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Musiques - Page 34

  • Rammstein en version classique par le Duo Jatekok

    Adapter en version acoustique et classique Rammstein, le groupe de rock metal allemand le plus emblématique de la scène mondiale : voilà un  projet qui ne pouvait qu’interloquer Bla Bla Blog. C’est le Duo Jatekok, formé par les pianistes Nairi Badal et Adélaïde Panaget, qui s’est attelé à la tâche.

    À bien y réfléchir, le projet a du sens si l’on pense à l’intrusion de sons symphoniques chez Rammstein ("Mein Herz Brennt" ou "Ohne Dich"). De plus, les fans du groupe allemand savent que les deux pianistes assurent depuis 2017 leur première partie. Ce pont entre deux courants musicaux, a priori aussi antinomiques que le metal et le classique, est à saluer. Le résultat est ce Duo Jatekok plays Rammstein, un passionnant album de reprises qui sort cette semaine. Un opus qui ravira autant les fans du groupe de rock que les familiers du classique – deux mondes qui peuvent d’ailleurs parfois se confondre.

    Précisons aussi que le Duo Jatekok est l’auteur de trois enregistrements classiques et contemporains. Le premier, Danses, rassemble des œuvres de Grieg, Barber, Ravel et Borodine et le deuxième, Boys, propose des créations de trois hommes – comme son nom l’indique : Poulenc et sa sonate pour deux pianos, Points on Jazz de Dave Brubeck et trois pièces de Baptiste Trotignon.

    Impertinentes, précises et virtuoses, Nairi Badal et Adélaïde Panaget adaptent donc cette fois Rammstein pour leur nouvel enregistrement, à travers des revisites balayant toute la carrière du groupe, depuis leur premier album Herzeleid ("Seemann") jusqu’au Rammstein 2019 ("Puppe", "Diamant"), en passant par le fameux Sehnsucht  de 1997 ("Klavier", "Engel") ou Mutter ("Mutter", "Mein Herz Brennt") en 2001.

    Les musiciennes du Duo Jatekok étincellent dans ce projet instrumental (il manque évidemment, dans ces reprises, le texte des morceaux, que l'auditeur pourra retrouver dans les albums originaux ou live), projet qui séduira autant les fans de du groupe aux guitares lance-flammes qu’il interpellera les habitués du classique – qui pourront y trouver une porte d’entrée vers un des groupes les plus célèbres de la scène metal internationale. 

    Ce projet séduira autant les fans de du groupe aux guitares lance-flammes qu’il interpellera les habitués du classique

    La sonorité brute de Rammstein laisse place dans cet opus à une facture classique ou néoclassique, à l’image du fameux "Engel". Le duo met en valeur l’écriture harmonique et mélodique que l’interprétation originale très rock de Rammstein efface pour le moins.  

    Nairi Badal et Adélaïde Panaget entendent pour autant respecter l’esprit de Rammstein, que ce soit l’insouciance inquiétante de "Puppe" avec ces explosions de sons pianistiques, la puissance sombre de "Mein Herz Brennt" ou la ballade "Ohne Dich", une des chansons phares du répertoire de Rammstein sur le deuil, la mort et la solitude.

    L’inquiétant "Klavier" est, quant à lui, peuplé de fantômes, de portes ouvertes sur le mystère et d’une étrange pianiste. Les musiciennes de Duo Jatekok en font une lecture très contemporaine, onirique, mais non sans ce rythme dingue, servi par leur virtuosité remarquable.  

    "Frühling in Paris" est à saluer comme une superbe composition sur le souvenir d’une histoire d’amour ("Oh non je ne regrette rien / Wenn ich ihre Haut verließ / Der Frühling blutet in Paris"), l’un des plus beaux morceaux de album, lumineux et au souffle romanesque incroyable. Le titre est habité d’éclairs mélancoliques, à la tristesse insondable. L’influence d’Edith Piaf est évidente dans ce qui sonne comme un hymne à la France.

    "Mutter", lui, démarre doucement avant de trouver une puissance assez fidèle à Rammstein. Nairi Badal et Adélaïde Panaget font de ce morceau en hommage aux mères un bouleversant chant mêlant les regrets et la rancœur. Parlons aussi de "Diamant", sorti en 2019, qui a droit aussi à une revisite. Cette histoire d’amour toxique devient une ballade romantique très fidèle au titre original tout en retenue, mais son sans trouvailles sonores ni ce romantisme noir singulièrement plus présent dans cette version que dans l’original.

