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C’est une retrouvaille que propose Bla Bla Blog. Celle avec Sarah Mikovski. Et on a bien fait d’attendre.
La chanteuse est de retour avec "Le pôle nord", un single arrangé par David Donatien (l'arrangeur de Yael Naim). La qualité de ce nouveau titre saute aux oreilles de l’auditeur qui y écoutera avec émotion le récit d’un amour disparu.
Dans le clip, Sarah Mikovski plonge "dans les périlleuses glaces du remords". Cette fin du monde sentimentale, chantée sans pathos et avec une voix veloutée et délicate, vient singulièrement en résonance avec des considérations planétaires et universelles.
On gardera longtemps en mémoire les mots interprétés par Sarah Mikovski sur cet immense regret amoureux : "À quoi bon vivre en ce monde / Sans personne à mes côtés / Je n’ai pas eu la sagesse de te garder / Je n’ai pas eu la faiblesse de t’oublier".
En attendant la sortie de son album Interstellar Troubadour le 10 mars, Joolsy propose son premier single "Astéroïde".
Le clip qui l’accompagne est un véritable récit mi-SF, mi-philosophique. Gulien a gagné avec son groupe le jeu concours du magnat mégalo "Meulon Eusk" Ils sont les premiers civils à habiter une station spatiale, mais ils s'aperçoivent vite qu'il se sont faits arnaqués quand ils voient un astéroïde leur foncer dessus !
On aura bien entendu deviné les références de celui qui aime à se faire surnommer "Big Cosmoski". On aura deviné la référence au célèbre film des frères Cohen. Comment vivre sa vie lorsqu’on ne peut pas contrôler certaines choses, avec "les merdes qui volent en escadrille" ? La réponse de Joolsy est des plus simples : passer du bon temps et aimer, sans se stresser pour ce qui ne dépend pas de nous. Très stoïcien, tout cela.
Le nouvel album de Joolsy sortira le 10 mars 2023.
Bref, incisif et racé, cette création s’appuie sur un son rock, à telle enseigne que l’on sent l’urgence dans cet opus souvent engagé (le titre country-rock "Qu’essé qu’on queer ici ?", "Pastel" ou encore le morceau post-#MeToo "« Non » est une phrase complète").
Samuele, c’est d’abord une voix et un accent, cher à nos oreilles de ce côté-ci de l’Atlantique. Mais l'artiste est aussi une personnalité forte, qui s’assume trans et non-binaire. Elle accepte de se livrer, non sans poésie ("La noix de coco est un fruit / Je suis fruit moi aussi", "La noix de coco"). Poésie encore dans "La Machine" qui propose de vivre un monde irréel et utopique, plein de couleurs, de fêtes et de paillettes ("Qu’est-ce qui s’est passé ? / Il y a des paillettes dans mon café").
L'artiste est aussi une personnalité forte, qui s’assume trans et non-binaire
Retour au réel, pourtant, avec des confessions sur l’incommunicabilité et un “mecspliqueur” ("Tu parles, tu parles"). Samuele parle aussi de la vieillesse et de la mort (elle chante, dans "Par cœur" : "J’ai tellement dansé avec la douleur / J’en ai fait une prophétie"), de la peur ("Je pense que j’ai peur d’avoir peur", dans le morceau pop et jazzy "La peur"), sans oublier le tourmenté "Anxiété High" ("Il n’y a rien qui marche dans mes souliers").
Là où Samuele vise fort c’est lorsqu’elle se livre avec pudeur. On pense au titre "Papillon", un joli morceau pop, délicat, doux et sensible : "Je suis comme un papillon / Les ailes encore mouillées dans une belle et grande maison". Et si la "paillette dans l’engrenage" du titre n’était pas dans ces belles déclarations d’amour que sont "Ta toune" et "Là pour toi" ?
Attachante Elodie Rama ! Avec son nouvel album Constellations, la chanteuse française propose une pop aux multiples influences, servie par une voix douce et chaloupée. Que l'on pense à "Letter To A Sister Friend", un chant d’amour en anglais pour une "amie sœur", mélange de funk, d’urbain matinée de world, sans oublier une riche orchestration. Avec une mention spéciale pour cette flûte inspirée.
Elodie Rama puise ses influences de l'autre côté de l'Atlantique, à l'instar d'"Indigo"morceau résolument humaniste, contre la servitude, avec un featuring remarqué et remarquable d’Akenathon.
Ce mélange d’influences est encore visible dans "City Blues", titre pop et urbain lui aussi, dans lequel la chanteuse franco-vénézuélienne La Chica, en duo, vient apporter un peu de son latinos.
L'auditeur sera tout autant séduit par "Ra" – avec Témé Tan en featuring – plus pop, sensuel, feutré, mais pas moins rythmé et dansant pour un titre amoureux et romantique – oui, romantique ! Ici, l’amour fait appel à des influences plus anciennes encore (la reine de Saba pour ne citer qu’elle).
