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Loulia, la plus française des chanteuses pop internationales sort en ce moment son dernier single, Hopefully Better. Elle le présente ainsi : "Un méli-mélo de nationalités, avec un producteur allemand et un réalisateur coréen, ce morceau est vraiment moi".
Cette fois, Loulia propose un titre funk et jazzy, délicat et sensuel, et non sans un message d’espoir. La chanteuse dévoile pour l’occasion un clip à la fois frais, estival et glamour.
C’est par une œuvre collective que commence cet enregistrement d’œuvres de Robert Schumann pour violon et piano. La Sonate F.A.E. nous vient de deux figures majeures du romantisme – Brahms (pour le troisième mouvement "Allegro (Scherzo)" et Schumann pour les deuxième et quatrième mouvements, "Intermezzo" et "Finale". Le troisième est Albert Dietricht, compositeur du premier mouvement "Allegro". Les trois amis écrivent en 1853 cette sonate au nom étrange mais plein de sens : "F.A.E." pour "Frei Aber Einsam" ("libre mais solitaire"). Elle a été offerte cette année-là au violoniste Joseph Joachim. Ce dernier l’a d’ailleurs joué, tout comme Clara Schumann.
Nous avions parlé il y a quelques semaines du "Scherzo" enregistré par Rachel Kolly et Christian Chamorel. Dans l’album Robert Schumann et son univers, proposé par Indésens, Yann Passabet-Labiste au violon et Bertrand Giraud au piano proposent les quatre mouvements de cette sonate, écrite avant que la maladie ne fasse taire Robert Schumann. Le compositeur vit une période tragique avec la mort de son jeune fils Emil en 1847, celle de son ami Felix Mendelssohn la même année et avant la détection d’une maladie mentale chez Ludwig, un autre de leur fils. Schumann vit particulièrement douloureusement cette période. La dépression succède à des crises d’angoisse et des hallucinations. Voilà pour le tableau de cette période sombre à nulle autre pareil. Autant dire que cette Sonate F.A.E. fait figure de petit miracle musical.
Saluons le premier mouvement "Allegro" d’Albert Dietricht, d’une belle richesse ornementale, servi qui plus est par des interprètes jamais en baisse de régime. Il s’agit du mouvement le plus long de la sonate (plus de douze minutes et demi). Avouons cependant qu’après cette romantique entrée en matière, on s’arrêtera particulièrement sur le court "Intermezzo" que Robert Schumann a annoté en allemand : "Bewegt, doch nicht zu schnell". La douleur déchire cette partie. Le piano de Bertrand Giraud se met légèrement en retrait pour laisser s’exprimer le violon de Yann Passabet-Labiste, sans jamais que le violoniste ne fasse preuve de pathos. Vient répondre la fougue et la verve de Johannes Brahms, le disciple et admirateur, qui en est au début de sa carrière. Les Schumann sont sa famille de cœur et Clara Schumann restera son amie et amour jusqu’à ses derniers jours.
Cette fois, piano et violon viennent se répondre avec bonheur. La vigueur est là, mais aussi la passion et la tendresse. On est presque heureux de retrouver Robert Schumann dans un "Finale" au tempo vif, comme si le compositeur meurtri par trois années sombres revenait à la vie. Magnifique coup d’éclat que cette dernière partie qui prend par moment l’allure de marche décidée grâce au violon diabolique de Yann Passabet-Labiste.
La vigueur est là, mais aussi la passion et la tendresse
Schumann, ses amis et sa famille pourrait s'intituler l'opus. C’est Clara Schumann qui poursuit le programme, avec ses trois Romances op. 22. Ecrites elles aussi en 1853, elles ont été, tout comme la Sonate F.A.E., dédiées au violoniste Joseph Joachim. L’esprit romantique souffle sur ce que l’on pourrait appeler une sonate pour piano et violon en trois mouvements, "Andante molto", "Allegretto ; Milt zartem Vort" et "Leidenschaftlich schnell". L’auditeur y lira de douloureuses plaintes, alors que le mari de Clara est pourchassé par ses démons intérieures ("Andante molto"), sentiments que vient nuancer la deuxième romance "Allegretto", mais non sans ce sens du spleen que parviennent à rendre le duo de musiciens et en particulier le violon de Yann Passabet-Labiste. Le "Leidenschaftlich schnell" prouve, s’il en était besoin de le démontrer, que Clara Schumann est au sommet d’un art musical, à l’égal au moins de Robert Schumann auquel elle a survécu quarante ans.
