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chanteuse - Page 34

  • Christine and The Queens, en anglais dans le texte

    Après l'album "Chaleur humaine" (voir cet article "La reine Christine"), Christine and the Queens, l'une des artistes de l'année 2014, traverse l'Atlantique.

    C'est aux Etats-Uni qu'Héloïse Letissier poursuit sa carrière avec le même premier album, qui a été réécrit en anglais pour le public américain. Dans cet album made in US, deux titres originaux ont été ajoutés, dont Jonathan et No Harl Is Done, avec le rappeur Tunji Ige.

    Les fans de Christine and the Queens ne seront pas dépaysés par le clip, épuré et basé sur une chorégraphie qui est la marque de fabrique de l'artiste nantaise.

    "La reine Christine"
    "Christine and The Queens : No Harm is Done"

     

  • Le sillon de GiedRé

    Parmi les personnalités fortes de la chanson française figure GiedRé.

    On donnerait le bon Dieu sans confession à cette pimpante et (fausse) candide blonde, originaire de Lituanie, arrivée dans le pays de Rabelais dès sa petite enfance. Aujourd'hui, elle est en passe de réussir à faire entendre sa voix à travers une démarche artistique originale qui gagne à être connue. 

    Car GiedRé – de son vrai nom Giedré Barauskaitsē. – a tracé un sillon relativement peu exploité dans la chanson française : celui de la grivoiserie – un choix encore plus rare chez les femmes. D'autres artistes avant elle s'étaient essayés avec plus ou moins de bonheur, à commencer par Serge Gainsbourg (Love on the Beat). 

    Le piège de ce genre de répertoires est de s'enferrer dans des compositions et des interprétations lourdes, pour ne pas dire putassières. Or, rien de tout cela avec GiedRé. Que l'on accroche ou pas à cette chanteuse atypique, on ne peut qu'admettre son audace, son sens de la provocation et cette manière candide d'aborder des thèmes graves ou sulfureux (la prostitution, le suicide, la sodomie ou le handicap). Les sujets de GiedRé ne font pas dans la dentelle : On Fait Tous Caca, L'Amour Par Derrière ou Meurs. Derrière ces choix, il y aussi le travail artisanal, la précision des textes, la délicatesse de la voix mais aussi l'engagement féministe de GiedRé (Toutes Des Putes).

    J'ai évoqué le terme d'artisanal. Il n'est pas galvaudé. La chanteuse travaille seule, trace son sillon avec pugnacité (six albums produits en deux ans !) et sans se soucier de la bienséance. Elle n'a souvent pour tout accompagnement qu'une guitare sèche et une boîte à rythmes, du moins jusqu'à la sortie du bien nommé Mon Premier Album Avec D'Autres Instruments Que Juste La Guitare (2014). De même, jusqu'à récemment, outre l'auto-production (couronnée de succès), elle assurait elle-même la distribution de ses disques grâce à son site Internet, faisant ainsi la nique aux maisons de disques. 

    GiedRé a cependant vu les festivals et les plateaux de télévision lui ouvrir leurs portes, en dépit de sa réputation sulfureuse. Car derrière la truculence se cache un talent exceptionnel mais aussi un engagement certain (Pisser Debout, Ode à la Contraception, Et Toc). La grivoiserie au service de nobles causes, en somme.  

    GiedRé, Mon Premier Album Vendu Dans Les Vrais Magasins, 2013
    GiedRé, Ma Première Compil', 2014
    GiedRé, Mon Premier Album Avec D'Autres Instruments Que Juste La Guitare, 2014
    http://www.giedre.fr

  • Le temps des noyaux

    Je parlais il y a quelques jours de Marie Cherrier, chanteuse et artiste talentueuse, suivie par des fidèles inconditionnels (voir cet article). Plusieurs internautes ont réagi à cet article et spécifiquement à l'une des plus belles créations de Marie Cherrier, la chanson Le Temps des Noyaux.

    Ce bouleversant hommage aux soldats anonymes de la première guerre mondiale - dont nous commémorons en ce moment le centenaire - a été mis en image dans un somptueux clip en noir et blanc, avec une nouvelle version musicale (vidéo ci-dessous).      

