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Il y a quelques mois, nous vous parlions d’Han Ji Hee, une peintre d'origine coréenne installée en France, dont les tableaux revisitent le thème des paysages, qui deviennent grâce à elle des univers mystérieux, proches et lointains.
Han Ji Hee est de retour pour une nouvelle exposition, "Superfux", au Centre culturel coréen, du 7 mars au 18 avril 2018.
Le film The Interview (L'Interview qui tue) peut déjà être qualifié comme l'œuvre cinématographique la plus importante de 2014 et sans doute aussi de ce début d'année 2015.
Nul doute que les auteurs, producteurs et distributeurs de ce long-métrage se seraient pourtant bien passés d'un tel honneur car la notoriété de The Interview tient justement à sa sortie limitée sur les grands écrans, aux attaques subies à son encontre et aussi à son impact géopolitique.
Rappelons en quelques mots l'histoire de ce divertissement aux conséquences mondiales rarement vues. Evan Goldberg et Seth Rogen (ce dernier a sévi dans des films comme 40 ans, toujours Puceau, Supergrave ou Zack et Miri font un Porno) sont à la réalisation de cette farce.
Elle met en scène le présentateur vedette Dave Skylark (James Franco) et son producteur Aoron Rapoport (Seth Rogen) décidés à interviewer le dictateur nord-coréen Kim Jong-un (Randall Park), ce dernier ayant déclaré être un fan du talk-show "Skylark Tonight". Alors que des pourparlers s'ouvrent pour mener à bien ce projet, la CIA, par l'entremise de l'agent Lacey (Lizzy Caplan), approche les deux Américains pour les convaincre d'empoisonner Kim Jong-un. Ils acceptent par patriotisme et se retrouvent en terrain ennemi, nez à nez avec le dictateur communiste, dans son palais présidentiel. Le projet d'assassinat va s'avérer un peu plus compliqué que prévu pour nos deux pied-nickelés, surtout que Kim (affublé, au passage, d'une particularité anatomique que le bloggeur ne dévoilera pas ici...) se montre d'une grande affabilité avec le délirant, naïf – et incompétent – Dave Skylark.
Dire que cette comédie bouffonne n'est pas un chef d'œuvre de comédie est un pléonasme. Humour potache, caricatures (de l'autocrate comme des États-Unis et de leurs mœurs) et gags graveleux sont assumés à 200 % par les auteurs et les acteurs du film. The Interview appartient à la lignée de ces comédies américaines revendiquant leur aspect régressif. L'influence de Sacha Baron Cohen est certaine. Mais là où l'auteur de The Dictator (2012) choisissait habilement de créer un personnage de toute pièce à mi-chemin entre Kadhafi et Ahmadinejad, Evan Goldberg et Seth Rogen ont choisi de s'attaquer frontalement à l'un des pires dictateurs de la planète.
Ce choix a suscité la fureur de Kim Jong-un qui a multiplié les menaces contre le film et contre les États-Unis. Faute de pouvoir convaincre l'interdiction de ce long-métrage particulièrement féroce contre lui, c'est une attaque de hackers – vraisemblablement pilotés depuis la Corée du Nord – qui a eu raison de cette comédie engagée. Les piratages subies par Sony, la fuite de documents et de secrets de production et les menaces terroristes ont convaincu la multinationale de jeter l'éponge. Mais pas The Interview de bâtir sa réputation d'œuvre déjà culte. Une œuvre qui a, du même coup, jeté un peu d'huile sur le feu dans cette partie du monde, plus que jamais en guerre froide contre les États-Unis.
Evan Goldberg et Seth Rogen, The Interview (L'Interview qui tue), avec James Franco, Seth Rogen, Randall Park, Lizzy Caplan et Diana Bang, USA, 2014, 112 mn
À Séoul, en 1975, Jinhee (Kim Saeron), 9 ans, se laisse entraînée en toute confiance par son père (Sol Kyung-gu) dans une grande et agréable balade. Robe neuve, gâteau, repas au restaurant : rien ne manque à cette journée idyllique. L’objectif de cette promenade est en réalité un orphelinat catholique où Jinhee est abandonnée par son père afin de lui donner la chance d’une nouvelle vie. Puis, ce dernier disparaît ; il ne reviendra plus.
Pour Jinhee, à l’incompréhension et à la certitude que tout cela ne peut être vrai ("Mon père est un menteur !" lance-t-elle au cours du film) succède la terrible réalité de son abandon mais aussi l’espoir qu’une adoption lui apportera de nouveaux parents et "une vie toute neuve". Une vie toute neuve qui vaut aussi pour ce père méprisé : dans la Corée du Sud traditionnelle des années 70, le divorce est si mal considéré que se remarier nécessitait de faire table rase de son passé, même au prix de l’abandon du ou des enfants d’un premier mariage.
Là où des films comme Holy Lola de Bertrand Tavernier s’attachaient à suivre le parcours de parents adoptants, Une Vie toute neuve suit le quotidien sombre d’une enfant traumatisée par son abandon et dans l’attente d’être accueillie par des adultes.
La séparation est la clé de voûte de cette fiction : séparation avec le père, bien sûr, mais aussi séparation de deux amies, séparation de l’orphelinat puis déracinement lors de son arrivée à Paris. Le film se clôt d’ailleurs sans que le spectateur n’assiste à la rencontre entre la fillette et ses nouveaux parents. Ce choix, certes critiquable, met le film à l’abri d’un pathos prévisible et inutile.
Ayant connu elle-même l’adoption durant son enfance, Ounie Lecomte signe ce premier long-métrage en partie autobiographique d’une très grande qualité. La grande originalité de cette œuvre très personnelle est que la caméra se met à la hauteur des yeux de Jinhee. On peut saluer la réalisatrice qui, non seulement évite le sentimentalisme mais porte en plus un regard plein de compassion sur la petite Coréenne, admirablement interprétée par Kim Saeron.