Autre Romances, celles de Robert Schumann, justement. Son opus 94 a été composé pour son épouse en 1849. Destinée pour le piano et le hautbois, elle est régulièrement jouée, comme ici, pour le violon et le piano. Une immense tristesse, que le violon de Yann Passabet-Labiste rend particulièrement bien, se dégage dans le "Nicht Schnell". "Simple, affectueux", indique la deuxième romance. Il est vrai qu’une relative légèreté est évidente, bien que la mélancolie ne soit pas absente. Un sentiment de vide se dégage encore plus de la dernière romance "Nicht Schnell", au mouvement pourtant "Moderato". Il y a ces légères mais réelles ruptures, rendant cette partie bien plus tragique qu’elle n’en a l’air.
L’enregistrement se clôt avec la Sonate n°3 en la mineur. Composée par Robert Schumann en 1836. Il a 26 ans. Elle a l’impétuosité de la jeunesse (le premier mouvement allegretto "Ziemlich langsam") et cet évident souffle épique, porté par les deux interprètes décidément bien inspirés. Suit un "Intermezzo" plus court (deux minutes et demi), lent, gracieux et romantique, avant le "Scherzo" ("Lebhaft") enlevé et aux nombres pièges dont se tirent brillamment Yann Passabet-Labiste et Bertrand Giraud. Dans le "Finale", Robert Schumann termine par un ensemble de morceaux de bravoure, porté par des mélodies ardentes, pour ne pas dire enflammées. Nous sommes dans une période marqué par une union des plus compliquées entre Clara et Robert Schumann, avec toujours le romantisme en bande-son.
Non Kamas ne dérape pas, contrairement à ce que dit l’introduction ("J’dérape") de son troisième album Désaxée. Avec une facture électro-pop, dans le titre qui donne son nom à l’opus, la chanteuse met en scène une jeune femme, Pamela, qui "attend encore ceux qu’elle aime toujours ces vieux fantômes". C’est un vrai univers poétique et gothique ("Pamela aux lèvres rouges s’est arrêtées / Ronces épines orties") que propose Kamas. Qui est-elle ? Une femme de notre temps ou l’artiste elle-même ? Le mystère reste entier : "Ce n’est pas moi / C’est cette époque qui est folle". Voilà qui dénote déjà l’aspect décalé d’une artiste qui veut proposer "un nouveau monde, un univers, la vie telle qu'elle va, intranquille et quelque peu déboussolée".
En s’inspirant d’un fait divers du XIXe siècle, celle que l’on a intitulé "L'Inconnue de la Seine", une jeune fille noyée retrouvée dans le fleuve parisien, un masque mortuaire sur le visage, Karma choisit l’onirisme pour rendre hommage à cette victime au "teint de porcelaine".
C’est sur un rythme rock que la musicienne s’intéresse aux majorettes. En réalité, une thématique qui est déclinée en deux titres – ou plutôt deux parties. "Où sont passés les majorettes ?" se demande Karma dans "Les Majorettes Part 1". C’est vivifiant, drôle et à l’acidulé parfum nostalgique qui se poursuite avec le lent, pop et mélancolique "Les Majorettes Part 2". La chanteuse se rêve cette fois dans la peau d’un de ces personnages iconiques de la fête, de l’enfance et de l’insouciance" ("Moi aussi, je serai majorette").
Il y a de la grâce et de la légèreté dans cet album qui s’écoute sans soif
L’auditeur aura le sourire aux lèvres à l’écoute de "6V d’amour", une chanson de drague irrésistible ("J’ai pas dit oui / J’ai pas dit non / Re-précise moi ton prénom") dans lequel la chanteuse joue de son charme et de sa séduction ("Mon p’tit lapin / Mon lièvre nain / Viens avec moi j’te montrerai / la jolie mousse le romarin / Derrière le grand supermarché").
Une autre jolie surprise nous attend avec une reprise sixties de "Noir c’est noir", d’autant plus immanquable qu’elle est interprétée par une femme, ce qui donne à ce classique un lustre particulier mais aussi une tonalité féministe.