  • Voilà Marie

    Puisque l'on est entre nous, je dois vous avouer que Marie Cherrier fait partie depuis longtemps des auteurs dont je voulais parler sur ce blog. Elle est ce genre d'artiste qui vous accompagne des années durant, offrant une présence rassurante et revivifiante. Voilà donc cet article, voilà Marie, alors que sort en ce moment son quatrième album studio, L'Aventure

    Comment pourrait-on ne pas l'aimer, elle, son opiniâtreté à creuser son sillon artistique, son sens de l'écriture, ses saynètes (Le Curé, 7ème Ciel ou Café noir), ses mélodies et ses interprétations sensibles ?  La chanteuse poursuit son petit bonhomme de chemin, suivie par un public de fidèles, sans nier la difficulté à imposer son choix artistique  : "La poésie est à la rue, tant mieux. Que la télé d’aujourd’hui la boude est un certificat de noblesse. Dans ce camp je n’y suis ni par dépit, ni par calcul c’est sûr…, mais pour l’honneur" écrit-elle dans "Ils sont drôles eux",  un billet paru sur son site. 

    C'est loin des majors de disques, des télé-crochets, des impératifs commerciaux et de la facilité que Marie Cherrier travaille avec justesse ses textes et ses musiques, avec un style bohème (la parenté avec Zaz n'est pas absurde) et une voix assez proche de celle de Vanessa Paradis. Dans son premier disque, Ni Vue Ni Connue (2004), l'univers de Marie Cherrier était déjà là, tout entier : liberté revendiquée, orchestration acoustique, chansons denses, voix délicate.   

    S'il n'y avait qu'un album pour découvrir cette chanteuse originaire du Loir-et-Cher, je conseillerais son concert capté à La Cigale en 2008 (Live à La Cigale). On y retrouve les titres les plus représentatifs de Marie Cherrier : 7ème Ciel, La Funambule, Les Baleines, Le Curé, Marchand d'froufrous, Tourterelle, Les Pattes du Loup et surtout Le Temps des Noyaux. Ce titre sur les horreurs de la première guerre mondiale n'a pas été pour rien dans la notoriété de Marie Cherrier : "Alors là-d'ssus j'rejoint Prévert / L'temps des cerises ce que ça vaut / Quand la chair est tombée par terre / Démerde-toi avec les moineaux / Ces dames ont un chemin qui mène / A la mort pour les clafoutis / Imagine le tronche des gamelles / Gare aux quenottes, plantez les p'tits."

    Texte d'une incroyable puissance poétique, mélodie entêtante et voix posée avec justesse ont concouru à la reconnaissance d'une toute jeune artiste par le public, comme par ses pairs (que ce soit Francis Cabrel, Juliette Gréco ou Hubert-Félix Thiéphaine). Dans l'album Alors Quoi ?, son deuxième disque, un autre titre se distingue : Ben Alors Quoi ? Cette fois, la chanteuse fait un hommage autant qu'un portrait à charge de Renaud : " Je t'regrette le chanteur énervant / Bon, t'as le droit d'plus être énervé..." Un autre titre se dégage de cet opus, Pas d'ma Faute, une confession autobiographique sur une jeune femme revendiquant sa simplicité et sa vie ordinaire : "Je n'serai jamais le sujet d'une / Biographie et j'le regrette, / Je n'ai pas eu mauvaise fortune / dans le passé, faut qu'j'vive avec / Sûr que je manque d'intérêt / puisque je n'suis pas orpheline, / Puisque j'n'ai pas été trouvée / étant petite dans les épines..."

    En 2013, c'est épaulé par Michael Désir, un batteur expérimenté (il a travaillé avec Ayo ou Kéziah Jones) que Marie Cherrier propose un nouvel album, Billie, Billie n'étant autre que son double : "Voilà Billie avec ses grenades / Ses barricades / Ses injures au Monde entier / Mais Billie la haine en rade / V'là la paillarde / Amoureuse à ce qu'il paraît..."). Je dois avouer que j'ai été moins enthousiaste pour ce nouveau  enregistrement : plus enlevé et puisant dans des styles variés (rock, folk, coupé-décalé, pop, country, etc.) il me semble ne pas refléter exactement l'originalité de l'auteure, sauf lorsque cette dernière revient à des titres plus acoustiques. Ainsi, T'es Où ? n'est pas sans rappeler son apostrophe à Renaud, même si cette fois la chanteuse en appelle plus généralement au retour de la révolte et de l'engagement ("T'es où ? Parce que là, ça va pas. / Des Fantômes me hantent la Tête / Des Gandhi, Colucci, / Des poètes/ Des bandits honnêtes / Qui sauvaient la vie...")  

