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chanson - Page 17

  • Marc Hévéa, incorrigible optimiste

    Optimiste, Marc Hévéa l’est, sans aucun doute, comme il le dit dans la chanson qui ouvre son album Insolites solos. Le titre du morceau ? "Le métier d'optimiste", comme de bien entendu… Le chanteur fait l’éloge d’un combat souvent perdu d’avance contre la morosité ambiante : "C'est de l'orfèvrerie du travail d'artiste pas facile le métier d'optimiste" mais qui peut s'avérer un joli piège à filles".

    Insolites Solos fait partie de ces opus faussement légers et "feel good", plus mélancoliques qu’il n’y paraît, à l’instar de "J'ai aimé notre rencontre", une jolie ballade délicieusement vintage, nostalgique délicate et capable de faire briller les yeux.

    Marc Hévéa est capable de prendre l’auditeur à contre-pied, à l’exemple de "Y'a quelqu'un derrière", une vraie étrangeté schizophrène : "Y a un type qui parle dans ma tête et ce type qui parle c'est moi. Rien à voir avec mon enveloppe... Ce type qui me parle dans ma tête n'a pas la voix de ma voix. Il n'a pas non plus la tête de ma tête. Alors quand tu vois ma tête tu ne sais pas tout de moi".

    Musicalement, Marc Hévéa surprend son monde par sa capacité de s’affranchir de toute étiquette, que ce soit "Me dézapper les idées ", un titre engagé, enlevé et a capela sur la société de consommation, "Tous les deux complices", une chanson d'amour et de fusion sur un rythme jazz, le bien nommé "Le blues eh oui", dans la droite ligne de Sinclair ou encore le gospel ("Gospel", tout simplement). 

    Marc Hévéa surprend son monde par sa capacité de s’affranchir de toute étiquette

    L’auditeur s’arrêtera avec un mélange de curiosité et d’admiration sur "Les mots croisés", une jolie chanson d'amour cruciverbiste : "Un seul mot supposé nous met le feu sans artifice . Celui que tout le monde espère le cœur serré les bras croisés." Comment faire d'une partie ordinaire et à priori peu sexy une très belle déclaration sensuelle ? Marc Hévéa a peut-être la réponse : "J'aimerais qu'on sonne ensemble comme deux voyelles complémentaires... Mais tisser nos êtres jusqu'à en faire des êtres verticalement horizontalement. J'aimerais tellement."

    La chanson est le terrain de jeu du musicien occitan, à l’instar de "Ma chanson ne t'intéresse plus" où la musique est le témoin cruel autant que la preuve d’une rupture amoureuse : "Mes chansons ne te n'intéressent pas / Mais je les écris toujours pour toi... un jour je t'en enchanterai une".

    Plus sombre encore, "Alors voilà je suis mort" s’écoute comme les confidences d’un mort, à la manière du "Moribond" de Jacques Brel, moins caustique mais mêlant un certain nihilisme à une réflexion existentialiste : "Je sais tout ce que j'ai tant voulu savoir...  Plus de problèmes entre l'être et l'avoir", dit-il, la gorge nouée.

    Ce titre sur la mort est immédiatement contrebalancé par cette autre chanson sur la fin, "Homme sweet homme", cette fois plus blues. Le chanteur, se projetant dans l’au-delà, se déclare prêt à replonger vers la vie : "Hommes, femmes venez profiter de mon âme d'occasion", chante-t-il.

    L'album se termine avec "Rien de plus", une samba sur une relation qui est aussi une "évidence", une "chance" et une "destinée" : "Notre amour est là ça fait si longtemps que j'attends ça pas question de le laisser s'éteindre en restant planter là". 

    Marc Hévéa, Insolites Solos, Bloc Notes, 2021
    https://marchevea.com
    https://www.facebook.com/MarcHeveaMusic

    Voir aussi : "Comme un grand océan de rock"
    "Pauline Croze a la solution"

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  • Fishbach se téléporte

    Fishbach, est de retour avec un futur album, prévu pour février 2022.

