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Musiques - Page 76

  • Katchéscope

    Il y a toujours de l’excitation à écouter Manu Katché, et encore plus à l’accompagner dans ses pérégrinations musicales, où les percussions et les batteries sont bien sûr reines, proposant un éventail incroyable de rythmiques : "J’ai composé les morceaux autour de la batterie, et si je joue de cet instrument depuis toujours, ce n’est pas un hasard: mon papa est originaire de Cote d’Ivoire. J’avais envie de voir les gens bouger sur mes compositions, danser, chanter les gimmicks" dit-il.

    The ScOpe, son dernier album, est, on le devine au titre, un univers kaléidoscopique aux mille et une teintes jazz, groove, rock, pop ou world, de la part d’un artiste à la carrière impressionnante, et qui a choisi ici de sortir de sa zone de confort : "J’ai fait beaucoup de jazz ces dernières années, j’y ai pris beaucoup de plaisir mais j’avais envie de changer radicalement. Prenant de l’âge, j’ai juste envie de m’amuser un peu."

    Manu Katché, sans doute le meilleur batteur de sa génération, propose un opus tout en relief et forcément vivant, car puisant dans des influences tous azimuts, à l’instar du scintillant et sautillant Keep Connexion qui ouvre le bal. Ces teintes de world music (présentes également dans Overlooking, qui est aussi un retour aux racines africaines) laissent place au plus jazzy Glow, à la composition solide mais mâtinée d’improvisations : comme si Manu Katché voulait rappeler que loin de vouloir abandonner ses origines et influences, on y revient toujours.

    On s’arrêtera avec le plus grand intérêt sur Vice, un titre électro funk très Daft Punk, en featuring avec Faada Freddy. Cette fois le musicien et batteur se glisse dans la peau d’un digne représentant de la french touch. Une vraie et belle réussite à écouter plein volume cet été sur une plage, le soir.

    Jazzy Bazz tient la baraque dans cet hommage mélancolique et vibrant à Paris

    The ScOpe est un opus essentiellement instrumental. Quelques titres laissent toutefois une place à la voix : c’est Please Do ou Don’t You Worry, avec la voix de Manu Katché lui-même, mais il y a surtout le formidable titre urbain Paris me manque, mêlant avec bonheur free jazz et rap. Jazzy Bazz tient la baraque dans cet hommage mélancolique et vibrant à Paris : "Où est passé Paris, ma rose ? / Paris sur scène l’a bouclée / Sont partis emportant la clé / Les nonchalants du long des quais / Paris, ma rose, Paris, ma rose / Où est passé Paris que j’aime ?/ Paris que j’aime et qui n’existe plus."

    Pour Let Love Rule – qui n’a toutefois rien à voir avec le titre éponyme de Lenny Kravitz – Manu Katché construit un titre pop porté par le timbre aérien et velouté de Jonatha Brooke pour cette balade en forme de contrat amoureux : "Let love rule / Nothing else matters /Just me and you / Let love rule."

    Goodbye For Now va dans une direction appartenant d’abord à une électro des sphères, comme le chant d’adieu d’un album ayant choisi de ne pas choisir la tonalité de son scope.

    Chant d’adieu ? Pas tout à fait. Car Manu Katché clôture son opus par ce qui pourrait se lire comme un hommage à Tricky et au trip hop dans le bien nommé Tricky 98’, mais qui est aussi et surtout, pour les amateurs de football, un hommage aux champions du monde de 1998. Le morceau a accompagné l’entrée des Bleus à la U-Arena en juin dernier, 20 ans après leur victoire à la Coupe du Monde. Un vrai feu d’artifice pour un album lumineux.

    Manu Katché, The ScOpe, Anteprima, 2019
    http://www.manu-katche.com

    Voir aussi : "Ibrahim Maalouf, déjà un classique"

    © Arno Lam

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  • Margot T, Vict’rock Hugo et les autres

    À l'écoute de T’M, un autre artiste tombe sous le sens : MoonCCat. Comme elle, le plus dandy des chanteurs se nourrit de textes XIXe siècle pour en proposer une lecture pop-rock sombre, et comme visitée par les esprits de Rimbaud, Baudelaire, Musset et Hugo.

