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• • Vie et ville de Montargis - Page 9

  • Moi, Lou, extralucide

    Maud Begon et Carole Martinez développent sur deux volumes, Bouche d’Ombre, le thème du surnaturel à travers le parcours de Lou. Cette pimpante fille découvre au lycée, durant les années 80, qu’elle est dotée de pouvoirs extralucides.

    Le premier volume de Bouche d’Ombre, Lou 1985, suit l'adolescente témoin d'un drame puis visitée par un fantôme qui se révèle particulièrement présent. Comment vivre avec un don supranormal et quelle est la place de nos souvenirs familiaux dans nos propre existences ? Ce sont les questions que Lou devra affronter dans ce premier tome, sur fond d'enquête et de spectre : "On entend d’une bouche en apparence humaine / Sortir des mots pareils à des rugissements, / Et que, dans d’autres lieux et dans d’autres moments, / On croit voir sur un front s’ouvrir des ailes d’anges" (Victor Hugo, Bouche d'ombre, Les Contemplations).

    Le deuxième volume, Lucie 1900, continue de suivre la jeune extralucide et entend expliquer les origines de son don. Lou est étudiante et s'est éprise de Marc, camarade de fac et photographe à ses heures. Un jour qu'il prend en photo sa petite amie, il capture du même coup un ectoplasme. Aiguillée par ses tantes Josette et Jeannette, Lou part à la recherche de ce fantôme mais aussi de son passé familial. Grâce à l'hypnose, ses recherches la transportent à Paris en 1900, durant l'exposition universelle. Lou se retrouve dans la peau de cet esprit, Lucie, qui est aussi son aïeule. Lou/Lucie découvre l'univers fascinant des sciences physiques et de l'occultisme durant la Belle Époque et croise par la même occasion Pierre et Marie Curie. Passé et présent se télescopent dans ce deuxième tome de Bouche d’Ombre, ample et aventureux à souhait, jusqu'au dénouement aussi poignant que surprenant.

    Ces deux bandes dessinées confirment le talent de la dessinatrice de Maud Begon, que j'avais chroniquée pour Je n'ai jamais connu la Guerre ("Fix me"), et séduisent pour son sens de la narration due à la scénariste Carole Martinez.

    Maud Begon et Carole Martinez, Bouche d'Ombre, 1, Lou 1985, éd. Casterman, 2014, 70 p.
    Maud Begon et Carole Martinez, Bouche d'Ombre, 2, Lucie 1900, éd. Casterman, 2015, 90 p.
    "Fix me"
    Maud Begon sera présente au salon "Montargis Coince la Bulle" les 28 et 29 mai 2016
    Le Tumblr de Maud Begon

  • Fix me

    Dans Je n’ai jamais connu la Guerre de Maud Begon et Joseph Safieddine, Darius, homme d’affaire cynique, odieux, roublard, méprisant et séducteur impénitent, fait commerce de rêves à coups d’injonctions chimiques. Et c’est peu dire que cela marche : le business est florissant et la société ne s’en sort pas plus mal. Le fix contrôlé et marchandisé est, a priori, un excellent moyen gérer ses frustrations. Lorsque Cerise, une ancienne petite amie de Darius, lui demande à son tour "d’acheter des souvenirs", ce dernier s’en trouve bouleversé.

    Utopie ou dystopie ? Cette question n’a pas vraiment de sens pour cette bande dessinée de Maud Begon et Joseph Safieddine. 145 pages illustrées servent une pérégrination complexe au pays du souvenir, des rêves, des regrets et de la vanité du temps qui passe. Le lecteur peine à trouver au début de ce roman graphique la logique d’une histoire alternant flash-back, scènes oniriques dignes de Dali et intrigue puisant dans le mouvement cyberpunk.

    C’est à partir de la page 95 que ce qui était une histoire "à la Cronenberg" prend des allures proustiennes : le temps qui passe, les souvenirs authentiques ou les êtres disparus refaisant surface. Les auteurs mettent en scène Darius et Cerise dans un tête-à-tête poignant construit avec subtilité sur 25 pages. Le lecteur pourra s’amuser à déceler les références à La Recherche du Temps perdu : le début du Côté de chez Swann ("Longtemps, je me suis couché de bonne heure"), La Prisonnière, Le Temps retrouvé, Sodome et Gomorrhe… Clins d’œils réels ou involontaires ?

    Je n’ai jamais connu la Guerre est en tout cas est aussi riche par ce qu’elle évoque que par ce qu’elle tait. Le titre de l’ouvrage porte en lui un non-dit et un traumatisme que le lecteur découvre dans ses dernières pages. Un traumatisme qui nous éclaire sur le personnage de Darius dont la cuirasse fêlée dévoile les plaies. La dernière partie du livre est également riche d’interprétations sur le personnage de Cerise, apparue dans la vie de Darius à la manière d’un oasis mais aussi d’une révélation cruelle. Qui est-elle ? Quels sont ses liens avec son ami ? Ce personnage est sans doute la plus belle création de cette bande dessinée. Mystérieuse, complexe et fascinante, Cerise semble ne pas se fixer dans l’histoire mais nager dans un océan de rêves.

