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Laïn est un vrai appel d’air dans cette passionnante vague de chanteurs et chanteuses. Appel d’air :comme son premier EP, dans les bacs à partir du 25 mai.
La Parisienne a dans ses bagages quelques belles références : Léo Ferré, Barbara, Claude Nougaro ou encore Philippe Léotard. Mais c’est surtout Alain Bashung que cite la jeune artiste, bouleversée comme tant d’autres par l’auteur de Fantaisie militaire. Cette référence n’est pas anecdotique. En 2015, lors de l’édition des Francofolies de la Rochelle, Laïn rencontre Jean Fauque, l’auteur de La nuit je mens. Il lui propose un texte qu’il avait écrit pour son ami Alain Bashung et que ce dernier adorait : On sera sur.
Dans son premier EP, la pop électro sèche et rythmée de Laïn ne transige pas avec des textes âpres et exigeants : "T’avais le coeur au bout des doigts / Un peu de safran dans ma voix / Dans notre deux pièces à Paris / On s’est aimés comme deux junkies inséparables / Maladifs prêts à se tuer à coup de canif / Sur notre perchoir parisien / On s’est aimés / Comme s’aiment les chiens" (Matelot).
Laïn ce sont ces chants d’amour suffocants interprétés par une noctambule : "La nuit, Paris rassemble ceux qui perdent la tête et le sommeil, comme moi," avoue-t-elle à ce sujet la musicienne qui consacre quelques textes à cette nuit qu’elle aime tant.
Son "gri-gri"
Le titre phare du EP, L’appel d’air, est un voyage à la Robert Conrad dans la jungle d’amours qui nous font divaguer. Sauvages, bruts et fascinants sont les mots que nous offre Laïn : "L’appel d’air sublime l’au-delà / Sous le jardin toussent les camélias / Qui retournent ma terre / Retournent à la terre comme des mégots." Le titre se termine par une envolée électro hypnotisante. Hypnotisant comme La Fin de L’Hiver, le récit d’un un séjour à Southport que l’on devine autobiographique et où il est question une nouvelle fois de jungle (urbaine et sentimentale), du froid de l’hiver, d’une séparation et de cette nuit qui va si bien à Laïn.
Ce premier EP se termine par par une jolie balade au piano, rehaussée par de délicates nuances d'électro. Le reflet des drapeaux, sa première chanson et aussi, comme elle le dit elle-même, son "gri-gri", nous caresse et nous entraîne dans un voyage intime et mélancolique.
On peut saluer les arrangements musicaux soignés. Les synthétiseurs servent des titres à la poésie savamment scandée et au souffle lyrique moderne et houellebecquien. Mine de rien, Laïn a une puissance vocable comme mise sous le boisseau, mais pouvant se faire explosive : voilà une belle découverte musicale et une pure personnalité de la chanson, déjà attachante. Laïn est à suivre à coup sûr. Elle sera en concert en mai à Paris, au Réservoir le 23 et aux Trois Baudets le 29.
Laïn, L’appel d’air, sortie le 25 mai 2018 Laïn en concert à Paris, au Réservoir le 23 mai 2018 et aux Trois Baudets le 29 mai 2018 http://lainofficiel.com
La musique aussi peut se faire participative. C’est du moins le point de départ de Culture Box. Le 8 mars, le groupe Synapson avait 21 jours pour créer un titre inédit avec les contributions des internautes.
Durant cette période, Synapson présentait aux internautes les idées d’un titre qu’il souhaiterait créer avec eux (sons, textes ou voix). Les internautes souhaitant participer à cette œuvre collective pouvaient se rendre sur le site des Recréations sonores pour déposer leurs contributions.
Toutes les contributions sont écoutées ou lues par l’équipe des Récréations Sonores. Les meilleures contributions sont retenues par les artiste, ainsi leurs créateurs deviendront les co-auteurs-compositeurs de cette œuvre musicale et percevront un pourcentage sur les droits d’auteurs générés par ce titre inédit.
