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Livres et littérature - Page 61

  • Mes hommes

    nathalie cougnyAmour et Confusions... : le titre du dernier livre de Nathalie Cougny pourrait faire passer son dernier livre pour un roman sentimental convenu. Ceux qui suivent l'auteure de cette autofiction savent que cela serait très mal la connaître.

    C'est hors des sentiers battus que Nathalie Cougny, peintre, écrivain et femme engagée, entraîne le lecteur – qui est tutoyé, tel un ami et confident – dans une série d'aventures amoureuses. La narratrice, Aurore, nous parle de sa soif d'émancipation amoureuse, de sa recherche de l'amour et de ses hommes.

    Le roman commence par une fuite et une émancipation : un soir, une femme quitte son mari pour rejoindre son amant. Aurore tire ainsi un trait sur son passé, sans pour autant entamer une nouvelle histoire "sérieuse" car cette relation restera éphémère. Elle le sait. Après cet homme, elle en rencontrera d'autres, tous différents, tous marqués par des souffrances parfois indicibles, tous aimants aussi, à leur manière. Faut-il choisir entre eux ? Aurore refuse et va de bras en bras, à la poursuite d'une liberté érigée en cheval de bataille. Cette liberté passera par des expériences érotiques acceptés et assumés, parfois jusqu'à la souffrance : "On projette toujours un manque. Chez moi, c'était un gouffre, un précipice dont je ne voyais pas le fond : aimer." Après tout, entre le mot "aimer" et le mot "amer" il n'y a qu'une seule lettre de différence.

    Amour et Confusions... ne conte pas seulement une course au désir. Les confidences d'Aurore portent sur un sujet central : les hommes. La narratrice en parle avec acuité, dureté parfois, mais toujours avec tendresse et compréhension. Nathalie Cougny tourne autour des personnages masculins en observatrice passionnée et avec tact, comme pour ne pas les blesser. Roman érotique, dans Amour et Confusions... il est également question de séduction, de corps, de lâcher-prise, de sensualité, de "dépendance sexuelle sans limite" ou de jeux amoureux décrits sans fard. Pour Aurore, l'enjeu reste la quête de soi et du bonheur à travers les autres, ces hommes. La philosophie, et en premier lieu Friedrich Nietzsche, sont sollicités et cités pour décrire les tenants et les aboutissants de cette aventure amoureuse dans ce qu'elle peut avoir de confuse.

    Il y a également, dans le roman de Nathalie Cougny, de longues pages sur les thèmes de la recherche de l'amour, du père disparu qui nous a été enlevé, de la dépression, du poids insoutenable des traditions patriarcales, des "souffrances de ces hommes", de la cruauté du désir lorsqu'il est capable de nous terrasser, de la séparation et de l'expérience amoureuse dans ce qu'elle peut avoir de plus excitante mais aussi, parfois, de plus aliénante. L'expérience est justement l'ultime pied de nez – digne d'X-Files – de cette autofiction qui nous fait voyager dans la grande aventure de l'amour, de soi et des hommes.

    Nathalie Cougny, Amour et Confusions..., éd. Sudarènes, 151 p.
    Editions Sudarènes
    http://www.nathaliecougny.fr

    Exposition "Encore troublé", Le Julia, Paris 3e, 23 janvier 2016

  • Bourreaux et victimes

    Le bourreau.JPGUne auto-stoppeuse aux abois est recueillie par un automobiliste : voilà le début du Bourreau de Sergueï Belochnikov. La scène se passe près de Saint-Pétersbourg au début des années 90. Le lecteur comprend vite que celle qui se prénomme Olga a été victime d'un viol collectif. Elle trouve d'abord refuge et assistance auprès d'un ami et ancien amant, qui est aussi médecin. Après de premiers soins, il lui conseille de porter plainte et de se rendre à la milice, mais la jeune femme, journaliste-photographe, n'a qu'un seul objectif : se venger, par tous les moyens. Après une première traque de ses quatre agresseurs, Olga parvient à s'acheter le concours d'un parrain de la mafia russe. Puisque la vengeance est un plat qui se mange froid, la victime se transforme en bourreau. La machine à broyer ses tortionnaires est en marche, pour le meilleur et pour le pire.

    Ce polar russe, rugueux et implacable a été un peu oublié. Il est pourtant intéressant à plus d'un titre.

