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Tom Leeb devrait être le candidat français du prochain concours Eurovision, qui aura lieu le 16 mai prochain à Rotterdam.
Cette année, selon Le Parisien, il n'y aura pas de vote du public mais une désignation qui a été faite par France Télévision.
Tom Leeb n'est pas tout à fait un inconnu. Bla Bla Blog en avait parlé il y a quelques mois à l'occasion de son premier EP, Are We Too Late. Tom Leeb : un musicien qui n'a pas fini de faire le buzz.
Tom Leeb, Recollection, Roy Music, 2019 https://www.facebook.com/Tom.Leeb.Officiel
Bon, nous sommes d’accord : l’album de Kaori, À Ciel ouvert, est d’abord teinté de couleurs estivales et tropicales, assez loin des grisailles sous nos hémisphères. Le soleil, le ciel lumineux, le farniente, les cocktails sur la plage et la flemme. Mais pourquoi justement ne pas profiter de la grisaille ambiante pour déguster cet opus nonchalant, s’ouvrant d’ailleurs sur À Ciel ouvert, un titre qui donne son nom à l’album ?
On peut avoir une réelle appétence pour le groupe Kaori et son goût de l’aventure et de la liberté, voguant toutes voiles dehors. Pour reprendre Kaori dans Je largue les amarres, musicalement, le duo "s’en tient à l’essentiel" dans cet un univers musical chamarré : la chanson française est mêlée de couleurs jazzy (Impressions,Café noir), calédoniennes (Cap’tain yo, Les hommes vivent debout), reggae (À Ciel ouvert), pop-rock (Je largue les amarres), blues (Laisse-moi entrer) ou folk (L’île des oubliés).
Arrivé à ce stade de la chronique, intéressons-nous à Kaori, du nom de cet arbre emblématique calédonien. Le duo, formé d’Alexis Diawari et Thierry Folcher, originaire de Nouvelle Calédonie, propose une production soignée et d’une belle fraîcheur, dans la continuité de leur premier album, Aux Îles Fortunés. Pas mal pour des sexagénaires, ayant fait le choix de l’acoustique pour un album entièrement en français.
Kaori suit à sa manière les traces d’Antoine dans son appel aux voyages libérateurs comme son appel à l’humanisme et à la fraternité universelle (Les hommes vivent debout). Pourquoi ne pas rappeler justement que la chanson française a la chance d’avoir des artistes qui, à l’instar de Kaori, puisent leur inspiration dans les terres lointaines du Pacifique (Fleur de vanille) ? Et ça, ça fait du bien.
Avec Clio, de retour avec son deuxième album Déjà Venise, c’est la fusion parfaite entre chanson et électro. Les textes sensibles d’une fille, dont on sent la lave bouillonner, battent dans un rythme syncopé, à l’instar du premier titre, T’as vu, qui est le récit du retour d’une femme après, l’imagine-t-on, une grave crise de couple : "Allez ça va / Je suis là / J’ai fait des tours autour de la maison / Fumer beaucoup / Mouiller mes joues / toucher le fond / J’ai shooté dans tous les cailloux des horizons / Et je suis rentré à la maison." Ce récit teintée d’amertume et de mélancolie est aussi l’histoire d’une réconciliation autant que l’aveu d’un amour inconditionnel malgré tout : "Plus jamais ça / Mais t’as crois quoi ? / Q’j’allais pas rentrer ? / Q’j’allais me barrer ? / Q’j’en allais en allumer un mieux dans la rue d’à côté ? / Mais non t’inquiète pas / Y’a pas mieux que toi."
L’ouverture de Déjà Venise porte l’empreinte d’un opus romantique et sensible (Nous perdre au Louvre), mais sans concession. Clio revendique être une femme amoureuse, à la couleur guimauve et au cœur d’artichaut : "Je tombe amoureuse tous les trois jours / Je crois que j’ai des facultés pour / Il doit y avoir par là-dedans des récepteurs assez puissants / Je tombe amoureuse tous les mardis / Et malheureuse le mercredi / Qu’est-ce que je deviens qu’est-ce que je deviens / Moi si j’ai plus de chagrin demain."
