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Séries et TV - Page 5

  • Flow de neige, de sons et de baisers

    Pas de doute : Tayc est bien l’un des artistes français de l’année. Après ses succès musicaux, sa victoire à l’émission Danse les Stars, le voici dans une des séries à succès de Netflix, Christmas Flow.

    Mini-série en trois épisodes, Christmas Flow peut de fait être catalogué comme un film de Noël : a priori, rien que du très classique pour un genre presque aussi vieux que le cinéma. Au programme de cette fiction : de la neige, des réveillons, des cadeaux à gogo, un homme et une femme bien mal assortis mais tombant dans les bras l’un de l’autre, du romantisme et des familles alambiquées qui vont tout compliquer.

    Voilà un sujet très traditionnel donc, sauf que les créateurs ont choisi un angle d’attaque assez inédit pour cette histoire de conte de Noël. Marcus (Tayc), rappeur de son état, doit se dépatouiller avec un mini-scandale en raison de propos sexistes dans une de ses chansons. Pour redorer le blason de l’artiste, son producteur imagine de le lancer sur un nouveau projet musical : une chanson de Noël. Au même moment, Marcus croise Lila (Shirine Boutella), une journaliste féministe très engagée. Évidemment, elle reconnaît le rappeur et le toise. Les deux vont pouvoir se croiser cependant, à la faveur de cadeaux intervertis.

    De la neige, des réveillons, des cadeaux à gogo et un homme et une femme bien mal assortis

    On ne fera pas la fine bouche sur ce "miracle de Noël" : les créateurs ont eu la maligne idée de faire rentrer dans la danse un rappeur sympa mais un tantinet sexiste, son amie Mel (Camille Lou), parfaite en fille superficielle, et surtout le trio de militantes féministes, Lila, Alice (Marion Seclin) et la formidable Aloïse Sauvage dans le rôle de Jeanne. Voilà qui promet de faire des étincelles et d’interroger avec légèreté les bouleversements sociaux de la France contemporaine, à commence par les droits des femmes.

    Je ne vous spolierai pas si je vous dis que tout se terminera pour le mieux, au milieu de baisers, de flow de musiques et de flocons de Noël. Avec de gros coups de cœur pour Taïc, Shirine Boutella et Aloïse Sauvage. 

    Christmas Flow, mini-série de Henri Debeurme,Victor Rodenbach,Marianne Levy,
    avec Tayc, Shirine Boutella, Marion Séclin, camille lou,aloise sauvage et estelle meyer

    https://www.netflix.com/fr/title/81214396

    Voir aussi : "Sauvage !"

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  • Familles de patineuses (et de patineurs)

    Et si l’on donnait une nouvelle chance à la très bonne série Spinning Out dont on apprend que la saison 1 ne sera pas reconduite par Netflix. Dommage pour ce qui s’annonçait comme un début de saga familiale tout à fait intéressante, dans le milieu – et ce n’est pas la moindre de ses qualités – du patinage artistique.

    Ce sport fait figure de véritable drogue pour les principaux protagonistes de cette série mêlant sport, romance, secrets de famille et amitiés.

    Au cœur de Spinning Out il y a d’abord la fille, Kat (ou Katarina), sportive-née mais dont une chute sérieuse au cours d’une compétition a cassé sa carrière : finis pour elle les pirouettes, les sauts et les combinaisons techniques. Chez les Baker, tous les espoirs se portent donc sur la cadette, Serena, à la technique hors-pair et dont les prochains Jeux Olympiques lui sont promis. Leur mère Carol Baker – on verra plus tard réapparaître son mari avec qui elle est divorcée – fait de ses deux filles des rivales. Elle engage un entraîneur pour Serena et semble faire peu de cas de Kat.

    Pour Kat, une nouvelle chance de patiner à haut niveau survient à la faveur d’un sémillant – et insupportable – sportif, Justin. Il recherche une partenaire pour patiner en double. Et devinez à qui il pense ?

    Il faut souligner l’incroyable challenge qu’a été le tournage de ces scènes de patinage

    Bon, je sais ce que vous allez dire : une romance sur patins est quelque chose qui semble plutôt convenu. Sauf que le miracle marche : la série a beau fonctionner comme une belle machine, on est séduits par les personnages en raison de leurs failles étonnantes, de leurs dérapages incontrôlés (à tout point de vue) et par les déchirements familiaux au sein des Baker.

    Parmi les interprètes, un gros coup de cœur pour deux des actrices principales : January Jones en mère bipolaire et sachant haïr et aimer avec la même conviction et Willow Shields, en adolescente tour à impressionnante sur patin, insupportable, jalouse, tête-à-claque, séduisante et ne devenant jamais aussi touchante que lorsqu’elle s’égare. Et n’oublions pas non plus Kaya Scodelario, capable de tenir sur ses frêles épaules un récit de feu et de glace.

