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Musiques - Page 17

  • Rui Lopes, le basson peut lui dire merci

    Le basson. Voilà un instrument rare, peu mis en valeur dans le répertoire classique, si ce n’est dans les grands orchestres, mais noyé dans la masse... Voilà qui rend la démarche du bassoniste Rui Lopes passionnante. Grâce à son album Close Encounters, il nous fait découvrir son instrument à travers un choix d’œuvres d’Édouard du Puy, Wynton Marsalis (et oui!), mais aussi Camille Saint-Saëns et Astor Piazzolla. À noter aussi la présence d'artistes moins connus, la compositrice Helena Winkelman et Marcelo Nisinman.

    Le son rond, grave, picaresque, pour ne pas dire pittoresque, du basson se déploie avec fraîcheur dans le "Quintette pour basson, violons, alto et violoncelle" d’Édouard Du Puy. L’auditeur découvrira sans doute ce compositeur suisse de la fin du XVIIIe siècle, à la facture très classique, pour ne pas dire mozartienne, mais qui nous ouvre une jolie œuvre mettant en relief et en valeur le basson.  

    L’auditeur sera certainement intrigué par l’apparition de Wynton Marsalis dans ce programme classique et contemporain. Le jazzman figure dans une pièce à la contemporanéité déconcertante, "Meeelaaan, pour basson et quartette à cordes". Une composition à la fois austère, rigoureuse et où le jazzman se joue paradoxalement du rythme. Les cordes se triturent ans tous les sens et tous les espaces pour ce morceau en trois mouvements à l’étonnante modernité mais où le jazz n’est pas absent, pas plus que ses revisites de styles et de danses populaires, "Blues", "Tango" et "Bebop". Marsalis propose ainsi une rencontre inédite entre des musiques et des rythmes que tout opposait a priori

    Après cette légende de la musique, place à des nouveautés, avec d’abord la compositrice Helena Winkelman et sa création pour Rui Lopes, "Gott-Fa", sous-titrée "Deux scènes pour basson et orchestre à cordes". Les deux mouvements, ou "scènes", "Gott – In nomine" et "Fan – Respect the machine", sont à découvrir avec attention. La première scène, "Gott – In nomine", est un lancinant chant de plus de 12 minutes, tour à tour méditatif, plaintif et inquiétant. Dans la deuxième scène, "Fan – Respect the machine", plus courte (moins de 6 minutes), c’est le rythme et le mouvement qui est au centre. Comme une machine infernale, le basson de Rui Lopes prend les choses en main, avec un appétit insatiable et une audace, à l’égal de celle de la compositrice. 

    Rui Lopes serait-il raide dingue du tango ?

    Autre création contemporaine et création, "Rui’s Tango" est, comme son nom l’indique, une autre création autour de la célèbre danse argentine, cette fois par Marcelo Nisinman, qui nous vient – est-ce un hasard ? – d’Argentine. En trois mouvements, son tango prend des allures de revisite audacieuse – moins sans doute que celle de Winton Marsalis toutefois – sans pour autant trahir l’essence du tango : rythme, passion, sensualité, mais avec cette folie amoureuse que l’on trouve dans le deuxième mouvement "Andante, Vielas de Alfama", sans oublier ce sens de l’expérimental ("Allegro"). 

    Il est heureux qu’après ces découvertes et ces créations, Rui Lopes revienne aux grands classiques, à commencer par la "Sonate pour basson et piano op. 168" de Camille Saint-Saëns. L’auditeur sera agréablement chatouillé par cette œuvre à la fois modeste (moins de 13 minutes pour les trois mouvements), délicate et d’une belle construction mélodique et harmonique, à l’instar du troisième mouvement "Adagio – Allegro moderato". 

