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Dans le cadre de la rétrospective Kubrick à Montargis en novembre 2009, le site des Cramés de la Bobine, association d'art et d'essai locale à l'origine de l'événement, proposait une série d'articles sur Barry Lyndon.
Douze années séparent Full Metal Jacket d’Eyes Wide Shut. Durant cette période, Stanley Kubrick travaille sur plusieurs projets de films : Une Education polonaise, un film sur la Shoah que Kubrick interrompt lorsqu’il apprend que Spielberg tourne La Liste de Schindler et IA Intelligence artificielle qui sera finalement réalisé par… Spielberg.
Au milieu des années 1990, Kubrick reprend la caméra pour tourner un "petit film intimiste", l’adaptation contemporaine d’une nouvelle de l’auteur autrichien Arthur Schnitzler, Traumnovelle (La Nouvelle rêvée), sujet qu’il comptait déjà réaliser en 1968. Le scénario d’Eyes Wide Shut est co-écrit avec le scénariste français Frédéric Raphael. Les deux hommes travaillent sur une histoire mêlant crise conjugale, fantasmes, rêves érotiques, aventures amoureuses réelles et occasions manquées.
Comme à son habitude, Kubrick opte pour des personnages contemplatifs, des mouvements de caméras fluides, l’utilisation de couleurs primaires, donnant à son film une atmosphère onirique. Le tournage du film débute fin 1996 dans le plus grand secret et non sans difficultés. Il dure 19 mois. Stanley Kubrick doit s’adapter aux acteurs qu’il dirige. Le couple Tom Cruise et Nicole Kidman est à l’époque l’un des plus en vue. La perspective de les voir ensemble à l’écran sous la direction de Stanley Kubrick suscite la curiosité du public. Le cinéaste doit aussi remplacer au pied levé Harvey Keitel qui quitte le tournage au bout de six mois. Il est remplacé par Sydney Pollack. De même, Kubrick décide également de retourner une scène entre Tom Cruise et Jennifer Jason Leigh, qui avait été engagée pour tenir le rôle de Marion. Malheureusement, à l’époque cette dernière est déjà sur le tournage d’eXistenZ de David Cronenberg. La scène est donc retournée mais avec l’actrice suédoise Marie Richardson.
La fin du tournage a lieu en juin 2008. Le film est présenté quelques mois plus tard à la Warner. Lors de la projection le 6 mars 1999, Kubrick confie qu’Eyes Wide Shut est son meilleur film. Il décède d’une crise cardiaque le lendemain.
Eyes Wide Shut, de Stanley Kubrick, avec Tom Cruise, Nicole Kidman et Sidney Polack, Etats-Unis, 1999, 159 mn
En 1964, L’année de la sortie de Docteur Folamour, Kubrick rencontre Arthur C. Clarke. Ils décident de collaborer à un film de science-fiction. Clarke propose comme point de départ sa nouvelle La Sentinelle, écrite en 1948. Le sujet de cette histoire est la découverte par des astronautes d’un tétraèdre extraterrestre sur la lune.
Kubrick et Clarke travaillent simultanément sur ce projet : le scénario pour Kubrick et un roman pour Clarke. Le parti pris est de construire une vaste saga de l’humanité depuis la naissance de l’intelligence humaine plusieurs milliers d’années avant notre ère jusqu’à la rencontre avec de nouvelles intelligences (artificielle puis extraterrestre) dans le futur.
2001 : L’Odyssée de l’Espace (A Space Odyssey), film de science-fiction autant que fable philosophique et poétique, est d’une puissance et d’une ambition sans égale. Cette œuvre mythique a marqué le cinéma comme jamais. Kubrick, cinéaste confirmé en pleine maîtrise de sa technique, use de moyens jamais vus pour ce tournage. Il s’entoure de techniciens renommés et s’appuie sur des outils révolutionnaires de la NASA pour élaborer un film aussi impressionnant que magnifique.
Cette œuvre audacieuse et complexe est en outre indissociable de sa bande-son : l’ouverture d’Ainsi parlait Zarathoustra de Richard Strauss (les trois plus célèbres notes de musique de l’histoire du cinéma !), le Kyrie de Ligeti et bien sûr Le Beau Danube Bleu achèvent de donner à ce film une couleur majestueuse.
