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Séries et TV - Page 6

  • Séries, science, santé et sexualité

    Les séries, on le sait, sont l’une des grandes révolutions culturelles de ces vingt dernières années. C’est donc fort logiquement que l'elles peuvent être d’un intérêt considérable lorsqu’il s’agit d’étudier leur impact dans la société.

    Marie Potvain, doctorante chercheuse en Santé Publique, travaille actuellement sur les séries (Netflix, Amazon ou Disney+) et leur usage potentiel pour la promotion de la santé sexuelle des jeunes. Cette étude a pour but de promouvoir une éducation aux sexualités plus inclusive, plus ancrée dans les centres d'intérêts des jeunes. L’un des objectifs est de développer de nouveaux outils de promotion de la santé.

    Pour ce faire, la chercheuse de l’Inserm est à la recherche de jeunes volontaires ayant entre 11 et 24 ans pour participer à des entretiens. Pendant 1 heure 30 à 2 heures environ, les personnes intéressées peuvent parler de ce qu’ils aiment, de ce qu’ils regardent sur les écrans et de leurs expériences avec les séries et comment les séries parlent d'amour, de sexualité et de genre.  Tel est l'objet de ces entretiens qui prennent la forme d'une discussion informelle. Aucun prérequis n'est nécessaire à part regarder des séries.

    Les personnes intéressées (âgées de 11 à 24 ans) peuvent contacter  Marie Potvain. La participation se fait sur la base du volontariat. Chacun peut se retirer de l'étude à tout moment.

    Voir aussi ce document téléchargeable. 

    Appel à participant·e·s : "Séries, Santé, Sexualité"
    Étude validée par le Comité d'Évaluation Éthique de l'Inserm avis n° 21-827
    marie.potvain@inserm.fr
    https://www.linkedin.com/in/marie-potvain-779182172
    https://www.inserm.fr
    https://eceve.fr
    https://larca.u-paris.fr

    Voir aussi : "En amour, qui, aujourd’hui, doit faire le premier pas ?"
    "C’est pas de la télé, c’est HBO"

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  • Froides épurations

    S’il y a un seul élément justifiant que l’on s’intéresse à Shadowplay c’est avant tout l’époque et l’année (1946) et la ville (Berlin) où se déroule ce polar (très) noir. Après l’excellentissime Babylon Berlin de l’entre-deux-guerres, Shadowplay fait un focus sur la ville allemande, mais cette fois quelques mois après la chute du nazisme et la fin de la seconde guerre mondiale.

    Cette période est si peu connue qu’il semble qu’un voile pudique ait été jetée sur la courte période qui a marqué l’Allemagne en voie de dénazification – une "épuration" comme on l’a théorisé de ce côté-ci du Rhin. Berlin est coupée en quatre par les vainqueurs de la guerre, les États-Unis, l’URSS, la Grande-Bretagne mais aussi – curieux revers de l’histoire – la France.

    L’Allemagne est le grand vaincu de la guerre : les nazis sont morts ou alors en fuite et la population a été saignée, spécialement du côté masculin, à telle enseigne que dans la série Shadowplay, l’unité de police que rejoint le policier américain Max McLaughlin (Taylor Kitsch) est dirigée et occupée majoritairement par des femmes. La tâche est évidemment ardue pour ces fonctionnaires catapultées là.  Dès centaines de milliers de crimes sont commis chaque année dans l’ex et future puissance allemande et la pauvreté est à son maximum dans ce qui n’est qu’une ville en ruine.  

    Voilà pour le tableau. Un tableau incroyable où règnent mafias, luttes politico-militaires entre anciens alliés, petits et grands larcins, meurtres et impunités à tous les étages. L’Allemagne vaincue est plus qu’humiliée : punie, déchirée et réduite à l’état de non-nation et de chaos. 

    L’Allemagne punie et réduite à l’état de non-nation et de chaos

    Max McLaughlin débarque de son Amérique natale après une enfance difficile et marquée par un crime familial, il vient officiellement aider la policière Elsie Garten (Nina Hoss) à organiser une unité de police allemande digne de ce nom. L'officier et ses agents n’ont que des barreaux de chaise en guise d’armes, avec une ancienne banque leur servant de commissariat de police. En réalité, Max est surtout à Berlin pour aller sur la piste de son frère qui a disparu à la fin de la guerre. Alors qu’un mafieux "recrute" des femmes désespérées et isolées pour ses affaires (prostitution, chantages et crimes en tout genre), un tueur en série s’attaque à d’anciens nazis et les tue au terme de longues agonies.

    Shadowplay est une série historico-policière sur plusieurs niveaux : l’histoire personnelle de Max, d’abord, à la recherche de son frère. Disons que c’est l’aspect le moins intéressante de cette histoire, jusqu’à ce que les deux frères, nommés Max et Moritz – comme les deux personnages d’un classique de la littérature pour enfants – ne s’affrontent sur le terrain de la dénazification. Il y a également l’enquête autour du redoutable l’Engelmacher, le sinistre docteur Hermann Gladow (Sebastian Koch) et de son armée féminine que rejoint dès le premier épisode la troublante Karin Mann (Mala Emde). À cela s’ajoute une intrigue autour d’Elsie et de son mari prisonnier dans les geôles soviétiques.

    Les personnages féminins sont au cœur d’une intrigue à double voire triple détente. Berlin repose sur elles, tout comme le crime comme le suggère la structure mafieuse du docteur Gladow. Nous ne serions pas tout à fait complet si on oubliait le personnage équivoque de Tom Franklin  joué par  Michael C. Hall (Dexter). Quant à, Tuppence Middleton, elle joue Claire Franklin, son épouse dans la série : une autre femme trouble, énième profiteuse autant que victime d’une guerre qui n’était pas encore froide.

    Shadowplay, série franco-germano-canadienne de Måns Mårlind,
    avec Taylor Kitsch, Michael C. Hall, Logan Marshall-Green, Nina Hoss,
    Tuppence Middleton et Sebastian Koch, Saison 1, 2021

    https://www.canalplus.com/series/shadowplay

    Voir aussi : "Crimes et chaos à Berlin"
    "Les maîtres du ghetto"

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  • Les maîtres du ghetto

    Émotions fortes pour The King, cette série polonaise mêlant allègrement histoire de mafia, tableaux de la Pologne d’avant-guerre et immersion dans la société juive de l’époque, quelques années avant qu’elle ne soit annihilée par la barbarie nazie. 

    Le "roi" de cette série est Kaplica, un militant communiste à la tête d’une pègre prospérant à Varsovie. Nous sommes en 1937. La Pologne est en effervescence et en crise. Les mouvements d’extrême-droite sont de plus en plus remuants et n’hésitent pas à troubler l’ordre public. Communistes et fascistes s’affrontent au cours de batailles de rue, et la mafia tenue par Kaplica n’est pas en reste.

    Mais ce fameux Kaplica pense aussi à sa succession, à qui sera roi à la place du roi. Jakub Szapiro, boxeur juif, marié et père de deux enfants, fait figure d’héritier naturel, lui qui a été pour ainsi dire adopté par le chef de la pègre. Mais un autre homme est bien décidé à succéder à Kaplica : Janusz Radziwilek, homme de main sans foi ni loi et trafiquant notoire. Une lutte de pouvoir commence, troublée par la pression de groupuscules fascistes comme par les remords de Jakub suite à l’assassinat d’un débiteur juif ruiné. 

    Lutte de pouvoir

    Le spectateur de The King est invité à bien s’accrocher dans cette plongée infernale. Crimes, tortures et exécutions sauvages côtoient trafics en tout genre, prostitution et règlements de comptes. Ce récit en huit épisodes réserve son lot de surprises, de tensions et de renversements de point de vue. Dès l’épisode 2, la série dessine une autre manière de comprendre l’histoire, car s’il est bien question de mafia, l’enjeu principal est le destin de ces hommes et de ces femmes, à l’aube de la tragédie qui s’apprête à fondre sur la Pologne et en particulier sur les Juifs.

    Michal Zurawski, dans le rôle de Jakub Szapiro, tient la série à bout de bras, à telle enseigne qu’il apparaît comme le vrai souverain. Tour à tour impitoyable, généreux, capable d’humanité mais aussi de traîtrise, il évolue tout au long de l’histoire jusqu’à une fin elliptique. Soulignons aussi le soin donné aux reconstitutions historiques.

    The King prouve aussi que la télé européenne cache de bonnes pépites, puisant largement leur inspiration dans l’histoire tourmentée du XXe siècle, comme l’a prouvé la grande série Babylon Berlin.  

    The King, série polonaise de Lukasz M. Maciejewski,
    avec Michal Zurawski, Arkadiusz Jakubik, Aleksandra Pisula,
    Lena Gora, Mikolaj Kubacki, Piotr Pacek, Borys Szyc et Pawel Wolak,
    saison 1, 2020, Canal+

    https://www.canalplus.com/series/the-king/h/16671751_50001

    Voir aussi : "Crimes et chaos à Berlin"

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  • Audrey Fleurot, Hyperlucide, Perchée et Ingérable

    Pour parler de la nouvelle série à succès de TF1, HPI, il est bien entendu impossible de ne pas commencer par Audrey Fleurot.

    Omniprésente du début à la fin, elle joue avec un plaisir certain le rôle d’une HPI (traduisez par "Haut Potentiel Intellectuel") qui peut se targuer d’avoir un QI dépassant les 160. Une qualité exceptionnelle qui n’est a priori pas un atout capital dans la vie de la jeune femme. Morgane Alvaro est une mère célibataire de trois enfants qu’elle élève seule dans un modeste quartier pavillonnaire lillois et elle alterne les petits jobs pour boucler ses fins de mois.

    Au moment où la série commence, elle exerce comme femme de ménage dans les enceintes d'un commissariat de Lille. Une nuit, elle tombe par hasard sur les pièces d’un dossier criminel concernant un crime et la disparition d’une avocate. Morgane devine instantanément des détails capitaux qui ont mis les inspecteurs sur de fausses pistes. Lorsque la commissaire Céline Hazan découvre que la femme de ménage, au look improbable et à la tchatche frisant l’insolence a mis le nez dans les dossiers confidentiels, elle décide de ne pas la poursuivre mais au contraire de lui proposer un poste de consultante. Morgane accepte contre la promesse que la police rouvre l’enquête sur la disparition d’un ancien compagnon.

    On est allergique ou non à l’interprétation extravertie de cette surdouée aux looks improbables

    Soyons clair. On est allergique ou non à l’interprétation extravertie de cette surdouée aux looks improbables. On peut imaginer d’ailleurs le plaisir qu’on eut les costumiers et costumières dans leur travail. Passée la surprise de cette HPI grande gueule, ayant un peu de mal avec l’autorité et déboulant avec fracas au milieu des fonctionnaires de police, le spectateur se prend au jeu d’enquêtes qui font plus appel à l’observation et à la déduction qu’aux méthodes scientifiques et de la médecine légiste.

    De ce point de vue, Morgane Alvaro excelle dans l’art de capter des petits détails capables de débloquer des enquêtes mal engagées : la disparition d’une avocate, la mort d’un client dans un hôtel, la disparition de deux enfants ou le décès d’une vétérinaire. Les réalisateurs ont privilégié une mise en scène rythmée, ponctué de clins d’œil et de flashs.

    À côté de l’inarrêtable Audrey Fleurot,  l’excellent Mehdi Nebbou joue le rôle d’Adam Karadec, obligé d’être le binôme de cette femme de ménage, catapultée auxiliaire de la police du jour au lendemain. Évidemment, entre le flic bougon et l’hypersensible imprévisible et ingérable, les relations ne vont pas être simples.

    HPI se prend pour ce qu’elle est : une série policière, populaire et familiale. L’humour est omniprésent, servie par une Audrey Fleurot parfaite dans ce rôle. Les mauvaises langues diront qu’elle prend toute la place, mais après tout, c’est bien ce qu’on lui demande. Mission assurée donc. 

    HPI, série policière française de Stéphane Carrié, Alice Chegaray-Breugnot et Nicolas Jean, avec Audrey Fleurot, Mehdi Nebbou, Bruno Sanches, Marie Denarnaud et Bérangère McNeese, 2021, TF1, le jeudi soir en ce moment
    https://www.tf1.fr/tf1/hpi

    Voir aussi : "Lutte des classes au Chastain Hospital"

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  • Résistances

    France 2 a proposé cette semaine son documentaire L'Histoire secrète de la Résistance. Règle du replay oblige, il reste très peu de temps pour découvrir ce passionnant film de presque deux heures sur une des pages les plus sombres et les plus héroïques de l’histoire de France.

    Je parlais de documentaire. Il s’agit en réalité plutôt de docu-fiction, même si ce terme un peu fourre-tout ne fait pas vraiment honneur à la réalisation de Caroline Benarrosh.

    Grâce à des images et des écrits souvent inédits, la Résistance française devient compréhensible, aidée en cela par des reconstitutions fidèles et des acteurs et actrices incarnant personnalités connues ou anonyme.

    Le film suit quelques figures – le colonel Rémy, Pierre Fresnay, Berty Albrecht ou Georges Beaufils – avec dans l’optique de montrer les différents aspects de la Résistance (à telle enseigne que l’on peut parler de "Résistances" au pluriel) : comment ces réseaux fonctionnaient, quelle était leur idéologie et comment s’est passée leur fusion, sous la houlette de Jean Moulin, figure capitale de cette période.

    La grande qualité du film est de montrer des moments forts, trahissant la complexité de la période. On pense par exemple la rencontre entre Pierre Fresnay, responsable du réseau "Combat" et surveillé par Vichy et le ministre de l’intérieur Pierre Pucheu. On pense aussi les liens qui s’établissent entre le Colonel Rémy, alias Gilbert Renault, militant d’extrême droite et le communiste Georges Beaufils. Deux ennemis irréductibles en temps normal qui deviennent des alliés de circonstance.

    Dans ces récits où la grande histoire rencontre la petite histoire, il est question de destins hors normes, de gens ordinaires se lançant dans de l’espionnage, des actions de terrorisme ou de vraies batailles, derrière "une vie d’apparence normale", avec ces risques inouïes que sont les arrestations, les tortures, les déportations ou les exécutions. Le documentaire revient sur le premier acte de résistance, le 11 novembre 1940, avec une commémoration sauvage et interdite de l’armistice de la guerre 14-18. Que de chemin parcouru entre cet acte héroïque mais vain et le défilé organisé et filmé par 250 maquisards de l’Ain trois ans plus tard ! 

    Le Général de Gaulle a fait preuve d’un bluff incroyable

    Le documentaire ne tait pas le singulier silence des mouvements de résistance au sujet des juifs : après le succès d’une manifestation organisée nationalement par l’ensemble de la Résistance française, le 14 juillet 1942, la tragédie du Vel d’Hiv trois jours plus tard est "à peine évoquée par les publications résistantes." Sans doute ses dirigeants ne voulaient-ils pas aborder ce sujet trop sensible dans une France antisémite et se mettre à dos l’opinion, avancent les auteurs du documentaire.

    L'histoire secrète de la résistance est aussi et avant tout une lutte guerrière autant que politique autour de l’organisation de la Résistance et leur unification. Le documentaire raconte comment le Général de Gaulle a fait preuve d’un bluff incroyable pour fédérer des groupuscules qui communiquaient très peu entre nous. Le spectateur découvrira également comment la fusion avec les résistants communistes a pu se faire, et grâce à qui. Le documentaire revient également sur l’année 1943, année phare et capitale, marquée autant par la création du Conseil National de la Résistance et de l’Armée Secrète que par l’arrestation de Jean Moulin et de grandes figures de la Résistance.  

    De cet hommage au résistants célèbres ou anonymes, on retiendra, comme le dit un témoin, que "sans renier à leur conviction… tous se sont fondés dans le creuset d’une guerre pas comme les autres."

    L'histoire secrète de la résistance, documentaire français de Caroline Benarrosh,
    111 mn, 2021, France 2, présenté par Julian Bugier

    https://www.france.tv

    Voir aussi : "Colette, Lucie et Jean-Pierre"
    "Terrible sourire"
    "Naissance de Marcel Marceau"

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  • Balles au pied

    Deux portraits, deux documentaires, deux personnalités exceptionnelles et deux joueurs de football légendaires. Hasard du calendrier télévisuel, Netflix et Canal+ proposent presque en même temps deux films qui vont passionner tous les amateurs de ballon rond.

    Le premier, consacré à notre "platoche" national, conte l’histoire – presque – ordinaire d’un petit gamin de Meurthe-et-Moselle devenu en quelques années le roi des stades, sans avoir pu toutefois toucher le nirvana (en l'occurrence une coupe du monde) avec son équipe nationale.

    Les plus âgés d’entre nous savent qu’avant que Michel Platini ne devienne l'un des pontes décrié du football européen, il fut un milieu de terrain au pied magique, élu par un magazine spécialisé comme le meilleur footballeur français du XXe siècle, devant Zinedine Zidane et Raymond Kopa. Il a rendu fou ses adversaires avec des coups francs venus d’une autre planète, et son génie lui a valu trois ballons d’or consécutifs, de 1983 à 1985.

    Jean-Marie Goussard a choisi pour son documentaire des archives non-commentées, donnant à son film un aspect brut, qui permet au spectateur de se régaler autant que de juger par lui-même la qualité d’un joueur qui n’a joué que dans trois équipes nationales (Nancy, le mythique Saint-Étienne et la Juventus de Turin). Cette relative fidélité fait de Platini "le dernier romantique", comme l’indique le sous-titre du film. Évidemment, le must du must de sa carrière exceptionnelle reste la demi-finale de 1982 contre l’Allemagne, un sommet du sport mais aussi de la dramaturgie, qui n'a pas laissé au joueur le mauvais souvenir que l'on penserait.

    Un sommet du sport mais aussi de la dramaturgie

    L’autre documentaire, sobrement intitulé Pelé, nous vient de Grande-Bretagne et parle lui aussi d’un génie du football – si ce n’est DU génie. Pelé, moins connu qu’on ne le croit, a droit à un portrait à la fois élogieux et nuancé. Le palmarès de Pelé fait rêver : trois coupes du monde avec l’équipe nationale, des dizaines de coupes nationales dont deux coupes intercontinentales et le championnat américain et pas moins de 1300 buts (dont un record de 8 buts pour un seul match). Le joueur accepte pour ce film de témoigner devant la caméra.

    C’est essentiellement sur ses coupes du monde que s’intéresse le réalisateur. Huit ans après le traumatisme de la finale perdue en 1950 à domicile contre l’Uruguay, en 1958 Pelé devient à 17 ans un héros national en remportant son premier titre important. Un titre que l’équipe nationale conserve quatre ans plus tard, même si Pelé se blesse et ne participe pas aux matches à élimination directe. En 1970, en fin de carrière, le Roi Pelé est de retour dans ce qui reste comme le sommet de sa carrière.  

    David Tryhorn et Ben Nicholas écornent malgré tout l’image de ce génie du ballon rond lorsqu’ils parlent de la manière dont Pelé a vécu la période de dictature militaire brésilienne de 1964 à 1985. Les témoins n’épargnent pas celui qui reste le Brésilien et le footballeur le plus connu au monde : il était "Incapable de contester, de critiquer" et "Il se faisait remarquer par son manque de prise de position politique", apprend-on de quelques témoins. Plus gênant encore, la coupe du monde gagnée en 1970 a constitué un inespéré coup de projecteur sur les dictateurs de cette "guerre sale".

    Sans pour autant refuser ces critiques, Pelé répond en joueur de foot qu’il fut : "Je ne pensais pas que je pouvais faire quelque chose… Je n’étais pas Superman, je ne faisais pas de miracle… Je suis absolument certain d’avoir bien plus aider le Brésil en jouant et en vivant comme je l’ai fait…"

    Platini, le dernier romantique, Documentaire français de Jean-Marie Goussard, 2021, 112 mn
    https://www.canalplus.com/articles/sports/platini-le-dernier-romantique
    https://www.canalplus.com/sport/platini-le-dernier-romantique/h/15754352_50001
    Pelé, documentaire britannique de David Tryhorn et Ben Nicholas, 2021, 108 mn
    https://www.netflix.com/fr/title/81074673

    Voir aussi : "Lev Yachine, l’araignée dorée" 

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  • Sur le divan

    Dans l’univers des séries télé, En thérapie fait figure de véritable phénomène, tant pour son idée de base que pour son exigence.

    Avant qu’En thérapie ne débarque en France, avec l’adaptation d’Éric Toledano et Olivier Nakache, la création israélienne (BeTipul) avait été adapté aux États-Unis sous le nom d’In Treatment, avec Gabriel Byrne dans le rôle du psychanalyste.

    Là où les showrunners et scénaristes français ont été malins et intelligents est qu’ils n’ont pas collé aux versions précédentes de l’institution télé. Leur version d'En thérapie prend pour fil conducteur les attentats de 2015, traumatisme collectif faisant voler en éclats la psyché de personnages, que le praticien, joué par le formidable Frédéric Pierrot, devra mettre à jour. Alors que lui-même va devoir affronter ses propres démons.

    Leur version d'En thérapie prend pour fil conducteur les attentats de 2015

    Cinq patients se succèdent sur son divan. Il y a Ariane, la chirurgienne (Mélanie Thierry), devant jongler autant avec les victimes du Bataclan qu’avec les incertitudes de sa vie de couple. Il y a Adel, le policier de la BRI (Reda Kateb), policier à la solide carcasse mais cachant des failles et des secrets. Véritable révélation de la série, Céleste Brunnquell joue le rôle de Camille, une nageuse douée qu’un banal accident de la route conduit chez le psy. Il y a enfin le couple composé de Léonora et Damien, en plein questionnements et déchirements.

