En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
Fiction historique, drame psychologique ou récit fantastique ? Le moins que l’on puisse dire c’est que la série 1899 proposé par Netflix embrouille à souhait les spectateur tout au long de ses huit épisodes. Le suspense, les chausse-trappes et les pièges ne manquent pas. C’est d’ailleurs à l’image de ces passages secrets dissimulés dans les différentes parties du Kerberos.
Ce bateau doit relier l’Europe et New-York, emportant avec lui plusieurs centaines de passagers, de toutes origines et de toute culture. Nous sommes à l’orée du XXe siècle. Dans le bâtiment, aussi gigantesque qu’inquiétant, il y a ce couple français mal assorti, mal heureux, avec un mari cocaïnomane, une jeune Japonaise et son inquiétante servante ou encore deux frères espagnols dont l’un est prêtre. Il y a aussi une jeune femme, Maura Franklin, à la recherche de son frère qui était sur le navire jumeau du Kerberos, le Prometheus, mystérieusement disparu. C’est sans compter non plus sur les nombreux passagers de la troisième classe et sur les membres de l’équipage, dont le Capitaine Eyk Larsen.
Pendant le long voyage, un message de détresse du Prometheus est reçu. Le cauchemar peut commencer.
Un univers steampunk
Jantje Friese et Baran bo Odar, les créateurs de la série Dark, ont su ménager leurs effets pour cette série, prenant un malin plaisir à multiplier les personnages, les intrigues, les indices et les détails parfois les plus insolites : des trappes indiquées par des logos kabbalistiques, une petite pyramide, deux passagers clandestins dont un enfant, des machineries étranges nous renvoyant dans un univers à la Jules Verne. Après tout, nous sommes en 1899 et l’auteur des Voyages fantastiques est encore bien frais dans les mémoires.
Cet univers steam-punk est servi par d’incroyables décors et un casting cosmopolite où les acteurs jouent dans leur propre langue. Les effets visuels désarçonnent et servent un récit sans cesse entre le drame intime, la folie, le rêve et le fantastique.
Le spectateur doit attendre les dernières minutes du dernier épisode pour avoir le fin mot de cette étrange histoire. Rien que pour cela, cela aura valu le coup de s’accrocher.
1899, série dramatique germano-allemande de Jantje Friese et Baran bo Odar, avec Emily Beecham, Aneurin Barnard, Andreas Pietschmann, Miguel Bernardeau, Maciej Musiał, Anton Lesser, Yann Gael, Mathilde Ollivier, José Pimentão, Isabella Wei, Gabby Wong et Jonas Bloquet, Netflix, 2022, 8 épisodes https://www.netflix.com/fr/title/80214497
C’est l’heure du grand bilan pour 2022. Quels sont les chroniques qui ont été les plus buzzé cette année. Musiques, expos, livres, BD : il y en a pour tous les goûts cette année.
La compositrice et violoniste Elise Bertrand ouvre la marche de ce Top 10 annuel. Qui a pu dire que la musique contemporaine n’intéressait plus personne ? Avec cette chronique, Bla Bla Blog entendait faire découvrir une formidable créatrice avec un premier album audacieux, intelligent et plein de souffle. Une très grande compositrice venait de naître. Formidable !
Extrait: "Les Lettera Amorosa, qui donnent son nom au premier album d’Elise Bertrand, marquent la découverte d’une nouvelle venue dans la musique contemporaine. La maison de disques Klarthe Records a eu la bonne idée de sortir les premières œuvres de la jeune compositrice et violoniste, et en premier lieu cet opus 10 que sont le quatuor avec flûte "Lettera amorosa". Elise Bertrand a mis en musique le recueil éponyme de René Char, que l’écrivain présentait ainsi dans son épigraphe : "Amants qui n’êtes qu’à vous-mêmes, aux rues, aux bois et à la poésie ; couple aux prises avec tout le risque, dans l’absence, dans le retour, mais aussi dans le temps brutal ; dans ce poème il n’est question que de vous…"LA SUITE ICI...
Quel plaisir de voir bien positionnée cette chronique sur Le Diamant Bleu, un cabaret situé à quelques encablures de Montargis ! Preuve qu’on sait s’amuser dans le Gâtinais et que même un village modeste peut devenir un lieu de toutes les fêtes !
Extrait : "Dans la grande famille des cabarets, Bla Bla Blog ne pouvait pas ne pas parler du Diamant Bleu, un lieu de fête sexy qui a ouvert ses portes il y a déjà vingt ans en plein cœur du Gâtinais, à Barville-en-Gâtinais. C'est le cabaret du Loiret par excellence, à une heure de Paris et quelques kilomètres de Montargis et qui n’entend pas se laisser impressionner par les Moulin Rouge, Crazy Horse et autres Paradis Latin. Non sans raison, Le Diamant Bleu peut se targuer de porter l’étiquette de "plus grand cabaret de Province"…" LA SUITE ICI...
