre douleur et nous console par le silence, elle demeure dans une éternité fixe et rassurante, son seul but est de vous combler par les ondes du beau."

    Un rendez-vous manqué

    C’est une bouleversante lutte pour la vie que nous conte David Foenkinos, scrutateur de cette beauté qui est celle des beaux-arts. David Foenkinos est un témoin, mais comme l’est également Antoine Duris, ce professeur brillant dont une rencontre impromptue et l’histoire d’un rendez-vous manqué scelle le destin.

    L’écrivain suit avec compassion Camille, autre Jeanne Hébuterne, victime innocente et gâchis humain autant qu’artistique. La deuxième partie de Vers la Beauté sonne comme un chemin de croix douloureux et d’une cruauté indicible. Le lecteur attend le moment où l’auteur parviendra à ressouder les deux parties de son roman. Il le fait en tissant un mince écheveau, sans doute le moins spectaculaire qui soit, mais aussi de la manière la plus réaliste, ce qui accentue d’autant sa dimension pathétique. "Antoine rentra chez lui, et continua de penser à Camille. Quelle jeune femme incroyable. Pendant l'heure passée avec elle, il avait tout oublié. Certaines personnes ont le pouvoir de vous fixer entièrement, totalement, dans une dévotion du présent."

    Le roman se termine par un retour vers cette beauté qui est au cœur du roman, dont le personnage principal est finalement moins cet homme terrassé par l’injustice que par une jeune femme qui a fait de la beauté son combat mais qui en sera également indirectement une victime. "Face à un tableau, nous ne sommes pas jugés, l'échange est pur, l’œuvre semble comprendre notre douleur et nous console par le silence, elle demeure dans une éternité fixe et rassurante, son seul but est de vous combler par les ondes du beau."

    David Foenkinos, Vers la Beauté, éd. Gallimard, 2018, 224 p.
    @DavidFoenkinos

    Voir aussi : "Hors-série pour David Foenkinos"
    "David Foenkinos, son œuvre"

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  • Adieu, prime jeunesse

    lola nicolle,roman,parisLola Nicolle signe avec Après La Fête (éd. Les Escales) un de ces romans emblématiques de la génération Y et un véritable récit sur le désenchantement, la séparation et les amitiés que l’on tient encore à bout de bras mais que l’on sait sur le déclin. Il n’est du reste pas anodin de préciser que le roman de Lola Nicolle démarre le 13 novembre 2015, date historique, tragique et funèbre.

    Raphaëlle, brillante étudiante en lettres, s’apprête à se jeter dans le grand bain du monde professionnel, plus précisément dans l’édition, et non sans réussite il faut le dire. Ce passage capital dans l’âge adulte marque aussi la fin des fêtes étudiantes, de rêves, d’amitiés mais aussi, pour elle, d’une relation compliquée avec un petit ami qui semble toujours naviguer entre deux eaux ("Sans le savoir, tu gis là, innocent dans mon regard. Comme par le trou d'une serrure, j'observe la vie que nous n'aurons jamais. Les choix qui font bifurquer. Cette case de notre passé dans laquelle je t'avais rangé").

    La narratrice, jeune femme chanceuse et gâtée par la vie, propose un regard aiguisé et acide sur son pays et sur une capitale devenue un monstre à la fois attirant et repoussant : "Impossible pour les jeunes Parisiens de choisir un quartier. Ce sont les quartiers qui les trouvent, en fonction de la somme de toute façon exorbitante qu’ils sont prêts chaque mois à débourser… Bientôt les grandes villes européennes ressembleraient à des halls d’aéroport. Le chant des valises à roulettes résonnant chaque matin, chaque soir, dans les rues bien endormies de la capitale."

    L’éblouissement de la culture dans les milieux populaires

    Délaissant la facture bobo, que le roman laissait craindre, au profit de la nostalgie et d’une touchante mélancolie, Lola Nicolle avance aussi à pas feutrés sur le terrain social lorsqu’elle parle de la famille de celui qui ne sera bientôt plus qu’un ex. D’une plume à la fois précise et imagée, l’auteure évoque l’éblouissement de la culture dans les milieux populaires ("Jamais tu ne t’arrêtais de lire. Tu achetais les livres par cinq, dix, de poche et d’occasion, chez les revendeurs qui bordaient le boulevard. Lorsque nous croisions une librairie, c’était plus fort que toi ; tu entrais, embrassais du regard l’ensemble des rayonnages. Tu aurais aimé avoir tout lu"), de la barrière symbolique entre le Paris fantasmé et les banlieues des deuxième, troisième ou cinquième zones, des rêves de réussites déçus ("À cette époque, on encourageait les plus jeunes à intégrer des écoles de commerce, à se laisser des portes ouvertes : généraliste en rien, spécialiste en vide") ou de son goût générationnel pour la culture urbaine et rap (50 Cents, PNL, NTM, Ménélik ou IAM).

    Lola Nicolle se fait observatrice d’un désamour qui va croissant, sans pour autant abandonner la tendresse qu’elle porte encore à celui qui a accompagné les derniers temps de sa prime jeunesse et qu’elle veut fixer à jamais ("Je faisais des clichés de ton corps fragmenté. En gros plan, ta bouche. Tes merveilleuses lèvres. Les tâches de rousseurs constellant tes épaules. Tes pieds, lorsque tu étais allongé… Ton corps meuble-Ikea").

    Raphaëlle, navigue, à la fois consciente d’être une privilégiée mais aussi terrifiée par un futur peu réjouissant : les avertissements terrifiants du GIEC, les barrières sociales et la "corruption" des modèles anciens. Comment être heureux dans un monde marchandisé ? Comment être femme et féministe au milieu de modèles imposés ? Comment aussi réinventer la fête et comment la faire durer si c’est encore possible ?

    Adieu, chère adolescence et prime jeunesse, semble écrire Lola Nicolle qui n’entend pas non plus enterrer ses toutes jeunes années : "Et aussi, pour toujours, il y aurait le premier baiser, les bateaux chavirés, l’ivresse des beaux jours… même si chacun s’était éloigné."

    Lola Nicolle, Après La Fête, éd. Les Escales, 2019, 155 p.
    https://twitter.com/lolanicolle

    Voir aussi : "Nous nous sommes tant aimés"

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