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Séries et TV - Page 5

  • Cinq ans avec Macron

    Dans quelques semaines, les Français éliront leur prochain Président de la République pour cinq ans. Qui succédera à Emmanuel Macron, le plus jeune Président français ? Parviendra-t-il à se faire réélire ? Et sur quel programme ? 

    Suspense. En attendant, France Télévision propose en replay Cinq ans, un documentaire exceptionnel en trois volets retraçant un quinquennat historique à plus d’un titre. Évacuant la campagne électorale mouvementée de 2017 pour commencer son récit lorsque l’ancien énarque et ex ministre de l’économie succède à François Hollande, Cinq ans entend montrer les incroyables moments qui ont bouleversé les cinq ans de la Présidence d’Emmanuel Macron.  

    Jérôme Bermyn et Raphaëlle Baillot ont choisi de découper le récit historique en trois parties : "Le temps des transformations" sur la la période "d’état de grâce", du début du quinquennat à l’automne 2018, "Le temps des incendies", consacré pour l’essentiel à la crise des Gilets Jaunes et "Le temps des contagions", consacré à la crise sanitaire et au Grand Confinement jusqu’à la mise en place du pass sanitaire. Bref, une histoire immédiate qui s'écrit sous nos yeux. 

    Les grands témoins de ces événements racontent de l’intérieur ce quinquennat atypique : les acteurs politiques (l’ex Premier ministre Édouard Philippe, le Préfet Didier Lallement, l’ex porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux, l’ex ministre de l'Intérieur Christophe Castaner ou la conseillère en communication Sibeth Ndiaye), les opposants politiques (Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen), des personnalités issues de la société civile (Yarol Poupaud, Cyril Dion, Corinne Masiero, le syndicaliste Laurent Berger ou le gilet jaune Ghislain Coutard) et de nombreux Français.

    C’est peu dire que le mandat de Macron aura été celui de crises majeures et d’événements traumatisants : crise des Gilets Jaunes, incendie de Notre-Dame de Paris, attentat contre Samuel Patis ou crise sanitaire.

    En vérité, rien n’aura été épargné au jeune chef d’État qui, pourtant, avait commencé son mandat dans un climat presque euphorique : sa jeunesse, sa fougue, son désir de transformations d'une "vieille nation" peuplée de "Gaulois réfractaires" et son optimisme avaient fait de lui le chouchou des étrangers. Couvaient cependant des défauts rédhibitoires d’un Président qualifié de "Président des riches" (voire de "Président des très riches" selon son prédécesseur) et que la réussite éclatante lors des Présidentielles de 2017 (il n’a jamais eu de mandat électif auparavant et semble avoir tout réussi) rend condescendant, pour ne pas dire hautain.   

    "Enfant-roi"

    Au reproche d’"enfant-roi" formulé par Marine Le Pen devant les caméras de Jérôme Bermyn et Raphaëlle Baillot, François Bayrou préfère dire que son (jeune) confrère et ami, qu’il conseille, a le défaut d’être "trop" : trop jeune, trop brillant, trop doué…

    Après la période d’état de grâce, qui dure grosso modo de sa victoire aux Présidentielles de 2017 à la Coupe du monde de football de 2018 (que la France remporte), succèdent une série de crises inédites. La première est celle de l’insurrection des Gilets Jaunes, qui marque durablement le Président, notamment en décembre de cette année-là, avec le saccage de l’Arc de Triomphe puis l’incendie de la Préfecture du Puy-en-Velay (le Préfet de l'époque soulignera le traumatisme de cet événement qui aurait très bien ou aboutir à des drames sanglants). Une journaliste du Monde fait remarquer avec justesse qu’après cette série d’émeutes populaires, suivies d’un Grand Débat National, la présidence de Macron connaît l’Incendie de Notre-Dame, un accident gigantesque mais traumatisant qui va paradoxalement sauver la Présidence. Jusqu’à l’arrivée du Covid-19 et de la première grande pandémie mondiale.

    C’est une gageure de proposer un tel récit sur notre histoire immédiate, avec le recul nécessaire pour saisir les enjeux d’une période révolutionnaire. Car les journalistes n’omettent pas de parler des autres bouleversements majeures : crise environnementale, #Meetoo et le féminisme, luttes contre les inégalités et transformations sociales inédites.

