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chanson - Page 32

  • Rimbaud, sors de ce corps

    MoonCCat serait sans doute la meilleure définition du musicien rock : dur, fragile et provocateur. Il avait été question de lui sur ce blog, à l’occasion de la sortie de son précédent album L'Absinthe, un vibrant hommage aux décadents du XIXe siècle que sont Charles Baudelaire, Oscar Wilde, Edgar Allan Poe ou Thomas Lovell Beddoes.

    Pour son dernier opus, sorti fin 2017, MoonCCat, sans doute le plus dandy des musiciens actuels, propose une lecture musicale, pop et rock, d’un autre poète maudit, Arthur Rimbaud. Bateau Ivre, c’est l’adaptation sombre, moderne - et lofi - de cinq textes classiques : Le Bateau Ivre, Le Dormeur du Val, Une Nuit d'Enfer, Première Soirée et Rêvé pour l'Hiver.

    MoonCCat fait oublier le Rimbaud académique enseigné dans les salles de classe. Il redevient cet artiste maudit, incompris et aux textes vibrants. Le Bateau Ivre est une ballade à la Noir Désir, sombre et désespérée et que l’on croirait enregistrée dans un caveau de Saint-Germain, sombre et enfumé : "Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes / Et les ressacs et les courants : je sais le soir, / L'Aube exaltée ainsi qu'un peuple de colombes, / Et j'ai vu quelquefois ce que l'homme a cru voir !"

    Tragique et romanesque est le célébrissime Dormeur du Val, que MoonCCat interprète avec rage et sans tricher : "Les parfums ne font pas frissonner sa narine ; / Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine, / Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit."

    Le musicien slame le poème en prose Une Nuit en Enfer, adapté avec fidélité pour traduire le cri de désespoir du poète : "J’ai avalé une fameuse gorgée de poison. – Trois fois béni soit le conseil qui m’est arrivé ! – Les entrailles me brûlent. La violence du venin tord mes membres, me rend difforme, me terrasse. Je meurs de soif, j’étouffe, je ne puis crier."

    Artistes maudits

    Première Soirée séduit particulièrement pour le choix d’un magnifique et sombre chant d’amour. Accompagné de Delphine M., MoonCCat en propose une relecture rockabilly, non teintée d’humour noir : "Elle était fort déshabillée / Et de grands arbres indiscrets / Aux vitres jetaient leur feuillée / Malinement, tout près, tout près. / Assise sur ma grande chaise, / Mi-nue, elle joignait les mains. / Sur le plancher frissonnaient d'aise / Ses petits pieds si fins, si fins." Une vraie belle réussite. 

    Arthur Rimbaud sort de son image classique grâce enfin au dernier titre, Rêvé pour l’hiver : "L'hiver, nous irons dans un petit wagon rose / Avec des coussins bleus. / Nous serons bien. Un nid de baisers fous repose / Dans chaque coin moelleux."

    MoonCCat démontre encore une fois qu’il est un musicien à la fois rare et audacieux, dans la lignée de ces autres artistes maudits de la fin du XIXe et du début du XXe siècle – et récupérés depuis par l’académisme littéraire. Hommage à Rimbaud, Bateau Ivre est aussi une relecture gothique, élégante et inédite de joyaux poétiques. Des joyaux empoisonnés, "dangereux et sensationnels" comme le dit lui-même le musicien, et qui invitent à " l'éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs !"

    MoonCCat, Bateau Ivre, 2017
    http://www.moonccat.com

    "C’est le plus dandy des albums"

  • Vingt-sept ans à la limite

    Après ses deux EP, Mesure Première et Mesure Seconde, on attendait la sortie du premier album de Laurie Darmon. Que nous réservait la jeune chanteuse, vingt-sept ans à peine, qui avait fait sensation avec ses chansons au flow irrésistible et sensible, Rupture, Ta Voix ou le formidable Juillet Formiguères ? Son album Février 91 ne déçoit pas et suit la même veine intimiste et la même couleur rythmique.

