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Voilà, un coup de projecteur bienvenu sur de nouveaux noms pour la scène pop française.
Rouquine c'est un scalp à deux têtes. L'une est celle de l'homme clavier/machines et chanteur Nino Vella, compositeur nourri aussi bien au jazz, au classique ou à la chanson française qu’au rock, au rap et à la pop. L’autre est Sébastien Rousselet, le chanteur et auteur, passionné de Kerouac, Bukowski, Radiohead ou Gainsbourg. Les deux artistes, originaires l’un de Cholet et l’autre d’Angers, ne pouvaient que se rencontrer dans leur Maine-et-Loire natal et bâtir patiemment une œuvre généreuse, intelligente et engagée. "Du sentiment mais pas de sentimentalisme", assènent-ils.
L’amour, les mômes, la mort, le sexe : ça remue et ça fait marrer. Rouquine aime bien James Blake et Boris Vian, Alt-J et Orelsan. Jouant avec les codes urbains sur des thèmes actuels, non sans spleen ni un humour mordant, Rouquine dépoussière la chanson et prend son public à contre-pied.
Il n’y a pas d'âge pour être de sales gosses, disent-ils encore. Leurs titres "Tombé", "Mortel" et "Première fois" sont déjà disponibles et mis à l'honneur par The Artist. Bravo à eux !
Il ne faut pas que l’on s’y trompe. Derrière sa facture noire (que ce soit la pochette, les thèmes et jusqu’aux morceaux "Noir" ou "Peine de mort"), L’Ère du Verseau est un majestueux et coloré album. Un vrai hymne à la vie, à la liberté et à l’amour ("Je t’aime encore"). Yelle prouve ainsi, à l’instar du peintre Pierre Soulages que le noir peut être une vraie couleur lumineuse.
Yelle ouvre avec cet opus uneère importante dans sa carrière. Qu'on le sache aussi : l'artiste bretonne est plus connue à l’étranger qu’en France, avec des tournées mondiales qu'elle" évoque dans "Interpassion" ou dans "Mon beau chagrin" : "Il est sept heures du matin / À l'aéroport de Mexico / Nous avons joué hier, enfin tout à l'heure / Et nous jouerons ce soir à Miami / Puis Orlando, puis Atlanta / Et ainsi de suite, jusqu'à San Diego… / On arrive / On vient vous voir / On sait que c'est vous / Qui nous déplacez".
Yelle, chanteuse à l’aura grandissante, fait le choix de chansons mixés à un électro-pop inventif ("Vue d’en face") et elle sait surprendre à chaque titre : rythmes sophistiqués ("Émancipense", "Karaté", "OMG!!!"), voix tendue ("J’veux un chien") ou bien veloutée ("Roméo"), apports de sons orientaux (le formidable "Menu du jour"), humour ("Ici et maintenant"), sans compter le travail sur des textes ramassés et d’une efficacité redoutable (l’immanquable et le désormais célèbre "Noir").
Yelle semble avoir écrit et chanté son album comme un tout à la fois cohérent et parsemé de contre-pieds et de surprises : le dansant et drôle "Karaté" ("Comment t'es sur le tatami quand t'es pas caché, quand t'as pas d'amis") côtoie une balade amoureuse amère ("Je t’aime encore"), quand la musicienne ne se fait pas chanteuse engagée et féministe : c’est "Émancipense", mot-valise en forme d’hymne à la liberté ("Aime en silence / Ce que tu penses / Émancipense / Ce que tu danses").