Featuring remarqué et remarquable d’Akenathon
La voix d'Elodie Rama est impeccable et suave à merveille. Elle s'en sert admirablement pour "Les voiles", un morceau très eighties, non sans quelques apports de sons urbains. Citons aussi "Lajoso" résolument jazzy ou "Constellations", qui donne le titre à l'album sous firme d'une une ode aux étoiles.
Amoureuse de culture créole et insulaire, Elodie Rama fait d’Edouard Glissant, Aimé Césaire, Maryse Condé et Patrick Chamoiseau ses compagnons de route. C'est d'ailleurs ce dernier qu'elle a fait appel pour le slam "Frères migrants".
Après le titre électro-pop "Perseus" et le morceau funk et urbain "Home", la chanteuse conclue son opus avec "Lonely Star". On est là sur un titre pop et dirigé vers les étoiles. Elodie Rama choisit une fois de plus de regarder au-dessus d’elle, dans son très beau voyage cosmique. D'ailleurs, Rama n'est-il pas le nom d'un chef d'œuvre de space opera d'Arthur C. Clarcke ?
Pour la Saint-Valentin, la talentueuse Vanessa Philippe sort un nouveau clip, "Combien d'efforts", tirée de son remarqué et remarquable album Soudain les oiseaux.
Pop, drôle et survoltée, la chanteuse semble venir tout droit des années 80, dans ce clip qu’elle a mis en scène elle-même – comme les dix autres précédents. Elle a d’ailleurs obtenu plusieurs prix de Festivals Internationaux pour ses réalisations.
Après quelques dates dont les Trois Baudets et la JIMI Festival de Marne en 2022, elle se produira en solo le 20 avril au Walrus Disquaire à Paris.
Après la sortie de son single "Parle-moi du soleil", le chanteur français Mayu propose son premier EP, Pas d'ici. Un mini-album placé sous le signe d l'identité, du déracinement et de la mémoire.
Musicalement, Mayu insuffle du jazz et de la world music – brésilienne en l’occurrence – dans une chanson française métissée qui nous parle des origines du chanteur, de son déracinement ("J'ai pris la mer ça m'a fait drôle / J'ai pris la mer quand j'étais mioche / Je me rappelle pas du pays / Sauf sur ma peau couleur café"), mais aussi de son refus d’oublier d’où il vient : "Ici j'ai eu une maison / Et pour ne jamais oublier / J'ai accroché dans mon salon / Une photo rescapée" ("Pas d'ici").
Voilà qui est bien dit et chanté
Il y a de la mélancolie, de la douceur et de l’espoir dans l’EP d’un chanteur venu tout du droit du Brésil, à l’instar de cet autre morceau "Parle-moi du soleil". Le chanteur dit ceci : "Immigrer c’est l’art de vivre avec toutes ses versions de soi, en gardant l’espoir qu’aucune ne contrôle l’autre."
Voilà qui est bien dit et chanté.
Musicalement, Mayu a beau avoir vu Francis Cabrel ("Parle-moi du soleil") se pencher par dessus son épaule – le jeune artiste a fait ses classes au Conservatoire d’Age –, il n’en reste pas moins vrai que sa musique est une alliance colorée de sons et d’influences : samba, jazz, musique populaire du Brésil, et bien sûr chanson française. ("Prisonnier").
L’auditeur sera tout autant sensible à la voix veloutée et chaloupée de Mayu. Une jolie découverte en ce mois de janvier qui prouve que la chanson française se renouvelle sans cesse, comme aucune autre musique.
Du tempérament, il en a Makja, comme il le prouve dans le premier titre de son EP Sessions vivantes II. "Tempérament" c’est du rock engagé à la Saez. Les pauvres, l’argent roi, "politicards en toc" : l’ex de The Voice saison 8 assène ses vérités et ses colères, avec une rage sincère et sans tricherie ("Roi Soleil").
Makja est une voix avec qui il faut compter qui sait se montrer brut autant que poétique, comme le prouve "Les saveurs du passé", un des meilleurs morceaux de ces deuxièmes Sessions vivantes. "Quand le texte vient de loin / Le silence devient flou / L’infime se faufile sous les feuilles".
L’hypersensibilité du chanteur est évident chez cet artiste chez qui on sent l’influence de Christophe Maé jusque dans le timbre de la voix ("Nos 2 mains").
Très grande qualité d’écriture de Makja
Majka propose une revisite inattendue de "Tout va bien" d’Orelsan, dans une version moins urbaine et plus acoustique. C’est, du reste, ce choix musical – violoncelle, guitare, batterie – qui fait le charme immense de cet album. Makja fait un choix musical audacieux dans sa manière de refuser l’électronique, les boîtes à rythme et les machines au profit d’une facture plus traditionnelle ("Yeux de rouille").
"Elle tangue" retrouve la fibre engagée de "Tempérament", qui est aussi le portrait d’un homme dont la mémoire vacille. On est là à mi-chemin entre un texte intimiste et un message universel et social : "Où sont tes pavés / Tes livres / Tes idées de France libre / Face à l’oubli rien n’est inné".