La première exposition à l’honneur dans notre classement est celle que Le Louvre consacre aux objets. Peu sexy a priori ? Bien au contraire : merveilleuse, passionnante et intelligente. Le public aura jusqu’au 23 janvier pour découvrir ce qui se cache derrière la représentation des objets dans l’histoire de l’art. Un projet culturel, ambitieux et largement réussi.
Extrait : "Derrière "Les choses", l’énigmatique titre de la dernière exposition au Louvre qui se tient jusqu’au 23 janvier prochain, se cache une aventure de plusieurs milliers d’années au cœur de la représentation des objets. Grâce à 170 œuvres prêtées par plus de 70 institutions et musées, la vénérable institution propose de revenir sur la question de la représentation des choses, depuis les stèles funéraires de l’Égypte ancienne jusqu’à l’intelligence artificielle, en passant par les objets religieux médiévaux, les peintures classiques de Chardin, ou les installations et ready-made du XXe siècle. Le parcours muséographique fait l’objet de 15 séquences chronologiques passionnantes…" LA SUITE ICI...
À la septième place du classement de cette année, figure un focus sur une autre admirable exposition, cette fois en Province, à Nîmes. D’avril à octobre, le Musée de la Romanité nous rappelait l’importance pour notre culture des Étrusques.
Extrait : "Du 15 avril au 23 octobre 2022, le Musée de la Romanité de Nîmes met à l’honneur une civilisation antique méconnue et pourtant l’une des plus fascinantes et raffinées de la Méditerranée : les Étrusques. L’histoire de ce peuple d’habiles navigateurs et d’artisans raffinés se développe à partir du IXe s. av. J.-C., connaît son apogée entre le VIIe et le Ve siècle, et finit par tomber progressivement sous la domination débordante de Rome, entre le IVe et le Ier s. av. J.-C…"LA SUITE ICI...
C’est bien connu : les Allemands sont devenus nos plus chers et nos plus rares amis. Mais nous connaissons-nous vraiment ? Dans son livre Douce Frankreich, dont la chronique est bien positionnée en 6e place, Frank Gröninger nous tend un miroir réjouissant autant qu’amoureux.
Extrait : "Ces chroniques d’un Allemand en France, Douce Frankreich de Frank Gröninger (éd. AlterPublishing), sont un hommage appuyé autant qu’un récit amoureux pour un pays – la France – à la fois attirant, fascinant, mais qui est aussi mal compris, sinon mal aimé. Qui peut le mieux en parler que précisément un étranger, qui a aujourd’hui la double nationalité ? L’auteur, Frank Gröninger, cite à ce sujet cette phrase de Kurt Tucholsky : "Un Allemand, il faut le comprendre pour l’aimer ; un Français il faut l’aimer pour le comprendre…" LA SUITE ICI...
C’est le premier film à entrer dans le top 10 de cette année. La chronique consacrée au long-métrage Les fantasmes de Stéphane et David Foenkinos entre dans le cadre du hors-série consacrée à l’auteur de La Délicatesse. Le film à sketch est incontournable pour les fans qui, ici, avec son frère, s’en donne à cœur joie. Réjouissant comme un roman de David Foenkinos.
Extrait : "Les films à sketchs, un genre à part et considéré avec méfiance, peut vite tomber dans le piège de sketchs de qualités variables. Les fantasmes de Stéphane et David Foenkinos n’évite pas cet écueil, ce qui ne l’empêche pas d’être une œuvre à la fois osée, souriante et étonnante. Soulignons d’emblée le choix de la bande originale, choisie avec soin, avec notamment la découverte ou redécouverte de "Teach Me Tiger" d’April Stevens. Stéphane Foenkinos et son écrivain de frère, auquel Bla Bla Blog consacre un hors-série spécial, ont choisi un thème unique : le fantasme en amour…"LA SUITE ICI...
Chauds les marrons ! Bla Bla Blog avait consacré plusieurs chroniques à Raúlo Cáceres avant cet album particulier à bien des égards. D’abord parce qu’il s’agit non pas d’une bande dessinée mais d’un art book. Ensuite parce que le dessinateur espagnol se distingue par ses univers sombres mêlant horreur, sadisme, sexe, tortures, érotisme mais aussi une sérieuse dose d’humour noir. Pour public (très) averti, bien entendu !