    Ici, c’est T’M qui se colle à l’exercice, preuve que malgré les années et la reconnaissance d’écrivains étudiés dans les manuels scolaires, les textes de ces classiques n’ont rien perdu de leur vie et de leurs qualités subversives. La musicienne se jette comme une affamée sur ces textes du XIXe siècle, donnant à ces classiques ce mélange de dénuement, d’urgence et d’audace.

    T’M c’est Margot Turbil, aux commandes de ce groupe qui n’en est pas vraiment un, ou plutôt qui est sans cesse en évolution. La musicienne entend construire un work in progress qui viendrait chercher ses influences auprès de la scène rock, pop ou jazz. C’est d’ailleurs du jazz que vient Timothée Ledu qui a travaillé avec la chanteuse sur les premiers morceaux déjà disponibles en ligne: "On compose toujours à plusieurs et j'aime mettre en avant aussi les musiciens qui m'accompagne. Comme un peu les collectifs" explique-t-elle.

    Pour la Comédie en 3 Baisers d’Arthur Rimbaud, Margot T épouse l’esprit de ce poème sensuel, cette histoire d’une étreinte surprenant une jeune fille fille. La chanteuse déshabille littéralement Rimbaud et l’érotise dans un esprit rock malicieux qui n’est pas sans renvoyer au Gainsbourg période Love on The Beat: "Pauvrets palpitants sous ma lèvre / Je baisai doucement ses yeux / Elle jeta sa tête mièvre / En arrière : « Oh c’est encor mieux !… / « Monsieur, j’ai deux mots à te dire… » / Je lui jetai le reste au sein / Dans un baiser, qui la fit rire."

    La chanteuse déshabille littéralement Rimbaud

    Invoquer le Gainsbourg des dernières années a du sens si l’on s’arrête au choix du talk-over de T’M dans Perdican. Le Perdican en question est le personnage de la pièce de Musset, On ne badine pas avec l’Amour, et c’est du reste lui qui parle dans une des plus célèbres tirades de la pièce de 1834. Perdigan exprime sans l’avouer explicitement son amour pour Camille, amour qui semble se dérober en raison des craintes de la jeune femme de devoir souffrir. Margot Turbil choisit le parlé-chanté et une orchestration minimaliste pour scander les mots de Perdican, plus actuels que jamais: "Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux ou lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n’est qu’un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c’est l’union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière, et on se dit : J’ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j’ai aimé."

    Pour Spleen de Charles Baudelaire, c’est un rock électrique que T’M adopte dans à ce poème à la facture d’un chant funèbre. Grâce à Margot T, plus théâtrale que jamais, Spleen perd ses atours académiques pour revenir à ses origines : un texte sombre, gothique et fin de siècle. "Et de longs corbillards, sans tambours ni musique, / Défilent lentement dans mon âme ; l'Espoir, / Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique, / Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir."

    Qui aurait dit que Victor Hugo, lui aussi, pouvait être rock ? La preuve est cette troisième adaptation musicale en ligne, Cette nuit, il pleuvait. Margot Turbil slame plus que déclame cet extrait des Châtiments, avec cet esprit rock rugueux qui lui va à merveille : "Cette nuit, il pleuvait, la marée était haute, / Un brouillard lourd et gris couvrait toute la côte, / Les brisants aboyaient comme des chiens, le flot / Aux pleurs du ciel profond joignait son noir sanglot, / L’infini secouait et mêlait dans son urne / Les sombres tournoiements de l’abîme nocturne ; / Les bouches de la nuit semblaient rugir dans l’air."

    Sans nul doute, l’esprit de Victor Hugo, comme ceux de Baudelaire, Rimbaud et Musset se sont réincarnés malicieusement grâce à une artiste rock et électrique.

