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Musiques - Page 10

  • À la cour du Roi Soleil

    Attention, choc musical avec cet album consacré au Te Deum de Jean-Baptiste Lully. L’enregistrement que nous propose le Château de Versailles, dans sa collection des Grands Motets, commence par la plus singulière des manières, avec une œuvre d’un presque inconnu, Jacques Danican Philidor (1657-1708) et sa puissante Marche de timballes, avant une (très) courte Marche Royalle de son frère André Danican Philidor, dit "L’aîné" (1652-1730).  

    Avec cette entrée en matière, nous voilà à plein dans la cour du Roi Soleil. Idéal pour ouvrir l’un le fameux Te Deum de Jean-Baptiste Lully (1637-1687), né Giovanni Battista Lulli. Stéphane Fuget et son ensemble baroque Les Épopées prend à bras le corps cette œuvre composée en 1686 pour le baptême de Louis, le fils aîné du souverain français. La première exécution a lieu le 9 septembre 1677 à Fontainebleau.

    Il faut se laisser imprégner par les vagues orchestrales et les chœurs ( les Pages et les Chantres du Centre de musique baroque de Versailles) pour entrer à la cour du Roi Soleil. C’est là que la musique baroque a connu sa plus étonnante manifestation. Elle a su, grâce notamment à Lully, important surintendant de la Musique de la Chambre du roi, allier luxuriance, magnificence et retenue, souvent dans un objectif politique – disons-le – ce qui a sans doute contribué à la rendre moins visible – ou plutôt moins audible – dans les siècles suivants. 
    On doit au Château de Versailles de rendre hommage à Lully qui fut au XVIIe siècle sans doute l’un des plus grands compositeurs de son temps.       

    La petite et la grande histoire racontent que ce Te Deum fut tragique pour Lully

    Stéphane Fuget et son ensemble des Épopées mettent en valeur l’essence de ce Te Deum, œuvre sacrée autant que profane, avec sa part de pompe (le "Te deum" à l’ouverture) mais aussi de spiritualité ("Pleni sunt caeli et terra", "Quos pretioso sanguine redemisti"). Il y a aussi ces moments de respirations ("Te ergo quaesumus", "Dignare Domine die isto"). Les chroniqueurs de l’époque racontent que le roi fut si ravi de cette œuvre qu’il exigea de "l’entendre plus d’une fois".

    La petite et la grande histoire racontent que ce Te Deum fut tragique pour Lully. Il choisit de le remonter en septembre 1687 pour retrouver les bonnes grâces du roi, agacé par les mœurs dissolues du compositeur. Hélas, lors du concert, c’est en dirigeant ses musiciens et chanteurs que Lully se blesse gravement à l’aide de sa lourde canne. La gangrène gagne rapidement son pied et Lully décède quelques semaines plus tôt.

    Le motet Exaudiat te Dominus de Lully suit habituellement son Te Deum, et c’est tout naturellement qu’on le retrouve dans cet enregistrement du Château de Versailles. Il a été composé en 1687 pour le roi – bien évidemment – à l’occasion d’une bonne nouvelle : la santé recouvrée du souverain après de sérieux pépins de santé.

    Il est vrai que l’allégresse est le terme qui caractérise le mieux l’ouverture du motet, en forme d’action de grâce : "Exaudiat te Dominus in die tribulationis". L’orchestre et les chœurs dirigés par Stéphane Fuget ne sont pas en reste. A l’instar du te Deum, moments d’exaltations et recueillement ("Domine, salvum fac regem") ponctuent régulièrement cette œuvre vraiment attachante. Que l’on pense au bref, délicieux et enlevé "Laetabimur in salutari tuo" ou à l’enflammé "Hi in curribus, et hi in equis".  Avec en prime une action de grâce ("Gloria Patri et Filio"). Louis XIV et Lully le valaient bien, sans doute.

    Et dire que tout s’est terminé avec une vilaine et stupide gangrène au pied !

    Jean-Baptiste Lully, Te Deum, Stéphane Fuget, Les Épopées, Lully – Grands motets, vol. 4, Château de Versailles Spectacles, 2024
    https://boutique.cmbv.fr/fr/lully-te-deum-vol4
    https://www.lesepopees.org/fr

    Voir aussi : "Brahms doublement suisse (et même triplement)"

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  • Un bon rafraîchissement pour les Suites de Bach 

    Les célébrissimes Suites pour violoncelle de Bach trouvent avec Henri Demarquette un nouveau souffle qui ne dépaysera pas les amateurs de classique. Dans le livret de l’album proposé par les éditions Evidence, Erik Orsenna rappelle que ces Suites sont un des quelques miracles qui font l’histoire de l’art. Œuvres copiées par la soprano et seconde épouse de Bach, Anna Magdalena Bach, les Suites furent "perdues" pendant plusieurs siècles avant d’être découvertes au XXe siècle par Pablo Casals. Depuis, elles sont devenues incontournables.  

