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chanteuse - Page 17

  • Klervia, toujours Bretonne

    Klervia, que nous avions découverte il y a trois ans , revient ce printemps avec "Small", un nouveau single sensible, qui est avant tout un voyage vers la Bretagne.

    L’océan, les marins, les bateaux : gros coup de nostalgie et de mélancolie pour l’artiste attachée à son pays d’origine et à ses racines. 

    Klervia, Small, 2021
    http://klerviamusic.fr
    http://lafilledanslalune.fr

    Voir aussi : "Klervia, une Bretonne à Paris"

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  • Claire Gimatt, libre

    Avant de parler musique, il faut absolument parler de l’objet. Avec son dernier opus, Sorcières, Claire Gimatt propose un  album incroyable dans sa conception. Outre le CD physique, Sorcières ce sont aussi 10 cartes conçues comme des cartes postales à envoyer à vos proches, votre famille, vos amis ou la personne que vous aimez. Le recto est une photo et au verso, la chanteuse a prévu des QR code pour chaque chanson, accompagnée des paroles.

    Même le facteur, s’il est un peu curieux, pourra s’amuser à scanner en loucedé le code et profiter d’une chanson sur son portable. Bref. Faire de chaque chanson un objet et un cadeau à partager : ce n’était pas si sorcier que cela, mais il fallait y penser.

    Musicalement, Claire Gimatt a fait le choix d’un album faisant la part belle aux voyages et à la poésie, avec le sens du détail, de la précision mais aussi du rythme ("Tu bats des cils").

    L’album a été réalisé en collaboration avec le musicien-arrangeur Arthur Guyard qui mêle sons électroniques et acoustiques (piano, contrebasse, violon, guitare électriques, voix). L’univers de la chanteuse se dévoile par touches de couleur, à l’instar de "Dali", qui est une transcription d’une grande sensibilité de l’art du peintre espagnol: "Oh je saute dans le tableau de Dalí, là où les éléphants sont les reflets des cygnes".

    Tout aussi surréaliste, "L’orme" se présente comme une ode pour un arbre aventurier, "la nuit quand le monde dort". L’auteure part à la poursuite de cet arbre insaisissable : "Attends-moi… Je cours derrière le majestueux centenaire. Je courrai jusqu’à perdre haleine pour que le jour jamais ne vienne." Rarement un chant d’hommage à la nature n’aura été aussi poétique et onirique.

    Claire Gimatt n’est pas une artiste à se laisser enfermer dans des cases. Elle va puiser jusque dans l’Antiquité ses créations,  lorsqu’elle rend hommage à ces femmes oubliées des anciens temps, avec le délicat et comme suspendu "Les pleureuses".

    Un  album incroyable dans sa conception

    C’est la patte féministe de Claire Gimatt, visible également dans "L’aviatrice". La chanson a été écrite en hommage à Amelia Earhart, la première femme à avoir traversé l’Atlantique, et disparue en mer en 1937 à l’âge de 40 ans. Ce titre poignant nous parle aussi d’une aventurière taiseuse et dont l’univers se limitait à une étroite cabine de pilotage.

    Aventure encore, cette fois en mer, avec "Marine", dans un texte riche et visuel : "Marine prend le large / Divine sur la houle / L’orage gronde le vent tourne / Mais Marine est barge / Marine borde la grande voile / Elle part à la chasse au monstre / Au kraken, la pieuvre aux naufrages / Qui change les navires en sable".

    Nous parlions de féminisme à travers le personnage d’Amelia Earhart et, dans une moindre mesure, des pleureuses. Claire Gimatt aborde ce sujet d’une manière étonnante avec le titre "Sorcières" qui donne son nom à l’opus. On sait que les sorcières sont revenus en odeur de sainteté ces dernières années. Symbolisant à la fois la femme libre et persécutée, elles ont une forte portée symboliste féministe. Claire Gimatt prend à bras le corps ce personnage légendaire pour en faire le sujet d’une très belle ode : "Je cherche la sorcière / Des sous-bois / Celle qui enchante l’hiver / Prends-moi dans tes bras / Puissante la sorcière m’a rendu la voix".