Il y a de la grâce et de la légèreté dans cet album qui s’écoute sans soif, à l’instar de "Tout en bataille" qui raconte l’histoire d’un couple se séparant ("Il lui a donné tous les noms oiseaux de la terre / Elle a fait pan pan avec ses deux doigts tendus"), une séparation chantée comme s’il s’agissait d’un événement à la fois rude, drôle et sans importance qui laisse place à la vie et à la danse.
Après l’interlude "Do U ?", Kamas se fait plus sombre dans "Tarentelles", un morceau au souffle à la fois érotique et onirique. "Elle m’a mordu elle m’a croqué / Avec une certaine volupté / Là dans ce petit coin caché / Ce fut comme un éclair moelleux / Un millier d’abeilles dans les yeux / Elle m’a mordu elle m’a croqué / La nuit est tombée". Amour, plaisir, sensation de perdre pied et surtout force poétique des mots. Vraiment, là nous avons affaire à une artiste inclassable et avec une sacrée personnalité.
Dernière preuve de la singularité de la musicienne ? "Des hivers et des printemps" semble se nourrir d’influences anciennes : chanson française, traditionnelle mais aussi pop. Et si Kamas était une nouvelle troubadour des années 2020 ? Voilà qui pourrait donner la clé de cet album à découvrir.
Clara Ysé, apparue il y a quelques mois sur la scène française, c’est d’abord une voix. Pour la faire courte, Oceano Vox, son premier album, c’est le timbre de la chanteuse Barbara posée sur des sons électros. Poétique et onirique, mais aussi engagée, comme le prouve le premier et formidable titre "Pyromanes" : "Quand retentit minuit / Brûlons nos lits / Et entrons dans la danse / Génération qu'on oublie / Il est temps de sortir de l'errance".
Le cœur de ce premier opus ? La chanson française, bien sûr, mais aussi des sons électros et influences traditionnelles ("Le monde s’est dédoublé"). Clara Ysé s’en fait une matière musicale, noble et intime pour bâtir d’incroyables et inoubliables chansons à la fois personnelles et universelles : "Regarde derrière les nuages / Il y a toujours le ciel bleu azur qui, lui / Vient toujours en ami / Te rappeler tout bas / Que la joie est toujours à deux pas / Il m'a dit, "prends patience" / Mon ami, prends patience / Vers un nouveau rivage / Ton cœur est emporté et l'ancien territoire t'éclaire de ses phares").
Dans "L’Étoile", véritable hymne à la liberté, Clara Ysé appelle à lever les voiles, mais aussi au nom de la résilience et de l’amour ("Toi qui encaisses les coups / Si un jour tu décides de t'offrir au vide / Tu seras mon étoile / Je hisserai les voiles"). L’amour est du reste bien présent dans Oceano Vox, à l’instar du déchirant "Magicienne", confession sur une séparation qui semble insurmontable en raison du vide qu’elle laisse ("Mon amour, Adieu, qu'il fut beau ton rivage / Ensemble souviens-t-en, nous vécûmes un amour enivrant"). Il y a aussi cette plus déchirante encore adresse à la mère de l’artiste. "Lettre à M" est une déclaration d’amour à un être disparu et qui manque toujours : "Je pense à toi tous les jours de l’année / je pense à toi, as-tu le cœur léger ?"
Clara Ysé s’en fait une matière musicale, noble et intime
Dans "La sorcière", sur un rythme entêtant, Clara Ysé s’adresse à ce "rêveur solitaire" et lui propose un "conseil salutaire" : oublier "cette fille-là" qui n’est pas pour lui. Au nom de l’amour, une séduisante "sorcière" a su le manipuler,, au risque de l’abîmer ("Elle t'a donné un somnifère / Elle a dit : toi mon adversaire / Je vais te changer en cratère / Couvert de fleurs et de calcaire".
Impossible de ne pas parler de "Douce", un titre dont la puissance, pour ne pas dire la violence, contraste avec une interprétation à la fois apaisée et voluptueuse. Pourtant, quel message ! : "Si tu savais la haine qui coule dans mes veines / Tu aurais peur, tu aurais peur / Si tu savais la chienne que je cache à l'intérieur / Tu aurais peur, tu aurais peur" ("Douce").
Clara Ysé est un livre ouvert dans lequel la chanteuse se dévoile sans fard, tout en osant l’engagement pour ses contemporaines, celles qu’elle appelle des "Souveraines" : "Et pour toutes celles dont les complexes vies / Ne seront racontées qu'autour d'un verre à minuit / Que les voix s'élèvent, qu'on prenne les arènes / Et que dans la nuit s'élève le chant des sirènes / Vous êtes souveraines" ("Souveraines").