    Certes, on reconnaîtra instantanément les premières notes du "Prélude" de la Suite n°1 BWV 1007. Par contre, le violoncelliste français choisit de la mener tambour battant (moins de deux minutes), avant de s’engager avec entrain dans la "Courante". Oui, assurément, mine de rien il souffle un vent de fraîcheur dans ces suites pour violoncelle qui font partie de ce qui s’est fait de meilleur en matière musicale. Pas moins.

    L’envoûtement indéniable dans l’incroyable "Sarabande". L’archer d’Henri Demarquette caresse les cordes avec amour, avant les deux "Minuets" et une "Gigue" enjouée. Il faut avouer que des Suites pour violoncelle, on ne connaît que la première. Pire, le premier mouvement. Voilà l’autre intérêt de s’arrêter à cette intégrale, avec par exemple une étonnante Suite n°2 BWV 1008 plus en tension, à l’instar de la "Prélude" que l’on dirait douloureuse, contrebalancée par une "Allemande", vivante et consolatrice. Henri Demarquette s’en empare avec une indéniable virtuosité. Virtuosité encore avec cette "Courante" à la belle densité. On est captivés par la "Sarabande" de cette deuxième Suite. Elle se déploie avec élégance mais aussi ce je ne sais quoi de mélancolie, comme si l’on était au bord d’un gouffre métaphysique. À qui parlait Bach lorsqu’il composait ce mouvement ? Qu’importe.

    L’auditeur se laissera vite embarqué par cet enregistrement à la fraîcheur indéniable. Arrêtons-nous deux secondes sur la suite "Minuets I & II". Ces menuets rappellent que Bach clôt avec génie la période baroque et une élégance hors-pair. Le rythme est au cœur de cette partie irrésistible et d’une belle fraîcheur. La "Gigue" qui vient conclure la deuxième suite a un souffle plus singulier encore. Bach y voit une manière de revenir aux traditions musicales de son pays, avec cet enthousiasme que retranscrit Henri Demarquette. 

    Mine de rien il souffle un vent de fraîcheur dans ces suites pour violoncelle

    La Suite n°3 BWV 1009 commence par un "Prélude" rutilant et impressionnant dans sa célérité, demandant au violoncelliste une virtuosité impeccable qui rend la modernité à cette entrée en matière. Suit une "Allemande" plus complexe mais aussi plus alerte. Autant certainement que la "Courante" de cette troisième Suite, avant la somptueuse et mélancolique "Sarabande".

    L’auditeur sera surpris d’entendre ces "Bourrées I & II" d’une singulière modernité. Captivantes, elles sont sans nulle doute, avec la "Sarabande", l’une des pièces maîtresses de cette Suite n°3. Elles viennent appuyer la conclusion donnée par une délicieuse "Gigue". Henri Demarquette s’en empare avec un plaisir intact et une solide maîtrise, indispensable pour qui veut s’emparer de ces œuvres de Bach.  

    Dans son double album, le deuxième disque est consacré aux Suites N° 4, 5 et 6. Véritable marathon musical donc pour s’approprier ce qui est un des joyaux du répertoire classique occidental. Le magique dans l’histoire est que le compositeur allemand parvient à surprendre son auditeur en dépit de la structure identique : prélude, allemande, courante et sarabande. Après s’être joué du rythme dans le "Prélude" de la Suite n°4, Bach choisit de construire son "Allemande" comme une onde nonchalante mais néanmoins enjouée. Moins vive cependant que sa Courante" à la fois joyeuse et espiègle. On remarquera dans cette quatrième Suite pour violoncelle sa durée sensiblement plus longue que pour les précédentes. Ce que confirment les deux Suites suivantes. La "Sarabande" de la quatrième ne déroge pas à cette remarque. Elle se déploie tel un adagio poignant. Les "Bourrées I & II" viennent apporter de la fraîcheur et de la vitalité, avant une "Gigue" dans le plus pur style du Kantor de Leipzig.

    L’ouverture ("Prélude") de la cinquième Suite BWV 1011 cueille à froid l’auditeur : lente, sombre pour ne pas dire funèbre, avant de se déployer dans toutes ses couleurs. Pour l’"Allemande", Henri Demarquette utilise toute la palette de son instrument, avec un mélange de virtuosité et de fraîcheur. Après une "Courante" menée efficacement, l’auditeur trouvera la "Sarabande" de la cinquième Suite poignante dans sa singulière pureté. Bach surprend avec le choix de la gavotte pour l’avant-dernière partie. Il s’agit de danses traditionnelles. Le compositeur allemande s’approprie ces rythmes populaires pour en faire des œuvres d’art passionnantes et touchantes. Comme pour les autres Suites, une "Gigue" vient conclure la cinquième avec une grâce indéniable.