    Il est encore question d’une femme rejetée dans "La baronne". La chanteuse, de son timbre à la Barbara, y fait le portrait touchant d’une aristocrate "déchue, un fantôme".

    L’auditeur sera sans doute étonné par l’avant-dernier titre, "Dans le noir". Cet étrange morceau personnel traite du besoin de rester dans le noir, "tapie dans l’ombre", loin de la lumière, "pour voir hors scène". La chanteuse s'en explique en off : "Je songe parfois combien il me plairait unifiant mes rêves de créer une vie seconde et ininterrompue où je passerais des jours entiers avec des convives imaginaires… Tout obéirait à un rythme de fausseté voluptueuse."

    Sorcières se termine avec "Grain de nuit". Dans ce nouveau portrait d’un "joli brun de fille au gilet rouge sombre", Claire Gimatt choisit une facture pop et plus urbaine, mais sans renier son lyrisme. Et tout ça avec un joli brin de voix, fragile comme un souffle de vent d’été finissant. 

    Claire Gimatt, Sorcières, Microculture, 2021
    https://www.facebook.com/clairegimatt
    https://www.clairegimatt.fr

    Voir aussi : "Herenger, bourlingueur"

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  • Voyage, voyage

    Nous vous avions présenté il y a peu Henintsoa : c’était la vraie belle découverte de ce début d’année.

    Elle revient ce printemps avec son nouveau titre "Viens, je t’emmène". Non,  il ne s’agit pas d’une reprise du titre de France Gall et Michel Berger mais bien d’une création originale sur le thème du voyage.

    Sur des rythmes et des sons world (normal :  Henintsoa est originaire de Madagascar), l’artiste impose son univers et sa voix pleine d’assurance. De la couleur, du plaisir et de l’aventure aux quatre coins du monde : "Donne-moi ta main prends la mienne / On verra bien jusqu’où le destin nous mène."

    Henintsoa, Viens, je t’emmène, 2021
    https://www.facebook.com/HenintsoaOfficiel
    @IkalaTia
    https://www.instagram.com/henintsoa_officiel

    Voir aussi : "Henintsoa, un jour ce sera elle"

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  • Fanelly dans le Metro

    C’est peut-être un détail pour vous, mais l’album de Fanelly, Metro Stories, ne commence pas par le bref "Prelude" éthéré aux voix presque religieuses, mais avec le "It’s Gonna Make A Little Difference", un titre dédié aux victimes des attentas de 2015. Nous avions parlé déjà de ce morceau, à la sensibilité indéniable et sans pour autant que la chanteuse italienne tombe dans la sensiblerie.

    Mais arrêtons-nous quelques instants sur la piste 2 et ce fameux "Prélude", à la langue mystérieuse : "Og ot tog ev’I / Ni erom yna eb ob tnaw t’nob I tub…" Voilà qui mérite une explication. Suite à une manipulation hasardeuse sur son téléphone (la fonction "reverse"), la musicienne a joué la piste suivante, "One Step Behind" – mais à l’envers ("But I don’t want to be any more in / I’ve got to go"). Fanelly commente ainsi sa découverte : "J'ai bien aimé l'esthétique et la langue un peu mystérieuse qui se dégageait...une fois en studio j'ai donc décidé de le reproduire et de garder cette petite trace  dans l'album en prélude du morceau suivant."

    Ce court "Prelude" illustre ce qu’est Metro Stories : un album hybride, avançant sur un fil entre pop, jazz et folk ("One Step Behind"), parlant aussi bien de l’insouciance de l’enfance ("Koria", "The Bubble Man") que de sujets plus sombres ("Burnout", "It’s Gonna Make A Little Difference").

    La chanteuse est servie par une orchestration réduite mais d’une belle homogénéité, avec les guitares d’Elio di Menza, Mathieu Barjolin et Andrea Cianca et la flûte traversière de Marjolaine Ott.

    La voix pleine d’assurance de Fanelly sait se faire grave et mélancolique dans "Over". Dans ce séduisant titre pop-jazz, la voix de la chanteuse et les guitares se mêlent avec grâce et parlent de désillusion, de la fuite du temps mais aussi d’espoirs : "Over / experctations getting lower / But still dreaming of a life that / … That will maybe come."

