Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

fantastique

  • Tête effaçable

    Quelques jours après le décès de David Lynch, l’un des grands noms du cinéma indépendant mondial, intéressons-nous à son premier long-métrage, Eraserhead, film culte, encore décrié, incompris pour beaucoup, pour ne pas dire détesté, adulés par d’autres.

    David Lynch a une vingtaine d’années lorsqu’il se lance dans ce projet, après quelques courts-métrages. Surnommé Labyrinth Man, son scénario reçoit la bénédiction de l'American Film Institute (AFI) de Los Angeles pour commencer le tournage. Il durera plusieurs années en raison de problèmes financiers. Lynch a tourné son film à Philadelphie où il a vécu une partie de sa vie.

    Contre toute attente, le film sorti en 1977 est un succès commercial, s’attirant des louanges pour son aspect foutraque, surréaliste et horrifique ("Je l’ai vu !" voit-on imprimer sur des tee-shirts portés par les fans qui sont allés le découvrir). Lorsque Lynch sort son deuxième film Elephant Man, triomphe critique et commercial, Eraserhead ressort, confirmant son statut de film culte.

    Dans une zone industrielle, de retour dans son appartement, Henri Spencer, reconnaissable à sa coiffure défiant les lois de la nature, apprend de sa voisine de pallier qu’il est invité à dîner par la famille de sa petite amie. Une invitation qui le surprend car Henri et Mary étaient séparés. Lors du dîner, à la fois grotesque et inquiétant (un poulet servi reprend vie, le père de Mary tient des propos et des attitudes incohérentes alors que la mère de la jeune fille entreprend l’invité), Henry apprend qu’il est le père d’un enfant prématuré, en réalité un monstre difforme. 

    "Je l’ai vu !"

    Bientôt, Henry doit s’occuper du bébé, un être vivant ressemblant plus à un alien qu’à un humain. À bout de nerf et incapable de supporter les cris de son enfant, Mary part. Seul et paumé, Henry trouve son réconfort dans le radiateur de son propre appartement où une artiste se produit dans un cabaret. La suite d’Eraserhead est constituée d’événements aussi surréalistes que perturbants : un rêve de décapitation, le cerveau d’Henry transformée en crayon à effacer, une voisine de pallier le quittant à son tour pour un autre homme après une relation éphémère avec Henry et finalement la mort du bébé.

    On comprend que la sortie d’Eraserhead a été un choc visuel dès sa sortie. Encore aujourd’hui, il ne laisse pas indifférent. La grammaire cinématographique lynchienne prend toute sa mesure et sa démesure dans le film le plus underground de sa carrière – c’est dire ! Ce long-métrage relativement court (85 minutes) visite les thèmes du rêve et du cauchemar mais se veut aussi un conte sur la parentalité – le cinéaste est à l’époque tout jeune papa d’une fille au pied déformé. Le spectateur y verra aussi un tableau sombre de la société contemporaine. 

    Que l’on aime ou que l’on n’aime pas, l’histoire a parlé : Eraserhead, film surréaliste et psychanalytique est un monument du cinéma. Il fait aujourd’hui partie des œuvres sélectionnées par le National Film Registry de la bibliothèque du Congrès des États-Unis en raison de son intérêt culturel, historique ou esthétique. 

    Eraserhead, fantastique américain de David Lynch, avec Jack Nance, Charlotte Stewart, Allen Joseph, Jeanne Bates, Judith Anna Roberts, Laurel Near, Jack Fisk, Jean Lange, Thomas Coulson, Jennifer Lynch, Potemkine, 1977, 85 mn
    https://store.potemkine.fr/dvd/3545020045282-eraserhead-david-lynch
    http://www.aboutlynch.com
    https://www.davidlynchfoundation.org

    Voir aussi : "Le retour de Laura Palmer"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Nos existences abîmées

    C’est par la Fantasy qu’a commencé la carrière de Mélissa Perrot-Marquez, plus précisément le premier tome d’Aëlys, L’éveil d’une indocile (éd. Le Lys Bleu), sorti il y a deux ans. On pouvait s’attendre donc à un autre opus, sinon de cette facture, du moins versant dans le fantastique. Or, même si le fantastique est bien présent dans La demeure des oubliés, il l’est d’une manière singulière.