    Terminons avec la Sixième et dernière Suite BWV 1012. L’auditeur y trouvera une légèreté que n’avait certes pas la précédente œuvre. La virtuosité est indispensable pour qui veut bien s’emparer de passages à la fois dangereux et fascinants ("Prélude"). L’"Allemande" qui la suit est le plus long morceau de l’album. Lent, nostalgique, mélancolique, cette partie séduit par sa simplicité. Après une "Courante" à la jolie prestance, place à une "Sarabande". Là encore, Bach prouve qu’il est à jamais indissociable de cette danse. Cette sarabande se déplie avec onctuosité. Le violoncelle lui donne des allures de chant humain amoureux.

    On a souvent vanté, à juste titre, les vertus pédagogiques de ces Suites. Il faut ici les écouter – et c’est toute la qualité de l’enregistrement d’Henri Demarquette – comme de vraies créations musicales où l’âme de Jean-Sébastien Bach se livre, à l’instar de cette superbe sarabande. Une nouvelle fois, c’est la gavotte ("Gavottes I & II") qui est au cœur de l’avant-dernière partie des Suites pour violoncelle de Bach. Bach magnifie la gavotte comme jamais. Henri Demarquette est impeccable ici dans l’interprétation majuscule, avant la "Gigue" toute en nuances de la sixième Suite, rafraîchissante comme tout le reste du double album.  

    Jean-Sébastien Bach, Suites pour violoncelle, Henri Demarquette, Evidence, 2024
    https://henridemarquette.fr
    https://evidenceclassics.bandcamp.com/album/bach-the-complete-cello-suites
    https://www.facebook.com/evidenceclassics/?locale=fr_FR
    https://www.facebook.com/HenriDemarquetteOfficiel/?locale=fr_FR

    Voir aussi : "Brahms doublement suisse (et même triplement)"

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  • C’est le moment pour Vanessa Philippe

    Il y a deux ans, Vanessa Philippe sortait Soudain les oiseaux, un opus aussi formidable que bouleversant. L’artiste y parlait de la mort soudaine de sa sœur. Il est d’autant plus enthousiasmant de revoir Vanessa Philippe dans son nouvel album, L’Amour c’est chiant, que la musicienne revient avec une œuvre plus apaisée où la force reste à la vie et à l’amour.

    Dans une facture chanson française et électro-pop, Vanessa Philippe continue à s’adresser à sa défunte sœur, mais cette fois sous forme d’un adieu qui n’en est pas un, avec un titre éloquent : "La nuit repart" : "Je vois / Dans ton départ / Quelque chose / De l’arrogance / Je sens / A ton départ / Un au revoir / Qui n’en est pas".  

    La chanteuse, également réalisatrice de ses formidables clips multi primés, a beau parler d’amour ("Embrasse-moi") et s’affirmer comme une vraie poétesse ("Au bord du ciel" : "M’asseoir au bord du ciel / Tout près des étoiles / Les mains dans la nuit / Du fleuve / Je nage dans les nuages"), elle peut se laisser aller au spleen, voire à la profonde mélancolie lorsqu’elle parle du "temps qui passe" ("Je cours devant") ou bien lorsqu’elle parle de sa sœur qui lui manque toujours ("C’est quand / La dernière fois / Celle où j’étais / Dans tes bras… C’est quand / La dernière fois / Où on / Riait tout bas… Qu’on jouait / Seuls toi et moi", "La dernière fois").

    Il y a dans ce formidable opus un univers attachant que la musique vient accompagner et jamais étouffer

    Elle chante avec une voix juvénile, avec une simplicité désarmante ("Clair de lune"). Avec la même économie de moyens, Vanessa Philippe parle des tourments de l’amour qui nous laissent souvent démunis ("Tu me manques quand t’es pas là / Tu me manques quant t’es là", "L’amour c’est chiant"), lorsque ce n’est pas la vie elle-même qui se dévoile comme absurde ("On n’y peut rien / Si le ciel est mouvant / Si la terre est mouillée / Ce n’est pas le moment", "Sous les violons"), avec la mort et la souffrance jamais tout à fait absents dans des titres très personnels (le mystérieux et sombre "Jeanne", dédié à sa grand-mère).

    Il y a dans ce formidable opus un univers attachant que la musique vient accompagner et jamais étouffer. Vanessa Philippe se révèle en artisane, travaillant quasi seule au son comme à l’image (nous parlions de ses clips, à découvrir eux aussi absolument). Fragile et forte, poétesse et musicienne, sombre et non-dénuée d’humour, on ne peut que se féliciter de voir une telle personnalité sur la scène française, capable de punchlines qui restent dans la tête ("Beauté fatale / Est-ce que sans toi / Je me tire une balle", "Beauté fatale").

    C’est le moment vraiment de la découvrir, si ce n’est pas déjà fait.

