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S’il y a bien une ville qui a inspiré les auteurs, c’est bien Paris. De Charles Trénet à Marc Lavoine, en passant par Serge Gainsbourg ou, plus près de nous, Marc Lavoine et Benjamin Biolay, la Ville Lumière est une source intarissable.
Mélie Fraisse chante à son pour la capitale française, à travers un titre délicat (PARIS), qui évoque la découverte par une jeune Provinciale – la chanteuse est originaire de Sète – d’une ville à ma fois monstrueuse, inhumaine ("Paris, je t’ai quitté, je t’ai perdu, j’n’ai pas tenue, noyée, sous ton nuage doré / Mais c’était plus mon rythme, je ne tenais plus la ligne, j’ai fini par lâcher") et fascinante ("Mais je t’aime quand même / Paris, sublime devant toi / Je m’incline / Mais je t’aime quand même / Paris, féline, dans tes bras, tout défile, je vacille").
Cette chanson délicate, à l’électro pop d’une grande subtilité, est une déclaration d’amour pour cette ville, mais il s'agit bien d'un l'amour lucide et désenchanté : "Paris j’ai suffoqué, je suis partie, pour respirer, pour vivre, ailleurs que sous ton pied."
Avec ce nouveau single PARIS, Mélie Fraisse annonce la sortie de son second EP dans les prochains mois.
Impossible de ne pas être chamboulé par le Manureva de Marc Fichel, le classique d’Alain Chamfort aux paroles écrites par Serge Gainsbourg (il faut aussi citer Jean-Noël Chaléat, co-auteur de la musique).
Marc Fichel, que nous continuons de suivre sur Bla Bla Blog, prouve son attachement à la chanson française avec plusieurs revisites de notre patrimoine. L’une des plus mémorables est ce Manureva, qui ouvre son dernier EP, Mes années cover, consacré à quelques standards des années 80.
Pour ce titre, Marc Fichel a choisi le piano et la voix afin de mettre en valeur le texte exceptionnel de Gainsbourg : "Où es-tu, Manu Manuréva ? / Bateau fantôme toi qui rêvas / Des îles et qui jamais n'arriva."
Pour illustrer ce titre déchirant, racontant l’histoire de la disparition en 1978 du navigateur Alain Colas et de son bateau, le Manureva, le chanteur est accompagné dans le clip par la danseuse Marie Gaudillière.
Écouter Yvan Marc c’est visiter un ami dans son pays – celui de la Haute-Loire où le chanteur a écrit, composé et enregistré son huitième album, Ancien soleil. Avec une interprétation sans fioriture, et l’art de raconter des histoires de cheminements, d’attentes, d’amour et de désirs, Yvan Marc est aussi le peintre musical d’une nature à la fois exigeante, familière et chaleureuse.
L’album démarre fort, avec ce qui est sans doute son plus beau titre. "Je reviendrai" est une histoire d’amour sur fond de guerre, celle des années 1939-1945, qui renvoie aussi au sort des migrants d’aujourd’hui comme le montre le clip. Un jeune homme adresse une lettre à sa fiancée alors qu’il rejoint la Résistance. Il lui fait la promesse de jours meilleurs : "Je reviendrai mon cœur / Nous libérer des ombres / Nous cueillerons les fleurs / Je reviendra ma fleur / Me blottir sur ton cœur / J’embrasserai ton front… Il est proche le jour J / Il approche et je suis / Comme un marin / Avec la peur dans les mains". La voix d’Yvan Marc raconte avec une simplicité et une émotion désarmante ces rêves et ces destins pris dans la grande histoire, dans un monde déconfit. C’est aussi le thème de "Tu m’attends". Il est question d'un retour du guerrier, mais aussi d’attente, d’espoir et d’un bonheur à venir, sans doute : "C’est la fin des grandes batailles / Des cavaliers chargeant sous le feu / la mitraille / J’ai balancé le fusil / J’ai balancé l’uniforme aussi… Et toi tu m’attends / Mon amour / Ma mie / Ma douce / Tu m’attends".
Plus sombre mais aussi plus actuel, "Qu’ont-ils fait ?" parle du dérèglement climatique dans une adresse lucide : "Étaient-ils conscients qu’arrivait la déroute… Qu’ont-ils faits de la planète ? / Ils lui ont tourné le dos". Pas question pour autant de jouer la carte du passé et de l’âge d’or : "la quête des racines" et "l’ancien soleil" est le constat cruel que "nos ancêtres étaient des idiots".