    Les créateurs français d’En thérapie ont adopté une construction carrée : les patients se succèdent au même rythme dans des épisodes relativement courts (35 minutes). Un cinquième épisode ponctue les quatre séances de psychanalyse. Il s’agit cette fois d’une "consultation informelle" entre le Dr Philippe Dayan et son ex Esther (Carole Bouquet). Le téléspectateur sera sans doute moins sensible à ce choix, bien qu’il se montre assez pertinent.

    Arte vient de terminer la diffusion de la première saison, mais les 35 épisodes sont en ligne sur le site d’Arte. Ils sont absolument à découvrir, d’autant plus que la rigueur et la qualité de la chaîne franco-allemande n’est plus à démontrer.

    Les scénarios des 35 épisodes de cette première saison sont signés David Elkaïm, Vincent Poymiro, Pauline Guéna, Alexandre Manneville, Nacim Mehtar, Éric Toledano et Olivier Nakache. Il fallait bien sûr le préciser.

    En thérapie, série française d’Éric Toledano et Olivier Nakache,
    avec Frédéric Pierrot, Mélanie Thierry, Reda Kateb, Céleste Brunnquell,
    Clémence Poésy, Pio Marmaï et Carole Bouquet, saison 1, 35 épisodes, Arte

    https://www.arte.tv/fr/videos/RC-020578/en-therapie/
     
    Voir aussi : "Assane Lupin, gentleman cambrioleur"

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  • Assane Lupin, gentleman cambrioleur

    Plus d’une personne a cligné des yeux à l’annonce du projet de série consacrée par Arsène Lupin, se déroulant cette fois dans les années 2020, et avec Omar Sy dans le rôle principal. Comment le personnage culte de Maurice Leblanc allait-il tenir la route, débarrassé de sa redingote, de son chapeau haut-de-forme, et catapulté de la Belle Époque à la France des réseaux sociaux ? Bien entendu, en dépit des multiples adaptations ciné du gentleman cambrioleur, la figure de Lupin reste encore aujourd’hui liée à celle de l’acteur Georges Descrières, qui l’a incarné de 1971 à 1974. Une éternité.

    Cet Arsène Lupin de Netfix était à cet égard un pari extrêmement risqué, et il fallait un acteur solide pour l’incarner de nouveau. Omar Sy, sans doute le meilleur acteur de sa génération, s’est prêté au jeu, et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il s’en sort brillamment. Lupin est moins une adaptation qu’une relecture et une série d’hommages assumées à la saga policière de Maurice Leblanc.

    Une deuxième saison est déjà en préparation

    Assane Diop cache derrière sa discrétion – travailleur modeste, père de famille divorcé – plusieurs secrets, dont la mort de son père n’est pas le moindre. Ce grand admirateur d’Arsène Lupin, dont il a lu les romans avec passion, est également un esthète du cambriolage, de vols et de méfaits qui rendent fous tous les services de police, incapables de mettre un nom et un visage sur ce hors-la-loi mystérieux.

    C’est au Louvre, lors d’une exposition médiatisée, qu’Assane commet son acte le plus spectaculaire : il subtilise un collier légendaire. Une vraie humiliation. Le voilà pourchassé, alors qu’il tente en même temps d’améliorer ses relations avec son fils.

    Les clins d’œil au héros de Maurice Leblanc ne manquent pas dans la série Lupin, dont les 5 premiers épisodes sont déjà en ligne. Les cinq suivants, prévus cet été, continueront la première saison, alors qu’une deuxième saison est déjà en préparation.

    Omar Sy impose son personnage avec un mélange avec justesse, humour mais aussi ce je ne sais quoi de noirceur et de sarcasme. Arsène Lupin se réinvente et la série se déguste avec plaisir. Et pour aller plus loin dans l’œuvre de Maurice Lebanc, le magazine Lire lui consacre ce mois un dossier spécial, rappelant le talent d'un écrivain qui ne mérite assurément pas d'être mis dans la case des simples auteurs populaires.

    Lupin, série policière française de George Kay et François Uzan, avec Omar Sy, Ludivine Sagnier, Clotilde Hesme, Hervé Pierre et Soufiane Guerrab, Netflix, 2021
    Lire, dossier "Maurice Leblanc", mars 2021
    https://www.netflix.com/fr/title/80994082

    Voir aussi : "Le trône de mère"

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