    Il faut enfin souligner l’incroyable challenge qu’a été le tournage de ces scènes de patinage, avec des figures d’une haute technicité. Mais comment ont-ils fait ? 

    Spinning Out, série américaine de Samantha Stratton,
    avec  Kaya Scodelario, January Jones, Willow Shields, Evan Roderick,
    Sarah Wright, Svetlana Efremova et Amanda Chou, 2020, une saison, Netflix

    https://www.netflix.com/fr/title/80201590

    Voir aussi : "Des balles aux prisonniers"

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  • À double détente

    La nouvelle série française de 13e Rue, J’ai tué mon mari, commence de manière assez classique pour un thriller : Anna (la formidable Erika Sainte) est arrêtée après avoir fait disparaître son mari. Nous sommes en Charente-Maritime. Cette mère d’un petit garçon doit se justifier de la scène de lutte chez elle et d’avoir été vue sur un pont après avoir jeté un corps dans une rivière. Anna ne peut nier les évidences et avoue qu’elle a tué son mari après une dispute violente. Lorsqu’elle est déférée devant une juge, la meurtrière apprend qu’en réalité son mari est innocent et que son fils est menacé. Elle décide de s’évader.

    Une femme au-dessus de tout soupçon accusée de meurtre. Un disparu qui ne l’est pas vraiment. Un complot pervers. Ce sont des thématiques assez classiques, avec un autre sujet abordé, qui constitue la double détente du récit : les violences conjugales. Les créateurs ont choisi de ne pas la traiter frontalement, préférant les flash-back et des saynètes peu démonstratives mais tout aussi choquantes (la fête d’anniversaire, épisode 5).

    Syndrome de Stockholm à l’envers

    J’ai tué mon mari s’intéresse moins à la disparition de Manuel qu’au parcours mental de son héroïne, mère de famille ordinaire se transformant en une Nikita perdue dans les couloirs du palais de justice. Là est justement le point fort de cette série qui fait de la fuite impossible et d’une prise d’otage improvisée le cœur du récit. Il est captivant de voir Anna se débattre pour chercher à comprendre les secrets de son mari et les raisons du complot ourdi contre sa famille. Les scénaristes, malins, ont mis sur sa route Lucas, un otage avec qui elle partage des journées claustrophobiques, au point d’en faire un complice et d’expérimenter un syndrome de Stockholm à l’envers.

    Impossible enfin de parler de J’ai tué mon mari sans évoquer Thiphaine Daviot, dans le rôle de Caldera, policière décalée, tour à tour perspicace, brouillonne, pugnace et souvent à l’ouest. L’humour vient éclairer cette série et cette histoire de mort, de violence et de perversité.

    Cela se passe sur la chaîne 13e Rue en ce moment.

    J’ai tué mon mari, mini-série policière française de Sophie Dab,
    Rémy Silk Binisti, Lucie Fréjaville et Justine Kim Gautier,
    d’après une idée originale d’Henri Debeurme,
    avec Erika Sainte, Antoine Gouy et Tiphaine Daviot, saison 1, 6 épisodes, 2021, 13e Rue

    https://www.13emerue.fr/jai-tue-mon-mari

    Voir aussi : "Des balles aux prisonniers"

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  • Des balles aux prisonniers 

    Au moment de chroniquer la série à succès coréenne Squid Game, devenue un véritable phénomène de société, débarrassons-nous tout de suite de ce qui a créé la polémique, spécialement en France. Les autorités, et pour commencer le ministre de l’Éducation nationale, ont pointé du doigt la violence de la série, qui s’est immiscée sur les cours de récréation. Squid Game est devenu un jeu malsain parfois pratiqué par des enfants – à qui la série est d’ailleurs vivement déconseillée, à commencer par Netflix qui la propose sur sa plateforme. Les mises en garde ne sont bien entendu pas pour rien dans le succès planétaire de cette création venue de Corée du Sud qui met au cœur d’un jeu sanglant d’anodins jeux pour enfants. Disons-le enfin : Squid Game est à interdire formellement aux moins de 16 ans et est, une fois cette mise en garde faire, une excellente série. 