    Une langue mystérieuse

    Tout aussi mélancolique, "Superhero" frappe par sa singulière simplicité pour un tel thème : décidément ce n’est pas facile d’être un super-héros et de sauver l’humanité, de New-York à Katmandou.  

    Fanelly nous offre avec "Koria" un très joli morceau intimiste, mêlant l’italien et le français. La chanteuse explique qu’il s’agit de la première chanson qu’elle a écrite pour cet album. Elle explique ceci : "J'étais en train d’étudier « Blackbird » de Paul McCartney. Ma fille de trois ans était avec moi. On a commencé à faire un jeu : donner un nouveau sens aux paroles, ou inventer de nouveaux mots. C’est comme ça que le mot « Koria » est né, un mot qui, en soi – au moins en italien et en français –  ne veut rien dire. Mais on peut attribuer à ce mot la signification que l'on souhaite, de façon « opportuniste ». C'est pour cela que le morceau dit : « Koria vuol dire sogno...se ne ho bisogno », c’est-à-dire : « Koria veut dire rêve… si j'en ai besoin »".

    Nous parlions de pop et de jazz. Mais le rock-folk fait aussi son apparition dans le formidable "Into The Woods". La chanson revisite le conte du Petit Chaperon Rouge perdu dans les bois et à la merci du grand méchant loup :  "What big mouth you are / To better eat youn with / The morning, will fall and save us / A mother, father childen… Are we alive or dead ? Don’t go through the woods / Said the hunter".

    Plus folk, "The Bubble Man" parle d’un "homme à bulles" qui tente de lier la terre et le ciel grâce à ses seules bulles ("He links the earth with the sky / Trying to deliver high"). Fanelly fait ici référence à un de ces nombreux artistes de rue capable. "J'en ai croisé un dans le métro de Paris à la fin de sa journée. Il m'a rappelé tout de suite un « bubble man » que j'avais rencontré auparavant à Praça do Comércio à Lisbonne…  Il enchantait tous les enfants qui étaient autour de lui avec ses grandes bulles de savon, qui montaient jusqu'au ciel, puis s'éloignaient vers l'océan pour disparaître. C'était un moment suspendu. J'ai pensé  que cet homme avait trouvé le sens de sa vie en faisant ces bulles.  Il livrait des messages de beauté au monde."

    "Inner Magic" vient terminer l’album avec la légèreté de bulles de savons, et avec toujours ce timbre jazzy et la délicatesse de l’interprétation. Une touche à la fois romantique et impressionniste, comme si Fanelly s’installait face à un paysage des Pouilles, et se laissait aller à savourer des plaisirs simples, avec la personne que l’on aime – et sans masque ("No mask required") ! 

    Fanelly, Metro Stories, 2021
    http://www.fanellymusic.com

    Voir aussi : "Je ne suis pas un héros "

    Photo : Fanelly

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  • Hypersensible, Cat Loris

    Cat Loris avance masquée avec nonchalance et une fausse légèreté dans Hypersensible, un album à la fois coloré, poétique et mutin, non sans ces vagues de spleen qui viennent ponctuer un album très personnel.

    La chanteuse se dévoile en hypersensible, comme elle le chante dans la chanson qui porte ce tire. Sur un air de flamenco, cette "princesse au petit pois" parle de son passé de souffre-douleur, "un punching-ball pour salauds". Inacceptable, bien entendu, dit-elle encore : "Marre de faire le dos rond, je veux plus qu’on me martyrise".

    Cat Loris est bien décidée à revendiquer son "droit d’être heureuse". Pour "Monsieur L’escale", c’est à un ex qu’elle s’adresse, un "mec-pansement" qui a décidé de ne pas s’embarrasser et "a mis les voiles".  La conclusion de la jeune femme rejetée est cruelle et lucide : "Tu chialais sur ton pauvre sort / Tu m’as émue / J’ai tout fait pour te donner tort / Tu m’as bien eue."