Le pouvoir de la vie est là et intact dans Oceano Vox. C’est ce cri à la liberté, à l’amour et à la détermination qu’est le titre à la facture pop-rock et urbaine "Cœurs indomptés".
Le superbe et mémorable opus qui marque la naissance d’une chanteuse dont on attend avec impatience la suite de la carrière, se termine par une chanson intime, voix et piano, sur le départ d’une maison, lieu de souvenirs heureux : "J'ai perdu la joie de vivre / J'ai oublié entre tes bras / Je ne quitterai pas l'île / Des souvenirs avec toi / Je ne réponds plus de moi".
Partons à la découverte d’un vrai choc musical. Il s’agit d’Éternité, le nouveau single de Julia Jean-Baptiste.
Sur un clip noctambule et envoûtant (il a été réalisé par Mélodie Roux-Dufort et Lucas Donaud), la chanteuse française parle d’une rencontre amoureuse et toxique, dans une écriture fine qui évite les poncifs : "Elle a rien vu / Elle a pas pu / Et les années ont filé / Pendant 5 ans, / 5 ans c’est long / À 20 ans / une éternité".
L’été est là – paraît-il. Quoi de mieux qu’un titre sentant bon la plage, la mer et les embruns ? Voilà qui nous amène à Jade, une nouvelle voix de la scène française. Elle propose son single Promesseet un clip qui nous emmène sur les bords de la Méditerranée.
Le parcours de Jade est déjà élogieux : un rôle dans la comédie musicale Starmania et des collaborations en tant que danseuse avec des artistes tels que Mylène Farmer, Slimane, Eva et Amir. Pas mal.
Sa Promesse parle de liberté et de l’espoir assumé de réussir et "être à la hauteur". Vivre ses rêves, partir et "ne jamais revenir avant que l’on me reconnaisse", chante-t-elle de sa voix veloutée, le tout sur un rythme de bossanova.
Une vraie battante et une chanteuse née qui propose un single irrésistible sorti le 14 juin dernier, avant un EP que Jade prépare pour l’automne 2024. Un talent à suivre avec attention.
La pianiste luxembourgo-suisse Viviane Goergen reprend à son compte cette œuvre rare venue d’une des compositrices laissée justement au purgatoire musical après sa morte en 1925, avant d’être redécouverte ces dernières années, à la faveur d’une vague féministe bienvenue. Viviane Goergen précise qu’elle s’est penchée sur les créations de compositrices, souvent françaises, dès 1999. Une précurseuse, donc, même s’il a fallu attendre les années 2019-2020 – la crise sanitaire aidant à son travail de recherche – pour que la pianiste se penche sur le travail de Marie Jaëll. Nous avons là une plongée passionnante dans une œuvre singulière qui prouve que Marie Jaëll a sa place parmi les artistes ayant leur place dans l’histoire de la musique.
Viviane Goergen traduit bien cette gravité inquiétante dans l’expressionniste "Poursuite" de L’enfer. L’interprétation est précise et renvoie à la période romantique que chérissait celle qui avait les oreilles de Liszt et qui a été une interprétation reconnue des œuvres de Robert Schumann ou de Beethoven. Pour autant, comme le précise l’interprète, c’est plutôt du côté du Moyen Âge qu’il faut chercher les influences de la compositrice. Pour cette "Poursuite" dans les enfers, "Marie Jaëll emploie les autre premières notes du Dies Irae, la journée de la colère… Il s’agit d’un hymne du moyen âge, écrit vers 1250", est-il écrit dans le livret de l’album.
Tout aussi inquiétant et expressif, "Raillerie" a ce souffle moderne qui nous ferait presque entendre les rires du diable dans ce qui traduit "l’errance désespérée de Dante", avant cet "Appel" lugubre que la plus "jaëllienne" des pianistes fait résonner avec un malin plaisir. Qui dit enfer dit flammes. La partie qui leur est consacrée semble briller de mille feux, à telle enseigne que l’on croirait qu’il s’agit plus de feux paisibles d’une nuit fraîche d’été que des tourments de l’enfer. Dans cette œuvre datant de 1894, il semble aussi que ce sont les derniers éclairs du romantisme que fait surgir Marie Jaëll.