Les Récréations Sonores, c’est également une pépinière de talents. Les talents identifiés par l’équipe des Récréations Sonores seront accompagnés dans leur professionnalisation par la Sacem.
Le 29 mars, le titre finalisé par Synapso était diffusé en en direct sur Culturebox. Ce direct de 45 minutes, toujours visible sur le site de Culture Box, clôturait la Récréation Sonore de Synapson, avant d’être proposé sur Spotify.
Camp Claude, Oxmo Puccino et Feu ! Chatterton devraient être les prochains artistes à jouer le jeu, pour le grand plaisir des auditeurs et des internautes.
Un musical ambitieux créé par l'auteure du Temps des Noyaux : voilà qui ne pouvait que nous intriguer...
Bla Bla Blog – Pouvez-nous raconter l'origine de ce projet de comédie musicale ?
Marie Cherrier –Ce sont des chansons ! Des mélodies qui se prêtaient bien à une comédie musicale et que je destinais à d'autres interprètes. J'ai donc tissé un lien entre elles, imaginé des personnages, écrit d'autres chansons, des dialogues, et tout s'est imbriqué petit à petit pour aboutir aux Bas-Fonds de Paris. BBB – Racontez-nous en quelques mots l'histoire de ces Bas-Fonds ?
MC – Le pitch : Ça se passe à Paris dans un futur imaginaire où la ville est plongée dans la misère. Seule la butte Montmartre s'élève comme le dernier bastion des banques et des bureaux d'affaires. Camille et Momo se sont créés là un petit théâtre ambulant et tentent de présenter aux quelques touristes encore de passage, un Paris moins ennuyeux. Mais le cœur n'y est plus pour Camille, elle va descendre visiter les bas-fonds et y croiser quelques personnages qui chantent leur espoirs, leur révolte ou leur solitude. Un poète enrhumé, une bande de zonards, une femme romantique esseulée, un ivrogne exilé… Que du beau monde !
BBB – Ceux qui vous connaissent sont sans doute surpris de vous voir vous lancer dans une comédie musicale. Pourquoi ce choix artistique ?
MC – C'était une envie très forte et je l'ai suivie. Je l'ai suivie parce qu'il me semblait avoir les éléments clés d'une comédie musicale : les chansons et les personnages. Et puis c'était une bonne période pour ce virage. Après plusieurs albums solo je ne ressentais plus le besoin de chanter mes chansons. J'avais envie de quelque chose de plus fantastique. Et à cause de cette idée fixe : une fois que j'ai une histoire en tête, comme une chanson, il me faut l'aboutir, il faut qu'elle existe pour le public. Alors sans penser aux débouchés j'ai ficelé cette histoire, et une fois prête, j'ai tout mis en oeuvre pour la réaliser. Ces dernières années ont été conditionnées dans cet objectif.
BBB – Avez-vous un goût particulier pour les comédies musicales ?
Oui, j'ai vu et revu tant de fois des classiques comme La mélodie du bonheur, West Side Story, Hair, ou Mary Poppins... Je le dois à ma mère, qui m'a fait découvrir tout ça, et qui est très sensible à la danse aussi. Toutes ces formes d'expressions pour mettre en scène une histoire, ça m'a toujours beaucoup attiré. À travers le cinéma surtout. J'ai d'ailleurs écrit les Bas-Fonds en pensant au cinéma.
BBB – Parlez-nous un peu de Brian Larsen, l'arrangeur des Bas-Fonds. Comment s'est faite votre rencontre ?
MC – Je l'ai connu grâce à Caspar David, artiste danois, qui interprète un des personnage des Bas-fonds. Brian avait fait des arrangements sur ses chansons que j'aimais beaucoup. Je suis allée au Danemark rencontrer Caspar avec qui je correspondais depuis plus d'un an (nous nous échangions des musiques, des paroles..) et j'en ai profité pour aller trouver Brian, à Copenhague. Bien que très limitée par la langue (mes connaissances en anglais sont très rudimentaires..) j'ai quand même pu lui exposer mon projet. Je lui ai envoyé les maquettes, il a tout de suite été emballé pour travailler dessus. Ce fut la première pierre indispensable à ce projet. C'est à partir de là que j'ai pu voir la suite. La musique est la base de cette histoire. Il fallait que ça sonne comédie musicale, et alors je pouvais m'accrocher à mon ambition derrière. BBB – Quels artistes vont vous accompagner dans ce projet ?