    Pour faire leur récit, Jérôme Bermyn et Raphaëlle Baillot se sont appuyées sur d’abondantes images d’archives, complétées par des interviews de celles et ceux qui ont marqué cette période – à l’exception notable du principal intéressé. Ne manquent pas des analyses de politologues et sociologues mais aussi des images issues de réseaux sociaux, capitales dans le déclenchement et le prolongement de la crise des Gilets Jaunes comme il l'est expliqué.

    Pour replonger dans ce quinquennat inédit, une bande son des tubes des cinq ans rythme les trois films (Orelsan, Angèle, Grand Corps Malade ou Vianney).

    Ce documentaire passionnant proposé par France 5 est disponible plusieurs semaines. De quoi alimenter les débats et les réflexions à quelques semaines des prochaines échéances électorales. 

    Cinq ans, documentaire français de Jérôme Bermyn et Raphaëlle Baillot,
    Trois parties, 2021, 140 mn, France 5, en replay

    https://www.france.tv/france-5/cinq-ans
    @jeromebermyn
    @rbaillot

    Voir aussi : "Hors-série Présidentielles 2017"
    "Hors-série Grand Confinement"

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  • Avant qu’il ne soit trop tard

    C’est une farce et une comédie noire qui fait le bonheur en ce moment de Netflix. Don't Look Up, de d’Adam McKay, sous-titré en français Déni cosmique, fait parie de ces films coups de poing destiné à réveiller les consciences. Pour ce long-métrage à gros budget, des stars se pressent au portillon : à côté de Leonardo DiCaprio et Jennifer Lawrence, il faut citer la présence de Meryl Streep, Jonah Hill, Cate Blanchett, Timothée Chalamet, Kid Cudi, Mark Rylance, Ron Perlman, Tomer Sisley et même Ariana Grande.

    Deux modestes astrophysiciens anonymes découvrent qu’une comète se dirige vers la terre. Si rien n’est fait, la terre sera percutée d’ici six mois, provoquant l’extinction de la vie sur notre belle planète. Une couse contre la montre commence pour éviter cette fin du monde annoncée. Les deux scientifiques battent le pavé pour prévenir les autorités et le public de la future catastrophe. Cette entreprise s’annonce vite comme des plus ardues. 

    Idiocratie

    À partir de ce qui s’apparente à une course contre la montre vitale, Adam McKay fait un portrait au vitriol d’une Amérique gangrenée par la futilité, les réseaux sociaux, les spécialistes en communication, les politiciens obtus, les médias obsédés par le divertissement, bref une idiocratie au pouvoir. À cet égard, la Présidente, jouée par une Meryl Streep déjantée en est un bel exemple. Et tout ce beau monde refuse de voir la catastrophe qui vient. 

    Les médias ne sont pas en reste. Car faute de trouver des oreilles intelligentes à la Maison Blanche, c’est vers une célèbre émission télé que nos deux astrophysiciens se tournent – qui sera aussi le début d’une improbable idylle avec la journaliste vedette, jouée par la formidable Cate Blanchett.

    On en oublierait presque la maléfique comète. Disons aussi que ce danger compte beaucoup moins que le message de Don't Look Up, cette histoire de "déni cosmique". Remplacez d’ailleurs "comète" par "réchauffement climatique" et vous aurez la clé de cette farce au rire grinçant. "Un danger mortel nous menace et où regardons-nous ?" semblent nous dire les auteurs du film.

    Le film n’est pas dénué de quelques faiblesses et longueurs. Il reste cependant d’une admirable force corrosive et donne à réfléchir. 

    Don't Look Up : Déni cosmique, comédie américaine de science-fiction d’Adam McKay,
    avec Leonardo DiCaprio, Jennifer Lawrence, Meryl Streep, Jonah Hill, Cate Blanchett,
    Timothée Chalamet, Kid Cudi, Mark Rylance, Ron Perlman, Tomer Sisley et Ariana Grande,
    2021, 138 mn, Netflix

    https://www.netflix.com/fr/title/81252357

    Voir aussi : "Flow de neige, de sons et de baisers"

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  • Flow de neige, de sons et de baisers

    Pas de doute : Tayc est bien l’un des artistes français de l’année. Après ses succès musicaux, sa victoire à l’émission Danse les Stars, le voici dans une des séries à succès de Netflix, Christmas Flow.