    Laurie Darmon a opportunément intitulé son premier opus en référence à sa date de naissance. Album très personnel, Février 91 parle de jeunesse, d’adolescence et des premiers émois. Il s’ouvre avec 17 ans, que la chanteuse propose dans deux versions – la seconde (17 ans Face B) s’avérant la plus efficace : "Ce soir, dis moi, t'as 17 ans déjà déjà / Ce soir, dis moi, t'as 17 ans, 17ans / Fugace, cocasse, / L'instant se forme et puis s'enfuit pour n'être plus qu'un souvenir…" A l’instar du Vingt ans de Léo Ferré, les adolescents de 2018 verront dans ce titre un hymne tendre, poignant et non sans humour à leurs jeunes années ("Puis un jour t'auras des gosses / Et tu leur criera "Bosse, bosse. / Puis après t’auras même des petits gosses / Et à eux tu leur diras « Encore tu bosses ? »"), chanté par une grande sœur bienveillante.

    Sans lâcher son flow tendu, Laurie Darmon construit des textes auto-fictionnels dans lesquels il est beaucoup question d’elle (Moment d’Absence), de recherche de soi (Je pense), de dépression (La Rage au Cœur : "Elle ne m'a pas quitté vous savez / La rage au corps qui me bouffe depuis sept longues années / Comme un tunnel que je n'ai pas emprunté / Parfois je n'en vois pas le bout / Il y a de l'ombre partout / Sur le monde que j'ai tant aimé / Tant croqué / Les plaisirs de la vie s'échappent / Et ne reviendront pas") ou de fantasmes (Désirs interdits).

    Laurie Darmon plonge avec un mélange de culot, d’audace et de sensibilité dans le royaume de l’intime. Elle parle de "Rêves / De choses un peu mauvaises / De douleurs qui apaisent / De gestes qui déplaisent… / De marcher sur la braise" dans ce Désirs interdits, un titre qui annonce le joyau gainsbourien qu’est Monte encore : "Au coin d'une rue / Je me suis perdue / Telle une chienne / Je me démène / Pour m'en sortir / Te voir languir / Au coin du feu / Me ferai jouir / C'est désarmant / Ce calme fou / Que tu prétends / Garder à bout / A bout de force / Je m'efforce / Tu me regardes / Sale bête féroce…" Tout, dans ce petit chef d’œuvre, que ce soit l’écriture ciselée et incandescente, la composition bluffante ou l’orchestration brillante, en fait l’un des titres inoubliables de cet album d’une grande ambition artistique.

    Incandescente

    À côté de l’étonnant, touchant et piquant hommage aux soldats anonymes (Les Militaires), l’auditeur s’attardera sur le sublime portrait Clémentine : "Clémentine part en vacances / mais Clémentine n'a pas de chance / le soleil s'est pas levé / alors elle est restée couchée / Clémentine n'a pas le moral / il l'a quitté et ça fait mal / Clémentine s'en remettra /Clémentine c'est un peu toi…"

    Laurie Darmon propose avec Les Jupons de Madame une parenthèse sobre et élégante. Le slam fait place à une valse légère, classique et mélancolique, largement inspirée du répertoire de Barbara : "Les jupons de Madame ont vu pousser de jolies jambes / Auxquelles, ils ont vite enseigné l'intimité des jolies chambres / Là-bas, la porte reste close, la nuit dure une éternité / Madame baigne dans l'obscurité à l'abri d'une enfance morose."

    Et puis, il y a Février 91. Ce titre de presque dix minutes clôture de la plus belle des manières un premier album très personnel. Laurie Darmon, qui nous avait parlé d’adolescence, propose un slam intime et bouleversant. Même si vous êtes nés bien avant 1991, il n’est pas possible de rester insensible à l’écoute de ces souvenirs égrainés par l’auteure, souvenirs qui parleront particulièrement aux trentenaires : "Février 98, bonne élève. Des mots de vocabulaire à apprendre tous les soirs. / Les dictées, les devoirs. Tom Tom et Nana sur Canal J. La douche, le dîner. / Denis la Malice le mercredi matin sur France 3. Les Minikeums. Les Filles d'à Côté. / Les jeux de bille au pied des troncs d'arbre dans la cour. /Les mammouths." Laurie Darmon slame avec grâce, pudeur et délicatesse. Elle nous ouvre son journal intime et partage la liste de saynètes de son enfance, de personnes qui ont croisées sa route ou de découvertes personnelles. Laurie Darmon parvient ici, comme ailleurs, à nous prendre par la main avec l’élégance, le culot et le talent d’une musicienne hors-pair.