MC – Très fière de vous les présenter, j'ai la chance d'avoir pu réunir pour ce disque d'excellents interprètes, qui ont vraiment amené une âme et une profondeur aux personnages et aux chansons : Pauline Chodlewski, qui chante Michèle le personnage romantique, Yann Destal qui chante le gitan, Camille Esteban qui chante Camille la môme de la butte, Capsar David qui chante Nino l'ivrogne exilé. Et les acteurs Adrien Balet qui joue le rôle de Baptiste le poète, Fabio Riche qui fait Momo, Joyce Franrenet , Hadi Rassi et Zack Naranjo qui jouent les zonards, et Adrien Chaumond le barman. Pour la scène l'équipe sera plus réduite. En fonction des moyen et des lieux de diffusion. Du côté des musiciens, tout un orchestre joue sur le disque (cordes, flûtes, cuivres, guitares, accordéon, piano, percussions..), et six feront partie des répétitions pour la scène : Pierre Bertona à la contrebasse, Renaud Détruit aux percussions, Maïe Tiaré Coignard au violoncelle, Alban Coignard au violon, Anthony Chéneau à l'alto et Arnaud Delespinay au violon.
MC – C'est un album très ambitieux, c'était une manière de le faire avec le public, d'avoir du soutien, et de commencer à communiquer dessus. Ça a très bien marché, même si ce genre de disque coûte beaucoup plus cher que ce qui a été récolté, c'est une aide très précieuse et surtout, un encouragement pour aller au bout.
BBB – On connaissait Marie Cherrier, chanteuse et parolière à fleur de peau (Tourterelle), drôle (Pas d'ma faute), engagée (Le Temps des Noyaux ou T'es où ?), indépendante (c'est le cas de tout l'album L'Aventure), romantique et non sans fibre féministe ( (Le Septième Ciel), mais aussi rock (J'm'appelle Billie). Quelle Marie Cherrier allons-nous découvrir cette fois ?
MC – Il ne s'agit pas de moi cette fois. J'ai sûrement versé dans tous les personnages quelque chose qui me ressemble pour pouvoir m'y attacher, mais je n'ai pas cherché à faire passer quelque chose qui me concerne. BBB – Vous parlez de la sortie de l'album début 2018. Pouvez-vous nous en dire plus ?
MC – Pas en ce début d'année. Sûrement une sortie régionale dans un premier temps, à l'automne. BBB – Qu'en est-il du spectacle et d'une future tournée ?
MC – Nous commençons les répétitions en avril et une date de présentation sera fixée à l'automne dans la région de Blois, puis sûrement un show case à Paris, mais il n'est pas encore question de tournée.
BBB – On vous sait attachée à la Touraine. Vous revenez souvent en Région Centre et sur les bords de Loire. Vous y avez toujours des attaches ? C'est là que vous trouvez votre inspiration ?
MC – Il y a ma famille, mes amis, ma maison.. L'inspiration, elle, est un peu partout... BBB – Après cette comédie musicale, quels sont vos projets ?
MC – Plusieurs projets, mais j'essaie de tenir ma langue pour déjà terminer celui-ci !
BBB – Merci, Marie Cherrier, d'avoir bien voulu répondre à nos questions.
Le Coton a le grain du Vivement Dimanche de La Fossette. Quant à Je Marche Je Respire, ne renvoie-t-il pas au Je ne respire plus, Milos dans La Mémoire neuve ?
Certes, la voix tendue et si particulière de Dominique Ané fait place à un timbre moins aérien (à l’exception toutefois de l’onirique All the world flees), mais il n’en reste pas moins vrai que Mariscal marche bien sur les traces de son brillant... aîné. Ajoutons d’ailleurs que Jeff Hallam, collaborateur notamment de Dominique A, a collaboré à ce premier album : bon sang ne saurait mentir.