    Vanessa Philippe, L’Amour c’est chiant, Le Poisson Spatial, 2024
    https://www.vanessaphilippe.com
    https://www.facebook.com/vanessaphilippemusic
    https://www.instagram.com/vansphi
    https://www.youtube.com/channel/UCrOo-oJyf-lzK6NHjqnyHqA

    Voir aussi : "Soudain, Vanessa Philippe"
    "L’amour, comme un jeu vidéo"
    "Pas la dernière pour Vanessa Philippe"
    "Encore un mot d’Alba"

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  • Brahms doublement suisse (et même triplement)

    On connaît plus Brahms pour ses œuvres pour piano, ses Danses hongroises, ses Symphonies ou son Requiem allemand que pour ses Sonates pour violon et piano. Elles n’en restent pas moins essentielles pour qui se passionne pour le compositeur romantique allemand. Rachel Kolly d'Alba au violon et Christian Chamorel au piano, deux brillants et demandés instrumentistes suisses proposent les trois sonates pour violon et piano dans un tout récent enregistrement d’Indésens Calliope

    Dès le premier mouvement "Vivace ma non troppo" de la première sonate op. 78 nous voilà transportés dans un beau voyage à la fois aérien et vivifiant. Peu dissert en matière d’indications de jeu, Brahms aurait sans doute apprécié ce jeu tout en finesse – "à la française", même si ce sont deux musiciens suisses qui s’emparent de l’affaire. Le romantisme, ici, est synonyme de pudeur et de retenue, jusqu’aux dernières notes aux belles envolées.

    Au sujet du 2e mouvement "Adagio", il faut parler de ce qui en fait le cœur : la mort prématurée de Félix Schumann, le fils de ses amis Robert et Clara Schumann, à l’âge de 24 ans. Nous sommes en 1878, date de composition de la sonate. Brahms pense bien évidemment à sa chère Clara lorsqu’il écrit ce mouvement à l’accent funèbre et pathétique. Il lui conseillera par ailleurs de le jouer "très lentement". Clara Schumann vouera une très grande gratitude à Brahms pour cette composition grave et bouleversante.  

    Cette première sonate est habituellement surnommée "Sonate de la pluie". C’est précisément le troisième mouvement "Allegro molto moderato" qui évoque le mieux cette expression. Faussement léger et vraiment vivifiant, Brahms se fait coloriste autant que musicien. Les gouttes d’eau mais aussi les larmes tombent, comme un rappel à la tristesse qui étreint à l’époque le couple Schumann suite au décès de leur fils de 24 ans. Vie et mort semblent ainsi se partager le terrain. Brahms ne l’oublie pas qui demandera à son éditeur de verser ses honoraires pour cette œuvre à ses amis. Et à sa chère Clara, bien entendu. 

    "Aucune œuvre de Johannes ne m'a ravie aussi complètement"

    Sept ans après cet opus, Brahms récidive avec une deuxième sonate pour violon et piano op. 100 qu’il compose cette fois en Suisse, sur les rives du lac de Thoune, près de Berne. Tiens, tiens. Voilà, qui rend la version helvète de Rachel Kolly et Christian Chamorel particulièrement intéressante et éloquente. Le deuil des Schumann semble être loin dans cette œuvre apaisée, pour ne pas dire poétique et lumineuse. Rachel Kolly et Christian Chamorel s’en emparent avec grâce et une certaine volupté, à l’instar du premier mouvement "Allegro amabile".

    Le romantisme est à l’œuvre, alors que le XIXe siècle décline doucement et que la modernité est sur le point de frapper à la porte. Mais la place est encore à la mélodie et à l’harmonie, avec un "Andante tranquillo – Vivace" d’une belle richesse, balançant entre le calme, la douceur amoureuse et la joie de vivre. Joie de vivre encore avec le dernier mouvement "Allegretto grazioso (quasi andante)" tout en prestance et en retenue, se déployant pourtant peu à peu jusqu’à l’expression de la passion amoureuse qui vient surprendre l’auditeur, tant ce mouvement frappe par sa relative brièveté (un peu plus de cinq minutes) et son efficacité. Clara Schumann – toujours elle – a vu dans cette deuxième sonate une œuvre brillante et joyeuse – l’une des meilleures sans doute de Brahms – qui a sans nul doute dû contribuer à apaiser ses tourments : "Aucune œuvre de Johannes ne m'a ravie aussi complètement. J'en ai été heureuse comme je ne l'aurai été depuis bien longtemps", écrit-elle à son ami Johannes Brahms.  

    La troisième sonate op. 108 a la première particularité d’avoir été composée sur une relative longue période, de 1878 à 1887. Brahms l’a lui même jouée lors de sa première à Budapest en 1888. Par rapport aux deux premières sonates, celle-ci comporte quatre mouvements et non pas trois. Nous sommes là dans une œuvre écrite avec un soin particulier par un artiste qui, au crépuscule de sa vie, n’a plus rien à prouver. L’aisance est là, la maîtrise aussi. Brahms se joue des mélodies, des variations, du rythme, donnant au premier mouvement "Allegro" une palette de couleurs pour ne pas dire de sentiments… et de saisons. En parlant de saisons, n’est-ce pas l’automne qui s’annonce dans le deuxième mouvement "Adagio" ? Lent et nostalgique, Brahms y parle sans nul doute de cette vieillesse et du temps qui passe. Notons par ailleurs que le violon est un peu plus mis en avant que dans la précédente partie. Le violon mais aussi, singulièrement, le silence.

