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Partons à la découverte d’un vrai choc musical. Il s’agit d’Éternité, le nouveau single de Julia Jean-Baptiste.
Sur un clip noctambule et envoûtant (il a été réalisé par Mélodie Roux-Dufort et Lucas Donaud), la chanteuse française parle d’une rencontre amoureuse et toxique, dans une écriture fine qui évite les poncifs : "Elle a rien vu / Elle a pas pu / Et les années ont filé / Pendant 5 ans, / 5 ans c’est long / À 20 ans / une éternité".
L’été est là – paraît-il. Quoi de mieux qu’un titre sentant bon la plage, la mer et les embruns ? Voilà qui nous amène à Jade, une nouvelle voix de la scène française. Elle propose son single Promesseet un clip qui nous emmène sur les bords de la Méditerranée.
Le parcours de Jade est déjà élogieux : un rôle dans la comédie musicale Starmania et des collaborations en tant que danseuse avec des artistes tels que Mylène Farmer, Slimane, Eva et Amir. Pas mal.
Sa Promesse parle de liberté et de l’espoir assumé de réussir et "être à la hauteur". Vivre ses rêves, partir et "ne jamais revenir avant que l’on me reconnaisse", chante-t-elle de sa voix veloutée, le tout sur un rythme de bossanova.
Une vraie battante et une chanteuse née qui propose un single irrésistible sorti le 14 juin dernier, avant un EP que Jade prépare pour l’automne 2024. Un talent à suivre avec attention.
La pianiste luxembourgo-suisse Viviane Goergen reprend à son compte cette œuvre rare venue d’une des compositrices laissée justement au purgatoire musical après sa morte en 1925, avant d’être redécouverte ces dernières années, à la faveur d’une vague féministe bienvenue. Viviane Goergen précise qu’elle s’est penchée sur les créations de compositrices, souvent françaises, dès 1999. Une précurseuse, donc, même s’il a fallu attendre les années 2019-2020 – la crise sanitaire aidant à son travail de recherche – pour que la pianiste se penche sur le travail de Marie Jaëll. Nous avons là une plongée passionnante dans une œuvre singulière qui prouve que Marie Jaëll a sa place parmi les artistes ayant leur place dans l’histoire de la musique.
Viviane Goergen traduit bien cette gravité inquiétante dans l’expressionniste "Poursuite" de L’enfer. L’interprétation est précise et renvoie à la période romantique que chérissait celle qui avait les oreilles de Liszt et qui a été une interprétation reconnue des œuvres de Robert Schumann ou de Beethoven. Pour autant, comme le précise l’interprète, c’est plutôt du côté du Moyen Âge qu’il faut chercher les influences de la compositrice. Pour cette "Poursuite" dans les enfers, "Marie Jaëll emploie les autre premières notes du Dies Irae, la journée de la colère… Il s’agit d’un hymne du moyen âge, écrit vers 1250", est-il écrit dans le livret de l’album.
Tout aussi inquiétant et expressif, "Raillerie" a ce souffle moderne qui nous ferait presque entendre les rires du diable dans ce qui traduit "l’errance désespérée de Dante", avant cet "Appel" lugubre que la plus "jaëllienne" des pianistes fait résonner avec un malin plaisir. Qui dit enfer dit flammes. La partie qui leur est consacrée semble briller de mille feux, à telle enseigne que l’on croirait qu’il s’agit plus de feux paisibles d’une nuit fraîche d’été que des tourments de l’enfer. Dans cette œuvre datant de 1894, il semble aussi que ce sont les derniers éclairs du romantisme que fait surgir Marie Jaëll.
Dire que la modernité a sa place serait un pléonasme
Deux morceaux incroyables viennent conclure ce délicieux Enfer, à savoir "Blasphèmes" et "Sabbat". Il s’agit de deux pièces diaboliques à la très grande modernité. Il faut toute la technicité de Viviane Goergen pour arriver à en retranscrire l’esprit diabolique, la noirceur mais aussi une forme de grâce à la fois joueuse, moqueuse et séduisante. Ne verrait-on pas une de ces Vampirella tournant autour de damnés perdus et condamnés à un enfer éternel ?