    D'abord par l'histoire proprement dite : celle d'une femme refusant de rester victime et choisissant de se faire justice elle-même, seule et contre l'avis de tous. Ensuite, par le portrait de l'héroïne : Olga est une femme attachante, une Russe émancipée sous la perestoïka, reconnue par ses pairs grâce à ses reportages (signalons au passage une incursion passionnante dans l'Afghanistan en guerre, au début des années 80). Elle se trouve plongée du jour au lendemain dans un cauchemar absolu – un viol au sujet duquel l'auteur prend subtilement le parti d'en dire le minimum. Or, ce cauchemar, la brillante jeune femme choisit de l'entretenir en s'acoquinant avec un mafioso inquiétant.

    Sergueï Belochnikov écrit ceci au sujet de son roman et du personnage principal : "Je ne considère pas Le Bourreau comme un roman policier... Il représente l'âme féminine russe, qui m'a attiré toute ma vie. Olga est une femme forte... Forte et indépendante. L'agression qu'elle subit lui donne un désir de vengeance aussi fort qu'elle."

    Je vois un autre intérêt dans ce roman : son traitement littéraire. L'auteur a astucieusement choisi de changer de narrateur à chaque chapitre, faisant de ce polar une oeuvre polyphonique et subjective.

    Sergueï Belochnikov, Le Bourreau, éd. France Loisirs, 1995, 320 p.

  • En corps troublé

    img_2717-e1447490945368.jpgDans un loft, quatre artistes se sont donnés rendez-vous sur le thème du corps, du sexe, de l'amour, du trouble et, quelque part, de la confusion des sentiments. C'est cette confusion qui guident Vanessa Herin, Ben Anton, Xavier Devaud, et Nathalie Cougny, réunis ce week-end au Julia (Paris 3e) à l'initiative de cette dernière, écrivain, peintre, poète. Nathalie Cougny présentait ce samedi 23 janvier son dernier livre, Amour et Confusions... qui sort actuellement en librairie (éditions Sudarènes). J'aurai bientôt l'occasion de reparler plus longuement de ce roman qui pourrait bien être une des surprises littéraires de ce début d'année.

    L'exposition collective "En Corps !" au Julia (en collaboration avec Passage du Désir, le magazine Galante, Karim Haïdar Traiteur et Cherry Gallery) accompagne cette sortie nationale. Pour "En Corps !", le fil conducteur de l’illustratrice Vanessa Herin, du photographe belge Ben Anton et des peintres Xavier Devaud et de Nathalie Cougny est Aurore, le personnage principal de l'autofiction Amour et Confusions... Graphisme, photo, peinture, dessin et littérature (sans oublier l'art culinaire) se servent et se répondent dans une belle harmonie, au service d'un message plus sérieux et moins léger que ce que l'on voudrait bien croire : un questionnement sur le couple, les rapports homme-femme, le sexe ou notre rapport au corps.

    Vanessa Herin s'est appropriée le roman de Nathalie Cougny pour proposer des peintures au réalisme cinématographe. Sous son pinceau, Aurore prend vie, débusquée dans son intimité, dans une chambre après l'amour ou à l'intérieur d'une voiture dans les bras de son amant.

    WP_20160123_10_47_07_Pro.jpgPour l'exposition "En Corps !", la présence du photographe Ben Anton sonne comme une évidence. Celui qui a mis sur les fonts-baptismaux la photographie gestuelle présentait plusieurs de ses œuvres, dont le cliché qui illustre la couverture du roman de Nathalie Cougny. Les sujets de Ben Anton sont pris sur le vif au point d'être à la limite de l'abstraction. Poses longues, jeux sur le zoom et sur l'obturateur donnent à ses photographies vitesse, urgence et un trouble vital et joyeux.

    Il est encore question de trouble s'agissant des œuvres exposées par Xavier Devaud. De puissantes huiles figent des visages d'hommes dans des brouillards cotonneux. Ces portraits d'hommes sont ainsi comme isolés et immobilisés dans une solitude terrible. Xavier Devaud présente également des dessins de nus d'une diabolique efficacité et d'un graphisme précis à couper le souffle. Cette fois c'est dans l'intimité des corps que nous pénétrons. Dans la grande tradition de Jean Cocteau ou de Jean Marais, des hommes et des femmes s'étreignent, s'embrassent, se toisent ou se déchirent dans des scènes orgiaques souvent crues.