    L’auteure situe son récit 20 ans en arrière, en 2003. Une époque qui nous paraît lointaine. L’Internet n’était pas encore généralisé, les plateformes télé n’existaient pas et les portables n’étaient pas encore ses smartphones multi-usages. Par contre, la misère sociale était déjà réelle et c’est justement le sujet du roman s’apparentant à du fantastique social.  

    Mathilde et Benoît forment un jeune couple amoureux mais aussi paumé. Sans travail, vivotant comme ils le peuvent grâce à un petit trafic de drogue, ils trouvent leur salut grâce à une maison que leur prête en plein hiver les services sociaux d’une petite ville du sud. C’est une demeure délabrée sur plusieurs étages qui leur suffit, au moins provisoirement. Jusqu’au jour où d’étranges bruits se font entendre. Aucun doute : la demeure est hantée. 

    Maison abîmée et habitée

    Sur un peu plus de 180 pages, c’est une lente descente aux enfers que propose Mélissa Perrot-Marquez. La maison abîmée et habitée est bien entendu une allégorie de l’existence de ces deux marginaux totalement paumés. L’auteure a su parfaitement rendre l’ambiance poisseuse, d’autant plus que, rapidement, c’est dans le huis-clos de la demeure que se terre Mathilde, la véritable personnage principale du livre.

    Les chapitres s'égrainent au fil des journées, des semaines et des mois interminables – mais qui devront bien s’achever un jour où l’autre car les locataires devront rendre les clés au printemps. Soit trois mois dans une ambiance terrifiante. Entre débrouillardise, recherche de quelques euros pour affronter la dèche, gestion de leur petit business de dope, l’existence de ces "oubliés" devient vite un cauchemar. Les manifestations surnaturelles viennent se rappeler à leurs bons souvenirs. On en saura guère plus sur ces esprits, sinon que deux hommes sont morts dans la maison quelques temps plus tôt.

    Là n’est pas l’essentiel, dit en substance Mélissa Perrot-Marquez qui porte avant tout son attention sur deux pauvres hères, parfois agaçants mais souvent attachants, aussi perdus et oubliés que les fantômes dont ils partagent les murs.    

    Mélissa Perrot-Marquez, La demeure des oubliés, autoédition, 2024, 181 p.
    https://www.amazon.fr/Demeure-oubli%C3%A9s-M%C3%A9lissa-Perrot-Marquez/dp/B0D6851VB9/ref=sr_1₁
    https://www.facebook.com/melissaperrotmarquez
    https://mperrotmarquez.wordpress.com
    https://www.instagram.com/melissapm_autrice

    Voir aussi : "Une disparue encombrante"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • 1Q84, III

    confrérie,murakami,1q84,japon,japonais,fantastiqueVoici la dernière partie de la trilogie culte de Murakami, 1Q84, une trilogie en passe de devenir sans doute un grand classique d'ici peu. On retrouve les personnages centraux d'Aomamé et Tengo dans le monde déstabilisant et dangereux de 1Q84. Un troisième protagoniste - une troisième voix, dirions-nous - prend une place importante : Ushikawa.

    La sortie de ce troisième opus a pu décevoir certains lecteurs ; cela n'a pas été mon cas. Certes, ce dernier volet est plus introspectif, avec moins de rebondissements que le livre 2, qui allait tambour battant ; certes, toutes les réponses ne sont pas données, un choix sans aucun doute de Murakami d'entretenir le mystère de cette œuvre complexe. Il reste que ce Livre 3 est riche de révélations, de symboles forts (sur la place du père, sur l'enfance et sur la transmission, notamment), de coups de théâtre et de moments poignants.

    Il est impossible de rester insensible aux dernières pages de cette trilogie particulièrement riche (et qui mériterait sans doute d'être relue plusieurs fois). On referme en tout cas ce dernier volume de 1Q84 avec le regret de devoir abandonner Aomamé et Tengo.  

    Haruki Murakami, 1Q84, Livre 3 (octobtre-décembre), éd. Belfond, 2010, 530 p.
    http://confrerie2010.canalblog.com/archives/2012/07/22/24753748.html

    Voir aussi : "1Q84, II"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • 1Q84, II

    confrérie,murakami,1q84,japon,japonais,fantastiquePour celles et ceux qui n’auraient pas lu le premier tome de cette trilogie, il serait cruel de dévoiler l’histoire de ce cette deuxième partie. Disons simplement que nous retrouvons les deux personnages principaux, Aomamé et Tengo, tous deux plongés dans l’univers d’1Q84.