Yelle semble avoir écrit et chanté son album comme un tout à la fois cohérent et parsemé de contre-pieds et de surprises
Oui, Yelle brouille les pistes grâce à sa spontanéité et de sa folle inventivité. À cet égard, "Menu du jour", l’un des meilleurs morceaux de l’opus, surprend par son audace musicale autant que textuelle ("Dispensez-moi de tous ces bras / Le long des corps, je ne les vois pas / Délicatesse contre mes fesses / Empresse-moi de tes dix doigts"). Plus étonnant encore, dans "Vue d’en face" la Briochine se glisse dans la peau d’une jeune femme désœuvrée ("Je m'ennuie dans mon salon") et pour qui l’aventure commence en face, chez les voisins qu’elle observe en catimini et en toute illégalité ("Comme elle est belle vue d'en face / On voit les gens qui s'enlacent / Je me suis perdue dans vos intimités / C'est tous les jours que je suis intimidée / Autour de moi tout s'efface / J'ai oublié mes ennuis"). Pas besoin d’invitations, chante Yelle avec un mélange d’aplomb et de candeur : " Je tourne en rond et je me noie dans vos vies / Moi dans le noir je m'efface".
L’auditeur trouvera singulièrement dans le morceau phare de l’opus, "Noir", le titre le plus rythmé, le plus joyeux et même le plus coloré de L’Ère du Verseau. Il n’y a qu’à écouter le début du morceau : "Elle, sourire jusqu'aux oreilles / Même quand rien ne va plus / On la dit sympathique / Rien, jamais aucun problème / Même quand tout ne va plus / Elle est belle, elle est chic / Résolution en millions de couleurs / Rayon de soleil et bonne humeur". Un morceau à écouter en plein volume si vous avez l’âme grise.
C’est encore de vie, d’amour et de générosité dont il est question dans le mal nommé "Peine de mort" : "On abolit la peine de mort / On n'abolit pas les couleurs / T'as voulu planter le décor / J'ai voulu calmer ta douleur".
L’Ère du Verseau est un album optimiste, libératoire et cathartique d’une jeune femme qui se cherchait, comme elle le chante dans "Un million" : "Un million de vies cachées / dans mon angle mort / À l'abri je sors, je m'ignorais." N’est-ce pas un message adressé à celles et ceux en mal de vivre et de bonheur ? "J'attends le moment / Le moment où ça casse / Ici et maintenant / Mais pour l'instant ça passe" ("Ici et maintenant").
Aucun doute : Yelle entre indubitablement dans une nouvelle ère. Il sera maintenant difficile à la scène française de faire sans elle.
Diaporama,de Stéphanie Acquette, se dérobe sous les pieds de l’auditeur qui pouvait s’attendre à un album léger et simplement nostalgique, comme l’illustre cette visionneuse que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître.
La Nordiste dévoile en ce début d’octobre un premier opus prometteur après une série de tournées sur la scène parisienne (Les 3 Baudets, le Pop In, le Supersonic, Les Étoiles…) et plusieurs théâtres de France (le Volcan, le Train-Théâtre, L’Adagio, l’Éden…).
Coloré, cinématographique, imagé, pétillant, faussement léger et parfois même très grave : Diaporama propose une série de tableaux proposé par une chanteuse à l’écriture fine. Stéphanie Acquette sait aussi bien parler des départs sans retour avec ce je ne sais quoi de nonchalance et d’innocence ("Sans regret / Tu m’appelleras mais en vain / Je serai sur le chemin / Chemin sans destination", "Je m’en vais") que d’amour ("Dans l’insouciance") ou de regrets et d’occasions manquées ("On est passés pas loin / Ou presque / Mais c’est passé quand même / Notre opportunité", "D’un rien").
N'oublions pas non plus "Mona", une chanson sur La Joconde, légère comme un verre d’Alka Selzer : "Qui êtes vous par temps clair ?" se demande la chanteuse dans ce joli titre sous forme de dialogue imaginaire.
Dans "La source", présent dans deux versions, Stéphanie Acquette se fait à la fois évanescente et songeuse, mélancolique aussi dans cette ballade au délicat souffle poétique : "J’ai verrouillé la mer / Les éléments calcaires / Plus rien n’est latent / Une guerre de cent ans / Saura nous défaire". Mais derrière le calme, ponte la tempête : "Tu as marqué la sécession /Tu as flambé les fondations". Cette guerre de cent ans est conviée de nouveau dans un autre morceau, parlant d’amour, d’absence, d’éternel retour et d’espoir ("Cent ans").