    T’M, sur Youtube, 2019
    Page Facebook

    Voir aussi : "C’est le plus dandy des albums"

    © Margot T.

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  • Jade Bird prend son envol

    Jade Bird, il en avait été question sur Bla Bla Blog au sujet de son premier EP, Uh Huh. Ce titre est d’ailleurs présent dans son album éponyme. Facture folk, choix de l’acoustique, voix claire et posée capable d’envolées rock à la Alanis Morissette : pas de doute, Jade Bird creuse son sillon sans se poser de questions.

    La toute jeune britannique impose des choix artistiques bien assumés grâce à des compositions solides qui ne transigent pas sur la mélodie (My Motto), les textes (Love Has All Been Done Before) et, singulièrement, la puissance vocale, à l’instar des prodigieux Lottery et I Get No Joy.

    Jade Bird plane sur ce premier album avec une assurance confondante, à faire pâlir de vieux routiers. Son premier album a été produit avec le même soin que son premier EP, qui était déjà si réussi que l’on espérait qu’elle allait transformer l’essai. Pari réussi.

    La chanteuse, également à la composition pour cet envol artistique, insuffle à ses titres pop mélodiques et complexes de bonnes injections de rock grunge, à coup de guitares qu’elle manie comme des armes et s’appuyant sur une voix qu’elle pousse jusqu’à ses derniers retranchements, à l’exemple du spectaculaire Uh Huh.

    De bonnes injections de rock grunge et des guitares qu’elle manie comme des armes

    À côté de ces morceaux de bravoure nerveux et plutôt culottés (Going Gone) et souvent d’une belle construction musicale (Love Has All Been Done Before), l’Anglaise propose des titres plus apaisé, sous forme de confessions intimes, à l’exemple de My Motto et du plus minimaliste Does Anybody Know. Il y est aussi question d’adolescence (17), de la difficulté d’aimer (Lottery) ou de la mort (If I Die).

    Un premier album très personnel donc, écrit avec les tripes autant qu’avec la tête : "Cet album contient tout ce que j’ai vécu. C’est mon expérience directe et non diluée de ces deux dernières années bien remplies. Chaque décision que j'ai prise a abouti à ce processus magique, de la même manière que chaque mot que j'ai écrit a fini dans ces chansons. L’album aborde différents styles, mais la cohérence vient que c'est moi - une jeune femme qui essaie vraiment de comprendre le monde actuel et d'y trouver sa place, qui a tout écrit" dit-elle.

    Une dernière preuve que la musicienne britannique est absolument à suivre ? Depuis l’annonce de la sortie de son album, Jade Bird figure, d’après le New York Times, parmi les 10 artistes à surveiller en 2019.

    Jade Bird, Jade Bird, Glassnote Records, 2019
    http://www.jade-bird.com

    Voir aussi : "Jade Bird, Huh la la !"

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  • Musset, assis sur le rebord du monde

    Christophe Musset propose avec Orion son retour musical, et il s’agit d’un retour apaisé. L’ex de Revolver choisit une orchestration réduite, acoustique et folk dans un EP qui parle de bienveillance et de pardon après une séparation ("Aussi loin / Que tu sois / J’espère bien que tu n’as pas baissé les bras", Aussi loin), d’intimité amoureuse (À l’intérieur), de contemplation céleste (Orion) et d’introspection nietzschéenne (Ce qui ne me tue pas).

    C’est comme assis sur le rebord du monde que Christophe Musset chante "l’immensité" et "le vertige face au grand parcours".

    Il y a ce je ne sais quoi de céleste, d’universel et de métaphysique dans Orion : sans aucun doute, Musset croit aux forces de l’esprit.

    Musset, Orion, Taktic Music, 2019
    https://www.facebook.com/MussetMusic

    Voir aussi : "Les grands espaces de June Milo"

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  • J'ai bien vu Emma Zégarski et j'ai bien écouté les Sugarr

    Avant une pause musicale Pelhamonabudget nous parle d'une semaine qui s'est avérée finalement moins décevante que ce qu'il craignait. La preuve avec la découverte d'un groupe qui pourrait bien avoir inventé un nouveau style musical. Rien que ça.