    On a hâte de découvrir l’opus de l’une des artistes les plus passionnantes de la scène française. Elle propose en cette fin d’année le premier extrait de son album à venir.

    "Masque d'or" est le premier extrait officiel du nouvel album de Fishbach qui paraitra en février 2022 et annoncé avec la mise en ligne surprise du titre "Téléportation".

    Le single "Téléportation" porte d’ores et déjà la marque de la musicienne : sa voix écorchée vive, son électro-pop tout droit sorti des années 80 et bien entendu ses textes tranchants.

    Fishbach présente ainsi son projet musical : "Je suis absolument secrète, je vous assure. Je n’ai pas besoin d’interprètes, j’ai des chaussures". 

    Fishbach sera en concert à L’Olympia le 30 novembre 2022.

    Fishbach, Masque d'or, Sony Music, 2021
    Fishbach, Téléportation, Sony Music, 2021

    https://fishbach.lnk.to/teleportation
    https://sme.mtl.fm/Masquedor#!/connect

    https://www.facebook.com/FFishbach
    https://www.instagram.com/ffishbachh

    Voir aussi : "À la merci de Fishbach"

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  • Pauline Croze a la solution

    Pauline Croze revient avec un album libératoire qui est constitué de deux parties, avec une plus grise que l’autre. Après les Heures grises, justement, marque le grand retour de l’auteure de "T'es beau", dans un opus à la fois crépusculaire, engagé et personnel. "J’avais besoin de risque, de bousculer le fond autant que la forme, d’être éprouvée", explique l’artiste à propos de son disque.

    Personnel, le premier titre "Je suis un renard" l’est assurément. Appuyée par le piano omniprésent de Fils Cara, Pauline Croze parle des tourments d’un animal, un renard, "comme un bagnard". C’est aussi une confession d’une artiste libérée dans un monde dur et cruel : "Soyons forts, folkloriques… après les heures grises".

    C’est bien entendu cette dernière phrase qui donne son nom à l’album qui pourrait se décrire comme une "nuit d’errance", pour reprendre le titre du morceau éponyme, une élégante ballade au piano décrivant une résurrection après une rupture. "Déconstruire une histoire prend bien du temps", chante-t-elle sur une musique écrite par  le formidable Tim Dup.

    Il est encore question de libération dans "No derme". C’est aussi là que l’on peut admirer la voix singulière de Pauline Croze. Le titre s’avère aussi mystérieux et singulier que son sujet : la peau dans tous ses états, cette peau que l’on touche, celle du Moleskine, "la peau qu’on s’est donnée / La peau qu’on s’est chérie", mais aussi sa propre peau que l’on sauve.

    Pauline Croze s’avance à la fois fragile, écorchée vive et combattante dans un album attachant et aux messages qu’il faut bien écouter. C’est par exemple "Phobe", un morceau sombre aux sonorités urbaines consacré à notre "planète folle". Il a été co-réalisé et mixé par Nk.F (Damso, Orelsan). C’est aussi "Crever l’écran", morceau électro-rock sur une chanson d’amour qui s’est éteinte, tuée par le numérique : "L’écran m’a tué", constate avec force et rancœur la musicienne.

    "Kim", une chanson mélancolique qui transforme le dictateur nord-coréen Kim Jong-un en improbable objet pop et amoureux

    Le morceau "Le monde" ici ouvre dans l’opus une deuxième partie plus lumineuse (disons plus gris clair) avec, pour commencer, ce titre urbain parlant du monde : "Et je sens / Et je prends tendrement / Mon amant". Ici, "l’amour se répand" avant la fin de l’été. Pauline Croze entend profiter de l’instant présent avec son amant avant que "la nuit enveloppe le monde" ("Le monde").

    Impossible de ne pas parler de "Kim", une chanson mélancolique mais aussi géopolitique, co-écrite et réalisée par Romain Guerret (Aline, Alex Rossi) qui transforme le dictateur nord-coréen Kim Jong-un en improbable objet pop et amoureux. Il fallait le faire... 