Il ne manque plus que le fume-cigare, la coupe de champagne et le déshabillé qui va bien
Bien dans son époque, la chanteuse parle dans "Jour Levant" de ces pays voisins en guerre que nous ne voulons pas voir ("Les paumes plaquées sur nos paupières / Nos fauves sur vos terres arasées." Cet Ibrahim à qui s’adresse le morceau est le symbole – et sans doute plus qu’un symbole – de ces conflits que Stéphanie Acquette poétise avec tact mais non sans rudesse : "Ibrahim dans tes fracas intimes / Ibrahim Ibrahim / Où la raison s’abîme / Le voile tâché de sang / la fosse au charnier et l’encens".
Musicalement, "Une party" est une jolie bossa nova – non sans un joli jeu de mot ("oh c’est beau ça") – et où le farniente côtoie la sensualité, si ce n’est l’érotisme : "Nos vacances ont du bon / Tous les trois ensemble en infusion… / Oh j’adore ça, vous aimer / D’un peu plus loin d’assez près / Du haut de mon hamac".
Sur une chanson aux teintes jazzy, "Lasse", Stéphanie Acquette se dévoile en femme fatale languide : "Je suis viscère, je suis suie / Près du miroir gris / Je penche de nacre à organdi / Dragué poudré, paupières mi-closes…" Il ne manque plus que le fume-cigare, la coupe de champagne et le déshabillé qui va bien.
Le travail sur le texte (Juan Tabakovic est l'auteur de quatre titres, "Lasse", "Ma source", "Jour Levant" et "Une party) est d’autant plus remarquable que Stéphanie Acquette, une vraie révélation musicale de la scène française, écrit et chante avec justesse pour explorer nos vies égoïstes, non sans existentialisme : "Chacun pour soi / Pulvériser et scinder les atomes / Larguer les ardeurs monochromes / A croire que seul on n’est plus personne".
Elle s’appelle Clou. Comme un clou : un clou de charpentier, un clou de girofle ou le clou d’une magnifique soirée. Comme on voudra.
Son album Orages, sorti il y a tout juste un an en 2020, frappe par sa fausse indolence. Pour son premier opus, Clou fait le choix de la simplicité tout autant que de l’efficacité : une chanson française mâtinée de pop avec des textes poétiques et percutants. "Et on fait le tour du cadran / Des heures et de jours que la vie nous tend… / Et on tient debout, mais ne nous demandez pas comment", chante-t-elle par exemple dans le titre "Comment", en parlant de ce "rêve", cette bombe à retardement, notre propre existence en somme. Il est encore question de vie et, dirions-nous, d’existentialisme dans le mélodieux "On avance" : "On aura beau nouer / Des alliances et des colliers à nos poignets / Et puis se marier / Et nos corps mélanger / Été après été / Si, si on avance, on avance / Malgré des nuances / On avance, on avance / C'est tout seul, tout seul".
Comment vivre et comment être vrai, se demande la chanteuse de sa voix fragile ("Le faux comme une flèche qu’on décoche / Blesse ceux qui tenteraient une approche", "Jusqu’ici tout va bien") ? C’est avec la même douceur, que Clou fait le constat de la perversité du bien nommé Narcisse : "Tu es très malheureux je sais / Et bien des femmes t’ont brisé c’est vrai / Pourtant il est fier ton reflet / Et tu me donnes ma chance / Oh la jolie potence… / Narcisse, Narcisse tu es / Pervers, pervers tu me tues" ("Narcisse"). Il faut bien écouter les paroles de cette chanson pour comprendre la cruauté de cet amour manipulateur : "Fort tu sers les liens du désir / Et tu m’éloignes des miens, du plaisir / Quand tu tends ta main, une emprise / Et moi je ne voie rien".
