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Cyrielle Gulacsy, un point c’est tout
Si les pas vous conduisent à Los Angeles ces prochaines semaines, faites un saut à la Show Gallery. La Française Cyrielle vient y exposer pendant un mois sa série Visible Light.
Des productions de Cyrielle Gulacsy, que ce soit ses travaux sur les galaxies (ARP 244 et Pareidolia en 2017), sur l’intelligence artificielle (The Big Crush, 2017) ou ses nus (00100001, 2017), il y a un point commun : le point, justement.
L’artiste suit les pas de ses brillants aînés pointillistes pour créer des œuvres à la très grande technicité. Devenue maîtresse dans l’art du dessin, Cyrielle Gulacsy utilise le point comme on manipule les pixels. Des centaines d’heures et des millions de points sont nécessaires pour faire surgir ici une série de galaxies, là un parachute plus vrai que nature, là encore des corps humains. "Je pense que le pointillisme est bien plus qu’une technique. C'est à la fois la forme et la substance de ma recherche artistique. C'est une manière d'appréhender et de transposer la réalité du monde physique, constituée d'une infinité de particules séparées par l'espace," dit-elle dans une interview pour la galerie anglaise Moosey Art.
Cyrielle Gulacsy parle de l’influence de la pop culture, mais il est clair que son travail est plus à voir avec une démarche proche de la new age, dans laquelle la méditation prend une place capitale : "Je ne prétends pas "représenter l'expérience humaine, ce qui m'intéresse, c'est plutôt de créer une expérience, de surprendre et de susciter un questionnement chez le spectateur. À propos de notre place dans l'univers par exemple."
Très sensible à l’astrophysique, Cyrielle Gulacsy parle facilement d’espace-temps, de relativité générale, de mécanique quantique, de gravité ou de... galaxies. Cette source d’inspiration, ajoute-t-elle, a été déclenchée par la lecture de l’ouvrage de Stephen Hawking, Une brève Histoire du Temps. Elle s’immerge dans l’univers, un univers qui peut être tour à tour interprété (Pareidolia), fantasmé (The Big Crush) ou alors prosaïque et d’un hyperréalisme bluffant (Parachute, Satellite Elektron 1 – 1964) : "Il y a un lien évident entre le cosmos et l'esprit et c'est un parallèle que je veux explorer," précise-elle. L’artiste prépare prochainement une série sur les moteurs d'avion et les pièces de fusées.
De véritables "Variations Goldberg de l’amour"
Cyrielle Gulacsy serait-elle une artiste perchée et obnubilée uniquement par l’infiniment grand, les phénomènes corpusculaires ou la dualité onde-particule ? Non. Celle qui a fait du point une technique lui permettant, comme le dit elle-même, de "[s’]isoler et de prendre [son] temps en retour," est bien une véritable héritière de la pop culture, mais une pop culture qui serait mixée avec le street art (l’artiste cite volontiers l’Argentin Felipe Pantone), l’art moderne européen (le pointillisme de Georges Seurat, Paul Signac, Camille et Lucien Pissarro mais aussi les monochromes à la Yves Klein dans sa série Visible Light) ou encore le geek art nourri de surréalisme (The Big Crush).
Dans une série consacrée aux nus (00100001), Cyrielle Gulacsy choisit le petit format et toujours la technique du point pour capter des sujets surpris dans leur intimité. Elle s’attache à représenter des gros plans sur des seins, des fesses, des bouches ou des dos masculins. Ces dessins érotiques – de véritables Variations Goldberg de l’amour – déclinent la nudité, les étreintes et les corps avec naïveté, humour et parfois effronterie. La composition et le graphisme ne sont pas sans rappeler les peintures tout en courbes d’une Tamara de Lempicka, voire d'un Fernando Bottero. Les corps se montrent en toute innocence dans des scènes de bronzages ou de bains de mer, en Californie, sur la Côte d’Azur, ou ailleurs. Il y a quelque chose d’attendrissant à découvrir les sujets de ces dessins en noir et blanc : des traces de bronzage de mains sur une poitrine, deux pieds reposant sous une paire de fesses, des gestes aux forts pouvoirs érotiques (étreintes, caresses, baisers, bouches extatiques) mais captés avec une retenue élégante, comme pour ne pas déranger.
Dans sa dernière grande série, Visible Light, celle-là même qui est exposée à la Show Gallery de Los Angeles, la couleur fait une entrée fracassante dans l’œuvre de Cyrielle Gulacsy. L’artiste choisit cette fois de s’attaquer, vie des quasi monochromes, aux ciels et aux transformations de la lumière à certaines heures du jour : "J'ai commencé à étudier le spectre solaire, comment la lumière change au cours de la journée en fonction de son interaction avec l'atmosphère." Derrière des titres secs (20:19, 18:24 ou 07:49), les derniers travaux de Cyrielle Gulacsy parviennent à captiver, comme si le spectateur contemplait le ciel californien un matin d’été. Les points se parent de mille feux pour offrir de véritables galaxies de couleurs.
C’est à voir en ce moment à la Show Gallery de Los Angeles jusqu’au 18 octobre.
Cyrielle Gulacy à la Show Gallery de Los Angeles, 1515 N Gardner,
du 13 septembre au 18 octobre 2018
http://www.cyriellegulacsy.com
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https://www.show.gallery
"Cyrielle Gulcsy Interviewed by Mooseyart"
Robin Seemangal, "This French Artist Gets Her Inspiration From Space Travel"
Voir aussi : "Aurélie Dubois unmakes sex"
"Si vous avez tout compris à cet article c’est que je me suis mal exprimé"
© Cyrielle Gulacy