    Des personnages apparaissent, d’autres disparaissent. Quelques réponses sont données et de nouvelles questions surgissent dans ce livre mené tambour battant. Il s’agit d’une œuvre prodigieuse, mystérieuse et protéiforme, mêlant enquête policière, fable fantastique, onirisme et récits intimistes. 1Q84 est réellement une trilogie à découvrir, par un grand auteur japonais. 

    Haruki Murakami, 1Q84, Livre 2 (juillet-septembre), éd. Belfond, 2009, 526 p.
    http://confrerie2010.canalblog.com/archives/2012/07/17/24726989.html

    Voir aussi : "1Q84, I"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • 1Q84, I

    confrérie,murakami,1q84,japon,japonais,fantastiqueIl y a fort à parier qu’une fois commencées les premières lignes de ce roman il vous sera difficile de le refermer. Il se pourrait même que vous vous précipitiez sur les deux tomes suivants, car 1Q84 constitue une trilogie qui est en passe de devenir culte.

    Ce roman au titre énigmatique (dont l’explication est distillée au fil des pages) suit en parallèle le parcours des deux personnages principaux, Aomamé et Tengo.

    Sans dévoiler l’intrigue tordue à souhait, disons qu’il est question dans ce premier tome d’un livre mystérieux écrit par une lycéenne qui l’est tout autant, d’un professeur de mathématiques et écrivain embarqué dans un projet artistique risqué, d’une tueuse à gage, d’une secte dangereuse et des "little people"… Il est aussi question du temps qui passe, d’amour, des traumatismes de l’enfance et de la poursuite de nos rêves. C’est aussi le début d’une grande aventure pour Tengo et Aomamé, deux personnages extraordinaires que vous n’êtes pas prêts d’oublier.

    Haruki Murakami, 1Q84, Livre 1 (avril-juin), éd. Belfond, 2009, 534 p.
    http://confrerie2010.canalblog.com/archives/2012/06/06/24437567.html

    Voir aussi : "Miso Soup"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Dans la colonie pénitentiaire 

    franz kafka,roman,tchèque,prague,fantastique,confrérieL’intérêt de ce recueil se mesure d’abord à son histoire éditoriale. Comme le rappelle Bernard Lortholary, le traducteur de ces courts textes, ceux-ci constituent l’essentiel de la publication du vivant de Franz Kafka (à l’exception de La Métamorphose).

    Même si l’écrivain tchèque a émis des réserves sur telle ou telle publication, ce recueil permet de juger avec une relative justesse l’écrivain. Plus que n’importe quel recueil, celui-ci est hétéroclite.

    À côté de textes majeurs, comme La Colonie pénitentiaire, récit terrible sur une exécution mécanique, on peut être comme moi moins sensibles à des récits plus courts, lapidaires pour certains (Considération par exemple). La nouvelle Le Verdict (et d’autres récits comme Un rêve ou Devant la Loi) n’est pas sans rappeler Le Procès, le plus célèbre roman de Kafka, publié après sa mort - et en dépit des dernières volontés de son auteur. Finalement, tout Kafka est là, condensé : auteur moderne, atypique et non dénué de causticité. 

    Franz Kafka, Dans la Colonie pénitentiaire, éd. GF Flammarion, 197 p.
    http://confrerie2010.canalblog.com/archives/2012/11/02/25486289.html
    https://editions.flammarion.com

    Voir aussi : "Tonbon"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Magie et chocolat

    La barre était haute. Et même doublement haute. Presque vingt ans après l’adaptation par Tim Burton de Charlie et la Chocolaterie, le chef d’œuvre de Roald Dahl, on se demandait ce que donnerait ce Wonka, le préquel laissant tomber le jeune Charlie pour préférer se concentrer sur le chocolatier génial autant que doux-dingue.

    Le film commence par l’arrivée dans une ville imaginaire, à mi-chemin entre Paris et Londres, du jeune Wonka, bien destiné à faire fortune grâce à ses recettes inouïes de chocolat et quelques souverains en poche dont il est vite "libéré" dès ses premiers pas sur le vieux continent. Qu’importe : il se donne vingt-quatre heures pour damer le pion à trois hommes d’affaires influents qui ont mis la main sur le marché du chocolat grâce à un trust bien sûr illégal.