Folk à la française, poétique, discrète et cabrélienne
La nature : nous voilà dans l’une des grandes thématiques d’Ancien soleil. Mais cette nature est à la fois un havre de paix et le lieu de tous les amours, à l’instar de son duo avec Cécile Hercule "Rendez-vous" : "En longeant le ruisseau près de l’ancien moulin / J’ai trouvé bien caché / Un chemin qui conduit / Où ? / Je n’en sais rien / Peut-être bien / Vers ma peau / vers mes mains / Vers mon dos / Vers mes seins". Autre lieu, autre titre : "Le Jardin" au son plus eighties et qui sonne lui aussi comme une invitation à se revoir ("Tu reviendras quand me voir ?").
Dans une folk à la française, poétique, discrète et cabrélienne, Yvan Marc déambule dans une nature et des lieux où l’on se donne "rendez-vous, là sur les fougères" et où nous attend la personne que l’on adore : "Ça va mieux depuis que je me terre là / Dans ce village où la lumière me caresse les doigts". Le musicien chante l’isolement loin de la ville, à la campagne : "Je chante pour les arbres parfois / Les oiseaux le font mieux que moi" ("Ta douceur"). "Mes rêves sont jolis / Lorsque tu éblouis / Mes journées", chante-t-il encore dans "La nuit est ainsi." Retrouver l’autre mais aussi soi-même dans ce "village enchanté" qui permet de retrouver "sa place" sur terre ("J’en ai rêvé").
L’amour se taille une part généreuse, faisant souffler sur à l’opus un souffle romanesque : "Je deviens ton disciple quand tu me parles d’amour... Entre juste cette fois / Mon antre sera à toi / Juste cette fois" ("Juste cette fois"). Aussi léger et généreux, "Merci" est l’histoire d’une liaison passionnée autant qu’aliénante avec une femme déjà mariée : "C’est pas drôle d’être sur le banc des remplaçants."
Ancien soleil est sans nul doute l’album d’un homme heureux. Un songwriter posé et bien chez lui dans ce petit coin de Haute-Loire.
Hoze c’est Carine Erseng, qui a sorti cet été son premier EP éponyme. Pour son entrée en matière, la chanteuse se démarque avec sa pop souriante, joyeuse, pour ne pas dire insouciante, à l’instar du premier morceau de son mini-album, Je danse sur les toits : "Adolescente, / Je m’en foutais déjà / J’embrassais Hugh Grant / Je dansais sur les toits."
Cette déclaration d’amour pour la liberté est à mettre en parallèle avec Hello ola. Ce titre dansant déroule comme un mantra une invitation au Care, à prendre soin des uns des autres : "Il faut qu’on s’aime… Juste un sourire… un bonjour… J’ai toujours eu la solution à nos problèmes. La seule issue : il faut qu’on s’aime."
Hoze chante aussi, avec une fausse légèreté et une vraie sincérité, des préoccupations à la fois graves et quotidiennes. Ainsi, dans Regarde, une canette jetée par terre par un "mec" déclenche une réaction épidermique de la chanteuse : "C’est mal parti !" La chanteuse fait de ce geste tristement banal le point de départ d’un message universel : "Regarde / La preuve en images / De tous nos ravages / Regarde /Juste une seconde avant la fin du monde / Avant qu’on déménage."
Consolation et réconciliation
Bourrée de vie, Hoze ne pouvait pas ne pas aborder sans doute le seul sujet qui vaille : l’amour. L’artiste le revendique plutôt deux fois qu’une dans JTM JTM : "Il arrive sans crier gare / Celui qui me la fait belle ni trop tôt ni trop tard / Où tu es / Ne comptez plus ma pomme / Pour la déprime du samedi / J’ai enfin trouver un homme / Qui me dit / JTM JTM."
L’amour est toujours possible, chante en substance Hoze dans Parle-moi, un titre à la fois de consolation et de réconciliation : "Force est de constater / Que le temps nous est compté / Que toutes ces petites choses futiles / C’est du bonheur inutile… Parle moi moi parle moi / De tout ça de tout ça de tout ça / Tu sais l’amour c’est ça / Y’a des hauts y’a des bas."
Hoze, l’amoureuse, mais aussi la grande amie et la bonne copine, sait donner du sourire, sans renier pour autant son ultra moderne sensibilité, qu’elle chante avec sa french pop énergique dans Au feu les pompiers, l’extrait sans doute le plus réussi de son premier EP : "Au feu les pompiers / Y’a mon cœur qui brûle / Au feu les pompiers / Y a mon cœur brûlé."
Hoze : une passionnante et attachante chanteuse à suivre, et vous l'aimerez, sans aucun doute.
La première écoute de BT93 nous plonge d’emblée dans la période eighties et nineties. Rien d’étonnant à cela : les titres de cet album ont été créés et enregistrés entre 1989 et 1994. Les connaisseurs reconnaîtront la facture des synthétiseurs devenus des références : Ensoniq ESQ1, TX7, TR707, Korg 01W.
Nous sommes au mi-temps des années 90 et un jeune artiste anonyme, se faisant appeler BT93, envoie son album éponyme au format K7 à quelques maisons de production indépendantes, qui lui demandent gentiment d’aller voir ailleurs. Fin de l’histoire ? Non. Car celui qui signe le morceau rageur La hiérarchie chie laisse une œuvre d’autant moins morte-née qu’elle commence à tourner sur des platines d’inconnus et devient quasi culte. Entre-temps, BT93 s’est installé comme entrepreneur sérieux – ce qui n’est pas le moindre des paradoxes pour un homme qui chantait : "La hiérarchie chie, /Dans son froc en or massif, / Leurs couilles se sont fait la malle, / Ils ont perdu les pédales, tous à la manif !"
C’est donc une résurrection, pour ne pas dire un petit miracle, que cet opus oublié. Près de trente ans après sa création, le disque sort enfin en vraie galette et sur les plateformes. Il est coproduit – excusez du peu – par Frédéric Lo, qui a mis sur le coup des musiciens additionnels : Marcello Giuliani à la basse et Patrick Goraguer à l’orgue Hammond et aux percussions. Tout a été remixé et remastérisé à partir d’enregistrements K7.
Avec BT 93, nous voilà dans un album aux accents post punk-rock : Bronx generation, datant de 1989, revendique ces racines eighties, avec une chanson française dopée aux rythmes saccadés et aux synthétiseurs omniprésents et révolutionnaires. Ce premier morceau est le récit en musique d’une dangereuse rencontre dans un lieu interlope : "Tu f’rais mieux d’décamper / Le zoo du Bronx, quelle idée / Ta tête de youpie égaré / Comme dans l’« bûcher des vanités »…"
Avec Say What Youy said, voilà un talk-over onirique (les paroles sont d’un certain Hervé Tanguy) qui peut se lire comme un hommage à Yves Simon : "J'avais oublié que je ne t'avais pas oubliée / Nous avions tant usé de salive / En mot, en baisers, en phrases définitives / Ce soir je me souviens de tes yeux, tes bras et tes pieds nus / De nos larmes et nos serments / Dont aucun ne fut tenu."
Histoire d’amour encore avec Chasseur de tête et Pas ce soir mais peut-être demain, qui conte une "aventure d'un soir" : "Est-ce qu'on va se revoir / Ca fait longtemps que je broie du noir / J'ai un plan pour ce soir / Il faudrait juste que j’arrête de boire."
Plus léger, On n'est pas sérieux avec les filles lorgne du côté de Patrick Coutin et de son J’aime regarder les filles : "Pourquoi j'devrais n'aimer qu'une fille / Quand tout nous pousse à en aimer plusieurs / En série mais aussi en parallèle / En solo ou bien en chœur."
"La hiérarchie chie, /Dans son froc en or massif"
Soyons clair : si BT93 est devenu culte c’est aussi et surtout en raison de ses titres engagés, à l’instar de Références, au parlé-chanté sombre et rugueux : "Les dirigeants d'entreprise, / Plus que jamais broyés par le quotidien, /Sont-ils condamnés à prendre des décisions / Comme des âmes soûles ?" Ce cri contre le libéralisme se fait à travers un travail sur le champ lexical économique et stratégique : "J.L. Bower, Managing the Ressource Allocation Process / Division of Research Graduate School of Business Administration / Harvard University / Cambridge, Massachussetts, 1970 / Références!" BT93 se montre par la suite bien plus explicite : "Cette chanson peut être entendue comme un plaidoyer pour un usage raisonnable d’outils relevant d’une nouvelle rationalité", chante l'artiste dont l'album unique est illustré par le cliché d'un jeune loup sautillant au milieu des tours d’affaires de La Défense, en costume cravate et attaché-case.
Businessman privé ou énarque ? Ou les deux ? Dans L’énarque, c’est à la première personne qu’il se met dans la peau d’un de ces tristes sires : "Je suis un énarque / Parachuté au poste clé / Mais je mène ma barque / Allez faut manager..." Management, plans sociaux, consultants, carrière, petits cadeaux : pas de doute, nous sommes dans le portrait grinçant d’une de ces figures typiques du capitalisme de ces trente dernières années.
Le moins que l’on puise dire c’est que BT93 a du répondant et assume son engagement, à l’exemple du morceau phare de l’album, Hiérarchie chie : "Moi je sais ce qui nous nique / C'est les segments stratégiques / Partage en business units / C'est pour ça que je milite." BT93 mitraille à tout-va. Le clip est un montage de plusieurs courts-métrages réalisés entre 2005 et 2010 et ayant comme thématique le monde du travail. Diffusés à la télé (France 3 notamment), avec le comédien Jean-Toussaint Bernard dans le rôle principal, le clip a été réalisé par l’artiste vidéo Yannick Dangin-Leconte (Stupeflip vite !!!).
Fric rime avec neurasthénique. Les nuits d’un ex-winner, singulièrement plus mélancolique que rageuse, est la partie sombre de ces gagnants du libéralisme, ces pauvres types emprisonnés dans leur propre prison : "Même le Dénoral / N'a plus aucun effet / Sauf sur mon moral / Devenu papier mâché / Que faire d'un insomniaque / Chronique et hors d'attaque / Qui réclame ni dommage ni intérêt."
Il n’y a pas plus de salut dans le titre acide RV avec les ressources humaines où le milieu de l’entreprise est aussi celui de la cruauté pleinement assumée : "Quand je serai PDG / J'en connais qui vont morfler / Chez les psychologues diplômées."
L’album se termine avec le surprenant RER pour la défonce. Un morceau qui boucle cet album cohérent. Le titre est évidemment un calembour que pas mal de voyageurs et travailleurs franciliens reconnaîtront. "Dans les couloirs noirs je m'enfonce / Du RER pour la défonce / Cravate serrée / Moi cadre étriqué / Ouvrir dossiers / Jusque nuit veiller."
BT93 est ressuscité, et on le doit largement à Frédéric Lo : près de trente ans après la création de cet opus, son message reste plus que jamais d'actualité.
Plus engagé que jamais, HK chante dans Eldorado sa vision du bonheur et d’un certain idéal de vie : fuir la vanité ("Je veux la fuir comme la peste") et l’argent ("Je ne veux pas perdre mon âme / Pour quelques pièces quelques diamants") pour préférer la découverte de l’autre, l’amour et "les richesses du monde" : "De cœur, d’esprit et de corps / Je ne revendique aucun empire / Moi je ne veux qu’aimer encore / Aussi longtemps que je respire."
Toujours fidèle à l’esprit qui animait le Ministère des affaires populaires, HK propose un titre folk cabrélien, acoustique, généreux et humaniste. Eldorado est le premier single de son album Petite Terre. On ne lâche rien et on découvre ce chanteur infiniment attachant.
Monsieur Gainsbourg revisited est un album sorti en 2006 regroupant des reprises en anglais de certains succès de Serge Gainsbourg. Réédité cette année, notamment dans une très belle version vinyle, il est grand temps de le découvrir – voire de le redécouvrir.
Notons tout de suite que la plupart des adaptations sont l’œuvre de Boris Bergman et Paul Ives. Quelques semaines après une chronique sur les versions jazzy de standards du patrimoine musical par Thomas Dutronc, place cette fois à un autre monument du patrimoine musical : Serge Gainsbourg. Cette fois, ce n’est pas un "Frenchy" qui s’y colle, mais de solides pointures de la scène pop-rock française et internationale, donnant à ces joyaux gainsbouriens une facture assez incroyable. Ce sont de vraies revisites, choisissant parfois de contre-pieds sur lesquels l’Homme à la tête de chou n’aurait certainement pas mégoté !
Le moins que l’on puisse dire c’est que l’auditeur risque d’être surpris, au point de ne pas reconnaître les morceaux originaux, que ce soit le rock aride Sorry Angel (A Song For Sorry Angel) par Franz Ferdinand, le Je suis venu te dire que je m’en vais(I Just Came To Tell You That I’m Going) par Jarvis Cocker et Kid Loco dans une version pop aux teintes reggae, ou encore Au Revoir Emmanuelle (Goodbye Emmanuelle) devenu un titre trip-hop de Tricky.