    Grâce à Février 91, l’histoire artistique de Laurie Darmon, du haut de ses vingt-sept ans, ne fait que commencer.

    Laurie Darmon, Février 91, Universal Music, 2017
    http://lauriedarmon.com
    "Laurie Darmon, la fille formidable"

  • A voice is born

    On ne compte plus les musiciens ayant réussi à se faire un nom grâce à Youtube et aux réseaux sociaux. En dévoilant, fin 2017, son premier single, Lose No Sleep, la chanteuse Abi Lomby a pour le moins suscité un rare intérêt.

    La jeune artiste a été prise sous son aile par le parolier américain LaShawn Daniels, séduit par une voix puissante et d’une rare maturité.

    Abi Lomby vit maintenant entre la France et les États-Unis et ambitionne déjà un premier album – et une carrière internationale. Un défi largement dans ses cordes.

    Abi Lomby, Lose No Sleep, InterConcerts, 2017
    https://twitter.com/AbiLomby
    https://www.facebook.com/AbiLomby

  • Archive du Nórd

    Stéphane Grangier (Nórd) et Craig Walter, le chanteur anglais d’Archive, ont uni leur force et leur talent dans un album ample et ambitieux, Ce Siècle.

    Pas moins de 14 titres mêlant textes denses à la Noir Désir ("Ce siècle a des allures d’enfer / Un point pour toi un point pour les autres / J’observe les sept têtes sortir de la mer / Un océan de gaz et de mazout", Ce siècle), rock aiguisé (Alors sans cesse) ou psychédélique (Ce siècle), pop anglaise des années 70 (Burning inside), violons lyriques (Foule étrange), chanson française (Les mots du monde) et une techno savamment dosée (Into the void).

    Le duo franco-anglais fonctionne à merveille dans cet album début de siècle sombre, romantique et élégant qui nous parle de notre époque faite d’incommunicabilité, de désespoir, de guerres et d’une nature prête à reprendre sa vengeance ("Et la mer un jour recouvrira le tout et nous nagerons / Pour toujours", Foule étrange).

    Il y a de l’épaisseur et de la grâce chez Nórd jusque dans ces chansons plus intimes, comme c’est le cas pour As-tu ("As-tu la pluie / Comme chaque automne / Qui te parle quand la fin est proche / As-tu la foi / Que je te donne") ou bien Je n’ai pas dormi ("Je n’ai pas dormi / je retenais la nuit / Je suspendais mes yeux à la lumière du jour / J’attendais qu’on me dise encore un jour un signe / Pour que j’existe"). Il y a du Noir Désir dans ces titres rock à la fois sombres et aux textes ciselés (Je m’égare). Mais il n’est pas non plus absurde de chercher chez Nórd l’influence de brillants aînés, que ce soit Alain Bashung (Ce siècle), Yann Tiersen (Un monde à part), Léo Ferré (Les mots du monde), Jacques Brel (Je ne voulais pas t’aimer), le Serge Gainsbourg des années 80 (Je fume) ou encore The Doors (Burning Inside). Le duo anglo-français cite volontiers d’autres figures musicales : Serge Reggiani, Hubert-Félix Thiéfaine, Janis Joplin ou encore The Velvet Undergound. Rien que ça.

    On ne peut qu’être admiratif devant ce qui est un authentique concept album conçu avec un soin particulier, autant dans le son que dans le texte ("Et nos mains se soignent en se caressant le corps délétère / D’une statuette de marbre / Arrogant sûr de nous-même quand l’autre répond / Je suis moi"). Nórd fait preuve d’une belle présence vocale et un engagement sans faille (Je fume). Il est servi et accompagné par un orchestre de 40 musiciens, preuve que Ce siècle appartient déjà à la gamme des albums hauts de gamme. Du bel ouvrage.

    Parallèlement à la sortir de cet album prévu début 2018, Stéphane Nórd sortira son roman Je suis célèbre (éd. Écrans) un récit initiatique explorant l’envers du monde de la musique, en résonance avec Ce siècle. Chaque chapitre du livre s’ouvrira par un texte de chanson de son dernier opus.