Comme lui, Grégory Mariscal empreinte le rock par des chemins de traverse, offrant par là-même un opus passionnant et personnel. Le dernier titre, qui donne son nom à l’album, est à ne pas manquer. Sur une ballade acoustique, Grégory Mariscal parle du temps qui passe et de son propre parcours : "Plus le temps nous laisse /Plus on le conteste / On est tous quelque-part / Le temps défile / En fuyant le hasard / Le temps défile / Être de quelque-part" (Plus le Temps passe).
Un univers à la fois brut, intime et poétique
L’écoute de Plus le Temps de Mariscal réserve des surprises étonnantes et un parti-pris artistique à saluer : pop minimaliste (All the world flees), travail artisanal soigneux (Cimetière de l’Amour), sujets rarement traités (La Rouille) ou textes charpentés (La Rue Des Corps Saints).
Le musicien tourangeau impose son univers à la fois brut, intime et poétique : "Poser tes mains avant un rêve / Regarder l’animal qui dort / Penser aux gens à qui tu rêves / Poser tes lèvres et puis ton sort / Écoute les mots et les regards / Par la fenêtre la nuit très tard / Respire le corps juste à côté / Qui dort doucement sans se soulever / Fier de sa solitude" (Fier de sa Solitude).
Rock, pop, chanson et électro se mêlent dans une jolie symbiose, à l’exemple du séduisant Buvons, un hymne à l’amitié, à l’insouciance et au lâcher-prise : "Allez buvons / Parce qu’il faut boire : Un dernier soir / Avant l’hiver / Buvons / Assis au bord / Du Guadalquivir / Qui dort."
L’amateur de mots pourra goûter les texte simples, lumineux et efficaces d’un vrai auteur : "Ils marchent dans la rue des Corps Saints / Marchent sur un chemin / Portent tous un rêve. / Ils marchent, agitant leur destin / dans la rue des Corps Saints / entendent des Sirène / Et ils chantent My Way" (La Rue Des Corps Saints).
Huit clips accompagnent la sortie de ce premier album et déroulent une narration à tiroir, comme un puzzle qui s’assemble, avec des personnages croisés dans les chansons de Plus le Temps.
Marsical a mis huit ans pour sortir son premier album. Le résultat final est là, dans cet opus âpre, soigné et inventif.
Le titre de cette chronique est celui du premier album de Samuele. Les filles sages vont au paradis, les autres vont où elles veulent sort ces jours-ci dans les bacs en France. Il va falloir vous habituer à cette artiste venue de l'autre côté de l'Atlantique.
Québécoise et artiste familière de la scène underground canadienne, Samuele est l'une des voix féministes les plus étonnantes et captivantes du moment. Elle a été remarquée aux Francodécouvertes en 2015 et primée à de multiples reprises (dix prix Coups de Cœur au festival Vue sur la Relève, Grand Prix du Festival international de la chanson de Granby, deux nominations au Gala de l'ADISQ 2017, l'équivalent Québécois de nos Victoires de la musique} .
Le premier opus de Samuele sonne comme un vrai manifeste socio-politique, à l'exemple du premier titre éloquent Égalité sur Papier : "Les filles sages servent à décorer les salons. Les plus jeunes et jolies servent à vendre le savon, celui qui mousse, mousse, mousse la libido des acheteurs de bonbons... C'est pas le sexe qui vend, c'est la soumission."
"C'est pas le sexe qui vend, c'est la soumission"
Musicienne et femme de lettre autant que militante, Samuele assène avec efficacité et sincérité les mille et un heurs et malheurs de ses consœurs : les rêves d'émancipation loin des contes de fée traditionnels (La Sortie), les désillusions (Cœur de Tôle) ou les journées interminables de nombre de femmes actives (Cours Toujours).
