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Derrière MPL, se cachent cinq bonhommes : Julien Abitbol, Cédric Bouteiller, Arthur Dagallier, Andreas Radwan et Manuel Rouzier.
Dans un clip bourré d’humour de Jacques Pinault, le groupe propose un de ces petits trésors mêlant l’impertinence, l’innocence et beaucoup d’esprit. Sur une musique enlevée, MPL propose son dernier single, "Bonhommes", parlant aussi bien d’enfance, des rêves de gamins mais aussi d’éducation stéréotypée : "On serait des bonhommes / On serait des durs / On en ferait des tonnes / Pour être bien sûrs".
Mais où est la tendresse, bordel, se demandent en substance les cinq garçons ? "Nos idoles de jeunesse ne nous font plus rêver", constatent-ils. Avec ce titre, nul doute que les musiciens ont un peu retrouvé de leur naïveté et leur fragilité de gamin. Non, vraiment, leur clip est à regarder autant qu’à écouter.
Andréel est un musicien à suivre, aussi bizarre soit-il. Son univers immédiatement attachant est enveloppé par un style et une orchestration a priori traditionnel : instruments acoustiques, facture jazzy. Bref, une chanson française qui revendique ses origines, tout autant qu’elle affirme une singularité et une forte personnalité. La preuve avec Mr Bizarre, son dernier opus, sorti un an aprèsTu m’apprends.
Pour autant, le "Monsieur Bizarre" dont il est question est avant tout une autre personne qu’Andréel lui-même : le titre éponyme entend faire le portrait d’un homme singulier, silencieux mais qui sait fait rire les enfants. M. Bizarre est un clown autant qu’un poète facétieux sachant "parler la langue des oiseaux".
À côté de ce portrait plein de mélancolie, Andréel se fait plus incisif dans "Marianne" qui se veut le constat d’une histoire d’amour remplie d’incompréhensions, et finalement vaine : "Laisse-moi te montrer comment tu es belle / Quand tu ne laisses pas couler le sang de la haine".
Si Andréel se présente sur la pochette de l’album tel un clown triste. Il est vrai que la sensibilité de l’artiste est patente, lorsque, par exemple, dans le morceau "Sans toi", le chanteur évoque sa maman sur un air de tango. Le chanteur capte avec émotion l’auditeur lorsque, jeune papa, il regarde avec amour en direction de sa mère, comme un modèle autant qu’un soutien et un amour qu’il voudrait retrouver. "Je gravirai la montagne qui me sépare du monde / Je retrouverai qui je suis… / Nous nous aimerons plus fort".
Influences jazz qui nous renvoie aux premiers albums de Gainsbourg, période "Black trombone"
Andréel touche énormément avec cet album intime, pour ne pas dire introspectif. La preuve encore avec "Jeune et ivre", un titre plus pop : Andréel se fait sombre dans ce portrait d’un homme à la dérive, abandonné et seul. Il faut y lire un regret de l’enfance et de l’insouciance lorsqu’il chante ainsi : "Je voudrais encore vivre dans ce pays de jeux / Où j’étais jeune et ivre / Où j’étais heureux". En d’autres termes, l’artiste se sent "étranger" dans un monde violent, obscur et hypocrite qui n’est pas fait pour lui.
Dans Tu m'apprends, son précédent album, Andréel s’était entouré de chanteuses et souvent comédiennes - Natacha Régnier, Amandine Bourgeois, Lucile Chriqui et Judith Chemla. Le voici cette fois avec Agathe Bonitzer dans "Quelle magie de vivre", une jolie ballade jazzy en duo dans un talk-over amoureux et romantique : "Donne-moi tes mots / un sourire, une phrase, un regard… Pour vider ta douleur, il faut que tu sois vrai. Les formules empruntées me sont insupportables".
Et si derrière Andréel ne se cachait pas l’influence du Serge Gainsbourg des premières années ? La résonance de l’"homme à tête de chou" apparaît évidente dans "La saxophoniste", avec ses influences jazz qui nous renvoie aux premiers albums de Gainsbourg, période "Black trombone".
La sensibilité, la sensualité et la fausse légèreté sont tout autant des marqueurs pour cet autre titre, "Où l’on s’est rencontrés", une ballade écrite par Isild Le Besco dans laquelle l’attente se fait désir, en attendant de se revoir en tête-à-tête.
Dans la même veine, "Ce n’est pas grave", peut s’écouter comme une chanson sur un départ et une séparation, aux sons joliment succédanés ("Ce n’est pas grave de partir / Mais c’est dommage sans rien dire"). C’est aussi le joli portrait d’une femme que l’on imagine irrésistible : "Votre rire traversait Paris", dit-il avec émotion. Andréel s’avère doué dans sa manière de faire de la souffrance des mélodies légères et faussement insouciantes.
Après le plus rock et plus incisif "Têtes de cons", "Votre bouche » vient conclure en couleur l’album d’un clown blanc, sur des rythmiques et des sons world music. Andréel y parle d’une femme, d’une histoire d’amour avec elle, et conclut par un constat amer : "C’était cuit / Je pris ma liberté".