    Le morceau "Ausländer", inspiré par Prokofiev, parle de la découverte de l’étranger et de l’étrangère ("Ich bin Ausländer / Mi amore, mon chéri"). Le Duo Jatekok en fait une fantaisie plus romantique, mais tout aussi légère. Romantisme aussi, mais cette fois sombre, avec l’étonnante et bouleversante adaptation de "Seemann", un chant funèbre que les fans de Rammstein connaissent bien.

    L’album se termine avec "Sonne", tout aussi classique, adapté comme une marche lente et douloureuse, à l’image de l’œuvre originale, avec ces éclairs jazz qui en font un étourdissant voyage musical. 

    Duo Jatekok plays Rammstein, Vertigo, 2022, sortie en mai 2022
    https://duojatekok.com
    https://www.facebook.com/DuoJatekokOfficiel
    https://www.instagram.com/duojatekok
    http://www.rammstein.com
    https://www.rammsteinworld.com

    Voir aussi : "No Dames, no drames"

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  • Le petit monde de Yohann Le Ferrand

    Dans Yeko, Yohann Le Ferrand ouvre grand les bras à ses amis et amies. Il entend parler avec eux de partage, de générosité, d’humanisme, d’universalité, d’engagement et de cultures se répondant les unes aux autres.

    Le guitariste français, après des débuts en musique traditionnelle bretonne, s’est adjoint le compagnonnage de prestigieux artistes africains, particulièrement maliens, comme Mamani Keita, Salimata "Tina" Traoré, Khaïra Arby, Mylmo, Koko Dembélé, et Kandy Guira.

    "Yerna Fassè" ouvre le bal de bien belle façon avec ce mixte entre world music, traditions africaines et pop et rock énergique et endiablée avec Khaira Arby, "le rossignol de Tombouctou", chantant en langue sonraï le récit de cette caravane qui descend vers le sud pour distribuer le précieux sel.

    L’étincelant Yohann Le Ferrand fait preuve d’une énergie communicative avec Mylmo pour le titre "Doussoubaya" qui sort la world de ses retranchements en y insufflant un son urbain : "Lève-toi et ose !" proclame l’artiste aux "Mille mots" avec plein d’optimisme.

    La guitare de Yohann Le Ferrand se fait caressante dans le très beau "Dunia" avec  Salimata "Tina" Traoré, dans un message sur le combat et la résilience, on ne peut plus bienvenu dans cette période compliquée.

    Un instrument magique aux accents bouleversants

    Avec "Konya", nous voilà pleinement du côté de l’Afrique avec la voix unique de Mamani Keita. Il  y est encore question de résilience mais aussi de détachement face aux problèmes sociétaux liés à la jalousie.

    Tout aussi engagé,  Koko Dembélé, venu du pays Dogon, chante en cinq langues un hommage aux victimes du Mali avec un morceau exceptionnel et inoubliable : "Sauver". La guitare de Yohann Le Ferrand devient un instrument magique aux accents bouleversants, aux subtilités incroyables et à la puissance qui fait se dresser les poils de l’auditeur. Le duo que forment Koko Dembélé et Yohann Le Ferrand lance une alerte destinée à tous les décideurs afin de réagir face à la situation très critique en Afrique subsaharienne.

    "Yellema", avec Kandy Guira, vient compléter un album d’une générosité et d’un humanisme précieux. La voix dansante de Kandy Guira habite l’opus avec son énergie communicative et un message d’une brûlante actualité : quel monde allons-nous laisser à nos enfants ? chante-t-elle en substance. 

    Yohann Le Ferrand, Yeko, Bam Production, 2022
    https://www.facebook.com/yohannleferrandyeko
    https://www.instagram.com/yohannleferrand_yeko

    Voir aussi : "Cet étrange Monsieur Klein"

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  • Margaux Simone et le nouveau monde

    Allez, prenons le soleil avec Margaux Simone et faisons la fête avec son nouveau single "Âge d'or moderne".

    Il y a une couleur Ibiza dans le clip réalisé sur la Riviera française par Diane Lepa sur la musique non moins hypnotique de Margaux Simone.

    Oui, c’est une vraie invitation à l’insouciance que propose la chanteuse sur des sons dansants très eighties : "J’aimerais danser sur des plages / Madone évanouie / Icône démodée / Des bords des rivages / Des regards alanguis / Âge d’or moderne".