Musicalement, Clio digère, pour son album très personnel, des influences électros (T’as vu), urbaines (Sur les horodateurs), mais aussi… cinématographiques (Les Horodateurs, Romy S.). Ne pourrait-on d’ailleurs pas parler de touche rhomérienne dans l’écriture du titre Au bar de l’oubli ? L’utilisation, au service de textes mélancoliques, de sons synthétiques et de boîtes à rythme ne sont pas sans rappeler les influences de Dominique A et surtout de Françoiz Breut (Des pas dans la neige). L’album de Clio, à la beauté incandescente, est d’abord une déambulation romanesque aux arabesques envoûtantes, à l’exemple de Tristan, dont le choix acoustique à la sombre mélancolie renvoie à Maud Lübeck : "Toi tu m’as plu / Tu m’as bien plus / Bien moins que lui / C’est évident / Mais bien longtemps que lui…"
"Dans mon histoire d’amour je serais Romy Schneider"
C’est un périple amoureux que propose Clio, ou plutôt des allers-retours dans lequel la chanteuse confie ses incertitudes et ses valses hésitations : Partir ou rester ? Retenir l’autre si c’est encore possible ? Se réconcilier ? "Mais elle est faite ta valise / Dans ta tête c’est déjà Venise /Mais elle est faite ta valise / Il y a les cintres / Plus les chemises / J’aurais dû y penser avant / Laisse-moi partir devant" (Déjà Venise). Pour cette chanson, qui donne le tire album, Clio parle dans un parlé-chanté gainsbourien, de réconciliations : Venise peut autant être le point de fuite d’un amour moribond qu’un nouveau voyage sentimental.
Voyage sentimental, donc, mais aussi musical, tant Clio apporte vraiment quelque chose de plus dans le paysage de la chanson française : on peut parler de vraie d’audace pour cet opus qui n’aurait pu être qu’un simple album personnel. La chanteuse apporte un grand vent de fraîcheur, à l’instar de son adaptation française de Porque te vas, qui fait vraiment sens : peu d’artistes auraient pu être autant légitimes dans la reprise de ce tube de 1976 qui vient se fondre complètement dans Déjà Venise.
Clio, artiste en fusion dans les deux sens du terme, croque à la sanguine les petites et les grandes aventures amoureuses, les rencontres ordinaires et fondamentales comme les douloureux états d’âmes, sur une rythmique nerveuse. Le rêve amoureux, les retrouvailles et les nouvelles passions sont toujours possibles, nous dit en substance Clio : "Dans mon histoire d’amour je serais Romy Schneider."
Clio, Déjà Venise, 2019, uGo&Play Label / Un Plan Simple, 2019 https://www.facebook.com/cliofficiel Le 15 novembre : Le Ponant, Pacé Le 15 et le 22 novembre : Le Scénacle, Besançon Le 4 décembre : Centre Culturel, Le Haillan
Qu’Art Press ait choisi de consacrer un numéro spécial à la chanson française est à la fois une belle surprise et une mise en perspective passionnante de la part d’un magazine qui s’est toujours intéressé à l’avant-garde. Un terme qui va si peu avec cet art de la chanson que Serge Gainsbourg l’avait considéré lors d’un échange mémorable avec Guy Béart comme mineur.
Mais d’ailleurs, qu’est-ce que la chanson, cette "distraction régressive", s’interroge Philippe Forrest ? Pour y répondre il donne la parole à Stéphane Hirschi, professeur de littérature à l’université de Valenciennes et professeur d’une discipline scientifique qu’il a lui-même créée : la cantologie. Il met en avant les spécificités de cette "song" typiquement française, ce chant populaire mêlant étroitement une mélodie simple à mémoriser, un texte à la fois intelligible et infusant dans l’imaginaire et un interprète y insufflant moins sa technique – au contraire du bel canto – que son vécu. Il y a aussi cette fugacité de la chanson, explique l’universitaire, et c’est cette fugacité qui rend la chanson paradoxalement entêtante, comme un éternel retour, "le temps d’une chanson." La chanson porte une fausse légèreté (Je chante de Trénet) quand ce n’est pas une double lecture (La javanaise), voire l’autofiction (Laura de Johnny Hallyday) et l’auto-référence, car la chanson peut aussi parler d’elle-même (En chantant de Michel Sardou, Chante ! De Michel Fugain ou Le temps de la rengaine de Serge Lama).
Après un retour par Benoît Dutertre sur les origines de la chanson de Mayol à Jacqueline Boyer, en passant par Joséphine Baker et Mistinguett, le trimestriel trace les portraits de quelques artistes marquants, et de toutes époques : Juliette Greco, Juliette Armanet, mais aussi l’étonnant Chaton (ex Siméo), Daniel Darc ou encore Bertrand Burgalat, figure majeure de la chanson, respectée quoique peu connue du grand public.
