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En un autre temps, si un vocable pouvait s’appliquer à l’EP Dreamers de Purple Ashes, ce serait celui de "trip hop" : même voix éthérée à la Portishead, mêmes sons synthétiques, même travail sur la rythmique. Mais là où le groupe emblématique de la chanteuse britannique Beth Gibbons avait su construire une œuvre mystérieuse et fragile, le duo formé par la Française Clémence de la Taille et son acolyte Syan, avance avec volonté, aplomb et maîtrise ("Get My Way") dans leur nouvel EP.
Si on reste dans le jeu des comparaisons, il y a de l’Eurythmics dans cette manière de proposer un court album étincelant qu’on s’approprie avec plaisir, à l’exemple du titre pop "Dreamers in Sleepless Night". "Et si les rêveurs ne dormaient plus ?", se demande en substance la musicienne. Le clip détourne les films Métropolis, Faust et Nosferatu pour nous entraîner dans un rêve, ou plutôt un cauchemar.
L’auditeur appréciera la sophistication de la composition et les constructions sonores de Purple Ashes, dans une pop-rock sachant puiser dans l’électro ("Nothins Is Better") pour servir des morceaux d’une belle complexité. On sera tout autant sensible au message engagé de Clémence de la Taille dans l’épidermique "Seasons Change" qui va droit aux tripes. Du bel ouvrage.
Solidarité Sida s’est lancé un nouveau défi : faire en sorte que les premiers à fêter le retour des festivals en plein air soient les professionnels de santé. Le symbole est beau et le rendez-vous est pris. Ce sera le 4 juillet à Paris-Longchamp.
Les pandémies bouleversent le monde tout comme nos certitudes et frappent de plein fouet les plus vulnérables. La Covid-19 nous le rappelle dramatiquement aujourd’hui, comme le VIH l’a déjà fait hier. À chaque fois, les soldats de la première ligne sont les soignants. Pour Solidarité Sida, leur dignité, leur courage et leur dévotion méritent d’être à nouveau salués. Mais cette fois-ci, en musique.
Voilà pourquoi, le dimanche 4 juillet, l’hippodrome de Paris-Longchamp ouvrira ses portes pour une 23e édition de Solidays inattendue, gratuite et réservée aux femmes et aux hommes qui font vivre la santé. Une dizaine d’artistes seront à l’affiche.
Pour participer à cette édition spéciale intitulée "Merci aux soignants", il suffit de s’inscrire en ligne à partir du 10 juin sur le site Solidays.org. Un tirage au sort sera effectué. Les heureux gagnants bénéficieront d’une invitation personnelle et non cessible, valable pour 2 personnes.
C’est un véritable tour de force pour Solidarité Sida d’organiser ce "mini Solidays", décidé il y a à peine quelques jours. Surtout quand on sait que l’association n’est pas remise des difficultés financières liées à la double annulation de son festival. L‘envie de rendre un vibrant hommage aux soignants et la joie de retrouver un peu de normalité dans nos vies, grâce au soutien généreux de partenaires fidèles de Solidays, auront eu raison des dernières incertitudes.
J’ai choisi de vous parler d’un album classique sorti il y a presque six ans. Au piano, l’Italienne Beatrice Rana proposait deux œuvres du répertoire russes, différents tant par la facture que par la notoriété. À ma droite le célébrissime concerto pour piano de Piotr Ilitch Tchaïkovski au romantisme échevelé. À ma gauche, un opus relativement peu joué de Serge Prokofiev, le concerto pour piano n°2.
C’est par cette dernière œuvre que s’ouvre l’album de Beatrice Rana, découverte trois ans plus tôt (lauréate de tous les prix spéciaux au Concours musical international de Montréal) et qui prend visiblement un certain plaisir à s’aventurer sur un terrain étonnant. Ce concerto de Prokofiev a évidemment cette fougue slave et russe, avec un modernisme exalté servi autant par la concertiste que par l’orchestre de l’Académie Nationale Sainte-Cécile conduit par Antonio Pappano. Le jeu assuré, tour à tour aérien et musclé de Beatrice Rana, se déploie avec assurance dans le premier mouvement andantino et allegro de près de douze minutes, ample, tourmenté et aux accents romantiques. En comparaison, le Scherzo (Vivace) est envoyé en un peu plus de deux minutes. Court mais exigeant. Et il est vrai qu’il faut toute la technicité et la virtuosité de la pianiste italienne pour venir à bout de cette partie aussi brève et dynamique qu’elle peut être inquiétante.