    Alors que la période actuelle incite plus à la morosité, Margaux Simone entend bien nous réveiller et de lâcher prise : "À  toi de décider / D’inventer le voyage".

    Message bien reçu. 

    Margaux Simone, Âge d'or moderne, single, 2022
    https://www.facebook.com/margauxsimone
    @margauxsimone
    https://www.instagram.com/margaux_simone

    Voir aussi : "Juli le Taxi"

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  • Les chaudes eaux de La Bronze 

    Dans les 13 titres de Vis-moi, le très bel album de La Bronze, l’auditeur pourra y trouver la trace, la facture et, pourquoi pas, les influences de Laurie Darmon. Comme l’auteure de Femme Studio, La Bronze enfourche le tigre et parle d’amour, de sensualité, de séduction, de corps en fusion, d’étonnement devant les émois, mais aussi, d’humanisme et de féminisme. Dans son nouvel album Vis-moi, L’artiste canadienne s’y dévoile sans fard, vibrante, brillante, forte, capable de férocité autant que d’abandons sensuels  ("Viens / Je te détruirai les ailes / Sous mes baisers de fiel / Et on finira au ciel / En statue de sel", "Viens").

    Dans une pop très actuelle, l’artiste allie mélancolie, tensions musicales et textes à fleur de peau : "J’ai assez de lucidité pour croire en la magie" chante-t-elle par exemple dans "Toi". "Tous les mots sont morts / C’est l’épidémie / On a survécu / C’est pour l’épiphanie / J’ai toué tous les monstres du placard / J’ai fait l’amour à tous les trous noirs". C’est drapée dans un séduisant romantisme noir que la musicienne maroco-canadienne parle de liberté et de féminisme : "Je n’ai peur de rien / Surtout pas de toi / Depuis que je sais / Que tu n’es que moi" "Je n’ai peur de rien / Surtout pas de toi / Depuis que je sais / Que tu n’es que moi".

    Pour "Briller", c’est encore d’émancipation dont il s’agit, dans une facture plus urbaine. Le morceau évoque la pression de plaire à tout prix ("Pour mieux m’évaporer"), au risque d’en oublier qui l’on est.

    L’orchestration complexe et la production soignée servent un album aux multiples influences, à l’instar d’Haram", un titre mixant pop, urbain, world music, chanson française et sons arabes ou de l’électro avec "Sois ferme". Ce titre est le fruit d’une collaboration avec Younes Taleb, alias Mobydick, un grand rappeur marocain avec qui elle a partagé une tournée au Maroc. Il y est question de se défaire des chaînes qu’impose le milieu social pour se connecter à sa véritable essence et oser être pleinement soi-même, explique La Bronze.

    Un superbe cri d’amour, digne des plus grands mythes antiques

    Nous parlions de Laurie Darmon : "Vis-moi" suit la trace de l’interprète de "Laisse-moi t’aimer", avec cette électro-pop envoûtante et ce timbre voilé et sensuel. Il y est question de mort ("Je ne peux pas mourir encore"), de la course contre le temps ("Je croyais qu’une fois que le soleil s’était levé c’était pour de bon / Mais il fini toujours par se recoucher c’est la fatalité"), d’amour et d’abandon : "Je serre le bonheur si fort / Qu’il m’explore / Sur tout le corps".

    La Bronze est capable d’envolées sensuelles : "Ta langue me couche / C’est toujours la première fois… / Je redeviens l’océan", interprète-t-elle avec une tension électrisante. Dans "Eaux" et son électro-pop assumée, elle fait cet aveu à l’auditeur : "Je ne sais pas si j’aime les flots / Mais je veux voguer dans les chaudes eaux". Plus audacieuse encore, dans "Monument érigé", l’électro pop de la chanteuse canadienne parle non sans amertume de cet homme, de sa "beauté" ramenée "chaque soir", sur fond de jalousie amère ("Tu veux qu’elle s’assoit dans ton ciel / Qu’elle te dise « Oh mon, Dieu merci ! »").

    Vis-moi interroge aussi sur le jeunisme et sur l’apparence, des thèmes dans lesquelles les femmes sont très souvent – une fois de plus – les victimes : "Elle blanchit / Elle décline / Il vieillit / C’est sexy / Il mûrit / Elle vieillit / C’est triste", chante-t-elle dans "Sois ferme", avant de déclarer : "La beauté intérieure c’est super / mais pour les autres / Donnez-moi mon laser pour que je m’y vautre"

    "L’habitude de mourir" tranche dans sa facture avec ce piano sobre : "Tu fonces tout droit vers mon amour figé / Mais on a l’habitude de mourir / Une fois de plus pourquoi pas". Dans ce qui est l’un des plus beaux morceaux de l’album, l’amour et la sensualité sont assombries par le voile de l’impasse d’une relation vouée à l’échec.

