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Le dernier single de Rouge Renarde, "Cinéma", est autant à écouter qu’à regarder.
Rouge Renarde est le nom du projet musical de l’artiste plasticienne Margaux Salmi. Une femme à tout faire : peintre, dessinatrice, réalisatrice, musicienne et bien sûr chanteuse.
Onirique, Rouge Renarde arpente un univers musical où se croise sons électroniques, influences world, pop et bien sûr chanson française.
De sa voix fragile, elle fait de "Cinéma" une confession musicale, poétique et graphique sur l’acte de création : "Douter / Changer / Toucher / Tout effacer / Dans un drôle d’état / Refaire Tout est à défaire / Garder le repère / Comme ça".
Margaux Salmi se dévoile dans son clip à travers ses dessins animés, constituant un monde fascinant, traversé par une renarde rouge – bien entendu. "C'est un clip qui me tient particulièrement à cœur car il est entièrement réalisé en animation. Je suis également peintre et dessinatrice et j'ai voulu mettre mon univers graphique sur ce morceau", comment la musicienne.
Pour "Cinéma", elle chante son combat artistique, de sa belle voix singulière à la Cocorosie : "Contre vents et marées / Tout traverser / Comme au cinéma".
Son deuxième album, Dehors, devrait paraître le 27 février 2023.
Irrésistible ! Le Réalisateur de Navets qui a remporté le Festival de Cannes, la bande dessinée du trio italien Davide La Rosa, Fabrizio "Pluc" Di Nicola et Chiara Karicola Colagrande ne décevra ni les passionnés de cinéma ni les amateurs de récits gentiment dingues. Le public français sera invité à découvrir ce petit bijou d’humour transalpin proposé par les éditions Shockdom.
Emiliano Speroni remporte la Palme d’Or du Festival de Cannes des mains de David Lynch. Cette récompense inattendue pour un inconnu jusque là réputé pour des navets improbables ne cesse d’étonner. Reprenant les codes de Citizen Kane (sauf qu’Emiliano a disparu de la circulation mais est toujours vivant), une journaliste propose de revenir sur sa carrière. Une carrière qui a bien mal commencé car Emiliano, né dans une famille pauvre, n’a pour lui que la passion du cinéma chevillée au corps. En dépit de la situation de sa famille, d’une escroquerie et de l’absence de tout soutien, il parvient à réaliser son premier film, qui est un navet tel que les portes du cinéma semblent se fermer pour toujours. Mais le jeune homme ne se laisse pas démonter et repart à la charge. Encore raté !
Les quatre Filles du Docteur March et la Menace de Pluton
A priori, le lecteur de cette savoureuse BD italienne verra dans cette histoire imaginaire un hommage aux nanars qui ont, à leur façon, nourri et fait avancer le cinéma. Il faut d’ailleurs dire que les planches consacrés aux trois films d’Emiliano sont en eux-mêmes des petits chefs-d’œuvres de non-sens et de drôlerie. Que l’on pense au titre du deuxième film du réalisateur : Les quatre Filles du Docteur March et la Menace de Pluton…
Avec la même drôlerie et la même tendresse, Rosa, Karicola et Pluc s’intéressent aux premiers soutiens inattendus du jeune cinéaste, beaucoup plus ambitieux qu’il n’y paraît. La famille Xu et l’inénarrable sont croqués avec gourmandise. Les autres personnages secondaires sont les propre parents d’Emiliano : dignes et admiratifs, ils restent les soutiens inconditionnels de leur cinéaste de film.
La dernière partie du film, la plus courte, traite du succès inattendu d’Emiliano Speroni, surfant sur une mode venue de Corée du Sud et qui bluffe son monde. Le résultat est une fameuse Palme d’Or (imaginaire, là aussi), et pour le lecteur de Rosa, Karicola et Pluc un moment de plaisir et d’éclats de rire.
Sorti cette année et disponible en ce moment sur Canal+, "le" Maigret de Patrice Leconte avec Gérard Depardieu était attendu au tournant à plus d’un titre. D’abord parce qu’un film de notre Gégé national est toujours un événement. Ensuite parce qu’une adaptation d’un Georges Simenon réserve très souvent des surprises, tant l’écrivain belge a bâti une œuvre exceptionnelle parvenant à fouiller l’âme humaine derrière le vernis de polars et d’enquêtes policières. Et puis, il ne faut pas oublier que Patrice Leconte, après son succès populaire des Bronzés, est parvenu à amadouer les critiques grâce au superbe Monsieur Hire, qui était déjà une adaptation d’un roman de Simenon. Ici, Patrice Leconte s’est attaqué à un autre livre, Maigret et la Jeune Morte, sorti en 1954.