Interrogeons-nous ensuite sur Ce qu’on entend dans le purgatoire. Marie Jaëll et Viviane Goergen nous le disent en musique et au piano. Il y a ces délicats "Pressentiments". On croirait entendre des murmures. Marie Jaëll n’emploie que les deux premières notes du Dies Irae dont il a été question plus haut. Les notes s’effacent presque, laissant place au silence interrogateur. On sent l’influence de Bach dans cette superbe composition. Tout aussi en retenue, les "Désirs impuissants" se jouent des ruptures de rythmes. Dire que la modernité a sa place serait un pléonasme. Dans "Alanguissement", c’est le romantisme qui semble sortir du bois. Sommes-nous ici au purgatoire ou juste sur terre, dans une campagne verdoyante où, allongés sur l’herbe, nous attendrions l’être aimé ? Séduisant purgatoire, à dire vrai, et que Viviane Goergen magnifie avec tendresse. Elle se fait par contre plus sombre et inquiétante dans "Maintenant et jadis". Les menaces grondent, tout comme les questionnements sur le pesage des âmes. Bien et mal semblent se disputer dans cette partie à la facture là aussi romantique, jusqu’aux dernières notes sombres. Béatrice apparaît mais Dante doit retourner au purgatoire, purgatoire qui se termine par une "Obsession" traduite avec une belle expressivité et demandant à Viviane Goergen une virtuosité évidente. Cette partie a été construite comme une sonate en trois mouvements – vif-lent-vif –, la section lente ayant l’allure d’un retour de la paix intérieure, avant que l’"Obsession" ne revienne définitivement.
C’est le Paradis qui vient clore ce programme. Après l’Enfer et le Purgatoire, vient un "Apaisement" bienvenu, Béatrice venant guider Dante tout en haut, dans un lieu idyllique. Pour autant, l’auditeur, sera en droit d’y entendre une longue plainte autant qu’un appel à l’espérance. Les "Voix célestes" des anges qui suivent frappent par leur singulière douceur, traduisent la paix divine. L’harmonie et la douceur dominent dans ce morceau où l’on sent l’influence de Fauré. Plus qu’ailleurs sans doute, Marie Jaëll s’impose comme une figure marquante du classicisme français de la fin du XIXe et du du début du XXe siècle. Dans « "Hymne", la compositrice se révèle comme une mélodiste hors-pair, au service d’un morceau aérien atteignant des sommets de légèreté – rien d’étonnant pour Ce qu’on entend dans le paradis. La pièce "Quiétude" s’enchaîne naturellement, tout aussi gracieuse et légère. Viviane Goergen fait vibrer chaque note avec la même délicatesse. Rien de trop dans ce morceau qui ressemble à une berceuse. "Souvenance", onirique et méditatif se déploie avec une belle harmonie. On a peine à croire que peu de temps auparavant l’auditeur était entouré des flammes de l’enfer. Ici, le paradis n’est que douceur mélancolique et contemplations, dans une facture romantique. C’est d’ailleurs par une "Contemplation" que se termine Ce qu’on entend dans l’enfer, le purgatoire, le paradis.
L’harmonie vient conclure la rencontre entre Dante et Béatrice et finalement la montée vers le paradis. Ces Pièces pour piano constituent un voyage vers l'au-delà imaginé, composé et interprété avec une singulière grâce.
Un nouvel extrait sort ce mois de juin, "La nuit repart", arrangé par Alba.
Un extrait mais aussi un clip que l’artiste a réalisé. En digne artiste pop, elle invoque quelques souvenirs ludiques de notre enfance, avec des fantômes de Pac-man.