    "La rocade", quant à elle, est un road-movie musical dans une déambulation poétique en voiture, sous forme de divagations mémorielles.

    Pauline Croze surprend par son audace avec notamment les deux derniers titres de l’opus. Elle ose l’électro-pop avec "Solution", réalisé par Charlie Trimbur (Eddy de Pretto) et Pierrick Devin (Phoenix, Lomepal). La chanteuse choisit de s’interroger à voix haute sur la manière de se sortir de situations impossibles. Comment s’en sortir, demande-t-elle en substance ? Y aurait-il une solution ? Mais à quoi ? Et laquelle ? "Y en a des centaines ou il y en a une / Dans cet inventaire où tout est contraire, il n'y en a qu'une / S-O-L-U-T-I-O-N / Y en a pas de centaines, y en a pas de centaines / Il n'y en a qu'une".

    Plus étonnant encore, Pauline Croze choisit, dans le dernier morceau d’Après les Heures grises de faire une longée musicale dans l’univers des courses. Voilà un sujet à ma connaissance jamais ou, du moins, très rarement abordé dans le répertoire musical. La chanteuse parle avec émotion de cette passion pour les cheveux, passion enivrante et catalyseur de rêves aussi : "Je veux savoir si mon emblème / Changera ma vie ce soir". 

    Pauline Croze, Après les Heures grises, Argentic / Capitol, 2021
    En tournée en France jusqu’en mai 2022, à Montpellier au Rockstore le 9 novembre,
    à  Aix en Provence au  Petit Duc le 10 novembre,
    à Savigny le Temple à L’Empreinte le 13 novembre,
    à Sotteville les Rouen au Festival Chants d’Elles le 16 novembre et à Paris aux Étoiles le 17 novembre
    https://www.facebook.com/paulinecrozeofficiel
    https://paulinecrozeofficiel.lnk.to
    https://www.instagram.com/paulinecrozeofficiel

    Voir aussi : "Stéphanie Acquette, visionneuse"

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  • Mat Hilde est revenue

    Après un premier EP sorti en 2016 (Caméléon), Mat Hilde a mis sa carrière entre parenthèse et est devenue maman d’un puis de deux enfants.

    C’est justement cette parenthèse qui est au cœur de son retour et de son nouveau projet musical, Vies. Son premier single, "Blues Baby", sorti en cette fin d’octobre, traite de ce moment si particulier au cours duquel Mat Hilde est devenue maman.

    Sur un clip réalisé à l’aide de vidéos privés et familiales, la musicienne parle avec tact et douceur de cette période révolutionnaire et bouleversante à plus d’un titre : pleurs, nuits blanches. Le baby blues est-il une malédiction ? Non, répond-elle en chanson :"Nos plus belles années sont celles qui nous épuisent". Et Mat Hilde de conclure ainsi : "Tout est mieux maintenant".

    Le nouvel EP de Mat Hilde paraîtra le 19 novembre 2021.

    Mat Hilde, Blues Baby, 2021
    http://mat-hilde.com
    https://www.facebook.com/Mat-Hilde

    Voir aussi : "L’automne sera chaud dans les tee-shirts, dans les maillots"

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  • Sauvage !

    Une chanson française revigorée grâce au passage par le hip hop et la pop : telle était l’ambition d’Aloïse Sauvage pour son premier album Dévorantes, sorti il y a un an et demi. Pari réussi pour cet opus servi par des textes précis, âpres et riches. Grâce à lui, Aloïse Sauvage a obtenu une reconnaissance des professionnels et du public ainsi qu'une nomination aux Victoires 2020 dans la catégorie Révélation Scène.

    Dévorantes, qui se déguste avec plaisir et aussi surprise, est un album que l’on imagine personnel : la chanteuse y déverse ses cris et ses combats intérieurs, à commencer par le morceau qui ouvre l’opus, "Et cette tristesse / Qui traîne, espèce / De petite peste / Laisse-moi espérer / Que ça va aller"). L’aspect autobiographique est revendiquée par l’artiste qui a fait de Dévorantes une œuvre autant personnelle qu’engagée : "Quel étrange besoin de prendre le mégaphone / Pour exposer au monde ce qui me rend méga down", chante-t-elle avec une joie communicative ("Méga Down").

