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Musiques - Page 11

  • Loulia dévoilée

    Loulia est de retour avec "Rouge velours", un titre avec, en featuring avec l'artiste américain Imvnyel.

    Comme nous le disions dans nos précédentes chroniques, la chanteuse française s’affranchit de tout cadre et semble être à l’aise partout : chanson française, pop internationale et même… k-pop.

    On l’avait découverte décomplexée dans "Booty Girl, un morceau très "James Bond Girl". Voilà qu’en ce début d’année, la musicienne remet le couvert avec "Rouge velours". Amour, désir et même romance caractérisent ce joli morceau. Et l’on découvre que le rap et la musique urbaine savent aussi jouer de la sensualité. Oui, Loulia a trouvé en Imvnyel un alter-ego qui lui va comme un gant… de satin. Pardon, de velours…  

    Voilà qui vient confirmer toutes les qualités d’une artiste à suivre absolument… En attendant un futur premier album ?

    Loulia, Rouge velours, 2024
    https://open.spotify.com/album
    https://www.instagram.com/loulia_officiel
    https://www.tiktok.com/@loulia_officiel

    Voir aussi : "Loulia, libre et amoureuse"
    "Un nouveau clip pour Loulia"

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  • Pour l’amour de Clara

    Et si Johannes Brahms constituait à la fois un "aboutissement" de la musique classique et une esthétique inimitable ? Tels sont les propos, dans la présentation du disque The String Quartets, du violoncelliste Simon Iachemet du Quatuor Agate lorsqu’on l’interroge sur cette intégrale des Quatuors à cordes de Brahms. Les trois œuvres ont été terminées sur un laps de temps assez court, entre 1873 et 1876.

    Cet enregistrement de 2023 par le Quatuor Agate est une plongée dans ce qui se fait de mieux dans la musique romantique allemande du XIXe siècle. Osons le dire : il faut de l’athlétisme pour se lancer dans ce qui ressemble à un vrai marathon musical, tant la musique de Brahms concentre morceaux de bravoures, plages bouleversantes – pour ne pas dire tragiques – et nombreuses séquences virtuoses, à l’image du premier mouvement allegro du Premier Quatuor en do mineur op. 51.

    L’auditeur y retrouvera le romantisme exacerbé d’un compositeur qui a dû penser non pas à Clara Schumann mais à Agathe von Siebold pour sa "Romanze (poco adagio)", partie délicate et en forme de doux questionnements. Rien à voir avec les tourments intérieurs du troisième mouvement "Allegretto molto moderato e comodo". La complexité et l’exigence sont visibles dans cette partie qui illustre l’histoire d’un quatuor commencé en 1865 mais qui a mis près de huit ans avant d’être terminé puis joué pour la première fois. Ce quatuor se termine par un "Allegro" enlevé, mélodique et d’une harmonie impeccable, servi par un ensemble en verve et qui entend marquer l’aspect beethovenien et "autoritaire" de cette œuvre (c’est toujours Simon Iachemet qui le souligne). 

    Les quatre instruments se disputent le lead avec un mélange d’enthousiasme, de passion et de lyrisme

    Le Quatuor à cordes n°2 en la mineur op. 51 a été composé en 1873, dans la foulée de son premier quatuor, et un an après le Requiem allemand devenu historique. Il a été joué pour la première fois deux ans plus tard devant Clara Schumann à Vienne. Nous voici au cœur du cercle romantique européen.

    Sans doute Brahms n’a, à l’époque, plus rien à prouver. Cette œuvre n’a pas ce caractère impétueux et démonstratif du premier Quatuor à cordes. Il est plus lyrique et délicat, avec des moments où l’insouciance n’est pas absente ("Allegro non troppo"). L’auditeur sera sans doute frappé par la simplicité et l’économie de moyens pour l’"Andante". Brahms propose ici un mouvement cependant plus complexe qu’il n’y paraît. La ligne mélodique serpente onctueusement et les quatre instruments se répondent avec une grâce qui n’est pas dénuée de gravité. Le troisième mouvement, "Quasi minuetto, moderato", le plus court du deuxième quatuor, lorgne du côté du baroque. L’auditeur imaginerait non sans problème cette partie enlevée être jouée sur des instruments anciens. Brahms semble ici s’être pas mal amusé dans un mouvement qui semble être plus mozartien que beethovenien. Le "Finale" ("Allegro non assai") choisit le sérieux dans un mouvement construit comme une vraie aventure musicale et où les quatre instruments – les deux violons, l’alto et le violoncelle – se disputent le lead avec un mélange d’enthousiasme, de passion et de lyrisme. 