    Plus court (moins de trois minutes), le mouvement "Un poco presto e con sentimento" ressemble à une friandise délicate, une sorte de danse que l’on imagine avoir été composée avec plaisir et gourmandise par Brahms. La sonate se termine par un final du plus bel effet. Il est joué "presto agitado" par les deux interprètes suisses. Vif, vigoureux et nerveux, le mouvement clôt la sonate avec majesté.  

    C’est là qu’il faut parler de la dernière sonate pour violon et piano qui clôt cette intégrale. Il s’agit du Scherzo en do mineur WoO 2. Un seul mouvement donc pour cette œuvre qui fait en réalité partie d’une sonate en quatre mouvements composée à trois par Robert Schumann, Albert Dietricht et Johannes Brahms qui s’est occupé du troisième. Cette œuvre commune est surnommée "F.A.E." pour "Frei Aber Einsam" ("libre mais solitaire"). Composée en 1853, elle est précoce dans la carrière de Brahms, et a été écrite en hommage au violoniste Joseph Joachim. C’est la jeunesse, la fougue et l’enthousiasme qui caractérisent ce "Scherzo" souvent joué seul et qualifié à raison de sonate à part entière. L’auditeur ne devra pas passer à côté de cet opus interprété avec virtuosité, tendresse et fraîcheur par Rachel Kolly et Christian Chamorel. L’un des plus beaux hommages au compositeur romantique, sans aucun doute. À l’époque, il n’avait que vingt ans.

    Johannes Brahms, Violin Sonatas, Rachel Kolly (violon) & Christian Chamorel (piano),  
    Indésens Calliope, 2024
    https://indesenscalliope.com/boutique/brahms-sonatas
    http://rachelkolly.com
    https://www.facebook.com/rachelkolly
    https://www.facebook.com/rachelkolly
    https://christianchamorel.ch
    https://www.facebook.com/chrischamorelpiano

    Voir aussi : "Cher maître, doux élève"
    "Pour l’amour de Clara"

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  • Cher maître, doux élève

    Le baroque. Voici un genre musical qui était, dans les années 80, très populaire dans la musique classique – et même populaire dans la musique tout court. C’est avec un bonheur évident que l’on retrouve, dans l’album Dolce Pupillo, mené par Sonia Prina, Luan Góes et l’ensemble Les Furiosi Galantes, une compilation d’œuvres pour l’essentiel italiennes – et vocales.

    Tout d’abord, un mot sur le titre donné à cette compilation d’airs baroques. "Dolce pupillo", littéralement "doux élève",  rend hommage à la transmission maître-disciple, chaque morceau constituant une sorte de fil parental entre des compositeurs européens, qu’ils soient connus – Händel, Vivaldi, Scarlatti – ou plus au contraire confidentiels – Porpora, Bononcini ou Lotti.

    Dans la présentation du disque (on ne saurait, au passage, que conseiller aux auditeurs de se procurer l’album au format physique), Luan Góes explique que "chaque plage [du] disque est consacré à un compositeur successivement en lien (maître-élève) avec le suivant". Ainsi, le premier compositeur Nicola Porpora est suivi d’Alessandro Scarlatti, un de ses élèves, pareillement pour Händel suivi de  Vivaldi. Quant à Vivaldi, il a son pendant et élève en la personne de Johann Kaspar Kerll. Voilà qui est une idée à la fois géniale et pertinente, pour ne pas dire unique dans l’histoire de l’édition musicale.  Pour mener ce projet artistique passionnant, il y a deux artistes, le contre-ténor et chef d’orchestre Luan Góes – justement – et l’excellente contralto italienne Sonia Prina.  

    Nous voici dans un voyage baroque entre le XVIIe et le XVIIIe siècle, période capitale dans le développement et le mûrissement de la musique classique. On ne saura jamais exprimer l’étonnement et l’admiration pour cette relative période qui a su faire émerger tant de génies – parfois méconnues – et d’œuvres éclatantes, colorées et au rythme parfois infernal l’aria "Empi se mai disciolgo" de Nicola Porpora dans l’opéra Germanico in Germania). Voilà qui tranche singulièrement avec son élève Scarlatti et son paisible "Dormi o fulmine di guerra" dans l’oratorio La giuditta (Nutrice). 

    Une idée à la fois géniale et pertinente, unique dans l’histoire de l’édition musicale

    Sonia Prina et Luan Góes se succèdent quand ils ne chantent pas en duo avec bonheur, que ce soit avec le "Son nata a lagrimar" de l’opéra Giulio Cesare de Händel ou le duetto "Pur ch’il and’io m’infiammo" de Giovanni Legrenzi. L’auditeur se plongera avec curiosité et sans aucun doute émerveillement sur des morceaux vocaux typiques du baroque : instruments anciens, timbres angéliques de contre-ténor (masculin) et contralto (féminin), sans compter l’expressivité des airs, si typiques de ce mouvement musical.