    On peut saluer le travail de texte de "Quantum parfait". Sous forme de confidences en anglais et en français, La Bronze dépeint des sensations bouleversantes, des visions mystérieuses et déstabilisantes, qui sont comme une introduction au titre suivant, "Je flottais" : "Je ne sais plus qui je suis / Enfin c’est délicieux d’être ici".

    Le déracinement et les adieux à la terre tel est le sujet d’"Adieu", un magnifique titre sur l’amitié et la fraternité entre humains : "Tu viens d’où tu manges quoi l’ami ? / Tes parents ta peau c’est pas d’ici / Dis-moi tout / Mais je me fous / Je veux pas savoir tes visas / Si ça te plaît pas." La chanson, écrite et interprétée en duo avec Sarahmée, aborde avec doigté les micro-agressions au quotidien que peuvent vivre les personnes qui ne sont pas caucasiennes et les jugements nourris par l’ignorance.

    Le morceau "Viens" conclut admirablement bien l’album passionnant et envoûtant de La Bronze : "J’ai le pouvoir de déplacer les montagnes", chante-t-elle avec une belle audace, qui est aussi un superbe cri d’amour, digne des plus grands mythes antiques :  "Viens / Je te détruirai les ailes / Sous mes baisers de fiel / Et on finira au ciel / En statue de sel". 

    La Bronze, Vis-moi, Audiogram / The Orchard, 2022
    https://www.labronze.ca
    https://www.facebook.com/labronzemusique
    https://www.instagram.com/labronze

    Voir aussi : "Laurie Darmon enfourche le tigre"

    © Adrian Villagome

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  • Où va Charlie Pâle ?

    Charlie Pâle nous vient de Nantes et place ses influences du côté de Fauve, Cœur de Pirate, Aloïse Sauvage ou encore Terrenoire. Voilà pour l’univers du jeune chanteur, qui témoigne dans son premier titre, "Je vais où ?", de ses doutes, de ses interrogations et de ses rêves : "J’ai la sensation d’être impuissant / De voir des histoires trop décevantes / Peut-on réinventer le passé Juste une seule fois / Peut-on tout effacer."

    Que le clip de "Je vais où ?" ait été tourné dans un lycée (avec Zoé Cavaro la réalisation) n’est évidemment pas un hasard : le musicien a quitté l’école avant le bac pour partir travailler à l’usine. L’école de la vie. Voilà qui donne de la substance à un artiste dont la sensibilité frappe et émeut : "Il faut se détruire et puis en rire / On voit la sortie en face de nous / Mais on fait demi-tour pour éviter les coups."

    Voilà une voix qui est à découvrir et que l’on suivra avec attention. 

    Charlie Pâle, Je vais où ?, single, Abatjour Records, 2022
    Chaîne Youtube de Charlie Pâle
    https://www.facebook.com/charliepaleofficial

    Voir aussi : "Penser juste à l’amour"

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  • Cet étrange Monsieur Klein

    "Catharis", "Episode", "Down" ou "Poem" : Klein a fait le choix de titres brefs dans Sonder, un premier album mêlant avec bonheur jazz, rock, pop et électro. Klein c’est Jerome Klein, vibraphoniste, pianiste et batteur qui choisit une voie artistique à la fois séduisante et empruntant des chemins de traverse. Autour de Jerome Klein, il convient de citer ses acolytes : Niels Engel à la batterie, Pol Belardi au vibraphone, à la basse et aux claviers et Charles Stoltz à la programmation et au sound design.

    Prenez "Catharis", le premier morceau de l’album. Ses lignes mélodiques et ses chœurs savent envelopper les notes dans des vagues synthétiques paradoxalement très jazz. Un vrai tour de force.

    Klein sait se nourrir dans différentes influences, que ce soit la pop eighties ("Episode"), les sons orientaux ("Down") et bien entendu le jazz cool ("Solace" , "Introversion").