Artiste engagée (avec le magnifique titre La Révolte), Samuele se singularise aussi par ses choix musicaux. Accompagnée d'un groupe et d'instruments acoustiques, Samuele fait se rencontrer chansons à textes (Le Lest), ballade amoureuse (La Sirène), slam (Égalité sur papier), titres folk (La Révolte), blues (La Couleur de l'Orage), pop, (Toune d'hiver), rock musclé (La Sortie), avec son lot de mélodies subjuguantes (Cœur de Tôle) et de respirations poétiques (Compter sur Ça), douces amères (Dactylo) ou romantiques (Tous les Blues).
Avec un titre comme celui-ci, Les filles sages vont au paradis, les autres vont où elles veulent, Samuele promettait un album singulier, provocateur et révolutionnaire à plus d'un titre. Nous voilà servis. Le public français va pouvoir découvrir sur album ou en tournée une artiste unique et sans concessions : "Honte à toi, crie le roi. La cour te pointe du doigt. Mais le fou se moque du roi. On est tous avec toi."
On est avec toi, Samuele.
Samuele, Les filles sages vont au paradis, les autres vont où elles veulent, In Tempo, sortie le 2 mars 2018. En tournée en France à Lempdes le 6 mars, à Riom le 7 mars, à Cébazat le 8 mars, à Fresne le 9 mars, à Deauville le 13 mars, à Sotteville-lès-Rouen le 16 mars, à Neufchâtel-en-Bray le 18 mars, à Bar-le-Duc le 20 mars, à Noyon le 22 mars, Bruxelles le 23 mars, à Laon le 5 mars, à Hazebrouck le 29 mars, à Gauchy le 30 mars https://samuelemusique.com
Quel est le point commun entre Dominique A, Christine and The Queens, Jeanne Cherhal, Elmer Food Beat ou Philippe Katerine ? Leur lien indéfectible avec Nantes qui a été la ville qui les a fait naître, ou du moins reconnaître. Cette histoire nantaise du rock (on pourrait même ajouté de la pop-rock électro) est relatée dans une exposition exceptionnelle et qui s’annonce passionnante : le Château des Ducs de Bretagne, à Nantes, accueille en effet à partir d’aujourd’hui et jusqu’au 10 novembre 2019 (sic) l’exposition "Rock ! Une histoire nantaise."
Les organisateurs de cet événement ont donc choisi de mettre la lumière sur un phénomène autant artistique que social ou politique. Loin du prestigieux lieu institutionnel qui vient reconnaître un genre musical longtemps décrié, le rock s’est d’abord construit et transformé dans les locaux de répétition, les studios, les bars et les salles, sur les radios locales ou chez les disquaires, par des activistes et artistes de l’ombre.
Par le prisme de la scène nantaise, et grâce à de nombreux prêts, l’exposition permet de suivre l’évolution des styles musicaux depuis les années 1960, d’écouter et de comprendre les influences et interactions entre les styles, les groupes, les artistes, etc. Comment une ville comme Nantes s’est transformée en un véritable vivier favorisant les groupes émergents qui composent la scène musicale française. Neuf grandes sections chrono-thématiques dessinent le parcours de l’exposition des années 1960 à nos jours, dans une scénographie immersive tout en musique, avec plus de 120 titres en écoute, grâce à un système auditif original de gobelets de festival. Une programmation éclectique est proposée durant toute la durée de l’exposition à Nantes.
Les organisateurs rappellent les origines du rock à Nantes : un concours d’accordéons organisé par le magasin d’instruments Simon Musique… Ce 20 avril 1962, six groupes nantais avec leurs guitares amplifiées montent sur scène pour la première fois pour un concours : les Rockers, les Atomic Boys, les Padgells, les Djets, Willy Spring Day et les Rapaces. Ce sont ces derniers, pour l’anecdote, qui remportent l’épreuve. Deux ans plus tard, l’ancienne capitale bretonne accueille les Championnats nationaux de guitare électrique au cinéma Le Paris.