C’est drôle, touchant mais aussi mélancolique et plein d’auto-dérision. À découvrir de toute urgence.
De toutes les pièces de musique de chambre, le trio est très certainement l'un des genres les plus passionnants et les plus appréciés en raison de la composition ramassée qui oblige le compositeur à aller à l'essentiel. Le premier Trio op . 63 en ré mineur ne déroge pas à la règle avec deux premiers mouvements alliant équilibre et une énergie toute juvénile. Pour mener à bien des trios aussi techniques et engagées il faut un ensemble en parfaite osmose. C'est le cas pour le groupe formé par Pierre Fouchenneret au violon, Victor Julien-Laferrière au violoncelle et Théo Fouchenneret au piano. Le romantisme est à l'œuvre dans le troisième mouvement lent de ce premier Trio. Schumann s'y livre corps et âme dans des lignes mélodiques serpentant harmonieusement. Il faut se laisser perdre dans cette pièce à la mélancolie à la fois douloureuse et amoureuse. Le dernier mouvement sonne comme une consolation, mieux un retour à l'espoir et à la jeunesse, mais non sans des passages plus graves. Force reste aux puissances de la vie semble nous murmurer à l’oreille le compositeur allemand.
Le deuxième Trio op. 80 commence avec un certain enthousiasme, tout classique, mais c'est bien le romantisme qui est à l'œuvre. Composé durant la même période que le premier – autour de 1847, bien que le compositeur a mis 3 ans a l'écrire – il était le préféré de Clara Schumann qui le jouait régulièrement. La passion éclate à chaque note et même un certain enthousiasme si l'on se laisse porter par le premier mouvement plein d'éclats mais aussi de pièges. Des défis que relèvent les frères Fouchenneret et Victor Julien-Laferrière. L'auditeur sera sans doute frappé par le contraste entre cette partie pleine d'insouciance et le deuxième mouvement lent et lascif. L'interprétation sait y mettre des couleurs et une jolie densité. Il semblerait que nous soyons dans un de ces boudoirs du XIXe siècle, témoins indiscrets d'une conversation badine entre Robert et Clara Schumann.
La partie suivante s'apparente à une danse à l'infinie délicatesse. Le trio s'empare de ce mouvement avec ce qu'il faut de mesure. Plus classique que romantique, c'est une invitation a la promenade bucolique que propose Robert Schumann, mais non sans ces suspensions et ces hésitations qui apportent ce je ne sais quoi de mélancolie. Le premier disque du coffret se termine avec un dernier mouvement plus enlevé et relativement court (5 minutes 32). De quoi terminer ce deuxième Trio de Robert Schumann dans une belle allégresse.
Romantique à 200%
1851 fut une année chargée pour le compositeur allemand qui avait fort à faire avec l'écriture de ses deux premières sonates pour violon, son travail sur sa Symphonie en ré mineur, sans compter des ouvertures d'opéra, des leader et des œuvres chorales. Pour ces raisons, le troisième Trio op. 110 n'a sans doute pas été sa composition prioritaire. Moins connu, il est aussi le moins joué en concert. On doit remercier les Fouchenneret de le proposer et de le faire découvrir ou redécouvrir. Le sens de la mélodie et la technicité d'écriture sont évidentes dans le premier mouvement. Un vrai univers à lui tout seul, avec ses arabesques, ses plages voluptueuses et ses décrochages.
Succède immédiatement un mouvement lent qui commence de manière funèbre. L'interprétation captive par sa dimension pathétique. Là encore, l'osmose est là, entre les trois musiciens. Il semble que nous soyons là, dans une veine toute romantique, dans une lutte de sentiments et dans un dialogue de cœurs. Après un troisième mouvement tempéré, sinon hésitant, mais non sans rythmes, suit la toute dernière partie de ce Trio dont l'auditeur goûtera les couleurs chatoyantes et les inventions mélodiques admirablement rendues par l'ensemble français. Nous sommes là dans un salon bourgeois de Düsseldorf, où à été composée cette œuvre, certes pas la plus connue du compositeur allemand mais pas la moins attachante.
Lise Berthaud vient rejoindre les trois interprètes pour jouer avec eux le Quatuor pour piano, violon, violoncelle et alto. Il a été composé en 1842 et comporte lui aussi quatre mouvements. Félix Mendelssohn, à qui est dédié ce quatuor, sera le premier à le jouer. L'opus 47 témoigne lui aussi du souffle romantique et poétique de Robert Schumann. Derrière chaque note, il semble qu'apparaît la figure de son épouse Clara.
Écrit comme une sonate, le premier mouvement a ces longues respirations, ces incessants dialogues et ses envolées irrésistibles. Plus court (3 minutes 31), la partie suivante est un scherzo à la vivacité confondante, pour ne pas dire moderne. L'ensemble des Fouchenneret se sort admirablement de ses embûches musicales. Suit un troisième mouvement romantique à 200%. Il s'agit sans doute de l'une des meilleures parties de ce double album. L'auditeur aimera à se perdre dans ce somptueux voyage mené par un quatuor sachant allier virtuosité, respirations, sens du rythme et expressivité.
Le double album se termine par le dernier mouvement du Quatuor op. 47. Un mouvement allègre presque léger qui se termine par de belles envolées lyriques. Il semble être guidé par la vie, l'amour, la jeunesse, la badinerie mais aussi la danse. Le romantisme fait roi.
Voilà deux ans que Bla Bla Blog suit avec intérêt le parcours de Loulia, la plus internationale des chanteuses françaises. Pop, rock, funk et même k-pop : rien ne semble arrêter une artiste qui s’est nourrie aux influences des nombreux pays où elle a vécu. C’est de Berlin que Loulia a bien voulu répondre en exclusivité à nos questions.
Bla Bla Blog – Bonjour Loulia. Vous êtes un nouveau visage sur la scène française. On a aussi envie de dire que vous êtes l’une des artistes françaises les plus pop internationales. Quel est votre parcours ? Loulia – Bonjour. Merci pour cette super interview. J’ai commencé la musique, petite, au conservatoire, mais seulement comme un passe temps. Puis, je me suis rendue compte de la place et de l' importance que chanter et écrire tenait, et j’ai décidé de partir à mes 18 ans à Séoul, pour y faire une grande école d’art (le Seoul Institute of the Arts), spécialisée dans la musique. J’y ai donc fait mes études, ai été repérée par des producteurs de TV là-bas, et y ai fait quelques émissions, des radios, des concerts… Après quatre ans d’expériences folles, je suis revenue en Europe, précisément à Paris, où je me suis concentrée sur écrire plus, et essayer de faire des concerts ici et là en y présentant pour la première fois quasiment que des chansons à moi. Depuis l'été 2022, je suis maintenant basée à Berlin. J’y ai fait mon Master de musique, ainsi que sorti plus d’une dizaine de morceaux à moi, seule ou en collaboration, et je fais pas mal de concerts. C’est vraiment chouette, ça nourrit mon ambition.
BBB – Quel est votre univers musical ? Qu’aimez-vous écouter, que ce soit dans la chanson française, dans la pop, le rock ou encore les musiques urbaines ? Loulia – Je dirais que mon univers musical a évolué, changé, mais il reste basé sur du R&B, un peu de pop, et de plus en plus de funk (du moins, sur scène). J’écoute de tout, mais c’est vrai que tout ce qui est neo soul, R&B, jazz et funk a une place bien particulière dans mon cœur. Je m’inspire beaucoup de l’Impératrice, Raye, Sade, Bruno Mars…
BBB – On a pu écrire de vous que l’expression de "troubadour des temps modernes" vous allait bien. Est-ce que vous êtes toujours en accord avec cet épithète ? Loulia – J’adore ! J’espère toujours l’être ! Même si il est vrai que je suis beaucoup plus sur Berlin ces derniers temps, mon histoire et mes rencontres me permettent de faire voyager ma musique à travers le monde, et j’espère pouvoir me produire dans différents pays de plus en plus.