    Ces dessins érotiques tranchent avec les peintures de Nathalie Cougny. Elle présente pour "En Corps !" des œuvres abstraites où des huiles rougeoyantes pleines d'harmonie pouvant être traversées de stries énergiques, côtoient des toiles aux larges aplats noirs où se mêlent des tourbillons fluides et légers.

    L'univers dévoilé par Nathalie Cougny et ses amis n'est pas simplement une exposition artistique : c'est aussi une vraie expérience sensorielle qui est aussi une invite à découvrir son dernier roman. Nous y reviendrons plus tard sur ce blog.

    http://www.nathaliecougny.fr
    http://farfallablue165.wix.com/farfalla-blue
    http://www.bybenphoto.com
    https://devaudx.wordpress.com
    http://www.cherry-gallery.fr

     

    Illustrations : Vanessa Herin, Ben Anton, Xavier Devaud, et Nathalie Cougny

  • L'apocalypse, c'est now !

    conrad,coppola,brando,roman,vietnam,afriqueDans l'histoire des adaptations cinématographiques, Apocalypse Now est remarquable à plus d'un titre. Un peu plus de cinq ans seulement après les deux premiers opus du Parrain – encore considérés aujourd'hui comme des films majeurs de l'histoire du cinéma – Francis Ford Coppola réussissait le tour de force de réaliser un autre chef-d'œuvre, majestueux, démesuré, ambitieux et inoubliable.

    L'autre exploit du réalisateur américain est d'avoir pu adapter un court roman (ou longue nouvelle) de Robert Conrad, Au Cœur des Ténèbres (1902). Cet ouvrage dense, lyrique et elliptique paraît a priori des plus éloigné de son adaptation cinématographique, Apocalypse Now. Une trahison de ce classique de la littérature anglaise, diront les esprits chagrins, tant semble avoir été oublié chez Coppola ce qui fait le centre du livre originel : la plongée dans l'Afrique coloniale du XIXe siècle, sous les yeux d'un officier de marine, Charles Marlowe, chargé par ses commanditaires belges de mettre hors d'état de nuire un dangereux directeur de comptoir, Kurtz. Cet homme, jusque-là bien noté et excellent collecteur d'ivoire, est devenu un responsable imprévisible et dangereux.

    Or, voilà justement le premier point commun avec Apocalypse Now qui se situe dans le Vietnam en pleine guerre de décolonisation : ce fameux Kurtz. Copolla, comme Conrad, en font ce personnage quasi divin, une sorte de prophète maléfique tombé dans une violence qu'il revendique, entouré d'une armée de disciples et de soldats prêts à donner leur vie pour lui obéir. En mettant à mal la logique banale de la violence, en en faisant le ressort d'une philosophie, Kurtz déclare la guerre à une société pas moins violente que lui – que ce soit dans un territoire colonisé (l'Afrique) ou un pays en voie de décolonisation (le Vietnam).

    Les thèmes de la violence, de son pouvoir de fascination, de la peur, du pouvoir de l'homme blanc et des dégâts du colonialisme sont au cœur des œuvres de Conrad et de Coppola. Mais là où l'auteur anglais (d'origine polonaise) utilise l'introspection d'un personnage s'exprimant à la première personne, narrateur lui-même introduit par un narrateur principal (une forme littéraire assez connue de "poupées gigognes"), le réalisateur américain déploie avec maestria une vision spectaculaire et démonstrative sur les ravages de la guerre et sur ses conséquences humaines. Comme dans Au Cœur des Ténèbres, un personnage (Martin Sheen, alias le capitaine Willard) fait figure de témoin autant que d'acteur dans cette quête vers le colonel Kurtz (Marlon Brando). Ce fou dangereux – aussi déifié dans le livre de Conrad qu'il n'est monstrueusement incarné dans le film de Coppola grâce au génie de Brando – n'apparaîtra qu'à la fin, au terme d'un long voyage apocalyptique.

    Le périple, justement, est l'épine dorsale du livre comme du film. Et dans les deux cas de figure, le moyen de locomotion – lent, facteur de danger mais aussi propice à la méditation – est le bateau. Fort opportunément, Coppola a choisi de ne pas faire voyager le capitaine Willard et son équipe sur les routes ou dans les airs, ce qui aurait pu être possible grâce à l'entremise d'un autre militaire devenu cinglé, le colonel Kilgore (Robert Duvall). Ce choix se serait avéré pour le coup une trahison de l'esprit de Conrad car c'est bien ce voyage au cœur des ténèbres (ou au bout de l'enfer, pour reprendre le titre d'un autre film sur la guerre du Vietnam) qui constitue la trame fondamentale de l'histoire. En remontant vers l'amont du cours d'eau, c'est aussi un périple vers la source du mal qui nous est présenté.