    Dans ce double album, le second disque est consacré pour l’essentiel au Quatuor à cordes n° 3 op. 67. Nous sommes en 1875 lorsque Brahms le compose. Il a quarante-deux ans et est en pleine maîtrise de son art. Il n’entamera sa première symphonie qu’un an plus tard. La musique de chambre n’a déjà plus de secret pour celui qui livre dans le premier mouvement "Vivace" (près de onze minutes tout de même) une véritable œuvre à part entière, une sorte de sonate aux multiples voix et lignes mélodiques, non sans accents modernes. Voilà qui rend l’interprétation du Quatuor Agate d’autant plus valeureuse.

    On invitera l’auditeur à s’arrêter sur le superbe et poignant "Andante". N’est-ce pas à Clara Schumann que s’adresse Johannes Brahms dans ce parfait exemple de création romantique ? On ne peut s’empêcher de citer ici l’extrait d’une lettre de 1856 qu’il a adressé à la veuve de Robert Schumann : "Ma bien-aimée Clara, je voudrais, je pourrais t’écrire tendrement combien je t’aime et combien je te souhaite de bonheur et de bonnes choses. Je t’adore tellement, que je ne peux pas l’exprimer…" Certes, au moment de la composition de l’œuvre nous sommes vingt ans plus tard, mais les sentiments de Johannes Brahms pour la femme de son ami semblent n’avoir jamais cessé, et ce jusqu’à la mort de cette dernière, un an avant le décès de Brahms en 1897. Parlons de romantisme encore avec le troisième mouvement "Agitato (allegretto non troppo)" dans lequel s’expriment les mouvements du cœur et de l’âme, ce qui en fait une partie tourmentée, pour ne pas dire poignante.

    Le dernier quatuor se termine de manière plus apaisée, "poco allegretto con variazioni". La maîtrise de Brahms est totale dans sa manière de se jouer des thèmes, de proposer un mouvement coloré et aux rythmes jaillissants. Équilibre serait le terme qui correspond le mieux à ce final en forme de douce consolation. Sans doute une autre déclaration d’amour à Clara Schumann.  

    Le quatuor de garçons offre un dernier cadeau à l’auditeur : la Romanze n°5 op. 118, une des six pièces pour piano écrite en 1893 dans les dernières années du compositeur. L’ensemble le propose ici dans une version pour quatuor, délicate, amoureuse et mélancolique. Est-il utile de précisé qu’il a été dédié à sa chère Clara qu’il n’a jamais oubliée ?

    Le Quatuor Agate sera en concert  seront en concert le lundi 18 mars à 20 heures au Théâtre de l’Atelier de Paris pour une soirée consacrée à Brahms – évidemment. 

    Johannes Brahms, The String Quartets, Quatuor Agate, Appassionato, le label, 2023
    https://quatuoragate.com
    https://www.facebook.com/quatuoragate
    https://www.instagram.com/quatuor.agate
    En concert le lundi 18 mars à 20h au Théâtre de l’Atelier
    1 place Charles Dullin, 75018 Paris
    https://www.theatre-atelier.com/event/concert-quatuor-agate

    Voir aussi : "Romantique et métaphysique Schumann"
    "Les Schumann en majesté"

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  • Romantique et métaphysique Schumann

    Robert Schumann, sans doute le moins populaire des grands romantiques, est proposé ici dans une sélection d’œuvres pour instruments à vent. C’est l’objet de ce deuxième volume de la Collection Schuman (voir aussi cet article) proposée Théo Fouchenneret. L’enregistrement et proposée par b•records dans un live à L’Estran de Guidel en octobre 2022.