"C’est marrant, j’ai écrit ma thèse de Master sur les chansons d’amour"
BBB – Votre univers musical est en tout cas vaste. Chanson française, pop anglo-saxonne, k-pop. Où vous sentez-vous le plus à l’aise ? Loulia – Je me sens plus à l’aise en anglais en général, mais je trouve un confort récent dans mes autres langues parlées, donc le coréen et le français. J’écris même des chansons qui rassemblent les trois langues en une seule fois, et j’ai hâte que vous entendiez ça!
BBB – Il y a aussi ce passage par James Bond et l’insouciant et décomplexé Booty Girl. On a l’impression que vous vous êtes bien amusée avec ce single. On sent chez vous une affection particulière pour les James Bond Girls. Est-ce que ce ne seraient pas elles les vraies héroïnes de l’agent 007 ? Et quelles messages pourraient-elles transmettre à une femme des années 2020 ? Loulia – C’est vrai que Booty Girl, bien que très comique et léger, a été la toute première chanson sur laquelle j’ai été aussi sérieuse et entreprenante. J’ai tout organisé seule, choisi les musiciens et directeurs vidéo qui me plaisaient. Vraiment, Booty Girl a été une révélation pour moi, comme pour mon audience qui la chante à tue-tête à mes concerts ! Je n’avais pas pensé aux James Bond Girls en fait, j’avais juste une référence visuelle d’Austin Powers que je trouvais amusante et sympathique. J’espère juste que cette chanson décomplexe les femmes, les hommes aussi pourquoi pas, et qu’elle apporte du léger dans leur quotidien.
BBB – Impossible de ne pas parler de ce fil rouge qu’est l’amour, dans tous ses états. On sent que c’est un sujet que vous souhaitez aborder sous tous les angles. Parle-t-on suffisamment d’amour dans la chanson et dans la pop ? Loulia – C’est marrant, j’ai écrit ma thèse de Master sur les chansons d’amour. Je pense que l’amour, que ce soit pour les autres, son pays ou pour soi-même, est au centre de l’écriture musicale depuis toujours, ce dans toutes les langues, tous les genres, etc. Selon moi, la pop étant un genre identifiable, et populaire pour tous, l’amour se doit d’être un thème récurrent, puisque c’est un sentiment universel.
BBB – Pouvez-vous nous parler de votre nouveau single, Hopefully Better ? On le sent plus apaisé que les single précédents. Et aussi plus jazzy. D’où vient-il au juste ? Pouvez-vous nous en dire plus ? Loulia – J’ai le sentiment de me trouver de plus en plus musicalement, et de trouver du réconfort dans la musique que je fais. Je fais de plus en plus la musique que j’aimerai entendre. Hopefully Better est née d’une session d’improvisation en studio avec Robert (RKS Newton, producteur de la chanson). On devait à la base finir la chanson Rouge Velours, qui est déjà sortie, avec le chanteur Imvnyel, mais il était malade donc Robert et moi étions alors seul dans le studio avec du temps à occuper. On a donc improvisé, et cette chanson d’espoir de vaincre l’anxiété et de se sentir complet en tant qu’individu seul, est née. Ce titre se veut apaisant, motivant, séducteur mais pas amoureux.
BBB – Pouvez-vous nous parler de vos prochains projets ? Un album ? Des concerts ? Loulia – Un clip pour Hopefully Better est en train de se créer à Berlin, avec un réalisateur coréen! Sinon, une chanson trilingue se nommant Home(s) est aussi en chemin ! Le 21 Juin, je joue pour la fête de la musique à Berlin avec des musiciens de partout dans le monde !