    Rui Lopes serait-il raide dingue du tango ? Car ce genre fait de nouveau l’objet d’un titre, le dernier de l’album. Le bassoniste reprend la célèbre "Etude n°3" d’Astor Piazzolla. Superbe, passionnant et un très bon exemple d’adaptation réussite, pour un instrument que le musicien défend admirablement bien : "J’ai toujours été fasciné par la façon dont le son du basson se mêlait à celui du quatuor à cordes. Pour cet album, j’ai choisi des œuvres que j’aime jouer, certaines originales, d’autres « ré-arrangées ». J’ai ensuite demandé à des compositeurs que j’admire d’écrire pour cette formation. Deux des pièces ont été enrichies d’une contrebasse".

    Exemplaire et remarquable, à plus d'un titre.

    Rui Lopes, Close Encounters, Prospero, 2023
    https://www.facebook.com/ruilopesmusic/?locale=fr_FR
    https://www.rui-lopes.com

    Voir aussi "Majeur !"

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  • La glande avec Roland Garros

    Ouais, c’est Sophie Le Cam ! Oui, c’est Roland Garros ! Le mois de juin, le début de l’été, les après-midis passés devant la télé à suivre en cinq sets les petites balles jaunes et les exploits des tennismen français… Euh, en fait, non !

    Sophie Le Cam, que l’on adore, est de retour avec son nouveau single "Mais c'est Roland Garros". Avec sa pop joliment bricolée et son humour, cette irrésistible voix de la scène française propose un hommage tendre au célèbre tournoi, non sans quelques coups de griffe à destination de nos tristes préoccupations quotidiennes : "Faut réserver ses vacances / Au moins 4 mois à l'avance / Et avoir vite des enfants / Et aussi une Peugeot / Mais c'est Roland Garros".

    "Mais c'est Roland Garros" est le deuxième single extrait de son premier album Vedette qui sortira le 1er septembre 2023 au label Le Furieux.

    Sophie Le Cam, Mais c'est Roland Garros, Le Furieux, 2023
    http://www.sophielecam.fr
    https://www.facebook.com/chansonsdemoi.sophielecam

    Voir aussi : "Sophie le Cam est hype"
    "À cause des garçons"

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  • Électros-poèmes et autres chansons

    C’est du bon rock, mais du rock poétique, que nous propose Sam Frank Blunier dans son dernier opus, Loterie, qui est également le titre d’un des nombreux morceaux engagés de ce dernier opus.

    Bien dans son époque, le chanteur s’appuie sur des textes rigoureux pour nous parler de la grande loterie qu’est notre vie et notre société hyperconnectée ("Web, promesses & vidéo"). Un vaste miroir aux alouettes, dit l’artiste dans une électro pop rock enjouée. Sam Frank Blunier  se fait le chantre de la liberté, la vraie, au-delà des apparences et du virtuel : "Il te faut des printemps prometteurs aux parfums tellement enivrants qui te f’ront voyager plus loin que le désir" ("Klein Twitterin").

    Qu’on ne s’y trompe pas : le chanteur suisse est un poète et un sage, certes très rock. La maîtrise de son album est évidente. Le musicien y met de l’urgence et de l’engagement, non sans se priver de conseils et de notes d’espoir ("T’as dansé", "Mon bel amour").

    Musicalement, Sam Frank Blunier assume ses influences du côté des eighties - le délicat "Maria (au petit jour)" - et non sans des décrochages du côté de l’urbain ("Loterie", avec Lady_o en featuring)  

    Il y a du Bernard Lavilliers dans ces morceaux bruts et au sombre lyrisme

    Le deuxième partie de l’album est consacrée à ces électro-poèmes, tout aussi engagées. Il y a du Bernard Lavilliers dans ces morceaux bruts et au sombre lyrisme ("J’utilise la nuit, le matériau brut des poèmes", "On m’attend quelque part"), mais un Bernard Lavilliers qui se serait nourri de sons d’aujourd’hui.

    "Désir" illustre parfaitement ces "électro-poèmes". L’artiste propose un texte dont la noirceur brille avec l’éclat des textes parnassiens. La musique accompagne avec justesse et sobriété cette déclaration d’amour d’un authentique auteur de fin de siècle ("Je voudrais voir l’aurore sur le galbe de tes seins / Dans une chambre d’hôtel qui ne ressemble à rien / Et que l’on rie du plafond et des motifs anciens / Qui serpentent sur les plinthes et le papier peint").