Retour à l’âme russe, aux lointaines réminiscences des Tableaux d’une Exposition de Modest Moussorgski, avec l’Intermezzo (Allegro moderato) de, quand même, six minutes. Faux intermède musical et vraie pièce d’orfèvrerie, cette troisième partie du concerto de Prokofiev est une succession de morceaux de bravoure, de rappels de danses russes, de parenthèses romantiques et rêveuses, de constructions harmoniques osées et de revendications modernistes que Beatrice Rana met en musique avec une belle audace.
Partition originale partie en fumée pour servir de combustible… pour la cuisson d’une omelette !
L’opus 16 se termine avec un final de la même longueur que le premier mouvement, rééquilibrant ainsi un concerto faussement bringuebalant. Joué allegro tempesto, le Finale commence, comme son nom l’indique, avec une tempête inquiétante et tourmentée, avant un grand calme. Lorsque l’apaisement vient, c’est là que ce dernier mouvement devient passionnant car le compositeur russe devient expressionniste, romantique mais aussi contemporain. Le deuxième concerto pour piano de Prokofiev, servi par une Beatrice Rana décidément sans point faible dans cette œuvre rare compliquée et qui avait fait scandale à l’époque de sa création en 1913. L’anecdote incroyable rapportée par Jed Distler nous apprend qu’il a été en fait réécrit en 1923 après que la partition originale soit partie en fumée pour servir de combustible… pour la cuisson d’une omelette !
Nous parlions de romantisme. Voilà qui nous mène à point nommé vers la deuxième œuvre de cet album de 2015 d’un autre géant de la musique russe, Tchaïkovski. Trop écouté sans doute selon quelques esprits chagrins, ce fameux premier concerto pour piano opus 23 (1874) fait partie des "tubes" de la musique classique.
Autant la pianiste italienne pouvait se faire aventurière dans le second concerto de Prokofiev, autant ici elle sera forcément jugée à l’aune de ses aînés (les Martha Agerich, Charles Dutoit et autres Sviatoslav Richter). Beatrice Rana déploie tout son talent grâce à son jeu tour à tour ample, délicat et tourmenté dans l’impressionnant premier mouvement allegro de plus de vingt minutes. Il faut toute l’intelligence de la musicienne pour venir à bout d’un des sommets de la musique romantique, et sans pour autant tomber dans la mièvrerie ni dans les pièges de la virtuosité qui peuvent vite devenir écrasants.
L’auditeur sera porté par la délicatesse du jeu de Béatrice Rana dans un deuxième mouvement fluide et irrésistible (Andantino semplice – Prestissimo).
L’album se termine en beauté avec un Allegro con fuoco à la facture classique assumée jusqu’au bout des doigts. Beatrice Rana s’en donne à cœur joie – tout comme d’ailleurs l’orchestre et Antonio Pappano. La virtuosité est bien évidemment une qualité majeure, en particulier pour les dernières mesures d’un final. Sans fausse note, là encore.
C’est en toute liberté, en nomades pour reprendre le titre de leur album (Nomad, Laborie Jazz/Socadisc), que Simon Denizart et Elli Miller Maboungou arpentent les terres du jazz dans leur court opus de huit titres.
Nomad est le fruit de trois ans de collaboration entre le français Simon Denizart et le pianiste et percussionniste canadien Elli Miller Maboungou qui met en vedette principalement la calebasse (percussion d’Afrique de l’Ouest) dans cet album fin et subtil.
Les deux musiciens font du piano le vrai héros de cette déambulation à la fois riche, élégante et lyrique, mêlant jazz ("Lost In Chegaga"), world music ("Nomad", "Zoha"), minimalisme contemporain ("Last Night In Houston") et même pop ("Manon"). C'est un univers métissé que proposent Simon Denizart et Elli Miller Maboungou, à l’exemple de "Zoha". Pour ce titre, les musiciens ont insufflé des mélodies et des rythmes venus d’Orient, donnant à ce morceau une immédiate connivence, pour ne pas dire familiarité.
