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érotisme - Page 10

  • Le Viagra, en plus efficace et plus drôle

    C’est une histoire de philtre d’amour d’un autre genre qui nous est proposé par Alex Varenne dans La Molécule du Désir, une bande dessinée sortie en 2013.

    Le docteur Steiner, une scientifique aussi douée que collet monté, est la créatrice d’une molécule révolutionnaire capable de stimuler de manière spectaculaire la libido. C’est une aubaine pour le laboratoire suisse qui l’emploie. La chercheuse demande à son assistante, Yumi, de servir de cobaye et de tester sur elle-même le nouveau produit chimique.

    Les premiers essais sont concluants au-delà de toutes les espérances. Yumi donne de sa personne, confirmant les promesses de ce Viagra d’un autre genre. Invitée aux États-Unis afin de travailler sur cette invention, madame Steiner embarque avec elle sa jeune assistante qui va continuer à tester avec ardeur (avec le concours volontaire ou non de sa patronne) tout le potentiel érotique de la molécule miraculeuse.

    Alex Varenne, auteur légendaire de bandes dessinées érotiques, déploie sur seize chapitres autant de prétextes à décliner le désir et la sexualité sous toutes ses formes, toujours avec imagination, malice et humour. Les épisodes avec Mr Bazooka ou bien la séquence chez le gynécologue méritent à eux seuls la lecture de ce livre audacieux. Le bloggeur fera une mention spéciale pour le personnage du Dr Steiner, une vraie réussite scénaristique.

    Dans le style qui le caractérise – noir et blanc sobre et élégant, décors minimalistes, dessin maîtrisé magnifiant le corps des femmes – Alex Varenne nous parle de pulsions irrépréhensibles, de la mécanique du désir et du sexe dans ce qu’il a de plus ludique. Les esprits chagrins verront La Molécule du désir comme un ensemble de saynètes sans queue... ni tête. Ce serait d’une grande injustice. En cette période sombre, cette bande dessinée d’Alex Varenne est un puissant antidote à la morosité, en plus d’être un manifeste pour rendre le sexe drôle et l’érotisme joyeux.

    Alex Varenne, La Molécule du Désir, éd. Page 69, 2013, 216 p.
    http://www.alexvarenne.com

  • Lover dose

    La littérature érotique, genre longtemps méprisé, sinon interdit et vendu sous le manteau, est aujourd'hui mis sous les feux de projecteur, à la faveur de quelques best-sellers, dont Cinquante Nuances de Grey.

    C'est d'un autre livre que je vais vous entretenir, Vie érotique, écrite par Delphine de Malherbe et illustrée par Isild Le Besco, actrice, scénariste, romancière et peintre. 

    L'histoire ? Celle d'une rencontre entre une jeune femme, surnommée Vénus, danseuse et et d'un homme, Éros, un voisin. Ils s'observent par la fenêtre plusieurs jours et se séduisent à distance. Au bout d'un moment, ils décident de se rencontrer. Éros – le lecteur va apprendre qu'il se nomme Philippe, qu'il est avocat, qu'il est marié et a des enfants  la convie dans son atelier et lui demande de danser pour elle (chapitre "Lover dose"). 

    Je ne suis pas le premier à affirmer que l'apport des femmes dans la littérature érotique a permis de souffler un vent frais sur ce genre. Plutôt que la crudité, les pulsions et la pornographie, les auteures préfèrent l'audace, les fantasmes et la liberté. La liberté est d'ailleurs le maître-mot de ce court roman : celle des corps, de nos désirs comme de nos choix de vie.

    L'apport de Vie érotique réside aussi dans les illustrations d'Isild Le Besco. Des dessins, parfois de simples esquisses, croquant des corps en mouvements, souvent sans visage. Textes et illustrations viennent s'appuyer et se répondre les uns aux autres, indissociables et magiques.

    Delphine de Malherbe, dessins de Isild Le Besco, Vie érotique,
    éd. Robert Laffont, 175 p.

  • Les meilleurs amis du monde

    Il y a du Rohmer dans Amitié étroite, cette bande dessinée de Bastien Vivès. Du Rohmer qui aurait trouvé son inspiration dans la génération Y, biberonnée aux téléphones portables, à la téléréalité et à l'Internet.

    Le marivaudage est au cœur de cette superbe œuvre d'un de nos plus talentueux dessinateurs. Francesca, jeune étudiante, papillonne de garçon en garçon. Son plus fidèle soutien est son meilleur ami, Bruno, lui aussi à la recherche d'une âme sœur. C'est une relation fusionnelle et ambiguë qu'ils entretiennent, jugée avec méfiance et curiosité par leurs proches, et bien résumé par ce court dialogue : "C'est qui ce mec ? C'est ton frère ? - Non. - C'est ton mec ?" Ce lien fort se noue et se dénoue dans les vingt pages de cette bande dessinée, toute en subtilité.

    Une histoire simple mais poignante, un graphisme épuré frôlant parfois l'abstraction (qui était déjà très présente dans Le Goût du Chlore) et une histoire "rhomérienne" qui croque avec justesse un tableau de la jeunesse d'aujourd'hui. Une pure merveille. 

    Bastien Vivès, Amitié étroite, éd. KSTR, 2009, 132 p.
    http://bastienvives.blogspot.fr