Extrait : "Le dernier ouvrage de Raúlo Cáceres, Eros et Thanatos (éd. Tabou) est à part dans la bibliographie du dessinateur espagnol. Cet art book rassemble sur 80 pages une sélection d’illustrations, pour la plupart inédites ou appartenant à des collections privées et datant des années 2018 à 2021. L’univers de Raúlo Cáceres est celui du sexe, de la violence, des monstres, de la cruauté mais aussi du mal, parfois incarné par des vamps aussi terribles qu’attirantes. Derrière ses adaptations de Justine et Juliette de Sade ou l’incroyable roman graphique des Saintes Eaux (toujours aux éditions Tabou), le dessinateur de Cordoue parvient à "radiographier les profondeurs de l’âme humaine, avec ces espaces sombres, qui ont peu changé au cours des siècles", comme l’écrit Serafín Pedraza Pascual, en présentation d’Éros et Thanatos. Il ajoute ceci : "La profondeur inégalée du graphisme de de Raúlo le place à un niveau d’excellence à la hauteur des plus grands auteurs de bande dessinée contemporaine…"LA SUITE ICI...
Nous arrivons au podium de ce classement. Il est rare qu’un film arrive à cette place dans un classement annuel de Bla Bla Blog. Preuve que cet étonnant et captivant biopic sur Anne Franck et son amie Hannah a su marquer l'année 2023. Bouleversant, bien entendu.
Extrait : "On ne va pas se mentir : l’histoire d’Anne Franck n’a jamais été aussi bien traitée que par le film de George Stevens (The Diary of Anne Frank, 1959) et bien entendu par le Journal d’Anne Franck. Le manuscrit de l’adolescente néerlandaise, retrouvé par miracle par son père après la guerre, est par la suite devenue une œuvre majeure de la littérature mondiale, le journal le plus célèbre du monde et aussi une des pierres angulaires de la littérature concentrationnaire. Le film Anne Frank, ma meilleure amie, proposé par Netflix, est consacré à ce sujet sensible et difficile sous un biais inattendu. Il fallait être culotté pour revenir sur ce récit, ce que Ben Sombogaart et ses deux interprètes principales, Josephine Arendsen et Aiko Mila Beemsterboer, font avec conviction…"LA SUITE ICI...
Le Duo Jatekok a fait l’objet d’une interview et d’une chronique sur leur album d’adaptation du groupe allemand Rammstein. Preuve qu’en matière de musique, metal et classique font décidément extrêmement bon ménage. La 2e place du duo formé par les pianistes Nairi Badal et Adélaïde Panaget le prouve.
Extrait : "Adapter en version acoustique et classique Rammstein, le groupe de rock metal allemand le plus emblématique de la scène mondiale : voilà un projet qui ne pouvait qu’interloquer Bla Bla Blog. C’est le Duo Jatekok, formé par les pianistes Nairi Badal et Adélaïde Panaget, qui s’est attelé à la tâche. À bien y réfléchir, le projet a du sens si l’on pense à l’intrusion de sons symphoniques chez Rammstein ("Mein Herz Brennt" ou "Ohne Dich"). De plus, les fans du groupe allemand savent que les deux pianistes assurent depuis 2017 leur première partie. Ce pont entre deux courants musicaux, a priori aussi antinomiques que le metal et le classique, est à saluer. Le résultat est ce Duo Jatekok plays Rammstein, un passionnant album de reprises qui sort cette semaine. Un opus qui ravira autant les fans du groupe de rock que les familiers du classique – deux mondes qui peuvent d’ailleurs parfois se confondre…" LA SUITE ICI...
Pour 2022, c’est la chanteuse Adé qui est la grande gagnante du Top 10 de Bla Bla Blog. Son premier single puis son premier album solo ont prouvé que l’ex de Thérapie Taxi est déjà une voix de la scène français sur laquelle il faudra compter.
Extrait : "C’est l’énorme coup de cœur de cet été ! Celui qui vous fait complètement chavirer et qui vous envoie aussi une énorme frustration : celle de devoir attendre un album, qui viendra inévitablement. En un seul single, "Si tu partais", Adé montre qu’elle n’est plus seulement la co-leadeuse et chanteuse envoûtante de Therapie TAXI ("Coma idyllique", "Hit sale", "PVP"), le groupe de pop-rock le plus passionnant et le plus détonnant de ces dernières années. La séparation du groupe avait désespéré ses fans, et à juste titre. En promettant de revenir en solo, Adé, Adélaïde Chabannes de Balsac dans l’état-civil, n’a pas menti : elle propose, quelques mois après la séparation, son premier single, "Tu partais"…" LA SUITE ICI...
Étrange, douce et envoûtante CATT. Plonger dans le clip de son dernier single, "Spell Me Free" c’est se faire croquer tout cru grâce à sa voix, à une mélodie imparable et un son pop-rock à la fois tendre et planant tout à la fois. C’est sans compter les images d’un somptueux et surréaliste clip réalisé par Michèl M. Almeida.
Voilà qui augure un album passionnant, Change, à paraître le 24 mars 2023 sur ListenRecords. La mélancolie est évidente dans ce magnifique single qu’est "Spell Me Free", un titre pop et européen orchestré et produit avec soin.