Le rock investit la ville et ne la quittera désormais plus. Les dix années suivantes voient ces jeunes artistes s’essayer à de nouveaux répertoires, signer quelques contrats et surtout sillonner la ville, dans une période où s’affirment le disco, les sonos... mais aussi le mythique groupe Tri Yann. En 1976, le public découvre les premiers pas du guitariste Philippe Ménard au sein de Carol, puis de Tequila. Une formation qui ne vivra que peu de temps mais qui signe la naissance du "rock nantais."
Un concours d’accordéons à l'origine du rock nantais
À la fin des années 70 et début des années 80, la France découvre le rock made in France, et le chef-lieu de Loire-Atlantique n’est pas en reste : concerts dans les bars et au Cinéma de l’Atlantique (quartier Sainte-Thérèse), le festival "Les Affreux s’éclatent" à l’Université de Nantes, celui de Carquefou (12 000 personnes en 1978), et même la fête du Parti Socialiste à Saint-Herblain en 1979... Une nouvelle génération d’artiste est bien décidée à montrer que ce genre musical ne saurait se limiter aux groupes britanniques ou américains. À l’aube des années 80, un concert intitulé "Derniers cris du rock nantais", regroupant les tout nouveaux groupes que sont Mickeynstein, Premier Poil et Algue, attire 800 personnes. "Derniers cris du rock nantais" ? En réalité, ce n’est qu’un début.
Si le terme "rock nantais" commence à fleurir dans la presse et semble annoncer une cohésion entre artistes, cette tradition encore très "années 60" de faire s’affronter les groupes en "concours" contribue à entretenir un esprit de compétition. En réalité, deux clans s’affrontent : les rockeurs purs et durs comme Tequila ou Dangers, et les petits nouveaux, comme Ticket et Mickeynstein, qui ont troqué le blouson de cuir contre le costard, les cheveux longs contre la coupe courte.
Si Rennes a fait largement cavalier seul dans les années 1980 avec ses Marquis de Sade, Niagara, Ubik, Sax Pustuls et autres Daho, la ville qui inspira tant Barbara place en ce début de nouvelle décennie pas mal de ses poulains au sommet de la scène française.
Sans imposer sa marque sur un son particulier, la ville est le témoin privilégié d’un phénomène rassurant ; la façon dont une génération bercée de culture anglo-saxonne impose sa langue à des références assumées sans complexes. Peu de rapport en effet, de prime abord, entre les frasques d’Elmer Food Beat, la pop intimiste de Dominique A et Françoiz Breut, le easy listening de Philippe Katerine et les guitares brûlantes de Dolly, si ce n’est cette volonté d’user et de jouer de la langue de Molière, là où beaucoup ont auparavant échoué.
Revenons justement sur Dominique A, l’une des figures majeures du rock français. Le 9 mars, l’auteur de La Mémoire Neuve sort son nouvel opus, Toute Latitude, un album mêlant rock, pop et électronique. L'exposition du Château des Ducs de Bretagne revient sur le parcours de Dominique Ané et présentera notamment sa chambre d'adolescent, lieu intime qui a vu naître un artiste aux multiples facettes. En 1991, l'artiste romantique, ténébreux et fan de new wave auto-produit son premier 33 tours, Un disque sourd, qu'il vend à la sortie de ses concerts nantais. L'année suivante sort La Fossette, premier album officiel produit par le label nantais Lithium. Aujourd'hui, la discographie de Dominique A compte 11 albums. Il a reçu en 2013 la Victoire de la musique de l'artiste interprète masculin de l'année.
Aujourd’hui, nous rappelle l’exposition, La scène nantaise est bouillonnante. On y croise aussi bien des phénomènes qui s’exportent comme C2C, Madeon ou Christine and The Queens, des stars montantes de l’électro (Elephanz, Pegase), des groupes pop pleins de promesses (Pony Pony Run Run, Von Pariahs, Marquees, Al Von Stramm), des pionniers du rock expérimental (Papier Tigre, Percevalmusic) ou des producteurs électro en plein revival 80’s (Anoraak, College). Elle est devenue une scène exigeante et vit un nouvel âge d’or. Qu’un lieu institutionnel comme le Château des Ducs de Bretagne s’intéresse à cette lame de fond artistique sonne comme une reconnaissance.