    Hypersensible c’est ça : un album personnel, avec sa part d’obscurité,  qui parle de rupture, de la difficulté de vivre à deux, de ruptures ("Mon cœur, parle-moi"), d’incompréhensions ("Ça le fait marrer") et de concessions. « Tes mots sont des canons / Ta bouche est un dragon… Tu n’avais pas compris comment marchait ma vie" ("Lâcher prise"). Comment rompre, se demande encore la musicienne ? Elle a peut-être une idée là-dessus : "Je ne t’aime pas… Je vais t’aider à me détester" ("Oublie​-​moi").

    Cat Loris n’hésite pas à se mettre à nu, à l’instar de "J'ai les boules" ("Y a des jours j’en ai marre de faire le tapin") ou de "Calamitas" qui est, sur un rythme de samba, le portrait d’une fille aussi tête-en-l’air, glandeuse et poisseuse que charmante, attendrissante et craquante : "Miss catastrophe qu’il m’a appelée / Pour une chanteuse c’est bien trouvé." Pas facile à vivre tout de même, avoue-t-elle : "Je fais que des conneries… Qui c’est qui m’a maraboutée !"

    "Je fais que des conneries… Qui c’est qui m’a maraboutée !"

    Et l’amour dans tout ça ?" s’interroge Cat Loris dans ce titre là aussi enjoué que personnel. La musicienne exprime un sentiment largement partagé : l’envie de tout larguer - travail, mec, parents, et même son chien… Le gros ras-le-bol, quoi, avec les conséquences que l’on devine : "J’ai fait une connerie / C’était mon mari / Résultat même ma mère me fait ma gueule."

    Fil rouge de cet album, la passion et l’amour sont déclinés, même s’ils riment souvent avec frustration, mélancolie et soif d’aimer ("Cerf-volant"). Le titre plus sombre "Bonheur éphémère" traite de la vanité du sentiment amoureux et du départ inéluctable. Cat Loris le chante ainsi : "Notre amour est-il  fait pour durer ? / Je vais semer comme le Petit Poucet / Des moments phares impossibles à oublier". "C’est bien beau tout ça, mais il est où l’amour dans tout ça / L’amour avec un grand A ?" Elle conclue ainsi : "Le bonheur sans nuage / Dès qu’il est en cage / S’envole aussitôt / En fumée."

    Deux titres se détachent dans cet album. Tout d’abord, "Mauvais présage". C’est le récit plein de spleen d’un disparu, un musicien des rues : "J’espère que quelque part tu continues de jouer", chante Cat Loris, sur une orchestration épurée – piano et voix.

    Il y a ensuite "L'ombre". Dans ce "polar infini", chanson riche d’images poétiques et fortes, Cat Loris parle d’un sujet maintes fois traité : l’Occupation et la Résistance, porté par des soldats de l'"ombres", des gens ordinaires et héroïques, "des êtres humbles" : "Je suis le pays des remords / Des damnés / Moi qui suit l’ombre… C’est parfois les plus grands artistes / Qui se cachent dans les coulisses." "L'ombre" est le rappel d’un passé pas si ancien autant qu’un hommage : "Je tiens souvent dans mes bras gris / De vrais héros des êtres humbles / Comme les Justes pour qui c’est simple / D’avoir pour nous risqués leur vie / Dans un passé de Résistance / Combien de parachutés en France furent des héros, pour l’histoire".

    L’album se termine sur un titre enjoué et espièglerie "Reste dormir avec moi" sur un air de charleston et de cabaret. Irrésistible. Comme une petite fille qui réclame de ne pas dormir seule.

    Pour cet album, Cat Loris a reçu le premier Prix du tremplin des Nuitées Vagabondes et le Prix Claude Lemesle.

    Cat Loris, Hypersensible, 2020
    https://www.catloris.com
    https://www.facebook.com/catherine.lacroix.963

    Voir aussi : "Le Manureva de Marc Fichel"

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  • Sara Lugo en élévation

    Pour son nouvel EP, Sara Lugo propose un brillant et élégant mélange d’influences. Une évidence pour la musicienne qui a commencé sa carrière en Allemagne, avant de venir s’installer en France. pop, swing, funk, hip-hop, R&B, reggae ou jazz : rien ne fait peur à cette artiste qui repousse aussi bien les frontières que les genres. Ajoutons que Sara Lugo a remporté en 2013 l’award du British Reggae Industry en 2013 en tant que meilleure artiste féminine internationale.