Sous le titre sobre Maigret, Depardieu endosse le célèbre commissaire parisien du 36 Quai des Orfèvres. Nous sommes dans les années 50. Une jeune femme sans identité a été retrouvée morte sur la Place Vintimille. Elle portait une luxueuse robe de soirée mais aucune pièce d’identité. Le policier commence une enquête peu ordinaire à la recherche d’abord du nom et de l’adresse de cette jeune femme mineure.
Quant à Depardieu, il campe un Maigret avec une économie de moyens
Des esprits chagrins ont pu regretter l’adaptation impeccable mais froide et académique de cette énième adaptation de Maigret. Mais que n’aurait-on dit à l’inverse d’une relecture biaisée d’une œuvre de l’auteur belge ? Et puis, soyons juste : Gérard Depardieu incarne un Maigret incroyable, sombre, puissant et d’une noirceur bouleversante. C’est à l’image de cette période post-seconde guerre mondiale, ce qui n’empêchait pas la bonne société parisienne de rire et de s’amuser. Que l’on pense à Jeanne, convolant en juste noce avec le "bien né" Laurent.
Patrice Leconte respecte à la lettre le contrat moral qui le lie à Simenon, quitte à laisser dans l’ombre les personnages secondaires – si on excepte les formidables Betty (Jade Labeste) et Jeanine (Mélanie Bernier).
Finalement, l’intrigue policière compte moins que le souffle tragique, pour ne pas dire métaphysique de cette histoire de jeune fille morte et quasi oubliée.
Quant à Depardieu, il campe un Maigret avec une économie de moyens. Le spectateur aura longtemps en tête la silhouette massive, l’imperméable ample et le chapeau vissé du tenace commissaire. L’affiche très réussie nous renvoie de manière subliminale, avec ce clin d'œil à la "ligne claire", du côté de la Belgique de Simenon et d’Hergé. Le film se termine sur cette image du policier déambulant dans les rues pavés de Paris et croisant une de ces nombreuses jeunes Provinciales, déracinées et perdues.
Pour ce nouvel opus, dont les créateurs assurent qu’il pourrait bien s’agir du dernier, les scénaristes ont planté leur décor dans le château de Downton Abbey – bien entendu – mais aussi sur la Côte d’Azur. L’histoire commence en 1928 par un mariage, prélude à une double nouvelle. Le comte et la comtesse Crawley apprennent que leur mère, la vénérable et inimitable Violet, a hérité d’ une fastueuse maison à Nice suite au décès d’un de ses vieux amis. La surprise est totale et pas question pour la doyenne de refuser ce bien qu’elle destine à Sybil, sa première petite-fille.
Voilà le comte et la comtesse partis rejoindre la France pour rencontrer la famille du bienfaiteur inconnu. Les choses vont s’avérer plus compliquées que prévues. De plus, pendant ce voyage, le château de Downton Abbey devient l’enjeu d’un surprenant projet : une équipe de tournage est accueillie par Mary pour la réalisation d’un film – muet et en noir et blanc, bien entendu.
Les créateurs vont jusqu’à imaginer une séquence surprenante, prenant complètement à contre-pied cette dialectique filmée du maître et du serviteur
Les fans de Downton Abbey goûteront ce nouvel opus comme une petite madeleine de Proust. Ils retrouveront leurs personnages familiers : Mary, Tom, Cora et Robert Crawley, sans oublier les serviteurs, John et Anna Bates, Thomas Barrow, Daisy et l’incorrigible Charles Carlson. Tout ce petit monde évolue entre Nice et Downton Abbey. La surprise vient surtout du tournage du film et de l’apparition de nouveaux personnages : le metteur en scène Jack Barber, Guy Dexter, un acteur venu d’Hollywood (le formidable Dominic West) et Myrna Dagleish, l’actrice star et tête-à-claque.
Les créateurs vont jusqu’à imaginer pour la dernière partie du long-métrage, une séquence surprenante, nous prenant complètement à contre-pied, avec des domestiques sous un autre jour.