    Quelques morceaux sont certes purement instrumentaux, à l’instar de la Sinfonia Dorilla in Tempe de Vivaldi, la Sinfonia de l’oratori  Mosè de Giovanni Paolo Colonna, celle de l’opéra Alcina d’Händel, la Sonate XII pour deux violons solistes de Johannn Kaspar Kerll, très admiré en son temps par ses contemporains et un extrait du Concerto d’Henrico Albicastro. On retrouvera pareillement les "stars" du classique que sont Vivaldi (l’énergique et très vivaldien "Gelido in Ogni Vena", extrait de son opéra Farnace ou Händel, avec des extraits de ses opéras Giulio Cesare, Partenope et Alcina.  

    L’auditeur ira de découverte en découverte dans cet album au parfum onctueux et sucré qui va si bien au répertoire baroque. Pensons au magnifique et bouleversant aria "l’Augeletto finché stretto nel suo carcere" de Giovanni Bononcini interprété avec délicatesse par Sonia Prina ou, de la même chanteuse, le délicat "Discordi Pensieri" d’Antonio Lotti, l’un des maîtres du plus célèbres Carissimi. Parlons justement de Giacomo Carissimi, à l’honneur et interprété en duo par Sonia Prina et Luan Góes. A ce sujet, l’auditeur s’arrêtera sur le relativement court aria – un peu plus de deux minutes – "Rimanti in pace omai". Carissimi est resté comme l’inventeur de l’oratorio et est devenu un personnage capital dans la musique baroque – l’un des plus grands compositeurs italiens d’après certains.

    Le compositeur Agostino Steffani, l’un des élèves de Johann Kaspar Kell a droit à deux morceaux, dont un court récitatif de l’opéra Tassilone, suivi d’un aria, "Deh, non far colle tue lagrime al moi cor la morte amara". Luan Góes met toute son expressivité dans cet air bouleversant. Steffani est encore présent plus loin dans l’album avec un autre aria, le "Lumi, potete piangere". On est là dans une œuvre dont la retenue sied parfaitement bien au contre-ténor brésilien. Pouvons-nous dire que nous découvrons là une des plus belles voix baroques masculines actuelles ?

    On saluera la puissance, l’énergie, les couleurs et la sensualité des deux interprètes vedettes de l’album. Il n’y a qu’à écouter le "Furibondo spira il vento" de l’opéra d’Händel, Partenope, sans aucun doute l’un des plus beaux moments de l’opus. Sonia Prina, incroyable de maîtrise et de virtuosité, propose un morceau qui restera longtemps dans les mémoires.

    Le duo maître-élève Händel-Bononcini viennent clore un album fort bien conçu qui nous parle finalement de la transmission du Baroque, un genre musical entré dans la postérité et qui est l’une des meilleurs portes d’entrée vers la musique classique.

    Dolce Pupillo, Sonia Prina & Luan Góes, Les Furiosi Galantes, Indesens Calliope Records, 2024
    https://indesenscalliope.com/boutique/dolce-pupillo
    https://www.facebook.com/luangoescontretenor
    https://www.instagram.com/soniaprina13

    Voir aussi : "Pour l’amour de Clara"

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  • 5 femmes

    L'album Filiations du label Présences Compositrices est consacré à trois compositrices. La plus connue, Nadia Boulanger (1887-1979), côtoie Elsa Barraine (1910-1999) et Henriette Puig-Roget (1910-1992). En dépit de leurs états de service – compositrices, instrumentistes hors pair, pédagogues et toutes trois Prix de Rome – c’est le silence ou, au mieux, le dédain poli qui ont fait écho à leur carrière. Injuste ! Une injustice que proposent de réparer deux autres femmes, la soprano Clarisse Dalles et la pianiste Anne Le Bozec. Elles interprètent un choix de chansons et d’airs de ces trois musiciennes du XXe siècle que beaucoup d’entre nous découvrons ici. Il était temps.  

    La première compositrice qui a l’honneur de cet album est Nadia Boulanger. Sa sœur Lili Boulanger a certes eu droit à la postérité grâce à ses mélodies régulièrement jouées. Ce n’est pas le cas pour Nadia. Clarisse Dalles et Anne Le Bozec sortent de l’ombre trois chansons à la facture très musique française du début du XXe siècle. Nadia Boulanger a mis en musique deux poèmes de Camille Mauclair (le cruel et romantique "Elle a vendu mon cœur", "Le couteau") et des textes de Verlaine ("Soleil couchants"), Georges Delaquys ("Les lilas sont en folie") et un "Cantique" de Maurice Maetelinck. L’auditeur s’arrêtera sans doute sur ce dernier titre à la fois mélodieux délicat et d’un fort mysticisme ("A toute âme qui pleure / A tout péché qui passe / J’ouvre au sein des étoiles / Mes mains pleines de grâce"), puisqu’il est tiré de Sainte Béatrice, écrit en 1900 par l’écrivain belge. Cette chanson lumineuse est contrebalancée par le sombre "Couteau" ("J’ai un couteau dans l’cœur / - Une belle, une belle l’a planté").