    Mini-série en trois épisodes, Christmas Flow peut de fait être catalogué comme un film de Noël : a priori, rien que du très classique pour un genre presque aussi vieux que le cinéma. Au programme de cette fiction : de la neige, des réveillons, des cadeaux à gogo, un homme et une femme bien mal assortis mais tombant dans les bras l’un de l’autre, du romantisme et des familles alambiquées qui vont tout compliquer.

    Voilà un sujet très traditionnel donc, sauf que les créateurs ont choisi un angle d’attaque assez inédit pour cette histoire de conte de Noël. Marcus (Tayc), rappeur de son état, doit se dépatouiller avec un mini-scandale en raison de propos sexistes dans une de ses chansons. Pour redorer le blason de l’artiste, son producteur imagine de le lancer sur un nouveau projet musical : une chanson de Noël. Au même moment, Marcus croise Lila (Shirine Boutella), une journaliste féministe très engagée. Évidemment, elle reconnaît le rappeur et le toise. Les deux vont pouvoir se croiser cependant, à la faveur de cadeaux intervertis.

    De la neige, des réveillons, des cadeaux à gogo et un homme et une femme bien mal assortis

    On ne fera pas la fine bouche sur ce "miracle de Noël" : les créateurs ont eu la maligne idée de faire rentrer dans la danse un rappeur sympa mais un tantinet sexiste, son amie Mel (Camille Lou), parfaite en fille superficielle, et surtout le trio de militantes féministes, Lila, Alice (Marion Seclin) et la formidable Aloïse Sauvage dans le rôle de Jeanne. Voilà qui promet de faire des étincelles et d’interroger avec légèreté les bouleversements sociaux de la France contemporaine, à commence par les droits des femmes.

    Je ne vous spolierai pas si je vous dis que tout se terminera pour le mieux, au milieu de baisers, de flow de musiques et de flocons de Noël. Avec de gros coups de cœur pour Taïc, Shirine Boutella et Aloïse Sauvage. 

    Christmas Flow, mini-série de Henri Debeurme,Victor Rodenbach,Marianne Levy,
    avec Tayc, Shirine Boutella, Marion Séclin, camille lou,aloise sauvage et estelle meyer

    https://www.netflix.com/fr/title/81214396

    Voir aussi : "Sauvage !"

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  • Familles de patineuses (et de patineurs)

    Et si l’on donnait une nouvelle chance à la très bonne série Spinning Out dont on apprend que la saison 1 ne sera pas reconduite par Netflix. Dommage pour ce qui s’annonçait comme un début de saga familiale tout à fait intéressante, dans le milieu – et ce n’est pas la moindre de ses qualités – du patinage artistique.

    Ce sport fait figure de véritable drogue pour les principaux protagonistes de cette série mêlant sport, romance, secrets de famille et amitiés.

    Au cœur de Spinning Out il y a d’abord la fille, Kat (ou Katarina), sportive-née mais dont une chute sérieuse au cours d’une compétition a cassé sa carrière : finis pour elle les pirouettes, les sauts et les combinaisons techniques. Chez les Baker, tous les espoirs se portent donc sur la cadette, Serena, à la technique hors-pair et dont les prochains Jeux Olympiques lui sont promis. Leur mère Carol Baker – on verra plus tard réapparaître son mari avec qui elle est divorcée – fait de ses deux filles des rivales. Elle engage un entraîneur pour Serena et semble faire peu de cas de Kat.

    Pour Kat, une nouvelle chance de patiner à haut niveau survient à la faveur d’un sémillant – et insupportable – sportif, Justin. Il recherche une partenaire pour patiner en double. Et devinez à qui il pense ?

    Il faut souligner l’incroyable challenge qu’a été le tournage de ces scènes de patinage

    Bon, je sais ce que vous allez dire : une romance sur patins est quelque chose qui semble plutôt convenu. Sauf que le miracle marche : la série a beau fonctionner comme une belle machine, on est séduits par les personnages en raison de leurs failles étonnantes, de leurs dérapages incontrôlés (à tout point de vue) et par les déchirements familiaux au sein des Baker.