    "Pochimou" a la facture des beaux textes slamés, sur le thème du voyage (le texte est dédié à Blaise Cendars), où la nuit et l’insomnie ont le beau rôle ("La nuit est rousse / Je peux la tousser / La nuit est douce / Elle vient me caresser"), appuyée par une musique rock planante et minimaliste.

    Tout aussi sobre et porté par un séduisant et sensuel talk-over, le morceau "Elle parlait" laisse là aussi la part belle au texte et à ce poème en forme de road-movie mais aussi de retour vers un souvenir d’adolescent. L’auditeur sera sensible à ce souvenir poignant d’une amour à la fois puissant et éphémère, de ceux que l’on n’oublie jamais.

    "L’Avenue des Amériques", qui vient clore cet opus à la fois musical et littéraire, prouve l’exigence artistique de Sam Frank Blunier. L’artiste musicien propose un album infiniment personnel. L’œuvre d’un homme se tournant vers son passé avec nostalgie, avec regret aussi. Oui, semble-t-il nous dire, la vie est une loterie. Mais que cette loterie est belle !

    Sam Frank Blunier, Loterie, Sabina, 2023
    https://www.samfrank-blunier.com
    https://www.facebook.com/SamFrankBlunier
    https://www.instagram.com/samfrankblunier

    Voir aussi : "Mâle assurance"

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  • À la source vive d’Almée

    Partons à la découverte d’un nouveau visage de la scène française. Elle se nomme Almée et propose ce printemps son dernier single et clip, "La source vive".

    Musicalement, Almée semble marcher sur les pas de Zazie : voix cristalline, paroles poétiques et qui claquent au vent et une chanson française dépoussiérée et enrichie de sons électro.  

    C’est la recherche de soi-même, de l’autre autant que d’une éternité qu’appelle Almée dans ce très joli titre : "L'été revient et nous révèle / Nos âmes se parlent, et se rappellent / En nous sommeille - un éternel".  

    Almée, La Source Vive, 2023
    https://www.youtube.com/@iamalmee/videos
    https://www.facebook.com/iamalmee

    Voir aussi : "Love Tokyo with Lizzy Ling"

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  • Giulia Falcone, nouvelle pousse de The Voice

    Même les détracteurs de The Voice le concéderont : le célèbre télécrochet permet régulièrement de découvrir de découvrir de nouveaux talents, qui auraient sans doute eu du mal à émerger sans l’émission populaire de TF1.

    Une nouvelle preuve avec Giulia Falcone, issue de la pépinière de The Voice. Elle sort en ce moment son premier single "Lettre à mes parents". La jeune femme et artiste se confie en musique sur les rêves et espoirs d’une Provinciale arrivée à Paris. L’artiste entend bien leur prouver qu’elle a du talent, comme le chantait une certaine légende ("Je veux crier ma vie, ma joie, mes sentiments / Chanter cette flamme qui brûle, toucher au cœur ces gens"). En même temps, cette lettre vocale est aussi une chanson pleine d’amour pour ses parents et énormément de nostalgie pour son pays, ses racines italiennes et sa famille : "Et je reviendrai pour Noël / Les bagages lourd et le cœur léger".

    Giulia Falcone interprète cette jolie déclaration avec délicatesse, et sans ostentation. Ce single devrait parvenir au cœur de beaucoup d’auditeurs.   

    Giulia Falcone, Lettre à mes parents, IDOL Distribution, 2023
    https://www.facebook.com/giulia.falcon
    https://www.instagram.com/giuliafalcone_official

    Voir aussi : "Comme un air de James Bond Girl"

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  • Noga en lumière

    Un  très beau titre anglo-saxon vient éclairer – si l’on peut dire – LEV, le superbe album de la chanteuse suisse Noga : Songs That Light The Night, littéralement : "Chansons qui éclairent la nuit". Et il est vrai que la lumière illumine cet opus, à l’instar du premier morceau "Rakia". Après les premières mesures tourmentées et très contemporaines, Noga s’installe, tout en douceur, grâce à une pop-folk qui ne peut pas laisser l’auditeur insensible, d’autant plus que de morceau s’inspire d’un psaume hébraïque.   

