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Livres et littérature - Page 41

  • Adieu, prime jeunesse

    lola nicolle,roman,parisLola Nicolle signe avec Après La Fête (éd. Les Escales) un de ces romans emblématiques de la génération Y et un véritable récit sur le désenchantement, la séparation et les amitiés que l’on tient encore à bout de bras mais que l’on sait sur le déclin. Il n’est du reste pas anodin de préciser que le roman de Lola Nicolle démarre le 13 novembre 2015, date historique, tragique et funèbre.

    Raphaëlle, brillante étudiante en lettres, s’apprête à se jeter dans le grand bain du monde professionnel, plus précisément dans l’édition, et non sans réussite il faut le dire. Ce passage capital dans l’âge adulte marque aussi la fin des fêtes étudiantes, de rêves, d’amitiés mais aussi, pour elle, d’une relation compliquée avec un petit ami qui semble toujours naviguer entre deux eaux ("Sans le savoir, tu gis là, innocent dans mon regard. Comme par le trou d'une serrure, j'observe la vie que nous n'aurons jamais. Les choix qui font bifurquer. Cette case de notre passé dans laquelle je t'avais rangé").

    La narratrice, jeune femme chanceuse et gâtée par la vie, propose un regard aiguisé et acide sur son pays et sur une capitale devenue un monstre à la fois attirant et repoussant : "Impossible pour les jeunes Parisiens de choisir un quartier. Ce sont les quartiers qui les trouvent, en fonction de la somme de toute façon exorbitante qu’ils sont prêts chaque mois à débourser… Bientôt les grandes villes européennes ressembleraient à des halls d’aéroport. Le chant des valises à roulettes résonnant chaque matin, chaque soir, dans les rues bien endormies de la capitale."

    L’éblouissement de la culture dans les milieux populaires

    Délaissant la facture bobo, que le roman laissait craindre, au profit de la nostalgie et d’une touchante mélancolie, Lola Nicolle avance aussi à pas feutrés sur le terrain social lorsqu’elle parle de la famille de celui qui ne sera bientôt plus qu’un ex. D’une plume à la fois précise et imagée, l’auteure évoque l’éblouissement de la culture dans les milieux populaires ("Jamais tu ne t’arrêtais de lire. Tu achetais les livres par cinq, dix, de poche et d’occasion, chez les revendeurs qui bordaient le boulevard. Lorsque nous croisions une librairie, c’était plus fort que toi ; tu entrais, embrassais du regard l’ensemble des rayonnages. Tu aurais aimé avoir tout lu"), de la barrière symbolique entre le Paris fantasmé et les banlieues des deuxième, troisième ou cinquième zones, des rêves de réussites déçus ("À cette époque, on encourageait les plus jeunes à intégrer des écoles de commerce, à se laisser des portes ouvertes : généraliste en rien, spécialiste en vide") ou de son goût générationnel pour la culture urbaine et rap (50 Cents, PNL, NTM, Ménélik ou IAM).

    Lola Nicolle se fait observatrice d’un désamour qui va croissant, sans pour autant abandonner la tendresse qu’elle porte encore à celui qui a accompagné les derniers temps de sa prime jeunesse et qu’elle veut fixer à jamais ("Je faisais des clichés de ton corps fragmenté. En gros plan, ta bouche. Tes merveilleuses lèvres. Les tâches de rousseurs constellant tes épaules. Tes pieds, lorsque tu étais allongé… Ton corps meuble-Ikea").

    Raphaëlle, navigue, à la fois consciente d’être une privilégiée mais aussi terrifiée par un futur peu réjouissant : les avertissements terrifiants du GIEC, les barrières sociales et la "corruption" des modèles anciens. Comment être heureux dans un monde marchandisé ? Comment être femme et féministe au milieu de modèles imposés ? Comment aussi réinventer la fête et comment la faire durer si c’est encore possible ?

    Adieu, chère adolescence et prime jeunesse, semble écrire Lola Nicolle qui n’entend pas non plus enterrer ses toutes jeunes années : "Et aussi, pour toujours, il y aurait le premier baiser, les bateaux chavirés, l’ivresse des beaux jours… même si chacun s’était éloigné."

    Lola Nicolle, Après La Fête, éd. Les Escales, 2019, 155 p.
    https://twitter.com/lolanicolle

    Voir aussi : "Nous nous sommes tant aimés"

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  • Mémoires d’une jeune fille rongée

    johanna zaïre,rebirth,témoignage,autoédition,spDans la pléthore d’autofictions dont la sincérité et la droiture peuvent laisser à désirer, le témoignage de Johanna Zaïre, Rebirth, dénote par sa franchise à toute épreuve, son côté cash et sa facture : le récit d’une trajectoire édifiante de la dépression vers une incroyable reconstruction grâce aux arts. "Un jour, j'ai entamé une descente aux Enfers et je me suis perdue. J’ai cherché à partir et je suis restée. Combattre mes démons, essayer de comprendre, me sentir différente, être différente, me battre pour être enfin moi-même et m'en sortir."

    Cette différence porte un nom : "surefficience mentale". Johanna Zaïre résume cette caractéristique psychologique ainsi : "Je ne suis pas plus intelligente que toi ou quiconque, rien à voir avec le fait d’être surdoué, c’est plus compliqué que ça. Pour résumé, je dirais simplement que contrairement à « la norme », je fonctionne davantage avec mon cerveau droit, hôte de l’imagination, l’intuition, la créativité, les émotions et les pensées foudroyantes… Je ne supporte pas la lumière, ni les goûts extrêmes (acide/amer), ni les fortes odeurs… C’est ce qu’on appelle l’hyperestésie : la sensibilité accrue aux sens."

    Hyperestésique et surefficiente, la jeune femme doit faire face dès son adolescence à une double épreuve : l’accident mortel de son petit copain et le suicide quelques jours plus tard d’un de ses meilleurs amis. Ces deux drames, coup sur coup, marquent le début d’une "descente aux enfers" marquée par la dépression, les conduites à risque et les tentatives de suicide.  "Tombera ou tombera pas ? (…) Comment prévenir une chute ou une descente aux enfers ?" résume l’auteure en toute fin de son livre, qui est autant le témoignage d’une jeune fille rongée intérieurement que le récit d’une lente reconstruction.

    World War Web, sélectionné dans plusieurs festivals internationaux

    Johanna Zaïre se lance à corps perdu dans les arts – la musique, la littérature puis le cinéma – qui vont finir par devenir indispensables à l’équilibre de la jeune femme : publications (Sanatorium, World War Web ou Les Roitsy de Magara Kisi), compositions, concerts ou tournages rythment une vie trépidante, marquée également par des déceptions personnelles, sentimentales et artistiques comme par les impératifs professionnels.

    Véritable récit thérapeutique, Rebirth est un livre confession total dans lequel se succèdent sans fard ses souvenirs non-édulcorés, ses accusations adressées à d’anciens proches, des photos, des reproductions de courriers ou de textes manuscrits et surtout des flash-codes invitant le lecteur à découvrir quelques-uns de ses titres ou des vidéos (dont le clip World War Web, sélectionné dans plusieurs festivals internationaux). Rebirth est complété par des illustrations de Thibault Colon de Franciosi.

    "De la cendre… C’est ce que j’étais il y a treize ans" confie Johanna Zaïre. En véritable artiste qui a choisi la liberté, hors de toute structure, pour bâtir une œuvre sans limite, mêlant musiques, littérature et vidéo. Un témoignage à lire, à vivre et à suivre.

    Johanna Zaïre, Rebirth, de la cendre au Phoenix, autoédité, 379 p., 2019
    https://www.johannazaireofficiel.com

    Voir aussi : "Brigitte Bellac, toujours debout"

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  • Charles Bukowski, affreux de la création

    charles bukowski,poésie,poèmesDe Charles Bbukowski, on retient habituellement les sulfureux Contes de la Folie ordinaire ou Women. Mais son œuvre est aussi celle d’un poète, sans doute le plus percutant, le plus outrancier et le plus déconcertant de la littérature américaine.

    Après la publication remarquée il y a deux ans d’une partie de sa correspondance (Sur l’Écriture), les éditions Au Diable Vauvert proposent, avec Tempête pour les Morts et les Vivants, une sélection de ses poèmes rares et souvent inédits.

    Le titre de cette anthologie (Storm for the Living and the Dead) est celui d’un texte tardif – en 1993, soit tout juste un an avant son décès –, dans lequel l’écrivain fait d’une scène quotidienne chez lui un moment à la fois trivial, tragique et plein de grâce ("Je suis un vieil écrivain. / un facture de téléphone me nargue / la tête à l’envers. / la fête est finie. / san Pedro, / en l’an de grâce / 1993. / assis là").

    Plus de trente ans de créations poétiques sont réunies dans cette précieuse compilation qui est souvent l’autoportrait d’un artiste en proie à ses dérives – l’alcool, la dépression, la solitude ou la dèche – ou à ses passions – les courses de chevaux, les femmes et bien sûr la littérature. "Pourquoi est-ce que tous les poèmes sont personnels ?" écrit en avril 1961.

    Ses mots sont des "flèches", comme il l’écrit dans "Dans celui-là " (1960), avant, quelques années plus tard, de revendiquer sa filiation avec quelques grands noms : Hemingway ("Je pense à Hemingway", 1962) ou Walt Whitman ("Corrections d'ego, principalement d'après Whitman"), jusqu’à écrire un panégyrique grinçant… sur lui-même : "Charles Bukowski est une figure de l’underground / Charles Bukowski pionce jusqu’à midi et se réveille toujours avec une gueule de bois / Charles Bukowski a été encensé par Genet et Henry Miller" ("Un poème pour moi-même", vers 1970).

    Les vers explosent, la langue s’affranchit des conventions et la voix du poète utilise d’innombrables registres

    Les textes de Bukowski, tranchants, provocateurs et rythmées, frappent par leur liberté formelle : les vers explosent, la langue s’affranchit des conventions et la voix du poète utilise d’innombrables registres, parfois étonnants. Certains poèmes s’apparentent à des micro-nouvelles ("Clones", février 1982), des extraits de journal intime ("Ai bossé dans le train" été 1985), des chroniques ("La lesbienne", 1970), voire de la correspondance ("Un lecteur m’écrit", 25 mars 1991).

    Charles Bukowski se fait sarcastique lorsqu’il parle d’une époque et d’un pays qui a fini par le rendre célèbre après des années de misère. L’auteur du Journal d'un vieux Dégueulasse est le poète d’une certaine Amérique cynique, cruelle, violente et impitoyable pour les marginaux et les pauvres ("Mon Amérique, 1936", octobre 1992).

    Finalement, il trouve son salut dans la poésie et la littérature ("2 poèmes immortels", 1970). À côté de textes sombres, l’homme de lettres propose des instants lumineux : la confession d'un père ("Conversation téléphonique avec ma fille de 5 ans à Garden Grove", 1970), une chanson d’amour (mars 1971), un poème sur sa grand-mère ("Verrues", 1973), le tableau d’un couple de hippies attendrissants ("Bob Dylan", 1975), sans oublier ces portraits de femmes ("Les femmes de l’après-midi", 1976).

    Le recueil se termine avec ce qui est certainement son tout dernier texte ("Chanson pour ce chagrin doucement dévastateur") : une sorte de confession en forme de singulière leçon de vie et de sagesse : "Laissons la lumière nous éclairer / souffrons en grande pompe – / le cure-dent aux lèvres, tout sourire. / on peut y arriver. / on est né fort et on mourra / fort… / ça été très / plaisant. / nos os / tels des tiges dressés vers le ciel / crieront victoire / jusqu’à la fin des temps."

    Charles Bukowski, Tempête pour les Morts et les Vivants
    éd. Au Diable Vauvert, 350 p.

    http://charlesbukowski.free.fr

    Voir aussi : "Ivre de vers et d’alcool"

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  • David Foenkinos, son œuvre

    Avant de commencer notre hors-série sur David Foenkinos et la publication de chroniques sur ses livres, il paraissait logique de lister ses publications : 

    Inversion de l'Idiotie : de l'Influence de deux Polonais, Gallimard, 2002
    Entre les Oreilles, Gallimard, 2002
    Le Potentiel érotique de ma Femme, Gallimard, 2004
    En cas de Bonheur, Flammarion, 2005
    Les Cœurs autonomes, Grasset, 2006
    Qui se souvient de David Foenkinos ?, Gallimard, 2007
    Nos Séparations, Gallimard, 2008
    La Délicatesse, Gallimard, 2009
    Bernard, Les éditions du Moteur, 2010
    Lennon, Plon, 2010
    Les Souvenirs, Gallimard, 2011
    Je vais mieux, Gallimard, 2013
    La Tête de l'Emploi (Richard), J'ai lu, 2014
    Charlotte, Gallimard, 2014
    Le Mystère Henri Pick, Gallimard, 2016
    Vers la beauté, Gallimard, 2018
    Deux sœurs, Gallimard, 2019
    La famille Martin, Gallimard, 2020
    Numéro deux, Gallimard, 2022
    La Vie heureuse, Gallimard, 2024

    Outre ces romans, s’ajoutent des recueils de nouvelles, de la littérature jeunesse et du théâtre :

    Vu de la Lune, recueil de nouvelles, Gallimard, 2005 
    Des nouvelles de La Fontaine, recueil de nouvelles, Gallimard, 2007
    Ici et Là, ou bien ailleurs, recueil de nouvelles, illustrations de Sroop Sunar, Gallimard, 2014
    Collectif, Bonnes Vacances, recueil de nouvelles, Scripto, Gallimard Jeunesse, 2003
    Le petit garçon qui disait toujours Non, Albin Michel Jeunesse, 2011
    Le Saule pleureur de bonne Humeur, Albin Michel Jeunesse, 2012
    Célibataires, théâtre, Flammarion, 2008
    Le plus beau Jour, théâtre, 2016

    https://www.facebook.com/david.foenkinos
    @DavidFoenkinos
    https://fr.wikipedia.org/wiki/David_Foenkinos

    Voir aussi : "Hors-série pour David Foenkinos"

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  • Les secrets de Nola Kellergan

    joël dicker,harry quebert,romanÀ la lecture de La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert de Joël Dicker, un autre roman vient immédiatement en tête : Lolita de Vladimir Nabokov. Un professeur de littérature tombe amoureux d’une adolescente dans une petite ville américaine de l’est américain : le clin d’œil de l’écrivain suisse est flagrant jusque dans le prénom de la jeune fille et dans certains passages qui font écho à l’auteur russe : "Nola. Nola. N-O-L-A. N-O-L-A. N-O-L-A. Quatre lettre qui avaient bouleversé son monde. Nola, petit bout de femme qui lui faisait tourner la tête depuis qu’il l’avait vue."

    Pour autant, Joël Dicker ne fait pas de cette histoire d’amour scandaleuse un roman social mais un polar ambitieux et passionnant de bout en bout.

    Harry Quebert est au cœur d’une enquête menée par le personnage principal du roman, Marcus Godman, auteur à succès qui peine à sortir du syndrome de la page blanche. Nous sommes en 2008 et l’Amérique se passionne pour l’élection nationale qui s’apprête à envoyer Barack Obama à la Maison Blanche. Harry Quebert a été le professeur de Goldman mais aussi son mentor et ami. Ce charismatique homme de lettres, et auteur plusieurs années plus tôt d’un ouvrage majeur de la littérature, Les Origines du Mal, lui apprend qu’il est accusé d'un double meurtre durant l'été  1975, dont celui de Nola Kerrigan. Ce nom n'est pas inconnu pour le jeune écrivain qui a découvert quelques années plus tôt qu’Harry Quebert a entretenu une relation sulfureuse avec cette toute jeune femme. Une relation qui s'est terminée par la disparition.suspectecte de Nola en 1975. Sauf que, durant cet été 2008, c’est bien son corps qui est découvert, enterré dans la propriété du professeur.

    Une contre-enquête dans laquelle les questions sont aussi nombreuses que les dissimulations

    Circonstances atténuantes : On découvre à côté du cadavre un manuscrit original du livre à succès de Quebert avec un mot d’adieu écrit à la main. Et lorsque les enquêteurs, dont l’imposant sergent Gahalowood, découvrent qu’en 1975 une voiture suspecte a été filée la nuit du drame et qu’Harry Quebert conduisait une voiture de ce type, il semble que la messe soit dite pour l'intellectuel. 

    Mais Marcus Goldman ne veut pas croire à la culpabilité de son ami et se lance dans une contre-enquête dans laquelle les questions sont aussi nombreuses que les dissimulations. Au fil des 670 pages du roman, tout est remis en question, jusqu’au passé de Harry Quebert. Qui est-il ? Qui était au courant de sa relation secrète avec Nola ? Quels secrets elle-même cachait-elle ? Que s’est-il réellement passé la nuit du 30 août 1975 ? Le livre de Harry Quebert pourrait-il apporter des clés à ce crime ? En revenant sur les lieux de sa jeunesse, Marcus Goldman ne veut pas seulement percer les mystères d’un fait divers vieux de plus de trente ans : il entend bien aussi écrire le livre basé sur son enquête, d’autant plus que son éditeur se fait de plus en plus pressant.

    Le roman de Joël Dicker peut se lire sur plusieurs niveaux. Il s’agit bien évidemment d'un policier dont la clé se dévoile dans les dernières pages. Que du classique a priori : un coupable parfait, des preuves accablantes, une victime bouleversante et aux lourds secrets et un meurtre sordide. Marcus Goldman, romancier tête à claque mais surtout pugnace est bien décidé à laver l’honneur de son ami. Un ami qui passe en quelques jours du statut de notable et d’intellectuel admiré à celui de criminel. Joël Dicker n’oublie pas d’épingler les travers de l’Amérique, de son puritanisme et de la toute puissance des médias comme de la vox populi. Mais La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert est aussi un grand roman sur la création littéraire, à travers une astucieuse mise en abîme, et sur les grands mensonges qui font aussi les chefs-d’œuvre : "Deux choses donnent du sens à la vie : les livres et l'amour."

    La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert, sorti il y a déjà sept ans, n'a pas perdu de sa maestria. Le roman a fait cette année l'objet d'une adaptation en série télé, réalisée par Jean-Jacques Annaud avec Patrick Dempsey, Ben Schnetzer et Kristine Froseth.

    Joël Dicker, La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert,
    éd. De Fallois / L’Âge d’Homme, 2012, 670 p.

    https://joeldicker.com

    Voir aussi : "Qu’avez-vous réellement vu ce soir-là ?"

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  • Hors-série pour David Foenkinos

    Après le dossier spécial Tatiana de Rosnay qui s’était étalé sur plusieurs mois, c’est David Foenkinos qui fera bientôt l’objet d’un hors-série sur Bla Bla Blog.

    Premiers ouvrages chroniqués ouvriront ce nouveau dossier spécial : Le Mystère Henri Pick et Vers la Beauté.

    https://www.facebook.com/david.foenkinos
    @DavidFoenkinos

    Voir aussi : "Hors-série Tatiana de Rosnay"

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  • Dante, voyage au bout de l'enfer

    john freccero,dante,divine comédie,virgile,béatrice,boèce,platon,aristote,saint augustin,thomas d’aquin,clément d’alexandrie,philon d’alexandrie,homère,théologieQue nous reste-t-il à apprendre de Dante et de la Divine Comédie, cette œuvre phare de la littérature italienne, sinon mondiale ? Depuis sa parution au XIVe siècle, tout ou presque a été dit et commenté au sujet du récit poétique de Dante Alighieri, relatant son périple dans l’au-delà, guidé d’abord par Virgile, en partant de l’enfer ("Lasciate ogne speranza, voi ch'intrate", "Laissez toute espérance, vous qui entrez"), jusqu’au purgatoire, puis au paradis où l’attend Béatrice, la femme qu’il a aimé depuis son enfance, qu’il a perdu et à qui il vouera le reste de son œuvre.

    John Freccero, universitaire américain spécialiste de Dante, a écrit une série d’articles sur la Divine Comédie, et ce sont ces articles qui ont été compilés pour former cet essai très impressionnant, Dante, une poétique de la conversion (éd. Desclée de Brouwer). D’abord publié en 1986 aux États-Unis, l’étude de John Freccero arrive enfin en France. Assez logiquement, les textes ont été classés non par date de leur publication, mais en suivant l’ordre du poème, en 17 chapitres, de l’enfer au paradis. Voilà qui donne à l’ensemble une belle cohérence en même temps qu’une solide rigueur scientifique.

    Voyage imaginaire, sinon terrifiant vers l’au-delà, la Divine Comédie est étudiée grâce à l’universitaire émérite sous l’angle d’un voyage intérieur "vers la vérité", en somme une quête à la fois religieuse et poétique qui permet au lecteur de 2019 de se replacer dans le contexte de l’homme de lettres du XIVe siècle que fut Dante nourri aussi bien de sources antiques que chrétiennes qui font sens ici : "Le pèlerin doit luter pour parvenir dans la caverne, où Platon suppose que commence ce voyage."

    "Le voyage de la Divine Comédie commence par une conversion" commente John Freccero au sujet des premiers chants de l’Enfer. S’appuyant sur Platon (Timée), Aristote, s. Augustin, Clément d’Alexandrie, Philon d’Alexandrie ou Jean l’Évangéliste, l’universitaire américain montre toute la portée allégorique de ce voyage du corps qui est aussi celui de l’âme. Avec une rare érudition, John Freccero fait se répondre "cosmos aristotélicien", théories du désir chez Platon et Aristote, réflexions sur les péchés chrétiens et propos sur la chute originelle pour parler de ces limbes que doit traverser le pèlerin.

    Roman autobiographique

    Assez singulièrement pour un tel ouvrage, John Freccero parle de la Divine Comédie comme d’un "roman autobiographique". Dante, pèlerin de l’au-delà, entame un voyage imaginaire, une épopée homérique au sens premier du terme (chapitre 8), qui est aussi celui d’un homme nourri aux sources religieuses du Moyen Âge. Ce périple surnaturel – parlons aussi de "conversion" – suit un mouvement circulaire que le chercheur américain développe avec précision dans le chapitre 4 de l’essai, avec toujours une somme impressionnante de références littéraires : Boèce, Platon, s. Thomas d’Aquin, Aristote ou Virgile, le guide de Dante jusqu’aux portes du paradis. Ces références font d’autant plus sens que John Freccero parle de l’importance de l’itinéraire intellectuel, artistique et poétique – dit autrement, pour reprendre Virgile, de "l’analogie entre la créativité divine et l’industrie humaine".

    Finalement quel est le but du voyage de Dante ? Certainement "une sorte de Mont de Parnasse" répond l’universitaire, qui développe assez longuement la célèbre citation de l’entrée aux enfers. Pour ardue que soit l’exégèse de John Freccero, elle permet au moins d’éclairer l’explication du terme de "Comédie" (Commedia), à mettre en corrélation, si l’on veut, avec cette ironie dont parle l’auteur : "l’enfer [comme] imitation du réel."

    L’expérience personnelle de l’auteur ("roman autobiographique") est bien entendu au cœur de la Divine Comédie, notamment dans le chant de la méduse (Enfer, chant IX), qui est aussi un chant d’amour pour Béatrice : "le mot « Amour » est donc le lien qui unit le ciel à la terre et le poète à son auditoire, contenant en lui-même la substance du poème". "La regénération du pèlerin", qui passera par le purgatoire avant d’atteindre le paradis, est aussi une construction poétique indissociable de la recherche mystique. John Freccero parle de "maturité poétique atteinte par Dante" lorsqu’il écrit son chef d’œuvre. Un chef d’œuvre à la fois mystique, poétique et littéraire dans lequel le voyage vers l’au-delà est aussi celui, allégorique, de la poésie, de la métaphysique, du conte philosophique et de la recherche artistique : "L’histoire du pèlerin conduit au moment où il acquiert le statut de conteur, de sorte que l’histoire que raconte la Divine Comédie est en partie l’histoire de la façon dont cette histoire a été écrite." Avec, pour muse, son amour de toujours, Béatrice.

    John Freccero, Dante, une poétique de la conversion
    éd. Desclée de Brouwer, CNL, 546 p., 2019

    https://www.editionsddb.fr/auteur/fiche/54102-john-freccero

    Voir aussi : "Death is not the end"

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  • Death is not the end

    alain joseph bellet,médium,morts,défunts,deuil,bretagneVous qui entrez dans la lecture du dernier ouvrage d’Alain Joseph Bellet, Écoutez ce que les défunts nous disent (Presses du Châtelet), abandonnez toutes vos certitudes. À la suite de son précédent ouvrage, Les Morts sont parmi nous, le médium breton répond aux questions "devons-nous avoir peur de la mort ?" et "l’être humain est-il préparé à ce qui l’attend dans l’autre monde ?" grâce à une série de témoignages et d’expériences qui devraient en troubler plus d’un.

    La mort est notre lot commun. Pourquoi ne pas s’y intéresser et ne pas s’intéresser à un homme, Alain Joseph Bellet, qui nous assure que les morts lui transmettent des informations ? Au scepticisme et au doute qui peut saisir le lecteur, le médium répond moins par des discours et des explications que par des témoignages et ces psychographies assez incroyables.

    Les témoignages en question constituent la première partie de l’ouvrage ("La mort fait partie de la vie"). Dans cette partie, la parole est laissée aux proches ayant consulté en conférence ou en consultation le médium. Les témoins détaillent les "conversations" avec ces défunts qu’ils ont connu et qui font d’Alain Joseph Bellet leur médiateur post mortem. Que racontent ces hommes, ces femmes, ces adolescents ou ces enfants comme revenus parmi les vivants le temps d’un échange avec ce médium ? D’abord des scènes de la vie quotidienne, des faits méconnus, des souvenirs qu’eux seuls savaient ou des sobriquets qu’Alain Joseph Bellet ne pouvaient pas connaître. Comment cet homme peut-il raconter de manière aussi précise ces détails de la vie quotidienne (un bijou, des prénoms précis, des descriptions précises ou des récits personnels) ? Au sujet de son frère mort, une femme s’étonne d’entendre ces "détails tous plus vrais les uns que les autres."

    Une pratique dangereuse

    La deuxième partie du livre, la plus importante puisqu’elle en occupe les deux tiers, est consacrée à ces psychographies, un néologisme qui désigne la transcription de textes via l’écriture automatique. Une pratique dangereuse, comme le reconnaît Alain Joseph Bellet qui a consacré des pages importantes à ces exercices dans son précédent livre, Les Morts sont parmi nous. "L’écriture est pour moi un moyen de dialoguer et d’analyser plus en profondeur mes échanges avec le monde spirituel" dit-il encore.

    Les psychographies relèvent de nombreux points communs : le détachement du corps, l’absence de souffrance, la sensation de flotter dans les airs, un tunnel, des visions de lumières. Mais il existe aussi des différences au fur et à mesure que s’affinent les "témoignages", avec des "points d’études essentiels à la compréhension des étapes qui entourent la mort physique." Le lecteur découvrira des visions assez incroyables mais aussi des paroles plus vraies que natures venant de ces âmes perdues – puisqu’il faut les appeler ainsi –, attendant une forme de délivrance ou au contraire libérées après une période plus ou moins longue. Alain Joseph Bellet accompagne ces récits de psychographies de réflexions sur cette mort à la fois inéluctable, redoutée et aussi plus mystérieuse que jamais.

    Les morts peuvent-ils nous parler ? Le médium breton y répond par une série de textes éloquents destinées à nous éclairer sur cette étape. Mais il est vrai que, comme le chantait Bob Dylan, "death is not the end."

    Alain Joseph Bellet, Écoutez ce que les défunts nous disent,
    éd. Presses du Châtelet, 2019, 362 p.

    Alain Joseph Bellet, Les Morts sont parmi nous,
    éd. France Loisirs Poche, 2016, 341 p.

    https://www.medium-bretagne.com

    Voir aussi : "Morte ! Mais de quoi ?"

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