    Maud Begon et Joseph Safieddine, Je n’ai jamais connu la Guerre, éd. KSTR, 2013, 145 p.
    Maud Begon sera présente au salon "Montargis Coince la Bulle" les 28 et 29 mai 2016
    Le Tumblr de Maud Begon

    Demain, je vous parlerai de Lou, une autre héroïne de Maud Begon

  • Une presque bonne idée

    Il avait été question sur ce blog de l'édition 2015 du festival "42 heures pour un court".

    Vous pouvez maintenant retrouver en ligne le court-métrage Une presque bonne Idée, grand vainqueur du palmarès de cette année.

    Cette comédie de Sébastien Deschamps a obtenu le Chien d'or ainsi qu'un double prix d'interprétation féminine pour ses deux actrices principales, Mélanie Poiget et Audrey Baudoin.

    Une presque bonne idée a été écrit, tourné et joué à l'occasion du Triathlon vidéo de "42 heures pour un court". L'équipe de Rapace Prod avait choisi pour contrainte le thème de l'économie de partage et pour lieu la place Victor Hugo à Montargis (Loiret).

    Le résultat final est en maintenant en ligne.

    Une presque bonne Idée de Sébastien Deschamps,
    avec Victor Angenault, Mélanie Poiget, Audrey Baudoin et Mélinda Poiget, 9 mn 42

  • Peut-on rire de tout ?

    rabelais,café philo,montargis,humour,rire,loiretLe café philosophique de Montargis proposera sa prochaine séance le vendredi 1er avril 2016, à 19 heures, à la Brasserie du Centre commercial de La Chaussée. Cette date a conduit les participants à choisir un sujet de circonstance : "Peut-on rire de tout ?"

    Le rire est un comportement universel capable de transcender les langues et les cultures. Il est si propre à l’homme, comme le dit Rabelais, que le rire est devenu indissociable du monde des arts et de la culture (comédies, caricatures, films comiques, etc.). La question qui sera posée aux participants du café philo est de savoir si des limites peuvent être posées au rire. Pourquoi rions-nous ? En quoi le rire est-il un comportement social ? Y a-t-il des sujets qui se prêtent plus à rire que d’autres ? Le rire peut-il être violent ? Le rire s’oppose-t-il à la raison ? En est-il un frein ?

    Ce sont autant de points qui seront discutés et débattus le vendredi 1er avril, à partir de 19 heures, à la brasserie du Centre Commercial de La Chaussée de Montargis.

    La participation sera libre et gratuite.

    http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com

  • Je vais vous tanner avec Amilly

    Tanneries.jpgAmilly, vous connaissez ? Cette petite ville accolée à Montargis, dans le Loiret, n’a, a priori, rien qui attirerait un touriste de passage : un patrimoine architectural famélique, un centre ville minuscule vite traversé, l’absence de musée digne de ce nom. Dit de manière abrupte, Amilly fait partie de ces cités d’abord résidentielles, enclavée par Montargis, ennuyeuse et peu sexy.

    Et pourtant ! Et pourtant, les apparences sont trompeuses. Depuis plusieurs années, Amilly se distingue en effet par une politique culturelle et artistique ambitieuse (élitiste pour quelques mauvaises langues). La réputation des concerts de musique classique et baroque ont ainsi largement dépassé le cadre régional et il n’est pas rare que les médias nationaux, Diapason et Classica pour ne citer qu’eux, ne se fassent l'écho des représentations musicales dans la modeste église Saint-Martin. Élitiste ? Les Vendredis de l’Orgue, dédiés à cet instrument sur lequel la mairie continue à investir, est gratuit et offre à un large public l’occasion de découvrir le répertoire de Bach, Vivaldi ou Frescobaldi.

    Depuis une quinzaine d’années, Amilly s’est lancé dans une autre aventure : celle de l’art contemporain. Cela s’était concrétisé avec une première galerie, l’AGART (Association Galerie d’ARTistes), implantée dans le bourg de la ville depuis 2001. 2016 marque une rupture avec la fin de cette galerie qui avait entrepris un gros travail d’ouverture de l’art contemporain à destination de tous les publics : gratuité, visites pédagogiques à destination des scolaires grâce à un solide travail de médiation culturelle, expositions de plus de 80 artistes nationaux ou régionaux... et même un café philosophique. L’AGART vient de fermer ses portes, mais c’est pour permettre à l’art contemporain de se déployer dans un espace beaucoup plus important : 1 500 m² d’exposition (3 600 m² de surface totale) dans d’anciennes tanneries réhabilitées grâce au Conseil Régional de la Région Centre.

    L’inauguration officielle aura lieu en septembre 2016 mais une première exposition est déjà visible jusqu’au 13 novembre 2016, au rez-de-chaussée du bâtiment (d’autres salles d’expositions – vides pour l’instant – existent à l’étage).