    La voix off de Martin Sheen décrit autant l'exploration d'un territoire en guerre, avec son cortège de violences (combats au napalm, mitraillages de civils innocents au son de la Chevauchée des Walkyries de Richard Wagner, viols, propagandes divertissantes via deux pin-ups aboutissant à rendre fous des soldats frustrés, etc.), que le dévoilement d'âmes humaines aliénées. Dans ce contexte, se demandent Conrad et Coppola, qui est Kurtz ? Ou plutôt : quel "autre" crime a-t-il pu faire pour devenir une cible à abattre, dans des territoires ravagés par l'inhumanité, la violence aveugle et le crime à grande échelle ? Cette question est posée par les narrateurs (Marlowe et Willard), une question si complexe qu'elle en vient presque à mettre entre parenthèse la mission d'élimination du "monstre" Kurtz. Que ce soit dans Au Cœur des Ténèbres ou dans Apocalypse Now, le dénouement tragique s'avère moins important que le voyage intérieur (mais aussi géographique) de ceux que l'on pourrait qualifier de messagers et qui ne sont rien d'autre que nos frères humains.

    Robert Conrad, Au Cœur des Ténèbres, éd. Gallimard, 198 p.
    Apocalypse Now (version Redux), de Francis Ford Coppola,
    avec Martin Sheen, Marlon Brando, Robert Duvall, Frederic Forrest,
    Albert Hall, Sam Bottoms, Larry Fishburne, Dennis Hopper, DG Spradlin
    et Harrison Ford, États-Unis, 1979, 3H35

  • Le Top 10 de Bla Bla Blog pour 2015

    Les fins d'année sont propices aux bilans de tout genre. À mon tour, je voulais conclure cette année 2015 par un point sur une année pleine pour ce blog. 125 articles ont été publiés cette année : livres, cinéma, télévision, musique et philosophie ont été les principaux thèmes abordés. Plusieurs posts sont sortis du lot, de par les réactions qu'ils ont suscitées (messages, commentaires, likes sur Facebook ou retweets). Voici le top 10 de ces articles.

     10  Montargis la Chinoise

    Cette série d'articles retrace l'aventure chinoise d'une modeste sous-préfecture du Loiret, Montargis, devenue, grâce aux hasards de l'Histoire, et à quelques jeunes hommes ambitieux et enthousiastes (dont Zou Enlai et surtout Deng Xiaoping) , la ville qui a vu naître la Chine communiste au début des années 1920. Une histoire étonnante et passionnante.

    Extrait : "Pourquoi Montargis est-elle la plus chinoise des villes françaises, au point d'être reconnue jusqu'à Pékin ?
    Un visiteur qui débarque dans cette modeste sous-préfecture du Loiret pourrait être étonné par des plaques touristiques en français et en mandarin, disséminés dans différents endroits de la ville, balisant un parcours touristique consacré à ce pays lointain...
    " (la suite ici)

     9  Spéciale Stanley Kubrick

    Je publiais en début d'année une série de 10 articles consacrés au réalisateur américain Stanley Kubrick. Outre une biographie de l'auteur, plusieurs posts étaient consacrés à quelques-uns de ses plus grands films (2001 L'Odyssée de l'Espace, Shining, Eyes Wide Shut, Barry Lyndon) ainsi qu'à un focus sur Kubrick et la musique.

    Extrait : "Stanley Kubrick naît le 26 juillet 1928 à New-York dans une famille de la petite bourgeoisie du Bronx. Élève moyen timide mais néanmoins d’une très grande curiosité, il se destine très jeune à la photographie, domaine où il exerce son premier métier à 17 ans dans la revue Look, luxueux magazine concurrent de Life.
    Cette première expérience sera décisive dans sa future carrière de cinéaste. Dès sa toute première création, un reportage photographique sur le boxeur Walter Cartier (
    Le Boxeur professionnel, 18 janvier 1949), le jeune Stanley Kubrick démontre déjà un grand sens du cadrage et de la lumière..." (la suite ici)

     8  Cléo ou de jolis débuts (les filles ça pleure sous vent)

    Cléo publie ses textes – poésie, haïkus, calligrammes ou aphorismes – sur Twitter (pour l'instant ?). L'article que je lui ai consacré a reçu un joli écho sur le réseau social où elle publie principalement. Une auteure à découvrir de toute urgence.