Tous à Nantes, donc. Et en musique.
"Rock ! Une histoire nantaise", Château des Ducs de Bretagne, du 24 février 2018 au 10 novembre 2019 Catalogue de l’exposition, Rock ! Une histoire nantaise, de Laurent Charliot, Iéna Editions, 192 p., sortie le 24 février 2018 http://www.chateaunantes.fr/fr/evenement/rock Dominique A, Toute Latitude, Wagram, sortie le 9 mars 2018 https://www.dominiquea.com "La reine Christine"
Le temps passé aurait-il changé l’artiste ? Allait-elle nous proposer l’opus d’une femme assagie, sinon installée ? Dieu nous en garde. C’est l’Adrienne Pauly que nous connaissions qui revient, une Adrienne Pauly à fleur de peau, sarcastique et aussi passablement énervée. Un régal, qui nous console de ses dix années de silence musical.
À vos Amours ce sont des titres rock et cash, à l’énergie irrésistible. Mais ne s’agit-il que de cela ?
Prenez Tout l’monde s’éclate : ce joyeux hymne à la fête se transforme en constat plus amer que dans l’ivresse du lâcher prise, la frustration et la solitude ont souvent le dernier mot : "Tout l’monde est là / Tout l’monde / À part moi / Tout l’monde chante / Tout l’monde s’enchante / Mon cœur se marre bien."
À ce premier titre caustique succède le formidable J’veux tout j’veux rien. Adrienne Pauly se lâche dans un morceau aux accents punk rock qui ne laisse rien passer : "Seule ou mal accompagnée / J’ai jamais su décider / L’ivresse ou la vérité / J’ai jamais su trancher / Si on s’aime ou pas / Si on l’fait ou quoi ? / Décide toi même / Et fin du problème."
En dix ans, Adrienne Pauly n’a rien perdu de sa férocité ni de son humour. Elle tranche dans le vif dans l’une des belles réussites de son album, L’Excusemoihiste, son premier single sorti il y a quelques mois. La chanteuse fait le portrait sans concession d’une femme effacée, timide et soumise : "C’est une excusemoihiste / Une désolée c’est triste / Qui me dit toujours pardon / Excuse-moi. / Une excusemoihiste qui ne veut pas déranger / Et qui vit sa vie sur la pointe des pieds."
"T’es un génie / J’crois qu’c’est clair / Tout le monde le sait / C’est super..."
Les femmes ne sortent pas indemne des charges d’une artiste qui a fait de l’insolence et de l’humour et du second degré une vraie arme. Quelle Conne est par exemple le portrait des filles Gucci, "celles qui enterrent leur cerveau." Dans Comme un truc qui déconne, cette fois c’est un homme qui a droit aux charges d’Adrienne Pauly, dans un titre pop à la mélodie entêtante : "Y’a comme un truc qui déconne / Chez toi / Y’a comme un truc qui résonne mal chez toi / Dans ton miroir c’est le trou noir / Dès qu’tu apparais / Tu disparais." Et toujours cet humour noir : "Pose ce couteau / Tu vas t’blesser / Lâche ce sac / Tu vas t’étouffer… / T’es un génie / J’crois qu’c’est clair / Tout le monde le sait / C’est super..."
Un thème est au centre du deuxième album d’Adrienne Pauly : l’amour et les relations hommes-femmes, que l’artiste résume ainsi dans Chanson d’Am... : "Va-t-en reviens : / La vie, l’amour : c’est ça"/ L’amour l’amour / C’est long c’est court / L’amour toujours / C’est bon c’est lourd." Dans ce slow rockabilly , il est question d’une chanson d’amour jouée un soir de solitude. Une jolie femme fait de cette "love song" un plan drague auquel elle s’accroche à mort. "Si tu veux on pleure / Si tu veux on danse / J’ai pas d’vocabulaire / Moi je sais faire : Ouais ouais ouais / Mais si tu crois qu’ça peut le faire / Si tu veux j’reste avec toi toi toi."