Dire que la modernité a sa place serait un pléonasme
Deux morceaux incroyables viennent conclure ce délicieux Enfer, à savoir "Blasphèmes" et "Sabbat". Il s’agit de deux pièces diaboliques à la très grande modernité. Il faut toute la technicité de Viviane Goergen pour arriver à en retranscrire l’esprit diabolique, la noirceur mais aussi une forme de grâce à la fois joueuse, moqueuse et séduisante. Ne verrait-on pas une de ces Vampirella tournant autour de damnés perdus et condamnés à un enfer éternel ?
Interrogeons-nous ensuite sur Ce qu’on entend dans le purgatoire. Marie Jaëll et Viviane Goergen nous le disent en musique et au piano. Il y a ces délicats "Pressentiments". On croirait entendre des murmures. Marie Jaëll n’emploie que les deux premières notes du Dies Irae dont il a été question plus haut. Les notes s’effacent presque, laissant place au silence interrogateur. On sent l’influence de Bach dans cette superbe composition. Tout aussi en retenue, les "Désirs impuissants" se jouent des ruptures de rythmes. Dire que la modernité a sa place serait un pléonasme. Dans "Alanguissement", c’est le romantisme qui semble sortir du bois. Sommes-nous ici au purgatoire ou juste sur terre, dans une campagne verdoyante où, allongés sur l’herbe, nous attendrions l’être aimé ? Séduisant purgatoire, à dire vrai, et que Viviane Goergen magnifie avec tendresse. Elle se fait par contre plus sombre et inquiétante dans "Maintenant et jadis". Les menaces grondent, tout comme les questionnements sur le pesage des âmes. Bien et mal semblent se disputer dans cette partie à la facture là aussi romantique, jusqu’aux dernières notes sombres. Béatrice apparaît mais Dante doit retourner au purgatoire, purgatoire qui se termine par une "Obsession" traduite avec une belle expressivité et demandant à Viviane Goergen une virtuosité évidente. Cette partie a été construite comme une sonate en trois mouvements – vif-lent-vif –, la section lente ayant l’allure d’un retour de la paix intérieure, avant que l’"Obsession" ne revienne définitivement.
C’est le Paradis qui vient clore ce programme. Après l’Enfer et le Purgatoire, vient un "Apaisement" bienvenu, Béatrice venant guider Dante tout en haut, dans un lieu idyllique. Pour autant, l’auditeur, sera en droit d’y entendre une longue plainte autant qu’un appel à l’espérance. Les "Voix célestes" des anges qui suivent frappent par leur singulière douceur, traduisent la paix divine. L’harmonie et la douceur dominent dans ce morceau où l’on sent l’influence de Fauré. Plus qu’ailleurs sans doute, Marie Jaëll s’impose comme une figure marquante du classicisme français de la fin du XIXe et du du début du XXe siècle. Dans « "Hymne", la compositrice se révèle comme une mélodiste hors-pair, au service d’un morceau aérien atteignant des sommets de légèreté – rien d’étonnant pour Ce qu’on entend dans le paradis. La pièce "Quiétude" s’enchaîne naturellement, tout aussi gracieuse et légère. Viviane Goergen fait vibrer chaque note avec la même délicatesse. Rien de trop dans ce morceau qui ressemble à une berceuse. "Souvenance", onirique et méditatif se déploie avec une belle harmonie. On a peine à croire que peu de temps auparavant l’auditeur était entouré des flammes de l’enfer. Ici, le paradis n’est que douceur mélancolique et contemplations, dans une facture romantique. C’est d’ailleurs par une "Contemplation" que se termine Ce qu’on entend dans l’enfer, le purgatoire, le paradis.
L’harmonie vient conclure la rencontre entre Dante et Béatrice et finalement la montée vers le paradis. Ces Pièces pour piano constituent un voyage vers l'au-delà imaginé, composé et interprété avec une singulière grâce.
Un nouvel extrait sort ce mois de juin, "La nuit repart", arrangé par Alba.
Un extrait mais aussi un clip que l’artiste a réalisé. En digne artiste pop, elle invoque quelques souvenirs ludiques de notre enfance, avec des fantômes de Pac-man.
C’est drôle, touchant mais aussi mélancolique et plein d’auto-dérision. À découvrir de toute urgence.