Dépaysant et nostalgique
Tout aussi dépaysant et nostalgique, "Oldfield 2.0" est une respiration apaisante aux accents orientaux, avant une seconde partie plus world que jazz.
Le duo parvient à sortir le jazz de ses derniers retranchements, non sans malice si l’on pense à "Square Viger, un morceau plus nerveux et enrichi d’improvisations enlevées. Pour "Last Night In Houston", les musiciens se font expérimentateurs en lorgnant vers le courant répétitif américain.
Bien différent, "Manon", plus posé, plus pop et plus nostalgique, c’est du jazz comme on l’aime, attachant et contemplatif, avant qu’il ne se déploie avec générosité.
"Lost In Chegaga" revient, lui, aux fondamentaux avec rythme et chaleur mais non sans des percussions d’une singulière richesse.
L’album se termine avec l’étonnant "Outro" : 37 secondes seulement d’une ponctuation enchantée par deux amis décidément osés et aventuriers.
Un petit avertissement pour commencer : le titre "Time" des Moonage Hookers s’écoute les yeux ouverts. Explication : le groupe parisien propose sur le site Timetocloseyoureyes.com une expérience musicale autant que technologique assez incroyable. Le morceau se lance avec le regard au tracking des yeux par webcam.
Le titre, "Time", est on ne peut plus adapter à cette expérience interactive. Dans cette œuvre de près de 8 minutes, aux accents psychédéliques avec ses riffs de guitares renvoyant au rock progressif des années 70, les quatre garçons de Moonage Hookers parlent du temps qui passe. Ce temps qui nous accompagne autant qu’il nous limite et nous condamne. Ils le chantent en anglais mais aussi en français : "Le temps grave sur nos visages avec précision les douleurs viscérales qui nous ont bien fait souffrir. Comme pour s’assurer qu’on ne les oubliera jamais. Alors tous les matins on tombe dessus quand on va cracher dans le lavabo. On ne peut pas fuir, il nous tient, le Temps."
Après un premier EP sorti en novembre 2018 et une série de concerts à Paris, Moonage Hookers revient sur le devant de la scène avec ce nouveau single, ‘’Time”. Un autre EP devrait sortir à l’automne prochain. On parie combien qu’il promet d’être lui aussi conceptuel, sinon révolutionnaire ?
Le voilà donc, ce fameux deuxième album de Clara Luciani, Cœur : 12 Titres écrits en plein covid avec l’amour et le disco comme fils conducteurs. L’auditeur y trouvera a priori plus de légèreté que dans son précédent premier opus Sainte-Victoire qui étaitplus personnel, plus engagé, plus féministe, plus sombre aussi.
L’amour guide le nouvel opus de l’auteure de "La grenade" avec de la gourmandise, de l’envie et de la joie de vivre. L’ex-interprète de La Femme semble prendre son envol dans un album qui n’est qu’un chant d’amour et qui commence d’ailleurs par des battements de cœur. Le choix du disco prend à cet égard tout son sens avec son tempo en quatre temps réglé sur le rythme cardiaque.
"On ne meurt pas d’amour", nous dit en substance la chanteuse pour reprendre un titre de son précédent opus : c’est le sujet du morceau éponyme : "L’amour n’a jamais tué personne / Et les seuls coups que l’amour pardonne / Sont les coups de foudre" ("Cœur").
Clara Luciani assume pleinement ses désirs, ses élans et ses plaisirs : "Je ne peux pas oublier ton cul / Et le grain de beauté perdu / Sur ton pouce et la peau de ton dos / Le reste je te le laisse / Mais je retiens en laisse / Mes souvenirs émus de ton corps nu".
Avec "Le chanteur", toujours aussi rythmé, nous sommes dans une facture seventies et funk. Clara Luciani fait moins le portrait d’une star que celui d’une d’une fan qui commet une " erreur d’amateur " : tomber amoureuse d’un chanteur. "Quelle grossière erreur / Tomber amoureuse du chanteur… / Mais on n'épouse pas plus / Les chanteurs que les comètes / Les étoiles filantes, les poètes."
