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Thomas Dutronc, c’est si bon
Bon, je pense qu’on sera tous d’accord pour dire que Frenchy, le dernier album de Thomas Dutronc, s’empare d’un concept imparable, pour ne pas dire archi rebattu : réadapter des grands classiques du répertoire français, mais aussi quelques standards américains. Il le fait dans une facture jazz,y largement inspirée par Django Reinhardt, d’ailleurs présent dans une reprise de deux titres : Minor Swing et Nuages (All For You).
La vie en rose, C’est si bon, Les feuilles mortes, La mer : rien que de plus classique pour le chanteur à la guitare, qui s’offre en plus le luxe de bénéficier de brillantissimes featurings : Diana Krall, Iggy Pop (C’est si bon), Billy Gibbons des ZZ Top (La vie en rose), Jeff Goldblum (La belle vie), mais aussi la chanteuse coréenne Youn Sun Nah (Playground Love), la jazz woman Stacey Kent (Un homme et une femme) et la révélation américaine Haley Reinhart (Ne me quitte pas).
Frenchy est l’album à succès de ces dernières semaines, bien que les mauvaises langues accuseront Thomas Dutronc de prendre un minimum de risque avec des tubes d’Edith, Piaf, de Charles Trenet ou d'Yves Montand.
De véritables redécouvertes
Mais c’est un peu oublier que ces adaptations font figure de véritables redécouvertes, y compris pour le public français. Alors, certes, le C’est si bon chanté par Diana Krall et un Iggy Pop a une saveur délicieusement surannée mais aussi diablement glamour, alors que La vie en rose ne surprend guère l’auditeur. Par contre, entendre (ou réentendre) le Petite fleur de Sidney Bechet ravira beaucoup d’entre nous, tant le morceau semble sortir d’un quasi oubli.
Mais Thomas Dutronc propose aussi de vraies petites surprises : les Français connaissent par cœur le Ne me quitte pas de Jacques Brel, mais beaucoup moins la version américaine, If You Go Away, rendue célèbre par Neil Diamond. Il redécouvrira avec le même plaisir la version de La belle vie de Sacha Distel (The Good Life), mais aussi Autumn Leaves – les fameuses Feuilles mortes de Jacques prévert. Moins surprenant, Comme d’habitude est ici proposée dans l’adaptation américaine de Paul Anka (le célébrissime et bouleversant My Way, que l’on est en droit de largement préférer à son original français).
Et au milieu de cet album, dont le plaisir d’écoute est irrésistible, on découvrira un joyau inattendu : Get Lucky, vieux de seulement 7 ans – pour ainsi dire, le "bébé" de cet opus. Mettre les Daft Punk au même niveau que les Piaf, Brel ou Francis Lai, il fallait oser ! Et le petit Frenchy l’a fait.
Je suis prêt à parier mon béret que les Américains vont adorer.
Thomas Dutronc, Frenchy, Blue Note, 2020
http://thomasdutronc.fr
Voir aussi : "Diana Krall, Superstar"
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