Fausse candeur désarmante
Clou vise en plein cœur dans cet opus plus sombre qu’il n’y paraît, dans lequel la méchanceté et le jugement sont cloués au pilori avec une fausse candeur désarmante : "Facile de lâcher les mots / Essaye de regarder l’heure / Et de moquer mes nombreuses erreurs / Essaye de rabaisser mes valeurs / Essaye de casser mon cœur" (l’irrésistible "Si t’étais moi"). Elle rehausse également de rouge la colère qu’elle refuse de taire ("J'ai la rage pour être exact / Les dents comme des crocs de chiens / Je suis à deux doigts du diktat / Je fais le mal pour mon bien", "Rouge") mais sait aussi parler avec pudeur de la jalousie d’une adolescence en pleine construction : "À seize ans j’ai l’air de quoi / Vouloir ce que je n’ai pas… / L’audace et l’insouciance / Hélas ne s’apprennent pas / J’ai l’habitude, question d’habitude / Et non, je ne suis pas jalouse". L’auditeur sera touché par ce délicat portrait d’une jeune fille qui se cherche : "Mille fois remaquillée / Ado, je veux imiter / Des idoles, des poupées / Dont les silhouettes blanches / Noircissent mes idées" ("Jalouse").
Comment assumer ses rêves et vivre pleinement ? C’est ce que Clou interroge à l’aide d’un refrain entêtant : "Et je voudrais que ma tête là / Cesse, cesse de tourner comme un manège de bois" ("Cesse cesse"). Faut-il pour cela "vivre comme au cinéma / D'un scénario de rien" ("Comme au cinéma") ? Cette déclaration d’amour pour le cinéma est aussi une invitation à imaginer son futur et jouer pleinement le rôle qu’on s’est écrit. "Et si c'est un mauvais, mauvais, je couperai la fin", décrète la chanteuse dans ce magnifique titre.
Disons aussi que Clou fait de son album un éloge de la liberté, aussi brute, insaisissable et dangereuse qu’un orage, qu’elle chante dans "La tempête", un titre que l’on pourrait qualifier de naturaliste : " La tempête fait rage, et de l’eau glisse sur mon visage / Il y a mille nuages, que nul ne peut mettre en cage".
L’opus se termine avec "Tomorrow", un étonnant et séduisant titre pop-folk en anglais, preuve que la chanteuse a plus d’une corde à son arc. De beaux lendemains, chante en substance Clou. Nous serions tentés de dire que les siens promettent d’être radieux, comme après un soir d’orage.
Sorti au début de l’été, le dernier album de Frédéric Zeitoun, J’aimerais, est une occasion en or de découvrir un artiste complet et à la carrière incroyable : auteur, parolier, chroniqueur à la radio et à la télé, comédien mais aussi chanteur bien dans son époque, sachant aussi bien manier sa plume dans l’encre bleue délicate que dans le vitriol.
Au vu du pedigree du personnage, l’auditeur ne sera pas surpris de découvrir un album s’inscrivant dans le registre d’une chanson française classique alliant écriture soignée des textes et orchestration traditionnelle. Frédéric Zeitoun propose une production attrayante et élégante : piano, accordéon, cordes ou guitares et non sans accents orientaux ("Vivre vivre").
De quoi est-il question dans cet album dont la sincérité est indéniable ? "J’aime tout le monde" proclame par exemple Frédéric Zeitoun sur un air de jazz manouche, dans ce qui apparaît comme l’aveu d’un vrai gentil : "J'ai envie d'embrasser / À bouche que veux tu / Mes ennemis d'hier / Et même des inconnus / Rancunier de nature / Je deviens écolo / Et la terre est si belle".
À ce morceau altruiste autant qu'amoureux vient en écho cet autre titre, "J’aimerais", que l’on pourrait qualifier comme une prière pour soi, chacun et autrui : "J’aimerais que les points sur les i ne soient plus jamais dans la gueule. J’aimerais qu’on respecte la vie pas seulement dans un linceul…. Au conditionnel improbable, j’aimerais tant et tant de choses, magnifiques et invraisemblables, comme une terre jonchée de roses".