Pour "Tout le monde (sauf toi)", l’un des meilleurs morceaux de Cœur, Il faut toute la grâce et le talent de Clara Luciani pour chanter les frustrations, la banalité du quotidien ou les mensonges et tracer en même temps le portrait d’un homme, tout en chaleur, en gentillesse et en admiration : "Toi, tu as ton style et tes manières / Et t'as toujours l'air d'arriver / D'un long voyage, en mer / Toi, tu as tes ombres et tes mystères / Tu vas, le cœur en bandoulière / Et moi je veux juste te regarder faire".
Nous parlions de la période de crise sanitaire qui avait permis l’écriture de l’album. Pour "Respire encore", Clara Luciani parle justement de cette période de confinement, de "l'immobilité forcée". Et d’ajouter : "Ce soir la vie va recommencer". Parlant d’une femme (sans doute de la musicienne elle-même ?), il est question dans ce formidable morceau du retour post-covid à la vie, à l’amour, à la danse et à la musique : "Il faut qu'ça bouge, / il faut que ça tremble / Il faut qu'ça transpire encore / Dans le bordel des bars le soir / Débraillés dans le noir / Il faudra réapprendre à boire / Il faudra respirer encore". Et toujours avec ce rythme disco, comme si Clara Luciani avait choisi d’enrober sa mélancolie dans une BO de Fame.
Le choix du disco prend tout son sens avec son tempo réglé sur le rythme cardiaque
L’auditeur retrouvera avec "J’sais pas plaire" et "Sad & Slow" le retour de ce qui faisait la spécificité de Sainte-Victoire : des titres pop plus lents, plus mélancoliques et plus sobres. Plus sombres aussi : "J'sais pas faire / J'sais pas plaire / C'est tout un savoir-faire / Faut aimer s'enrober de mystère". Pour l’élégant "Sad & Slow", la musicienne est accompagnée de Julien Doré au piano et au micro : "Joue moi quelque chose de beau / De sad and slow / Quelque chose sur ton piano".
La douce mélancolie est encore présente dans "La place" qui est le constat du temps qui passe : "Me revoilà, tout comme avant mais en adulte / Même si le temps est une brute / Face au cœur il ne fait pas le poids / Me revoilà, tout comme avant mais en adulte / Même si le temps est une brute".
Il faut absolument souligner le travail sur les mélodies et sur les orchestrations soignées, à l’instar de "Bandit", vraie et authentique chanson d’amour : "Bandit / Tu as braqué mon cœur et ma vie / Et de cambriolages en baisers volés / J'ai appris à céder."
"Au revoir" vient en toute logique terminer un album résolument seventies. Mais le ciao de Clara Luciani est à la fois élégant, amical et non sans amertume : "Au revoir, je referai l'Olympia, au zénith les yeux fermés, toute l'éternité / Et faudra pas pleurer / après / Quand j'aurai tout chanté / Qu'enfin je me tairai". Évidemment, ce n’est qu'un au revoir, sur le même battement de cœur qui ouvre un opus inoubliable.
Derrière le joli nom de Laughing Seabird se cache la Française Céline Mauge, à l’œuvre dans son très beau deuxième album, The Transformation Place, avec ses 12 titres arrangés par Emmanuel Heyner.
La chanteuse se fond à merveille dans un répertoire lorgnant tant du côté de l’Irlande ("My Shell"), de l’Angleterre ("Scarborough Fair"), des États-Unis ("In Spite Of") que de ce côté-ci de La Manche et de l’Atlantique ("Le somptueux règne des absents", "Karmen KéroZen", "Les filles sages et les autres").
Avec une fausse légèreté, Laughing Seabird aborde des sujets sérieux et parfois même rarement traités, comme la grossophobie dans le titre "I Feel Hat" qui ouvre l’opus : "I feet fat today / I ate too much yesterday evening". Pour le morceau "Vivre (No Way Back)", c’est la dépression qui est au cœur de cet appel à se ressaisir et avancer : "Chaque jour, travaille à te grandir / Réveille-toi, la terre est bien ronde / Chaque jour, œuvre à ton avenir / Et tu trouveras la voie".
Balançant sans cesse entre folk, brit pop et chanson française, la musicienne d'origine bretonne revendique ses inspirations musicales anglo-saxonnes et irlandaises, à l’instar de la reprise du chant traditionnel "Scarborough Fair". On se ballade avec plaisir dans The Transformation Place, tant Laughing Seabird sait allier mélodies travaillées, rythmes entraînants et textes sensibles ("Direction oubliée (Let Go)").
