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Musiques - Page 57

  • Gainsbourg par...

    Monsieur Gainsbourg revisited est un album sorti en 2006 regroupant des reprises en anglais de certains succès de Serge Gainsbourg. Réédité cette année, notamment dans une très belle version vinyle, il est grand temps de le découvrir – voire de le redécouvrir.

    Notons tout de suite que la plupart des adaptations sont l’œuvre de Boris Bergman et Paul Ives. Quelques semaines après une chronique sur les versions jazzy de standards du patrimoine musical par Thomas Dutronc, place cette fois à un autre monument du patrimoine musical : Serge Gainsbourg. Cette fois, ce n’est pas un "Frenchy" qui s’y colle, mais de solides pointures de la scène pop-rock française et internationale, donnant à ces joyaux gainsbouriens une facture assez incroyable. Ce sont de vraies revisites, choisissant parfois de contre-pieds sur lesquels l’Homme à la tête de chou n’aurait certainement pas mégoté !

    Le moins que l’on puisse dire c’est que l’auditeur risque d’être surpris, au point de ne pas reconnaître les morceaux originaux, que ce soit le rock aride Sorry Angel (A Song For Sorry Angel) par Franz Ferdinand, le Je suis venu te dire que je m’en vais (I Just Came To Tell You That I’m Going) par Jarvis Cocker et Kid Loco dans une version pop aux teintes reggae, ou encore Au Revoir Emmanuelle (Goodbye Emmanuelle) devenu un titre trip-hop de Tricky.

    Trip hop encore avec Portishead qui reprend une chanson méconnue de Gainsbourg, Un jour comme un autre, devenu un Requiem for Anna, morceau sombre et rugueux qui précède une version du Requiem pour un con (Requiem For A Jerk) réadapté par le trio formé de Fautline, Brian Molko et Françoise Hardy, une des rares artistes françaises de cet album de reprises. Puisque nous parlons de Brian Molko et de son groupe Placebo, il faut aussi citer leur reprise électro-pop de La Ballade de Melody Nelson (The Ballad of Melody Nelson), mais aussi Boy Toy(I'm The Boy) de Marc Almond et Trash Palace, dans une facture que l’on pourrait appeler "placéboienne".

    Le grand classique de Gainsbourg, Le Poinçonneur des Lilas, titre intraduisible pour le public anglais, devient Just a Man With A Job. Il est proposé par The Rakes qui revisite en rock de A à Z ce classique de la chanson française.

    Contre-pieds sur lesquels l’Homme à la tête de chou n’aurait certainement pas mégoté !

    Disons-le ici : une forme d’insolence baigne dans l’album Monsieur Gainsbourg Revisited, insolence que n’aurait pas renié Gainsbarre, même si la grammaire du chanteur français est bien là. Ainsi, l’essence sensuelle et sexuelle de Je t’aime Moi non plus est respectée pour la version de Cat Power et Karen Eson (I Love You Me Either). Le Boomerang 2005, une adaptation de Boomerang par Gonzales, invite à sa table Feist et surtout Dani, l’interprète originale de Boomerang. Quant à Slogan, le groupe The Kills a choisi de le jouer dans une version aux accents sixties (I Call It Art).

    Marianne Faithfull et Sly and Robbie adoptent, tout comme l’original, le reggae (mais aussi la pop) pour leur Lola Rastaqueuere (Lola R. For Ever). On saluera au passage la manière dont a été pensée la traduction anglaise : "Her cylop’s eye in the middle of your head / An Oedipus complex dug deep in the sea / And when all’s been done, and nothing’s been said / You leave the joint, and roll to sleep."

    L’auditeur pourra aussi découvrir plusieurs curiosités : une version déjantée et punk rock des Sucettes par Keith Flint (The Lollies) ainsi qu’une adaptation mêlant pop, électro et negro-spiritual pour Sorry Angel (décidément, ce titre inspire !), cette fois par Nina Persson et Nathan Larson (Angel's Fall). Quant à Ces petits riens, ils deviennent sous la bouche de Carla Bruni un titre folk où affleure la sensibilité proverbiale de la chanteuse (Those Little Things). Un titre méconnu de Gainsbourg, L’Hôtel particulier, ressort enfin grâce à Michael Stipe, qui propose de découvrir ou redécouvrir ce titre pop mélodique et mélancolique sobrement intitulé L’Hôtel.

    Monsieur Gainsbourg Revisited est une divine surprise, qui ne convaincra sans doute pas tous les inconditionnels de l’Homme à la tête de chou, mais qui prouve en tout cas l’influence du chanteur français sur la pop internationale. Pour quelqu’un qui disait ne pas rêver de passer à la postérité et qui s’avère l’un des musiciens français les plus reconnus hors des frontières, voilà qui est ironique.

    Monsieur Gainsbourg Revisited, Barclay / Universal, 2020
    http://www.gainsbourg.org
    https://www.gainsbourg.net

    Voir aussi :"Gainsbourg, un enfant de la chance"
    "Thomas Dutronc, c'est si bon"

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  • Voyages intimes de Thomas Cousin

    En attendant la sortie de son premier album solo, Debbie et Moi, prévue le 15 septembre, Thomas Cousin propose le premier titre de cet opus, À perdre le sommeil.

    Après de nombreuses années passées à écrire et composer pour d'autres artistes et après avoir sillonné les routes de France et d’Europe au sein de différentes formations (Aron’C, Tax Brothers & the old Racoon, Shy), le guitariste se fait chanteur, le temps d’un disque splendide enregistré en solitaire, sur la durée.

    "J’ai passé 25 années de ma vie à « faire chanter » les autres, à m’habiller de leur pensée pour essayer de tailler sur mesure des mélodies et des mots qui les mettent en valeur, qui leur correspondent… Il y a 8 ans, un peu avant la naissance de ma fille, j’ai commencé à ressentir le désir et le besoin d’écrire des textes plus intimes", se confie le musicien.

    Thomas Cousin s’impose comme un parolier solide, dépliant sur un son mêlant pop moderne et chanson française, les souvenirs d’un couple, de leurs voyages de Gérone à Paris, en passant par Bormes-les-Mimosas ou Châtillon-sur-Seine. Ce sont des rappels de pérégrinations, qui sont ceux d’un couple de Gypsis, où la mélancolie affleure à chaque vers : "Tu n’as pas oublié ce jour où l’on s’est promis pour toujours / Que nous ferions main dans la main la dernière partie du chemin / Dis-moi est-ce que tu te rappelles combien la lumière était belle / Sur la Plantade en hiver."

    Thomas Cousin fait le bilan d’un amour, avec lyrisme et sur forme d’un bilan : "Tu m’as promis les horizons, tu m’as promis les paysages, tu m’as promis que chaque saison pour nous serait un voyage, / À perdre le sommeil."

    Suite de ce voyage intime le 15 septembre, avec Debbie et Moi.

    Thomas Cousin, À perdre le sommeil, 2020
    Thomas Cousin, Debbie et Moi, Champ Libre, 2020
    https://www.facebook.com/ThomasCousinpage

    Voir aussi : "Partir, même loin de la région du cœur"

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  • Partir, même loin de la région du cœur

    Pour bien commencer cette rentrée, Bla Bla Blog propose un focus sur Kerredine, dont le dernier titre, Nos Rêves d'Enfant, frappe par l’intelligence de l’écriture, la puissance du message dénué de tout pathos et la sensibilité d’un talentueux artiste que le grand public connaît grâce à sa composition Je veux de Zaz.

    Nos Rêves d'Enfant de Kerredine commence par une adresse en direction de ses propre rêves ("T’étais où pendant ce temps / Je patientais à devenir fou / Et tu arrives en me racontant / Que je n’aurai rien du tout"), avant de faire le constat amer ("J’ai le cœur qui part en vrille") que les rêves de ces enfants de banlieue auxquels il s’identifie ne pourraient bien se faire qu’en prenant la fuite car, chez lui, "On a le talent / Mais pas l’argent / On a le temps / Mais rien à faire".

    Kerredine ne fait pas de la banlieue ce territoire fantasmé – souvent en mal du reste, comme le souligne le chanteur (RSA, SMIC, Scarface, Toni Montana, rappeurs, stups, shits ou vodka) –, mais comme un lieu où la réussite et l’accomplissement des rêves peut vite se révéler frustrants, sinon impossibles. La solution pourrait donc bien être pour beaucoup de ces jeunes rêveurs la fuite, ailleurs : "Partons / Sans attendre ici que l’on nous aime / Partons / Avant que le désespoir ne règne / Partons / N’entends-tu pas le chant des sirène s/ Et on s’en fout de ce qu’ils penseront / Que nous sommes des inconscients / Que la folie nous envahit parce qu’on veut vivre nos rêves d’enfants." Le chanteur commente ainsi ce morceau : "Ma chanson Nos rêves d’enfant raconte mon envie et celles des enfants de ma cité d’Argenteuil de se bouger pour construire. Dans mon clip j’ai voulu montrer sur un mode positif ma jeunesse et ma réalité. Aujourd’hui je vis de la musique. Je vis mon rêve d’enfant."

    Musicalement, Nos Rêves d'Enfant délaisse la rugosité que réclamerait un tel message au profit d’un certain lyrisme, un orchestre symphonique accompagnant l’artiste.

    "On a le talent / Mais pas l’argent / On a le temps / Mais rien à faire"

    Le clip, tourné sa ville d’Argenteuil, donne la parole à ces enfants de cités et à leurs rêves d’enfants (pédiatre, juge, médecin, professeure ou auteure). Partir pour réaliser ces rêves, écouter sa petite voix, essayer : voilà le message de ce titre lumineux. Kerredine dit ceci : "Dans mon clip je retrace l’histoire de Melinda, 15 ans, une grande fan de Beethoven. Quand on lui demande si elle veut devenir Chef d’orchestre, elle répond : c’est pas pour nous ça. Sa réponse est hélas bien trop courante ici. Pourquoi ? Parce que les jeunes n’ont pas d’exemple dans le cadre familial qui ressemble à leur rêve. Pour eux c’est impossible. Ils veulent garder les pieds sur terre, mais moi je leur dit que la terre est grande et on peut garder ses pieds sur cette même, terre mais avancer plus loin. Dans ma chanson Nos rêves d’enfant, je veux donner cette force manquante, pour y aller, traverser la cité, comme je l’ai fais, prendre le bus puis le train de banlieue comme je l’ai fais, frapper aux portes avec beaucoup de courage et un peu de talent." Un autre artiste, Julien Clerc, grand voyageur et grand rêveur s’il en est ne chantait-il pas lui aussi : "Partir / Partir / Même loin / Loin de la région du cœur" ?

    Et si je vous dis que les cordes symphoniques de ce morceau sont jouées par des enfants de la région, que le chœur vient d’Argenteuil (Cap Cœur) et que les figurants vivent à la cité Joliot-Curie, voilà qui devrait finir de vous convaincre de partir à la découverte de Kerredine.

    Kerredine, Nos Rêves d'Enfant, 2020
    https://www.facebook.com/kerredineofficiel
    https://www.instagram.com/kerredine

    Voir aussi : "Qu’est-ce que Carole Pelé a à nous raconter ?"

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  • On est sérieux quand on n’a pas 17 ans

    L’école marseillaise du rap commence à être connue, moins celle de l’électro. Elle est pourtant très active : pour preuve, cette chronique sur Benjamin Schmit, jeune DJ de 16 ans, bien décidé à faire sa place sur cette scène exigeante.

    Le remix du titre Uptown Funk s’inscrit dans la veine french touch, avec ce qu’il faut de sophistication et de trouvailles sonores pour un morceau dansant, à la fois funk, house et électro : "Faire danser les gens, c’est avant tout les réunir et les voir sourire", commente ainsi le jeune musicien, biberonné aussi bien aux tubes de Céline Dion ou Boney M qu’aux artistes plus de sa génération – Dua Lipa, Lil Nas X ou The Week-end. Sans oublier le producteur, musicien et DJ Mark Ronson, auteur avec Bruno Mars d'Uptown Funk.

    C’est par la pratique du violon à l’école Suzuki que Ben a perfectionné son oreille et appris l’exigence en même temps que le souci de la perfection et du détail. "Un accord raté au violon, c’est comme une transition foireuse lors d’un set", glisse,amusé, le jeune DJ. Ses références sont Kung’s (c’est un voisin : il est aixois !), Martin Garrix, Mozambo, CamelPhat et bien sûr Calvin Harris et David Guetta – mais ça, on s’en doutait un peu...

    En parallèle de ses études économiques et scientifiques dans un lycée phocéen et des cours d’arts martiaux, Ben passe une bonne partie de ses soirées à composer des morceaux qu’il teste lorsqu’il mixe dans les événements privés qui deviennent de plus en plus nombreux au fil d’une réputation qui grandit, dans un Marseille pour qui la fête fait figure de religion.

    Son titre Uptown Funk, disponible sur Soundcloud, donne un bel aperçu du talent d’un DJ qui a déjà choisi sa voie. Une sacrée révélation.

    Benjamin Schmit, Uptown Funk Ben Remix, 2020
    https://soundcloud.com/user-585051964/uptown-funk-ben-remix

    Voir aussi : "Dua Lipa, au pop de sa forme"

    Photo : Benjamin Schmit

    benjamin schmit,dj,électro,marseille,house,funk

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  • Énervée, mal élevée et engagée

    Faire du rock engagé n’a rien de vraiment évident. Celui d’Ambre, aux manettes de son premier EP, Sale temps sale futur, a à la fois la franchise des artistes indépendants et le sérieux des productions personnelles qui n’entendent pas oublier la qualité artistique sous prétexte de messages imparables.

    Et ces messages sont dits et chantés avec une belle audace, pour ne pas dire de la rugosité : le féminisme (Je biaise si), le patriarcat (À Troyes), l'environnement (Sale temps sale futur, qui don,ne le titre à l'opus) ou la sexualité (Backchich).

    Le talent et la puissance, Ambre en a, et elle mérite de figurer parmi les artistes à suivre.

    Ambre, Sale temps sale futur, 2019
    https://imusiciandigital.lnk.to/2vumj

    Voir aussi : "Qu’est-ce que Carole Pelé a à nous raconter ?"

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  • Billie Eilish est-elle une bad girl ?

    Le 26 janvier dernier, la 62e cérémonie des Grammy Awards récompensait de cinq prix une gamine de 18 ans, moins d’un an après la sortie de son premier album, When We All Fall Asleep, Where Do We Go? : artiste révélation de l’année, chanson de l’année, enregistrement de l’année et meilleure prestation pop solo pour Bad Guy, meilleure album pop et album de l’année pour son premier opus : n'en jetez plus ! Billie Eilish marquait de son empreinte la scène pop-rock, tout en devenant la première star milléniale, puisque la jeune femme est née en Californie le 18 décembre 2001.

    Dans la biographie qu’Adrian Besley consacre à la chanteuse (Billie Eilish, La biographie non officielle, éd. Albin Michel), c’est autant la précocité que l’importance de l’Internet et des réseaux sociaux dans la révélation de cette chanteuse qui frappe les esprits.

    Certes, l’enfance et la famille de Billie Eilish Pirate Baird O’Connell ont une importance capitale dans sa carrière, puisque ses parents sont tous les deux des artistes et que la jeune star travaille étroitement avec son frère Finneas, lui aussi récompensé lors des Grammy Awards (Adrian besley lui consacre un chapitre entier, preuve de son importance). Pour autant, l’auteur insiste sur l’éducation "ordinaire" de Billie Eilish, si l’on oublie toutefois une scolarisation à domicile par un père et une mère, artistes mais modestes.

    Sa précocité ahurissante a été soulignée à de multiples reprises : "Son histoire fait désormais partie de la grande histoire de la pop, et sera répétée un million de fois", avance Adrian Besley, non sans ostentation. À l’âge de 14 ans, suivant les pas de son frère de quatre ans son aîné, Billie Eilish publie sur Soundcloud les morceaux sHE’s brOKen, Fingers Crossed, puis Ocean Eyes. Ils portent déjà l’empreinte de la chanteuse : textes personnels et sombres, rythme électronique, accompagnements minimalistes et voix fragile, presque murmurée. Ocean Eyes se fait remarquer sur les réseaux sociaux et le morceau reçoit en quelques mois un accueil enthousiaste, tant de la part des professionnels que du grand public.

    "Son histoire fait désormais partie de la grande histoire de la pop, et sera répétée un million de fois"

    La suite est un engrenage de concerts électriques, de collaborations artistiques prestigieuses, de clips tous aussi originaux les uns que les autres et d’une ascension irrésistible. Son succès passera par les États-Unis mais surtout, singulièrement, par la Nouvelle Zélande et l’Australie, qui ont accueilli avec enthousiasme ses premiers concerts dès 2017.

    L’ouvrage d’Adrian Besley est évidemment destinée avant tous aux fans de l’artiste américaine, membre emblématique de la génération Z. Adolescente starisée, Billie Eilish apparaît aussi comme une jeune femme n’ayant jamais caché ses fragilités et sa longue période de dépression, tout en assumant pleinement son nouveau statut, grâce à des looks toujours plus extravagants les uns que les autres – une vraie bad girl –, sans oublier ses engagements (le droit des femmes et l’écologie notamment). Adrian Besley ne met pas de côté ses autres passions : la danse, la réalisation de clips, la mode (nous l’avons dit), mais aussi le rap (XXXTentacion, Drake, Mehki Raine), qui continue d’influencer sa musique, avant tout pop (surnommée "gloom pop", "pop dépressive", pour ses détracteurs).

    Un chapitre entier est consacré à l’album phare de sa jeune carrière, When We All Fall Asleep, Where Do We Go?, que le journaliste intitule tout simplement : "Quatorze œuvres d’art" : "une collection soigneusement composée de pistes [titres] qui, si elles fonctionnent indépendamment, s’alimentent les uns des autres pour créer un ensemble harmonieux." Cet opus sera suivi de concerts marquants qui vont finir d’asseoir son statut : "Billie est la nouvelle reine de la pop, mais il lui reste à procéder à son couronnement. Et peut-on rêver mieux pour célébrer sa réussite que Coachella ?" C’est lors de l’édition d’avril 2019 du prestigieux festival américain, au cours de deux soirées, que Billie Eilish finit de s’imposer, avant ses récompenses quelques mois plus tard aux Grammy Awards.

    La biographie d’Adrian Besley a été terminée en mars 2020, alors que le Grand Confinement obligeait à mettre à l’arrêt l’essentiel de sa vie musicale. Il faudra attendre cet automne pour la découvrir finalement dans un autre rôle : celle d’auteure et d’interprète du titre phare du prochain James Bond, Mourir peut attendre. Le plus célèbre des bad boys sera célébré par celle qui les a chantés avec génie, mais qui n’est pas, à coup sûr, une bad girl, elle.

    Adrian Besley, Billie Eilish, La biographie non officielle, éd. Albin Michel, 2020, 245 p.
    https://www.youtube.com/channel
    https://www.albin-michel.fr/ouvrages/billie-eilish-la-biographie-non-officielle

    Voir aussi : "Quatre filles dans le Levant"

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  • Qu’est-ce que Carole Pelé a à nous raconter ?

    Avant la sortie à l’automne prochain de son premier EP, Carole Pelé commence à déployer son univers musical et artistique résolument urbain.

    Le rap de Carole Pelé est vif, rude et à nu. Elle s’y livre avec sincérité mais sans cette affectation que l’on retrouve parfois trop souvent dans le milieu hip hop.

    Dans son titre R à Raconter, elle s’exprime – non sans un certain paradoxe – sur la difficulté de se livrer musicalement et de sortir de la page blanche et de créations qui ne seraient pas vaines : "J’ai pas de refrain / J’ai rien à vous raconter" chante-t-elle sur un rythme syncopé où les larmes rageuses ne sont jamais loin.

    Carole Pelé est une combattante "compulsive" du mal-être, comme elle le prouve dans Nuit blanche, qui est un monologue contre ces nuits alcoolisées, vaines et dérisoires armes contre la désinhibition et la déprime. La réponse de la chanteuse est cinglante : "Je laisserai cette noire douleur m’atteindre / Maintenant c’est fini !" Combative encore dans Faut que j’te parle, qui est, sous forme de confession intime, une explication franche et tranchante après une rupture douloureuse. 

    L’ancienne étudiante aux beaux-arts ne pouvait pas ne pas faire de sa musique un "art total", mêlant musique, vidéo, stylisme, performance et art plastique (Faut qu'j'te parle). Pour mieux connaître cette rappeuse à découvrir (elle a quand même été programmée en 2019 au Jump ! Guro Festival 2019 en Corée du Sud !), le passage par Soundcloud et son témoignage pour Crealiance est quasi obligatoire !

    À noter que le 5 septembre, prochain, Carole Pelé jouera au festival Essonne en scène par les Francofolies en première partie de Roméo Elvis et Aloïse Sauvage. Et elle dégainera son six titres dans la foulée, à l'automne.

    Carole Pelé, Carole Pelé, EP, 2020
    https://www.facebook.com/carolepelemusique

    Voir aussi : "Eskimo, entre France, Scandinavie et Japon"

    © Alice Mouchard

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  • Coquette comme Tuck

    Dès les premières notes de Coquette, le dernier EP de Hailey Tuck, la grâce, l’élégance et la magie sont là. Cette découverte promet d’être à marquer d’une pierre blanche, tant la musicienne impressionne par sa simplicité, sa fraîcheur et finalement son audace.

    Avec son look à la Louise Brooks, pas de doute : nous sommes dans les années 20. La musicienne nous entraîne vers un univers mêlant jazz, folk, pop et cabaret, d’une fraîcheur délicieuse et au goût acidulé. Son premier album est composé de reprises de Rufus Wainwright (A Bit Of You), de Kent (Juste quelqu’un de bien), de Peter Sarstedt (Where Do You Go to?), mais surtout de nouveautés (SeaBird, Every Over Night, Every Other Night, Talking Like You).

    Hailey Tuck a produit avec une très grande classe un opus que n’importe qui devrait avoir dans sa discothèque, tant la chanteuse s’impose avec sa voix à la fois mutine et sexy (A Bit Of You), avec ce je ne sais quoi d’esprit français (Where Do You Go to?, Juste quelqu’un de bien), comme le prouve aussi le titre de l’album.

    Un opus que n’importe qui devrait avoir dans sa discothèque

    Disons-le ici : Coquette, ce sont six petits bijoux capables de défier les années par une artiste au caractère d’ores et déjà si affirmé que l’on ne peut qu’attendre le meilleur pour elle (la native d’Austin a d’ailleurs été nominée aux Grammy Awards en 2019 pour son premier album remarqué, Junk).

    Oui, nous avons bien là une œuvre musicale hors du commun, à telle enseigne que lui coller l’étiquette "jazz" paraît bien trop restrictive. Folk (Seabird, Talking Like You), pop (A Bit Of You), ballades (Where Do You Go to?, Every Other Night), et même chanson française (Juste qu’un de bien) ont leur place dans cet EP pluriel mais, au final, très cohérent.

    Pour le public français, il faut signaler que la chanteuse propose au passage une reprise de Juste quelqu’un de bien, dans une version d’une mélancolie déchirante.

    "Je me suis souvent laissée  aller à la rêverie et j’espère que les arrangements apportés et l’ambiance générale de Coquette traduisent cet état" dit Hailey Tuck au sujet de son dernier opus. Elle ajoute ceci : "Je recherche constamment les expériences de ma propre vie, et de celle des autres qui me fascinent, pour créer une histoire, une anecdote amusante, un tableau. J’ai décidé de canaliser tout ceci dans l’écriture, qui pour moi est la seule chose qui m’intimidait, de choisir également les morceaux en fonction des paroles que j’aurais aimé écrire, et enfin dans une perspective, certes ironique,  de faire un album avec un budget illimité !"

    Coquette est l’une des plus belles découvertes de ces derniers mois : qu'on se le dise.

    Hailey Tuck, Coquette, Hailey Tuck Music, 2020
    https://haileytuckmusic.com
    https://smarturl.it/Buy-Listen-Coquette

    Voir aussi : "Chaud, fort et bon"

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