"L'hiver dernier, j'ai vécu en dehors de Berlin pendant un certain temps. Une retraite après beaucoup de tournées et tout le bruit des mois précédents. Moi seul avec mes instruments", explique CATT, avant d’ajouter : "Il y a un jour où je me suis sentie très triste, presque comme si je portais la tristesse de toute l'humanité. Je suis allée au bord de l'eau et j'ai pleuré. Ensuite, Spell Me Free a jailli de moi comme si toute cette tristesse se transformait en espoir, en paix, en euphorie. C'était comme si je sortais de l'autre côté avec un cadeau dans les mains".
Duo Jatekok sort en ce moment un étonnant album de reprises pour deux pianos du groupe de metal Rammstein. Duo Jatekok plays Rammstein c’est un mariage inattendu entre le classique et le rock. Sur ce projet musical, nous avons interrogé Nairi Badal et Adélaïde Panaget, les deux membres de Duo Jatekok.
Bla Bla Blog – Bonjour Naïri et Adélaïde. Vous formez le Duo Jatekok. D’abord, comment est née votre collaboration et pourquoi ce nom « Duo Jatekok » ?
Duo Jatekok – Bonjour ! Nous avons commencé à jouer ensemble dès l'âge de 11 ans. Nous étions dans la même classe de piano et le piano à quatre mains et le deux pianos était une source de joie et de complicité musicale très ludique. Plus tard, lors de nos études supérieures, nous avons décidé de nous perfectionner dans cette discipline exigeante et originale et de préparer des concours internationaux. Le piano étant un instrument assez solitaire, nous avons d'emblée adhéré à cette carrière à deux. Le répertoire étant très différent du répertoire de piano solo, cela nous a ouvert de nouveaux horizons musicaux et nous a offert la possibilité de collaborations variées. Les Jatekok sont un recueil de pièces du compositeur hongrois Kurtág. Ce sont des miniatures inspirées de la manière dont les enfants approchent un clavier de piano. On y joue avec les coudes, la paume des mains, on glisse d'un bout à l'autre, on explore des registres. C'est un répertoire magnifique et le mot hongrois "Jatekok" signifie "les jeux". Nous avons aimé cette sonorité étrange et rythmique et la musique qu'elle représentait.
Bla Bla Blog – Vos deux premiers enregistrements laissaient déjà apercevoir votre appétence pour le répertoire contemporain et la musique du XXe siècle (Barber, Ravel, Trotignon), non sans passer par le jazz (Dave Brubeck). Maintenant c’est le groupe de métal Rammstein qui est au cœur de votre dernier album. N’avez-vous pas peur de déstabiliser le public avec ce mélange des genres – classique et rock métal ?
Duo Jatekok – Nous sommes nous-mêmes déstabilisées ! Mais la vie nous a offert des possibilités d'élargissement de répertoire et ça aurait été dommage de ne pas s'y engouffrer sous prétexte de rester dans des cases stylistiques. Au contraire, nous avons l'impression d'un enrichissement qui nous permet de construire des passerelles entre les genres. Nous avons beaucoup travaillé le répertoire du XXe siècle et le décloisonnement des genres nous a permis de rencontrer des musiciens fantastiques qui nous donnent des impulsions nouvelles dans notre art. Nous aimons sortir de notre zone de confort !
Bla Bla Blog – Comment s’est faite la rencontre avec Rammstein ? Est-ce que ce sont eux qui sont venus vers vous ou bien l’inverse ? Avant votre collaboration, connaissiez-vous le groupe ?
Duo Jatekok – C'est leur producteur français Olivier Darbois qui a eu l'idée de mettre une femme au piano en première partie pour créer un contraste. De plus, Rammstein a édité une partition piano-chant de certaines de leurs chansons. Il trouvait ce concept original et intéressant. C'était en 2017 pour leurs trois dates aux arènes de Nîmes. Lorsqu'il nous a proposé de le faire, nous avons trouvé l'idée intéressante et avons voulu relever ce challenge ! Nous ne connaissions pas du tout Rammstein et ça a été une sacrée aventure de s'imbiber de leur musique et de la retranscrire au mieux pour notre formation instrumentale.
Bla Bla Blog – Depuis 2017, vous faites les premières parties de Rammstein. Racontez-nous le souvenir de votre tout premier concert au milieu d’un public de fans, et dans une ambiance que j’imagine bien différente d’une salle de concert classique.