    Ni tout à fait jazz, ni complètement pop, avec un son électronique surgissant en loucedé

    "Catalyst" se présente comme un fascinant morceau tendu et amenant l’auditeur vers un paysage mystérieux, avec une grâce mélancolique grâce à ces envolées et ses ruptures de rythmes.

    La plus grande surprise de l’album vient sans doute "Creator", un titre qui sait manier le contre-pied avec talent : ni tout à fait jazz, ni complètement pop, avec un son électronique surgissant en loucedé.

    "Poem" séduit par son accent onirique et son  minimalisme. Il n’est pas pour autant dénué de couleurs que l’on croirait de pastels.  

    L’album se termine sur le titre qui donne son nom à l’album. "Sonder" propose un jazz à la fois mélancolique et voyageur. La tête dans l’espace, le groupe de  Jerome Klein utilise à plein les sonorités du piano et du vibraphone pour entreprendre un voyage intersidéral, comme si la sonde Voyager envoyait quelques notes d’adieu avant de disparaître dans l'infini de la galaxie.

    Klein, Sonder, Cristal Records, 2021
    https://jeromekleinmusic.com
    https://www.facebook.com/jeromekleinmusic
    https://www.instagram.com/klein.music_

    Voir aussi : "Penser juste à l’amour"

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  • No Dames, no drames

    C’est une anthologie à la fois étonnante et engagée que propose le contralto Théophile Alexandre, accompagné du Quatuor Zaïde. Charlotte Maclet, Leslie Boulin Raulet, Sarah Chenaf et Juliette Salmona sont évidemment au cœur d’un album singulièrement titré  No(s) Dames.

    Le propos de l’opus est de s’intéresser aux grandes héroïnes de l’art lyrique pour qui "dames" rimaient surtout avec "drames". Parmi ces femmes fatales, figurent Carmen (Bizet), Salomé (Strauss), La Reine de la Nuit (La Flûte enchantée de Mozart), Manon (Massenet), Eurydice (Orfeo Ed Euridice, Gluck), Violetta (La Traviata de Verdi) ou Dalila (Saint-Saëns).

    La principale singularité de l’opus est de "réunir 23 icônes opératiques de 17 compositeurs différents, dans un cadavre exquis musical reliant ces arias les unes aux autres, dérangeant leurs clichés de madones, de putains ou de sorcières, et dessinant en creux le portrait d’une seule et même idole masculine : la Dame, telle que fantasmée et imposée aux femmes par les hommes depuis des siècles, par-delà les cultures ou les continents."

    L’auditeur pourra trouver quelques grands tubes du répertoire classique, baroque et lyrique :  La Sonnambula de Bellini ("Ah! non credea", acte 2), La Force du Destin et La Traviata de Verdi, Bellini (Norma, I Capuleti E I Montecchi) ou le bouleversant "L'ho perduta" des Noces de Figaro de Mozart.

    Le chef d’œuvre qu’est "Youkali"

    La chanson de Solveig de Peer Gynt de Grieg sonnera doucement aux oreilles françaises qui retrouveront bien entendu la mélodie qui a inspiré "Lost Song" de Serge Gainsbourg.

    Théophile Alexandre s’épanouit avec panache dans des airs baroques, que ce soit l’Orfeo Ed Euridice de Gluck ("Odio, furor, dispetto", Armida d’Haydn ou Alcina d’Haendel ("Ah! Mio Cor"). On frissonne au son de Cavalli, "Dell' antro magico" (Il Giasone), avec cette expressivité servie par la voix puissante et tourmentée de Théophile Alexandre.

    Le quatuor à cordes féminin Zaïde s’attaque en instrumental à d'autres morceaux du répertoire classique :  le "Barcarolle" des Contes d'Hoffmann, le prélude d'I Masnadieri de Verdi, un autre prélude, celui de Samson et Dalila de Saint-Saëns et "La Reine de la Nuit" de La Flûte enchantée.

    Il faut aussi s’arrêter sur ces titres que sont l’étonnant extrait de La Pucelle d'Orléans ("Adieu, forêts") de Tchaïkovski, le tango "Yo soy María" tiré de María De Buenos Aires de Piazzolla, sans oublier, bien entendu, l’aria de l’opéra Zaïde de Mozart ("Tiger, Wetze nur die Klauen!").

    Dans cet album, il faut enfin ne pas passer à côté de ce chef d’œuvre qu’est "Youkali", le bouleversant tango tiré de l’opéra Marie-Galante de Kurt Weil.