Preuve de la très grande qualité d’écriture de Makja, ce dernier a été lauréat en 2016, du Prix Centre des Écritures de Chanson-Voix du sud aux Rencontres d’Astaffort.
Delphine Coutant est de retour pour son sixième et nouvel album. C’est un vrai univers en soi qu’elle propose, à l’image du titre de l’opus, 2 Systèmes Solaires. Pour écrire la partition pour octuor de cet opus, elle a étudié durant quatre ans l’écriture musicale, l’arrangement, l’orchestration au Conservatoire de musique de Nantes. Elle a été en résidence au Laboratoire de Planétologie et Géosciences de Nantes, au Planetarium de Nantes et aux réserves muséales du Muséum d’Histoire naturelle de Nantes.
Onirique et astral, l’artiste l’est assurément et l’assume sans conteste : "Mon manteau d’hiver s’étiole sur moi / Cette année lumière dure des mois", chante-t-elle dans "Mon Manteau d’hiver". Spatiale et terrestre, céleste et terrienne, Delphine Coutant balance, servie par un orchestre classique avec cordes et cuivres. Le texte écrit avec un grand sens de la justesse et de l’économie se joue du temps, des saisons, de l’espace, du minuscule et de l’infiniment petit : "Sous mon pull d’hiver poussent des camélias / Deux systèmes solaires se côtoient".
Sondant le mystère de la vie et avec une rare poésie, l’originaire de Saint-Nazaire se définissant comme une troubadour ("trobairitz") des temps modernes, fait d’une carrière ordinaire et d’un métier obscur le début d’un mystère : "Va dans la poussière / Tu as cent ans mile ans et l’âge sédimentaire". Et si l’artiste pouvait en être libéré ?
2 Systèmes Solaires frappe par l’intelligence de son écriture. On quitte l’univers pour aller jusqu’à une carrière et une recherche géologique. Le troisième titre propose de partir de la pierre brute pour aller vers la création du sculpteur, cet artisan travaillant "dans une parfaite gravité" ("La galaxie du sculpteur"). L’extrait suivant, "Méduse Pégase et nous", propose d’entrer dans le cœur de ces créations si loin et si proches de nous : "Et moi qui l’ai bien fréquentée, j’ai une forêt de genêts à mes cheveux noués". La musicienne s’appuie sur un orchestre classique, sauvage et impétueux.
Pour "La succulente", c’est un piano qui accompagne Delphine Coutant, dans la peau d’une habitante du désert américain de Chihuahua. Ce message sur l’environnement, sur "ce brasier qu’est la vie", est aussi un message d’espoir : "Je mets toute ma transcendance / Mon intelligence / Pour bien aimer cette folie".
Delphine Coutant est assurément d’un autre monde ou plutôt de tous les mondes
"La montagne bouger", plus pop, est de retour en France, avec une ballade dans l’ouest. Une nouvelle fois, la nature est plantée comme personnage principal et fantasmagorique : "Un océan d’eau salée / Sous la surface gelée / On a vu des feux de glace / Sortir des tiger stripes".
Delphine Coutant est assurément d’un autre monde ou plutôt de tous les mondes. 2 Systèmes Solaires peut se lire comme un grand livre de voyages, au souffle dépaysant, à l’instar du magnifique et magnétique "Le grand morcellement". Magnétique, magnifique et terrible tout à la fois : "Navires brise-glaces icebergs dérivants / Souffle de Neptune vents chocs et courants / Témoins de ma débâcle du grand morcellement". La qualité d’écriture et d’arrangements de la musicienne est évidente à travers ce morceau, tout comme elle se montre audacieuse et culottée dans "1 2 4 3 Ignition". Ce court morceau symphonique (une minute quarante) montre une musicienne nourrie d’influences néo-classiques.
On imagine Delphine Coutant comme une terrienne ne se sentant jamais aussi bien, à l’instar d’une enfant, que dans la nature, au milieu des éléments : "J’ai laissé l’herbe sécher / Et dans ce corps habité par le froid polaire / J’ai laissé l’herbe sécher" ("J’ai laissé faire"). Mais elle est aussi une grande amoureuse des astres, comme elle le confie dans le spectral "Mes heures d’univers", en français et... en latin : "Horas meas universi / Nares ad auras / Palpebarum pilos imbue" ("Les heures d’univers / Le nez en l’air / Rayonnement fossile / Imbibe mes cils").
Delphine Coutant vient clôturer son album avec un remarquable titre néo-classique et jazzy synthétisant en quelques vers une fin de monde et un bond dans le temps.
Delphine Coutant, 2 Systèmes Solaires, L’autre distribution, 2022 http://www.delphinecoutant.fr https://www.facebook.com/delphinecoutant.officiel En concert : Le 5 janvier 2023, Showcase Musique et Danse, Orvault (44), le 10 janvier à la Bibliothèque de Sotteville-les-Rouen (76) et le 13 janvier 2023 au Trianon Transatlantique de Sotteville-lès-Rouen (76)