    Nórd, Ce siècle, Sony Music / Sterne / Canitro & Co / High Valley, début 2018
    Stéphane Nórd, Je suis célèbre, éd. Écrans, janvier 2018

  • Romain Pinsolle, libre et solitaire

    Romain Pinsolle n’a pas oublié ses classiques, lui qui puise ses influences aussi bien dans le rock (Les Pales), le blues (La Pluie), le reggae (Encore) ou dans la pop des années 80 (Le Vin et L’Assassin) – décidément une source d’influence inépuisable en ce moment chez la jeune génération d’artistes compositeurs.

    Après un passage dans le groupe Hangar, encouragé par l’écurie Universal, le guitariste et co-compositeur a décidé de se lancer en solitaire dans un premier album solo, sorti en cette fin d’année.

    Pas de tergiversations ni de chichis pour Romain Pinsolle qui a travaillé à l’ancienne : instruments acoustiques (guitares, claviers, piano, saxophone), enregistrement live, compositions rugueuses et rageuses et plaisir de livrer un disque vivant et audacieux, comme le prouve l’ouverture du premier titre désenchanté et inspiré du poème éponyme de Charles Baudelaire : "Ma femme est morte / Je suis libre" (Le Vin et L’Assassin). En digne héritier de Gainsbourg, Romain Pinsolle s’y livre dans un parlé-chanté acide comme le rock : "Me voilà libre et solitaire ! / Je serai ce soir ivre mort / Alors, sans peur et sans remord, / Je me coucherai sur la terre, / Et je dormirai comme un chien."

    Tout aussi gainsbourien est le titre Encore, mais cette fois ce serait du côté du mythique album reggae Aux armes et cætera (1979) qu’aurait cherché le jeune chanteur pour ses influences.

    Dans la droite ligne d’artistes comme Alain Bashung Romain Pinsolle a soigné les textes de chansons au romantisme noir : "J’ai niqué mon encre éphémère / Coulé ma barque sur terre / T’es tombé sur moi comme une goutte de pluie / T’as glissé sur mes bras t’as fini dans mon lit" (La Pluie).

    Chercher l’amour chez Romain Pinsolle c’est se fracasser contre une "aliénante, / Ravissante / Traînée." Incommunicabilités et incompréhensions mènent des danses amoureuses, fiévreuses et terribles : "Dis à quoi tu penses / Quand tu baises dans le noir ?"

    Plus délicat, Romain Pinsolle propose le langoureux Léonita : "Des humeurs vagabondes / Étourdissent nos cœurs / Et dans le soir qui tombe / Il rachète leur bonheur" ou encore Gueule d’Ange, pour un "instant de volupté."

    L’influence de Jean-Louis Murat est visible dans le titre Les Joues creuses, à l’élégante austérité : "Cette présence qui se perd, / Toutes ces joies si éphémères / Comme une absente entre ces murs / Tu fais saigner tes veines dures." Le parlé-chanté de Romain Pinsolle s’appuie sur une instrumentation minimaliste et en particulier un délicat saxophone.

    Plus rock, En Arrière sent bon ces rocks aux riffs fiévreux, avant la lumineuse ballade amoureuse Pierre Bonnard : "Si j’étais peintre / Je te peindrais / Comme Matisse, Jean Renoir / Ou Pierre Bonnard." Romain Pinsolle s’y dévoile non plus en beau gosse impertinent du rock mais en artiste à fleur de peau, délivrant un premier album sincère, brut et au solide caractère.

    Romain Pinsolle, Soleil Oblique Records, 2017
    http://romainpinsolle.com

  • Adrienne Pauly, toute excusée

    On excusera tout à Adrienne Pauly, qui a attendu 9 ans avant de sortir son nouvel album (À vos amours, disponible le 19 Janvier 2018, Choï Music/Because), qui sera suivi d’un concert à la Maroquinerie le 19 mars prochain.

    En attendant, la musicienne propose le premier clip de cet album, L’Excusemoihiste. Réalisé par Virginie Sauveur (réalisatrice d’Engrenage), Adrienne Pauly s’est offerte – excusez du peu – la participation de Jackie Berruyer et Catherine Laborde.