Il y a eu sans nul doute un avant et un après 2001 : l’Odyssée de l’Espace. Signe des temps, le film est sorti en 1968, année révolutionnaire s’il en est !
2001, L'Odyssée de l'Espace ( A Space Odyssey), de Stanley Kubrick, avec Keir Dullea, Gary Lockwood et William Sylvester, Etats-Unis, 1968, 139 mn
A l'occasion de la journée de la femme, le bloggeur voudrait faire un éclairage sur une de ces nombreuses femme de génie qui a pu être sacrifiée et oubliée.
Pourquoi ne pas parler de Maria Anna Walburga Ignatia Mozart (1751-1829), dite Nannerl, brillante musicienne et compositrice mais dont toutes les œuvres ont disparu ? Cette femme a fait l'objet d'un film sorti discrètement en 2010, Nannerl, la Sœur de Mozart, un long-métrage historique et somptueux du réalisateur français René Féret.
L’auteur de L’Histoire de Paul et La Communion solennelle nous plonge dans l’histoire d’une femme restée dans l’ombre d’un génie musical exceptionnel.
Qui savait que Wolfgang Amadeus Mozart avait non seulement une sœur mais en plus une sœur talentueuse dont la carrière prometteuse a été éclipsée ? Maria Anna Mozart, surnommée Nannerl, est née en 1751 et a reçu à l’âge de 7 ans une éducation musicale par son père, le charismatique Léopold Mozart.
Ce dernier la promet à un brillant avenir. Mais les convenances de l’époque – une femme ne doit pas composer ! – autant que la précocité de son jeune frère Wolfgang condamnent Nannerl à rester dans l’ombre et à n’être que témoin de la carrière fulgurante de l’auteur de Don Giovanni.
René Féret n’a pas souhaité faire une reconstitution fidèle du XVIIIe siècle - jusque dans les choix de la bande originale ! Son objectif est de mettre au centre de son film la musique et surtout le destin d’une artiste bridée du fait des convenances de son époque et de sa famille. Plus familier des chroniques contemporaines que des films historiques, le cinéaste fait le choix de parler de création dans un long métrage dont il assume l’aspect fictionnel. Le critique Alain Riou ajoute que le cinéaste, qui s’est longtemps battu pour ce film, a mis dans Nannerl, la Sœur de Mozart des éléments de son histoire personnelle et de son enfance.
Nannerl, la Soeur de Mozart, de René Féret, avec Marie Féret, David Moreau, Marc Barbé, Delphine Chuillot, France, 2010, 120 mn
Puisque c'est d'actualité, c'est à mon tour de vous adresser mes vœux pour cette nouvelle année. Des expressions telles que "Bonne année 2015", "Vœux de santé, de bonheur et de prospérité" font florès. En ce qui me concerne, je ne peux que souhaiter que cette future année 2015 soit meilleure que 2014. Ce ne sera déjà pas si mal que cela.
Cette année passée a été importante pour ce blog qui, après sept ans d'existence, a pris une nouvelle jeunesse et a été entièrement refondu (comme d'ailleurs mon site Internet !). Depuis le mois de septembre, j'ai eu le plaisir de vous faire partager mes moments de lecture, de cinéma ou de découvertes et j'ai constaté avec plaisir que vous étiez nombreux à me suivre. Merci à vous !
Je continuerai en 2015 à vous parler – de la manière la plus subjective qui soit ! – de mes découvertes, de mes passions et, pourquoi pas aussi, de mes coups de gueule. Je peux d'ores et déjà vous signaler quelques futurs billets : une série d'articles sur Stanley Kubrick, des critiques de musique classique et d'opéras (je vous parlerai notamment d'une époustouflante Lulu), un coup de projecteur sur Christine and the Queens pour commencer l'année et des billets sur plusieurs livres – récents et moins récents.
"Il est génial et c'est nous qui l'avons !" Ainsi pouvait se résumer l'état d'esprit de la Columbia lorsque le jeune Glenn Gould, 22 ans en 1955, signa avec avec la major américaine pour son premier disque. Un premier disque qui, au début, laissa perplexe ses producteurs.