Duo Jatekok – C'était assez fou pour nous. Nous ne savions pas du tout comment le public allait réagir face à deux femmes sur un piano à queue. Une anecdote rigolote : on nous avait conseillé de faire le signe du diable en arrivant sur scène pour stimuler le public. C'était un code que nous ne connaissions pas du tout. On s'était dit qu'on garderait ça pour la fin de notre prestation. Or, en arrivant sur scène, le public nous a accueilli avec des cris et ce signe. Nous avons donc timidement répondu par le même signe et là, magie, les gens ont encore plus hurlé ! C'était incroyable. Je crois que nous avons par la suite utilisé un peu trop ce signe du diable tellement c'était une sensation incroyable ! Autre chose qui nous a surpris, c'est que les fans chantaient par-dessus nous pendant le set et c'était super de se connecter de cette manière.
Bla Bla Blog – Quel est le rapport de Rammstein avec le classique et le contemporain ? Si je les imagine mélomanes en dépit de leur style musical très rock de leurs légendaires guitares lance-flamme, suis-je dans le vrai ?
Duo Jatekok – Nous n'avons pas vraiment pu échanger avec eux à ce sujet malheureusement. Nous leur avons offert nos CD. On espère que cela leur a plu. Nous avons pu échanger avec Till [Till Lindemann, le chanteur de Rammstein] à propos de sa formation de chanteur. Il nous a donc confié que la professeure de chant qui l'avait formé était de formation classique. Cela lui a permis d'avoir une technique vocale plus large et une puissance qui est sa marque de fabrique.
"On nous avait conseillé de faire le signe du diable en arrivant sur scène pour stimuler le public"
Bla Bla Blog – Pour votre album Duo Jatekok plays Rammstein, qui sort en ce moment chez Vertigo, vous avez choisi de balayer toute la carrière de Rammstein, depuis ses débuts jusqu’à leur album éponyme sorti en 2019. Comment s’est fait le choix des titres ?
Duo Jatekok – Nous avons choisi avant tout des morceaux mélodiques qui nous plaisaient ! Les ballades comme Diamant, Fruhling in Paris ou encore Ohne Dich se prêtent particulièrement bien à la transcription. C'est moins le cas de morceaux plus rythmiques comme Du Hast ou Ich Will qui ne rendent pas très bien sur des pianos acoustiques. On a donc préféré les écarter.
Bla Bla Blog – L’auditeur de Rammstein pourra être frappé par l’écriture musicale des morceaux, une écriture très fine, parfois cachée par des interprétations rugueuses et des sons de guitare saturés. J’imagine que les adaptations au piano n’ont pas été simples.
Duo Jatekok – C'est vrai. Nous avons essayé d'être créatives et de retranscrire au mieux ces effets métal-rock. Pour cela, nous avons exploré les différentes manières de produire des sons sur nos pianos et avons utilisé la technique du piano "préparé". Cela consiste à rajouter des éléments dans les cordes du piano pour les faire sonner autrement : pâte à fixe, scotch, doigts, clusters…
Bla Bla Blog – En tant que musiciennes plus habituées au répertoire classique et contemporain, comment avez-vous procéder pour adapter aux pianos ces morceaux sans les dénaturer ?
Duo Jatekok – Nous avons gardé la spécificité de chaque morceau et avons apporté à partir de cette base notre touche classique. Par exemple, pour Seeman, nous sommes parties de l'accompagnement de Rammstein qui imite la mer et on s'est permises de s'inspirer de Debussy, maître de l'impressionnisme musical sur le plan aquatique ! De même pour Puppe, nous voulions retranscrire l'idée de la folie. Nous avons donc utilisé des clusters, de la pâte à fixe pour créer une ambiance malaisante. Et nous nous sommes inspirées de Prokoviev avec des célèbres toccatas : rythme rapide et répétitif en crescendo qui permet de créer un sentiment d'angoisse et de folie.
Bla Bla Blog – Une nouvelle tournée est-elle prévue avec les Rammstein ?
Duo Jatekok – Nous savons qu'une nouvelle tournée de prépare pour l'année prochaine mais pour le moment, nous nous préparons à la tournée 2022 qui a été reportée deux fois déjà : Europe et Amérique du Nord ! Un bel été à l'horizon.
Bla Bla Blog – J’ai envie de vous poser cette autre question : pouvons-nous rêver d’une première partie des Rammstein lors de vos prochains concerts ?
Duo Jatekok – On peut toujours se permettre de rêver ! Cependant, la technique nécessaire à Rammstein paraît compromettre cette idée !
Bla Bla Blog – Dernière question : d’autres enregistrements ou d’autres projets musicaux sont-ils prévus ?
Duo Jatekok – Nous avons un projet d'enregistrement à deux pianos autour du répertoire évoquant le diable, les sorcières. C'est un thème qui a inspiré un grand nombre de compositeurs. Nous avons également la volonté de passer des commandes auprès de compositeurs classiques et jazz.
Adapter en version acoustique et classique Rammstein, le groupe de rock metal allemand le plus emblématique de la scène mondiale : voilà un projet qui ne pouvait qu’interloquer Bla Bla Blog. C’est le Duo Jatekok, formé par les pianistes Nairi Badal et Adélaïde Panaget, qui s’est attelé à la tâche.
À bien y réfléchir, le projet a du sens si l’on pense à l’intrusion de sons symphoniques chez Rammstein ("Mein Herz Brennt" ou "Ohne Dich"). De plus, les fans du groupe allemand savent que les deux pianistes assurent depuis 2017 leur première partie. Ce pont entre deux courants musicaux, a priori aussi antinomiques que le metal et le classique, est à saluer. Le résultat est ce Duo Jatekok plays Rammstein, un passionnant album de reprises qui sort cette semaine. Un opus qui ravira autant les fans du groupe de rock que les familiers du classique – deux mondes qui peuvent d’ailleurs parfois se confondre.
Précisons aussi que le Duo Jatekok est l’auteur de trois enregistrements classiques et contemporains. Le premier, Danses, rassemble des œuvres de Grieg, Barber, Ravel et Borodine et le deuxième, Boys, propose des créations de trois hommes – comme son nom l’indique : Poulenc et sa sonate pour deux pianos, Points on Jazz de Dave Brubeck et trois pièces de Baptiste Trotignon.
Impertinentes, précises et virtuoses, Nairi Badal et Adélaïde Panaget adaptent donc cette fois Rammstein pour leur nouvel enregistrement, à travers des revisites balayant toute la carrière du groupe, depuis leur premier album Herzeleid ("Seemann") jusqu’au Rammstein 2019 ("Puppe", "Diamant"), en passant par le fameux Sehnsucht de 1997 ("Klavier", "Engel") ou Mutter ("Mutter", "Mein Herz Brennt") en 2001.
Les musiciennes du Duo Jatekok étincellent dans ce projet instrumental (il manque évidemment, dans ces reprises, le texte des morceaux, que l'auditeur pourra retrouver dans les albums originaux ou live), projet qui séduira autant les fans de du groupe aux guitares lance-flammes qu’il interpellera les habitués du classique – qui pourront y trouver une porte d’entrée vers un des groupes les plus célèbres de la scène metal internationale.
Ce projet séduira autant les fans de du groupe aux guitares lance-flammes qu’il interpellera les habitués du classique
La sonorité brute de Rammstein laisse place dans cet opus à une facture classique ou néoclassique, à l’image du fameux "Engel". Le duo met en valeur l’écriture harmonique et mélodique que l’interprétation originale très rock de Rammstein efface pour le moins.
Nairi Badal et Adélaïde Panaget entendent pour autant respecter l’esprit de Rammstein, que ce soit l’insouciance inquiétante de "Puppe" avec ces explosions de sons pianistiques, la puissance sombre de "Mein Herz Brennt" ou la ballade "Ohne Dich", une des chansons phares du répertoire de Rammstein sur le deuil, la mort et la solitude.
L’inquiétant "Klavier" est, quant à lui, peuplé de fantômes, de portes ouvertes sur le mystère et d’une étrange pianiste. Les musiciennes de Duo Jatekok en font une lecture très contemporaine, onirique, mais non sans ce rythme dingue, servi par leur virtuosité remarquable.
"Frühling in Paris" est à saluer comme une superbe composition sur le souvenir d’une histoire d’amour ("Oh non je ne regrette rien / Wenn ich ihre Haut verließ / Der Frühling blutet in Paris"), l’un des plus beaux morceaux de album, lumineux et au souffle romanesque incroyable. Le titre est habité d’éclairs mélancoliques, à la tristesse insondable. L’influence d’Edith Piaf est évidente dans ce qui sonne comme un hymne à la France.
"Mutter", lui, démarre doucement avant de trouver une puissance assez fidèle à Rammstein. Nairi Badal et Adélaïde Panaget font de ce morceau en hommage aux mères un bouleversant chant mêlant les regrets et la rancœur. Parlons aussi de "Diamant", sorti en 2019, qui a droit aussi à une revisite. Cette histoire d’amour toxique devient une ballade romantique très fidèle au titre original tout en retenue, mais son sans trouvailles sonores ni ce romantisme noir singulièrement plus présent dans cette version que dans l’original.
Le morceau "Ausländer", inspiré par Prokofiev, parle de la découverte de l’étranger et de l’étrangère ("Ich bin Ausländer / Mi amore, mon chéri"). Le Duo Jatekok en fait une fantaisie plus romantique, mais tout aussi légère. Romantisme aussi, mais cette fois sombre, avec l’étonnante et bouleversante adaptation de "Seemann", un chant funèbre que les fans de Rammstein connaissent bien.
L’album se termine avec "Sonne", tout aussi classique, adapté comme une marche lente et douloureuse, à l’image de l’œuvre originale, avec ces éclairs jazz qui en font un étourdissant voyage musical.