    L’auditeur se plongera avec plaisir dans ces œuvres de musique de chambre d’une rare élégance, à commencer par ces "Trois romances" pour hautbois et piano, op. 94, avec Philibert Perrine. La simplicité (troisième romance "Nicht Schnell") n’empêche pas la tension (première romance "Nicht Schnell") dans ces trois romances écrites dans l’urgence (trois jours de février 1848, alors qu’une Révolution secoue la France). Est-il besoin de préciser que ces œuvres ont été écrites pour Clara Schumann, la femme du compositeur ? Il est vrai que la passion n’est pas absente ("Einfach, innig").

    Robert Schumann a ses admirateurs inconditionnels qui admirent chez lui son souffle métaphysique. Que l’on écoute ses "Fantaisies" op. 73 pour clarinette (avec Florent Pujuila) et piano (toujours Théo Fouchenneret). Le compositeur allemand multiplie les arabesques et sait emmener son auditeur vers des paysages verdoyants et lumineux, grâce à un clarinettiste de haut-vol (que l’on écoute la fantaisie "Zart mit  Ausdruck"). L’urgence est aussi là, dans cette fantaisie "Rasch mit Feuer".

    "Carnaval schumannien"

    Le cor, cet instrument mal-aimé, est mis en valeur dans un magnifique "Adagio et allegro" op. 70, avec Félix Roth. Il y a de la majesté dans le lent et somptueux "Langsam mit innigem Ausdruck", avant une étonnante envolée, comme si l’instrument à vent s’ébrouait et montrer toute l’étendue de ses capacités ("Rasch und feurig"), avec une joie de vivre communicative – allegro, bien entendu.

    L’album se termine sans doute de la meilleure des manières avec un "Andante" et des "Variations" WoO 10.1 pour deux pianos (Théo Fouchenneret et la géniale Hortense Cartier-Bresson), deux violoncelles (Caroline Sypniewski et Sarah Fouchenneret) et un cor (Félix Roth). La musique de chambre prend ici toute son envergure. Écrite en 1843, ambitieuse et riche, y compris par son choix des instruments, elle aura une version plus "raisonnable" pour deux pianos. Cet "Andante et Variations" s’écoute comme un voyage d’un peu plus de 8 minutes. La composition est riche et ses couleurs frappent aux oreilles. La fascination ne faiblit pas dans ce qui semble être un théâtre – un "carnaval schumannien" précise Théo Fouchenneret dans la présentation du disque. Les instrumentistes se répondent, jouent, s’amusent mais aussi se séduisent dans cette œuvre incroyable ("Sostenuto").

    Le "Più lento - Animato" frappera  l’auditeur par sa modernité comme par son romantisme évident, avec le cor de Félix Roth mis en avant de la plus belle des manières, et se jouant des arabesques des pianos et violoncelles. Pour les peu familiers de Robert Schumann, on conseillera le tout dernier mouvement, un "Doppio Movimento" extraordinaire, riche, rythmé et coloré dans lequel les cinq instruments bavardent avec gourmandise, passion et jubilation.

    Oui, le mot "jubilation" est le plus approprié pour ce nouvel opus de la Collection Schumann.   

    Collection Schumann, Œuvres avec Instruments à vent, L’Estran Live, b•records, 2024
    https://www.b-records.fr
    https://www.theofouchenneret.com
    https://lestran.net

    Voir aussi : "Winter is coming"
    "Les Schumann en majesté"

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  • Une ange nommée Bérengère Andrews

    "Up Till Now". Voilà un titre qui devrait parler à tous les amoureux et toutes les amoureuses de la pop eighties. Une bonne cure de nostalgie par une artiste qui a eu une mille vies.

    Bérengère Andrews a le cœur entre la France et l’Irlande, où elle a d’ailleurs fait ses premières armes. Sportive aguerrie autant qu’artiste, elle a notamment intégré Legendsea, un groupe de composition de "métal mélodique" aux influences extrêmement variées. Mais la musicienne est décidemment une touche-à-tout en matière musicale : rock, blues, disco ou jazz. Ici, c’est vers la pop qu’elle se tourne avec son single "Up Till Now". Il s’agit du premier extrait de son album That day.