But de couple propose avec "Première fois" un titre qui va ravir, enthousiasmer et faire fondre des milliers de couples, jeunes et moins jeunes.
Pour son dernier single, But de couple (740 000 abonnés sur Instagram et 100 000 vues par story en moyenne) a décidé de s’entourer d’autres artistes pour une compilation autour de l’amour.
Pour le titre "Première fois", il s’est entouré de Guard et Jovan pour un morceau à la fois délicat et sensuel : "Ce soir on va le faire pour la première fois / Ce soir tu veux le faire pour la première fois".
Le temps, il en est question dans le nouvel EP de LAïUS – Luc Gaignard dans le civil –, sorti ce printemps, après un premier album intitulé Avant-matin. Prémices d’avant midi est le nom assez mystérieux, mais somme toute logique, de son dernier opus. C’est un temps qui n’en finit pas de se prolonger, de s’étirer et de lancer ses échos.
Prenez le morceau "L’arrière-pays". LAïUS y fait le portrait d’une région de notre pays dans le grand vide français. Il parle sans esbroufe des "platanes alignés", des parkings peuplés de camions en transit, des grands chapiteaux, des patrouilles de louveteaux, des soirées loto – "mais aucun pouce levé". Tel un troubadour de notre époque, LAïUS chante les "haut-fourneaux à l’arrêt", les "bail à céder", les villages silencieux et les "âmes qui s’isolent" : "Peu à peu les feuilles se fanent sur le sol et au loin s’envolent les rires des écoles". Le constat est cruel mais il dépeint avec sensibilité une réalité socio-économique : celle de la Province et des pays ruraux.
Le constat est cruel mais il dépeint avec sensibilité une réalité socio-économique
Le temps c’est aussi ces souvenirs qui tardent à s’éteindre. Et lorsque finalement une histoire finit par se conclure, cela donne "Il m’en a fallu du temps". LAïUS revient sur une relation qui s’achève définitivement avec un oubli bienfaiteur et libérateur, ouvrant la porte à autre chose : "Mais aujourd’hui je marche / Et demain on verra / Hier est maintenant derrière moi".
Oui, le temps peut guérir. C’est ce que l’artiste semble dire, sur un rythme rock, à cette femme "sous emprise" pour qui partir semble impossible ("Car s’en est trop").
Parmi les six titres de Prémices d’avant midi, se lit clairement l’influence d’une chanson française parlant de "romances du quotidien" et de choses vues, dans la veine de Francis Cabrel, avec instruments acoustiques et orchestration ramassée. Que l’on pense au morceau "Un moment comme ça", sur la vie à deux ou au très beau et contemplatif "Un flocon d’hiver", avec le froid comme une première fois, "comme un rêve d’hier".
Parlons encore des influences de LAïUS avec le titre qui vient conclure son album. Pour "La vie est là", c’est avec une facture pop-folk, qui semble faire la jonction entre Cabrel et Bashung, que le chanteur parle, de nouveau de pays et de campagne. Il évoque une maison ancienne qui, en dépit de ses défauts, est devenue un havre de paix : "La vie est là en filigrane / Cette maison là deviendra chamane".
Et si nous faisions confiance au temps qui passe ?
"Abyssal" est le premier single de Julia Pertuy, avant son EP qui sortira en octobre 2022. En attendant, c’est l’occasion de découvrir l’univers de ce nouveau nom de la scène française.
Le morceau qu’elle propose ce printemps est moins une descente aux enfers, comme son titre semblerait l’indiquer, que l’aveu d’un amour fou et, par certains côtés, aliénant : "Cette nuit j’ai rêvé de lui / Je voulais m’envoler comme lui", chante-t-elle de sa voix aérienne. La guitare de Florian Soulier apporte son supplément d’âme.
Julia Pertuy nous emporte dans un voyage intimiste et amoureux, avec déjà un univers bien construit, n’hésitant pas aux ruptures et aux mélanges de sonorités, avec un clip de Matthias Orgeur à l’avenant.
Le duo lyonnais, formé de Clémence Cremer et Nicolas Steib, proposent un morceau intimiste autour du besoin d’avancer, de vivre et, finalement, d’aimer : "Peu m'importe le nombre de portes / Mes jambes me portent".
S’appuyant sur une orchestration sobre, les voix délicates de SLOGAN se font mélancoliques, douces-amères et ne parvenant pas tout à fait à taire une douleur invisible : "Je porte encore c'est invisible / Dans mon ventre le souvenir d'un enfant". Il n'est pas anodin que le groupe parle de leur musique comme de la "pop impudique".
Le groupe est aussi aux manettes du clip qui accompagne la chanson, un clip co-réalisé par Rémi Dumas.
Parlons aujourd’hui d’Alba. Rien à voir avec le célèbre groupe de pop international suédois. Alba est une musicienne franco-mexicaine qui propose son nouvel album Les Mots, après un premier EP sorti en 2015. Artiste protéiforme, rien ne fait peur à Alba : artiste NFT, elle s’est illustrée dans la composition, l’écriture, la sculpture et bien sûr la musique.