    Fermons la parenthèse et parlons maintenant de la série. Seong Gi-hun vit désœuvré chez sa vieille mère après un divorce compliqué. Son seul bonheur est sa fille, dont il s’occupe avec plus ou moins d’attention, mais qui devrait bientôt s’envoler avec sa mère et son nouveau compagnon à des milliers de kilomètres de chez lui. Professionnellement, cela ne va pas mieux pour le quadra désœuvré. Petits boulots, jeux d’argent, dettes, menaces de petits malfrats : Seong Gi-hun voit son avenir bouché. Le salut finit pourtant par venir au détour d’une station de métro : un inconnu lui propose de gagner beaucoup d’argent grâce à un jeu. Seong Gi-hun appelle un mystérieux numéro de téléphone et se voit embarquer avec 500 autres personnes dans une compétition de survie. Il dévient un simple numéro – 456 – et croise d’autres compagnons de jeu, dont un ami d’enfance, un vieil homme, une mystérieuse femme nord-coréenne et un immigré. Bientôt le petit groupe fait équipe pour survivre. 

    Les mêmes ficelles que Dix petits Nègres, puissance 10

    Malins, les créateurs de Squid Game ont imaginé un jeu de massacre impitoyable et sadique laissant le spectateur pantois et à cran, car la série nous propose qu’au bout du compte, tel Koh Lanta, "il n’en restera qu’un" (ou qu’une) !

    La critique anticapitaliste a ressurgi dans les critiques sur cette création télé pas comme les autres. Bien qu’elle peut être discutée, il n’en reste pas moins vrai que ce qui ressort de Squid Game est  l’esthétique pop : couleurs acidulées, cadrages méticuleux qui ont leur importance scénaristique, omniprésence de formes géométriques – symboles, portes, agencements des salles – ou costumes des prisonniers et de leurs gardiens. À ce sujet, une intrigue secondaire s’enclenche, à la faveur de l’irruption d’un policier à la recherche de son frère.

    L’esthétique pop est d’autant plus troublante qu’elle s’appuie sur un univers concentrationnaire et dictatorial, maquillé par des règles de jeu simples (le "un, deux, trois, soleil", un jeu de billes ou un tir à la corde cruel), des directives énoncées par une voix suave et des accessoires sadiques (des cercueils enveloppés de cadeaux d’emballage).  

    Il reste le scénario utilisant les mêmes ficelles que Dix petits Nègres (Ils étaient Dix), puissance 10 : qui survivra dans ce jeu de massacre ? Il faut aller jusqu’au bout de la série pour découvrir toute l’essence du récit. Un récit, encore une fois à interdire formellement aux enfants !

    Squid Game, série coréenne de Hwang Dong-hyeok,
    avec Lee Jung-jae, Park Hae-soo, Wi Ha-joon et Jung Ho-yeon, 2021, saison 1, 2021, Netflix

    https://www.netflix.com/fr/title/81040344

    Voir aussi : "Serments oubliés pour les héros d’Hippocrate"

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  • Serments oubliés pour les héros d’Hippocrate

    Voilà la suite de la formidable série Hippocrate, produite et proposée par Canal+. On y retrouve Alyson, Hugo, Chloé mais aussi Arben, parti en fin de saison 1 en raison d’un problème de diplôme mais de retour dans des circonstances exceptionnelles que le public découvrira.

    Cette deuxième saison se déroule entre les murs de l'hôpital Raymond-Poincaré en bien mauvaise posture. Une fuite de canalisations permet d’appuyer sur le problème de moyens des hôpitaux. Conséquence directe : les jeunes médecins internes sont déplacés vers les urgences. C'est le coup dur pour Alysson, Hugo et Chloé confrontés à la misère humaine, à des malades parfois ingérables, aux absurdités administratives et à leurs propres problèmes. Comment, par exemple, Chloé va-t-elle poursuivre son travail avec ses soucis de santé ?

    Au cœur de l’intrigue, il y a aussi Olivier, le chef des urgences, qu’interprète avec maestria Bouli Lanners. C’est sur lui que se focalisent autant les jeunes médecins que le spectateur. Arben débarque suite à un accident sanitaire : devenu simple ambulancier, il va se révéler d’une aide précieuse.

    Des tensions bousculant autant les jeunes internes que le spectateur

    Cette saison 2 d'Hippocrate est une brillante réussite et concentre des tensions bousculant autant les jeunes internes, devenus urgentistes, que le spectateur. Toutes les cartes sont rebattues et ce qui se joue ici concerne aussi bien les carrières, les promesses que des vies humaines. Car l’humanité est omniprésente dans cette série, ce qui ne veut pas dire que l’on est dans un discours misérabiliste ou larmoyant. Les blessures des corps, des esprits et des âmes effleurent à chaque moment. Les drames aussi.

    C'est dans les toutes dernières minutes d’Hippocrate que le spectateur découvre qu’une saison 3 se dessine, inéluctable. Et celle-ci aura pour cadre le Covid-19. Vivement la suite des aventures de Chloé, d’Ugo et d’Alyson.