    "Up Till Now", servi par un clip onirique, est une vibrante déclaration d’amour. Ce titre écrit par Paul Slade et composée par Patrick Liotard parle d’une reconquête insatiable pour récupérer l’être aimé.

    C’est à découvrir en ce moment, en attendant son futur album. 

    Bérengère Andrews, Up Till Now, Labalme Music Productions, 2024
    https://labalmemusic.com/berengere-andrews
    https://muzicenter.yacast.fr/pl/26884/brangre-andrews-up-till-now 
    https://www.facebook.com/profile.php?id=100056894674946

    Voir aussi : "Loulia, libre et amoureuse"

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  • Sacrée Bestiole

    Ces dernières années, la chanson française a su se renouveler, sans trahir ses valeurs. Armelle Yons en est un des exemples avec son premier album, Mon Secret, sorti en ce début d’année.

    La chanteuse s’est entourée du duo rock La Bestiole, chargé de mettre en rythmes et en sons les paroles d’Armelle Yons, dans un opus personnel, pour ne pas dire autobiographique ("Je n’ai pas peur de la nuit / Des rêves ébouriffés / J’ai mon Styx / Mon corsage nocturne / C’est mon secret irisé", "C’est mon secret").

    Armelle Yons c’est une vraie personnalité et une vraie singularité, que ce soit dans l’utilisation du talk-over ("C’est mon secret"), de l’appropriation du rock ("Sur le bord de la route") à des fins poétiques ("Tranquille et bien au chaud / A travers mon hublot / Je rêve et j’imagine", "Ici tout simplement") ou d’orchestrations traditionnelles ("Tango Padadam").  

    Mon Secret emprunte des chemins également pop. C’est le cas de "Je me souviens" dans lequel Armelle Yons se confie sur son enfance, avec un mélange de nostalgie et de gravité : "Je me souviens / Des mûres à pleine bouche / Murmures… / Je m’en invente une prière". C’est aussi la jolie déclaration d’amour "Croquis". On s’arrêtera particulièrement sur un autre titre, "À mes poignets", dans lequel la chanteuse met en valeur cette autre déclaration, plus poétique encore, parlant d’un amour envoûtant représenté par une poupée vaudou. Il s’agit d’un morceau voix-guitare aux accents blues : "À mes poignets souvent je pends / Des rimes de toi et des pendules  / J’ai un penchant pour les perdants… / J’ai mes grigris porte-bonheur / Mon élixir du Gévaudan".

    L’auditeur ne devra absolument pas passer à côté de la revisite du "Bout des lèvres" de Barbara, dans une version rock

    L’auditeur ne pourra que s’incliner devant le travail sur les textes, à l’instar du magnétique et engagé "No Scrupule", en duo avec Cat Loris. L’artiste se fait "marquise sans particule" pour se sauver de "soirées mondaines" au sujet desquels on ne peut pas dire que la musicienne soit tendre. Féministe ? Oui, et même plutôt deux fois qu’une ! Mâles sans scrupules, passez votre chemin, car l’arme de cette femme sont des mots "obsolètes", des phrases "désuètes", des "rimes en toc" contre ces "salauds modernes". L’humour, Armelle Yvons n’en a pas, y compris lorsqu’elle parle de vague à l’âme et de mal d’amour (le délicieux "Passe-moi le cric" aux accents blues).

    L’auditeur ne devra absolument pas passer à côté de la revisite du "Bout des lèvres" de Barbara, dans une version rock qui ne perd pas la force politique de la Dame Brune. Au fur et à mesure que l’opus avance, Armelle Yvons se fait plus nostalgique ("Les clés du temps"), voire plus philosophe, à l’exemple de ce titre apaisant – et blues rock – qu’est "Les essentiels" dans lequel la musicienne se félicite d’avoir eu "du cran pour couper le courant / Le bleu à l’âme… Le rouge au cœur". 