    L’auteure de J’veux un mec (2006), marquait l’arrivée fracassante la patte d’une musicienne survoltée et à la pop acide. Adrienne Pauly revient avec un premier clip réjouissant à la hauteur des attentes. Rien que pour cela, il sera tout pardonné à Adrienne Pauly.

    https://www.adrienne-pauly.com

  • Couleurs angevines

    Disons-le tout de suite : Lo’jo est une véritable institution musicale : une quinzaine d’albums en trente ans d’existence, des centaines de concerts, des collaborations prestigieuses avec Robert Plant, Robert Wyatt ou Archie Shepp et l’image d’un groupe hors-norme qui a su imposer son regard généreux sur le monde, en dehors de toutes les modes.

    Il y a une douzaine d’années, la troupe d’artistes a créé le Festival du Désert à Essakane, à deux heures de piste de la ville de Tombouctou. Un tel projet n’étonne pas chez ce groupe angevin qui va chercher ses inspirations musicales sur tous les coins de la planète.

    Lo’jo nous revient cet automne avec un nouvel album, Fonetiq Flowers, aux mille et une sonorités et aux influences tous azimuts. C’est une invitation aux voyages que nous proposent Denis Péan, ses musiciens et ses choristes de Lo’jo. "Comment va le monde ?" s’interrogent ces artistes dans le titre qui inaugure l’album. La réponse pourrait être dans ce choix de s’ouvrir à des cultures, des langues et des musiques venues d’ici et d’ailleurs.

    Dénis Péan et consorts proposent de nous jeter à corps perdu dans un "grand souk acoustique" : "Notre musique est un jardin anarchique qu’on essaie de cultiver pour le rendre à la fois beau et sauvage", revendique le chef de cette bande de globe-trotteurs musicaux. L’auditeur est invité à se perdre dans un voyage coloré où se mêlent fables de griots, aphorismes humanistes ou saynètes modernes (Petite Slameuse).

    Au sobre et rimbaldien Tu neiges ("Tu neiges sur Paris / Et je te danse / Ce soir tu m’as laissé ma chance") répond le syncrétique Noisy Flowers à la chaleur africaine, Café des Immortels au souffle moyen-oriental ou les envolées lyriques, nippones et électroniques de Figurine, qui clôt l'album.

    Lo’jo fait tomber toutes les frontières musicales, jetant aux passage des flopées de fleurs, de vers et d'élans musicaux (Nanji). Ça s’envole, ça cavalcade, ça se perd dans des arabesques à donner le tournis, que ce soit dans les souks de Marrakech (Stranjer than Stranjer), les rues de Montmartre (Chabalai), sous le ciel de Beyrouth (Les Innombrables) et dans tous ces "quartiers toujours plus magnétiques" (J’Allais).

    Et toujours ces chœurs envoûtants (Fonatiq, Noisy Flowers ou La Libertad) : voilà qui constitue la vraie richesse d’un album qui vous faut chavirer et voyager comme pas permis.

    Lo’jo, Fonetiq Fowers, World Village, 2017
    http://www.lojo.org

  • Sônge d’une nuit d’électro

    Ça se passera à Penmarc’h dans le Finistère ce vendredi 20 octobre. Dans cette région du pays bigouden, plus habituée aux binious, bombardes et autres bagads, le Cap Caval accueillera la chanteuse d’électro Sônge.

    On avait découvert l’an dernier la jeune artiste aux Vieilles Charrues. La Quimperoise avait auparavant bourlingué plusieurs années en Europe du Nord – Belgique, Pays-Bas et Allemagne – avant de sortir son premier EP éponyme, fruit de rencontres et de découvertes musicales comme de son passage par le Conservatoire de Paris.

    Sônge c’est une électro mêlant pop, rap et Rn'B, à l’architecture impeccable et complexe (What Happened). La musicienne sait allier mélodies séduisantes et constructions rythmiques sophistiquées (Now). Sônge c’est aussi une voix venue d’ailleurs, dont les influences seraient à chercher du côté de Mia (Colorblind) ou de Björk (I Come From Pain).

    L’artiste devrait signer pour un futur album en 2018. Avant que Sônge ne crève définitivement l’écran, il ne reste plus aux chanceux traînant du côté de Penmarc’h cette semaine qu’à venir l’écouter en première partie du concert d’Isaac Delusion. Dans quelques années, vous pourrez dire : j’y étais.

    Sônge, en première partie du concert d’Isaac Delusion,
    salle Cap Caval, Penmarc'h, vendredi 20 octobre 2017 à 20h30

    Sônge, Sônge, EP, Parlophone, 2017
    http://www.songemusic.com