    Extrait : "C'est par hasard que j'ai découvert La PoésieDeCléo, sur son compte Twitter @nothingbut66. L'artiste est également active sur Instagram.
    Il est de notoriété que l'Internet, et en particulier les réseaux sociaux, sont un vivier intarissable d'expressions artistiques.
    Le compte de Cléo (impossible de nommer autrement cet artiste bien mystérieuse qui a pris pour pseudonyme le nom d'une des neuf Muses) offre le meilleur d'un genre dénigré par le milieu éditorial traditionnel : la poésie.

    Au fil des jours, voire des heures, et ce depuis 2011, l'auteure publie textes courts ("J'ai mis du rouge à lèvres Du noir à mes genoux Et puis des bottes Pour sauter dans les flaques"), haïkus, calligrammes ou aphorismes ("Je Tu Elle Les conjugaisons sont mortelles")..." (la suite ici)

     7  Une partie de football contre le djihadisme 

    Quelques jours après les attentats de novembre à Paris, ce focus sur la bande originale du film Timbuktu était une manière de traiter d'un événement capital de notre actualité.

    Extrait : "Le cinéma français consacrait cette année le film Timbuktu d'Abderrahmane Sissako, bouleversant tableau d'un village malien écrasé par l'Islam radical.
    Pour traiter du djihadisme international avec une telle puissance et une telle justesse, il fallait une musique à la hauteur..."

    (la suite ici)

     6  Escroc, gourou et artiste 

    Je consacrais, le 19 décembre dernier, un article au sujet de l'enquête qu'a menée Bernard Hasquenoph, journaliste et bloggeur, sur le photographe, milliardaire, gourou et escroc Aahe. Un reportage exemplaire qui est aussi un coup de gueule contre des institutions culturelles imbues d'elles-mêmes et se croyant intouchables. 

    Extrait : "Le crime pourrait-il réellement être considéré comme un des beaux-arts, pour reprendre le roman de Thomas de Quincey ? Il semblerait en tout cas qu'il ait sévi impunément dans les plus grands sites culturels du monde, au su et au vu de beaucoup de spécialistes. C'est le journaliste Bernard Hasquenoph, journaliste et bloggeur pour Le Louvre Pour Tous, qui a mis fin à une escroquerie artistique qui aurait pu rendre chèvre encore quelques années le microcosme feutré des musées..." (la suite ici)

     5  Les super prouesses de SuperFeat 

    Un coup de projecteur mérité sur l'illustratrice et animatrice Superfeat. Un style inimitable, de l'humour (noir), un univers poétique et surréaliste. À découvrir absolument !

    Extrait : "Quelque part, entre Pierre de la Police et Topor, vit SuperFeat, une jeune illustratrice, graphiste et animatrice qui se serait nourrie de films de David Lynch, de poèmes dadaïstes et de bandes dessinées de Joann Sfar pour créer un univers surréaliste, poétique, déjanté, sexy et bourré d'humour noir (voir aussi ce texte de Superfeat publié sur ce blog, avec l'aimable autorisation de l'auteur).
    Comment reconnaît-on la marque d'un véritable artiste ? Sans doute à ceci : qu'il puisse être immédiatement reconnaissable par le public et qu'il ait la capacité de nous aimanter..."
    (la suite ici)

     4  Random : Que personne ne sorte

    Ce post, publié le 3 décembre 2015, était consacré à la webserie française Random. La saison 1 s'est achevée, récompensée par une pluie de récompenses internationales ainsi que par une diffusion en replay sur la première chaîne française. Une révélation qui vient à point nommer alors que les séries françaises ont la réputation d'être des peines-à-jouir ! Une saison 2 est en préparation pour 2016.

    Extrait : "Une fois n'est pas coutume, TF1 se distingue dans sa programmation en proposant Random, l'une des séries françaises les plus originales du moment.
    Ne cherchez cependant pas cette fiction sur la TNT. Cette production originale a eu l'exclusivité de Mytf1.fr. C'est mieux que rien, me direz-vous, la chaîne commerciale n'étant sans doute pas prête à troquer quelques épisodes de Joséphine Ange Gardien contre une production ambitieuse ou innovante..." (la suite ici)

     3  42 heures pour un court : la jeunesse, la comédie et l'audace récompensées

    Membre du jury 2015 du festival de court-métrage de Montargis "42 heures pour un court", j'ai été aux premières loges pour témoigner de la qualité d'une programmation. Dans le bilan que je fais de cette édition, je saluais les trois films couronnés, trois œuvres drôles, culottées et réalisées par de jeunes artistes plein d'avenir.