Trip hop encore avec Portishead qui reprend une chanson méconnue de Gainsbourg, Un jour comme un autre, devenu un Requiem for Anna, morceau sombre et rugueux qui précède une version du Requiem pour un con (Requiem For A Jerk) réadapté par le trio formé de Fautline, Brian Molko et Françoise Hardy, une des rares artistes françaises de cet album de reprises. Puisque nous parlons de Brian Molko et de son groupe Placebo, il faut aussi citer leur reprise électro-pop de La Ballade de Melody Nelson (The Ballad of Melody Nelson), mais aussi Boy Toy(I'm The Boy) de Marc Almond et Trash Palace, dans une facture que l’on pourrait appeler "placéboienne".
Le grand classique de Gainsbourg, Le Poinçonneur des Lilas, titre intraduisible pour le public anglais, devient Just a Man With A Job. Il est proposé par The Rakes qui revisite en rock de A à Z ce classique de la chanson française.
Contre-pieds sur lesquels l’Homme à la tête de chou n’aurait certainement pas mégoté !
Disons-le ici : une forme d’insolence baigne dans l’album Monsieur Gainsbourg Revisited, insolence que n’aurait pas renié Gainsbarre, même si la grammaire du chanteur français est bien là. Ainsi, l’essence sensuelle et sexuelle de Je t’aime Moi non plus est respectée pour la version de Cat Power et Karen Eson (I Love You Me Either). Le Boomerang 2005, une adaptation de Boomerang par Gonzales, invite à sa table Feist et surtout Dani, l’interprète originale de Boomerang. Quant à Slogan, le groupe The Kills a choisi de le jouer dans une version aux accents sixties (I Call It Art).
Marianne Faithfull et Sly and Robbie adoptent, tout comme l’original, le reggae (mais aussi la pop) pour leur Lola Rastaqueuere (Lola R. For Ever). On saluera au passage la manière dont a été pensée la traduction anglaise : "Her cylop’s eye in the middle of your head / An Oedipus complex dug deep in the sea / And when all’s been done, and nothing’s been said / You leave the joint, and roll to sleep."
L’auditeur pourra aussi découvrir plusieurs curiosités : une version déjantée et punk rock des Sucettes par Keith Flint (TheLollies) ainsi qu’une adaptation mêlant pop, électro et negro-spiritual pour Sorry Angel (décidément, ce titre inspire !), cette fois par Nina Persson et Nathan Larson (Angel's Fall). Quant à Ces petits riens, ils deviennent sous la bouche de Carla Bruni un titre folk où affleure la sensibilité proverbiale de la chanteuse (Those Little Things). Un titre méconnu de Gainsbourg, L’Hôtel particulier, ressort enfin grâce à Michael Stipe, qui propose de découvrir ou redécouvrir ce titre pop mélodique et mélancolique sobrement intitulé L’Hôtel.
Monsieur Gainsbourg Revisited est une divine surprise, qui ne convaincra sans doute pas tous les inconditionnels de l’Homme à la tête de chou, mais qui prouve en tout cas l’influence du chanteur français sur la pop internationale. Pour quelqu’un qui disait ne pas rêver de passer à la postérité et qui s’avère l’un des musiciens français les plus reconnus hors des frontières, voilà qui est ironique.
Ils s’appellent Alexis, Cyril, Fabrice, Nicolas, Valentin et Yohann. Ils sont primeur, carreleur, "agriculteur rockeur", ingénieur dans un bureau d’étude (un gars faussement sérieux mais un vrai "allumé"), VRP ("commercial winner" et toujours "de bonne humeur") et garagiste.
Ils se présentent dès l’introduction comme "six jolis garçons", "rois de la chanson", mais "sans prétention." Sans Prétention est d’ailleurs le nom de ce groupe originaire de la Sarthe et de la Mayenne. Leur titre éponyme, en attendant un premier EP, fait déjà le buzz sur Youtube, avec près de 50 000 vues depuis le 1er mai.
Titre enlevé et festif, hymne à la fête et à l’amitié, chanson ancrée dans le terroir campagnard : pas de doute, l’auditeur trouvera derrière ces six musiciens amateurs mais doués d'un réel sens du spectacle l’influence des Trois Cafés Gourmands.
Il n’y a rien de révolutionnaire dans cette chanson qui est un hymne à la bonne humeur, à la musique et à l’amitié, devant un ou deux verres, bien entendu. "Sans prétention / On est les rois de la chanson" chantent les six camarades dans la grange qui leur sert de salle de concert : ce qui est certain c’est que le groupe a tout pour devenir aussi populaire que leurs camarades corréziens de Trois Cafés Gourmands, sans prétention.