Le spectateur pourra voir dans ce Downton Abbey II – meilleur, à mon avis, que le premier opus au cinéma – une mise en abîme fascinante. Qu’un film tourné dans le célébrissime château, véritable personnage secondaire, traite d’un autre tournage – certes, imaginaire –, voilà qui donne du sel à l’histoire. Malgré l’apparition de Nathalie Baye en guest-star, l’histoire de l’héritage déçoit malgré tout et n’est sauvée que grâce à la présence de Violet Crawley.
Alors, Downton Abbey II, suite et fin ? Julian Fellowes l’a assuré. Il est vrai que quelques éléments, que nous tairons, iraient dans ce sens... alors que d’autres nous laissent penser le contraire. L'avenir nous le dira.
L’étrange et le fantastique, le réalisateur mexicain Guillermo del Toro en a fait son univers. Que l’on pense aux chefs-d'œuvre que sont Le Labyrinthe de Pan ou La Forme de l'eau. Il sortait l’an dernier au cinéma Nightmare Alley, avant un Pinocchio attendu sur Netflix. Sans compter la série qu’il dirige, Le Cabinet de curiosité, dont je vous parlerai bientôt.
Guillermo del Toro s’attaque dans ce film, visible en ce moment sur Canal+ et sur Disney+, à une adaptation du roman Charlatan de William Lindsay Gresham, qui avait fait l’objet d’un film en 1947, avec Tyrone Power dans le rôle-titre.
C’est cette fois Bradley Cooper qui endosse le rôle de Stanton Carlisle, marginal et paumé après un acte criminel que le spectateur découvrira à la fin. Le beau gosse tombe sur un cirque aux attractions spectaculaires en vogue dans les années 30. Stanton tombe dans les bras de la voyante Zenna Krumblein (Toni Collette) qui, avec son mari alcoolique Pete, propose un spectacle de médium. Le nouveau venu se rend indispensable au cirque et se lie avec la frêle et sensible Molly Cahill (Rooney Mara). Ils deviennent amants et décident de quitter le cirque pour monter leur propre spectacle grâce à des astuces dérobées à Pete, mort subitement. Stanton et Molly deviennent à New-York de véritables stars. Et c’est là que les ennuis commencent.
Un hommage au monde du cirque à Freaks et à La Caravane de l’étrange
Nightmare Alley, tout en déclinant des thèmes chers au réalisateur (le bizarre, le fantastique, l’étrange), s’en détourne finalement. Il est plutôt question dans le film de tours de magie, de mentalisme et de trucs pour soutirer un peu – ou beaucoup d’argent – à des spectateurs en mal d’émotions fortes ou de consolations venues de l’au-delà (que l'on pense aux scènes du juge Kimball et de sa femme).
Les pérégrinations de Stanton Carlisle peuvent aussi se lire comme un hommage au monde du cirque mais aussi à Freaks, le chef d’œuvre de Tod Browning ou encore, plus proche de nous, à la série HBO, La Caravane de l’étrange.
Passé la première heure et demie, Guillermo del Toro fait le choix du thriller, dans un monde de plus en plus noir (nous sommes au début de la seconde guerre mondiale). Escrocs, truands et mafieux entrent en scène, sans oublier une psychanalyste inquiétante, le Dr Lilith Ritter, interprétée par la sulfureuse Cate Blanchett. Celui qui était au sommet de son art du mentalisme et de la manipulation va apprendre à ses dépends ce qu’il en coûte de se mesurer à plus fort que lui.
Guillermo del Toro se sort parfaitement bien d’un film malgré tout un peu en dessous de ses œuvres précédentes. Bradley Cooper, lui, fait merveille dans un rôle tout en ombres et en fêlures. Sans compter des seconds rôles prestigieux, dont Willem Dafoe, Toni Collette, Richard Jenkins ou Ron Perlman. Rien que ça.
Dans toute la galaxie des super-héros, Batman est une figure à part, archi-commentée, adorée par beaucoup, détesté par d’autres. Chevalier noir, figure de la vengeance, ombre parmi les ombres, Batman est aussi l’un des plus humains des super-héros, précisément parce qu’il n’a pas de super-pouvoirs. Né sous les couleurs de DC Comics, franchise concurrente de Marvel, Batman a réussi le tour de force d’avoir été à l’origine de films adulés par la critique comme par le public.
Loin des blockbusters souvent gnangnans de son concurrent, "l’homme chauve-souris" est tout de même le personnage de la trilogie de Christopher Nolan (Batman Begins, The Dark Knight : Le Chevalier noir et The Dark Knight Rises), celui de Tim Burton (1989), sans oublier ce chef d’œuvre dérivé qu’a été Joker en 2019.