    Extrait : "Ce week-end avait lieu la 9e édition de 42 heures pour un Court. J'avais l'honneur de faire partie du jury de ce "triathlon vidéo", en compagnie de Jean-François Szczepanek, Anne-Lise Gaudichon, Françoise Pastor Strazzieri et Anne Berrou. Rémi Julienne est le parrain de ce festival de court-métrage. Neuf équipes (sur les dix engagées) avaient 42 heures pour écrire, réaliser et monter un court-métrage de 5 à 9 minutes, à partir de contraintes exigées par les organisateurs. Cette année, les concurrents avaient le choix entre quatre thèmes imposés : le harcèlement moral au travail, le mariage pour tous, l'économie de partage et le recul de l'âge de départ à la retraite. Neuf lieux de tournage à Montargis étaient également imposées et tirées au sort..." (la suite ici)

     2  Le Globecroqueur en Iran 

    Ce guide de voyage du Globecroqueur, alias Philippe Bichon, retrace un voyage hors du commun en Iran, loin des clichés sur ce pays dont nous abreuve l'actualité internationale. L'auteur et dessinateur nous dévoile un pays légendaire, attachant et fascinant, sans nous cacher toutefois les travers d'une république islamique corsetée par les interdits religieux. Un carnet de voyage richement illustré qui donne envie de faire son sac à, dos et de filer découvrir ce pays qui reste le berceau de notre civilisation.

    Extrait :  "Amateurs de guides de voyage, ce carnet de route sur l'Iran est pour vous.
    Un voyage en Iran, dans le pays des ayatollahs, de la puissante République islamique chiite : étrange destination, me direz-vous. C'est pourtant ce qu'a entrepris Philippe Bichon, qui se surnomme lui-même le Grobecroqueur (il est l'auteur de plusieurs guides en Égypte-Syrie, en Inde et au Tibet).
    Pourquoi l'Iran ? Alors que vient de se terminer une des plus longues batailles diplomatiques de ces dernières années, l'accord sur le nucléaire iranien, l'ancien royaume perse est en passe de s'ouvrir au monde, via notamment le tourisme..
    ." (la suite ici)

     1  Voilà Marie

    C'est l'article phare de cette année, et sans doute aussi celui qui me tient le plus à cœur, tant les chansons de Marie Cherrier m'ont accompagné depuis plusieurs années. Une première place sans surprise et méritée pour l'une des plus belles voix actuelles de la chanson française.

    Extrait : "Puisque l'on est entre nous, je dois vous avouer que Marie Cherrier fait partie depuis longtemps des auteurs dont je voulais parler sur ce blog. Elle est ce genre d'artiste qui vous accompagne des années durant, offrant une présence rassurante et revivifiante. Voilà donc cet article, voilà Marie, alors que sort en ce moment son quatrième album studio, L'Aventure.
    Comment pourrait-on ne pas l'aimer, elle, son opiniâtreté à creuser son sillon artistique, son sens de l'écriture, ses saynètes (
    Le Curé, 7ème Ciel ou Café noir), ses mélodies et ses interprétations sensibles ?  La chanteuse poursuit son petit bonhomme de chemin, suivie par un public de fidèles..."
    (la suite ici)

  • Ceux qui aiment lire ont une raison supplémentaire de prendre le train

    Je parlais il y a plusieurs mois de cela d'une expérimentation de la SNCF de bibliothèque numérique disponible dans les trains de Lorraine et de Languedoc-Roussillon.

    Fort du succès de ce service E-LIVRE, l'entreprise publique de transport généralise cette fois à toute la France cette initiative bienvenue pour les amateurs de lecture.

    Le principe de ce service gratuit est simple : grâce à une application et un site, chaque voyageur peut s'inscrire à E-LIVRE avec une adresse mail. Gratuitement pendant 45 jours, il pourra bénéficier de plusieurs milliers de livres téléchargeables sur son téléphone ou sa tablette. Le service devient payant après ces 45 jours (9,90 euros par mois) mais peut être résilié à tout moment.