    En 2015, voilà Marie avec un nouvel album, L'Aventure, distribué loin des grands réseaux, avec passion mais non sans cet esprit de révolte : "Ils sont drôles eux… Mais enfin plus personne ne sait ce qu’est la lutte dans ce foutu métier ? Ils me disent de faire des reprises, qu’y a plus de subventions pour la chanson… Que le marché a changé…

    Sinon, nous rassure-t-elle, tout va bien pour elle, merci ; et pour nous aussi, du coup. 

    Marie Cherrier, L'Aventure, 2015
    http://mariecherrier.com


    Tout sur un plateau 03/04/15 Troisième Partie par tvtours

  • Diana Krall, Superstar

    Le bloggeur a en ce moment une âme de midinette. Après avoir goûté au duo glamour de Lady Gaga et Tony Benett, joue contre joue ("Cheek To Cheek"), c'est à une autre série de reprises qu'il s'intéresse, cette fois par une grande dame du jazz, Diana Krall.

    Son précédent album, Glad Rag Doll, piochait du côté du blues et de la comédie musicale. Cette fois, dans Wallflower, Diana Krall s'attaque au répertoire pop, rock et folk des années 60 et 70, avec deux exceptions cependant : "Don’t Dream It’s Over", une reprise des Crowded House (datant de 1986), "Feels Like Home", en duo avec Bryan Adams (de Chantal Kreviazuk, 1999) et le titre "If I take you home tonight", une nouveauté écrite par Paul Mc Cartney, dont il sera question un peu plus loin. 

    Dans Wallflower, la jazzwoman se fait crooneuse. Sa voix caresse chaque mot et chaque note, avec tact, élégance et sensualité. La chanteuse est accompagnée par une orchestration très classique : piano, cordes et quelques guitares et nous offre des versions soyeuses de "Desperado" (Eagles, 1973), "Sorry Seems To Be The Hardest Word" (Elton John, 1976) ou "I'm Not In Love" (10CC, 1975). Trois titres qui restent relativement fidèles aux originaux. 

    Reprise sans surprise ? Voire. Car l'auditeur est d'emblée cueilli à froid avec une interprétation langoureuse de "California Dreamin'" (1965). Mais là où les The Mammas & Papas se faisaient virevoltants, Diana Krall choisit la mélancolie. Mélancolie qui est le dénominateur commun de l'ensemble de l'album. Un album sans grande surprise diront les médisants, mais diablement efficace ! 

    Hormis "Desperado", Diana Krall reprend un autre titre des Eagles, "I Can’t Tell You Why" (1980). Les fans du groupe californien auront sans doute un peu de mal à retrouver le titre pop psychédélique original. La chanteuse en fait une relecture latinos et plus légère.  

    L'artiste nous propose des relectures, et parfois des découvertes aussi voire plus convaincantes que les versions originales : "Alone Again (Naturally)", en duo avec Michael Bublé (Gilbert O'Sullivan, 1972), "Superstar" (avec la version des Carpenters, 1971), "Operator (That's Not the Way It Feels)" (Jim Croce, 1972) ou "Wallflower" (Bob Dylan, 1971), qui donne le titre à l'album. 

    Au milieu de ces titres, qui fleurent bon la nostalgie, figure un titre original, "If I take you home tonight" de Paul Mc Cartney. Mélodie imparable, orchestration soignée et interprétation inspirée : tout concours à faire de ce titre un futur standard de la pop. Il confirme également que Paul Mc Cartney est sans doute le meilleur compositeur vivant et Diana Krall une superstar et l'une des plus belles voix actuelles. 

    Diana Krall, Wallflower, Verve, 2015

  • Héloïse à la fête

    Héloïse Letissier, alias Christine & the Queens a été, comme on s'y attendait, la grande gagnante des Victoires de la Musique 2015.

    En la consacrant artiste féminine de l'année et en récompensant son clip "Saint-Claude" (vidéo ci-dessous), l'académie des Victoires a consacré une artiste complète et exceptionnelle. 

    Un article était consacré à Christine & the Queens il y a quelques semaines sur ce blog : "La Reine Christine", que vous pouvez retrouver sur ce lien.

    Christine And The Queens, Chaleur humaine, Because Music, 2014
    http://www.christineandthequeens.com

  • La reine Christine

    Christine And The Queens a surgi l'année passé et n'est pas passée inaperçue. 