    Passons à Elsa Barraine qui est la première grande découverte de cet album de Présences Compositrices. Il faudrait une chronique entière sur elle pour parler de son parcours : élève de Dukas, Prix de Rome à 19 ans pour une cantate consacrée à Jeanne d’Arc (La Vierge guerrière), elle devient une instrumentiste demandée et chef de chœur, en même temps qu’elle s’engage pour la culture populaire en pleine période du Front Populaire. Communiste, elle s’engage dans la Résistance en pleine seconde guerre mondiale. Après la Libération, son engagement est intact alors qu’elle devient une compositrice de musiques de film et de pièces de théâtre (ses commanditaires se nomment Jean Grémillon, Jacques Demy, Charles Dullin ou encore Jean-Louis Barrault). 

    Sacrée découverte !

    Ce sont ici cinq chansons d'Elsa Barraine qui sont proposées. On est frappé par la diversité des influences. À une mise en musique très classique du premier Nobel de Littérature Sully Prudhomme ("Ne jamais la voir") succède un poème d’Armand Foucher ("Pastourelle"). On entre ici dans la modernité et, musicalement, Erik Satie dans la retenue et Olivier Messiaen dans la composition moderne, ne sont pas loin dans ce texte bucolique et régionaliste : "Paissez mes moutons dans la plaine, / La bonne herbe de la Lorraine, / Mes beaux moutons blancs".  Plus étonnant, c’est l’auteur chinois du VIIIe siècle Xuanzong qui a les honneurs de la compositrice avec un "Chant des marionnettes". Dans cette chanson courte (moins de deux minutes), Elsa Barraine s’amuse du rythme syncopé, à la fois hommage à la culture chinoise et plongée dans la musique contemporaine dans ces années de composition bouillonnantes (1934 et 1935). Autre audace moderne encore avec cette fois une mise en chanson à la facture musique française du XXe siècle de deux textes… de l’écrivain, poète et musicien indien Rabindranath Tagore. Ce sont les délicieux airs "Je suis ici pour te chanter des chansons" (Tagore n°15) et "Je ne réclamerai rien de toi" (Tagore n°54). Les couleurs, les nuances, les rythmes et la voix claire de Clarisse Dalles montrent l’audace d’Elsa Barraine, compositrice hardie, passionnante, romantique et même romanesque. Une sacrée découverte !    

    Henriette Puig-Roget a les honneurs de la seconde moitié de l’album avec un inédit, le cycle Le temps de la solitude, publié à la SACEM en 1942. La compositrice a mise en musique douze mélodies sur L’Offrande lyrique de Rabindranath Tagore – de nouveau –, poèmes qui avaient été traduits par André Gide. On navigue dans ces chansons mystérieuses où la nature omniprésente reflète les tourments exprimés par Clarisse Dalles et Anne Le Bozec. Ce sont les saisons éphémères, les "vagues bruyantes" ("Absence", Tanagore n°21), les lourds nuages et la plage déserte ("Plante", Tanagore n°18), les nuits d’orage et la "menaçante forêt" ("Orage", Tanagore n°23) ou "la pluvieuse obscurité de Juillet" ("Séparation", Tanagore n°84). On peut bien parler de naturalisme musical dans cette œuvre singulière qui sert de pont entre un classique de la littérature indienne et la musique française moderne. Clarisse Dalles au chant et Anne Le Bozec au piano choisissent la simplicité dans cette œuvre aux mille couleurs. La modernité de Henriette Puig-Roget est évidente dans cet opus que l’on découvre, à la fois d’une contemporanéité réelle et aux vagues mélodiques touchantes (le délicieux "Promesse", Tanagore n°44).

    Audacieuse, Henriette Puig-Roget l’est tout autant dans l’étonnant "Éveille-toi". Elle s'inspire là encore du poète indien Rabindranath Tagore (Tanagore n°55). Elle en fait un titre énergique, insistant, rythmé, typique de cette période de composition à la fois sombre (nous sommes en 1942) et riche de ses recherches musicales. Il semble contrebalancé plus loin par l’onirique et debussyen "Sommeil" (Tanagore n°47). On invitera l’auditeur à se procurer l’album dans sa version physique afin de découvrir les textes poétiques du Prix Nobel de Littérature indien. On peut penser à ce texte tiré de la chanson "Là-bas", Tanagore n°63 : "Tu m’as fait connaître à des amis que je ne connaissais pas. Tu m’as fait asseoir à des foyers qui n’étaient pas le mien. Celui qui était loin, tu m’as ramené proche et tu as fait un frère de l’étranger."