L’aveu d’un vrai gentil
Vrai album humaniste, J’aimerais parle de vie ("Les pires mensonges") d’épanouissement mais aussi d’amour ("Tant que tu es là"). C’est aussi "Apprends à désobéir", une adresse destinée au fils du chanteur ("Apprends à désobéir / Ne ploie jamais sans réfléchir / C’est ton onzième commandement / Comme les dix premiers / Souviens-t-en."). C’est encore "Vivre vivre", un morceau sur "l’urgence" de vivre et de "dire aux gens qu’on les aime tant". Frédéric Zeitoun entend parler de son expérience : "Est-ce le privilège de l’âge ? / Les années nous rendent plus sage / Je sais le bonheur bien fragile / Je sais tout ne tient qu’à un fil". "Parenthèse" parle, lui, de lâcher prise : "Prendre un pari sur l’inconnu" pour "imposer" son histoire et "préférer le risque aux regrets" pour se laisser diriger par son cœur seul.
Homme de son époque, Frédéric Zeitoun règle également ses comptes avec notre époque corsetée et un peu trop sérieuse. C’est le sujet de "Rire de tout" : "Les temps se font dures… régime sans sucre et sans sel, régime sans sexe et sans gluten". Contre "la pensée unique" et le prêt à penser, l’artiste propose une chanson contre les censures de tout poil et pour l’impertinence.
En parlant de chanson, celle "sans chanteur" propose, sur un thème assez classique, de faire s’exprimer une chanson attendant son interprète ("Facile à habiller un piano seul me suffirait."), son public et le succès ("Pourquoi elle et pas moi ?"). "La chanson sans chanteur" a du sens pour un parolier qui a signé pour une pléthore d’artistes.
Citons aussi cet autre titre, "La vie sur son visage" qui est le portrait d’un vieil homme à Lisbonne, durant l’été 2019. Il s’agit du portrait d’un bel homme aux cheveux blanc portant fièrement "la vie sur son visage", chante Frédéric Zeitoun qui dédie cet extrait à Gérard Davoust.
Le musicien ne pouvait pas terminer mieux son album que par le morceau "En mieux", une chanson autobiographique merveilleuse qui résume l’état d’esprit d’un artiste hors-pair : "À l’éternelle question / Si c’était à refaire... / Je réponds sans ambages en regardant les cieux / Je ferais tout pareil mais en mieux".
Et si l’on refaisait un petit retour en arrière ? Il y a trois ans, sortait le 2e album de Leïla Huissoud, Auguste. Sa découverte récente me donne l’occasion de vous encourager à découvrir un opus d’autant plus sincère qu’il revendique ses influences assumées : le jazz manouche mais aussi… Georges Brassens.
Il faut aussi préciser que la chanteuse était en tournée cet été, tournée marquée par son hospitalisation début août. On lui souhaite bien entendu un prompt et heureux rétablissement.
Revenons à Auguste, l’album qui la révèle d’ores et déjà comme une artiste au caractère bien trempé et à l’univers singulier. Celui de Leïla Huissoud est celui d’une saltimbanque se moquant des convenances et de l’académisme comme elle le dit dans "La mineure", le morceau qui clôture l’album : "Peut-être que je chanterai pas / La chanson qui vous a fait venir / Et les rappels, quand y'en a pas / C'est qu'j'ai plus rien à dire / Alors si mon art piège, je peux vous l'accorder / J'suis une merde en solfège, et pour la note / J'vous laisse payer."
L’artiste, passée par The Voice, le résume dans cet autre titre, "La chianteuse" : "Papa, maman, j'me suis trouvé / Si un jour je grandi / Je serai grogneuse amplifiée / Pour gagner ma vie… / Une chieuse en un mot / Je serai chanteuse, applaudissez." La "chianteuse", qui a choisi l’exigeant chemin de l’exigence, le dit autrement dans "Les tours de rond-point" : "J'ai des projets de débutante / Des rêves pas plus hauts que la vie / Parce que les sommets font les pentes / Je préfère quand ils sont petits."
Comme le titre de l’opus l’indique, les influences de Leïla Huissoud sont à voir d’abord du côté du cirque et de ces saltimbanques qui l’inspirent. C’est "La farce" et surtout "Auguste", qui est un des plus beaux hommages qui soit à ces personnages emblématiques des chapiteaux : "Ce sera Auguste, on choisit pas / De quel côté des rires on va / Moi j'ai pioché les doigts moqueurs / Qui vous pointent le cœur / La rime est simple mais j'hésite pas / Vous savez au bout d'un doigt".