    Le challenge du jeune homme s’avère d’autant plus coriace qu’une aubergiste le retient prisonnier suite à une malencontreuse signature sur un contrat. Noodle, une jeune fille captive comme lui, s’allie avec Wonka pour qu’il se libère autant qu’il parvienne à réaliser son rêve.

    Un Wonka brillant, virevoltant, rêveur, enthousiaste, en un mot génial

    Tim Burton avait déjà mis la barre très haut, avec son Charlie et la Chocolaterie et un Wonka incroyable interprété par Johnny Depp. Qu’allait donner ce préquel ? Paul King a trouvé avec la jeune star Timothée Chalamet un Wonka brillant, virevoltant, rêveur, enthousiaste, en un mot génial – comme le chocolatier lui-même.

    La magie est à chaque coin de rue dans ce film d’une poésie incroyable. Magie des recettes du chocolatier. Magie de la boutique qu’il ouvre, même si les choses ne vont pas se passer comme il veut. Nous sommes dans une histoire mêlant l’histoire d’une ambition, la recherche de l’amour maternelle, la lutte contre le mal (avec mention spéciale aux escrocs Scrubitt et Bleacher) et bien sûr beaucoup de chocolat, dans des recettes évidemment infaisables.

    Tout cela est coloré par de la musique, des danses et des scènes féeriques, à l’instar de la fuite du zoo, qui promet de rester dans les annales.

    Un Wonka brillant qui parvient même à concurrencer, voire dépasser, le film de Tim Burton. 

    Wonka, film fantastique américain de Paul King,
    avec Timothée Chalamet, Calah Lane, Hugh Grant, Keegan-Michael Key
    et Paterson Joseph, 2023, 116 mn

    Voir aussi : "Résurrection d'un art"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Lumineuse Obscurité

    Les courts-métrages sont une source inépuisable d’inspiration et de découvertes pour le cinéma. Il était bien normal que Bla Bla Blog fasse des focus réguliers sur cet univers artistique.

    Svetalana Trébulle avait déjà fait parler d’elle avec La Louve, sorti en 2019. La revoilà avec un nouveau court, L’Obscurité, deux films qui seront projetés le 12 janvier à 19h00 à la Maison des Auteurs, à Paris (7 rue Ballu, Paris 9e).

    L’Obscurité, c’est celle d’Alexandre, un jeune homme qui voit sa vie s'assombrir au fur et à mesure que sa vue décline. Hanté par des cauchemars et des crises d'angoisse, il cherche désespérément un remède à sa cécité. Mais la médecine traditionnelle ne lui offre aucune solution. Il entreprend une quête qui le mène dans une forêt lointaine. Sa mère, qui cache des secrets sur son enfance, accepte à contrecœur de l'accompagner dans ce voyage initiatique. Alexandre espère y trouver des réponses à ses questions et à ses peurs, mais il risque aussi de découvrir des vérités troublantes.

    Le fantastique, le conte, les paysages sauvages et oniriques

    Le fantastique, le conte, les paysages sauvages et oniriques. On retrouve la patte de Svetlana Trébulle, son regard pointant en direction de l’enfance mais aussi du conte. Avec L’Obscurité, le modernisme (la scène dans la voiture) percute de plein fouet le monde du chamanisme, au service d’une quête qui n’est pas juste la recherche d’une guérison des yeux par une sorcière. C’est aussi le voyage vers une enfance. Svetlana Trébulle en a fait un film à la forte dimension personnelle : "Ce film est né de mon expérience personnelle, celle d'une immigrée russe qui a quitté son pays à 22 ans pour venir en France. J'ai dû me construire une nouvelle vie, loin de mes racines, de ma culture, de ma famille".

    C’est à découvrir à la Maison des Auteurs, le vendredi 12 janvier à 19 heures.

    L’Obscurité, court-métrage fantastique et dramatique de Svetlana Trébulle,
    avec Ishtan Nekrasov, Carole Devalland, Liza Paturel, Claire Guillamaud,
    Evan Paturel et Richard Dahl Boifot, 2023, 21 mn

    En projection à la Maison des Auteurs le 12 janvier 2024 à 19h00, 7 rue Ballu, Paris 9e 
    https://www.oward.co/fr/p/svetlanatrebulle
    https://www.sacd.fr/fr/la-maison-des-auteurs
    https://www.linkedin.com/in/svetlanatrebulle

    Voir aussi : "La Louve de Svetlana Trébulle continue son parcours fantastique"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !