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Dire qu’un souffle méditerranéen souffle sur le dernier album du trompettiste Dominic Ntoumos est un doux euphémisme. En réalité, son opus Back To The Roots, qui a été produit par Eric Legnini, transporte un délicieux parfum d’Orient, et ce dès son ouverture, Apsilies, en featuring avec Mehdi Haddad.
Jazzman solidement enraciné en Europe du sud, Ntoumos propose dans son sixième album des œuvres écrites pour la plupart entre 1920 et 1940. D’où ces couleurs nostalgiques et mélancoliques (Ap Tin Poli enas mortis, Vre Mánges Dio Sti Filakí, en featuring avec Sotiris Papatragiannis ou Ap Tin Poli enas mortis) : les chansons traditionnelles grecques, les rythmes tziganes ou les airs balkaniques s'habillent d'un électro-jazz d’une liberté majestueuse.
La trompette de Ntoumos est étincelante et a la couleur bleue et blanche du sud de l’Europe, à l’exemple du balkanique et volcanique Tsifteteli, écrit par Manolis Karantinis ou encore le titre Kakouria Petera.
Mou Ipan Na Min Sagapo a des teintes pop, quand elles ne sont pas rock (Underground-Čoček, avec Marcel Rãmba en invité).
C’est un album proprement solaire, pour ne pas dire dansant (Joc de Beica, avec Marcel Rãmba), par un artiste sans frontière.
La rétrospective que propose le Festival Lumière en collaboration avec la Warner couvre une période très courte dans l’histoire du cinéma : de 1929 à 1934, alors qu’une crise économique sans précédent balaye les États-Unis, quelques créateurs et créatrices d’Hollywood jouissent d’une liberté de ton sans précédent, et vont s’en servir au service de films subversifs, scandaleux, glamours, révolutionnaires ou à l’esthétique nouveau.
Au début des années trente, les ligues de vertu ne dominent pas encore les commissions de censure et le Code Hays ne s’est pas encore imposé. Hollywood va profiter de ce vent de liberté inédit.
Ces artistes, réalisateurs, actrices ou acteurs se nomment Barbara Stanwyck, Jean Harlow, Loretta Young, Clark Gable, John Wayne, Lionel Barrymore, Clarence Brown, William Wellman, Roy Del Ruth ou Michael Curtiz. En cinq ans ils vont offrir au cinéma mondial quelques bijoux, le plus souvent oubliés, et que le Festival Lumière et la Warner proposent depuis le 1er juillet, grâce à une rétrospective, visible en salle tout l’été.
Le public va pouvoir redécouvrir ces dix films méconnus, pour ne pas dire oubliés :
Âmes libres de Clarence Brown, avec Norma Shearer, Leslie Howard, Lionel Barrymore et Clark Gable (1931) La fille d’un avocat tombe amoureuse d’un élégant gangster que son père a défendu avec succès… Un film noir avec les remarquables Lionel Barrymore (Oscar du meilleur acteur), Clark Gable et Norma Shearer.
L’Ange blanc de William A. Wellman, avec Barbara Stanwyck, Ben Lyon, Joan Blondell et Clark Gable (1931) Une infirmière tout juste diplômée (Barbara Stanwyck) découvre qu’un praticien laisse mourir les enfants de la famille où elle travaille pour toucher un héritage… Un magnifique portrait de femme et brûlot sur l’institution hospitalière.
Blonde Crazy de Roy Del Ruth, avec Norma Shearer, Leslie Howard, Lionel Barrymore et Clark Gable (1931) Bert et Ann travaillent dans le même hôtel, et deviennent vite un duo d’inséparables arnaqueurs… Un film de hors-la-loi à l’intrigue audacieuse et la mise en scène libre et belle.
Jewel Robbery de William Dieterle, avec William Powell, Kay Francis, Helen Vinson, Hardie Albright et Alan Mowbray (1932) Vienne. Une baronne adultère s’éprend d’un élégant voleur durant le braquage d’une bijouterie… Une brillante comédie cynique mêlant haute société, cambriolage et séduction, avec William Powell et Kay Francis, éblouissants.
La Belle de Saïgon de Victor Fleming, avec Clark Gable, Jean Harlow, Gene Raymond, Mary Astor, et Donald Crisp (1932) En Indochine, le triangle amoureux entre le directeur d’une plantation, l’épouse de son ami et une aimable prostituée au charme magnétique… Un grand drame érotique avec Clark Gable et Jean Harlow.
La Femme aux cheveux rouges de Jack Conway, avec Jean Harlow, Chester Morris et Lewis Stone (1932) Une femme ambitieuse séduit son patron marié pour s’élever, par tous les moyens, dans la hiérarchie de la Compagnie Legendre… Un des films les plus subversifs de l’ère pré-Code, noir, incisif et comique, avec la mythique Jean Harlow.
Employees’ Entrance de Roy Del Ruth, avec Warren William, Loretta Young et Wallace Ford (1933) New York. Un directeur de grand magasin tyrannique et abusif engage Madeline en échange d’une nuit avec elle… Un film impertinent sur le capitalisme triomphant, entre dénonciation et humour.
The Mind Reader de Roy Del Ruth, avec Warren William, Constance Cummings et Allen Jenkins (1933) Chandra, un escroc passant pour un guérisseur aux produits miraculeux, parcourt les foires du pays avec son complice… Une comédie et romance mordante, portrait d’une Amérique en pleine Grande Dépression.
Baby Face d’Alfred E. Green, avec Barbara Stanwyck, George Brent, Donald Cook, Alphonse Ethier, Henry Kolker et Margaret Lindsay (1933) Ignoblement prostituée par son père, Lily Powers (Barbara Stanwyck) part à New York. Elle gravit les échelons d’une banque, utilisant les hommes comme marchepied… Un très grand film provocateur, qui choqua l’Amérique.
Female de Michael Curtiz, avec Ruth Chatterton, George Brent, Lois Wilson, Johnny Mack Brown et Ruth Donnelly (1933) Alison Drake dirige fermement l’entreprise héritée de son père. Elle s’éprend d’un inconnu, qui s’avère avoir pour mission de sauver son entreprise en faillite… Un film étonnant dont la liberté de ton laisse poindre une critique du capitalisme.
Une rétrospective avec le soutien de l'Association Française des Cinémas d'Art et d'Essai (AFCAE), de l'Agence pour le Développement Régional du Cinéma (ADRC) et du Centre National du Cinéma et de l'image animée (CNC).
Après Chimie Vivante, Féloche est de retour avec un nouvel album, aussi singulier que le chanteur lui-même.
L’auteur de Tara-Tari, qu’il reprend d’ailleurs ici dans une nouvelle version, fait de la mandoline le fil conducteur d’un opus au parfum délicieusement surannée pour ne pas dire régressif. Instruments traditionnels, chanson française, reprises et même un instrument mal aimé, pour ne pas dire moqué et caricaturé : véritable chef de bande, Féloche and The Mandolin' Orchestra assume tout et ne renie rien. "Je rêvais d’un orchestre…. Un orchestre de mandolines ! Fantasme absolu puisque j’étais tombé en amour pour cet instrument. Ce serait un truc de mégalo (un orchestre quoi) mais qui ne se la pèterait pas... puisque ce ne sont « que » des mandolines !" dit-il au sujet de cet album de revisites.
Dans cet opus, le musicien propose un projet musical à la fois réjouissant et rigoureux, que ce soit dans ses textes poétiques, personnels et à vif de sa belle voix grave et envoûtante ("J'suis pas occis / J'ai longtemps vécu / Pour ça qu'aujourd'hui je suis barbu / Je suis pas foutu / C'est bizarre je me souviens de tout / De mes histoires d'oiseau un peu fou / Mais c'est monté comme un film de Godard / Mise bout à bout la vie est un peu une galerie d'art", Mémoire vive) mais aussi ses propres compositions musicales (Tous les jours, Laisse aller).
Féloche s’inscrit dans la grande famille des chanteurs français, le regard tourné vers ses aînés : que ce soit Léo féré (Mes petites amoureuses, sur un texte de Rimbaud), Bourvil (La Mandoline, une chanson écrite par Paule Gille et Michel Bernard), Dalida (une superbe adaptation de Bambino, un duo avec Dolche), mais aussi, et c’est plus singulier, L’Affaire Louis Trio. Reprenant le tube des eighties Chic Planète du regretté Hubert Mounier, Féloche en fait une version moins new wave mais plus lancinante, traversée de rayons de lumière.
Du beau travail, à découvrir absolument si vous ne connaissez pas Féloche.
En attendant la sortie en septembre prochain de son premier EP Separated, Bingo Club propose en ce moment son single éponyme.
Une petite présentation tout d’abord : Bingo Club (Dance Me), ce sont Neysa Barnett, Emile Larroche et Martin Rousselot. Ces trois là ont décidé de s’unir pour un projet musical pour le moins planant.
Écouter Separated c’est se perdre dans une zone entre terre et ciel. Et ça tombe bien, car le clip a été tourné dans l’Himalaya par Adrien Nicolay, lors d’un documentaire sur la vallée de Kullu, surnommée "La Vallée des Dieux".
Avec ce concept musical, nous sommes à la fois catapulté dans le Népal et à la toute fin des années 60, lorsque les Beatles s’étaient faits adeptes de la méditation transcendantale grâce au Maharishi Mahesh Yogi, avant un retour en Europe et la composition de l’Album blanc.
On ne peut que souhaiter la même réussite pour le trio de Separated.
Comment évoquer en images et en BD Jimi Hendrix ? Comment rendre sa mesure à une carrière fulgurante et à bien des égards révolutionnaire ? Car on a tendance à oublier que la carrière du guitariste et chanteur américain n’a duré que quatre années, au sein de son groupe The Jimi Hendrix Experience.
Mattia Colombara (au scénario) et Gianluca Maconi (au dessin) proposent dans Jimi Hendrix-Requiem électrique un biopic sous forme de bande dessinée qui condense en 144 planches la vie de l’artiste né en 1942 à Détroit et mort à 27 ans après une surconsommation d’alcool et de calmants. Trop court sans doute pour développer tous les aspects de sa vie, mais suffisamment documenté pour proposer un récit qui a vocation à être "universel", comme le disent les auteurs. Les fans de Jimi Hendrix adoreront et les autres se passionneront pour la découverte ou redécouverte de celui qui est considéré comme l’un des plus grands musiciens et guitaristes du XXe siècle.
Le lecteur replonge dans la vie brève mais passionnante d’un afro-américain, marqué par une vie familiale compliquée (il ne rencontre son père qu’à trois ans, après la démobilisation de celui-ci et la fin de la seconde guerre mondiale) et la découverte de la guitare à l’âge de quinze ans, qu’il apprend quasiment seul. Son début de carrière est chaotique : maigres cachets, petits clubs et groupes plus ou moins obscurs. Il finit par côtoyer quelques grands noms, avec plus ou moins de bonheur : Ike et Tina Turner, Little Richard ou Sam Cooke. Sa rencontre avec la mannequin Linda Keith lui permet d’approcher Chas Chandler, le bassiste des Animals, qui lui ouvre bien des portes.
Une carrière marquée par la ségrégation et le racisme
La suite, se sont d’autres rencontres – les Beatles, Paul McCartney et surtout Eric Clapton – mais surtout des concerts qui vont entrer dans les annales : les premières parties des concerts de Johnny Hallyday en 1966, le festival de Monterrey en 1967, Woodstock un an plus tard et l’Île de Wight l’année de sa mort, durant l’été 1970.
Les auteurs ont choisi de s’approprier le nom du groupe du guitariste, pour proposer "un livre qui joue avec les règles de la bande dessinée comme Jimi jouait avec les structures musicales." Trois parties constituent cet album "concept", avec une introduction, un intermède (qui est aussi un hommage au 2001 : L’Odyssée de l’Espace de Kubrick) et un épilogue. Chacune des trois parties regroupe trois chapitres consacrés à des chansons de Hendrix : Woodoo Chile, Crosstown Traffic, Burning Of The Midnight Lamp, Castle Made Odf Sand, Fire, All Allong The Watchtower, Machine Gun, Hear My Train Coming et Woodoo Child (Slight Return). De ce point de vue, la lecture des notes des auteurs en toute de livre est intéressante pour comprendre leur démarche artistique. Au passage, l’ouvrage dépeint sans l’enjoliver cette période extrêmement riche, sans gommer ses travers : drogues, producteurs sans état d’âme et discrimination.
Graphiquement, Gianluca Maconi a fait le choix du noir et blanc pour leur Jimi Hendrix-Requiem électrique. Un choix compréhensible, dans la mesure où la carrière de Hendrix a été marquée par la ségrégation et le racisme, y compris lorsque le chanteur était au sommet de sa gloire. Lors d’une interview, les auteurs lui font dire ce cruel constat : "Les blancs dansaient et s’amusaient en nous écoutant… Mais lorsque la musique s’arrêtait, on redevenait des déchets." Le message est poignant et renvoie bien entendu à une réalité toujours d’actualité. Il reste aujourd’hui son œuvre musicale exceptionnelle… et quelle guitare !
Cloud 9 est le nouveau projet de Wolf Minor, aka Sandy Lavallart, du groupe Kwoon, et Thierry Kronental (UNDICII).
Ce premier titre touche dans le mille. On aime ce mélange d’électro-pop mais aussi de réminiscences de sons traditionnels. La musicienne précise que ce titre a été inspiré par un voyage au cœur du pays Basque. Un vrai retour aux sources pour un morceau à la fois très contemporain et faisant le va-et-vient entre passé,présent et futur.
Mais qu'est-ce que ce "Cloud 9" au juste ? Il faut aller à l'autre bout du monde pour le découvrir, aux Philippines plus précisméent, car ce nom est celui d'un un spot bien connu des surfeurs : "Nous nous sommes rencontrés là bas il y a 10 ans, et sommes devenus amis, nous avons voulu marquer le coup avec ce premier titre en évoquant la légèreté et l'état d'esprit aérien qui règne dans le surf. Nous sommes évidemment en pleine composition de la suite, sans stress, no pressure. Pour le moment, nous sortons ce premier morceau sans nous poser trop de questions", expliquent les deux artistes.
Dans cet instrumental vraiment formidable, l’auditeur est invité à planer – sans substance illicite – dans des nappes mélodiques irrésistibles.
En attendant la suite de cette belle aventure musicale…
En sortant son single Playing with Fire, Desmond Myers donne déjà en rendez-vous pour 2021, qui marquera la date de sortie de son nouvel album.
En attendant, le chanteur américain propose un très séduisant titre, dont la voix feutrée sert une musique alliant soul et pop, dans une orchestration minimaliste et langoureuse. La présence de Mathieu Gramoli (Corneille, Milk Coffee and Sugar, Captain Mercier, Gaël Faye) à la composition musicale est un un vrai atout.
Le chanteur propose une balade sensuelle et à fleur de peau, au sujet d’une attirance irrésistible qui risque de brûler les ailes et de n’être finalement qu’un château de sable : "I can’t keep it to myself / I’m playing with Fire / I can’t let it bring me down… And still I hold this hopeless hope / That castles made of sand will hold."
Il faut croire que de bonnes fées se sont penchées au-dessus du berceau de Bastien Lanza. Il est vrai que le chanteur sait de qui tenir : encouragé par Francis Cabrel en personne, à la faveur de leur duo, 2h du mat, le jeune chanteur ne pouvait rêver meilleur parrainage. Fabien Lanza propose cette année son premier album, Bleu – comme la couleur de ses yeux.
Fabien Lanza peut se targuer d’une belle reconnaissance des professionnels et du public : lauréat du "Trophée France Bleu" et du "Prix Voix du Sud" en 2013, il reçoit un triple disque de platine l’année suivante pour sa participation à l’album Génération Goldman 2 et intègre la programmation des Francofolies de La Rochelle.
C’est une pop folk à la fois familière, attachante et produite avec rigueur et soin qui nous est proposée avec Bleu. L’album baigne dans une infinie douceur et l’évidente sincérité frappe l’auditeur, à l’exemple du titre Depuis Elle, qui est aussi un clin d’œil au Sarbacane de Cabrel.
L'opus est éclatant et vibrant comme un pied de nez à la nuit, comme si Bastien Lanza nous entraînait sur un chemin plein d’espoirs : "C'est pas des promesses / C'est même pas des mots d'amour / C'est juste que tu laisses ton empreinte partout autour de moi" (Viens). Reste à savoir si ces promesses peuvent être tenues ou non.
Clin d’œil au Sarbacane de Cabrel
Le chanteur a la retenue (L'ordre des choses) et la discrétion des grands timides, comme il le chante dans Celui qui danse : une piste de danse, une "fille qui rend fou" mais l’incapacité de faire le premier pas et la douleur de la voir avec cet autre homme, "celui qui danse" : "Alors je reste silencieux / La tête ailleurs, le monde autour / C’est pas mon truc de casser l’ambiance / je suis assis." Qui n'a pas connu ça ?
Dans cet album que nous serions tenter d’appeler "feel good" - si le terme n’avait pas été galvaudé par des marchands et des marchandes de bonheur -, Fabien Lanza séduit par sa personnalité attachante : l’artiste ne se la joue pas mais est pourtant moins conformiste qu’il n’y paraît ("Il n’est pas né celui qui prendra ma liberté pour jouer avec", Non merci).
Bastien Lanza parle d’amour, du temps qui passe (Tourne), des regrets, des adieux (Ce qu’est qu’un adieu), mais aussi des espoirs, à l’instar de celui de cette Lola : "J’attends un signe, un mot de toi / Un « je-ne-sais-quoi » / Quelques voyelles, quelques consonnes…"
L’artiste choisit la simplicité, un choix piégeux mais qui lui sied à merveille (Tout va bien). La mélodie est là et l’univers cabrélien aussi (Un coin tranquille). On ressort de l’album un peu plus léger qu’au moment d’y être entré. Rien que pour ça : Merci.