La "chianteuse" a choisi l’exigeant chemin de l’exigence
Leïla Huissoud s’est entourée de musiciens pour colorer son album de jazz manouche ("La farce", "Auguste" ou "Écrit d'invention"). La musicienne a fait le choix d’instruments traditionnels et d’une orchestration ramassée (les tangos de "Caracole" et de "La chianteuse"), quand elle ne choisit pas l’option voix-instument solo : ce sont les cordes de "La chianteuse", le piano ("En fermant mes yeux") ou bien la guitare ("Lettre à la Suisse"). En parlant de guitare, il faut absolument mentionner l’hommage à Georges Brassens dans "Le vendeur de paratonnerre", dans un titre revendiquant son affiliation et dans le texte et dans la facture à l'auteur de L'Auvergnat – guitare sèche incluse.
Voilà qui rend cet album si attachant, a fortiori lorsque Leïla Huissoud évoque ses rêves amoureux et personnels, que ce soit "Un enfant communiste" en duo avec Mathias Malzieu, le récit d’une liaison éphémère ("En fermant les yeux") ou bien "Écrit d'invention". Le très beau morceau "Lettre à la Suisse" peut aussi bien s’écouter comme un hommage à sa Suisse d’adoption ("Froide comme une fille trop jolie / Qu'a forcément rien d'une battante / Je parle pas d'argent, ça c'est ton histoire / C'est tes finances, c'est tes connard") que comme une chanson d’amour ("C'est sûrement comme ça les étoiles / J'ai jamais pu le remercier / Le monsieur qui m'as fait venir chanter / Un mois de Janvier, à Lausanne / Grâce à lui, je t'ai découverte / Pleine de chansons et d'amitié / Ça fait pas long, l'effet de ma fenêtre".
Enfin, il ne faut absolument pas passer à côté de ce joyau que sont "Jolies frangines", formidable hommage doux amer aux deux sœurs de Leïla Huissoud. Le titre a été récompensé par un mérité Prix Georges Moustaki en 2019 : "Ça fait longtemps qu’on nous a pas / Appeler en criant / « Les filles » : c’était nous trois / Même que ça semblait évident / Je me dis que j’aurais dû profiter / Quand on confondait nos prénoms / J’étais la petite sœur de mes aînées / La peste, le tourbillon".
Auguste va bientôt fêter ses trois ans mais il est indubitablement à découvrir ou redécouvrir. Et on attend avec impatience le retour de Leïla Huissoud, en grande forme, bien entendu.
Mieux qu’une chanson feel good comme ne le laisserait deviner sa facture (piano et voix délicate), "Je veux naître", le dernier single de Caryn Trinca, est l’ode à une naissance à venir.
La chanteuse, qui annonce un album pour la fin de l’année, se met à la place du petit être prêt à arriver au monde : "De dimension parallèle / Je jette une bouteille à la mer / Je l’ai choisi je veux y croire / Non ce n’est pas la mer à boire".
Ce premier single annonce un futur opus déjà séduisant. À suivre donc.
Sur un très beau clip réalisé par Sébastien Vion, le groupe Akyal propose son dernier titre, "Les étoiles". Un morceau en "spoken world" comme ils le disent. Bon, usons d’un vocable plus clair : il s’agit de chanson française, tout simplement.
Après "Clap de fin", Akyal a choisi la simplicité – voix, clavier et guitare – pour parler d’une rupture consommée, charriant sa part de souvenirs, de regrets mais aussi de tendresse : "Résumons notre vie à l’essentiel / On s’est aimés dans l’éclat du soleil".
Akyal a choisi de parler de la fin d’une relation amoureuse sans pathos ni douleur : "Loin de moi l’idée / De faire semblant / Loin de moi l’idée / Je t’aime tant".
"Les étoiles" est disponible sur Spotify, Deezer ainsi que l'ensemble des plateformes musicales.