Le morceau Les Amours passionnelles est, quant à lui, un appel sexy à l’amour immodéré et sans question ("Maintenant / Comme des Bêtes / Maintenant / Viens on s’emmêle"), auquel vient répondre le délicat et mutin titre qui le suit fort opportunément, La Bête qui est en Moi : "La bête qui est en moi / Est revenue me voir / la bête qui est en toi / Dans mon miroir je la vois."
Juste un Moment clôt de manière atypique un album rock et désenchanté. Adrienne Pauly interprète sur des instruments acoustiques un tendre et pudique chant d’amour pour sa mère : "Comme autrefois, maman / C’est moi la petite / Dans le noir du couloir, maman / Je t’attends vite / Ton armoire pleine de fringues / Des talons pour marcher / Une clope en guise de flingue / Un coup de rouge / Et je m’en vais te retrouver. / On se voit si peu / On se parle si peu."
La rockeuse Adrienne Pauly prouve qu’elle reste, derrière sa carapace de femme au caractère bien trempé, une artiste passionnée, intrigante et hypersensible. L'écouter c’est l’adopter.
Lose No Sleep continue de faire son petit bonhomme de chemin sur Internet comme sur les radios, avant d’autres projets. Et il n’est pas impossible que la voix d’Abi Lomby devienne bientôt incontournable, en France comme aux États-Unis où l’artiste vit une partie de l’année.
Abi Lomby a accepté de répondre aux questions de Bla Bla Blog pour mieux la connaître.
Bla Bla Blog – Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Abi Lomby – Je suis franco-américaine, j’ai 21 ans, je vis entre Paris et Los Angeles. Je suis une fille nature, qui aime la vie, rire, partager des bons moments avec mes proches et mes amis, bref s’amuser et bien sûr chanter !
BBB – Racontez-vous votre rencontre avec LaShawn Daniels.
AB – Un moment qu’on n’oublie pas ! Je me suis retrouvée face à un grand Monsieur de la musique. Je me suis sentie à l’aise instantanément et travailler ensemble a été comme une évidence !
BBB – Que saviez-vous de lui auparavant ?
AB – Je connaissais tous ses tubes, écrit pour tous ces grands artistes (Michael Jackson, Whitney Houston, etc.). Autant vous dire combien j’étais impressionnée !
BBB – Comment avez-vous travaillé avec lui ?
AB – Vous l’avez compris, tout s’est passé comme si on se connaissait déjà ! Il est d’une infinie gentillesse. Il m’a tout de suite prise sous son aile, entraîné par ma détermination !
BBB – Avec quels autres artistes avez-vous collaboré ?
AB – Amir bien sûr ! Une première et merveilleuse aventure ! Lui aussi, si gentil, si rassurant, un peu comme un grand frère !
"Travailler avec BigFlo et Oli serait incroyable !"
BBB – Vous vivez entre les États-Unis et la France. Racontez-nous justement cette vie particulière et, j’imagine, excitante.
AB – J’ai effectivement cette grande chance. Je suis née aux USA. Depuis mon plus jeune âge, je navigue entre LA et Paris. Je profite de ces deux cultures si différentes, qui m’ont ouvertes à tant de styles musicaux.
BBB – Quelles sont vos influences musicales ? De quels artistes vous sentez-vous proches ?
AB – Elles sont multiples. J’aime particulièrement le RnB, et le rap US ! Je me retrouve dans The Weeknd, Drake, Cassie...
BBB – Avec quel artiste français souhaiteriez-vous travailler ?
AB – Je pense tout de suite à BigFlo et Oli. Ces deux frères ont une telle plume ! Travailler avec eux serait incroyable !
BBB – Quelle est la prochaine étape de votre carrière après le single Lose No Sleep ? Un album ?
AB – Un deuxième single et mon album arrivent dans les mois à venir !
BBB – Des concerts et une tournée sont-ils prévus prochainement ?
AB – On y travaille ! J’espère pouvoir très vite partir à la rencontre du public, c’est vraiment sur scène que j’ai envie de m’exprimer !