    Parmi les interprètes, un gros coup de cœur pour deux des actrices principales : January Jones en mère bipolaire et sachant haïr et aimer avec la même conviction et Willow Shields, en adolescente tour à impressionnante sur patin, insupportable, jalouse, tête-à-claque, séduisante et ne devenant jamais aussi touchante que lorsqu’elle s’égare. Et n’oublions pas non plus Kaya Scodelario, capable de tenir sur ses frêles épaules un récit de feu et de glace.

    Il faut enfin souligner l’incroyable challenge qu’a été le tournage de ces scènes de patinage, avec des figures d’une haute technicité. Mais comment ont-ils fait ? 

    Spinning Out, série américaine de Samantha Stratton,
    avec  Kaya Scodelario, January Jones, Willow Shields, Evan Roderick,
    Sarah Wright, Svetlana Efremova et Amanda Chou, 2020, une saison, Netflix

    https://www.netflix.com/fr/title/80201590

    Voir aussi : "Des balles aux prisonniers"

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  • À double détente

    La nouvelle série française de 13e Rue, J’ai tué mon mari, commence de manière assez classique pour un thriller : Anna (la formidable Erika Sainte) est arrêtée après avoir fait disparaître son mari. Nous sommes en Charente-Maritime. Cette mère d’un petit garçon doit se justifier de la scène de lutte chez elle et d’avoir été vue sur un pont après avoir jeté un corps dans une rivière. Anna ne peut nier les évidences et avoue qu’elle a tué son mari après une dispute violente. Lorsqu’elle est déférée devant une juge, la meurtrière apprend qu’en réalité son mari est innocent et que son fils est menacé. Elle décide de s’évader.

    Une femme au-dessus de tout soupçon accusée de meurtre. Un disparu qui ne l’est pas vraiment. Un complot pervers. Ce sont des thématiques assez classiques, avec un autre sujet abordé, qui constitue la double détente du récit : les violences conjugales. Les créateurs ont choisi de ne pas la traiter frontalement, préférant les flash-back et des saynètes peu démonstratives mais tout aussi choquantes (la fête d’anniversaire, épisode 5).

    Syndrome de Stockholm à l’envers

    J’ai tué mon mari s’intéresse moins à la disparition de Manuel qu’au parcours mental de son héroïne, mère de famille ordinaire se transformant en une Nikita perdue dans les couloirs du palais de justice. Là est justement le point fort de cette série qui fait de la fuite impossible et d’une prise d’otage improvisée le cœur du récit. Il est captivant de voir Anna se débattre pour chercher à comprendre les secrets de son mari et les raisons du complot ourdi contre sa famille. Les scénaristes, malins, ont mis sur sa route Lucas, un otage avec qui elle partage des journées claustrophobiques, au point d’en faire un complice et d’expérimenter un syndrome de Stockholm à l’envers.

    Impossible enfin de parler de J’ai tué mon mari sans évoquer Thiphaine Daviot, dans le rôle de Caldera, policière décalée, tour à tour perspicace, brouillonne, pugnace et souvent à l’ouest. L’humour vient éclairer cette série et cette histoire de mort, de violence et de perversité.

    Cela se passe sur la chaîne 13e Rue en ce moment.

    J’ai tué mon mari, mini-série policière française de Sophie Dab,
    Rémy Silk Binisti, Lucie Fréjaville et Justine Kim Gautier,
    d’après une idée originale d’Henri Debeurme,
    avec Erika Sainte, Antoine Gouy et Tiphaine Daviot, saison 1, 6 épisodes, 2021, 13e Rue

    https://www.13emerue.fr/jai-tue-mon-mari

    Voir aussi : "Des balles aux prisonniers"

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  • Des balles aux prisonniers 

    Au moment de chroniquer la série à succès coréenne Squid Game, devenue un véritable phénomène de société, débarrassons-nous tout de suite de ce qui a créé la polémique, spécialement en France. Les autorités, et pour commencer le ministre de l’Éducation nationale, ont pointé du doigt la violence de la série, qui s’est immiscée sur les cours de récréation. Squid Game est devenu un jeu malsain parfois pratiqué par des enfants – à qui la série est d’ailleurs vivement déconseillée, à commencer par Netflix qui la propose sur sa plateforme. Les mises en garde ne sont bien entendu pas pour rien dans le succès planétaire de cette création venue de Corée du Sud qui met au cœur d’un jeu sanglant d’anodins jeux pour enfants. Disons-le enfin : Squid Game est à interdire formellement aux moins de 16 ans et est, une fois cette mise en garde faire, une excellente série. 

