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chanson - Page 15

  • Margaux Simone et le nouveau monde

    Allez, prenons le soleil avec Margaux Simone et faisons la fête avec son nouveau single "Âge d'or moderne".

    Il y a une couleur Ibiza dans le clip réalisé sur la Riviera française par Diane Lepa sur la musique non moins hypnotique de Margaux Simone.

    Oui, c’est une vraie invitation à l’insouciance que propose la chanteuse sur des sons dansants très eighties : "J’aimerais danser sur des plages / Madone évanouie / Icône démodée / Des bords des rivages / Des regards alanguis / Âge d’or moderne".

    Alors que la période actuelle incite plus à la morosité, Margaux Simone entend bien nous réveiller et de lâcher prise : "À  toi de décider / D’inventer le voyage".

    Message bien reçu. 

    Margaux Simone, Âge d'or moderne, single, 2022
    https://www.facebook.com/margauxsimone
    @margauxsimone
    https://www.instagram.com/margaux_simone

    Voir aussi : "Juli le Taxi"

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  • Les chaudes eaux de La Bronze 

    Dans les 13 titres de Vis-moi, le très bel album de La Bronze, l’auditeur pourra y trouver la trace, la facture et, pourquoi pas, les influences de Laurie Darmon. Comme l’auteure de Femme Studio, La Bronze enfourche le tigre et parle d’amour, de sensualité, de séduction, de corps en fusion, d’étonnement devant les émois, mais aussi, d’humanisme et de féminisme. Dans son nouvel album Vis-moi, L’artiste canadienne s’y dévoile sans fard, vibrante, brillante, forte, capable de férocité autant que d’abandons sensuels  ("Viens / Je te détruirai les ailes / Sous mes baisers de fiel / Et on finira au ciel / En statue de sel", "Viens").

    Dans une pop très actuelle, l’artiste allie mélancolie, tensions musicales et textes à fleur de peau : "J’ai assez de lucidité pour croire en la magie" chante-t-elle par exemple dans "Toi". "Tous les mots sont morts / C’est l’épidémie / On a survécu / C’est pour l’épiphanie / J’ai toué tous les monstres du placard / J’ai fait l’amour à tous les trous noirs". C’est drapée dans un séduisant romantisme noir que la musicienne maroco-canadienne parle de liberté et de féminisme : "Je n’ai peur de rien / Surtout pas de toi / Depuis que je sais / Que tu n’es que moi" "Je n’ai peur de rien / Surtout pas de toi / Depuis que je sais / Que tu n’es que moi".

    Pour "Briller", c’est encore d’émancipation dont il s’agit, dans une facture plus urbaine. Le morceau évoque la pression de plaire à tout prix ("Pour mieux m’évaporer"), au risque d’en oublier qui l’on est.

    L’orchestration complexe et la production soignée servent un album aux multiples influences, à l’instar d’Haram", un titre mixant pop, urbain, world music, chanson française et sons arabes ou de l’électro avec "Sois ferme". Ce titre est le fruit d’une collaboration avec Younes Taleb, alias Mobydick, un grand rappeur marocain avec qui elle a partagé une tournée au Maroc. Il y est question de se défaire des chaînes qu’impose le milieu social pour se connecter à sa véritable essence et oser être pleinement soi-même, explique La Bronze.

    Un superbe cri d’amour, digne des plus grands mythes antiques

    Nous parlions de Laurie Darmon : "Vis-moi" suit la trace de l’interprète de "Laisse-moi t’aimer", avec cette électro-pop envoûtante et ce timbre voilé et sensuel. Il y est question de mort ("Je ne peux pas mourir encore"), de la course contre le temps ("Je croyais qu’une fois que le soleil s’était levé c’était pour de bon / Mais il fini toujours par se recoucher c’est la fatalité"), d’amour et d’abandon : "Je serre le bonheur si fort / Qu’il m’explore / Sur tout le corps".

    La Bronze est capable d’envolées sensuelles : "Ta langue me couche / C’est toujours la première fois… / Je redeviens l’océan", interprète-t-elle avec une tension électrisante. Dans "Eaux" et son électro-pop assumée, elle fait cet aveu à l’auditeur : "Je ne sais pas si j’aime les flots / Mais je veux voguer dans les chaudes eaux". Plus audacieuse encore, dans "Monument érigé", l’électro pop de la chanteuse canadienne parle non sans amertume de cet homme, de sa "beauté" ramenée "chaque soir", sur fond de jalousie amère ("Tu veux qu’elle s’assoit dans ton ciel / Qu’elle te dise « Oh mon, Dieu merci ! »").