    Les messages d’Aloïse Sauvage sont celles de l’acceptation des autres et de soi-même. En un  mot : assumer : "Et Jimy va bien / Car Jimy sait que désormais / Elle ira loin aux côtés de celle qu'elle a choisie" ("Jimy"). C’est aussi le thème du titre qui donne son nom à l’album, une vraie confession, entre hip hop et slam : " Moi, j'ai envie de toi, t'as envie de moi / J'ai pas compris que, toi, tu voulais bien" (Dévorantes).

    À l’instar d’"Omowi", grâce à des textes d’une force poétique incroyable ("Offrez sa tête au roi, / Faites en ce que vous voulez, / Vous n’la connaissez pas, / La reine veut la dévorer"), Aloïse Sauvage se fait la chantre des sexualités assumées, et non sans un humour ravageur : "Tu veux nous orienter ? / C’est gentil de proposer, / Sans vouloir t’offenser, / Va te faire enculer". Son cri de combattante est aussi un cri d’amour : "Les PD sont beaux, j’ai osé rêver / Que tout le monde le voyait… / OMOWI / L’arc-en-ciel brandi, / T’es superbe vas-y".  

    "OMOWI / L’arc-en-ciel brandi, / T’es superbe vas-y"

    En parlant d’amour, c’est une superbe déclaration enflammée autant que sensuelle que propose "À l’horizontale", sans doute le meilleur morceau de l’album, à écouter et réécouter : "Avec toi j'ai tout mon temps / Les bras m'en tombent / Mais tantôt je ne dis rien car ça me va bien / D'être envoûtée par tes tentacules / J'ai pas de fascicule / Pour savoir comment m'adonner à cette sainte donation/ De nos corps entremêlés faudrait-il faire attention".

    Dévorantes est un album libératoire à plus d’un titre où la soif de liberté et le besoin de s’assumer est inscrit dans chaque note et chaque morceau, ce qui ne n’empêche par l’artiste de cacher les blessures et les risques de ces combats : "Et si je lâche, que reste-t-il? / Je dois choisir pour ne pas chuter / Mais tellement difficile pour moi / De me restreindre pour mieux tout vivre" ("Feux verts"). Finalement, la récompense de tout cela est tout simplement l'amour ("Si on s’aime") qu’elle chante avec une très grande justesse : "Est-ce qu'on s'aimera encore / Toute la vie ? / Même quand on ne s'aimera plus / Dis-le-moi, oui".

    Aloïse Sauvage, engagée, hypersensible, combattante et musicienne à l’univers déjà bien installé, devient dans le touchant "Papa" cette fille tendant la main vers son père pour renouer un dialogue que l’on devine coupé en raison des choix personnels de l'artiste que lui n'a pas compris : "Je m'évertue à croire que tu vas oser / Revenir un jour enfin bien décidé / À balayer ce passé un peu sombre / À m'enlacer fièrement et sans attente."

    Musicalement, Aloïse Sauvage a composé un album où se mêlent chanson française, rythmes rap ("Et cette tristesse"), pop-rock ("À l’horizontale", "Papa", "Tumeur"), électro ("Toute la vie"), funk ("Si on s’aime") ou encore reggae (l’irrésistible "Méga Down" ou "Feux verts"). La magie vient, singulièrement, de la très grande cohérence de ce premier opus, passionnant de bout en bout et musicalement d’une très grande richesse. Avec des artistes comme Aloïse Sauvage, la chanson française a de beaux jours devant elle.

    Aloïse Sauvage, Dévorantes, Initial Artist Services, 2020
    https://aloisesauvage.store
    https://www.facebook.com/aloisesauvage
    @AloiseSauvage

    Voir aussi : "L’Yelle du Verseau"
    "Clou en plein cœur"

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  • L’automne sera chaud dans les tee-shirts, dans les maillots

    Parlons d’amour, avec le nouveau single de Lita Kira, "Dis-moi que tu m’aimes".

    La chanteuse nordiste réchauffe cet automne avec une chanson électro-pop acidulée et mâtinée de couleurs nippones. Le clip a été réalisé dans le Jardin japonais Pierre Baudis de Toulouse.

    Le titre pop de Lita Kira chante l’attente de l’amour, aussi vain et "impossible" qu’indispensable.

    Originaire du Nord, la chanteuse a d'abord foulé la scène lilloise, puis tourné sur Paris et Tours, ainsi qu'en Belgique et en Suisse. Après deux EP, Dans ma toile (2012) Marionnette (2014), son premier album long, Épineuse, sort début 2018.

    A l’automne 2021, Lita prend un virage pop rafraîchissant avec ce nouveau single, "Dis-moi que tu m’aimes", "des mots doux" qui nous caressent gentiment les oreilles. À suivre donc.

    Lita Kira, Dis-moi que tu m’aimes, 2021
    https://www.facebook.com/LitaKira.music
    https://www.instagram.com/litakira

    Voir aussi : "Juli le Taxi"

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  • Rouquine, Artists vainqueurs

    Le duo Rouquine, dont nous avions parlé sur Bla Bla Blog il y a quelques mois, vent de remporter l’émission The Artist sur France 2. Leur premier Ep était sorti en septembre. 

    Voilà, un coup de projecteur bienvenu sur de nouveaux noms pour la scène pop française.

    Rouquine c'est un scalp à deux têtes. L'une est celle de l'homme clavier/machines et chanteur Nino Vella, compositeur nourri aussi bien au jazz, au classique ou à la chanson française qu’au rock, au rap et à la pop. L’autre est Sébastien Rousselet, le chanteur et auteur, passionné de Kerouac, Bukowski, Radiohead ou Gainsbourg. Les deux artistes, originaires l’un de Cholet et l’autre d’Angers, ne pouvaient que se rencontrer dans leur Maine-et-Loire natal et bâtir patiemment une œuvre généreuse, intelligente et engagée. "Du sentiment mais pas de sentimentalisme", assènent-ils.

    L’amour, les mômes, la mort, le sexe : ça remue et ça fait marrer. Rouquine aime bien James Blake et Boris Vian, Alt-J et Orelsan. Jouant avec les codes urbains sur des thèmes actuels, non sans spleen ni un humour mordant, Rouquine dépoussière la chanson et prend son public à contre-pied.

    Il n’y a pas d'âge pour être de sales gosses, disent-ils encore. Leurs titres "Tombé", "Mortel" et "Première fois" sont déjà disponibles et mis à l'honneur par The Artist. Bravo à eux !

    Rouquine, Mortel, 2021
    https://casting.theartist.fr
    https://www.instagram.com/rouquineofficiel

    Voir aussi : "Rouquine n’a pas que ça à faire"

    Photo : Rouquine © Juliette Rozzonelli

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  • L’Yelle du Verseau

    Il ne faut pas que l’on s’y trompe. Derrière sa facture noire (que ce soit la pochette, les thèmes et jusqu’aux morceaux "Noir" ou "Peine de mort"), L’Ère du Verseau est un majestueux et coloré album. Un vrai hymne à la vie, à la liberté et à l’amour ("Je t’aime encore"). Yelle prouve ainsi, à l’instar du peintre Pierre Soulages que le noir peut être une vraie couleur lumineuse.

    Yelle ouvre avec cet opus une ère importante dans sa carrière. Qu'on le sache aussi : l'artiste bretonne est plus connue à l’étranger qu’en France, avec des tournées mondiales qu'elle" évoque dans "Interpassion" ou dans "Mon beau chagrin" : "Il est sept heures du matin / À l'aéroport de Mexico / Nous avons joué hier, enfin tout à l'heure / Et nous jouerons ce soir à Miami / Puis Orlando, puis Atlanta / Et ainsi de suite, jusqu'à San Diego… / On arrive / On vient vous voir / On sait que c'est vous / Qui nous déplacez".