Avec son exubérance, son insouciance et sa poésie, disons aussi qu’Alba pourrait être une lointaine descendante de Brigitte Fontaine. Pour le moins, Alba montre un univers déjà bien installé et un caractère bien trempé où le combat féministe n’est pas un vain mot.
Prenez par exemple le premier morceau qui donne son nom à l’album : "Encore un mot / Plus haut que l’autre", chante l’artiste. Le choix des armes revient visiblement aux mots dans cette histoire commençant par une dispute et une scène de ménage. "Les mots sont des salauds / Ils blessent et tuent jamais solo… Les mots sont forts / Les mots sont des pistolets chargés".
Dans "Range-toi", c'est la voix de Serge Gainsbourg qui est convoquée pour une critique sans concession des personnes trop bien installées et faussement libres : "Tu crois que tu es une bombe mais / T’es une météorite / Sans conscience / Tu te sers de la liberté pour / Masquer ton insolence / Sans patron / Tu crois que t’es libre mais / Tu es toujours aussi con."
L’hypersensibilité d’Alba saute aux yeux et aux oreilles
Le titre "Préface", placé singulièrement vers le milieu de l’album, fait le tableau d’un quotidien solitaire, sur un son mêlant accordéon et électro, auquel vient répondre "Mirador", le récit d’un amour naissant avec son lot d’angoisses et d’interrogations après "une dernière tasse érotique" ("J’ai toujours cru savoir aimer / Qu’un jour je saurais m’adapter / Mais au fond du compte je suis seule / Entourée de mon tilleul"). De solitude et de retrait du monde, il en est également question dans "J’y vais pas", un morceau à la facture nineties et lo-fi.
L’hypersensibilité d’Alba saute aux yeux et aux oreilles. On pensera au titre plein de nostalgie "Quimey Neuquen", mêlant sons et rythmique latinos et électro. La voix de la chanteuse franco-mexicaine se fait sensuelle, mystérieuse et envoûtante.
L’auditeur s’arrêtera avec plaisir la très belle ballade, "Quand le bateau coulera", l’un des plus beaux titres de l’album. Alba y parle avec grâce et une fausse indolence du départ, des tourments de la vie, du destin et de la fin : "Quand le bateau coulera / Et que le vent trop soufflera / Je sais bien que ça ira / Car tu seras encore là". Qu’y a-t-il de mieux que d’être bien à deux ? "Et si l’amour est ainsi / Je préfère être sur ton dos / Que devoir en rester là / Toute seule à contempler le sable".
À l’écoute de Rovski, c’est un autre duo féminin qui vient en tête : celui de Brigitte. Tout aussi pop, sensuel, fusionnel et enlevé, Sonia Nemirovsky et Olive Perrusson proposent, avec La Proie est reine, un album plein d’humour, de poésie et de sensualité, en commençant par un titre à la thématique rarement abordée : "Catch".
Le moins que l’on puisse dire est que les chanteuses de Rovski savent étonner avec leur opus brassant de nombreuses influences : latines (l’envoûtant "Miedo" et son mantra : "No tengo miedo"), celtes ("Crache" : "Crache crache le vent / Les corbeaux les cormorans / Qui s’écrasent sur tes chants / Crache nous le venin par les dents") et ses sons urbains ("Sous l’eau", "La pieuvre").
L’amour et la séduction forment le corps de "La proie est reine", un titre mystérieux qui invite au lâcher prise en amour mais aussi au combat pour que l’amour ne soit pas un abandon aveugle ce que les chanteuses évoquent dans Amoureuse", un formidable et spectaculaire morceau : "Amoureuse / C’est pas vraiment le mot / Elle l’a cherché longtemps / Et posé son stylo / Amoureuse / C’est pas vraiment beau, / Elle l’a cru longtemps / Et puis finalement / Amoureuse / C’est peut être un peu tôt".
La vie palpite dans ce très joli album
La vie palpite dans ce très joli album, à l’image de cet hommage à une danseuse, sur un rythme de halètements : "Tu vacilles des hanches et tes cheveux touchent tes fesses / Tu marches comme tu danses et tu transpires l'ivresse / Tes bracelets t'accompagnent en chantant".
Tout aussi ensoleillé, "Trinidad" est le récit d’un voyage libre ("Rien avant vous / Je vous le jure / N’avait le goût de l’aventure") qui peut aussi s’écouter comme un récit amoureux et sensuel : "Nos souvenirs à deux / Sur le papier mon rendez-vous / A l’abri des arcades / Sur le papier mon rendez-vous / Je n’ai rien pris pour Trinidad".
De sensualité, il en est plus que jamais question dans le séduisant et un rien désinvolte "L’aventure" : "Dans la chambre enfumée / Hier au soir / C’était l’aventure / Tout juste sorti de l’origine du monde". Le duo Rovski s’attache à un homme qu’elles observent avec tendresse : "Tu remontes le col de ta veste / Précis dans l’allure dans le geste".
L’album se termine en douceur, avec "Comme tu es beau", un hommage amoureux qui est aussi un chant de départ plein de mélancolie : "Je pars mon amoureux / Je décline je faillite / Je n’entends plus les jeux / Je t’aime comme on se quitte".