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chanteuse - Page 21

  • Billie Eilish est-elle une bad girl ?

    Le 26 janvier dernier, la 62e cérémonie des Grammy Awards récompensait de cinq prix une gamine de 18 ans, moins d’un an après la sortie de son premier album, When We All Fall Asleep, Where Do We Go? : artiste révélation de l’année, chanson de l’année, enregistrement de l’année et meilleure prestation pop solo pour Bad Guy, meilleure album pop et album de l’année pour son premier opus : n'en jetez plus ! Billie Eilish marquait de son empreinte la scène pop-rock, tout en devenant la première star milléniale, puisque la jeune femme est née en Californie le 18 décembre 2001.

    Dans la biographie qu’Adrian Besley consacre à la chanteuse (Billie Eilish, La biographie non officielle, éd. Albin Michel), c’est autant la précocité que l’importance de l’Internet et des réseaux sociaux dans la révélation de cette chanteuse qui frappe les esprits.

    Certes, l’enfance et la famille de Billie Eilish Pirate Baird O’Connell ont une importance capitale dans sa carrière, puisque ses parents sont tous les deux des artistes et que la jeune star travaille étroitement avec son frère Finneas, lui aussi récompensé lors des Grammy Awards (Adrian besley lui consacre un chapitre entier, preuve de son importance). Pour autant, l’auteur insiste sur l’éducation "ordinaire" de Billie Eilish, si l’on oublie toutefois une scolarisation à domicile par un père et une mère, artistes mais modestes.

    Sa précocité ahurissante a été soulignée à de multiples reprises : "Son histoire fait désormais partie de la grande histoire de la pop, et sera répétée un million de fois", avance Adrian Besley, non sans ostentation. À l’âge de 14 ans, suivant les pas de son frère de quatre ans son aîné, Billie Eilish publie sur Soundcloud les morceaux sHE’s brOKen, Fingers Crossed, puis Ocean Eyes. Ils portent déjà l’empreinte de la chanteuse : textes personnels et sombres, rythme électronique, accompagnements minimalistes et voix fragile, presque murmurée. Ocean Eyes se fait remarquer sur les réseaux sociaux et le morceau reçoit en quelques mois un accueil enthousiaste, tant de la part des professionnels que du grand public.

    "Son histoire fait désormais partie de la grande histoire de la pop, et sera répétée un million de fois"

    La suite est un engrenage de concerts électriques, de collaborations artistiques prestigieuses, de clips tous aussi originaux les uns que les autres et d’une ascension irrésistible. Son succès passera par les États-Unis mais surtout, singulièrement, par la Nouvelle Zélande et l’Australie, qui ont accueilli avec enthousiasme ses premiers concerts dès 2017.

    L’ouvrage d’Adrian Besley est évidemment destinée avant tous aux fans de l’artiste américaine, membre emblématique de la génération Z. Adolescente starisée, Billie Eilish apparaît aussi comme une jeune femme n’ayant jamais caché ses fragilités et sa longue période de dépression, tout en assumant pleinement son nouveau statut, grâce à des looks toujours plus extravagants les uns que les autres – une vraie bad girl –, sans oublier ses engagements (le droit des femmes et l’écologie notamment). Adrian Besley ne met pas de côté ses autres passions : la danse, la réalisation de clips, la mode (nous l’avons dit), mais aussi le rap (XXXTentacion, Drake, Mehki Raine), qui continue d’influencer sa musique, avant tout pop (surnommée "gloom pop", "pop dépressive", pour ses détracteurs).

    Un chapitre entier est consacré à l’album phare de sa jeune carrière, When We All Fall Asleep, Where Do We Go?, que le journaliste intitule tout simplement : "Quatorze œuvres d’art" : "une collection soigneusement composée de pistes [titres] qui, si elles fonctionnent indépendamment, s’alimentent les uns des autres pour créer un ensemble harmonieux." Cet opus sera suivi de concerts marquants qui vont finir d’asseoir son statut : "Billie est la nouvelle reine de la pop, mais il lui reste à procéder à son couronnement. Et peut-on rêver mieux pour célébrer sa réussite que Coachella ?" C’est lors de l’édition d’avril 2019 du prestigieux festival américain, au cours de deux soirées, que Billie Eilish finit de s’imposer, avant ses récompenses quelques mois plus tard aux Grammy Awards.