    Vis-moi interroge aussi sur le jeunisme et sur l’apparence, des thèmes dans lesquelles les femmes sont très souvent – une fois de plus – les victimes : "Elle blanchit / Elle décline / Il vieillit / C’est sexy / Il mûrit / Elle vieillit / C’est triste", chante-t-elle dans "Sois ferme", avant de déclarer : "La beauté intérieure c’est super / mais pour les autres / Donnez-moi mon laser pour que je m’y vautre"

    "L’habitude de mourir" tranche dans sa facture avec ce piano sobre : "Tu fonces tout droit vers mon amour figé / Mais on a l’habitude de mourir / Une fois de plus pourquoi pas". Dans ce qui est l’un des plus beaux morceaux de l’album, l’amour et la sensualité sont assombries par le voile de l’impasse d’une relation vouée à l’échec.

    On peut saluer le travail de texte de "Quantum parfait". Sous forme de confidences en anglais et en français, La Bronze dépeint des sensations bouleversantes, des visions mystérieuses et déstabilisantes, qui sont comme une introduction au titre suivant, "Je flottais" : "Je ne sais plus qui je suis / Enfin c’est délicieux d’être ici".

    Le déracinement et les adieux à la terre tel est le sujet d’"Adieu", un magnifique titre sur l’amitié et la fraternité entre humains : "Tu viens d’où tu manges quoi l’ami ? / Tes parents ta peau c’est pas d’ici / Dis-moi tout / Mais je me fous / Je veux pas savoir tes visas / Si ça te plaît pas." La chanson, écrite et interprétée en duo avec Sarahmée, aborde avec doigté les micro-agressions au quotidien que peuvent vivre les personnes qui ne sont pas caucasiennes et les jugements nourris par l’ignorance.

    Le morceau "Viens" conclut admirablement bien l’album passionnant et envoûtant de La Bronze : "J’ai le pouvoir de déplacer les montagnes", chante-t-elle avec une belle audace, qui est aussi un superbe cri d’amour, digne des plus grands mythes antiques :  "Viens / Je te détruirai les ailes / Sous mes baisers de fiel / Et on finira au ciel / En statue de sel". 

    La Bronze, Vis-moi, Audiogram / The Orchard, 2022
    https://www.labronze.ca
    https://www.facebook.com/labronzemusique
    https://www.instagram.com/labronze

    Voir aussi : "Laurie Darmon enfourche le tigre"

    © Adrian Villagome

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  • Où va Charlie Pâle ?

    Charlie Pâle nous vient de Nantes et place ses influences du côté de Fauve, Cœur de Pirate, Aloïse Sauvage ou encore Terrenoire. Voilà pour l’univers du jeune chanteur, qui témoigne dans son premier titre, "Je vais où ?", de ses doutes, de ses interrogations et de ses rêves : "J’ai la sensation d’être impuissant / De voir des histoires trop décevantes / Peut-on réinventer le passé Juste une seule fois / Peut-on tout effacer."

    Que le clip de "Je vais où ?" ait été tourné dans un lycée (avec Zoé Cavaro la réalisation) n’est évidemment pas un hasard : le musicien a quitté l’école avant le bac pour partir travailler à l’usine. L’école de la vie. Voilà qui donne de la substance à un artiste dont la sensibilité frappe et émeut : "Il faut se détruire et puis en rire / On voit la sortie en face de nous / Mais on fait demi-tour pour éviter les coups."

    Voilà une voix qui est à découvrir et que l’on suivra avec attention. 

    Charlie Pâle, Je vais où ?, single, Abatjour Records, 2022
    Chaîne Youtube de Charlie Pâle
    https://www.facebook.com/charliepaleofficial

    Voir aussi : "Penser juste à l’amour"

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  • Rencontres avec LeHache

    De rencontres, il en est bien sûr question dans le dernier album de LeHache.

    LeHache appartient à cette veine de chanteurs français nourris au jazz, son "école" comme le précise l’artiste. Pas d’électro, de rythmes urbains et de pop sophistiqué mais des instruments traditionnels – dont la guitare sèche du chanteur – et une orchestration acoustique ramassée et des influences revendiquées du côté de Brassens ("Gardien des secrets"), Sanseverino ("Talkin’ Global Security Blues") et de sons traditionnels, que ce soit la valse dans "Alphonse & Juliette", le flamenco dans "Ubi sunt ?", le jazz manouche revendiqué dans "De l’aut’côté c’est passionnant" ou encore le blues dans le bien-nommé "Businessman Blues".

    LeHache fait de ses Rencontres de jolis portraits, souvent simples et attendrissants, à l’image de ces "Cheveux noir de jais", d’une femme fatale que l’on imagine venir de Méditerranée ("Ubi sunt ?") ou encore cette saynète amoureuse un rien désuète : "Nous Couchés sur ce tapis Le ciel comme un tipi / Le ciel est fait pour toi  / La nuit étoilée te va si bien Quand elle t’habille jusqu’au matin" ("Mon p’tit soleil"). C’est aussi le truculent titre "Mémé m’aimait", un morceau faussement léger inspiré du Petit Chaperon Rouge, chanté avec un sérieux sens d’humour noir et aussi un rien de grivoiserie. 

    C’est aussi et surtout "Une vie dans l’Aubrac", un vrai hymne à nos campagnes

    Pour le titre "Loin de l’hiver", un blues sombre en duo avec Diez, LeHache parle de ces "embouteillages d’amours devant ma porte" et de l’attente qui n’en finit pas.

    Non sans philosophie ni poésie, le musicien fait de ces portraits naturalistes des plongées dans la nature, au cœur d’une province que l’on croit endormie – à tort – lorsqu’elle ne se fait pas contestataire et volontiers anarcho ("Planque-moi ce gilet jaune si jamais tu croises un agent", "Talkin’ Global Security Blues").

    La nature est au cœur du dernier opus de LeHache. C’est "Gardien des secrets", une ballade émouvante autour d’un arbre, presque un autoportrait ("J’offre mon ombre et mes ramures / A ce vieux banc enflammé / J’offre mes nœuds mes veines tordues / A vous tous amants affamés / Je suis toujours là / Je suis gardien du temps et de tous vos secrets"). C’est aussi "Vers l’eau qui dort", où la nature est là encore comme humanisée ("Les lignes de mes mains se feront bien accueillantes"). L’éveil de la nature est aussi celui du désir, nous rappelle en substance le chanteur.  C’est aussi et surtout "Une vie dans l’Aubrac", un vrai hymne à nos campagnes. LeHache assume ici sa provincialité et son amour de la campagne : "C’est l’histoire d’un homme qui ne s’est pas enfui… / Il parle d’un pays".

    Ce pays, LeHache en parle avec générosité et sans tricherie. 

    LeHache, Les Rencontres, Inouïe Distribution, 2022
    https://www.lehache.fr
    https://www.facebook.com/LeHache
    http://www.sylviethouron.fr

    Voir aussi : "Naissance de LeHache"

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  • Les jeux de l’amour et de la glande

    Contrairement à ce que l’on pourrait penser, Weekend Affair est non seulement un groupe bien de chez nous (ils sont originaires de Lille), mais en plus ils chantent en français, ce qui donne à leur pop une couleur étonnante de fraîcheur.

    Louis Aguilar et Cyril Debarge forment ce séduisant duo au son pop, déclinant les états d’âme de deux garçons bien dans leur époque.    

    Quand vient la nuit, leur nouvel album, fait la part belle à l’amour et au couple, que ce soit la recherche de la personne qui va partager notre vie ("Fini de jouer"), la séduction et le fantasme ("Te regarder danser") ou le constat de la fin d’une relation ("Juste un rêve", "Et après").

    C’est avec malice que Weekend Affair propose les deux chansons légères que sont la très pop "Déshabillée" et surtout la délicieuse "Tes jambes à mon cou" : "Ça ne regarde que nous / Tu sais tout le monde le fait", chantent-ils, malicieux.

    Séduisant duo au son pop

    Weekend Affair imposent un répertoire français dans un langage musical très moderne, alliant le funk ("Fini de jouer"), l’électro-pop ("Te regarder danser") ou le rock minimaliste ("Juste un rêve").

    Le duo veut refléter notre époque, à travers cet hymne que pourrait être "Enfants de la fatigue" ("Marchons, marchons / Liberté chérie / Osons osons / Le fond de notre lit").

    Dans "Dépêche-toi", le groupe parle de la notion d’urgence : "Vite, l’amour !", semblent nous dire les deux garçons. Weekend Affair constate que nous avons bien souvent "les deux pieds joints dans le ciment de la vie". Un constat cruel que beaucoup d’entre nous connaissent : "Je m’essouffle pourtant / Pour tenir la cadence… / Je me dépêche le soir / Surtout n’oublie rien /  Et ne sois pas en retard".  

    Plus léger, "J’ai mis mon survêt" est un morceau qui invite au contraire au farniente et à la glandouille pour arrêter le fil du temps : "Je me suis fait beau, bien sapé / Pour être chic au moment de ne rien faire".

    "Quand vient la nuit' vient clore un album plus lumineux que ne laisse deviner le titre et cet ultime morceau, avec la découverte de cet album élégant composé et produit avec soin.

    Weekend Affair, Quand vient la nuit, chez Pil Records / Les Airs à Vif, 2021
    https://www.facebook.com/weekendaffair
    https://www.instagram.com/weekendaffair

    Voir aussi : "Soudain, Vanessa Philippe"

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  • Animale et fatale

    Parmi les découvertes de ce début d’année, figure Edva, un duo – Ed et Tina – venu tout droit de Russie mais venu s’installer en France depuis deux ans. C’est d’ailleurs le français qu’ils ont choisi pour leurs premiers singles et leur futur EP, à paraître en mars prochain.

    Edva choisit l’électro pour parler d’amour, à l’instar de leur titre "Jim", qui portera le nom de leur futur album. Sur les images psychédéliques de leur clip, Edva fait se rencontrer, non sans audace,  Enya et  Krafterwerk, le tout sur des paroles oniriques : "À la vie à la mort / Prends ma main serre la fort / À la vive à la mort / Retiens-moi si je dors".

    Le romantisme du duo est fortement teinté de noirceur dans cet autre morceau singulièrement nommé "Blanche". Il y est question d’une "womanimal", une "femme-bête" ou "femme-monstre" se sentant comme une paria dans notre monde moderne. Cette quête de la nature est illustrée par le clip réalisé par Elisabeth Haust. Elle fait de cette femme instinctive et attirée par la nature un être à la fois insaisissable et à la recherche de celui ou celle qui pourra la comprendre et vivre avec elle : "Tu ne seras qui jamais je suis… Je me fusionne dans l’air pour que tu me respires".

    Il est également question de sens dans "Remember", qui explore la notion de surdité. Edva commente ainsi ce titre généreux : "Dans un monde sourd, où il est difficile de s’entendre, les réponses pourraient bien venir de l’intérieur. Si on est prêt à écouter cette voix au plus profond de nous, le monde se met alors à sonner".

    Voilà un duo à surveiller de près pour les prochaines mois. 

    Edva, Jim, 2022
    https://www.instagram.com/edvaofficial

    Voir aussi : "Le temps des cerises avec Cecilya"

    Photo : Edva - Ed et Tina

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  • Fais comme l’oiseau

    Et si les grands bonheurs ne pouvaient être que murmurés ? Tel est le postulat de Rosemarie qui signe avec son nouveau single "Comme un oiseau" un étonnant et convaincant titre délicat comme une pluie de rosée. Voilà qui fait du bien.

    De sa voix juvénile et acidulée – comme l’est d’ailleurs le clip, tout en rose et en pastel -  la jeune chanteuse chante les émois de l’amour qui vous cueille subitement, "comme un oiseau dans l’eau et un arbre dans le ventre".

    L’artiste présente cette nouvelle création comme une ode à la résilience, un retour à la vie : "J’ai dormi de longues heure / Et j’ai trouvé le repos / Maintenant la paix demeure en moi / Résonne son écho".

    Le premier EP de Rosemarie sortira le 4 mars prochain. Nous l’attendons avec impatience. 

    Rosemarie, Comme un oiseau, single, 2022
    https://www.facebook.com/rosemariemusique
    https://www.instagram.com/rosemariemusic
    Chaîne Youtube de Rosemarie

    Voir aussi : "En attendant 1988"
    "Le temps des cerises avec Cecilya"

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  • Soudain, Vanessa Philippe

    C’est avec une fausse légèreté et une vraie mélancolie que Vanessa Philippe marque les esprits avec son nouvel album Soudain les oiseaux. Pour annoncer la sortie de l’opus, Vanessa Philippe a crée une trilogie de clips avec un poisson rouge sur les trois premiers singles "Suivre le soleil", "Les maux" et "Soudain les oiseaux".

    L’album s’apparente à une vraie catharsis : à la suite du décès de sa grande sœur en août 2019, Vanessa Philippe a écrit entièrement Soudain les oiseaux, qu'elle lui dédie. Elle lui fait une vraie belle déclaration d’adieu dans "Sister" : "Mon héroïne ma divine aux cheveux courts au cœur clair… Loin de l’enfance / Ce monde si dur / Qui t’a jeté sous terre… Mon cœur est ravagé".

    De sa voix fluette et faussement détachée, Vanessa Philippe parle dans "Si ce soir-là" de ce départ cruel : "Si ce soir-là tu reviens pas qu’est-ce que je vais faire de moi ? Je boirai de la vodka ?" La légèreté n’est qu’apparente pour cet album personnel et grave, enveloppé de surcroît d’une grande poésie : "Je ferai une avant-première des acteurs en plastique / Seule au bras Jusque en bar de chez moi".

    On saluera l’exigence d’un album dans lequel le minimalisme électro-pop ("Suivre le soleil") côtoie la chanson française ("Combien d’efforts") mais aussi le rock. L’auditeur pourra notamment voir derrière  le morceau "Soudain les oiseaux" une parenté avec le désormais classique "Silence des Oiseaux" de Dominique A ? : "Je suis l’eau qui circule / Entre les vagues je gis / Je suis comme sur un  fil / Je me lance dans le vent / Et le chant des oiseaux / M’accompagne le matin / Et toute la journée".

    Douleur, toujours, lorsque Vanessa Philippe chante "Les Maux" : "Ce soir j’me jette face contre terre / De mon futur je n’ai que faire / Je n’ai que dalle". Avec une fausse indolence et une vraie mélancolie, elle s’interroge sur le sens que peut avoir une vie après de grandes douleurs. C’est le message porté par "Malgré tout", enregistré en public, avec un son lo-fi nineties, une orchestration ramassée et une voix sans fard qui dit l’urgence et la douleur : "C’est ta mort qui me tape sur le système / C’est ta mort qui me tue… Malgré le monde, malgré tout ce monde".

    Important et bouleversant

    Dans "Parfois", c’est avec économie dans le texte comme dans l’interprétation que la chanteuse confie ses émois de femme qui, parfois, "explose" ou "implose", dans ces moments de fragilité où l’on est au bord du gouffre.

    Et si le salut viendrait de la fuite, des voyages ("J’aimerais tant m’évader sur une planète / Et pouvoir m’envoler sans avis de tempête / Planer au loin / Traverser les nuages / Comme un dragon aux écailles de sable") et, plus poétiquement, de se transformer en oiseau ("Battant l’air de mes bras / Je volerai un matin / Mes pieds quitteront le sol / Et la terre en survol / Vers une autre planète / J’irai en voyage quelque part sur la terre / ailleurs dans l’univers", "Une autre planète") ?

    "Trop de larmes", sans doute l’un des meilleurs morceaux de l’album, séduit par sa recherche mélodique et par son travail sur le son. Il y est également question d’oiseau ("Ton plumage me colle à la peau"). Vanessa Philippe fait de cette lamentation sur les nuées grises et sur un "ciel bien trop bleu" une quête existentielle, avec, en filigrane, la disparition de sa sœur, ce fameux oiseau personnifié. La chanteuse y parle de son envie de "dévaliser l’air" et le besoin de s’envoler. Ah, "Si nous avions le courage des oiseaux qui chantent dans le le vent glacé", chantait encore Dominique A…

    L’auditeur trouvera un peu de légèreté à travers le délicat "Pantalon de soi" ("Je danse en pantalon de soi / Et je tourne en manteau rose des bois / Je chante la musique parfois / Seule dans le salon et dans le noir"). Ne serait-ce pas un hommage à cette même sœur ? "Je mets un pantalon de soi / une blouse au parfum de ta voix / Je m’habille avec ton sourire / Je m’imprègne de tes souvenirs".

    "Paradise" clôt en anglais et en douceur un album important de la scène française. Important et bouleversant.

    Et soudain, Vanessa Philippe apparut. 

    Vanessa Philippe, Soudain Les Oiseaux, Le poisson spatial / Modulor, 2022
    En concert aux Trois Baudets, Paris, le 23 février 2022

    https://www.vanessaphilippe.com
    https://www.facebook.com/vanessaphilippemusic
    https://www.instagram.com/vansphi
    @vansphi

    Voir aussi : "Paris-Salvador avec Vicente et Marianna"

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