    Née de parents émigrés d'Israël, l’artiste propose un retour à ses origines et à sa culture en puisant son inspiration dans des poèmes ancestraux, issus des Psaumes (Le Livre des Téhilim) donc, mais aussi dans des chants traditionnels, à l’instar de cet "Eli Ata" dont Noga propose une version  jazzy. Jazz encore avec le beau, mélancolique "Shir", mêlant instruments traditionnels et sons électro (une prière psalmodiée par une voix masculine), et dans lequel la chanteuse suisse se laisse aller à la méditation. 

    On est avec LEV dans un album se plaçant à la confluence de la pop-folk, du jazz de la musique traditionnelle, sans qu’aucun des genres ne soit trahi ni dénaturé. L’auditeur s’en rendra compte avec le très beau "Me-Ayin", qui peut s’écouter comme une séduisante et langoureuse ballade. 

    Grâce à Nolan, les Psaumes habituellement confinés dans la sphère religieuses deviennent d’authentiques textes proches de nous, y compris pour les non-croyants

    Grâce à Nolan, les Psaumes habituellement confinés dans la sphère religieuses deviennent d’authentiques textes proches de nous, y compris pour les non-croyants. Que l’on pense au très beau "Shevet Hachayot", aux accents orientaux et au rythme envoûtant. La chanteuse en fait de très beaux joyeux musicaux, à l’exemple de "Lev", qui donne son titre à l’opus. De même, les textes multimillénaires semblent ne pas avoir pris une ride et parviennent à nos oreilles avec une nouvelle fraîcheur (l’étonnant et séduisant "Roi" se déployant avec volupté). Les collaborations des musiciens Patrick Bebey, Arnaud Laprêt aux percussions, Daniel de Morais (théorbe) ou Asher Varadi – ajoutons aussi Guillaume André, Sonja Morgenegg pour le vocal et Sohar Varadi au shofar – n’y sont bien entendu pas pour rien.

    Il faut abandonner l’impression que LEV serait un album sérieux et purement conceptuel. Il y a au contraire de la légèreté ("Honneni") mais aussi du modernisme indéniable, y compris dans les mises en musique de textes traditionnels ("Shalom Halechem"). Cela donne des titres singulièrement proches de nous ("Pitchu-Li"). 

    Saluons aussi le travail sur les voix de cet album. Il faut rappeler ici que Noga est aussi connue pour son association Catalyse qu’elle a fondée et qu’elle préside, avec à Genève un centre dédié à la voix. 

    On ne sera pas étonné que l’album de Noga se termine avec "hallelu",  comme un ultime hommage, salut et rappel à la réconciliation entre traditions, religions et création musicale. Et cette fois, c’est sur un rythme de gospel que la chanteuse suisse mâtine ce psaume. 

    Noga, LEV – Songs that light the night, Evidence Musique, 2023
    https://www.nogaspace.com
    https://www.facebook.com/Nogaofficiel
    https://www.instagram.com/nogaofficiel
    https://www.catalyse.ch

    Voir aussi : "Éternelle et musicale Norvège"

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  • Majeur !

    Derrière le singulier titre Bach’s Book Of Zen se cache l’une des œuvres musicales les plus exceptionnelles de l’histoire de la musique. La pianiste Edna Stern s’attaque en vérité à une véritable montagne : Le Clavier bien tempéré de Jean-Sébastien Bach, et plus précisément le livre I.

    Il a été beaucoup écrit au sujet de cette œuvre à la fois magnétique, conceptuelle et pédagogique, dans laquelle Bach a composé 24 préludes et fugues dans toutes les tonalités (do majeur et do mineur, ré majeur et ré mineur, etc.).