    La biographie d’Adrian Besley a été terminée en mars 2020, alors que le Grand Confinement obligeait à mettre à l’arrêt l’essentiel de sa vie musicale. Il faudra attendre cet automne pour la découvrir finalement dans un autre rôle : celle d’auteure et d’interprète du titre phare du prochain James Bond, Mourir peut attendre. Le plus célèbre des bad boys sera célébré par celle qui les a chantés avec génie, mais qui n’est pas, à coup sûr, une bad girl, elle.

    Adrian Besley, Billie Eilish, La biographie non officielle, éd. Albin Michel, 2020, 245 p.
    https://www.youtube.com/channel
    https://www.albin-michel.fr/ouvrages/billie-eilish-la-biographie-non-officielle

    Voir aussi : "Quatre filles dans le Levant"

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  • Qu’est-ce que Carole Pelé a à nous raconter ?

    Avant la sortie à l’automne prochain de son premier EP, Carole Pelé commence à déployer son univers musical et artistique résolument urbain.

    Le rap de Carole Pelé est vif, rude et à nu. Elle s’y livre avec sincérité mais sans cette affectation que l’on retrouve parfois trop souvent dans le milieu hip hop.

    Dans son titre R à Raconter, elle s’exprime – non sans un certain paradoxe – sur la difficulté de se livrer musicalement et de sortir de la page blanche et de créations qui ne seraient pas vaines : "J’ai pas de refrain / J’ai rien à vous raconter" chante-t-elle sur un rythme syncopé où les larmes rageuses ne sont jamais loin.

    Carole Pelé est une combattante "compulsive" du mal-être, comme elle le prouve dans Nuit blanche, qui est un monologue contre ces nuits alcoolisées, vaines et dérisoires armes contre la désinhibition et la déprime. La réponse de la chanteuse est cinglante : "Je laisserai cette noire douleur m’atteindre / Maintenant c’est fini !" Combative encore dans Faut que j’te parle, qui est, sous forme de confession intime, une explication franche et tranchante après une rupture douloureuse. 

    L’ancienne étudiante aux beaux-arts ne pouvait pas ne pas faire de sa musique un "art total", mêlant musique, vidéo, stylisme, performance et art plastique (Faut qu'j'te parle). Pour mieux connaître cette rappeuse à découvrir (elle a quand même été programmée en 2019 au Jump ! Guro Festival 2019 en Corée du Sud !), le passage par Soundcloud et son témoignage pour Crealiance est quasi obligatoire !

    À noter que le 5 septembre, prochain, Carole Pelé jouera au festival Essonne en scène par les Francofolies en première partie de Roméo Elvis et Aloïse Sauvage. Et elle dégainera son six titres dans la foulée, à l'automne.

    Carole Pelé, Carole Pelé, EP, 2020
    https://www.facebook.com/carolepelemusique

    Voir aussi : "Eskimo, entre France, Scandinavie et Japon"

    © Alice Mouchard

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  • Coquette comme Tuck

    Dès les premières notes de Coquette, le dernier EP de Hailey Tuck, la grâce, l’élégance et la magie sont là. Cette découverte promet d’être à marquer d’une pierre blanche, tant la musicienne impressionne par sa simplicité, sa fraîcheur et finalement son audace.

    Avec son look à la Louise Brooks, pas de doute : nous sommes dans les années 20. La musicienne nous entraîne vers un univers mêlant jazz, folk, pop et cabaret, d’une fraîcheur délicieuse et au goût acidulé. Son premier album est composé de reprises de Rufus Wainwright (A Bit Of You), de Kent (Juste quelqu’un de bien), de Peter Sarstedt (Where Do You Go to?), mais surtout de nouveautés (SeaBird, Every Over Night, Every Other Night, Talking Like You).

    Hailey Tuck a produit avec une très grande classe un opus que n’importe qui devrait avoir dans sa discothèque, tant la chanteuse s’impose avec sa voix à la fois mutine et sexy (A Bit Of You), avec ce je ne sais quoi d’esprit français (Where Do You Go to?, Juste quelqu’un de bien), comme le prouve aussi le titre de l’album.

    Un opus que n’importe qui devrait avoir dans sa discothèque

    Disons-le ici : Coquette, ce sont six petits bijoux capables de défier les années par une artiste au caractère d’ores et déjà si affirmé que l’on ne peut qu’attendre le meilleur pour elle (la native d’Austin a d’ailleurs été nominée aux Grammy Awards en 2019 pour son premier album remarqué, Junk).