BBB – Merci, Loulia. Loulia – Un grand merci à vous pour ces questions très intéressantes et pour votre support au cours de ces dernières (presque) deux années!
Attention, choc sonore pour ce Live in Lecce joué (on a même envie d’écrire "performé") par l’Iranien Peyman Yazdanian. Auditeur qui entre dans cet univers musical, apprête-toi à te laisser surprendre par ces improvisations – ou plutôt cette improvisation en cinq parties – par un compositeur qui a notamment œuvré pour les bandes originales de films d’Abbas Kiarostami, Asghar Farhadi ou Mohammad Rasoulof !
Ce Live in Lecce a été enregistré en 2021 dans les Pouilles en Italie, dans le cadre du Festival Conversazione. Cet événement se tient depuis 2013. Les rencontres s’y déroulent en plein air dans les espaces du Convitto Palmieri, anciens couvents des Augustins et des Théatins, de la librairie Liberrima et du parc archéologique des Rudiae. Il a pour but de sensibiliser son public à des sujets de société actuels importants tels que l’éducation, la science, les droits de l’Homme, l’environnement, l’économie, etc. Un événement humaniste et universel, ce qui fait du bien en cette période troublée.
Le concert de Peyman a été réalisé en hommage à Patrick Zaki, un chercheur égyptien arrêté puis condamné à trois ans de prison pour avoir dénoncé les violations de droits des Coptes, des habitants chrétiens d’Égypte. Voilà pour le contexte de cet album passionnant.
Du jamais vu ou, du moins, du jamais entendu
Peyman Yazdanian laisse courir ses doigts pour proposer un projet musical à mi-chemin entre musique contemporaine, jazz, pop mais aussi folklore iranien dans certains passages ("Part 1"). Véritable orfèvre du piano, l’artiste invente des sonorités, au point que le clavier devient par moment un véritable instrument à percussion. Peymlan Yazdanian parle à ce sujet de "piano manipulé". Du jamais vu ou, du moins, du jamais entendu.
La deuxième partie de ces improvisations nous entraîne dans des paysages lumineux, colorés et sensuels. Les mélodies ne sont pas absentes non plus, ce qui donne à ce passage une formidable densité et texture sonore.
La troisième partie se singularise par le travail sur le rythme et les sonorités. Autant le mouvement précédent renvoie à des influences occidentales, autant celui-ci nous plonge dans des régions plus lointaines, orientales, voire extrême-orientales. Le piano se fait, plus que jamais, instrument à percussions. Par moment, il semble que l’on se trouve en présence du gamelan indonésien.
Nous parlions plus haut de musique contemporaine. Peyman Yazdanian semble s’être frotté au minimalisme et au courant répétitif américain pour improviser cette fascinante et mélancolique déambulation.
La cinquième partie suit s’enchaîne directement et vient conclure avec une belle audace cet opus où l’improvisation est reine et surtout inspirée. Voilà qui fait de ce Live in Peece un modèle de musique sans frontières, un message d’universalité, grâce à une impressionnante technique. Du grand art pour ce live italien et iranien.
Une fois n’est pas coutume pour ses chroniques de musique classique, c’est à un compositeur méconnu, sinon inconnu, que Bla Bla Blog s’intéresse.
On sait finalement peu de choses sur Jacques Duphly, né à Rouen en 1715 et mort à Paris le 15 juillet 1789, complètement oublié au moment de son décès. Célébré en son temps comme un véritable aristocrate du clavecin, avec une "perfection du doigté" comme le soulignait Jean-Jacques Rousseau, Jacques Duphly a laissé une œuvre finalement assez modeste, à savoir quatre recueils pour clavecin entre 1744 et 1768. Parmi ses influences, il faut citer Couperin, Rameau, Scarlatti, Forqueray, mais aussi Bach ou Frescobaldi. .
La pianiste Alexandra Lescure a choisi de mettre en lumière ce compositeur des Lumières à travers un choix de pièces issus de ses recueils, au départ conçues pour le clavecin. "L'écriture riche et variée répond magnifiquement aux multiples possibilités du piano moderne permettant de passer du jeu scandé et véhément au perlé volatile", écrit la pianiste dans le livret de présentation de l’album.
Saluons à la fois l’audace, le courage et le talent de l’interprète qui a choisi de s’attaquer à un compositeur tombé aux oubliettes. Prise de risque maximale donc pour la pianiste tellement peu impressionnée par cette gageure qu’elle met du cœur au service d’un répertoire classique et vite attachant. Attachant parce qu’on découvre des morceaux qui sont pour beaucoup des danses (courantes, rondeaux, allemandes) et parce que l’influence des aînés et parfois contemporains de Jacques Duphly est évidente.
Prise de risque maximale donc pour la pianiste
L’élégance et la légèreté ("La De Belombre") le disputent à la virtuosité et à la technicité ("Courante"). L’influence de Bach est évidente (l’irrésistible "La Vanlo", "La larare" ou l’"Allemande", qui vient clore le recueil). On est tout autant touché par la mélancolie qui se dégage de "La Félix" tout comme du "Rondeau en ré mineur".
L’auditeur sera certainement frappé à l’écoute de "La De Drummond" par la touche mozartienne d’un morceau au joli raffinement. Dans "Les Colombes", l’un des joyaux de l’opus, c’est la figure de Rameau qui vient en tête dans cette pièce naturaliste faisant autant penser à un morceau ornithologique qu’à une déclaration d’amour. Dans le "Rondeau En Do", c’est indubitablement le chef d’œuvre de Couperin "Les Barricades" qui vient en tête, mais dans une réminiscence à la fois tendre et nostalgique. Parlons aussi de "Forqueray", dédié et influencé – bien entendu – par Antoine Forqueray, l’inventeur de la viole de gambe. La retenue, le rythme lent et une certaine forme de noblesse toute versaillaise est parfaitement rendue par le piano d’Alexandra Lescure.
Jacques Duphly, dont les compositions n’ont sans doute pas révolutionné l’histoire de la musique, mérite d’être découvert pour son impeccable travail sur les mélodies et le rythme (la "Lanza"). L’écoute de l’album donne l’impression d’être dans un de ces salons parisiens des Lumières.
Nous le disions, Jacques Duphly faisait figure de véritable aristocrate de la musique. Pour preuve, la pièce "La Victoire" qu’il dédie à la deuxième fille de Louis XV, Henriette de France. La vivacité et la virtuosité en font un morceau incroyable de modernité pour l’époque.
Dans cette découverte de l’œuvre de Jacques Duphly, Alexandra Lescure propose une série d’interprétations colorées, feutrées, parfois en retenues, mais non sans ces élans hardis ("La Tribolet") et ce qu’il faut de virtuosité, à l’instar de la dense et passionnante pièce "La Pothoüin".
Oublié mais redécouvert grâce à Alexandra Lescure, Jacques Duphly apparaît comme un de ces artistes remarquables et représentatif d’une époque portée par les Lumières, avant la déflagration qu’a été la Révolution Française. Le compositeur n’en a été témoin que des premiers éclairs puisqu’il a rendu son dernier souffle le lendemain de la Prise de la Bastille.
Jacques Duphly, Alexandra Lescure (piano), Indésens Calliope Records, 2024 https://indesenscalliope.com http://alexandralescure.com https://www.facebook.com/Alexandralescure13 Alexandra Lescure en concert : 15 juin, Ma Vigne en Musique, Narbonne 11 juillet, Festival d'Auriol 25 juillet, Festival de Poitiers 15 août, Les Rencontres Musicales de Figeac 18 septembre, Gréoux les Bains 13 octobre, L'impro de Gap 26 octobre, Festival des Tourelles, Belfort