    La fascination pour Le Clavier bien tempéré doit sans doute beaucoup à Glenn Gould qui en a fait, au XXe siècle, de passionnantes relectures.  Edna Stern s’y attaque elle aussi dans ce passionnant enregistrement, moins rythmé que Glenn Gould, mais d’un très beau classicisme, presque romantique (le Prélude n°7 en mi bémol majeur, le Prélude n°10 en mi mineur ou encore le Prélude n°18 en sol dièse mineur), et non sans puissance (la magnétique Fugue n°4 en do dièse mineur).

    L’auditeur y trouvera les véritables "tubes" que sont le premier Prélude en do majeur BWV 846 et le deuxième Prélude BWV 848 en do dièse majeur qui semble avancer masqué, comme si la pianiste se montrait tout en retenue. On prend tout autant plaisir à redécouvrir le célèbre Prélude n°6 en ré mineur.

    Il y a du modernisme dans ce Bach’s Book Of Zen, à l’instar de la sixième Fugue en ré mineur, tout comme ce je ne sais quoi de récréatif (la septième Fugue en mi bémol majeur). Il semble qu’à tout moment le "cantor de Leipzig" prenne son monde par surprise. Que l’on pense aux sophistiqués Prélude et Fugue n°19 en la majeur ou encore au plus ludique Prélude n°20 en la mineur.

    Une véritable montagne

    Dans cette œuvre pédagogique, le génie Bach insuffle ces moments de grâce, bouleversants (le Prélude n°8 en mi bémol et ré dièse mineur ou la Fugue n°11 en fa majeur BWV 856).  

    Tout l’esprit Bach est dans cette superbe interprétation du Clavier Bien Tempéré, que ce soit dans ce mélange et de justesse (les Prélude et Fugue n°13 en fa dièse majeur BWV 858), l’harmonie élevée au rang de création géniale (Prélude n°17 en la bémol majeur). L’auditeur devra écouter à ce sujet le bouleversant Prélude n°14, cette fois en fa dièse mineur, à la concision – on aimerait même dire efficacité – remarquable. Bach a déployé tout son talent dans cette œuvre, y compris dans des morceaux brefs, de moins d’une minute (le Prélude n°15 en sol majeur BWV 860 en sol majeur) ou au contraire plus longs et se déployant sans esbroufe (La Fugue n°20 en la mineur d’un peu plus de quatre minutes).

    Edna Stern se révèle aussi impeccable lorsqu’elle se laisse aller à une certaine langueur (Prélude n°16 BWV 861 en sol mineur) ou au contraire lorsqu’elle s’approprie l’étonnante et moderne Fugue en sol mineur. La pianiste parvient à étonner l’auditeur lorsqu’elle fait le choix d’un jeu "gouldien" dans la Fugue n°18 en sol dièse mineur. Edna Stern sait jouer de la nuance, comme le montre le délicat Prélude n°22 en si bémol mineur ou encore la magnétique Fugue n°23 en si majeur.

    On sort de Bach’s Book Of Zen de la plus belle manière, avec les Préludes et Fugues n° 24 les plus longs du premier volume du Clavier bien tempéré. Comme si le cantor de Leipzig et son interprète proposait une dernière promenade musicale. Avant bien sûr de se pencher sur le Livre II

    Bach, Bach’s Book Of Zen, Edna Stern, piano, 2 CD, Audio Note Music, 2023
    https://www.edna-stern.com
    https://www.facebook.com/profile.php?id=100015246303750
    https://www.youtube.com/channel/UC8xTdVDa1sRrvtGdlz7Xp3g/featured

    Voir aussi : "Amour, musique et nostalgie"

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  • Ennio Morricone, une vie filmée et en musique

    Impressionnant, exemplaire, passionnant : les qualificatifs élogieux seraient bien plus nombreux pour qualifier Ennio, le documentaire de  Giuseppe Tornatore consacré à Ennio Morricone, décédé en 2020. Sorti un an plus tard, Ennio fazit figure autant de film testamentaire que d’hommage à l’un des plus grands compositeurs des XXe et XXIe siècle. Mais aussi celui qui a su donner ses lettres de noblesse à la musique de film.