    "Elevate", le titre qui donne son nom au mini-album revendique une électro pop mâtinée de hip hop. Les chœurs jouent et s’envolent, portés par une voix claire que l’on dirait souriante. Il faut noter que ce morceau fait également l’objet d’un remix.

    "Flowaz", né d'une collaboration avec Blanka, du collectif La Fine Équipe, montre que Sara Lugo est capable de se frotter au jazz : cool et lumineux.

    Preuve que Sara Lugo n’est à être cantonné à un seul genre, cet autre extrait "Energy Of God" souffle sur les braises du funk, sans pour autant mégoter sur le hip-hop et un sens du rythme et du flow indéniables. Funk encore avec "Time" que l’on croirait tout droit sorti d’un vieux vinyle de la fin des années 70 ou d’une BO de Tarantino, période Jackie Brown.

    Arrêtons-nous enfin sur "Free Flow", une formidable pop-électro tout aussi inventive, avec ces nappes de synthétiseurs diaboliques et cette voix sautillante. 

    Sara Lugo, Elevate, Take It Easy Records, 2020
    https://www.facebook.com/sararootslugo

    Voir aussi : "Laura Perrudin en perspective"

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  • Irrésistible Beyries

    Dès l’ouverture de son dernier album, Encounter, Beyries accroche l’oreille avec le formidable "What We Have" : les échos de sa voix cristalline et les vagues mêlées de claviers électronique et de guitare emmènent l’auditeur dans un pays merveilleux où la parole est rare mais précieuse : "Meet me on the other side / My love, I'm holding on to what we have." Son premier album, Landing, a connu un vaste succès populaire au Québec, avec 11 500 copies et plus de 15 millions d’écoutes sur toutes les plateformes. La voilà qui revient avec ce nouvel opus irrésistible.

    La chanteuse canadienne revendique l’influence du folk-rock, à l’instar du délicat "Closely", porté par des paroles d’une superbe mélancolie : "I've been waiting / Closely / All night long / Time's up / Heavy breathing / Silent grieving / White hollow tree".
    L’artiste sait aussi parfaitement manier les sons rock et pop à la Bruce Springsteen, autant que nous cueillir à froid avec "Over Me", morceau racé et fuselé, démontrant toute l’étendue du talent autant que des influences de Beyries.

    "Keep It To Yourself", aux sons seventies et planants, est un chant d’amour par une femme blessée réclamant de revenir aux premiers émois et aux premiers serments : "Can we go back / To the very single minute /  I took your hand / Love was all we had." Chanson d’amour également avec "Into You" qui est le chant d’une femme qui s’est retrouvée ("Can you feel it / I'm lost in you").

    Avec "One Of Touch", on retrouve la pop de Beyries, faite de réminiscences psychédéliques des années 70, avec ce sens du spleen autant que de la rêverie : "When the morning comes / I get out of luck / You're my dream, my everything / When I have to go."

    Le sens du spleen autant que de la rêverie

    "Graceless" est plus engagé. La chanteuse propose avec ce morceau un hymne à la paix : "How many more walls will we build / Are we that stupid God forbid / Blinded believers fighting guilt / In the name of Jesus and pretty things / Are you coming to get us."

    Pour "The Story Of Eva" la musicienne québécoise prend le parti d’une folk râpeuse et sombre sur un destin cruel. Un appel à l’aide que la chanteuse exprime ainsi : "Help me / I'm drowning / Help me / I'm dying." Diantre ! Précisons que le vidéoclip de "Graceless" à été conçu par la réalisatrice française Raphaëlle Chovin, à qui l’on doit aussi les précédentes vidéos de "Closely" et d'"Over Me".

    La seule chanson française, « Nous sommes" se révèle, avec la même mélancolie, comme un voyage amoureux, qui est aussi une revendication de liberté : "L'histoire est un voyage /  Entre les forêts /  Et les villages / Du sommet bleu des Alpes / Au creux du Grand Secret / Nous sommes / Des haltes / Des bêtes naïves au cœur du paysage /  Cherchant dans nos failles / Nos rêves et nos batailles / Chevaux sauvages."