Le musicien canadien s'était déjà fait remarquer lors de concerts, autant pour ses choix musicaux hétéroclites et assumés (des compositeurs élisabéthains côtoyaient Beethoven, Webern et, déjà, Bach) que pour sa présence physique reconnaissable entre toutes lors de ses interprétations : position basse sur son siège, virtuosité, jeu non legato, visage hypnotisé, concentration telle que l'artiste allait jusqu'à chantonner durant ses propres exécutions – ce qui n'ira pas sans donner des sueurs froides aux ingénieurs du son !
Devenu un des poulains de la Columbia, Glenn Gould devait enregistrer le premier de ses nombreux enregistrements. Quelle œuvre allait être choisie par le musicien ?
Si le pianiste ne montrait pas beaucoup d'intérêt pour le répertoire romantique, il n'était pas absurde de penser qu'il allait jeter son dévolu sur Beethoven ou Bach. Et si c'est effectivement ce dernier qui fut choisi, ce fut pour une œuvre peu enregistrée jusqu'alors : les Variations Goldberg. La surprise était manifeste.
Ces 30 variations sur un aria (cataloguées sous la référence BWV 988), exercice pour clavier datant des années 1740, étaient destinées selon la légende au jeune Johann Gottlieb Goldberg, claveciniste doué et élève de Jean-Sébastien Bach. Cette série de courts thèmes et variations ne suscitaient pas l'enthousiasme au sein de la Columbia. Qui s'intéressait au début des années 50 à ces Variations Goldberg, du reste peu enregistrées et surtout mal connues du public ?
Mais, les producteurs plièrent. On ne pouvait déjà rien refuser au jeune Glenn Gould.
Contre toute attente, ces trente-deux arias et variations suscitèrent l'enthousiasme critique et surtout public. Les ventes de disques explosèrent. Glenn Gould devint instantanément une star. Comme le commenta son compatriote Norman Snider, "Si une lycéenne possédait un disque de musique classique parmi des enregistrements de Dave Brucecks ou du Trio Kingston, c'était sans doute les Variations Goldberg" ("Indeed, if a college girl had one record of serious music among the Dave Brubecks and Kingston Trios, it was likely to be the Goldberg Variations").
Cette référence à quelques standards de jazz n'est pas anodin. Virtuose, Gould offrait un nouveau souffle à cette œuvre austère, lui donnant du rythme et même, diront certains, du swing. La relecture des Variations Goldberg hérissa le poil de nombreux puristes mais le public ne s'y trompait pas, qui fit un triomphe au pianiste au point de le rendre légendaire.
Mais l'histoire des "Variations Gouldberg" ne s'arrête pas là.
26 ans plus tard, dans la dernière année de sa vie, Glenn Gould offrit une nouvelle version de cette œuvre devenue culte et célèbre grâce à lui. Il choisit cette fois une interprétation lente, sombre et contemplative, plus longue de 13 minutes que l'enregistrement de 1955 ! Le jeune homme impétueux des premières années avait laissé place à un homme mûr, plus intériorisé et d'abord soucieux de comprendre l'essence même de Bach.
Ces deux enregistrement éloignés dans le temps, l'un débutant et l'autre clôturant une carrière exceptionnelle, offrent deux visages diamétralement opposées d'un même morceau. Deux visages, deux chefs-d'œuvres, mais un seul interprète.
Jean-Sébastien Bach et Glenn Gould, Variations Goldberg (version de 1955), Sony Classical Jean-Sébastien Bach et Glenn Gould, Variations Goldberg (version de 1982), Sony Classical
Le deuxième concerto pour piano de Rachmaninov est souvent considéré comme un des summums du répertoire pour clavier, en raison de sa virtuosité.
C'est sur Internet que la pianiste Valentina Lisitsa s'est fait connaître grâce à une interprétation rarement vue et entendue de ce concerto pour piano puisque, à défaut d'orchestre pour l'accompagner, elle l'interprète seul. Un véritable exploit, tant cette oeuvre est riche en couleurs et en variations.
On peut ne pas être sensible à la facture un peu désuète de ce film mais sûrement pas au tour de force de Valentina Lisitsa qui a pris en main un "Everest" de la musique classique avec audace et conviction.