    Voilà une semaine qui aurait pu être meilleure, mais qui aurait aussi pu être bien pire. En écoutant les artistes qui allaient jouer cette semaine je me suis dit qu’il n’y avait pas un seul groupe ou artiste indispensable. Je me suis dit que je pourrais, donc, prendre une semaine de congé, mais j’ai finalement décidé d’assister à ces concerts.

    Ma semaine a commencé le mardi soir à La Belle Hortense, une librairie qui est également un café bar. À la Belle Hortense je voulais voir l’artiste Emma Zégarski, et je l’ai bien vue… pendant quelques secondes. J’ai juste entendu la fin de sa dernière chanson avant sa pause, et, comme mes amis les Libert’airs le savent, je ne reste jamais aux concerts pendant les pauses. Alors, je pense qu’Emma Zégarski est une bonne artiste malgré le fait qu’elle soit une Française qui chante en anglais. D’après ce que j’ai écouté en ligne, son anglais est très bon. Et puis, elle est influencée par la musique folk américaine, alors c’est pertinent qu’elle chante en anglais. La Belle Hortense était pleine pendant la prestation d’Emma Zégarski, mais j’avais l’impression qu’une seule personne, à part moi, l’écoutait. Ce n’était pourtant pas le cas : Madame Zégarski est sortie pendant sa pause et un travesti anglophone lui a parlé, alors peut-être qu’il l’avait écoutée aussi.

    La révélation de la semaine était Sugarr, que j’ai vu au Supersonic le mercredi. Sugarr n’a qu’une moitié de chanson en ligne en ce moment, et la qualité de cet extrait est mauvaise. Mais j’ai décidé de prendre un risque et d’aller les voir. J’étais sûr que j’allais être déçu, en sachant que je suis toujours dupé par la musique qui est de mauvaise qualité. Je suis arrivé tôt dans la soirée au Supersonic : un coup de bol... J’étais témoin des dernières chansons du concert de Sugarr. C’est un tout jeune groupe et ils n’ont donc pas beaucoup de chansons. En allant au Supersonic, j’avais peur qu’ils soient un groupe de grunge. J’aime bien le grunge, je veux dire : le grunge américain. Les Français ne sont typiquement pas de bons interprètes de grunge, mais, heureusement, les Sugarr ne sont pas du tout grunges : ils sont plus "heavy", un peu "stoner" et "swamp rock." En bref, je pense qu’ils créent un genre de musique entièrement nouveau : retenez bien ce que je suis en train d’écrire…

    La grande déception de la semaine a eu lieu à l’International, le vendredi soir. J’avais voulu voir le groupe The Ramblers, et j’ai été choqué quand un mec m’a arrêté au sommet de l’escalier pour que je paie cinq euros. J’avais pensé que le concert était gratuit – un couvert de cinq euros pour ce concert était excessif, et donc je suis rentré chez moi. Je m’en foutais, mais le vendredi soir a bien confirmé ce que j’avais déjà soupçonnais : l’International est mort, et ça c’est super triste.

    Pelhamonabudget

    https://pelhamonabudget.wordpress.com
    https://emmazmusique.wixsite.com/site
    https://www.facebook.com/caramelizedmusicshit

    Voir aussi : "Comment j'ai raté quelques bons artistes"

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  • Juste quelques minutes d’électro

    9 minutes de Greg Bozo replonge dans une électronique bien loin de ces objets formatés pour pistes de danse et autres plages d’Ibiza. Il s’agit d’une électronique imaginée comme un champ d’expériences acoustiques de Greg Kozo.

    Un vrai retour aux sources vers l’électronique des années 70 et 80 pour l'une des deux têtes de Make The Girl Dance : boucles travaillées, sons découpées avec minutie, rythmique envoûtante et messages subliminaux laissent apercevoir un savoir-faire d’artisan.