Tout cela pour dire que l’attente était forte pour ce nouveau Batman - The Batman - réalisé par Matt Reeves et visible en ce moment sur Canal+. Pour endosser la cape noire de Bruce Wayne, Robert Pattinson a été choisi, et l’on ne peut que se réjouir de ce choix. Parmi les seconds rôles, attention les yeux : Zoë Kravitz dans le rôle de Catwoman, Andy Serkis dans celui d’Alfred, le fidèle majordome et Jeffrey Wright dans celui du flic intègre James Gordon. Ajoutez à cela un génie du mal, Riddler, joué par le toujours excellent John Dano et, excusez du peu, quelques acteurs de "second plan" : Colin Farrell, John Turturro et Peter Sarsgaard. Voilà pour la présentation et le casting cinq étoiles.
Comme quoi, le divertissement populaire peut aussi se permettre de lancer des réflexions. Suivez mon regard.
Lorsque commence le récit, Batman erre dans les rue de Gotham City depuis deux ans dans le rôle du vengeur masqué, s’attaquant aux malfrats de tout poil qui gangrènent la ville. Une ville qui, justement, est à un carrefour. Des élections approchent. Le maire sortant, qui s’est attaqué par le passé au trafic de drogue, est assassiné par un mystérieux tueur qui se surnomme Riddler. Qui est-il ? Personne ne le sait. Pas même Batman qui est très vite mis sur le coup par son complice et soutien James Gordon.
Les crimes se poursuivent, avec d’abord un commissaire puis un procureur. Batman est mis sur la piste d’un trafiquant, surnommé "Le Pingouin". Annika, une connaissance et maîtresse du maire Don Mitchell, travaillait en effet dans une de ses boîtes de nuit. Mais l’homme chauve-souris croise surtout une certaine Selina Kyle, amie d’Annika. Selina cache des secrets elle aussi. Elle agit la nuit sous les traits de Catwoman.
Ce neuvième film consacré à Batman s’avère une vraie réussite, en dépit des craintes mais aussi des embûches lors du tournage – il a eu lieu en plein Covid. Matt Reeves s’en sort très bien, donnant à ce film noir, dans tous les sens du terme, une patte très comics. Le spectateur regrettera sans doute la longueur du film – près de trois heures – devenue hélas classique dans le cinéma. Après une première heure plutôt lente, l’intrigue prend son envol. Robert Pattinson est parfait dans le rôle du chevalier masqué et le duo qu’il forme avec Zoë Kravitz/Catwoman fait espérer que cette collaboration reviendra plus fort que jamais. Et, comme souvent, ce Batman revendique ces messages que Christopher Nolan avait le mieux mis en scène : la lutte du bien et du mal, l’ambivalence du super-héros et, bien sûr - la lutte contre la corruption. Comme quoi, le divertissement populaire peut aussi se permettre de lancer des réflexions. Suivez mon regard.
Il sera question dans cette chronique de l’Otan, de son élargissement à la Finlande, de l’Union européenne, de la Russie et de terrorisme. Mais rassurez-vous, il ne sera pas question de la criminelle et piteuse "opération spéciale" et guerre en Ukraine mais d’un film d’action, sorti peu de temps avant les singeries de Poutine.
Opération Delta – Omerta: 6/12 pour son titre original, visible en ce moment sur Canal+ – frappe d’emblée par sa singulière prescience. Cet honorable film d’action finnois surfe en effet sur un sujet qui, en 2021, n’intéressait a priori que quelques experts en géopolitique : le projet d’élargissement de l’OTAN à la Finlande. Voilà de quoi contrarier la Russie qui lance une opération terroriste en plein cœur d’Helsinki, lors de la fête d’indépendance nationale. Le Président et tout le gratin de la bonne société finnoise est pris en otage. Et, parmi eux, un général – français – de l’OTAN. Une force d’action spéciale est mise en branle pour contrecarrer les barbouzes russes et russophiles.
Prescience
Un film d’action tour droit venu de Finlande : voilà qui a de quoi titiller la curiosité. Avouons aussi que cette réalisation d’Aku Louhimies avec Jasper Pääkkönen (Vikings, BlacKkKlansman : J'ai infiltré le Ku Klux Klan) a parfaitement digéré les canons des productions américaines de ce genre : courses poursuites, suspense, rebondissements et héros cabossés mais héroïques. À ce sujet, avouons que Jasper Pääkkönen et Nanna Blondell (Black Widow, House of Dragon) jouent parfaitement leur rôle : agents amis, attirés l’un par l’autre et surtout soudés par une solidarité sans faille.