    L’album se termine avec "Anymore", qui est le récit d’une descente dans l’enfer de la dépression : "I don't see daylight anymore / I need to rest ashore /  I have lowered my guard / And returned to bed." Beyries y fait le choix du piano-voix.

    Irrésistible, vous disais-je.

    Beyries, Encounter, Bonsound, 2020
    https://www.beyriesmusic.com
    https://www.facebook.com/beyriesmusic

    Voir aussi : "Où es-tu, Berry ?"

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  • Les signes de Vaiteani

    Je crois que l’on dit que derrière chaque grande artiste, se cache un homme. C’est bien l’expression exacte ?  Luc Totterwitz, l’autre moitié – alsacienne – de Vaiteani, ne s’offusquera sans doute pas si je dis que ce duo est essentiellement porté par sa chanteuse, Vaiteani Teaniniuraitemoana.

    Un peu plus de trois ans après leur premier opus et la remarquée et remarquable adaptation de "Belle-Île-en-Mer, Marie-Galante", le groupe propose un très bel album, Signs, mariant pop anglaise et musique polynésienne (mais aucun titre en français), avec neuf chansons aux titres sibyllins : "Embrace", "Signs", "Reason", "Angry" ou "Waters". Pour l’occasion, le groupe s’est allié le concours de la même équipe : le réalisateur artistique David Grumel (The Pirouettes, Neeskens) avec qui ils co-réalisent le disque, avec également le concours du producteur Manju pour leur reggae "Angry".

    Ce mélange des couleurs donne un opus lumineux qui nous titille agréablement les oreilles, tout en sachant apporter ce supplément d’âme fait d’humanisme, de générosité et d’amour, à l’exemple du titre "Embace" ("I embrace it all / The anger and the laughter / The pain that goes with the pleasure" / "J'embrasse tout / La colère et le rire / La douleur qui accompagne le plaisir."). Les musiciens ne disent pas autre chose : "Il y a toujours une façon d’entrevoir la beauté des êtres, même perdus".

    Folk polynésien

    On peut sans doute taxer ce nouvel album d’opus de world music, grâce à ses teintes océaniques et tahitiennes – Vaiteani Teaniniuraitemoana y est originaire. Que l'on pense aux morceau "Kiss Kiss" et surtout au formidable "Homai". "Écoutez le son de ma voix", commence en maori la chanteuse : "Te mau hoa ē / ’A fa’aro’o mai / I tō’u reo ē / ’A ti’a ’e ’a ’ori mai", avant d’enchaîner en anglais, avec la même générosité : "I don’t need no make up / I don’t need no dress / Tonight I wear the rhythm / My fabric be my dance" ("Pas besoin de maquillage / Pas besoin de robe / Ce soir je porte le rythme / Mon tissu est ma danse").

    Signs séduit par la pop mélodique et mélancolique ("My Life"). Le titre qui donne son nom à l’opus est une balade autant qu'une l’histoire d’amour riche de promesses : "You sending me signs / So that I lift my eyes to the skies / To read your love in the clouds" ("Signs").

    On pourra trouver dans les morceaux de l'album autant l’influence de cette pop-folk internationale héritée de Tracy Chapman qu’un rappel des origines et de la culture de la chanteuse de Vaiteani. À cet égard, on peut même parler de "folk polynésien". Ainsi, "Reason" est teintée de sons tahitiens, sans oublier le ukulélé joué par Luc Totterwitz, alors que "Heitiare" une très jolie ballade en maori, avec voix et piano. N’oublions pas non plus le reggae du morceau "Angry", signe que le duo entend bien surfer sur des influences venues de tous horizons.

    "Waters", un titre à l’électro-pop très actuel et à la belle luminosité, vient clôturer cette parenthèse enchantée et séduisante.

    Vaiteani, Signs, Motu Hani / Believe, 2020
    https://www.vaiteani.com
    https://www.facebook.com/vaiteanimusic

    Voir aussi : "Laura Perrudin en perspective"

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