    Fermons la parenthèse et parlons maintenant de la série. Seong Gi-hun vit désœuvré chez sa vieille mère après un divorce compliqué. Son seul bonheur est sa fille, dont il s’occupe avec plus ou moins d’attention, mais qui devrait bientôt s’envoler avec sa mère et son nouveau compagnon à des milliers de kilomètres de chez lui. Professionnellement, cela ne va pas mieux pour le quadra désœuvré. Petits boulots, jeux d’argent, dettes, menaces de petits malfrats : Seong Gi-hun voit son avenir bouché. Le salut finit pourtant par venir au détour d’une station de métro : un inconnu lui propose de gagner beaucoup d’argent grâce à un jeu. Seong Gi-hun appelle un mystérieux numéro de téléphone et se voit embarquer avec 500 autres personnes dans une compétition de survie. Il dévient un simple numéro – 456 – et croise d’autres compagnons de jeu, dont un ami d’enfance, un vieil homme, une mystérieuse femme nord-coréenne et un immigré. Bientôt le petit groupe fait équipe pour survivre. 

    Les mêmes ficelles que Dix petits Nègres, puissance 10

    Malins, les créateurs de Squid Game ont imaginé un jeu de massacre impitoyable et sadique laissant le spectateur pantois et à cran, car la série nous propose qu’au bout du compte, tel Koh Lanta, "il n’en restera qu’un" (ou qu’une) !

    La critique anticapitaliste a ressurgi dans les critiques sur cette création télé pas comme les autres. Bien qu’elle peut être discutée, il n’en reste pas moins vrai que ce qui ressort de Squid Game est  l’esthétique pop : couleurs acidulées, cadrages méticuleux qui ont leur importance scénaristique, omniprésence de formes géométriques – symboles, portes, agencements des salles – ou costumes des prisonniers et de leurs gardiens. À ce sujet, une intrigue secondaire s’enclenche, à la faveur de l’irruption d’un policier à la recherche de son frère.

    L’esthétique pop est d’autant plus troublante qu’elle s’appuie sur un univers concentrationnaire et dictatorial, maquillé par des règles de jeu simples (le "un, deux, trois, soleil", un jeu de billes ou un tir à la corde cruel), des directives énoncées par une voix suave et des accessoires sadiques (des cercueils enveloppés de cadeaux d’emballage).  

    Il reste le scénario utilisant les mêmes ficelles que Dix petits Nègres (Ils étaient Dix), puissance 10 : qui survivra dans ce jeu de massacre ? Il faut aller jusqu’au bout de la série pour découvrir toute l’essence du récit. Un récit, encore une fois à interdire formellement aux enfants !

    Squid Game, série coréenne de Hwang Dong-hyeok,
    avec Lee Jung-jae, Park Hae-soo, Wi Ha-joon et Jung Ho-yeon, 2021, saison 1, 2021, Netflix

    https://www.netflix.com/fr/title/81040344

    Voir aussi : "Serments oubliés pour les héros d’Hippocrate"

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  • Serments oubliés pour les héros d’Hippocrate

    Voilà la suite de la formidable série Hippocrate, produite et proposée par Canal+. On y retrouve Alyson, Hugo, Chloé mais aussi Arben, parti en fin de saison 1 en raison d’un problème de diplôme mais de retour dans des circonstances exceptionnelles que le public découvrira.

    Cette deuxième saison se déroule entre les murs de l'hôpital Raymond-Poincaré en bien mauvaise posture. Une fuite de canalisations permet d’appuyer sur le problème de moyens des hôpitaux. Conséquence directe : les jeunes médecins internes sont déplacés vers les urgences. C'est le coup dur pour Alysson, Hugo et Chloé confrontés à la misère humaine, à des malades parfois ingérables, aux absurdités administratives et à leurs propres problèmes. Comment, par exemple, Chloé va-t-elle poursuivre son travail avec ses soucis de santé ?