    Hippocrate, série médicale française de Thomas Lilti, avec Louise Bourgoin, Alice Belaïdi, Zacharie Chasseriaud et Karim Leklou, saison 2, 2021, Canal+
    https://www.canalplus.com/series/hippocrate/h/10566155_50001

    Voir aussi : "Lutte des classes au Chastain Hospital"

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  • Le cancer est un sport de combat

    Voilà un film, commençant comme une romance glacée mais qui finit par surprendre. Glacée comme la facture très américaine tournant autour de Carley Allison, jeune Canadienne promise à un bel avenir. Tel est le sujet de Kiss & Cry, avec Sarah Fisher dans le rôle-titre.

    Au début du film, patineuse douée, Carley vient de passer en catégorie Elite, sous la houlette de son coach, l’austère Shin. Optimiste, souriante, chanteuse à ses heures perdues, entourée d’une famille aimante et soudée qui l’aide et l’admire, rien ne manque à l’irrésistible jeune femme, pas même un petit ami, le fringant John, beau gosse, un rien provocateur. Commence une love story pour la sportive qui passe ses soirées sur la glace.

    C’est précisément sur la glace que tout dérape : Carley est prise d’une forte quinte de toux et d’un problème respiratoire. Elle s’avère en réalité beaucoup plus grave que prévu. Lors de sa première soirée en amoureuse avec John, ce dernier l’amène à l’hôpital, il s’avère que la jeune patineuse ne souffre pas d’asthme mais d’un mélanome malin sur la trachée. Une forme sévère de cancer, très rare. Elle avait une chance sur un milliard d’être touchée. Carley comme un combat contre sa maladie. 

    Un film édifiant sur le match d’une vie pour une vie

    Vous l’avez deviné, le patinage artistique est abandonné au premier tiers du film pour s’intéresser à la lutte de Carley Allison contre son cancer. Il faut d’ailleurs préciser que ce récit est tiré d’une histoire vraie, ce que montre le générique de fin avec des photos de la jeune femme et les témoignages de ses parents et de son petit ami.

    Le long-métrage, disponible sur Netflix, frôle parfois le mélodrame, sans jamais toutefois y tomber complètement. Disons aussi que le parti-pris est de faire un film édifiant sur le match d’une vie pour une vie. Le metteur en scène a choisi de rompre avec une facture classique grâce à la voix off de Carley, des confidences avec le spectateur mais aussi des seconds rôles intéressants : une infirmière mal embouchée mais aussi son coach, Shin.

    C’est du reste à lui que l’on doit l’une des phrases les plus fortes et les plus justes du film : "Il faut traiter les victoires comme des enterrements et les enterrements comme des victoires."

    Kiss & Cry, drame canadien de Sean Cisterna, avec Sarah Fisher,
    Luke Bilyk, Chantal Kreviazuk, 2017, 93 mn, Netflix
    https://carleysangels.ca

    https://www.netflix.com/fr/title/80178720

    Voir aussi : "Patins sur glace"

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  • Séries, science, santé et sexualité

    Les séries, on le sait, sont l’une des grandes révolutions culturelles de ces vingt dernières années. C’est donc fort logiquement que l'elles peuvent être d’un intérêt considérable lorsqu’il s’agit d’étudier leur impact dans la société.

    Marie Potvain, doctorante chercheuse en Santé Publique, travaille actuellement sur les séries (Netflix, Amazon ou Disney+) et leur usage potentiel pour la promotion de la santé sexuelle des jeunes. Cette étude a pour but de promouvoir une éducation aux sexualités plus inclusive, plus ancrée dans les centres d'intérêts des jeunes. L’un des objectifs est de développer de nouveaux outils de promotion de la santé.

    Pour ce faire, la chercheuse de l’Inserm est à la recherche de jeunes volontaires ayant entre 11 et 24 ans pour participer à des entretiens. Pendant 1 heure 30 à 2 heures environ, les personnes intéressées peuvent parler de ce qu’ils aiment, de ce qu’ils regardent sur les écrans et de leurs expériences avec les séries et comment les séries parlent d'amour, de sexualité et de genre.  Tel est l'objet de ces entretiens qui prennent la forme d'une discussion informelle. Aucun prérequis n'est nécessaire à part regarder des séries.

    Les personnes intéressées (âgées de 11 à 24 ans) peuvent contacter  Marie Potvain. La participation se fait sur la base du volontariat. Chacun peut se retirer de l'étude à tout moment.

    Voir aussi ce document téléchargeable. 