    Yelle, chanteuse à l’aura grandissante, fait le choix de chansons mixés à un électro-pop inventif ("Vue d’en face") et elle sait surprendre à chaque titre : rythmes sophistiqués ("Émancipense", "Karaté", "OMG!!!"), voix tendue ("J’veux un chien") ou bien veloutée ("Roméo"), apports de sons orientaux (le formidable "Menu du jour"), humour ("Ici et maintenant"), sans compter le travail sur des textes ramassés et d’une efficacité redoutable (l’immanquable et le désormais célèbre "Noir").

    Yelle semble avoir écrit et chanté son album comme un tout à la fois cohérent et parsemé de contre-pieds et de surprises : le dansant et drôle "Karaté" ("Comment t'es sur le tatami quand t'es pas caché, quand t'as pas d'amis") côtoie une balade amoureuse amère ("Je t’aime encore"), quand la musicienne ne se fait pas chanteuse engagée et féministe : c’est "Émancipense", mot-valise en forme d’hymne à la liberté ("Aime en silence / Ce que tu penses / Émancipense / Ce que tu danses").

    Yelle semble avoir écrit et chanté son album comme un tout à la fois cohérent et parsemé de contre-pieds et de surprises

    Oui, Yelle brouille les pistes grâce à sa spontanéité et de sa folle inventivité. À cet égard, "Menu du jour", l’un des meilleurs morceaux de l’opus, surprend par son audace musicale autant que textuelle ("Dispensez-moi de tous ces bras / Le long des corps, je ne les vois pas / Délicatesse contre mes fesses / Empresse-moi de tes dix doigts"). Plus étonnant encore, dans "Vue d’en face" la Briochine se glisse dans la peau d’une jeune femme désœuvrée ("Je m'ennuie dans mon salon") et pour qui l’aventure commence en face, chez les voisins qu’elle observe en catimini et en toute illégalité ("Comme elle est belle vue d'en face / On voit les gens qui s'enlacent / Je me suis perdue dans vos intimités / C'est tous les jours que je suis intimidée / Autour de moi tout s'efface / J'ai oublié mes ennuis"). Pas besoin d’invitations, chante Yelle avec un mélange d’aplomb et de candeur : " Je tourne en rond et je me noie dans vos vies / Moi dans le noir je m'efface".

    L’auditeur trouvera singulièrement dans le morceau phare de l’opus, "Noir", le titre le plus rythmé, le plus joyeux et même le plus coloré de L’Ère du Verseau. Il n’y a qu’à écouter le début du morceau : "Elle, sourire jusqu'aux oreilles / Même quand rien ne va plus / On la dit sympathique / Rien, jamais aucun problème / Même quand tout ne va plus / Elle est belle, elle est chic / Résolution en millions de couleurs / Rayon de soleil et bonne humeur". Un morceau à écouter en plein volume si vous avez l’âme grise.

    C’est encore de vie, d’amour et de générosité dont il est question dans le mal nommé "Peine de mort" : "On abolit la peine de mort / On n'abolit pas les couleurs / T'as voulu planter le décor / J'ai voulu calmer ta douleur".

    L’Ère du Verseau est un album optimiste, libératoire et cathartique d’une jeune femme qui se cherchait, comme elle le chante dans "Un million" : "Un million de vies cachées / dans mon angle mort / À l'abri je sors, je m'ignorais." N’est-ce pas un message adressé à celles et ceux en mal de vivre et de bonheur ? "J'attends le moment / Le moment où ça casse / Ici et maintenant / Mais pour l'instant ça passe" ("Ici et maintenant").

    Aucun doute : Yelle entre indubitablement dans une nouvelle ère. Il sera maintenant difficile à la scène française de faire sans elle.

    Yelle, L’Ère du Verseau, Idol, 2020
    https://yelle.fr
    https://www.facebook.com/yelleofficial

    Voir aussi : "Clou en plein cœur"

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