    Il fallait bien deux heures trente pour retracer une carrière impressionnante : 60 ans de créations, 500 musiques de films pour le ciné ma et la télévision, des dizaines de millions de disques vendus, des récompenses par centaine mais – seulement – deux Oscars, dont un pour l’ensemble de sa carrière et un autre pour la BO du film Les Huit Salopards de Quentin Tarantino.

    Le cinéaste américain fait d’ailleurs parti des nombreux témoins du documentaire de Giuseppe Tornatore, pour qui Ennio Morricone a d’ailleurs composé plusieurs BO, dont Cinema Paradisio.

    Il est impossible de nommer tous les grands artistes venus témoigner leur admiration pour le génie italien : l’acteur puis réalisateur Clint Eastwood, le compatriote Bernardo Bertolucci, John Williams, une autre des grandes figures de la musique de films, sans compter Dario Argento (car on oublie que les collaborations entre le cinéaste et le compositeur ont été riches et fructueuses). Singulièrement, la France qui a tant aimé Ennio Morricone, est assez peu représentée, si l’on omet un passage passionnant consacré à la musique du Clan des Siciliens. 

    Le maestro italien a réussi à réconcilier musique contemporaine et concrète, musique classique et musique populaire

    Impossible – sauf à être hermétique, indifférent et insensible – de ne pas être scotché devant ce documentaire récompensé par plusieurs prix au David di Donatello 2022. La caméra suit Morricone chez lui, dans son bureau, au travail devant ses partitions (car le musicien composait "à l’ancienne", en silence, grâce à son oreille absolue) et surtout assis face à l’objectif pour témoigner, avec sincérité et non sans émotion.

    Ennio est aussi un film parcourant plusieurs dizaines d’années de la vie culturelle italienne : cinéma, télévision, musique. Quelque part, Morricone est un acteur (sans jeu de mot) et un témoin essentiel de cette période, avec quelques figures incontournables de cette période, dont Pasolini, le compositeur contemporain Goffredo Petrassi ou la chanteuse populaire Milva.

    Évidemment, une large partie du documentaire est consacré aux apports exceptionnels de Morricone dans la musique de films. Et l’on découvre comment le bruit d’une échelle, le son d’un coyote ou les martellements de tambours lors d’une manifestation ont influencé le maestro pour tel ou tel thème. Les musiques des films de Sergio Leone (Pour une poignée de dollars, Le Bon, la Brute et le Truand, Il était une fois dans l’Ouest, Il était une fois en Amérique) sont traités avec enthousiasme, tout comme ces autres BO tout aussi passionnantes que sont Mission, Les Incorruptibles, Sacco et Vanzetti ou Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon, dont la composition a impressionné jusqu’à Kubrick qui a essayé, lui aussi, de travailler avec Morricone, en vain.

    Ennio est remarquable à plus d’un titre. Exemplaire aussi, dans le sens où Ennio Morricone, longtemps critiqué et rejeté par ses pairs (des compositeurs de musique dite "savante") a finalement été reconnu par un des plus grands créateurs de ce siècle et du siècle d’avant. Mais ce qui marque aussi et surtout c’est à quel point le maestro italien a réussi à réconcilier musique contemporaine et concrète, musique classique et musique populaire. 

    Ennio, documentaire italien, allemand, belge chinois, japonais et néerlandais de Giuseppe Tornatore,
    avec Ennio Morricone, Giuseppe Tornatore, Bernardo Bertolucci,
    Dario Argento, Quentin Tarantino, Hans Zimmer, John Williams, Oliver Stone,
    Clint Eastwood, Terrence Malick, Wong Kar-wai, Quincy Jones,
    Roland Joffé et Marco Bellocchio, 2021, 156 mn, Canal+

    https://le-pacte.com/france/film/ennio
    https://www.canalplus.com/cinema/ennio/h/19876949_40099

    Voir aussi : "Western ou northern ?"
    "Retenez-moi ou je fais un malheur"

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