    Un énorme vent de liberté souffle sur l’album de Théophile Alexandre & Quatuor Zaïde, avec le projet que, pour une fois, "drame" ne rime plus avec "dame".

    Théophile Alexandre & Quatuor Zaïde, No(s) Dames, 2022
    http://www.theophilealexandre.com
    https://www.quatuorzaide.com

    Voir aussi : "Emoción à tous les étages"

    Photo © Julien Benhamou

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  • Mi-figue, mi-raisin 

    mozart,opéra,cosi fan tutte,opéra de paris,lorenzo da ponte,jacquelyn wagner,michele losier,cyrille dubois,philippe sly,paulo szot,ginger costa-jackson,opéra national de paris,philippe jordan,anne teresa de keersmaeker,compagnie rosasMal-aimé, faussement léger et finalement génial : Così fan tutte fait partie des œuvres majeures et tardives de Mozart (1790, soit un an avant sa mort). L’argument du livret de Lorenzo da Ponte est d’une grande simplicité :  Guglielmo et Ferrando se félicitent devant le cynique Alfonso de la fidélité de leurs fiancées, Fiordiligi, la promise de Guglielmo et sa sœur Dorabella, fiancée à Ferrando. Alfonso moque la naïveté des jeunes hommes et leur propose un pari : tester la fidélité des jeunes femmes grâce à un jeu de séduction et de travestissements :  Fiordiligi pourrait-elle tomber amoureuse de Ferrando et Dorabella de Guglielmo. La servante Despina accepte d’aider Alfonso à cette double supercherie.

    Voilà pour l’histoire, bien connue des fans de lyrique, qui savent aussi comment Mozart a su s’emparer de ce sujet léger, pour ne pas dire dépassé, pour composer une musique d’une fluidité, d’une élégance et d’une grâce inouïes, non sans ces moments où la douleur et le pathétique peuvent surgir derrière une mesure, une note ou un accent : que l’on pense à l’ouverture, au final du premier acte ("Si mora, sì, si mora") ou aux arias de Despina.

    L’Opéra de Paris en a proposé une interprétation inédite en 2017. L’orchestre était dirigé par Philippe Jordan sur une chorégraphie d’Anne Teresa de Keersmaeker. Cette version est disponible en DVD et Blu-ray chez Arthaus.

    Perplexité

    D’où vient cependant cette perplexité à la découverte de cette version du Così fan tutte, un opéra plus complexe que que l’on veuille bien le dire, comme le montre la fin – les noces des deux couples ?

    D’abord et avant tout, moins au décor (un entrepôt sans âme ) et à la mise en scène contemporaine – ce qui est maintenant monnaie courant, y compris et surtout dans les œuvres classiques – qu’à la chorégraphie.

    En faisant appel à la chorégraphe belge, l’Opéra de Paris a fat le choix d’un spectacle dans lequel le lyrisme serait étroitement lié à la danse. Et il est vrai que les danseurs et les danseuses font presque jeu également avec les chanteurs et chanteuses. C’est simple : ils fonctionnent en duo, soit muet, soit dansant.

    Ce qui est une bonne idée au départ devient un spectacle déroutant qui peut séduire comme il peut rendre hermétique. L’importance de ce Così fan tutte est donné autant aux voix qu’aux corps en mouvement, sur une scène vide.

    Il y a bien entendu la musique de Mozart, grâce à laquelle on pardonnera tout. Mais il faut aussi souligner l’interprétation pleine de verve de  Ginger Costa-Jackson dans le rôle de Despina. Disons-le : c’est elle sans doute la vraie grande surprise de ce Così fan tutte.

    Così fan tutte, opéra, Dramma giocoso de Wolfgang Amades Mozart, livret de Lorenzo da Ponte, avec Jacquelyn Wagner, Michèle Losier, Cyrille Dubois, Philippe Sly, Paulo Szot et Ginger Costa-Jackson, Arthaus, DVD, 2017
    Orchestre et Chœurs de l’Opéra national de Paris, dirigé par Philippe Jordan
    Chorégraphie d’Anne Teresa de Keersmaeker
    Avec les danseurs et danseuses de la Compagnie Rosas
    https://www.operadeparis.fr/saison-17-18/opera/cosi-fan-tutte
    https://www.rosas.be/fr/productions/351-cosi-fan-tutte
    https://arthaus-musik.com/en/dvd/music/opera/media/details/Cosi_fan_tutte_3.html

    Voir aussi : "Toutes les mêmes, tous les mêmes"

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