    Appel à participant·e·s : "Séries, Santé, Sexualité"
    Étude validée par le Comité d'Évaluation Éthique de l'Inserm avis n° 21-827
    marie.potvain@inserm.fr
    https://www.linkedin.com/in/marie-potvain-779182172
    https://www.inserm.fr
    https://eceve.fr
    https://larca.u-paris.fr

    Voir aussi : "En amour, qui, aujourd’hui, doit faire le premier pas ?"
    "C’est pas de la télé, c’est HBO"

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  • Froides épurations

    S’il y a un seul élément justifiant que l’on s’intéresse à Shadowplay c’est avant tout l’époque et l’année (1946) et la ville (Berlin) où se déroule ce polar (très) noir. Après l’excellentissime Babylon Berlin de l’entre-deux-guerres, Shadowplay fait un focus sur la ville allemande, mais cette fois quelques mois après la chute du nazisme et la fin de la seconde guerre mondiale.

    Cette période est si peu connue qu’il semble qu’un voile pudique ait été jetée sur la courte période qui a marqué l’Allemagne en voie de dénazification – une "épuration" comme on l’a théorisé de ce côté-ci du Rhin. Berlin est coupée en quatre par les vainqueurs de la guerre, les États-Unis, l’URSS, la Grande-Bretagne mais aussi – curieux revers de l’histoire – la France.

    L’Allemagne est le grand vaincu de la guerre : les nazis sont morts ou alors en fuite et la population a été saignée, spécialement du côté masculin, à telle enseigne que dans la série Shadowplay, l’unité de police que rejoint le policier américain Max McLaughlin (Taylor Kitsch) est dirigée et occupée majoritairement par des femmes. La tâche est évidemment ardue pour ces fonctionnaires catapultées là.  Dès centaines de milliers de crimes sont commis chaque année dans l’ex et future puissance allemande et la pauvreté est à son maximum dans ce qui n’est qu’une ville en ruine.  

    Voilà pour le tableau. Un tableau incroyable où règnent mafias, luttes politico-militaires entre anciens alliés, petits et grands larcins, meurtres et impunités à tous les étages. L’Allemagne vaincue est plus qu’humiliée : punie, déchirée et réduite à l’état de non-nation et de chaos. 

    L’Allemagne punie et réduite à l’état de non-nation et de chaos

    Max McLaughlin débarque de son Amérique natale après une enfance difficile et marquée par un crime familial, il vient officiellement aider la policière Elsie Garten (Nina Hoss) à organiser une unité de police allemande digne de ce nom. L'officier et ses agents n’ont que des barreaux de chaise en guise d’armes, avec une ancienne banque leur servant de commissariat de police. En réalité, Max est surtout à Berlin pour aller sur la piste de son frère qui a disparu à la fin de la guerre. Alors qu’un mafieux "recrute" des femmes désespérées et isolées pour ses affaires (prostitution, chantages et crimes en tout genre), un tueur en série s’attaque à d’anciens nazis et les tue au terme de longues agonies.

    Shadowplay est une série historico-policière sur plusieurs niveaux : l’histoire personnelle de Max, d’abord, à la recherche de son frère. Disons que c’est l’aspect le moins intéressante de cette histoire, jusqu’à ce que les deux frères, nommés Max et Moritz – comme les deux personnages d’un classique de la littérature pour enfants – ne s’affrontent sur le terrain de la dénazification. Il y a également l’enquête autour du redoutable l’Engelmacher, le sinistre docteur Hermann Gladow (Sebastian Koch) et de son armée féminine que rejoint dès le premier épisode la troublante Karin Mann (Mala Emde). À cela s’ajoute une intrigue autour d’Elsie et de son mari prisonnier dans les geôles soviétiques.

    Les personnages féminins sont au cœur d’une intrigue à double voire triple détente. Berlin repose sur elles, tout comme le crime comme le suggère la structure mafieuse du docteur Gladow. Nous ne serions pas tout à fait complet si on oubliait le personnage équivoque de Tom Franklin  joué par  Michael C. Hall (Dexter). Quant à, Tuppence Middleton, elle joue Claire Franklin, son épouse dans la série : une autre femme trouble, énième profiteuse autant que victime d’une guerre qui n’était pas encore froide.

    Shadowplay, série franco-germano-canadienne de Måns Mårlind,
    avec Taylor Kitsch, Michael C. Hall, Logan Marshall-Green, Nina Hoss,
    Tuppence Middleton et Sebastian Koch, Saison 1, 2021

    https://www.canalplus.com/series/shadowplay

    Voir aussi : "Crimes et chaos à Berlin"
    "Les maîtres du ghetto"

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