Mais le gros atout d’Opération Delta réside moins dans la séquence finale en Biélorussie – qui nous renvoie bien entendu à l’actualité internationale – que dans le cœur de l’intrigue : parler de l’OTAN, de l’Europe, des conflits avec la Russie – larvés au moment du tournage du film – et des relations diplomatiques délicates entre la Finlande et l’inquiétant voisin russe. On sait ce qui est arrivé quelques mois plus tard. Quand je vous parlais de prescience...
Opération Delta, film d’action finnois, d’Aku Louhimies, avec Jasper Pääkkönen, Nanna Blondell, Sverrir Gudnason, Cathy Belton, Nika Savolainen, Pertti Sveholm, Juhan Ulfsak, Dragomir Mrsic, Zijad Gracic, Miodrag Stojanovic, Slaven Spanovic et Märt Pius, 2021, 174 mn, Canal+ https://www.canalplus.com/cinema/operation-delta/h/18092639_40099
Les Choses humaines est une adaptation du roman de Karine Tuil sorti en 2019 et récompensé la même année d’un prix Interallié et d’un Goncourt des lycéens. Voilà qui donne une idée de l’importance de ce récit, mis en image par Yvan Attal, avec sa compagne Charlotte Gainsbourg et leur fils Ben Attal, dans le rôle du jeune Alexandre Farel.
Ce dernier est de retour des États-Unis où il entend bien poursuivre ses brillantes études supérieures. Il rejoint sa famille, en réalité sa mère, Claire, chercheuse et séparée de son mari, Jean Farel, un célèbre présentateur télé. Claire Farel vit avec Adam Wizman (Mathieu Kassovitz), un homme divorcé qui a eu une fille, Mila (la très convaincante Suzanne Jouannet), d’un premier mariage. Le soir de son arrivée en France, Alexandre accompagne Mila à une fête d’anciens élèves du lycée Henri IV. Le lendemain, la jeune femme l’accuse de viol. La machine judiciaire se met en marche et le jeune étudiant se trouve en garde à vue.
Les familles des deux protagonistes se déchirent autour de cette accusation touchant un garçon au dessus de tout soupçon, jusqu’au tribunal où se déchirent les deux parties, afin que la vérité surgisse.
Une lutte des classes feutrée
Un agression sexuelle, un homme mis en accusation, un scandale médiatique : Les Choses humaines fait partie de ces désormais nombreuses œuvres – littéraires et cinématographiques – suivant le mouvement #Metoo. Yvan Attal se sort plutôt bien de cette adaptation en trois parties distinctes, dont deux suivent les deux protagonistes principaux. Cette adaptation Que nous dirions "familiale », avec mari (Yvan Attal), femme (Charlotte Gainsbourg) et enfant (Ben Attal), n’est toutefois pas sans défauts.
Les Choses humaines, plus que le récit d’une affaire criminelle, entend aussi être une lutte des classes feutrée, jusque dans la salle du tribunal. C’est d’ailleurs dans ce lieu que se conclue le récit. Force reste à la justice, semblent dire l’auteure et les scénaristes de manière subliminale.
Sans dévoiler le résultat du procès, il faut parler du message social des Choses humaines. Le récit met en scène une jeune femme vivant dans un milieu modeste et pieux (sa mère est une juive croyante) face à une famille bourgeoise et bobo, avec un père célèbre, une femme intello et un fils surdoué, appelé à une carrière brillante. Le spectateur sera sans doute troublé de voir ces nantis joués par des personnalités aussi installés que Charlotte Gainsbourg, Ben Attal ou Pierre Arditi, et mis en scène par Yvan Attal. Certains y verront sans doute une forme d’ironie.
Parlons enfin du gros point faible de ce film qui est la relation pour le moins malsaine entre Jean Farel et la stagiaire Quitterie (jouée par Camille Razat). Le trouble est réel, et plus encore les questions sur cette histoire semblant venir d’une autre époque. Des zones d’ombres existent sur ces deux personnages secondaires et que le film ne parvient pas à éclairer totalement, comme si les créateurs les avaient oubliés en cours de route. Dommage.