    Une jolie découverte par une musicienne qui ne ferme aucune porte à son univers riche et passionnant.

    Armelle Yons, Mon Secret, Avanti Music / Believe, 2024
    https://www.facebook.com/ArmelleYonsMusic
    https://www.instagram.com/armelle_yons

    Voir aussi : "Hypersensible, Cat Loris"
    "Pas la dernière pour Vanessa Philippe"

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  • Yves, Ariana et Caroline 

    C’est une création majestueuse qui nous est proposée, via la pianiste Caroline Fauchet. Yves Levêque la dirige, ainsi que l'Orchestre Colonne, pour son Concerto en do mineur, surnommé "Ariana". Cette œuvre, enregistrée en création mondiale en novembre 2022 à la Salle Colonne, a remporté les premiers prix aux concours internationaux "World Classical Music Awards", "World Grand Prix Music Contest", "Royale Music Compétition", "Royal Sound Music Compétition", "Franz Schubert International Music Compétition" et le "World Online Music Competition". N’en jetez plus ! Voilà qui est en tout cas un indice que nous avons à faire à une œuvre contemporaine qui a toutes les chances de rester dans les annales. Ajoutons aussi qu’au départ de ce concerto, il y a une série télévisée pour lequel Yves Levêque avait composé en 2019 un court générique.  

    Ariana s’inscrit dans une veine néo-romantique, marchant avec audace sur les pas de Rachmaninov. Le premier mouvement "Allegro molto moderato" est d’une puissance incroyable, servie par le jeu virtuose de Caroline Fauchet. Le souffle slave est indéniable dans ce qui s’apparente au portrait musical d’une Ariana rêvée. Est-elle russe, slave, orientale ou française ? L’auditeur pourra s’en faire son idée. 

    On s’attendait pour cette création néo-classique à un deuxième mouvement adagio ? On l’a.

    On s’attendait pour cette création néo-classique à un deuxième mouvement adagio ? On l’a, et c’est même un "Adagio Sostenudo". Ce mouvement s’étire avec grâce et une suavité toute mélancolique, servi par une pianiste décidément au diapason. Les cordes vibrent comme jamais, comme aux grandes heures compositeurs russes romantiques. C’est une respiration aux teintes orientales que nous propose Yves Levêque et l’Orchestre Colonne.

    Un "Allegro Scherzando" vient compléter le concerto pour piano. Très "musique française" – on pense à Ravel et Saint-Saëns – Yves Levêque propose une partie comme apaisée, mais non sans couleurs. Le piano de Caroline Fauchet se fait plus subtile encore. L’œuvre devient également ici contemporaine, avec ces rythmes mystérieux, et presque primaires. L’auditeur notera par ailleurs l’équilibre dans la composition de cet allegro tout aussi puissant que le premier mouvement. Les cordes font là aussi merveille, sans que jamais le piano de Caroline Fauchet s’efface ou ne soit au contraire écrasé par l’ensemble Colonne. Il prend même le lead dans la toute dernière partie du mouvement, avec une grâce mêlée de joie de vivre et de lyrisme, concluant avec conviction ce que le compositeur nomme "une fresque musicale tonale".

    C’est une œuvre classique qui vient compléter l’album, comme pour rappeler l’une des influences d’Yves Levêque. Honneur donc à César Franck, avec une œuvre tardive, son Prélude, Choral et Fugue composé en 1884 et que Caroline Fauchet, de nouveau, interprète avec passion.  Le premier Prélude Moderato se déploie sur une délicate ligne mélodique romantique. Le Prélude est suivi d’un Choral à la solennité évidente, pour ne pas dire au mysticisme. Le style classique français est à l’honneur dans ce sens de l’équilibre et de la retenue. La surprise vient sans doute pour l’auditeur de la Fugue. César Franck suit ici les pas de Jean-Sébastien Bach, tout en y ajoutant sa modernité et les derniers échos du mouvement romantique. Vraiment éclatant.   