    Au cœur de l’intrigue, il y a aussi Olivier, le chef des urgences, qu’interprète avec maestria Bouli Lanners. C’est sur lui que se focalisent autant les jeunes médecins que le spectateur. Arben débarque suite à un accident sanitaire : devenu simple ambulancier, il va se révéler d’une aide précieuse.

    Des tensions bousculant autant les jeunes internes que le spectateur

    Cette saison 2 d'Hippocrate est une brillante réussite et concentre des tensions bousculant autant les jeunes internes, devenus urgentistes, que le spectateur. Toutes les cartes sont rebattues et ce qui se joue ici concerne aussi bien les carrières, les promesses que des vies humaines. Car l’humanité est omniprésente dans cette série, ce qui ne veut pas dire que l’on est dans un discours misérabiliste ou larmoyant. Les blessures des corps, des esprits et des âmes effleurent à chaque moment. Les drames aussi.

    C'est dans les toutes dernières minutes d’Hippocrate que le spectateur découvre qu’une saison 3 se dessine, inéluctable. Et celle-ci aura pour cadre le Covid-19. Vivement la suite des aventures de Chloé, d’Ugo et d’Alyson.

    Hippocrate, série médicale française de Thomas Lilti, avec Louise Bourgoin, Alice Belaïdi, Zacharie Chasseriaud et Karim Leklou, saison 2, 2021, Canal+
    https://www.canalplus.com/series/hippocrate/h/10566155_50001

    Voir aussi : "Lutte des classes au Chastain Hospital"

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  • Le cancer est un sport de combat

    Voilà un film, commençant comme une romance glacée mais qui finit par surprendre. Glacée comme la facture très américaine tournant autour de Carley Allison, jeune Canadienne promise à un bel avenir. Tel est le sujet de Kiss & Cry, avec Sarah Fisher dans le rôle-titre.

    Au début du film, patineuse douée, Carley vient de passer en catégorie Elite, sous la houlette de son coach, l’austère Shin. Optimiste, souriante, chanteuse à ses heures perdues, entourée d’une famille aimante et soudée qui l’aide et l’admire, rien ne manque à l’irrésistible jeune femme, pas même un petit ami, le fringant John, beau gosse, un rien provocateur. Commence une love story pour la sportive qui passe ses soirées sur la glace.

    C’est précisément sur la glace que tout dérape : Carley est prise d’une forte quinte de toux et d’un problème respiratoire. Elle s’avère en réalité beaucoup plus grave que prévu. Lors de sa première soirée en amoureuse avec John, ce dernier l’amène à l’hôpital, il s’avère que la jeune patineuse ne souffre pas d’asthme mais d’un mélanome malin sur la trachée. Une forme sévère de cancer, très rare. Elle avait une chance sur un milliard d’être touchée. Carley comme un combat contre sa maladie. 

    Un film édifiant sur le match d’une vie pour une vie

    Vous l’avez deviné, le patinage artistique est abandonné au premier tiers du film pour s’intéresser à la lutte de Carley Allison contre son cancer. Il faut d’ailleurs préciser que ce récit est tiré d’une histoire vraie, ce que montre le générique de fin avec des photos de la jeune femme et les témoignages de ses parents et de son petit ami.

    Le long-métrage, disponible sur Netflix, frôle parfois le mélodrame, sans jamais toutefois y tomber complètement. Disons aussi que le parti-pris est de faire un film édifiant sur le match d’une vie pour une vie. Le metteur en scène a choisi de rompre avec une facture classique grâce à la voix off de Carley, des confidences avec le spectateur mais aussi des seconds rôles intéressants : une infirmière mal embouchée mais aussi son coach, Shin.

    C’est du reste à lui que l’on doit l’une des phrases les plus fortes et les plus justes du film : "Il faut traiter les victoires comme des enterrements et les enterrements comme des victoires."

    Kiss & Cry, drame canadien de Sean Cisterna, avec Sarah Fisher,
    Luke Bilyk, Chantal Kreviazuk, 2017, 93 mn, Netflix
    https://carleysangels.ca

    https://www.netflix.com/fr/title/80178720

    Voir aussi : "Patins sur glace"

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