Art Press nostalgique ? Voire. Car si le magazine contemporain omet quelques brillantes figures incontournables (Brel, Piaf, Brassens ou Ferrat), il donne à voir une chanson française bien vivante : Bertrand Belin, Marc Lavoine, Michel Houellebecq, Brigitte Fontaine ou Benjamin Biolay, sans pour autant oublier un répertoire ancien incontournable : c’est Aznavour comme passerelle entre l’Orient et l’Occident, c’est Depardieu chantant et vivant Barbara, c’est Claude François comme "Prince du rythme", c’est l’étonnant, singulier et libre Christophe ou encore Serge Lama, bouleversant dans Les Ballons rouges. Des focus sont également proposés au sujet de ces titres ou albums devenus légendaires : Dimanche à Orly de Gilbert Bécaud, La nuit je mens d’Alain Bashung, Métronomie de Nino Ferrer ou l’apport musical incroyable de Jean-Jacques Vannier, cocréateur du mythique Mélody Nelson avec Serge Gainsbourg.
La chanson française se fait remarquer aujourd’hui par son insolente créativité
Au milieu de la crise musicale, atteinte par le raz-de-marée de l’Internet, du streaming et du déclin inexorable du support physique, la chanson française se fait remarquer aujourd’hui par son insolente créativité. Sans cesse en mouvement et se nourrissant des influences pop, jazz, rock, électro ou rap, un brillant ancien a laissé un héritage indéniable : Léo Ferré. La revue s’intéresse à ces artistes, souvent peu connus, qui revendiquent sont influence : PR2B, Gontran, Michel Cloup ou Bruit Noir.
Fort logiquement, Art Press ne pouvait pas passer sous silence cette chanson underground, hyper créative, fonctionnant dans la débrouille et sans le support des bandes FM, de la télé et encore moins des majors. "La chanson française ne s’est jamais autant développée hors des sentiers battus" constate Julien Bécourt qui s’arrête sur quelques noms qui ne diront sans doute rien à beaucoup de lecteurs : l’organisation Chanson française dégénérée ou les artistes Noir Boy George, Arne Vinzon, Rouge Gorge, Marie Klock ou le groupe Rose Mercie.
Art Press pose aussi une question particulièrement pertinente : celle du répertoire outremer ou issu de l’immigration. Stéphane Malfettes fait remarquer avec justesse que "contrairement aux Britanniques qui ont su valoriser les productions musicales venues notamment des Caraïbes, la France a (...) souvent négligé l’importance des artistes issus de l’immigration et des Outre-mer." Le zouk n’est-il pas relégué en France dans un courant "parallèle, alors qu’aux États-Unis Kassav’ est considéré simplement comme un grand groupe français ?
Outre un focus sur ces étranges, oubliées et parfois géniales faces B de 45 tours, des analyses plus pointues sont consacrées aux discours amoureux dans la nouvelle scène française : Therapie Taxie, Angèle et La Femme. On cherchera en vain un amour heureux, constate Laurent Perez. Pas de là, cependant, à s’affoler : "A les entendre chanter l’amour parmi ses ruines, on se prend à rêver que l’un d’entre-eux, dans vingt ans, saura écrire une nouvelle Chanson des vieux amants."
Art Press ne pouvait pas faire l’impasse sur l’art contemporain ayant durablement influencé cette chanson populaire. Ce sont les pochettes de disques bien sûr (Pierre et Gilles pour l’album La Notte, la notte d’Étienne Daho), mais aussi le travail d’artistes plasticiens se nourrissant maintenant largement dans cette culture (Arnaud Maguet, Sivan Rubinstein, Sophie Calle ou Nicolas Comment, interviewé par Étienne Hatt).
Un dernier domaine, finalement peu étudié par la revue et pourtant essentiel, est celui du clip : Art Press choisit de l’aborder assez justement avec Mylène Farmer, aux vidéos musicales à la narration complexe et à la réalisation soignée.
Une preuve supplémentaire que la chanson française n’a pas fini de se réinventer, tout en restant toujours cet art, sinon mineur du moins capable de parler à tous, soulevant l’émotion en quelques minutes : "Une petite cantate du bout des doigts / Obsédante et maladroite, monte vers toi / Une petite cantate que nous jouions autrefois."
Après avoir vendu 100 000 exemplaires de son premier album, la chanteuse Lou, également comédienne dans la série Demain nous appartient, vient de sortir son nouvel album Danser sur tes mots.