    "Œuvre aux singuliers" présente des sculptures, des peintures et des installations de Martin Barré, Christian Bonnefoi, Erik Dietman, Norman Dilworth, Jean-Pierre Pincemin, François Rouan, Claude Viallat et Jan Voss. Le rez-de-chaussée du bâtiment monumental frappe par l’ambition affichée. Le spectateur voyage dans une vaste nef au milieu d’œuvres dont une grande partie est issue du mouvement Supports-Surfaces. Le minimalisme des œuvres exposées (les tableaux de Martin Barré, par exemple) fonctionne bien dans cet espace à l’architecture industrielle. Paradoxalement, le spectateur ne se sent pas écrasé par les compositions monumentales en bronze d’Erik Dietman, par les assemblages en bois de Jean-Pierre Pincemin ou par cet animal monstrueux de Jan Voss que l'on croirait tout droit sorti d’un film de science-fiction : la réussite de cette sorte de cathédrale dédiée à l’art contemporain, unique en Région Centre, est de permettre au visiteur de respirer et de se laisser saisir par la démesure audacieuse des œuvres .

    Le bloggeur émet cependant un bémol: l’absence (provisoire?) de cartels de présentation peut nuire à la visite fluide de l’exposition, d’autant plus si les Tanneries visent à conquérir un vaste public, via notamment la médiation culturelle.

    L’ambition du centre est de devenir un lieu emblématique de l’art contemporain, à la fois lieu d’exposition sur deux niveaux mais aussi catalyseur de talents. À partir d’avril, les Tanneries vont en effet devenir un lieu de résidence pour artistes : Jennifer Caubet réalisera sur place une œuvre destinée au parc de sculptures. Ce centre d’art est à suivre, sans nul doute, et avec le plus grand intérêt. J’aurai d’ailleurs sans doute l’occasion de vous tanner avec Amilly.

    "Œuvre aux singuliers", Les Tanneries, 19 mars – 13 novembre 2016,
    du jeudi au samedi de 14 à 19H, ou sur rendez-vous

    Amilly.com
    "Les Simonnet, en pleine(s) forme(s)"

    Merci à Ihssane

  • La femme est-elle un homme comme les autres ?

    café philo,montargis,féminisme,loiretLe café philosophique de Montargis proposera sa prochaine séance le vendredi 26 février 2016, à 19 heures, à la brasserie du centre commercial de La Chaussée. Le débat portera sur cette question : "La femme est-elle un homme les autres ?"

    Le thème de l'identité masculine et féminine a fait débat dans l'actualité jusqu'à récemment avec le mariage pour tous et la polémique sur la théorie du genre. La question de la place de la femme dans la société et de l'égalité homme-femme est un sujet toujours brûlant. Comment définir un homme et une femme ? Quels rôles leur attribue-t-on ? Ces rôles sont-ils interchangeables ? Une égalité du genre doit-elle conduire à une indifférenciation des rôles ? Quid du féminisme ?Ce sont autant de points qui seront discutés et débattus le vendredi 26 février, à partir de 19 heures à la brasserie du Centre Commercial de La Chaussée de Montargis.

    La participation sera libre et gratuite.

    http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com

  • Retour à Montargis la Chinoise

    En ce premier jour du nouvel an chinois (l'année du Singe), l'occasion est trop bonne de revenir sur la série d'articles que j'avais consacrés aux relations hors du commun qui unissent la Chine – communiste – et Montargis, modeste sous-préfecture du Loiret.

    En raison du destin de quelques jeunes Chinois, venus étudier et travailler en France au début du XXe siècle, Montargis est devenue la base de lancement de la Chine communiste.

    Ces articles vous expliquent pourquoi et comment...

    "Montargis la Chinoise"

  • L'Histoire se répète-t-elle ?

    montargis,café philo,loiretLe café philosophique de Montargis est de retour en ce début d'année et proposera une nouvelle séance le vendredi 29 janvier 2016, à 19 heures, à la brasserie du centre commercial de La Chaussée. Le débat, choisi par les participants de la séance de décembre portera sur cette question : "L'Histoire se répète-t-elle ?"

    L'Histoire, une véritable passion française, n'avait jamais été un sujet débattu parles participants de l'animation de la Chaussée. Ce sera chose faite pour cette 54e séance qui s'intéressera à cette idée que les faits historiques pourraient bien être cycliques ou du moins se répéter à intervalles plus ou moins régulières. Cette affirmation tient-elle la route ? Pouvons-nous dire, à l'instar d'Hegel, que les hommes n'apprennent jamais rien ? L'Histoire a-t-elle un but ? Ce qui semblerait être une répétition d'événements historiques (guerres, révolutions, faits de société, etc.) n'est-il qu'une illusion ? Le libre-arbitre et la liberté de chacun de nous peut-il avoir sa place dans « la grande machine de l'Histoire » ?
    Ce sont autant de points qui seront discutés et débattus le vendredi 29 janvier, à partir de 19 heures à la brasserie du Centre Commercial de La Chaussée de Montargis.

    La participation sera libre et gratuite.

    http://cafephilosophique-montargis.hautetfort.com