"The Transformation Place", le titre éponyme de l’album, s’avère l’un des plus réussi : lancinant, coloré et gourmand, il frappe justement par ses transformations incessantes, ses ruptures et ses contrastes, tout comme par le travail sur la voix de Laughing Seabird, toujours sur le fil dans cet appel à ne jamais abandonner ses rêves d’enfant et à ne pas se fier aux premières impressions ("You have just opened the doors of your perception"). Tout cela est chanté, joué et interprété non sans clins d’œil assumé pour la musique psychédélique des années 70 (on pense par exemple au fameux "Bicycle Race" de Queen).
Lancinant, coloré et gourmand
L’étonnant et passionnant album de Laughing Seabird a beau être très cohérent, il n’hésite pas à prendre des chemins détournés, lorsqu’elle choisit de nous emmener du côté de l’Irlande, dans un voyage dépaysant et amoureux ("Just won’t fall in the trap / Take the road without a map / Sure to find not look for / Any key to a door… / I become the laughing seabird / And you’re my shell", "My Shell").
Dans sa facture pop-rock assez classique, "Le somptueux règne des absents" dévoile un peu plus des failles de la douée et prolifique Laughing Seabird, comédienne, doubleuse et, ici, musicienne et chanteuse. Derrière ce titre énigmatique, se cache un morceau poignant sur une disparition qui ne passe pas : "J’ai beau me dire / Qu’il faut tenir / L’hiver s’installe et le froid empire… / J’ai beau vouloir et vaillamment croire / Mes combats sont vains quand vient le soir" ("Le somptueux règne des absents"). "L’appel du monde" semble répondre à ce cri de douleur : partir, découvrir le monde, chante-t-elle, comme en écho à ce qu’elle disait dans " The Transformation Place".
La superbe reprise de Sailor Song" de Rickie Lee Jones ("I could fly away / But i take the sea / For stranger days than these") ainsi que le rock régressif "Karmen KéroZen" ont été inclus dans la bande original du film Ça tourne à Saint Pierre et Miquelon, réalisé par Christian Monnier et dans lequel joue, comme par hasard, Céline Mauge. La musicienne propose là aussi de nouvelles invitations au voyage, en pleine mer. Idéal pour laisser derrière soi ses tourments : "KarmenZéro, j’ai brisé mes chaînes / Rompu les barreaux de ma cage / Je suis pour toujours en voyage. "
Laughing Seabird choisit le talk-over pour la dernière chanson faussement insouciante, "Les filles sages et les autres" : avec humour, effronterie et non sans un vibrant message féministe, Céline Mauge égratigne les contes pour enfants qui s'avèrent souvent être de vraies prisons mentales : "Les filles sages vont au paradis / Les autres, où elles veulent / Moi je poréfère suivre mon envie / Car la liberté n’a pas de prix." À bonne entendeuse…
Piednoir vient de sortir son premier EP, Souvenirs de la houle. La houle en question est celle de sa Normandie natale. Et il est vrai qu’il souffle sur cet album un vent frais et la sensation que le musicien dessine des paysages qui lui sont familiers.
Pour autant, Souvenirs de la houle est bien un pérégrination intérieure qui est un appel à la vie, aux rencontres et à l’amour, y compris s’il peut décevoir ("Dis-moi que tout va bien / Mens moi juste une dernière fois" ,"Dis-moi" ). "La tête haute", son premier titre, entend délivrer une série de messages bienvenus : avancer, assumer, affronter et, surtout, garder "la tête haute".
Les chansons de Piednoir sont plus complexes qu’il n’y parait. Les instruments acoustiques ("À nous deux") sont enrichis de sons électros mais aussi de rythmes urbains ("22H23").
Comment ne pas conclure cette chronique par les mots de Piednoir lui-même ? Et d’abord, au sujet de son nom, justement : "Piednoir, c'est mon nom. Et parce que j'ai dû le porter, à présent je veux qu'il me porte. Je veux qu'il agisse comme un prisme pour dévoiler la poésie et le positif qu'il y a dans chaque sentiment qui me trouble, me perd, qui me rend vivant."