    Oui, nous avons bien là une œuvre musicale hors du commun, à telle enseigne que lui coller l’étiquette "jazz" paraît bien trop restrictive. Folk (Seabird, Talking Like You), pop (A Bit Of You), ballades (Where Do You Go to?, Every Other Night), et même chanson française (Juste qu’un de bien) ont leur place dans cet EP pluriel mais, au final, très cohérent.

    Pour le public français, il faut signaler que la chanteuse propose au passage une reprise de Juste quelqu’un de bien, dans une version d’une mélancolie déchirante.

    "Je me suis souvent laissée  aller à la rêverie et j’espère que les arrangements apportés et l’ambiance générale de Coquette traduisent cet état" dit Hailey Tuck au sujet de son dernier opus. Elle ajoute ceci : "Je recherche constamment les expériences de ma propre vie, et de celle des autres qui me fascinent, pour créer une histoire, une anecdote amusante, un tableau. J’ai décidé de canaliser tout ceci dans l’écriture, qui pour moi est la seule chose qui m’intimidait, de choisir également les morceaux en fonction des paroles que j’aurais aimé écrire, et enfin dans une perspective, certes ironique,  de faire un album avec un budget illimité !"

    Coquette est l’une des plus belles découvertes de ces derniers mois : qu'on se le dise.

    Hailey Tuck, Coquette, Hailey Tuck Music, 2020
    https://haileytuckmusic.com
    https://smarturl.it/Buy-Listen-Coquette

    Voir aussi : "Chaud, fort et bon"

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  • Lillie country

    Mieux vaut tard que jamais : Lilie Mae toque discrètement à nos oreilles grâce à son premier album sorti il y a un an pile (Other Girls for That).

    Mais qu’est-ce qui fait la singularité de cette artiste quasi inconnue en France ? Sans doute qu’elle s’approprie la country, un genre injustement boudé et moqué par le public français, à l’oreille musicale pourtant infaillible – non, je déconne…

    Bref, Lillie Mae, découverte par Jack White en personne, s’impose par son choix de trousser des titres mêlant country et pop folk avec une rare sensibilité (Wash Me Clean, You’ve Got Other Girls for That).

    À l’instar de Ben Harper, ses pairs ne s’y sont pas trompés qui ont fait de Lillie Mae une de ces nouvelles voix américaines à suivre.

    Au public français de se débarrasser de ses préjugés pour craquer sur cette chanteuse pop-rock country, à la voix et au physique fragile et irrésistible.

    Lillie Mae, Other Girls for That, Third Man records, 2019
    https://www.lilliemaemusic.com

    Voir aussi : "O'Brother"

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  • La Baie animée

    Chaque nouveauté de Clara Luciani mérite que l’on s’y attarde.

    En attendant un deuxième album, sur lequel l’artiste dit travailler, c’est un clip qui fait le buzz.

    La Baie, déjà présent dans Sainte-Victorie, était une adaptation en français de The Bay par le groupe Metronomy. Un titre pop à la fois acidulé et et sensuel. Bref, un morceau qui sent bon les vacances, et que son nouveau clip, réalisé par Charlie Montagut avec Bruno Jésus pour les dessins, illustre à travers un dessin animé coloré et cartoonesque.

    De toute beauté, bien sûr : "On est si bien / Sur la baie..."

    Clara Luciani, La Baie, 2018 et 2020
    https://www.facebook.com/claralucianimusique
    https://claraluciani.store/

    Voir aussi : "La Femme libérée"

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  • Eskimo, entre France, Scandinavie et Japon

    Eskimo vient de sortir son premier album, Que faire de son cœur ?

    Un album qui lance une artiste et une voix immédiatement attachante : la preuve, avec son premier single Sirène.

    Nous voilà, grâce au clip, entre la France, la Scandinavie et le Japon (Eskimo-Hana est d’ailleurs l’autre single tiré de son EP).

    Mais musicalement, c’est du côté de la pop neighties qu’il faut chercher les influences d'Eskimo : guitares rugueuses, sons saturés et lo-fi. Et l’apport d’instruments acoustiques, qui donnent à l'ensemble une aura et une authenticité certaine à ce flow poétique : "Où vas-tu ? / Où la laisses-tu ? / En arrière / En aval / En cale-pied / Son ancre / Beaucoup de houle / Ça tangue…"

    Une vraie personnalité et un univers passionnant pour une artiste à suivre.