    Yves Levèque, Ariana Concerto en do mineur, César Franck, Prélude, Choral et Fugue, FWV21,
    Caroline Fauchet (piano), Orchestre Colonne, IndéSens Calliope Records, 2024
    https://yves-leveque.com
    https://www.caroline-fauchet.com 
    https://www.lapetitemaisonalourmarin.com

    Voir aussi : "Franck par Lazar"
    "Winter is coming"

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  • J’ai entendu la mer

    C’est aussi bien le clip que la chanson qui attirent l’œil dans le nouveau titre de Lucie Valentine, Il y a la mer. Il s’agit du premier de son EP prévu pour 2024, avec un clip tourné à la Côte d'Opale.

    La chanteuse belge Lucie Valentine y parle des moments de douleur, de grande solitude, du sentiment d’oppression et de la mer, élément puissant mais aussi vivifiant : "Il y a la mer quand le temps de l’amour est éphémère / Il y a la mer quand la maladie dégénère".

    "Ce premier morceau d'un nouveau cycle symbolise pour moi un désir infini de renaissance après les tempêtes de la vie, un recommencement perpétuel au rythme du va et vient des vagues à l'âme" confie l’artiste. 
    Bouleversant.

    C’est à découvrir en ce moment. 

    Lucie Valentine, Il y a la mer, 2024
    https://www.lucievalentine.com 
    https://www.facebook.com/lucievalentinemusic
    https://www.instagram.com/lucievalentinemusic

    Voir aussi : "Loulia, libre et amoureuse"

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  • Winter is coming

    C’est à un grand classique de la musique romantique que propose l’ensemble Miroirs Étendus. Le Voyage d’Hiver de Franz Schubert est proposé dans une version publique, enregistrée le 30 juillet 2023 à la Ferme de Villefavard dans le Limousin, avec Victoire Bunel (mezzo-soprano), Jean-Christophe Lanièce (baryton) et Romain Louveau au piano et à la direction. C’est en effet une interprétation à deux voix – masculine et féminine – qui est proposée ici, à rebours de versions solos et masculines plus classiques (celles de Dietrich Fischer-Dieskau en premier lieu), mais qui renoue ici avec une tradition plus ancienne comme le souligne Romain Louveau.

    Les amoureux des lieder se raviront à l’écoute de ce voyage hivernal, dans lequel la nature, les saisons, le temps ou les intempéries font écho aux sentiments, à la mélancolie, à l’amour disparu et à la mort omniprésente. C’est l’âme du premier lied, Gute Nacht", interprété brillamment par la mezzo-soprano Victoire Bunel.

    Ce Voyage d’Hiver, romantique et sombre, ne fait pas l’impasse sur les airs naturalistes, à l’image de cette girouette, dans le bref "Die Wetterfahne". C’est aussi ce village allemand (le délicieux "Im Dorfe"), un orage cinglant au petit matin (le bref lied "Der stürmische Morgen"), une corneille ("Die Krähe", cet "oiseau du malheur") ou bien ce tilleul aussi rassurant qu’un vieux sage ("Der Lindenbaum"). Un naturalisme qui ne laisse toutefois jamais longtemps de côté les affres de la douleur que Wilhem Müller, auteur des paroles, décrit avec une écriture concise qui n’en est pas moins poétique : "Des larmes gelées glissent de mes joues / Et je ne me rappelle pas avoir pleuré. / Ai-je pleuré ?" ("Gefror’ne Tranën", traduction d'Antoine Thiollier).  

    Voyage réel, voyage mélancolique, voyage de souvenirs ou voyage métaphysique ? Un peu de tout cela à la fois. Cette œuvre s’écoute surtout comme une allégorie sur la mort inéluctable. La "Fixité" de Schubert ("Erstarrung") est l’impossibilité d’avancer dans la vie, que ce soit à cause de la neige ou à une douleur indépassable. "Mon cœur est mort" chante Victoire Bunet, prenant à bras le corps la musique de Schubert, impétueuse et tranchante, tel un vent glacial ne laissant aucun répit. Les "Inondations" ("Wasserflut") expriment ce flot de larmes, un flot ininterrompu que le poète voit ruisseler par les rues de la ville. Quant à l’amoureuse, elle est un fleuve impétueux, "aussi calme que la nuit", mais aussi insaisissable. Un cours d’eau mais aussi un arbre sur lequel l’amant grave le nom de son amour, tout comme la date et l’heure du premier baiser – comme de la séparation. A-t-on pu écouter déclaration plus romantique, qui parlera à toutes les générations ? La musique de Schubert se développe avec lenteur, grâce mais aussi gravité.