L’album de Lou inclut son nouveau single Qui pourrait ? (près de 2 millions de vues sur le clip) et la reprise de Shallow du film A star is born, en duo avec Estéban (du groupe Les enfants de la terre).
La chanteuse est actuellement en tournée en France et en Belgique.
Et si Chine Laroche était une des grandes outsideuses de la scène française ? Elle sort en avril son EP, Outsider, après deux premiers albums salués par la presse (On My Mind en 2016 et Out of the Dark en 2018).
La voix susurrée de la jeune chanteuse parle, dans un talk-over à fleur de peau, de pérégrinations que l’on dirait noctambules, à l’image des Heures ou d’Éphémère : "Les images reviennent / Tout se mélange dans ma tête / C’est flou, était-ce un rêve ? / Quand te reverrai-je / T’es dans l’atmosphère je perds la tête." Chine Laroche n’est pas ce genre de femmes à proposer des réponses toutes faites ou des certitudes :"Parce qu'on ne se retrouve pas dans la pensée commune, dans la morale imposée, parce la vie en elle même est mystique, sans réponse à des questions existentielles, et que l'on cherche un sens à tout ça sans jamais le trouver définitivement. Peut être dans les choses éphémères ?"
Une facture minimaliste et trip-hop
La Parisienne propose un premier mini-album cinglant comme une gifle, appuyé par une facture minimaliste et trip-hop, et servie par des textes sous forme de confidences et de confessions intimes (Dis-moi).
Voilà justement le grand culot de Chine Laroche : proposer des titres sous acide et comme troussés pour des night-clubs, mais avec l’hypersensibilité d’une compositrice au caractère bien affirmé : "J’ai tous mes sens en l’air / Je bois la vie sous ecstasy / En vol de nuit / Pour le paradis… Je passerais des heures / Des heures / Des heures en ta compagnie / Sentir ton cœur / Ton cœur / Ton cœur battre dans la nuit." La musicienne propose ainsi ce titre suspendu qu’est Au-delà du réel, superbe chant poétique, minimaliste et onirique.
Dans Outsider, l’électro et les boîtes à rythme se parent d’un épiderme vivant grâce à une voix sans cesse proche de la rupture : "J’ai besoin d’amour / J’ai besoin de ma dose / Je sais pas si c’est ma faute / Je sais pas si c’est de l’amour… / Le monde est fou / L’un contre l’autre / Tout semble fou / Autour de nous / Je sais plus si j’ose." Une vraie outsideuse dont on attend qu’une chose : qu’elle continue à oser.
Kakune sort ce printemps son album sobrement intitulé Amour. Pour l’heure, intéressons-nous à son premier EP, Kalune, qui donnera l’avant-goût de la production et de l’univers de cet artiste singulier. Singulier et engagé, et c’est bien là tout l’intérêt de son travail.
"La maison brûle et nous regardons ailleurs" : face au constat fait il y a une vingtaine d’années par un ancien Président de la République, Kalune se retrousse les manches et fait de la musique une arme pour faire bouger les choses : l’environnement, la défense de la planète ou la solidarité.
Un vrai résistant alternatif comme il le proclame lui-même dans le slam musclé Les fleurs de la résistance, un authentique hymne à l’altermondialisme : "On se bouge / On se lance / On vise l’autosuffisance / Et on ose / On propose / Un profond changement des choses."
Le militant musicien sait se faire poétique dans le bel hommage à l’ours Canelle : "Elle était reine de nos montagnes/ Mais le monde n’a plus besoin d’elle / Entre la France et l’Espagne/ Était le royaume de Cannelle" (Canelle). Oui, Kalune est bien engagé, mais il reste un artiste méticuleux dans sa manière d’allier ses textes, son flow et une orchestration enrichie par le violon d’Anaïs Laffon.
Kalune se fait aussi penseur autant que poète dans le métaphysique. On se bouge est un titre en forme d’interrogations sur les grands mystères de la vie.
Kalune est un artiste pluriel, vibrant d’énergie qui a mille choses à dire sur lui comme sur le monde. Il est aussi, à sa manière, un vrai épicurien dans le sens philosophique du terme : pour preuve, le titre Lâcher prise (car la paix dit l’âme), référence explicite au fameux "carpe diem" d’Horace. Nous aurions envie de dire que cet épicurisme se teinte de ce cynisme immortalisé par Diogène : "J’ai le mal de terre / Comme un vague à l’âme / Tous dans la même galère / Il va falloir qu’on rame."