    Eskimo, Que faire de son cœur ?, autoproduit, 2020
    http://www.eskimo-music.com
    https://www.facebook.com/eskimomusik

    voir aussi : "Retour vers le futur"

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  • Tu vois pas que tu es belle

    Ajjy fait partie des nouvelles voix de la pop urbaine, une pop à la fois sucrée dans sa forme et grave dans ses propos. La chanteuse aborde un sujet que beaucoup connaissent : la dévalorisation que l’on ressent face à soi-même : "Tu vends ton âme / Pour devenir une nouvelle femme / Une nouvelle flamme... / Un jour sur deux tu te trouves moche / Tu trouves que t’as un peu trop de bidoche…"

    Ajjy s’adresse dans son single Aime-toi à celles qui manque de confiance en elles, un message universel qui lui est également destiné : "Pourquoi tu vois pas que tu es belle et extra ?"

    Je vous invite à découvrir cette chanson pleine de bon sens et de positivité. Elle parlera à des millions d'entre nous.

    Ajjy, Aime-toi, 2020, sur les plateformes
    https://www.facebook.com/ici.ajjy
     
    Voir aussi : "Du côté de chez Amazone Lili"

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  • Pas si foutraque que ça

    Il ne faut pas se fier au joli bazar musical qui règne dans Récif, le nouvel album de Marie Mifsud. Une sacrée personnalité qui annonce, dès l’ouverture avec le titre Au fur et à mesure, un opus à la fois bigarré et coloré : du rythme, des percussions, du son ethnique (Au fur et à mesure), du son jazzy (Ballade), du rock (Tabou), une orchestration acoustique soignée (Attitude), mais surtout de la chanson française (Amusette) et de la poésie (Taon des pluies).

    Les textes de Marie Mifsud expriment singulièrement la retenue (Si tu savais), les approches troublantes ("Face à face nos regards se frôlent / Se faufilent au milieu de la foule", Au fur et à mesure), les hésitations ("Oui toutes ces attitudes pleines d’incertitudes / qui pourraient me laisser sans voix", Attitude), la solitude ("Solitude immense en moi / Comme une coutume", Ballade) ou les jeux de la séduction (Amusette). Pour Je ne sais pas, la musicienne propose un tango, une danse sur un crise en couple : "De nous deux qui tiendra / Le plus longtemps possible."

    Il y a une réelle épaisseur dans Récif, à l’instar de Ça, un rock faussement léger qui peut se lire comme une fantaisie psychanalytique : "On dirait que ça pourrait être ça / Ça me fait vraiment penser à ça."

    Fantaisie psychanalytique

    La recherche musicale est à tous les étages de cet album vraiment séduisant. Pour Attitude, au texte sombre sur les incertitudes de l’artiste ("Attitude étrange autour de moi / Mouvance extrême de cet épiderme autour de moi"), la chanteuse déploie une gamme impressionnante de couleurs, démarrant avec une composition très contemporaine jusqu’à des sonorités éclatantes pop eighties et nineties.

    Marie Mifsud navigue là, sur des routes incertaines et semées de récifs. Les 14 titres de son album ont un goût doux amer, à l’image de Si tu savais, qui parle d’une séparation, mais où l'espoir d'un retour n’est pas loin : "Si tu savais comme tout a changé / Ô mon amour ! Oui, tu reviendrais / Si seulement tu savais." Plus sombre qu’il n’y paraît, Récif s’affirme comme un album très introspectif, à l’image de Doute : "J’ai comme un doute sur ma façon de douter", chante-elle par exemple (Doute).

    L’auditeur s’arrêtera sur le petit diamant qu’est Taon de pluies, touchant par son naturalisme confondant. Marie Mifsud est à fleur de peau : et cela s'entend. "Cet album parle avant tout de la vie et des envolées d’émotions qui nous traversent. Ou comment trouver une harmonie dans tous ces contrastes", résume-t-elle.

    Marie Mifsud, Récif, L'Autre Distribution, 2020
    https://www.mariemifsud.com
    https://www.facebook.com/mifsudmarie
    @mariemifsudsing

    Voir aussi : "Du côté de chez Amazone Lili"

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