    L’influence de Daft Punk est bien présente dans ce premier EP, avec le minimaliste et précis Baangg, dans lequel chaque son semble trouver sa place, avec une belle cohérence d’ensemble.

    Pour Silk, nous voilà dans l’électronique expérimental et sombre des années 70, celle des Kraftwerk. Un signe que Greg Kozo ne dédaigne pas ses classiques. Aride vient délicatement choper un peu de l’influence jarrienne : le sample s’humanise sur des rythmiques familières. Familières et lumineuses, comme le souligne précisément le dernier titre fort justement intitulé Chaleur. 

    Après la parenthèse dorée et hype de Make The Girl Dance, Greg Kozo s’affirme comme un artiste épris de liberté : "J’ai voulu recommencer à écrire seul dans une pièce sans le ping-pong d’écriture avec un(e) chanteur(se). En enlevant les voix, je voulais me rapprocher d’une musique plus intime et spontanée."

    Greg Kozo, 9 minutes, Roy Music / Believe, 2018
    https://www.facebook.com/gregkozo

    Voir aussi : "L'été sera électro dans les maillots"

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  • Comment j’ai raté quelques bons artistes

    Pelhamonabudget nous raconte sa semaine musicale, et hormis quelques surprises, il ne cache pas quelques déceptions. Comme quoi, on ne peut pas tout aimer.

    Toutes mes excuses à Nour, the Bakounines, Vaguess, Marianne Feder, Lewsberg, Mackenzie Leighton et Pizzzb : cette semaine n’a pas été particulièrement couronnée de succès.

    Nour a l’air resplendissante, mais c’est impossible de s’attarder très longtemps au Jazz Café Montparnasse : je n’ai jamais bu un Coca Zéro aussi vite que celui que j’ai avalé là-bas, ce lundi soir, durant une soirée où se produisaient des amis de Nour. Nour ne jouait finalement pas de jazz malgré le fait qu’elle se produisait au Jazz Café Montparnasse. Quant à cet invité, un jazzman violoncelliste, je dois dire que son humour ne m’a pas particulièrement touché.

    Mardi soir, je ne connaissais pas le nom du groupe qui se produisait à l’International. Plus tard, j’ai découvert qu’elles s’appellent Laisse-moi et elles ne sont pas mal, mais c’est surtout dommage que j’ai raté the Bakounines. Je ne m’attarderai pas sur Laisse-moi mais plus sur L’International, qui est franchement décevant. Dans le passé, tous ses concerts étaient gratuits, mais cette fois j’ai été choqué d’être arrêté au sommet de l’escalier pour payer ce concert. Un conseil donc : "Faites gaffe à l’International’. Voilà qui est dit.

    Je voulais voir deux groupes aux Mains d’œuvres le mercredi soir : Lewsberg et PIP, mais je n’ai réussi qu’à voir PIP. Le set d’Os Noctàmbulos , en deuxième partie de la soirée, ne m’intéressait pas : non pas que je n’aime pas ce groupe mais je l’avais déjà vu deux fois. Je me suis donc éclipsé à la fin du concert de PIP, qui en plus ne m’a pas franchement ému. Ils manquent de basse : avec un ou une bassiste ils seraient superbes mais en ce moment il est clair qu’il leur manque cet élément capital. Si j’avais su que PIP manquait d’un bassiste je serais venu plus tard aux Mains d’œuvres pour voir Lewsberg, qui avait l’air véritablement fantastique.

    Le jeudi soir j’ai décidé de rater le concert de Mackenzie Leighton pour soutenir une amie, une chanteuse lyrique, ainsi que son mari, un pianiste de jazz. Ils jouaient à la Galerie One Moment. Je ne comprends pas l’attrait de la musique d’opéra et cet élitisme qui me met mal à l’aise.