Toni Erdmann fait partie de ces films qu’il faut prendre le temps de découvrir pour apprécier les personnages, leurs évolutions, leurs contradictions et aussi la subtilité des rapports humains. La réalisatrice Maren Ade (également au scénario) a construit avec patience un duo inattendu, mené par deux grands comédiens, Peter Simonischek et Sandra Hüller
Ines est une femme d’affaire installée en Roumanie pour raisons professionnelles. Cette cadre froide, célibataire sans enfant, Winfried, un retraité débonnaire que l’on pourrait dire venant d’une époque révolue – celle de mai 68 s’il était français – cultive l’art de la blague potache, avec cet air de clown triste qui le rend justement irrésistible. Il est bien à l’opposé de sa consultante de fille, partie en mission en Roumanie pour les besoins de sa boîte qui met au point un plan d’externalisation qui risque d’avoir des conséquences sociales importantes. Des conséquences sociales qui ne font ni chaud ni froid à la business woman.
Lorsque son père débarque en Roumanie à l’improviste, la jeune femme est déstabilisée par cet homme aux antipodes d'elle-même. Winfried finit par la quitter et revenir au pays, mais c’est pour mieux revenir en Roumanie quelques jours plus tard, cette fois grimé sous le pseudonyme de Toni Erdmann, une caricature de VIP (il se présente comme ambassadeur allemand). Ines ne peut assister qu’impuissante à la nouvelle intrusion de son père fantasque, capable de ruiner ses rendez-vous professionnels et privés et renvoyant à sa fille une image déformée de sa propre vie.
La longue étreinte d’Ines et de Winfried restera longtemps dans les mémoires
Lors de sa présentation à Cannes en 2016, Le Monde a parlé de Toni Erdlmann comme une "onde de choc" salutaire et d’une drôlerie incroyable, avec cet humour grinçant et pince-sans-rire que propage l’incroyable Peter Simonischek, dans le rôle de Winfried/Toni Erdmann. Sandra Hüller casse pareillement la baraque dans son interprétation diamétralement opposée d'une business woman collet monté à la beauté glaciale, dénuée de toute fantaisie, et dont l’unique but semble se résumer à des tableaux Excel et des rapports économiques sur la meilleure manière d’améliorer la rentabilité d’un groupe international. Comment la fille et le père vont-ils cohabiter, tant leur monde est diamétralement opposé ? Vont-ils finir par se comprendre ?
Maren Ade déplie avec patience l’histoire de ces retrouvailles inattendues, souvent drôles, jusqu’à la dernière partie du film où le loufoque fait une incroyable irruption dans la vie d’Ines, à la faveur d’une réception dont nous ne dévoilerons rien. La nouvelle irruption du père devient tout aussi inattendue, avec un message tout en symbole et une courte scène bouleversante et silencieuse.
En 2016, le jury de Cannes a "oublié" Toni Erdmann, ce qui a étonné les professionnels comme le public qui avait découvert ce film à la très grande richesse, menée par un duo de comédiens si soudé que la longue étreinte d’Ines et de Winfried restera longtemps dans les mémoires.
Avec Bonjour, Offenbach !, paru aux éditions Shockdom, Luigi Formola et Antonio Caputo proposent une bande dessinée particulièrement sensible, racontée et dessinée à hauteur d’homme et de femme, sur un sujet a priori aride : l’immigration.
Le récit se déroule en Allemagne au cours des années 70. Il faut tout de même préciser que le choix de cette période n’est pas le plus important. Ce qui l’est plus est le choix de faire de cette histoire ordinaire un conte de Noël.
Le personnage suivi par les auteurs transalpins est précisément une Italienne, Giulia. Elle s’est installée avec sa famille en Allemagne, à Offenbach-sur-le-Main, non loin de Francfort. Mariée et mère de deux enfants, elle travaille dans un hôtel-restaurant, ne comptant pas plus ses heures et ses week-ends que Paolo, son mari, un ouvrier des chantiers. Les deux enfants, Nicola et Teresa ont commencé leur scolarité au milieu de nouveaux camarades de classes, pas souvent très drôles pour ces petits Italiens et même carrément racistes pour le dire franchement ("Ton père creuse la terre comme un homme des cavernes ? et ta mère est une domestique qui vide nos poubelles").
Un conte de Noël
C’est donc en Allemagne que la famille italienne s’apprête à passer son premier Noël, loin de sa terre natale, et pour Giulia cette acculturation est cruelle : "Je ne peux pas me permettre que l'âme de ma famille s’assombrisse, recouverte par une couche de neige… Je ne peux pas m'enfermer dans une cage où il n'y aurait que le travail." Cette fêtes de fin d’année ont un goût cruel pour cette immigrée italienne, pourtant a priori parfaitement intégrée mais pour qui il manque sans doute l'essentiel : "Rêver d'un peu d'amour, de romantisme, n'est plus la priorité. Cela a cessé de l'être au moment où nous avons passé la frontière italienne…"
Bonjour, Offenbach ! propose une histoire simple et touchante : celle d’immigrés catholiques italiens devant se faire à une nouvelle vie, un nouveau pays, une nouvelle langue et une nouvelle culture.