    L’altruisme, la générosité et l’amour (le vibrant et joyeux "Toi seul", Tanagore n°38). Tels sont les thèmes centraux de ce cycle. L’ambition littéraire de ces poèmes mis en musique est évidente, que ce soit dans "Le Bien véritable", Tanagore n°17 ou le sobre hommage à un "intime" ("Lui", Tanagore n° 72). L’œuvre d’Henriette Puig-Roger – ainsi que l’album – se termine avec la chanson "Évasion" (Tanagore n°42). C’est une invitation au voyage que propose le génie indien et la compositrice française en touches impressionnistes. Cette ode à la nature et à la liberté est aussi un bouleversant chant sur notre mort inéluctable : "N’est-il pas temps de lever l’ancre ? Que notre barque avec la dernière lueur du couchant s’évanouisse enfin dans la nuit".

    Filiations, Nadia Boulanger, Elsa Barraine et Henriette Puig-Roget, Filiations, Clarisse Dalles (soprano) et Anne Le Bozec (piano), Présence Compositrices, 2024
    https://www.presencecompositrices.com

    Voir aussi : "Résurrection"
    "Compositrices et compositeurs, une frise chronologique"

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  • Avant les Grandes Panathénées

    Figure singulière de la scène française, Louis Arlette a su tracer sa route entre chanson française, rock, sons électro, influences orientales ("Lapis lazuli") et poésie. Une poésie que le musicien avait pleinement assumé dans son précédent opus, "Sacrilège" consacré à de grands noms de la littérature.

    Le voici de retour avec un nouvel album, le bien nommé Chrysalide, qui sonne autant comme une renaissance qu’une redécouverte. Un voyage entre l’Abyssinie et Amsterdam ("Amsterdam en peine"), en passant par Babylone, le zoo de Vincennes, Troie et la Rome d’Énée.

    Dès le premier morceau, "Lapis lazulis", nous voici dans son univers onirique, préambule à un opus d’une rare qualité d’écriture. Louis Arlette fait le choix du parlé-chanté dans cette pérégrination au titre éloquent, "Magnifique" : "Alors y’aura : / Athéna, Énée, et moi… / Mais oui, je sais,  / J’étais pas né / Pendant les grandes Panathénées". 

    Zéro calcul pour Louis Arlette qui se livre ici comme rarement

    Contemporain et bien dans son époque, Louis Arlette ne s’interdit pas de puiser dans les mythes et les traditions gréco-romaines, à l’instar du petit joyau d’écriture qu’est "Dis donc, Énée", construction poétique, "Un récit sans fin ni début / Psychédélique / Ex-libris / Ou bien délirant délice". Sans oublier le gothique et pop-rock "Sardanapale", rendu célèbre par le tableau de Delacroix.

    Les mots de Louis Arlette s’imposent dans cette chanson française ou les sons urbains ne sont pas en reste, à l’instar de "Babylone + calories Calimero", le plus long morceau de l’opus. Le chanteur se lance dans un slam incroyable. Zéro calcul pour Louis Arlette qui se livre ici comme rarement.  

    Il y a du Serge Gainsbourg dans cette manière de jouer des mots, des images frappantes et des rimes en usant le talk-over. Louis Arlette ose le grand écart séduisant entre l’antique et l’hyper-moderne. À l’écoute des titres rap "Samsung enragé" mais aussi de "Croque Odile", c’est un autre artiste qui vient en tête : MC Solaar. Sens du rythme, écriture précise, jusqu’au timbre de Louis Arlette.    

    Voilà un beau voyage en neuf titres, dépaysant, poétique, soufflant un vent de fraîcheur par un artiste qui impose son univers avec audace. 

    Louis Arlette, Chrysalide, Le Bruit Blanc, 2024
    https://www.facebook.com/louisarlette
    https://www.instagram.com/louisarlette

    Voir aussi : "Louis Arlette, classique et moderne"

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  • Mat Hilde rêve de gloire

    Focus aujourd’hui sur Mat Hilde, une chanteuse qui s’est faite désirée quelques années – maternité oblige – avant de revenir avec un nouveau single intitulé "Rêve de gloire".  

    En 2012, la jeune artiste de 27 ans remporte le prix Talent Europe 1 et signe par la suite un contrat avec Universal Publishing qui l'a accompagnée sur le développement de son premier EP. La suite c’est Taratata, ainsi que des premières parties d'Olivia Ruiz, d'Izia ou de Tom McRae.

    Mat Hilde chante son besoin de musique, de reconnaissance et finalement pouvoir accomplir un rêve de beaucoup d’artistes : "Rêve de gloire / Je veux du rouge sur le tapis / Je veux de l'or sinon tant pis / La fille dans le miroir / Tous ses doutes elle les a laissé dans le noir / Elle a trouvé une autre issue loin du brouillard".

    On saluera la production soignée du single comme la qualité du clip. Mat Hilde se relance grâce à ce single, préambule, on n'en doute pas, à un futur album. Du moins, espérons.

    Mat Hilde, Rêve de gloire, 2024
    https://www.youtube.com/@mathilde86
    https://www.facebook.com/Mat-Hilde
    https://www.instagram.com/mat_hilde_music/?hl=fr

    Voir aussi : "Mat Hilde est revenue"

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