    Au Walrus Disquaire Café, ce vendredi soir, j’ai vu Louise Thiolon, et je pense qu’elle est une très bonne artiste. Sa musique est douce. Sa voix aussi. Ses concerts sont cool, mais, cool ou non, le Walrus Disquaire Café était bien trop plein. Je n’ai pas pu regarder son concert trop longtemps : pour ma santé mentale, il a fallu que je quitte la salle. Dommage.

    Le samedi soir, au Supersonic, j’ai vu le remarquable groupe Ruines. Il est uniquement composé d’une batteuse et d’une claviériste. Ce duo arrive à créer une musique intéressante, dense et minimaliste. Les deux musiciennes du groupe chantent, et la voix de la batteuse convient parfaitement à la musique. Ses cris à faire glacer le sang m’accompagneront encore longtemps.

    Aujourd’hui, dimanche 26 mai, j’aurais beaucoup aimé voir le groupe Pizzzb au Centre International de Culture Populaire. Ils ont l’air drôles et j’ai l’impression que leur musique est subtilement et naturellement captivante, mais Louis Lingg and the Bombs était l’autre groupe au Centre International de Culture Populaire. Or, je n’aime pas ce groupe autant qu’il ne m’apprécie pas, et vu que personne ne pouvait me dire les horaires de passage des deux groupes, il a fallu que je rate ce concert, de la plus lâche des manières.

    Pelhamonabudget

    https://pelhamonabudget.wordpress.com
    https://www.facebook.com/laissemoitheband
    https://www.facebook.com/payspaix
    https://www.facebook.com/louisethiolonmusic
    https://www.facebook.com/pages/category/Musician-Band/RUINES-258983630931388

    Voir aussi : "Fast Friends, Daltons, Barricades : je vote oui !"

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  • Les grands espaces de June Milo

    Dans Avril, son dernier EP, June Milo, de sa voix sucrée, aborde des thèmes classiques : l’aliénation amoureuse, l’attente et la séparation. Ce qui l’est moins est la facture pop folk, voire country, à l’instar de Sous l’eau ("Sous l’eau / Arrête l’orage / Il pleut des cordes / À flot / des larmes / Sur ma peau").

    Pour tout dire, ses récits intimes sont autant de déambulations dans les grands espaces américains. Je t’attends brille grâce à l’éclat d’une trompette, donnant à ce joyau sur le thème de l’attente l’allure singulière d’une BO de western. L’aventure sentimentale fait ici figure de terre sauvage et impitoyable à conquérir : "Je t’attends / tu es lent / Tout ce temps que tu prends / Pour me prendre / Vraiment." Sauf qu’il n’y a pas d’issue à cette attente, ou, si issue il y a, elle est au fond de soi et au fond d’un verre. Au sombre et alcoolisé Question d’équilibre de Francis Cabrel, vient répondre l’attente et le "délicieux néant" de June Milo, résignée mais tout autant désespérée : "Quand je bois aux déboires / Je m’accroche au comptoir / Et me noie lentement."

    Si issue il y a, elle est au fond de soi et au fond d’un verre

    La pop enveloppante du titre Avril, qui donne son nom à l’album - et auquel a collaboré Frédéric Lo - parle également de solitude, d’attente mais aussi d’espoir : "S’envolent les saisons / Défilent les idylles /Le soleil j’attends / De juillet en avril."

    Dans la ballade mélancolique L’absent, June Milo chante les séparations ordinaires et déchirantes, mais cette fois à la troisième personne : "Danse avec l’absence / sans son souffle haletant / Dans ton cou brûlant / Ce n’est que le vent."

    Sous L’eau se clôt en douceur sur une dernière ballade plus épurée, De loin. Encore une histoire de d’aventure sentimentale, de voyage sans retour et de grands espaces : "Pour un seul baiser de nous / Je te donnerai ma vie / mais je ne sens que le vent."

    June Milo, Avril, Sixième Étage, 2019
    www.junemilo.com

    Voir aussi : "Chine Laroche, l’outsideuse"

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