En dépit du choix pertinent de placer ce récit dans le passé, les questions posées par Giulia restent toujours valables : comment refaire sa vie ailleurs ? Que faire de ses origines ? Comment vivre le racisme ? L’une des réponses à ces questions existentielles, c’est Giulia elle-même qui la propose, avec justesse : "Souvent la vie nous oblige à être un passager à la merci de ses choix… Ce qui compte, ce n'est pas la chaleur de l'endroit où l'on vit… mais la chaleur qui touche l'âme".
S’il y a un seul élément justifiant que l’on s’intéresse à Shadowplay c’est avant tout l’époque et l’année (1946) et la ville (Berlin) où se déroule ce polar (très) noir. Après l’excellentissime Babylon Berlin de l’entre-deux-guerres, Shadowplay fait un focus sur la ville allemande, mais cette fois quelques mois après la chute du nazisme et la fin de la seconde guerre mondiale.
Cette période est si peu connue qu’il semble qu’un voile pudique ait été jetée sur la courte période qui a marqué l’Allemagne en voie de dénazification – une "épuration" comme on l’a théorisé de ce côté-ci du Rhin. Berlin est coupée en quatre par les vainqueurs de la guerre, les États-Unis, l’URSS, la Grande-Bretagne mais aussi – curieux revers de l’histoire – la France.
L’Allemagne est le grand vaincu de la guerre : les nazis sont morts ou alors en fuite et la population a été saignée, spécialement du côté masculin, à telle enseigne que dans la série Shadowplay, l’unité de police que rejoint le policier américain Max McLaughlin (Taylor Kitsch) est dirigée et occupée majoritairement par des femmes. La tâche est évidemment ardue pour ces fonctionnaires catapultées là. Dès centaines de milliers de crimes sont commis chaque année dans l’ex et future puissance allemande et la pauvreté est à son maximum dans ce qui n’est qu’une ville en ruine.
Voilà pour le tableau. Un tableau incroyable où règnent mafias, luttes politico-militaires entre anciens alliés, petits et grands larcins, meurtres et impunités à tous les étages. L’Allemagne vaincue est plus qu’humiliée : punie, déchirée et réduite à l’état de non-nation et de chaos.
L’Allemagne punie et réduite à l’état de non-nation et de chaos
Max McLaughlin débarque de son Amérique natale après une enfance difficile et marquée par un crime familial, il vient officiellement aider la policière Elsie Garten (Nina Hoss) à organiser une unité de police allemande digne de ce nom. L'officier et ses agents n’ont que des barreaux de chaise en guise d’armes, avec une ancienne banque leur servant de commissariat de police. En réalité, Max est surtout à Berlin pour aller sur la piste de son frère qui a disparu à la fin de la guerre. Alors qu’un mafieux "recrute" des femmes désespérées et isolées pour ses affaires (prostitution, chantages et crimes en tout genre), un tueur en série s’attaque à d’anciens nazis et les tue au terme de longues agonies.
Shadowplay est une série historico-policière sur plusieurs niveaux : l’histoire personnelle de Max, d’abord, à la recherche de son frère. Disons que c’est l’aspect le moins intéressante de cette histoire, jusqu’à ce que les deux frères, nommés Max et Moritz – comme les deux personnages d’un classique de la littérature pour enfants – ne s’affrontent sur le terrain de la dénazification. Il y a également l’enquête autour du redoutable l’Engelmacher, le sinistre docteur Hermann Gladow (Sebastian Koch) et de son armée féminine que rejoint dès le premier épisode la troublante Karin Mann (Mala Emde). À cela s’ajoute une intrigue autour d’Elsie et de son mari prisonnier dans les geôles soviétiques.
Les personnages féminins sont au cœur d’une intrigue à double voire triple détente. Berlin repose sur elles, tout comme le crime comme le suggère la structure mafieuse du docteur Gladow. Nous ne serions pas tout à fait complet si on oubliait le personnage équivoque de Tom Franklin joué par Michael C. Hall (Dexter). Quant à, Tuppence Middleton, elle joue Claire Franklin, son épouse dans la série : une autre femme trouble, énième profiteuse autant que victime d’une guerre qui n’était pas encore froide.
Shadowplay, série franco-germano-canadienne de Måns Mårlind, avec Taylor Kitsch, Michael C. Hall, Logan Marshall-Green, Nina Hoss, Tuppence Middleton et Sebastian Koch, Saison 1, 2021 https://www.canalplus.com/series/shadowplay