    C'est sans doute cette photo emblématique de Christine And The Queens qui a d'abord marqué les esprits : une jeune femme (la fameuse "Christine" n'a pas 30 ans), vêtue de noir jusqu'à ses chaussures, est assise sur un bloc blanc – le sol est de la même couleur – devant un fond bleu foncé. Elle porte à la main un bouquet et semble regarder avec mélancolie en direction d'un parterre de public. A priori, le Parisien qui découvrait durant l'année 2014 cette photo placardée dans les couloirs du métro aurait pu penser à la promotion d'un spectacle pour un groupe anglo-saxon, tant Christine And The Queens sonne so British

    Double erreur. Car ce que le grand public découvrait à travers ce cliché était la présentation du premier album de la Française (et Nantaise) Héloïse Letissier, Chaleur humaine. Artiste complète, compositrice, interprète, danseuse (ses chorégraphies sont reconnaissables entre mille, comme le clip "Christine" en bas de cet article le montre)Christine And The Queens a à ce point impressionné le public et les critiques que Chaleur Humaine a été salué comme un des meilleurs disques de 2014.   

    D'où peut tenir la magie d'une œuvre musicale ? Peut-être d'abord à ceci : qu'elle puisse nous faire entrer dans un univers inoubliable et unique. La voix de Christine, fragile et sans fioriture, touche par sa sensibilité. L'interprétation devient poignante et entêtante dans le fabuleux titre "Christine" : "Je fais tout mon make up / Au mercurochrome. / Contre les pop-ups / Qui m'assurent le trône". À lire ce extrait, l'internaute aura deviné l'autre qualité de "Christine" : des paroles travaillées et d'une grande puissance poétique  et où le symbolisme, comme l'engagement, ne sont jamais loin. L'auditeur curieux pourra même découvrir sur des forums mille et une interprétation de quelques-uns de ces textes (comme cet extrait de "Nuit 17 à 52" : "Là / Nuit 17 à 52 nous étions là / Toi / Allongé délié d'ornements froids / Moi / Dans une colère qui ne me ressemblait pas"). Qu'une artiste puisse susciter autant de commentaires et de gloses sur ses créations est en soi très bon signe. 

    Chaleur Humaine parvient, avec un grand sens de l'économie, à allier chanson française, pop anglo-saxonne, influence de la new wave, world music ("Science-Fiction"), slam ou électronique. Tout cela est travaillé avec goût : les violons du titre "Here", les passages slamés dans "Christine", les rythmiques et la voix éthérée dans "Saint-Claude", la simplicité apaisante de "Chaleur humaine" ("Ce gamin-là me montre tout / Et pointe du doigt la non-beauté  / Des nudités pour m'initier / Dans un sourire / A la chaleur humaine"), ou encore l'efficacité mélodique de "Nuit 17 à 52". 

    Rien de révolutionnaire, me direz-vous ? Sauf que cet ensemble marche à la perfection, couronnant sans doute "Christine" comme la reine de l'année 2014.

    Christine And The Queens, Chaleur humaine, Because Music, 2014
    http://www.christineandthequeens.com

     

  • Le bloggeur vous adresse ses vœux

    Puisque c'est d'actualité, c'est à mon tour de vous adresser mes vœux pour cette nouvelle année. Des expressions telles que "Bonne année 2015", "Vœux de santé, de bonheur et de prospérité" font florès. En ce qui me concerne, je ne peux que souhaiter que cette future année 2015 soit meilleure que 2014. Ce ne sera déjà pas si mal que cela.  

    Cette année passée a été importante pour ce blog qui, après sept ans d'existence, a pris une nouvelle jeunesse et a été entièrement refondu (comme d'ailleurs mon site Internet !). Depuis le mois de septembre, j'ai eu le plaisir de vous faire partager mes moments de lecture, de cinéma ou de découvertes et j'ai constaté avec plaisir que vous étiez nombreux à me suivre. Merci à vous !

    Je continuerai en 2015 à vous parler – de la manière la plus subjective qui soit ! – de mes découvertes, de mes passions et, pourquoi pas aussi, de mes coups de gueule. Je peux d'ores et déjà vous signaler quelques futurs billets : une série d'articles sur Stanley Kubrick, des critiques de musique classique et d'opéras (je vous parlerai notamment d'une époustouflante Lulu), un coup de projecteur sur Christine and the Queens pour commencer l'année et des billets sur plusieurs livres – récents et moins récents. 

    En somme, de bonnes résolutions pour 2015.