    Voyage réel, voyage mélancolique, voyage de souvenirs ou voyage de souvenirs ? 

    L’espoir et la joie viennent toutefois éclairer ce somptueux Voyage d’Hiver, à l’image de cette lettre attendue avec impatience par l’amoureux transit : le charmant "Die Post", interprété par le baryton Jean-Christophe Lanièce ("J’entends dans la rue le facteur / Pourquoi bas-tu si fort mon cœur ?"). L’heure de revoir la maison de l’être aimé est-il encore possible, interroge Schubert dans un lied bref et tourmenté ? "Je repense à ces jours heureux / Je veux encore une fois revivre ça / A nouveau sentir ce trouble / De me tenir paisible devant sa maison" ("Rückblick").

    Le temps est-il notre ennemi ? Celui qui nous vole des instants de bonheur perdus à jamais ? La voix grave de Jean-Christophe Lanièce semble y répondre par le positif dans le sombre et poignant "Der greisse Kopf". Le givre, la neige et le froid parlent du temps qui passe, de la jeunesse trop tôt partie mais aussi de la vieillesse devenant une réalité soudaine "malgré la longueur du chemin".

    L’artiste est "pensif" devant le constat d’un temps inexorable. Tel est le constat de Schubert dans "Letzte Hoffnung", "Dernier espoir"), un lied frappant par sa modernité (il a pourtant été composé, comme le reste de l’œuvre, en 1827). Pourquoi ne pas préférer le mirage qu’une invitation vaine ? ("Un malheureux comme moi sait qu’il y a toujours un rêve préférable à la nuit, au gel, au temps épouvantable : celui d’une maison, d’un coin de feu illuminé où nous attend une âme prête à l’amour" (le bouleversant "Täuschung"). Schubert a composé une œuvre à la charge émotionnelle puissante qui dit la solitude et la fuite des autres hommes. Une fuite au bout de laquelle il n’y aura qu’une seule issue, chante Jean-Christophe Lanièce.

    Le voyage, en plein hiver donc, conduit le poète vers une auberge ("Das Witershaus"). Un bref repos est-il possible ? Même pas, car l’auberge est pleine et le voyageur malheureux doit passer son chemin, avec pour seul compagnon un bâton de marche. Du courage, il en faut pour ce périple au milieu de la neige et de la glace (le vaillant "Mut !) car le danger est là, comme le chante Victoire Bunel au sujet de feux follets capables de perdre l’arpenteur ("Irrlicht") et de le conduire vers le repos éternel (le sombre et épuré "Rast").    

    L’auditeur sera sans doute frappé par cet éclat lumineux proposé par le lied bien nommé "Die Nebensonnen" ("Soleils parallèles"). Jean-Christophe Lanièce l’interprète telle une prière déchirante ("J’avais trois soleils à moi / Les deux meilleurs se sont couchés déjà / Toi, le troisième, s’il te plaît, disparais !"). Une autre éclaircie vient de ce délicat "Rêve de printemps" (Frühlingstraum"), l’un des rares lieder proposant au voyageur et poète des visions idylliques ("Il y avait des fleurs partout en couleurs, c’était le mois de mai, les prairies étaient vertes, les oiseaux chantaient fort").

    Le Voyage d'hiver se termine avec le mystérieux et métaphysique joueur de vielle ("Der Leierman"), personnification d’une mort inéluctable, avec pour compagne la musique. Bien entendu.   

    Franz Schubert, Voyage d’hiver,  Miroirs Étendus,  b•records, 2024
    https://www.b-records.fr
    https://www.miroirsetendus.com/un-voyage-d-hiver-2021

    Voir aussi : "En image, en musique et en public"

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