    Transporteur ferroviaire, la SNCF semble soucieux de développer quelques services aux voyageurs. Espérons que cela ne soit pas qu'un simple mirage.

    SNCF e-LIVRE
    "Ceux qui lisent prendront le train"


    La SNCF met en place une bibliothèque digitale... par ITELE

  • Le Diable est à vendre

    radiguet,enchères,roman,le diable au corpsCe 2 décembre, le monde littéraire aura les yeux braqués sur la maison parisienne de Christie's. Il sera en effet mis en vente l'un des manuscrits français les plus emblématiques du XXe siècle : celui du roman Le Diable au Corps de Raymond Radiguet, décédé prématurément du typhus en 1923, précisément l'année de la parution. Les cahiers de cette oeuvre de jeunesse – 161 feuillets au total – sont mis en vente et qui devraient dépasser les 500.000 euros.

    Le Diable au Corps a fait scandale lors de sa parution, cinq ans seulement après la fin de la première guerre mondiale. Le roman sulfureux raconte l'histoire d'amour passionnée entre un adolescent, François, et Marthe, la femme d'un soldat parti se battre sur le front.

    Le Diable au Corps – roman en partie autobiographique malgré les dénégations de l'auteur – est le récit, sur fond d'ennui, d'une relation adultère vouée à l'échec en raison du jeune âge de François autant que la mise à mal de la figure héroïque et sacrée du soldat de la Grande Guerre. En 1947, l'adaptation cinématographique de Claude Autant-Lara avec Gérard Philippe et Micheline Presle suscitera la même controverse, deux années après la fin de la seconde guerre mondiale.

    En 2015, le Diable au Corps a perdu de son parfum de soufre mais conserve sa vigueur et sa modernité. La vente exceptionnelle du manuscrit devrait prouver que l'engouement pour Raymond Radiguet est toujours vivace.

    "Raymond Radiguet : le Diable au corps, sur 13 cahiers d'écolier",
    Actualitté.com, 24 novembre 2015

  • Eurydice ou Opération Orphée

    orphée,eurydice,shorteditionLe bloggeur parle de l'auteur. Puisque l'on n'est jamais si bien servi que par soi-même, cet article entend s'arrêter sur une récente publication chez ShortEdition, le spécialiste web des textes courts. Une de mes nouvelles, Opération Orphée, est maintenant disponible sur ce lien et accessible gratuitement.

    Opération Orphée concourt également pour le prix de la nouvelle de décembre 2015.

    J'ai envie de m'arrêter sur l'histoire de ce texte, écrit en 2009, et qui s'inscrivait dans un projet plus important de recueil de nouvelles sur la mythologie (De Charybde en Scylla). Revisiter des mythes aussi présents qu'Orphée, les Danaïdes, les Furies ou Sisyphe est-il encore possible ? Telle était la démarche et le pari qui a fait l'objet d'un challenge lancé en couple. Un jeu initié par ma femme : "Tu m'écriras un texte sur Orphée et Eurydice, qui se passera en Islande, aux pieds du volcan Hekla. Bonne chance".

    Merci, ma chérie... Me voilà bien.

    Comment allais-je revisiter ce mythe, sans doute l'un des plus connus et des plus appréciés à travers le temps ? A priori, identifier à un volcan les enfers où Orphée part rechercher son amour paraissait facile. Trop facile. Le lecteur de Jules Verne que j'avais été trouvait en outre dans ce choix une certaine jouissance. Mais il y avait un piège dans cet handicap car l'aller-retour d'Orphée devait, dans mon état d'esprit, s'inscrire dans une revisite complète du mythe. Pour le dire autrement, l'histoire devait être contemporaine, résolument moderne, audacieuse et devant ménager un coup d'éclat dans les dernières lignes. Plusieurs questions se posaient ? Comment (re)traiter - sans maltraiter - ce mythe ? Quel pouvait être la place de la technologie et des sciences ? Comment traiter de l'amour au cœur d'un volcan ? Quel visage pouvaient prendre Orphée et Eurydice ? L'aspect divin méritait-il d'être occulté ? Et comment parler d'amour aujourd'hui, d'une manière inédite ?

    Je n'en dis pas plus : ce sera au lecteur de découvrir comment je me suis sorti de ce mauvais pas.

    Bruno Chiron, Opération Orphée, éd. ShortEdition, 2015